Abandons Sensoriels (version FR)

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Solitude. Isolement. Abandon. Sensoriel. Physique. Social.

Où que l’on se tourne, où que l’on aille et d’où que l’on vienne, on les trouve. On les constate. On les subit. Partout. Permanents. Omniprésents. Recherches personnelles ou obligations imposées, ils nous pèsent, ces implacables déserts intérieurs. En couleurs ou en noir et blanc ils libèrent nos pensées ou entravent nos élans mais savent se faire graphiques, ébauches de beauté fragmentées. Fracassées.

Visions contrastées donc, fixées sur pixels indulgents.



Ya des fois, il fait beau. Tout est beau, tout autour de toi. Mais tout est vide et t'es tout vide. Aussi. T'as tout balancé ta vie dans une pauvre bouteille toute en toc, en plastoc. Bouteille de jaja chavirée, à la dérive, comme toi jetée, à terre, comme toi vidée. Et tu t'en vas, tu pars dans tes voyages trop intérieurs, pas assez loin mon frère, pas assez plein... Au contraire de toi. T'es plein à 45°, mais t'es si vide... à 360° T'es si mal. In Utile




Il y a des jardins, quasi virtuels, au sein desquels tu te penses à l’abri, protégé, pasteurisé, chlorophylisé, lyophilisé. De grands murs les entourent, mais tu ne les vois pas vraiment. Ils sont peints très subtilement. Décorés de couleurs douces pour te faire l’univers cosy que tu crois t’être construit. Tout est confort... Illusion... Paraître... Tout n’est qu’ironie.

La solitude a de l’humour.

Toujours à tes dépens.


Que faut-il faire?

Comment faut-il le faire? Avancer toujours, vers ces inconnus là-bas, de par ces horizons tous bouchés, fermés, éloignés. Ceruménisés.

Dans la solitude, les murs se referment vite autour de toi, ils t’encerclent l’espoir, t’enferment l’esprit, te crèvent la vue. Si seul. Si mal dans ta tête. Ça cogne dans ton néant et ça résonne de rien. Échos vides.

T’es juste inoccupé.




Un jour, t’es plus qu’une vieille chose. Isolée.

Truc inutile, limite encombrant, quasi oublié. Posé là, comme un machin inanimé. Posé là, comme à côté de ce beau tapis rouge. Ta vie. T’es presque au bout là. Tu l’ignores encore mais t’es quasi embaumé.

Si t’es sage, et propre, alors de temps à autre, ce qui reste de ta famille (pas ta femme évidemment. Depuis longtemps, elle, t’a quitté.) viendra peut-être te visiter. Un dimanche certainement. Après le brunch. Avant la pluie. Entre deux embouteillages. En tous cas, pas trop longtemps.

Plus l’héritage que tu laisseras sera conséquent, potentiellement, plus les visites seront fréquentes. Tu n’es plus que ça: un espoir pécuniaire, une plus-value potentielle, un portefeuille amélioré.

Juste un machin rembourré, en vieux cuir tout boucané, par-dessus ton cœur mal rangé. En vrac.


Nombreux sont les labyrinthes de ta vie.

Sinueux. Tortueux. Ils serpentent et s’allongent devant toi pour que tu hésites, que tu t’y perdes, que tu t’y noies. Et tu t’y perdras, même si tu connais. Le plafond, bas, ne peut qu’être gris. Ton monde entier, anthracite, perd ses couleurs. Les fleurs même, s’éteignent à ton passage.

Tout est plombé dans ta tête et dans tes pieds. Tu erres au hasard de longues rues vides.

Tu te cherches l’âme sœur (et c’est limite incestueux) et quand tu crois l’avoir trouvée, alors c’est reculer pour mieux sauter. Dans l’abîme. Pour t’abîmer.


Sans issue


Ruminance

Il y a aussi ces orages dans ta vie, dans ta tête, derrière tes yeux.

Ces nuages de traîne qui t’accrochent leurs zones floues dans le dos. Sillage de souvenirs pas tous reluisants. Mer bleue ou grise. Lac ou océan. La berge sera glissante. Froide. Instable.


