La campagne rennaise comme territoire d’expérimentation pour questionner la ruralité Enquête sur les petites communes rurales
Joséphine Bouvard Travail de fin d’étude // 2015-2016 Lolita Voisin, Directrice de mémoire Sébastien Bonthoux, Professeur encadrant
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Membres du jury Bruno Ricard _ PRÉSIDENT DE JURY
Hydrologue Enseignant à l’École de la Nature et du Paysage
Lolita Voisin _ DIRECTRICE DE TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDE
Maître de conférences en aménagement de l’espace et urbanisme Enseignante à l’École de la Nature et du Paysage
Sébastien Bonthoux _ ENSEIGNANT ENCADRANT Maître de conférence en écologie Enseignant à l’École de la Nature et du Paysage
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« Qu’est-ce qu’une ville sinon ses habitants ? » WILLIAM SHAKESPEARE, CORIOLAN (1607) 4
Préambule Aujourd’hui, la société française est, à quelque chose près, entièrement urbaine. Pourtant, les campagnes représentent une histoire, une image de la nature, une richesse paysagère et des ressources qui me questionnent aujourd’hui : comment valoriser ce monde rural, et lui permettre de s’inventer, quand l’urbain semble être le vocabulaire le plus présent, même dans les bourgs les plus ruraux ? Mettre en dialogue la culture urbaine et le monde agricole est aujourd’hui une préoccupation importante, accentuée par le contexte écologique général. Cela ne se résume pas à repenser la relation ville - campagne mais également à inventer une campagne, aujourd’hui en pleine mutation, qui ne se définit plus uniquement par des paysans mais aussi par des nouveaux habitants, des « néo-ruraux » aux modes de vie très « urbains » (comme la grande majorité des Français). Cette ancienne campagne paysanne, que je n’ai pas connue, fait partie pour moi de l’histoire, celle que l’on apprend à l’école, celle de mes arrières-grands-parents, transmise par les récits de mes parents. Les travaux de la campagne ont été une évidence pour des générations, y compris pour des instituteurs comme l’étaient mes grand-parents. Les campagnes étaient entretenues par leurs habitants. L’année, cyclique, était rythmée par les saisons agricoles. Cette image de la campagne, bucolique, traditionnelle, forge aujourd’hui notre imaginaire commun, et a construit la représentation de la campagne française. J’ai grandi en ville, qui plus est à l’étranger, et ces récits me semblent très lointains. Aujourd’hui étudiante en ville, de nombreuses associations, d’agriculteurs ou d’habitants, me permettent d’avoir accès à des produits frais, locaux, bio. La mode des circuits-courts se développe, là où le pouvoir d’achat est le plus fort : en ville. Pourtant, dans le village de ma famille jurassienne, on ne croise plus d’agriculteurs. Les commerces de proximité ont tous fermé, et nous sommes contraints de prendre notre voiture pour aller s’approvisionner au supermarché. Pourquoi les ressources et produits sont moins visibles et accessibles à l’endroit même où ils sont produits ? Tandis que les produits frais sont livrés là où la production agricole n’est pas, mais où le bon marketing est mis en place. Un lien évident semble perdu et l’espace rural semble dépendant, voir dépossédé par l’urbain, au point de n’avoir d’autres choix que de l’imiter. C’est sur ce malaise de nos campagnes que j’ai voulu enquêter ici. 5
« Se plier au grignotage des terres agricoles... »
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« Dystopia est une série de photographies d’anticipation sur les mutations du paysage agricole français, réalisée en collaboration avec le journaliste Patrick Herman. Avec l’aide de figurants volontaires, nous mettons en scène les transformations de l’activité paysanne liés à l’industrialisation de l’activité agricole, à l’extension des zones urbaines et aux évolutions de notre mode de consommation. À travers l’association de photographies scénarisées et de textes journalistiques, nous voulons imaginer ce qui n’est pas encore arrivé et dénoncer avec humour les dérives de notre société et illustrer les transformations inéluctables de l’activité agricole française. »
PATRICK HERMAN (PHOTOGRAPHE : ALEXA BRUNET)
« Se plier au grignotage des terres agricoles... »
« Favoriser la monoculture »
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Sommaire Préambule Introduction INDENTITÉ DES TERRITOIRES RURAUX
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/Comment définir le rural? // L’espace rural en quête d’identité
EXPÉRIMENTER LE RURAL EN ILLE-ET-VILAINE
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/ La campagne rennaise // Une longue tradition de planification
CONSTRUCTION DE LA CAMPAGNE RENNAISE
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/ Société et espace rural //Mutation de la société et exode rural /// Une société ancrée dans son territoire //// L’héritage des paysages ///// Un département encore très agricole ////// Reconquête de la campagne /////// Le rural à l’épreuve du temps //////// Conséquences sur les paysages
LA FABRIQUE CONTEMPORAINE DES TERRITOIRES RURAUX HABITÉS / Etat des lieux, tensions //Réseaux /// Logement //// Acteurs d’Ille-et-Vilaine ///// Outils
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QUESTIONNER LE TERRITOIRE
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Méthode mise en place Petites communes rurales > Échantillonnage (11communes) Grille de lecture > Sélection des sites d’expérimentation (3 communes) Trajectoire commune et stratégie Les trois communes
EXPÉRIMENTATION
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Stratégie de projet précisé au vue des spécificités des 3 communes Inspirations
Conclusion Bibliographie Remerciements Annexes
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4 français sur 10 considèrent habiter en zone rurale. CREDOC ( CENTRE DE RECHERCHE POUR L’ÉTUDE ET L’OBSERVATOIRE DES CONDITIONS DE VIE)
“Un territoire qui fonctionne est un territoire homogène, polarisé par un centre urbain.” DATAR, 2001
ÉVOLUTION DU ZONAGE EN AIRE URBAINE DE L’INSEE ENTRE 1999 ET 2010 Pôle urbain Périurbain
Grandes aires urbaines
Grands pôles Couronnes des grands pôles Communes multipolarisées des grandes aires urbaines
Aires moyennes LE ZONAGE EN AIRES URBAINES, INSEE 1999
Aire d’emplois de l’espace rural
Pôles moyens Couronnes des pôles moyens
Petites aires
Petits pôles Couronnes des petits pôles
Autre commune de l’espace rural
Autres communes multipolarisées Commune isolée hors influence des pôles
Évolution de la vision du territoire par l’INSEE. Selon le zonage de 2010, le territoire est entièrement urbain (déclinaison d’air urbaine de différentes tailles) à l’exception des centres «hyper-ruraux» qui sont les espaces isolés de tout, comme la région Auvergne. L’espace rural non isolé n’existe plus. Pourtant peut on vraiment qualifier ces espaces d’urbains?
