Cours de grammaire contrastive Français/Espagnol Professeur Nolbert Loaiza Université de San Buenaventura Carthagène- Colombie A l'époque des méthodes directes et structurales, l'analyse contrastive qui consistait à comparer la langue-source et la langue-cible, avait pour but de chercher dans l'influence de la langue 1 la cause d'erreurs observées dans l'apprentissage de la langue 2. Si les deux langues étaient en contact, l'interférence se produisait inéluctablement. Il fallait donc faire table rase chez l'apprenant de langue 2, de tout contact avec la langue 1. De nos jours, l'intégration des langues est considérée comme un atout plus qu'un Tabou, puisqu'on considère que la langue maternelle est “un socle langagier" fécond dans une démarche de conceptualisation contrastive. Atout pour l'apprenant, qui comprend mieux le fonctionnement des états de fait. Confrontés, atout pour l'enseignant et le chercheur, car des études comparatives interlangues permettent d'élargir certaines descriptions grammaticales de la langue cible. Marina Aragón Cobon université de Alicante Nous tenterons de montrer par des exemples, qu'une grammaire contrastive rénovée permet d'élucider partiellement les systèmes respectifs des langues et de faire découvrir de nouveaux types de descriptions grammaticales.
1. La préposition par On utilise la préposition par dans les cas suivants : Exprimer la cause Ex. : Je ne le fais pas par paresse. No lo hago por pereza. Exprimer le passage Ex. : Il est entré par la porte du jardin. Entró por la puerta del jardín. Introduire un complément d'agent Ex. : La viande a été mangée par le chien La carne ha sido comida por el perro.
Exprimer la périodicité- Exception 1 Ex. : Por la mañana : le matin. Por la tarde : l'après-midi. Exception 2. Indique la durée, Attention, en Français on emploie pour. Ex. : Je pars pour un mois. Me marcho por un mes.
Exception 3 •
Pour Exprimer le déplacement à l'intérieur d'un lieu on emploie la préposition dans en français alors qu’en espagnol on emploie la préposition por.
Ex. : J'aime me promener dans les rues de Madrid. Me gusta pasear por las calles de Madrid.
Exercice : Proposez un exemple pour chaque emploie de la préposition par ainsi qu’un exemple pour chacune des exceptions
2. L'emploi du futur simple après quand, lorsque, dès que, aussitôt. En espagnol on emploie le subjonctif après Quand. En français on emploi le futur simple. Ex : Cuando yo sea grande seré medico Quand je serai grand je serai médecin Cuando yo vaya hablamos On en parlera quand je serai là Lorsque est une conjonction synonyme de quand Dès que veut dire en espagnol en cuanto et est un synonyme de Aussitôt Ex : Dès que je suis arrivé elle m’a embrassé---- En cuanto llegué me besó Aussitôt que je suis arrivé elle m’a embrassé- En cuanto llegué me besó Comme vous voyez on les emploie tant au passé qu’au futur tout comme Quand.
On ira où tu voudras, quand tu voudras Et l’on s’aimera encore Lorsque l’amour sera mort Toute la vie sera pareille à ce matin Aux couleurs de l’été indien (Chanson de Joe Dassin) Dans un musée, un visiteur fatigué, s’assoit dans un fauteuil pour se reposer. - Ne restez pas là, lui dit un gardien, c’est le fauteuil de Napoléon. - Ne vous inquiétez pas, répond l’homme. Je le lui rendrai dès qu’il reviendra! (Histoire drôle)
Exercice : Marquez d’un x la ou les réponses correctes :
1. Quand dînera-t-elle? Quand elle a le temps. Quand elle a eu le temps. Quand elle aura le temps. Quand elle aurait le temps. 2. Quand servirez-vous la soupe? Je la servirai à midi. Quand mon mari arrive. Aussitôt que les enfants arrivent. Lorsque la bonne arrivait 3. Quand partirons-nous? Dès que Maman sera prête. Dès que nous faisons le lit. Aussitôt que Tim arrivera Quand nous étions prêts.