Échouage

Bien sûr, un jour, le soleil reviendra, mais dans ta tête, ya toujours ce voile ultra-violé.

T’es seul. Et tu l’as pas volé.


Il y a les énormes masses des tours de verre, de béton, ou de sable... Elles t’écrasent comme une mouche qui ne se débat même plus dans la toile des habitudes confortables qui font, et défont, ta vie. L’ai-je déjà dit?


Elle est grise ta vie.

Si grise en fait qu’ils ont décidé de te peindre les murs de couleurs vives pour que tu ne penses pas être aveugle de ne plus rien voir.

Tes yeux, brûlés par le plasma d’écrans trop géants ne véhiculent plus, comme information, que de la jolie publicité, bleue ou verte, pour rendre bien propres tous tes murs bien briqués. Ils ont shunté ton cerveau mais tes yeux se croient encore ouverts. Ou bleus.

Lèpre


Dans cet univers glauque, dans cet aquarium où flottent, plutôt qu’ils ne nagent, des poissons pas vraiment exotiques, le feu de tes cheveux, de tes apparats, de ces accessoires qui te font croire que tu existes aux yeux d’un monde vampirisé, n’est là que pour oser un semblant, un espoir même, de contraste.

Plus le béton est coloré. Plus le verre est teinté. Plus ta vie t’est terne et comme tes Jeans pré-délavée.

Plus tu cherches à te démarquer.


Vamp-iris-me...



Alors, dans l’espoir de lutter contre tes bas, tu te construis des hauts murs à ton reflet.

Vastes miroirs qui ne renvoient la vacuité de ton existence qu’à la vanité de ton égo.

Tes épaules ploient mais ton regard brille, inspiré par ces éclats, transperçants, pourtant.

Alors t’humanises. Tu plantes. Là un lampadaire, ici un arbre.

Verticalités artificielles qui ne sont que simulacres mais qui te donnent des excuses. Et aussi, à regarder.

Isolé.

Arborectum


Ici, les choses s’estompent, les contrastes fuient. La lumière tombe, le soleil s’assombrit. Les ombres s’allongent, mais ce n’est pas la nuit. C’est ta nuit. Derrière tes yeux, la voilà qui monte, la marée d’ennui, la montée des cris. Muets. Evidemment.

La solitude ne l’est-elle pas toujours? Muette. Éteinte. Décolorée.

En tous cas, celle qui t’étripe, te déchire en petits copeaux bien inégaux, mal ébarbés, barbelés, déchiquetés.


Proie...



Vision nocturne

Visions intérieures qui s’assombrissent.

Tu t’inventes alors la machine à effacer ton temps et tu descends, descends, descends, vertigineusement, dans la nuit de toi-même, mais là même, tu ne rencontreras personne car t’es seul et pour longtemps.


Bientôt, t’es plus qu’une merde. Sac poubelle indiscernable, incognito, au milieu des détritus et des pigeons, eux trop dodus.

Alors tu sais que t’es plus rien. Quelqu’un, quelque part, peut-être toi, peut-être même pas, a tiré la chasse de ton destin, fermé les portes de tes passages, jeté les clefs de ton existence, effacé ton humanité, la sienne, la leur, la nôtre par-dessus le marché. Boursier. Le marché. Boursier. Baissier. Baisé.



Alcoolémie négative


Et même dans les rues dorées des belles capitales dans lesquelles tu erres comme un abandonné de toi-même tu ne comptes plus tellement. Pour quelqu’un d’autre que toi, je veux dire.

Tout découvert t’est dorénavant non autorisé, plafond atteint depuis longtemps implacablement abaissé. À son minimum. T’es plus que ça: un minimum. Même pas vital.

Piéton bien zoné



Faire piétée

Au soleil ou dans l’ombre la solitude sait se complaire à l’identique. Ni meilleure, ni pire, pas plus supportable au chaud qu’en plein hiver.

Elle rampe dans ta tête et une fois installée, elle est si dure à extirper, à éradiquer, elle te parasite la vie, les envies, les choix, les opportunités.