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LE ZONAGE EN AIRES URBAINES, INSEE 2010
Introduction Historiquement très rural, notre territoire français est aujourd’hui organisé selon les grandes métropoles. La dernière classification de l’INSEE (2010) traduit cette vision du territoire centrée sur l’urbain, où il se décline en zones urbaines plus ou moins petites et en un espace rural inexistant. Après l’apogée du concept de «péri-urbain» qui fait l’objet d’un intérêt très marqué, de nombreux termes sont inventés par les chercheurs géographes, pour qualifier et classer les différents espaces qui composent notre territoire. Que définissent ces termes, des types de territoires, des façons d’habiter le territoire? Dans un contexte d’exode urbain, je choisis à travers ce mémoire de questionner l’identité des ruralités face aux exigences de la société contemporaine. Comment accompagner le développement d’une petite commune rurale, dans cette quête d’identité ? ‘Commune’ car c’est l’entité administrative qui permet aujourd’hui de découper le territoire, elle ne fait pas toujours sens dans le paysage, dans le cas de hameaux notamment. ‘Petite’ on comprendra ici les plus de 86% de communes de moins de 2000 habitants qui font la campagne française ‘Rurale’ car relatif aux champs, à la campagne. l’INSEE définit comme ruraux tous les territoires ni urbains ni péri-urbains, c’est à dire tous les espaces agricoles et de nature ‘sauvage’ (parc naturel, forêt, etc.). Or les paysages agricoles dominent aujourd’hui encore large-
ment le territoire français. Ils recouvrent 51% des surfaces totales en France métropolitaine. Au-delà de ces définitions, le rural est, à mon sens, un rapport direct avec le monde agricole mais aussi une manière de vivre le territoire localement. Ce travail est mené par deux approches en parallèle, qui feront l’objet de deux parties successives de mon mémoire bien qu’elles aient évoluées en parallèle tout en s’alimentant l’une et l’autre, au fil de ma réflexion. La première partie, générale, faite de lectures, références et intuitions, rassemble des éléments permettant de comprendre l’origine et l’évolution de l’espace rural. La deuxième partie, plus appliquée, a pour but d’explorer, le territoire choisi comme terrain d’expérimentation. Elle détaille l’approche et la méthode mise en place, qui me permettra d’aboutir au choix de trois sites de projet. Ceux ci feront l’objet d’un projet qui fera suite à ce mémoire. 11
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IDENTITÉ DES TERRITOIRES RURAUX
Enquêter sur la ruralité, nécessite tout d’abord de choisir et de définir l’objet de mon étude et d’en dégager les problématiques qui lui sont propres. Les campagnes françaises font l’objet d’un intérêt nouveau. Aujourd’hui investies par une population urbaine, les nombreuses communes rurales sont un espace d’accueil apprécié pour l’espace, le cadre de vie qu’elles proposent mais également car elles présentent des prix plus accessibles qu’en ville. Ce phénomène est en partie responsable du fort étalement urbain auquel fait face la France aujourd’hui. Face à cette nouvelle pression et cette forte demande de logements individuels, les petites communes, qui possèdent moins de compétences et de moyens à leur disposition que les structures de type métropole, sont dépassées. Qu’est ce que la ruralité face aux exigences de la société contemporaine ? Une nouvelle identité est à trouver pour ces communes dont le développement représente un enjeu important. Quels sont les enjeux des petites communes rurales dans ce nouveau contexte ? Ces communes d’origine rurale et dont le développement a connu une inertie pendant des années, sont aujourd’hui des territoires attrac-
tifs. Le fonctionnement de centralité urbaine mis en place dans notre hiérarchie territoriale nationale, doit prendre en compte ces communes dispersées à travers le territoire, comme des éléments faisant partie d’un maillage plus large. Cette configuration de l’espace rural multipolarisé engendre des enjeux spécifiques : > Retrouver une centralié et une vie locale dans les bourgs ruraux > Penser les bourgs en réseau les uns avec les autres et non en développement uniforme > Protéger et mettre en valeur le patrimoine rural (paysager, architectural et économique) que représentent ces communes par le maintien d’une vie locale > Tisser un lien social, spatial et économique entre le bourg et la campagne environnante
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/Comment définir le rural? L’objet d’étude De façon à bien définir l’objet de mon étude, je m’attarde ici sur la définition des termes choisis.
COMMUNES
PETITES
La commune est aujourd’hui l’entité administrative structurant le découpage du territoire français. Elle est également l’autorité compétente (entre autres) en terme d’urbanisme, de maîtrise des sols et de patrimoine, et donc celle selon laquelle je choisis de regarder le territoire. Cette circonscription administrative de base est dirigée par un maire et un conseil municipal. Notre société très mobile à travers le territoire et urbaine par ses modes de vie dépasse aujourd’hui la notion de commune. En effet, l’origine des nombreuses communes françaises date de la révolution : la loi du 14 décembre 1789 érige en communes « toutes les communautés d’habitants » (paroisses, villages, bourgs, villes...) existant au moment de la révolution française.