4. Quand liras-tu ce roman? Quand j'ai le temps. Quand j'aurai le temps. Quand Maman me le donne. Dès que je serai moins occupé 5. Quand achèterez-vous ce pantalon? Avant-hier Quand j'aurai de l'argent Quand je serai libre Demain, je l'achèterai
3. Les verbes transitifs (VT), le complément d’objet direct (COD) et l’expression des sentiments On trouve des similarités et des différences dans l’usage des verbes transitifs en espagnol et en Français : Similarité : Les VT dans ces deux langues ont besoin d’un SN (syntagme nominal) qui a fonction d’objet direct ex : Mi papa recibió una carta importante Mon père a reçu une lettre importante Attention à ne pas confondre le Complément d’objet direct (COD) avec le pronom complément d’objet direct : Rappel : Les pronoms compléments d’objet direct sont :
1ère personne 2ème personne 3ème personne masc. ou fem.
singulier me te
Pluriel nous vous
le / la
les
Et voici les pronoms compléments d’objet indirect sont :
1ère personne 2ème personne 3ème personne masc. ou fem.
singulier me te
Pluriel nous vous
lui
leur
Différences : a) En espagnol on trouve l’article a juste après les verbes ex : Juan mira a Maria En français cette construction est directe, c’est-à-dire qu’il n’ya aucun élément juste après le verbe, ex : Jean regarde Marie b) La tournure espagnole a mi me gusta el queso, ami me gustan… n’existe pas en français. Notons que les formes a mí, a tí te, a él le etc sont là uniquement pour marquer l’insistance, on peut dire aussi me gusta…Cette insistance peut cependant avoir lieu en français si on rajoute un pronom tonique ex : Moi, j’aime le fromage En français cette construction sera toujours directe : J’aime le fromage.
Il existe différents verbes qui se construisent selon le modèle ci-dessus mais Attention !!! Parfois il faudra utiliser le COI et non pas le COD en fonction du verbe. Extrañar fastidiar Dar asco Preocupar Volver loco Poner triste Disgustar Dar miedo Avergonzar
étonner Déranger Dégouter inquiéter Rendre fou Rendre triste Déplaire Faire peur Avoir honte
COD COD COD COD COD COD COI COI COI
Exemples : Avec un substantif singulier et pluriel comme complément : subst. singulier: (A mí) me disgusta su comportamiento. = Son comportement me déplaît. (A ella) le disgusta mi comportamiento.= Mon comportement lui déplaît Subst. pluriel: (A nosotros) nos daban miedo las serpientes. = Les serpents nous faisaient peur. Avec un verbe à l’infinitif comme complément : (A ella) no le molestó madrugar durante las vacaciones. = Cela ne l'a pas gêné (dérangé) de se lever tôt pendant les vacances.
Traduisez : Nos encantan las peliculas de ficción A nosotros gusta vivir aquí A ella no le gustan los mentirosos A mi me fascina escuchar musica clasica A mi me desvive el chocolate Me distrae mucho el pasear por la playa Me enloquece el chocolate Me encanta este artista A josé le fastidia este computador Cet ordinateur énerve José Me averguenzan las faltas de ortografía Nos preocupan los malos resultados A ustedes nos los pone tristes la escaza participación de sus empleados ? Me encanta come helados en verano Nos entristece el despide de Gerardo A los directores les les preocupan los accidentes Me pone nerviosa la mala gestion de esta empresa Me extrana que estés bravo conmigo Cela m’étonne que tu sois fâché contre moi
Attention : En espagnol on dit está bravo conmigo. En Français on dit il est fâché avec moi dans un sens plus général. Cela veut dire que cette personne m’en veut depuis un certain temps et peut-être que cela ne risque pas de changer. On dit Il est fâché contre moi s’il s’agit d’une dispute plus ponctuelle, c’est en ce moment que ça se passe, peut-être qu’on va se rabibocher.
