Comment étaler un papillon Par Sylvain Côté Cette technique s'applique pour la plupart des papillons. Il n'est pas toujours facile d'étaler les lépidoptères et c'est avec la pratique qu'on réussit à étaler des spécimens sans trop les endommager. Pratiquez vous avec des espèces communes comme la piéride du chou (une des pestes de nos potagers). Chaque collectionneur développe ses petits trucs et c'est ce que je vais faire dans cet article: vous dévoiler mes petits trucs qui , je l'espère, vous aideront à mieux effectuer cette tâche. Le matériel utilisé ici est celui qui est vendu par l'AEAQ. Pour moins de 10$ de matériel on peut commencer sa propre collection de papillons... c'est beaucoup moins cher que de faire la collection de cartes de Pokémon :-)!!!
Matériel Étaloir à papillons en mousse de polystyrène. Épingles entomologiques. Bandelettes de 0,5 à 1 cm de largeur (selon la taille du papillon) découpées dans une feuille d'acétate. Épingles ordinaires à tête ronde (en vente chez les détaillants de matériel de couture). Deux à quatre "p'tits outils" (c'est comme cela que je les appelle :-) pour étaler les ailes. Une paire de forceps à bout recourbé peut être utile pour manipuler les petits papillons.
Comment faire un p'tit outil ? Enfoncer un bout d'épingle #000 (coupé à environ 15 mm de la pointe) ou une minutie au bout d'un manche de 4 à 5 cm fait à partir d'une grosse allumette en bois !
Figure 1 N'utiliser que des épingles entomologiques (37 mm de long) spécialement conçues à cet usage et non des épingles ordinaires qui finiront par s'oxyder et faire des dépôts sur les spécimens. J'utilise des épingles les plus grosses possible par rapport au corps de l'insecte. Les épingles #3 font bien pour la plupart des papillons de jour et de nuit. Parfois il faut utiliser des #0 pour les petits papillons (comme les Lutins et les Géomètres) et les #7 pour les gros papillons de nuit avec de gros corps, comme le Sphinx modeste (Pachysphinx modesta) et les gros Saturnides (Cécropias, Papillons lune, Polyphèmes). Le problème avec les #7, est qu'elles sont souvent trop longues pour la plupart des boîtes de collection. Dans ce cas, je coupe la tête avec des cisailles. Je ne recommande pas l'utilisation d'épingles plus petites que les #0. Si le corps du papillon ne permet pas l'utilisation d'épingles #0, il faut alors songer à des méthodes alternative pour la préservation. Dans ce cas, se référer à l'article intitulé "Récolte et préparation des microlépidoptères" par Jean-François Landry publié dans Fabreries Volume 16 no 1 (mars 1991). 1.
Tenir le papillon par le corps, au niveau du thorax, entre le pouce et l'index de la main gauche (pour un droitier).
Figure 2
Figure 3
Introduire une épingle au centre du thorax de façon à ce qu'elle soit bien perpendiculaire dans les 2 sens par rapport au corps du papillon (figures 4 à 8). Enfoncer l'épingle jusqu'à ce que le bas du corps du papillon soit à 2,5 cm de la pointe de l'épingle (figure 4).
Bonne façon d'enfoncer l'épingle (figures 4 à 8)
Figure 4
Figure 6
Figure 5
Figure 8
Figure 7
Mauvaise façon d'enfoncer l'épingle (Figures 9 à 13)
Figure 9
Figure 10
Figure 11
Figure 12
Figure 13
Il est préférable de placer le premier papillon vers le centre de l'étaloir (figure 14) et d'étaler les autres en allant vers le bord de l'étaloir. Ensuite on tourne l'étaloir de côté et on repart du centre vers le bord. De cette façon, vous risquez moins d'accrocher et d'abîmer les spécimens déjà étalés (il m'est arrivé souvent d'accrocher les
épingles qui tiennent un spécimen déjà étalé et de lui briser les antennes par inadvertance... j'vous dis que c'est frustrant !). Épingler le papillon sur l'étaloir. L'enfoncer bien droit jusqu'à ce que la base de ses ailes soit au même niveau que la surface de l'étaloir (figure 15), autrement vous risquez d'avoir de la difficulté à remonter les ailes ou bien d'avoir un pli à la base des ailes.
Figure 14
Figure 15
Immobiliser l'abdomen du papillon avec deux épingles pour éviter que son corps tourne lorsque sera le temps de relever les ailes (figure 16). Placer deux bandelettes d'acétate de chaque côté, près du corps et fixer les bandelettes au bout distal avec chacune une épingle (figure 17).
Figure 16 7.
Figure 17
Maintenir le bas de la bandelette légèrement avec votre index gauche (figure 18), sans mettre de pression sur les ailes. 8. En vous servant du "p'tit outil" de votre main droite, relever l'aile gauche en vous servant des grosses veines costales de l'aile jusqu'à ce que la base soit perpendiculaire au corps (figure 18). On peut même la relever un peu plus car elle risque de redescendre un peu lorsqu'on va relever l'aile de l'autre côté. 9. Avec l'index gauche qui tient la bandelette, tirer pour exercer une pression sur les ailes afin qu'elles restent en place et... 10. De votre main droite, piquer une ou deux épingles près de la costale pour fixer l'aile antérieure gauche en place, tout en maintenant la pression de la bandelette avec l'index gauche (figure 19).