La révolution fige ainsi de très nombreuses communes en France (36 552). Plus de 86 % de ces communes ont moins de 2000 habitants (*). C’est ce seuil de 2000 habitants qui me permet de choisir les communes comme «petites» tout au long de ce travail. Cette limite correspond aux communes dites rurales qui représentent 86% des communes françaises. La taille d’une commune a des conséquences sur ses possibilités d’actions et son poids dans la hiérarchie territoriale et pose de nombreuses questions notamment en terme de gouvernance, de développement. Elles sont en effet, «petite» en terme de moyen humain également. Comment ces communes peuvent s’affirmer par rapport aux grands pôles urbains qui aujourd’hui structurent le territoire ? Doit-on limiter le développement urbain d’une commune ? Pour faire face à l’étalement urbain ou pour préserver leur spécificité et intérêt par rapport aux pôles urbains? (*WWW.VIEPUBLIQUE.FR LE 20.01.2015)
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RURALES du lat. ruralis, de rus, ruris, la campagne. Relatif aux champs, à la campagne. Nos racines sont rurales et nos modes de vies, en 2016 sont urbains. L’évolution de la société pose la question du rural. Comment peuton définir le rural aujourd’hui ? Où est-il et à quoi ressemble-t-il ? Peut-on même toujours parler de rural, ou seulement d’aires urbaines plus ou moins grandes comme le suggère le nouveau zonage de l’INSEE? La forte relation entre le rural et l’agriculture se traduit dans son étymologie et recouvre selon moi une piste à explorer. Si la présence du rural tel que l’ont connu les générations passées semble être révolue, l’agriculture est aujourd’hui encore une activité majeure du territoire français. Campagne d’hier ou d’aujourd’hui, « l’agriculture est l’activité qui donne sens à la notion de campagne » (Le Caro, 2015) et c’est à partir de ce postulat que je choisis de développer cette problématique. Dans un contexte de crise du système agricole qui tend vers la mondialisation, l’agriculture a un rôle très important à jouer dans l’identité et le fonctionnement de nos territoires.
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// L’espace rural en quête d’identité De nouveaux enjeux Les évolutions de la société et les modes de vie qu’elles induisent influencent fortement les territoires ruraux dans leurs structures, leur développement et leur identité. Ainsi, de nouveaux enjeux s’imposent aux petites communes rurales. > Cité dortoir ou centre de vie ? Services et emplois sont maintenant concentrés dans les zones urbaines.De ce fait, les petites communes se sont vidées de leurs activités et deviennent majoritairement résidentielles. Il y a là un enjeu de développement de l’économie locale. De plus l’aspiration au pavillon individuel est consommatrice d’espace et ne permet pas, telle qu’elle est proposée aujourd’hui pas les promoteurs, de créer du lien social. Le pavillon favorise l’entre soi et contribue à la perte de vie sociale dans les bourgs. Être à la campagne ne veut pas dire ne plus avoir besoin d’espaces communs. L’organisation spatiale nouvelle et le manque d’activités ont tendance à aller à l’encontre d’une forme de centralité et donc d’espace de vie et d’échange. Récreer un lien entre les bourgs et les zones pavillonnaires me parait être un moyen essentiel d’une qualité de vie retrouvée. > Isolement et dépendance ? Cette évolution de l’activité des bourgs amène la question de l’accès aux services et infrastructures. Il s’agit d’un problème majeur dans le cas des petites communes rurales. La mobilité et le fonctionnement en réseau (via l’armature urbaine) est un enjeu important car les services ne sont plus à proximité et nécessitent des déplacements individuels en voiture.
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> Des lisières abandonnées ? Les fermes sortent petit à petit des bourgs. De plus, l’agriculture devient une activité indépendante déconnectée du village. Les échanges entre néo-ruraux et agriculteurs sont limités et la rencontre entre l’étendue agricole et la centralité formée par les bourgs n’est pas travaillée et peuvent être très « durs ». La lisière est une interface à mettre en valeur dans la relation entre le bourg et l’espace agricole ainsi qu’entre les néo-ruraux et les agriculteurs. > Un réservoir du patrimoine (rural et) régional en danger Les campagnes et bourgs ruraux connaissent une métamorphose profonde. Le patrimoine paysager et architectural rural qui représente l’identité des régions françaises est remplacé par un urbanisme et des constructions standardisées et banales. L’appropriation par de nouveaux types d’habitants au sein de ces espaces nécessite de réinventer l’identité de ces communes. Les visages des campagnes, à travers leurs paysages, architectures, usages et habitants, ont tendance à s’uniformiser par l’utilisation qui en est faite aujourd’hui. Ce phénomène dévalorise le potentiel que représente la campagne en terme de cadre de vie. De plus cette évolution va dans le sens d’un écart de plus en plus important entre les bourgs, leurs habitants et les campagnes alentours. Ces problématiques rurales sont riches et très diversifiées car fortement liées à l’identité régionale. Un terrain d’expérimentation est indispensable pour pouvoir y répondre et se confronter à l’expérience concrète d’un territoire.
EX-LIBRIS - FANTASMAGORIES, SÉRIE RURALE DE E. DAVODEAU, 2001
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Ille et vilaine
ILLE ET VILAINE
Population _ 1 019 923 hab. (2013) Superficie _ 6 775 km2 Densité _ 151 hab./km2
RENNES
Population _ 211 373 hab. (2013) Superficie _ 50,39 km2 Densité _ 4 195 hab./km2
MÉTROPOLE
43 communes Population _ 426 502 hab. (2013) Superficie _ 704,9 km² Densité _ 597 hab./km2
AIRE URBAINE
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>
Population _ 700 675 hab. (2013) Superficie _ 3 747,3 km2 Densité _ 187 hab./km2
10 km
Organisation du département de l’Ille-et-Vilaine autour de la ville de Rennes
SOURCE : IGN, BD PARCELLAIRE, TRAITEMENT VIA QGIS PUIS ADOBE ILLUSTRATOR
EXPÉRIMENTER LE RURAL EN ILLE-ET-VILAINE De façon à ancrer ces réflexions dans le concret, le choix d’un terrain d’expérimentation s’impose. Il permettra d’éprouver le rural et ses problématiques sur un territoire singulier.