4. Liste des verbes transitifs directs induisant un marqueur d’infinitif 4.1.1. Liste des verbes transitifs directs induisant un marqueur d’infinitif Comme c’est le cas avec les prépositions en général, l’utilisation ou l’absence du marqueur d’infinitif provoque bien des incertitudes. Savoir distinguer les prépositions faisant partie du verbe et les marqueurs d’infinitif n’est possible que quand on connait avec certitude la construction du verbe. En espagnol la préposition peut changer ainsi que le mode du verbe introduit. C’est donc avant tout une question de vocabulaire. Il faudrait donc apprendre par coeur les cas les plus fréquents : ■ EN FRANÇAIS MARQUEUR de
EN ESPAGNOL
accepter qch → accepter de faire qch Aceptar + v. à l’infinitif attendre qch → attendre de faire qch-------------------------- Esperar + être +grondif ando-endo Attention avec ce verbe car en espagnol il existe le verbe « Esperar » qui à lui seul, a deux sens différents. Le sens d’attendre et le sens avoir de l’espoir. Exemple avec les sens Avoir de l’espoir : « Espero que todo se mejore ». Ici, nous avons une construction Esperar +que+v au subjonctif. Mais souvenez-vous, on travaille sur les verbes transitifs directs qui yintroduisent un marqueur d’infinitif. On se concentre donc sur Attendre en français qui correspond en espagnol à Esperar avec le sens d’attendre : J’attends de manger pour aller à la plage . Cette phrase pourrait être traduite par : Estoy esperando(a)comer para ir a la playa : Estar + v. esperar au gérondif+ (a) v. à l’infinitif. Je vous rappelle que l’on travaille sur la construction attendre de et non pas sur la construction attendre que. Cette construction introduit de façon certaine le subjonctif en français et en espagnol. Activité : Allez chercher dans le dictionnaire la construction correcte de cette phrase : Estoy esperando (a) comer para ir a la playa. Quelle est la forme correcte, avec ou sans la preposition « a » . Mettez-vous d’accord s’il vous plaît. choisir qch → choisir de faire qch conseiller qch → conseiller de faire qch continuer qch → continuer de faire qch déconseiller qch → déconseiller de faire qch décider qch → décider de faire qch
Preferir + Ø+ v. à l’infinitif Aconsejar + v. au subjonctif Continuar + v. au gerondif Aconsejar + no +v. au subjonctif Decidir + v. l’infinitif
dire qch → dire de faire qch demander qch → demander de faire qch envisager qch → envisager de faire qch
Decir + v. au subjonctif Pedir + v. au subjonctif Pensar en (considerar) + V.inf
Activité : Complétez la partie en espagnol de cette liste et faîtes des phrases en français et en espagnol, cela vous aidera à mieux voir les différences dans les structures. Essayez également de le faire pour les verbes avec marquer « à » (ci-dessous). Si avec ces verbes-là vous n’y parvenez pas, il ne faut pas vous inquiéter car on les verra en cours. essayer qch → essayer de faire qch feindre qch → feindre de faire qch jurer qch → jurer de faire qch mériter qch → mériter de faire qch nécessiter qch → nécessiter de faire qch offrir qch → offrir de faire qch omettre qch → omettre de faire qch ordonner qch → ordonner de faire qch oublier qch → oublier de faire qch permettre qch → permettre de faire qch préconiser qch → préconiser de faire qch promettre qch → promettre de faire qch proposer qch → proposer de faire qch rappeler qch → rappeler de faire qch refuser qch → refuser de faire qch regretter qch → regretter de faire qch reprocher qch à qqn → reprocher à qqn de faire qch se rappeler qch → se rappeler de faire qch souhaiter qch à qqn → souhaiter à qqn de faire qch supporter qch → supporter de faire qch tenter qch → tenter de faire qch ■ MARQUEUR à commencer qch → commencer à faire qch chercher qch → chercher à faire qch apprendre qch → apprendre à faire qch continuer qch → continuer à faire qch réussir qch → réussir à faire qch 1 Liste des verbes transitifs directs induisant un marqueur d’infinitif ■ MARQUEUR Ø Les verbes transitifs suivants peuvent être suivis d’un infinitif, mais devant cet infinitif on n’utilise pas (ou plus) de marqueur : adorer qch → adorer faire qch détester qch → détester faire qch espérer qch → espérer faire qch aimer qch → aimer faire qch souhaiter qch → souhaiter faire qch
