OMBRES 1
JOEL ZOBEL PHOTOGRAPHE
LA BEAUTE EST DANS L´ŒIL DE CELUI QUI REGARDE.
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Joel Zobel (né en 1952), dans sa globalité l’être humain aspire à la liberté, à l’égalité et à la fraternité. Les préceptes des Lumières résonnent et l’écho se fait signe optique pour venir se cristaliser sur le support photographique. Le champ de l’art contemporain invite à la moisson fertile de la diversité. Une invitation à regarder l’altérité dans toute sa splendeur. La beauté dit-il en référence à Oscar Wilde "est dans l’œil de celui qui regarde" Catherine Kirchner
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OMBRES JOEL ZOBEL PHOTOGRAPHE
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Ektachrome numérisé sur métal 40 x 60 cm
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Dans son studio de Fort de France, Joel Zobel travaille sur la poésie des corps et patine son travail de noir et blanc vintage . "À chaque époque, à chaque société, à chaque culture, à chaque homme ses critères de beauté ! Avec mes photos, j’essaie de faire abstraction de tous ces critères. Sous mon regard d’artiste mes photos traversent le temps, se jouant des modes et des époques. La diversité des horizons qui défilent devant mon objectif comble ma curiosité du genre humain" Florian Kirchner
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Ektachrome numĂŠrisĂŠ sur toile 150 x 220
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Ektachrome numérisé sur métal 40 x 60 cm
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Ektachrome numérisé sur métal 50 x 50 cm
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Des hommes. Des femmes. En noir et blanc. Nus. Mais que des mains (leurs mains), étrangement multipliées, rhabillent et caressent ; que des bras (leurs bras), tout autant dupliqués, soutiennent et enlacent. Joël Zobel nous invite à rencontrer des mutants singuliers. Henri Cartier-Bresson (cofondateur de la fameuse agence photo Magnum) disait : «On distingue deux grandes races de photographes : ceux qui fabriquent des images, et ceux qui les prennent. Les premiers ont leurs studios… Les seconds, leur studio, c’est le monde ! » Le travail de Joël s’inscrit sans parti pris dans ces deux pratiques de la photographie, ces deux morales de l’image (les prédateurs opposés aux tricheurs ?) Spectateur affûté, il sait se mettre en quête, attendre que survienne cet «instant décisif » théorisé par H. C-B : pour des paysages ou des portraits de rue où prélever ce qui affleure soudain si fugacement et qui fera image. Photo toujours très «plastique », la rencontre éblouie de la lumière et de la couleur étant, au sens propre, l’élément déclencheur. Mais il se fait plus souvent metteur en scène, organisant un dispositif de studio minimaliste et invariable (un drap noir et quelques projecteurs), dans lequel il «convoque » des modèles (terme de peintre !), avec lesquels il va jouer.
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Que disent ces mains ? Elles disent la pudeur, voilant par leur nombre même ce qu’on ne saurait voir sans glisser vers la provocation. Elles dansent pour nous une surprenante chorégraphie arrêtée, ou dessinent une architecture où le bras se fait arc-boutant du corps. Elles engendrent des créatures-chimères, séduisantes, drolatiques ou inquiétantes. Elles parlent de chair et de peau, et réhabilitent ce sens si malmené, réprimé par l’éducation : le toucher. Le rejet du contact physique est une constante majeure de la culture occidentale. (Est-ce un hasard si, dans l’affirmation contemporaine du bien-être, sont «à la mode » toutes les pratiques de massage - ayurvédique, thaï, shiatsu… - puisées aux cultures d’Asie, où la relation au corps et à l’esprit est si différente ?) Ces mains numériquement multipliées sont celles des modèles eux-mêmes, délibérément. Elles suggèrent une prise de possession de son propre corps : ce corps, que l’on connaît surtout par le truchement du miroir, est ici cadastré par les mains et non plus reconnu du regard. Mains qui vont explorer une part de soi que l’on n’a pas l’habitude de toucher : dos, pieds …. Mains numérisées, donc ; artifice, certes. Mais c’est le seul. À l’heure où le corps photographique est de plus en plus manipulé dans les médias ou la pub, Joël s’interdit de retoucher. Nul lifting ni «siliconisation » infographique. Contre le corps «photoshopé » par la mode, contre le corps en parade, c’est le corps comme présence de la personne à elle-même et aux autres qui est ici glorifié, sans triche et sans honte ; un corps avec son âge et son poids, ses strates et ses traces.
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Ektachrome numérisé sur métal 40 x 60 cm
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Ektachrome numérisé sur toile 150 x 100 cm
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Jeu de mains Les improbables créatures que ce titre convoque appellent le spectateur, tout à la fois, à une mise à distance et à une complicité ludique. Déréalisant la représentation du corps, elles nous projettent vers un "impossible" amusé, font un clin d’œil ironique à la divinité hindoue Shiva. Elles révèlent du même coup l’artefact, se lisent clairement comme montage de fragments, effet stroboscopique figé, où fusionnent en un tout factice des instants juxtaposés.
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Chacune ou chacun a pris spontanément une pose, qui devient "mastershot", à partir duquel Joël Zobel dirige la séance de prises de vues – un pluriel s’impose ! Autour de cette posture initiale et de sa captation sera guidé un jeu de mains et de bras, en variations plus ou moins amples. Pour construire numériquement un personnage-sculpture, par miraculeuse "multiplication des mains".
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Remerciements Ă Jak Perret, Catherine Kirchner et Florian Kirchner pour leurs textes
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