/ La campagne rennaise
Un rural intermédiaire polarisé par la ville de Rennes Déclinées en plusieurs nuances différentes, allant du péri-urbain au rural profond, les «campagnes vivantes» telles que les nomme Bernard Kayser (1990), sont présentées sous de nombreuses formes à travers le territoire français. Je choisis pour questionner leur identité et leur devenir l’Ille-et-Vilaine comme terrain d’expérimentation. La campagne rennaise représente un rural «intermédiaire». C’est à dire qui ne soit pas isolé comme les bassins de vie qualifié d’hyper-ruraux par l’INSEE, qui ne soit pas non plus du péri-urbain. J’exclue donc de mon terrain d’étude la métropole rennaise. Il s’agit d’un rural en forte relation avec Rennes, ville «mère» dans la hiérarchie territoriale, aujourd’hui très centrée sur l’urbain et les métropoles. La ville de Rennes fonctionne comme une
Convergence du réseau hydrographique vers Rennes
réelle centralité à l’échelle du département. Située en son coeur, à la rencontre des cours d’eau et des différents réseaux de transport, l’influence de Rennes est importante et son aire urbaine de ce fait très étendue.
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// Une longue tradition de planification Les spécificités de la métropole rennaise, influence sur le territoire Dans le contexte d’une réflexion sur l’aménagement du territoire rennais, il est intéressant de s’arrêter sur un bout d’histoire de la ville de Rennes, marquée très tôt par une planification de son développement. En 1720, un incendie détruit le centre ville. La reconstruction de la ville avec l’architecte Jacques Gabriel marquera le début d’une longue histoire de planification. Les schémas directeurs et plans de la ville se succèdent avec la reconstruction de certains quartiers après la guerre et la forte croissance que connait la ville. La planification ne dépasse pas encore les limites administratives de la commune. Ceinturée par ces remparts puis par la rocade construite en 1983, la ville de Rennes se densifie très longtemps à l’intérieur du territoire communal. En 1967, la loi d’orientation foncière oblige chaque ville à se doter d’un schéma directeur d’aménagement. A Rennes, la volonté est alors de répartir la population de Rennes entre deux villes nouvelles périphériques, afin de limiter le mitage de l’espace interurbain. Ces plans ne seront pas mis en œuvre mais attestent de la volonté de la ville de se développer par îlots et non de façon diffuse. Le choix est alors fait de maintenir une «ceinture verte» à l’extérieur de la rocade ce qui donne à Rennes ses contours très délimités par rapport à de nombreuses métropoles françaises. Au début des années 2000, la métropole lance le projet de Ville-archipel (Tourtelier, 1948). L’idée est de maintenir au-delà de cette ceinture verte, des coupures dans la ville. À l’opposé d’un développement diffus, Rennes se construit à partir des noyaux de ville existant autour, créant comme des îles de villes à travers la campagne. Cette planification permet entre autres la prise en compte de l’agriculture comme élément de fabrique de la ville, avec notamment le principe de «champs urbains» (espace ouvert gelé pour l’agriculture, à l’intérieur de la métropole) développé par la ville. 20
Schéma directeur Rennes, 1960
SCoT Rennes, 2007
Emprise de la ville gallo romaine au IIe siècle Au XVe siècle, le mur gallo-romain est renforcé, pour faire face aux envahisseurs français.
PÉRIODE ROMAINE
Limites communales actuelles Urbanisation
Urbanisation de la ville, et développement des voies ferrées Rennes : 45 664 hab.
1857 Arrivée du chemin de fer
Extension de la ville et projet de ceinture verte accompagné d’une volonté de développement en îlots Rennes : 194 656 hab.
1983
Construction de la rocade
Prolongement de la rocade, urbanisation contenue à l’intérieur de la rocade, à l’extérieur maintien des espaces de respiration agricole et naturelle entre les pôles d’urbanisation définis par les bourgs alentours. Rennes : 211 373 hab.
AUJOURD’HUI
5 km 21
Carte postale ancienne, Les rues du bourg accueillent les cérémonies religieuses de la paroisse début XIXeme.
HTTP://WWW.CPADURANT.FR
Ferme dans un hameau agricole, début du XIXeme siècle Au sein même de l’espace rural, bourg et hameaux, deux ambiances et structures très différentes. 22
DANYTRICK.COM
CONSTRUCTION DE LA CAMPAGNE RENNAISE Une première approche historique donne ici un aperçu de la vie et des usages paysans qui peuplaient les campagnes. Elle permettra de comprendre les paysages que nous connaissons aujourd’hui.