Figure 18 Figure 19 Note: Faire attention à ce que l'aile postérieure demeure sous l'aile antérieure lorsqu'on remonte l'aile antérieure sinon il faudra recommencer à l'étape 7. Dans ce cas, ne relever l'aile qu'à mi-chemin et ensuite relever un peu l'aile postérieure. Il arrive que pour des spécimens rebelles il faille relever juste un peu les ailes antérieures de chaque côté, ensuite on relève un peu les ailes postérieures de chaque côté aussi et on remonte encore un peu les ailes antérieures et ensuite encore les ailes postérieures, etc., jusqu'à ce que la base des ailes antérieures soient perpendiculaires au corps de l'insecte. J'vous dis que des fois ça exerce la patience ! 11. Afin de conserver la pression exercée par votre index, insérer une épingle en angle (penché vers vous) dans le bout proximal de la bandelette (figure 20). Vous pourrez ainsi libérer vos mains pour répéter les étapes 7 à 11 de l'autre côté (figures 21 à 23).
Figure 20
Figure 21
Figure 22
Figure 23
Relever l'épingle posée en 11 juste un petit peu avec votre main gauche juste assez pour enlever la pression de la bandelette et avec l'outil accrocher la grosse veine de l'aile postérieure (la veine humérale) pour relever l'aile sous l'aile antérieure (figure 24). Le niveau auquel il faut relever l'aile dépend de la sorte de papillon, mais en général, elle est assez relevée lorsque la jonction des deux ailes forme un petit "V" vu de côté (figure 24-a). NOTE: On peut piquer l'aile avec le petit outil afin de la maintenir en place. Certains diront qu'il ne faut pas piquer les ailes des papillons, mais en ce qui me concerne, le trou laissé par le "p'tit outil" est tellement "p'tit" qu'il passe inaperçu, d'autant plus que la plupart du temps il est possible de remonter l'aile postérieure suffisamment pour qu'il soit caché par l'aile antérieure. Repiquer l'épingle posée en 11 en accentuant l'angle vers l'arrière (i.e. vers vous) pour remettre la pression de la bandelette sur les ailes (figure 25). Noter que dans l'exemple ici, j'ai piqué et laissé l'outil en place afin que l'aile ne redescende pas lors de la manipulation de l'autre côté (pour être franc, c'est toujours la méthode que j'utilise ;).
Figure 24
Figure 25
Répéter les étapes 12 et 13 de l'autre côté et relevant les ailes de façon à ce qu'elle soient symétriques (figure 26). Mettre une deuxième bandelette sur les ailes de droite pour recouvrir les bords afin qu'elles ne se retroussent pas en séchant. Fixer avec une épingle en haut, au milieu et en bas tout en exerçant une pression sur la bandelette avec votre index de la main gauche (figure 27).
Figure 26
Figure 27
Répéter l'étape 15 de l'autre côté (figure 28). Retirer les outils s'il y a lieu (figure 29).
Figure 28
Figure 29
Fixer les antennes près de la surface de l'étaloir avec une ou deux épingles croisées (figures 30 et 31). Faire attention si votre spécimen est un peu sec ou s'il a été réhumidifé car les antennes se dé hydratent rapidement et deviennent très fragiles. En cas de doute, on les laisse comme ils sont. Faire aussi attention de ne pas trop les placer par dessus les bandelettes car vous risquez de les briser en retirant les bandelettes lorsque viendra le temps de retirer le papillon de l'étaloir.
Figure 30
Figure 31
Finalement, une des étapes les plus faciles, mais non la moindre: joindre au papillon l'étiquette avec les renseignements d'usage (Localité, date de capture, nom du collectionneur et notes biologiques s'il y a lieu) (figure 32). On utilise de l'encre de chine noire pour écrire les étiquettes parce que c'est l'encre qui a la plus grande durabilité au cours du temps. Les stylos ordinaires vont disparaître après quelques années d'exposition à la lumière et aux produits chimiques utilisés dans les boîtes de collection.
Figure 32 Et voilà !!! Il ne reste qu'à laisser sécher les papillons pendant au moins une à deux semaines selon le degré d'humidité de l'endroit. Idéalement, l'humidité relative ne devrait pas dépasser les 50%, sinon les ailes de vos papillons vont s'affaisser après un certain temps. Certains entomologistes se façonnent un séchoir pour accélérer le processus de séchage (figure 33). En gros, ça ressemble à une série de tablettes trouées sous laquelle on place une ou deux ampoules incandescentes de faible intensité.
Figure 33 Il ne me reste qu'à vous souhaiter bonne patience et bonne récolte de papillons en espérant que ce document pourra vous aider à préserver des spécimens de qualité !!!