Un jour ta messe est dite.

Tu prends ta route, t’avances vers ta lumière pourtant très aveuglante.

Mais c’est ce que tu as toujours fait ça: chercher la lumière... te laisser guider par elle... comme pour t’échapper de ta noirceur interne, exorciser ces sombres solitudes... Tu crois sortir du tunnel, en fait tu y entres.

Et seul encore... évidemment... Ite missa est


EntrĂŠe de tunnel...



Tu croises des gens qui ne te voient pas, ne te regardent surtout pas.

Enveloppes charnelles inhabitées qui jamais ne se touchent, par convenance sociétale, hypocrisie congénitale, savoir-vivre seul, mensonge chronique et autres garde-fous bien analysés. Délimités.

Heureusement, grâce à ta solitude tu peux voyager où tu veux, dormir dans ces beaux palaces exotiques aussi aléatoires que les créatures toutes érotiques. qui hantent tes nuits. Dépaysement assuré, dégrisement pas calculé, pourboire incompris.

Dépaysement


Dans ce monde peuplé de créatures plantées là où il est décidé de les poser, tout mouvement est encadré, tout contact délimité avant d’être éliminé.

La solitude ne se décrète pas, elle nous est imposée. La vie se charge de nous l’inoculer par petites doses sans douleur. Pour commencer. Puis un jour... bien enfoncée!

Et là, tu comprends combien tu t’es leurré, combien on t’a blousé.


Des-articulĂŠs


Tes mondes entiers inhabités. Désertés. Courandairisés.

Tellement vide est ta vie là, devant tes yeux là, oui oui, là, là où le néant prend tous tes quartiers d’hiver évidemment, puisqu’il n’y a plus d’été.


Courants d’air


La pluie luisante donne un semblant d’éclat à ces pavés bien trop battus.

Du coup t’as l’impression que ta vie brille.

Un peu.


Même quand ya du vert, t’es tout perdu. Les arbres, par dessus ta tête, ne font que griffer ton ciel de leurs longs doigts crochus.


Murailles insurmontables ou ponts infranchissables, tout est fait pour que ta solitude subsiste au fond de toi, que le ciment social ne prenne pas. Déambulations interminables ou lente descente au fond des notes d’un âpre Blues de St-Louis, Missouri à l’île St-Louis, Paris. Seul tu es, Seule tu crèveras.







Respiration



La solitude est-elle plus supportable en Occident, en Orient, dans le présent ou le passé (pas simple)? Quel que soit le décor, elle pèse sur ton cou, tes épaules, te brise le dos, les reins, la destinée.

Elle coule à l’identique sur tes joues trop salées. Te sert à l’identique la gorge, te vole à l’identique l’envie de rire et de rêver.



Même pour cloper, maintenant, t’es obligée de t’exiler, t’isoler dans cette honte même pas encore bue.


Fumée bleue pour idées grises


Lorsque la solitude se met à trop peser, tu essayes bien de remonter. Tu scrutes alors cet horizon pour une fois moins bouché, mais comme toujours, le leurre est réalité. Il n’y a personne où t’abriter.


Du coup, lorsque tu recherches volontairement la solitude, tu passes pour suspect, pas normal, bizarre, asocial, mal calibrĂŠ.


Tu peux chercher, essayer, tenter. Scruter de loin, sans jamais pouvoir t’approcher. Ta pauvre tête protégée, certes, mais uniquement contre l’extérieur. C’est dedans que les coups pleuvent.

L’homme est ainsi fait qu’il se doit de toujours espérer...


Un espoir infini


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Je tiens à remercier spécialement Emilie G. pour ses remarques judicieuses sur divers aspects de ce livre qui m’ont été d’une grande aide pour la rédaction de l’ensemble et ce malgré les 11 heures de décalage horaire (San Francisco-La Réunion: on ne peut pas être vraiment plus éloignés sur cette planète) et les multiples ruptures de communication alors que nous nous «Skypions» pour débattre âprement de tel ou tel choix syntaxique! :)

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