/ Société et espace rural L’espace rural breton au XVIIIe siècle (usages et structure)
En Bretagne, le mot bourg (bourc’h) signifie la commune et regroupe les bâtiments et espaces communautaires tels que l’église, le cimetière et la mairie. Les villages (Ker) correspondent à un regroupement d’habitations souvent des fermes (lieu-dit, hameaux ailleurs) (Jarnoux, 2005). La structure rurale s’organise autour du bourg, qui est desservi par un maillage dense de routes et chemins. Les villages ne possèdent en général qu’un chemin d’accès simple. Le bourg est le lieu des manifestations communautaires qui sont pour la plupart au XVIIIe siècle religieuses (baptêmes, mariages, messes). C’est son rôle central dans la cohésion de la commune qui définit le bourg plus que son nombre d’habitants. Le bourg breton ne regroupe d’ailleurs qu’une petite partie de la population. La majorité de la population communale est répartie dans les villages. On trouvent dans les bourgs les marchands,
artisans, notaires et hommes d’églises. Entre un espace à vocation agraire et le bourg, les logiques de développement et les usages y sont très différents. « Le bocage et le désordre apparent des villages ménagent ainsi une multitude de circulations intimes et personnelles qui échappent aux injonctions impuissantes de chemins, par ailleurs peu praticables. Ces circulations intimes existent aussi dans le bourg, mais les déplacements y sont néanmoins beaucoup plus canalisés, orientés, encadrés par un réseau de voies de communications qui constituent un véritable espace public. » (Jarnoux, 2005) Les chemins creux accompagnés de haies, matérialisent ce réseau de circulations intimes à travers la campagnes. Tandis que dans les bourgs, les maisons, très souvent mitoyennes, s’alignent sur les voies de circulation, les villages se construisent plus sous la forme d’extension des longères existantes ou de maisons séparées pour accueillir la descendance. 23
WWW.ARDECHEPHOTOS.COM
Les chemins creux, véritables reliques du paysage rural breton, début du XIX
eme
«Il se faufile entre les haies parfois recouvertes d’une voûte de branchages; nul ne sait où il va, d’où il vient» PIERRE GEORGE, 1935
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siècle
«Le contraste le plus vif oppose la Bretagne intérieure, agricole et catholique («blanche») et la Bretagne littorale, portuaire et urbanisée («rouge»). L’Ille-et-Vilaine à cheval sur ces deux Bretagne.» LA MÉTAMORPHOSE DE PLOZÉVET, EDGAR MORIN 2013
Travaux des champs, Plougastel, XIXeme siècle
WWW.ARDECHEPHOTOS.COM
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//Mutation de la société et exode rural Disparition de la campagne «traditionnelle» fin XIXeme siècle Au début du XXème, la mécanisation et l’industrialisation va très vite modifier les modes de vie et les campagnes. Avec le remembrement, le nombre d’exploitations diminue tandis que les surfaces exploitées augmentent. La grande distribution et les marchés globaux viennent perturber l’économie locale. L’industrie propose de nombreux emplois dans les villes. De plus, la scolarisation est de plus en plus importante et draine les nouvelles générations près des villes, où l’on trouve les centres de formations. On aspire à faire un travail moins contraignant et difficile. À quitter la campagne arriérée et paysanne pour la ville bourgeoise et moderne. L’économie et la société rurale disparaissent petit à petit avec un transfert de population vers les centres urbains. En un demi siècle, l’espace rural connait un bouleversement majeur. Mais dans l’imaginaire commun, la campagne reste synonyme de tradition, de lien avec la terre, de simplicité. L’erreur, me semble-t-il, est, face à la perte 26
d’identités des campagnes, de vouloir les rattacher à une notion connue ; zone urbaine (petit pôle urbain) ou espace de nature, de loisir et de tourisme. Il s’agit, tout en se détachant de cette vision bucolique de la campagne, d’accepter les évolutions qui ont marqué ces territoires, et de construire une identité moderne pour ces espaces. Cette identité repose sur l’héritage qu’a laissé la société rurale mais également sur les dynamiques et aspirations de la société contemporaines.
Caricature de journal, 1994. Comment vit-on les accords mondiaux sur le commerce dans les campagnes ? Création de l’Organisation Mondiale du commerce.
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/// Une société ancrée dans son territoire Utilisation des ressources locales
40 km
>
L’espace rural aujourd’hui n’est plus cette société paysanne disparue, mais ce sont les indices qui persistent ça et là à travers le territoire. Ils nous renseignent sur la façon dont l’homme s’est approprié le territoire et les ressources dont il disposait. L’Ille-et-Vilaine est un bout de territoire façonné, comme la France, dans son ensemble par la vie rurale. La spécificité de L’Ille-et-Vilaine est surtout bretonne. Situé entre les deux massifs armoricains, l’Ille-et-Vilaine se dessine comme une cuvette, seul élément qui rend perceptible ses limites. Le relief et la géologie donnent la base que les hommes vont petit à petit s’approprier et transformer par leurs pratiques. L’habitat local est un des témoignage encore visible de l’utilisation des ressources par l’homme. Ainsi, comme le suggère la carte géologique, l’habitat traditionnel est très diversifié en Ille et vilaine. La forme architecturale reste simple dans ces volumes (rectangulaire avec des toits à deux pans) et similaire selon les endroits. L’urbanisation récente modifiera petit à petit cette unité par la construction de maison bourgeoise et de villégiature. La majorité du patrimoine bâti rural de la région a été construite pour des paysans, le reste relève pour la plupart du patrimoine religieux. On note un impact important de la géologie sur l’agriculture qui donne des sols acides, pauvres et donc peu fertiles pour des cultures. Cela oriente la Bretagne vers l’élevage, activité dans laquelle elle va vite se spécialiser.
Massif armoricain SOURCE : IGN, BD ALTI
Ardoise *1
Schistes
*3 *2
Terre
*4
Grès
*5
10 km
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Tourbes Grés
Granite Gneiss
Limons éoliens Schiste noir ampeliteux Schiste mêlé de quartzites Schiste de type ardoisier
Schiste brioverien Schiste dur
Schiste gréseux ou cornéenne Alluvions Terrasses alluviales anciennes Alluvions continentales et marines Alluvions marines
< Un habitat traditionnel émanant du socle naturel
>
*1 Habitat citadin et bourgeois , Maison balnéaire, St malo *2 Chaumière en terre, Pays de Rennes *3 Habitat en schiste du pays rennais *4 Habitat contemporain maison à avancée de style néo-bretonne *5 Habitat rural en grès
10 km
Carte géologique de l’Ille et Vilaine SOURCE : SOL DE BRETAGNE, 2016
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//// L’héritage des paysages Des paysages issus des pratiques agricoles et du socle naturel Les générations de paysans ont façonné les paysages que l’on connait aujourd’hui par les pratiques agricoles et l’utilisation des ressources locales. Ces paysages ont très peu été représentés, les cartes postales et peintures étant souvent concentrées sur le littoral et les villages. Ainsi, cette partie présente simplement les éléments hérités de ces pratiques, qui ponctuent d’indices le territoire d’Ille-et-Vilaine.
