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ALAIN MARDEL

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HOBBIT DAY

HOBBIT DAY

Sous Le Feu Des Projecteurs

Connu pour ses pièces intimistes et son roman Les femmes de l’Oncle Amid, Alain Mardel nous a ouvert les portes de son histoire pour évoquer son parcours, sa passion du théâtre et son amour de la scène. À la fois comédien, metteur en scène, auteur mais surtout amoureux du rideau et de la vie, rencontre avec Alain

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Mardel dont la passion pour les planches brûle depuis ses 23 ans.

Né en 1957 à Paris, c'est à l'âge de 23 ans qu'Alain s’est lancé dans l’aventure de la scène. À l’époque, il vend ce qu’il nomme en souriant “des courants d'air" par téléphone avec son frère. Pendant un énième appel, et force est de constater que l’activité n’était pas la plus passionnante, il feuillette un magazine dans lequel se trouve la publicité pour rejoindre le cours de théâtre d’Ada Lonati. Il coupe court à la conversation et se presse de rendre visite à Ada Lonati, elle-même, qui le reçoit en toute vitesse et le prie de revenir avec un texte appris. Ni une ni deux, Alain se jette sur le premier livre du rayon théâtre qu’il trouve : Ruy Blas de Victor Hugo, une pièce de cinq actes en alexandrins. Trois mois plus tard, il se présente avec un monologue tiré de l’ouvrage et le présente un peu maladroitement. Bien qu’il reconnaisse la piètre qualité de sa performance, son audace lui vaudra sa place au sein du Cours Ada Lonati la semaine suivante. Quatre ans de théâtre s’écoulent pendant lesquels il apprend au sein d’un des plus anciens cours d’art dramatique français, le Cours Simon, pour terminer son cursus au Cours Max Naldini.

À la sortie de son parcours, Alain prend le chemin des apprentis comédiens en passant des castings. L'expérience n’a pas convaincu cet amoureux de la vie peu enclin à cautionner la nonchalance et la condescendance des recruteurs. Dans le grand bain, balbutie et face à l’incertitude et au manque de confiance, il admet que le manque d’expérience favorise des traitements de ce genre. Mais il n’en reste pas moins en désaccord avec ce genre de pratique et décide de prendre une autre direction.

En 1987, et avec six autres personnes du cours de théâtre, il crée la Troupe du guichet. Il écrit et met en scène des pièces dont la première représentation se déroule au Café de la Gare, le célèbre théâtre privé parisien. Ils poursuivent dans des petits théâtres et des MJC notamment avec Le cri du Crapaud-Buffle, Le kangourou et La noyade du principe d'Archimède. Une aventure mémorable qui, à défaut de leur rapporter suffisamment d’argent, les nourrissait de plaisir. Mais il faut gagner son pain, Alain a dû laisser sa passion de côté à la naissance de sa fille pour s’adonner à une activité plus rentable. Pris de doutes et d’hésitation sur l’avenir de sa passion et la sécurité d’un métier qui paye, il papillonne pendant huit longues années dans des secteurs divers et variés comme l’immobilier ou la restauration. Et même s’il s’est rangé du côté de la raison, le sort en a décidé autrement.

UNE RENCONTRE, UN DESTIN

Après la naissance de Sarah, sa fille, la petite famille s’est envolée pour la NouvelleCalédonie, bien loin des regrets. Lorsqu'il s’est installé sur le caillou, Alain a rencontré Isabelle de Hass, installée depuis quelques années déjà. Cette dernière lui a proposé de remonter sur scène, dans le rôle d'un anarchiste et d'un proxénète pour l'une de ses pièces. “C’était pour moi ça !” A-t-il confié en souriant. Ce retour sur scène a été un véritable électrochoc. Un rayon de soleil. La confirmation que la passion brûlante pour le théâtre était installée au fond de lui et qu’il ne pourrait plus jamais la faire taire. “Quand vous vous lancez dans quelque chose de fait pour vous et que vous vous égarez, que vous abandonnez, le destin vient toujours vous rattraper en vous tirant par le pan de la chemise”. Et c’est certainement le destin qui a mis Isabelle De Hass sur son chemin. “Je me suis juré de ne plus arrêter le théâtre quoi qu’il arrive.”