désirer qch → désirer faire qch oser qch → oser faire qch ► Aimer est un exemple intéressant de l’évolution de la construction d’un verbe. Il exigeait autrefois aussi un marqueur de : Je n’aime pas de pleurer (dans Racine, cité par HAASE, Syntaxe française du XVIIe siècle, p. 302). Aujourd’hui, on l’emploie dans la langue courante sans marqueur (il aime lire). Dans le style soutenu, on l’emploie aussi avec à (il aimait à lire), qui était la construction courante au XVIIIe siècle. On a donc trois possibilités : aimer lire (utilisation moderne normale), aimer à lire (style moderne littéraire), aimer de lire (archaïque). De nombreux verbes se construisant avec aujourd’hui avec à admettaient en français classique le marqueur de : hésiter de faire (aujourd’hui : hésiter à faire qch), apprendre de faire, se refuser de faire (aujourd’hui se refuser à faire qch), etc. REMARQUES 1. Quand il est employé avec un infinitif COD, le verbe souhaiter se construit sans marqueur (il a souhaité partir). Mais quand il a un COI (souhaiter à qqn), on utilise le marqueur de devant l’infinitif : EX avec infinitif COD Il a souhaité tenir sa conférence un jour de semaine. Les participants ont souhaité faire une pause d’une heure. Ex avec COI Elle a souhaité aux étudiants de poursuivre dans la voie qu’ils avaient choisie. Nous lui avons souhaité de réussir dans son nouvel emploi. 2. La liste des verbes présentée ci-dessus montre que la construction des verbes ne change pas quand le COD est un infinitif. Cependant, le sens des verbes avec infinitif COD précédé du marqueur de n’est pas toujours équivalent à celui des verbes dont le COD est un groupe nominal. Ainsi, dans la liste ci-dessus, on peut dire que les seuls verbes dans lesquels la pronominalisation du COD GN et celle du COD infinitif se réalisent facilement (avec le pronom neutre ÇA à la forme COD le) sont : conseiller, déconseiller, envisager, jurer, mériter, promettre, proposer, regretter, reprocher, se rappeler. Mes amis m’ont proposé d’aller en Inde. → Mes amis me l’ont proposé. Le médecin à conseillé à mon père de boire du vin rouge. → Le médecin le lui a conseillé. On peut ajouter à cette liste quelques verbes qui permettent la pronominalisation par le s’il y a également un pronom COI : interdire, pardonner, demander, permettre • Dans le cas d’interdire et de permettre, on peut aussi trouver le pronom le COD employé seul, mais le plus souvent le « destinataire » (COI) est sous-entendu ou identifiable : Ils voulaient construire un petit chalet au bord du lac, mais la règlementation actuelle l’interdit strictement. [signifie « l’interdit à tout le monde » ou « le leur interdit »]. — Les actes d’état civil ne peuvent pas être transmis par courriel car la loi ne le permet pas encore. [même remarque].
• En revanche, demander et pardonner ne s’emploient pratiquement pas sans qu’on exprime également un pronom COI en même temps que le P3 neutre COD : Enfin, ne raccrochez pas avant que les secours que vous aurez au bout du fil ne vous le demandent. — Seule la fin semble un rien précipitée, mais c’est un si petit défaut dans cet album magnifique qu’on le lui pardonne bien. 2 Liste des verbes transitifs directs induisant un marqueur d’infinitif 3. Dans la plupart des cas, le groupe [de INFINITIF] n’est pas directement pronominalisable : Elle achève son travail. → ? Elle l’achève. Mais : Elle achève de diner → ?? Il a oublié d’aller à son rendez-vous → ?Il l’a oublié (plutôt : Il a oublié d’y aller ou simplement Il a oublié). Dans les autres cas, la pronominalisation se réalise le plus souvent avec faire (lui-même introduit par le marqueur de) ou se limite à certains types de noms. Voir p. . 4. Pour certains verbes, l’usage ne s’est pas fixé : on peut dire continuer à faire ou continuer de faire ; demême, littérairement on peut dire aimer à faire au lieu de aimer faire. C’est également le cas du verbe demander, qui se construit avec le marqueur à quand l’infinitif COD est au passif : Le préfet a demandé à être reçu par le ministre de l’Intérieur. — Un détenu demande à être libéré en invoquant la loi Perben 2. — Le comité demande à être tenu informé de l’évolution de la situation à cet égard. — Socrate demanda à être nourri au Prytanée, comme les vainqueurs olympiques.