Paysage de bocage à ragosses Paysage de bocage dense sur collines Paysage littoral urbanisé Paysage boisé et de bosquets
Marais de Redon
>
Vergers
10 km
Carte des entités paysagères
SOURCE : LES PAYSAGES DE BRETAGNE 2013 © LABORATOIRE ESO / UNIVERSITÉ RENNES 2, INTERPRÉTATION VIA ILLUSTRATOR
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Tâche urbaine Surfaces essentiellement agricoles, interrompues par des espaces naturels importants Prairies pâturées Systèmes culturaux et parcellaires complexes de type bocages Forêt Réseau hydrographique
>
10 km
Carte des paysages d’Ille-et-Vilaine SOURCE : CORINE LAND COVER, 2012, TRAVAILLÉ VIA QGIS
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Paysage de bocage à ragosses Paysage de bocage dense sur collines Paysage littoral urbanisé Paysage boisé et de bosquets Vergers Marais de Redon
PAYSAGE LITTORAL URBANISÉ Le littoral breton en général fait l’objet d’une urbanisation importante, du fait d’une forte pression touristique.
PAYSAGE DE CULTURE LÉGUMIÈRE
Plage du Sillon, St malo
1950
Au nord, la spécificité du climat et des sols est très vite utilisée pour la culture légumière. Ce type d’agriculture forme des paysages fait de petites parcelles en lanières, de serres et où les haies sont rares. Culture légumières, à l’est de Saint-Malo
1950
PAYSAGE CULTIVÉ À RAGOSSE
Ces paysages sont caractéristiques du bassin de Rennes. Reposant sur des schistes tendres recouverts par endroits de limons, les sols y sont profonds et favorables aux cultures, il y a peu de prairies permanentes dans cette entité plutôt dominée par des prairies temporaires. L’émondage était pratiqué sur les haies. Aujourd’hui fortement remembré, on trouve sur ce vaste terHaie de ragosses, Pays de Rennes ritoire des résidus de haie à ragosse. 32
*1
1950
LES VERGERS Les vergers étaient très présents à travers le territoire avant 1950. Ils ont été fortement impactés par les arrachages dues au remembrement.
Vergers
*2
1950
PAYSAGE DE BOCAGE DENSE SUR COLLINES Le plateau de Fougère et du Coglais est traversé par la vallée du Couesnon qui marque un léger relief. Il est recouvert d’un maillage bocager dense créant des petites parcelles de prairies. Un réseau de chemins accompagnent les haies.
Bocage, Plateau du Coglais
1950
PAYSAGE BOISÉ ET DE BOSQUET Des tâches de bosquets ou de boisements plus vaste marquent les espaces aux sols pauvres et acides. En Ille et Vilaine, La forêt de Brocéliande sur la commune de Paimpont et les collines de SaintAubin-d’Aubigné en sont les exemples encore visibles. Les essences sont majoritairement des feuillus.
Forêt de Brocéliande
1950
MARAIS DE REDON Alluvions et terrasses alluviales anciennes, aux sols profonds et hydromorphes, accueillent au sud de Redon (endroit de la confluence entre la Vilaine et L’Oust) de nombreuses zones humides classées en zone Natura 2000.
SOURCE : LES PAYSAGES DE BRETAGNE 2013 © LABORATOIRE ESO / UNIVERSITÉ RENNES 2 SOL DE BRETAGNE, 2015 UMR SAS INRA-AGROCAMPUS OUEST
Les marais de Redon 33
///// Un département encore très agricole La filière agricole aujourd’hui L’évolution de la société et des pratiques agricoles a conduit à «la fin des paysans» annoncée par Henri Mendras (1970). Bien que certains revendiquent aujourd’hui cette appellation en opposition à l’agriculture productiviste, les paysans ont disparus. Cependant, la France est restée une grande puissance agricole. L’Ille-et-Vilaine, premier département laitier de France, possède une place importante dans la production nationale. En plus de cette production laitière, le territoire est aussi caractérisé par l’élevage et la polyculture. Sur les 30 dernières années, on observe un phénomène de baisse du nombre d’exploitation ainsi qu’un agrandissement des surfaces exploitées, à l’échelle du bassin de Rennes Une forte tendance au regroupement (les formes sociétaires sont préférées au exploitations individuelles), est également notée sur le territoire. La surface agricole utile (SAU) moyenne d’une exploitation passe de 32 ha en 2000 à 46 ha en 2010. L’activité agricole fait face à un enjeu de renouvellement de l’emploi. En effet, 500 exploitations ferment leurs portes chaque année. La difficulté, les horaires, les contraintes et le salaire rendent peu attractif le métier d’agriculteur. De plus le travail occupe aujourd’hui seulement 10 à 12% de notre temps contre 40% en 1936, ce contexte rend le métier d’agriculteur peu attractif car il représente plus de temps que la moyenne.. 34
* SOURCES : AGRESTE RESCENCEMENT AGRICOLES (2000 ET 2010), SAFER BRETAGNE, INSEE EMPLOI (2012), ODASEA, (2014), CODESPAR, (2014)
Malgré les bouleversements majeurs techniques et sociaux qu’a connus la filière agricole ainsi que l’introduction d’agriculture en ville, l’agriculture reste aujourd’hui encore l’activité qui définit la notion de campagne. C’est avant tout la logique spatiale d’étendue qui s’oppose à la centralité des villes qui forment les territoires que nous connaissons et qui est toujours d’actualité. D’autre part, dans un contexte de remise en question du système de production et des marchés mondiaux, la tendance mais également l’aspiration des populations, se tournent de façon significative vers le retour à un mode de vie plus direct et plus local. Cela est permis par la forte présence agricole à travers les territoires français.