Alain est fier de son parcours, même si selon lui, il n'a pas connu une carrière flamboyante. Mais il est heureux d'avoir suivi sa voix, d’avoir fait ses propres choix. Aujourd’hui l’artiste se considère metteur en scène par défaut. Il a commencé à monter des pièces dans un contexte conflictuel à l’époque où il a connu les castings. En faisant ainsi, il savait que personne ne viendrait le chercher et qu’il conserverait sa liberté. Pour autant Alain se considère avant tout comme un comédien. Depuis toujours, l’artiste est conscient que le métier est difficile mais que cette voie, il l’a choisie. “Je suis reconnaissant de toutes les expériences que j’ai vécues, et de la chance que j’ai de faire un métier qui me passionne tout en flirtant avec la liberté”. Et à la question est-ce que le théâtre vous permet de vous exprimer, Alain est très clair : même s’il se peut qu’il y ait un effet thérapeutique dans le fait de jouer sur scène, il n’en faut pas moins oublier le plaisir que cela procure. “Aimer ce qu’on fait, et le réaliser pour la simple raison d’aimer ça, suffit à ne pas s’obliger à accomplir des choses parce qu’on y est contraint.” Aujourd'hui, il écrit pour le théâtre et travaille avec un groupe de personnes qu'il appelle le "clan", au sein de la Fokesasorte Cie.

SON SECRET ? L’INSTINCT !

Il s’écoute. Alain est instinctif. C’est grâce à ses expériences qu’il a acquis et compris l’équilibre et l’intuition qui lui servent à écrire. Bien qu’il trouve prétentieux de donner des conseils à ceux qui souhaiteraient démarrer, il avoue tout de même que pour réussir une pièce, le plus important reste de connaître parfaitement son texte. Il doit devenir automatique et se positionner en arrière-plan dans sa conscience pour se dérouler mécaniquement dans l’esprit du comédien. Ce dernier est alors pleinement concentré sur son rôle, son attitude, ou en tout cas, sur l’intention qu’il souhaite mettre dans la pièce. Une fois que le texte est acquis, compris, et intégré, il n’y a plus de doutes, d’hésitation et l’artiste peut s’envoler dans son personnage et emporter le public avec lui. La pratique et l’expérience sont les clés pour atteindre le seul et l’unique objectif : incarner son rôle. Ce long chemin peut prendre quelques mois en partant d’une à trois répétitions par semaine en groupe, sans compter le travail personnel de chacun. “Mais ça en vaut la peine.”

Le Monologue De Sa Vie

Au cours de sa carrière, Alain a eu l'envie de jouer un monologue. Cette pratique complexe où le dialogue n’existe pas et où l’émotion doit remplacer la conversation entre les personnages, est une pratique particulièrement difficile. Au détour du hasard ou peut-être du destin, il est tombé sur les lettres de Bernard Giraudeau Le marin à l’ancre, qui l’ont bouleversé et qu’il décrira comme des papillons dans le ventre ressenti lors d’un premier baiser. Au départ, un ouvrage qui l’a seulement attiré par son illustration pastelle qui représente un vieil homme dans une barque. Emporté puis déposé sur le coin d’une table, il aura fallu quelques semaines avant qu’Alain ne se plonge dans le célèbre recueil de lettres adressées à Roland, un vieil ami de l’auteur cloué dans un fauteuil roulant. Le livre a transporté des milliers de lecteurs dans ses voyages à travers le monde. Ces textes à la fois poétiques et implacables ont raisonné chez Alain Mardel. En 2007, il a le privilège de rencontrer Bernard Giraudeau lui-même, à Paris. Impressionné et fasciné, il lui demande l’autorisation de jouer ce monologue. Sa réponse ? « Prenez mon texte, amusez-vous avec ». Alain montera l’adaptation et jouera entre autres au Théâtre Darius Milhaud à Paris en 2018 et à Avignon. Une expérience qu’il a décidé de réitérer le 29 Avril 2023 au Château Hagen pour une seule et unique représentation.