L’agriculture et l’agroalimentaire
7%
représente de l’emploi du département contre 5% en France métropolitaine * SOURCES : CODESPAR, (2014)
L’ACTIVITÉ AGRICOLE EN ILLE-ET-VILAINE PRÈS DE
50% DES EXPLOITATIONS SPÉCIALISÉES EN LAIT
Bovin lait 49% Bovin viande et mixtes 9% Ovins caprins 2%
1
Élevage hors sol (porcins, avicoles, autres) 21% Polyculture polyélevage 10%
Département laitier de France
Cultures (+ maraîchage, fruits et fleurs) 9%
SES ÉVOLUTIONS
10% D’EXPLOITATIONS EN MOINS EN 10 ANS
ÉVOLUTION DE LA TAILLE MOYENNE DES EXPLOITATIONS 1979 15 Ha 2010 51 Ha
2000
9 300 exploitations
2010
6 700 exploitations 35
80% Des français considèrent la maison individuelle comme l’habitat idéal. La maison individuelle caractérise fortement les communes rurales. SONDAGE IPSOS/LE MONITEUR, 2010
////// Reconquête de la campagne Profil et aspirations des nouveaux habitants Au-delà des évolutions de l’activité agricole, la fin des paysans, c’est la fin de la société rurale et l’uniformisation des modes de vies. Le succès de la ville provoque une urbanisation du territoire exponentielle. Ce phénomène fait l’objet de nombreuses études et interventions des professionnels de l’aménagement. La ville se densifie rapidement et marque de nombreuses inégalités. La vie en ville devient chère pour une certaine partie de la population. Pour désengorger les villes, de nombreuses lois sont mises en place de façon à encourager l’accession à la «petite propriété», notamment dans l’espace rural de façon à désengorger les villes. Les constructions individuelles ainsi favorisées vont se développer à travers la campagne, où les contraintes et le coût est moins important qu’en ville. A l’opposé de la promiscuité parfois présente en ville et du manque d’espace, le pavillon individuel s’impose comme la forme d’habitat rêvée.
36
Aujourd’hui encore, rénover un ancien logement coûte plus cher que d’en construire un nouveau. La facilité de construction et le coût réduit que proposent les promoteurs-aménageurs par rapport à des architectes résultent une uniformisation du développement pavillonnaire. Les mutations sociales alimentent également la production de logements avec un nombre de personnes par foyer passé de 3,1 en 1968 à 2,3 en 2012. L’attraction pour la campagne (vu comme un espace de vacances et de loisir par les population) est alimenté par un besoin de contact avec la nature et la terre (accentué par le contexte environnemental). L’augmentation de la distance entre le domicile et le lieu de travail favorise également l’installation des ménages à la campagne. La mobilité grandissante permet également de profiter pendant son temps libre (dont l’augmentation est significative) des activités que propose la ville et de temps familiaux au calme dans son pavillon de campagne.
En 1936, le travail occupait 40% de nos vies, aujourd’hui il représente entre 10 et 12%. JEAN VIARD, 2014
CYCLE DE VIE ET PARCOURS RÉSIDENTIEL Période d’autonomie limitée Période marquée par une préférence pour un logement dans un centre urbain (Proximité aux services nécessaire) Période marquée par une préférence pour un logement hors d’un centre urbain * CDI, début de la famille
s
9 a ns
30 an
20 - 2
* Études et recherches d’emplois
Ainsi les campagnes accueillent un profil de population plutôt âgé : des couples avec enfants qui nécessitent un accès relativement facile à de nombreux services, ainsi que des personnes plus âgés mais toujours indépendantes.
0 - 18 ans
* Retraite
On note une homogénéité du type d’habitat en milieu rural qui traduit la présence d’une classe d’âge particulière. Le parc locatif social est peu représenté en milieu rural.
75 ans
* D’APRÈS JEAN-CLAUDE DRIANT, «ESPACES RURAUX ET PARCOURS RÉSIDENTIEL DES MÉNAGES : UN ÉCLAIRAGE STATISTIQUE» POUR 2007/3 (N° 195), P.40-47.
37
/////// Le rural à l’épreuve du temps de l’exode rural au désir de campagne 1908 loi Ribot AIDES FISCALES POUR L’ACHAT D’UN TERRAIN FAVORISANT L’ACCÈS À LA «PETITE PROPRIÉTÉ» POUR LIMITER L’AFFLUX DE POPULATION EN ZONE URBAINE
1 000 000
900 000
Maximum atteint par la population rurale en France 26,8 MILLION DE RURAUX POUR UNE POPULATION DE 35,8 MILLION
800 000
700 000
600 000
500 000
400 000
300 000
1850
RÉVOLUTION INDUSTRIELLE 38
1901
1926
EXODE RURAL
1995 Loi d’octobre MISE EN PLACE DU PRÊT À TAUX ZÉRO (PTZ) SUR 20 À 30% DU COÛT DE L’ACQUISITION EN PRIMO ACCESSION POUR LA CONSTRUCTION NEUVE.
1 007 901 HAB
1962 PAC 1965 Remembrement
2,0
1,5
Taux d’évolution moyen de la population en Bretagne Grandes agglomérations Campagnes
1,0
0,5
1968 -1975
1951
1975 -1982
1982 -1990
1990 -1999
1999 -2007
2001
2012
EXODE URBAIN ? 39
//////// Conséquences sur les paysages Un impact non contrôlé Les illustrations ci-contre proposent une synthèse des transformations des paysages ruraux (villages et campagne). ÉVOLUTION D’UN BOUT DE CAMPAGNE
1950
>
Bien que fortement modifiés par les mutations de la société, les paysages façonnés par des années de vie rurales témoignent encore aujourd’hui de ce passé. Tandis que l’espace agricole était fortement altéré, les bourgs, eux, évoluent peu. Les mutations de l’activité agricole bouleversent les paysages, parcelles plus grandes, arrachage des haies et vergers. L’urbanisation touche aujourd’hui les bourgs de campagne devenus très attractifs et appréciés par de plus en plus de ménages. Cette phase de développement rapide est peu maîtrisée par les communes et se traduit par des constructions souvent déconnectées et peu intégrées à l’habitat historique. Au-delà des évolutions spatiales, ce retour vers les campagnes s’accompagne également, comme nous l’avons vu, des attentes différentes liées à un mode de vie nouveau. Construite petit à petit en harmonie avec la société rurale, la petite commune rurale se planifie-t-elle comme la ville ? Quel est le processus qui fabrique aujourd’hui ces nouvelles communes rurales? Est-il adapté?