ÉCRIVAIN DANS L’ÂME

La page blanche ? Jamais. Alain écrit des pièces tout le temps. “Je ne suis pas un angoissé de la page blanche. Quand ça ne vient pas, ça ne vient pas. Je recommence le lendemain.” Toujours à l’écoute de son instinct, c’est ainsi qu’il publie son premier roman en 2014 Les Femmes de l'oncle Amid paru aux Editions Noir au Blanc qui raconte l’histoire de Samuel et Youssef deux copains du collège dans la France des années soixante. Amid, l'oncle, vit à Paris depuis 1932. Poète, philosophe, dévoreur de livres, il aime s’adonner à la séduction des femmes. Jusqu’à ce que cette passion le mène dans une situation compliquée. Écrivain qu’on arrête plus, Alain projette de sortir un recueil de poèmes et un recueil de nouvelles. Actuellement, un second roman est en cours. Si on lui demande comment écrire un roman ? À l’image de la personne qu’il est, Alain écrit au feeling. Il écrit ce qui résonne en lui, instinctivement, laissant de côté toutes les normes et les impératifs. Il se laisse porter sur le toboggan de son imagination, une réplique en entraîne une autre, une ligne en précède une autre et la rivière des mots coule jusqu’à se jeter dans le grand bain de l’histoire. “Ensuite, il y a un gros travail de correction derrière et la question est plutôt de savoir si c’est cohérent et si on peut le proposer au public.”

ET APRÈS…

À l’occasion d’un voyage, Alain est tombé amoureux de Venise. Et même si la Reine de l'Adriatique a su charmer son cœur, c’est l’Italie tout entière qui a séduit l’artiste. Les Italiens chantent ce que nous ne faisons plus. Ils sont heureux de vivre et de partager ces petites choses de la vie qui font plaisir et qui suffisent. Oui, son rêve, c’est de finir sa vie en Italie, près d’une vigne en Toscane où se mêlent le goût de la gastronomie, de l’Histoire et du vin.

Sa Programmation Venir

MARCUS ET LES SIENS

Marcus est un directeur de théâtre. Il réunit sa troupe après deux ans de silence. Ils ne se sont pas revus depuis la mort de Mathilde, sa compagne, assassinée par un terroriste. Face à la défaillance policière, Marcus a mené sa propre enquête et retrouvé l’assassin. Apprenant qu’il le tient séquestré dans son théâtre, ses amis ont désormais la responsabilité de décider du sort de l’individu.

Des questions essentielles vont alors voir le jour : que deviennent ceux qui restent ? Qu’advient-il des liens qui nous unissent ? Peut-on pardonner ? Quelle vengeance possible face à la cruauté ?

Quand ? Juillet 2023

Où ? Au théâtre de l’île Tickets disponibles sur tickets.nc

In Vino Veritas

Trois amis, la quarantaine, sont enfermés dans la cave à vin d’un restaurant au milieu d’une centaine de bouteilles de vin. Entre révélations et remises en question, rendezvous dans ce huis clos à la fois drôle et surprenant.

Quand ? Août 2023

Où ? Au petit théâtre du Mont-Dore Tickets disponibles sur Etickets.nc

LE JOB

Nous sommes dans une société où le taux de chômage est de 75 %. L’État propose à quelques personnes un emploi à vie. Ils se bousculent pour l’obtenir. Mais il n’en sortira qu’un.

Qu’est-on prêt à faire pour obtenir un job dans une situation aussi critique ?

Que sommes-nous prêts à sacrifier ?

Quand ? Novembre 2023

Tickets disponibles sur tickets.nc

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