2016
40
200 m
« Le résident ne devient pas campagnard, c’est la campagne qui devient résidentielle.» J-D. URBAIN, PARADIS VERTS, 2002
Disparition des vergers et arrachage massif de haies pendant le remembrement Perte de nombreux chemins à travers champs
Mécanisation et industrialisation de l’activité agricole provoque l’élargissement des parcelles et l’apparition de bâtiments agricole imposants et peu intégrés
Urbanisation anarchique et mitage de l’espace agricole
41
Petites communes Europe Etat central , Région, Département
Les réseaux d’acteurs locaux
42
Métropole
LA FABRIQUE CONTEMPORAINE DES TERRITOIRES RURAUX HABITÉS Face à ce constat d’évolution de l’espace rural, il est essentiel de comprendre aujourd’hui les acteurs, outils et processus qui fabriquent le territoire. Cette partie a pour but de faire une synthèse (non exhaustive) des acteurs du territoires et de comprendre les processus par lesquels ils fabriquent l’espace rural.
/ Quel poids pour les petites communes rurales? Système territorial, état des lieux De façon générale, l’organisation des acteurs de l’aménagement du territoire se décline des grandes institutions (Europe et État central aux collectivité locales. Les politiques publiques des institutions centrales et l’organisation qui en découlent fonctionnent en France de façon descendante. L’État déconcentré avec ses compétences propres, permet le maintien d’une cohérence territoriale à l’échelle de la région (DREAL). Son rôle est également de favoriser le développement locale à travers la mise en place de financements de projets ruraux. Ces aides sont souvent très ponctuelles, de type «redynamisation des centres-bourgs» ou encore de développement locale comme le programme LEADER européen. Ces financements «par projet» ne permettent pas une constance et la création de projets de territoire sur le long terme. Enfin, le contrôle de légalité exercé par les Directions départementales des territoires (DDT) sur les permis de construire et l’élaboration des documents d’urbanisme constitue également
une intervention ponctuelle de l’État. Ces actions de l’État ne permettent pas d’établir une réflexion global à l’échelle d’un territoire. En terme d’aménagement du territoire, il revient aux communes, à travers les documents de planification à plusieurs échelles (SCoT, PLU) d’inventer un projet de territoire. Les moyens à dispositions et donc possibilités d’action sont alors très inégales, entre la métropole et une petite commune rurale. Là où une structure telle que la métropole va fédérer les différents moyens, compétences et ressources à dispositions, les petites communes seules, sont limités. La notion d’intercommunalité dans l’espace rural n’apparaît pas comme une évidence pour les habitants, très attachés à la notion de commune. (bien que cela soit susceptible d’évoluer avec les nouveaux types d’habitants). L’intercommunalité dans l’espace rural représente une opportunité de mettre en réseau les différents acteurs locaux.
43
// Un maillage d’acteurs Face a ce clivage entre une métropole «forte» et des territoires où les compétences et moyens sont davantage dispersés, les différents réseaux d’acteurs sont d’une grande valeur.
Les intercommunalités Les intercommunalités qui marquent à leurs création (Loi ATR 1992) un tournant vers la notion de développement local sont aujourd’hui une obligation à travers le territoire français. Leur mise en place a pour but « l’élaboration d’un projet global de développement et d’aménagement de l’espace.» L’exemple de L’Ille-et-Vilaine permet de questionner l’égalité des territoires entre eux. La métropole et les communauté de communes ont-elle le même poids ? Tout en ayant les même compétences, les moyens à disposition ne sont pas les mêmes et les possibilités d’actions et d’application des politiques publiques émanant des institutions (Europe et Etat central) sont moins importantes. Se regroupent ici les intercommunalités présentes sur le territoire. L’Ille-et-Vilaine compte 7 pays formés de 25 intercommunalités (23 communautés de communes, Rennes métropole et St Malo agglomération). L’intercommunalité représente aujourd’hui l’avenir des territoires en permettant par le regroupement la mise en commun des compétences. Elle donne ainsi plus de poids aux «petites» communes. Le regroupement en EPCI étant régulé par le nombre d’habitants ainsi que par la présence d’une commune centre selon un seuil minimal d’habitants, ces regroupements permettent-ils aux territoires ruraux d’affirmer un statut égal à celui des intercommunalités urbaines (communautés d’agglomération et métropole?). 44
Un dernier niveau de lecture se situe à l’échelle de la commune rurale et de l’équipe municipale. Elle est formée de son équipe d’élus et de ses services techniques. Dans le cas des petites communes, la démocratie étant plus directe, la légitimité de l’élu et son lien avec la population est souvent plus fort. Les services techniques des petites communes se réduisent souvent à quelques personnes (agent communal) le nombre d’élus étant alors supérieur au nombre d’agents des services techniques. A l’échelon de l’intercommunalité le ratio a tendance à s’inverser avec une proportion supérieure d’agents des services techniques par rapport aux élus représentant les communes. Quel est alors le pouvoir décisionnel des élus dans le dessin du projet de territoire?
Europe Etat central , Région, Département
Acteur transversaux de cohésion territorial
Les réseaux d’acteurs locaux
Les acteurs transversaux Cette échelle d’acteurs est définie par un lien au territoire plus important. Elle regroupe des organisations souvent à l’échelle du département avec une vocation d’observatoire du territoire et d’expertise technique apportés aux communes et qui permet plus de cohérence locale. Trois organisations d’aide se détachent en Ille et Vilaine. L’Agence d’urbanisme et de développement intercommunal de l’agglomération de Rennes (AUDIAR), qui travaille à l’échelle de l’Aire urbaine (190 communes), ce qui représente un périmètre statutaire très large. Le fonctionnement associatif des agences d’urbanisme les rendent redevables envers leurs membres. La capacité financière des différents membres ne crée-t-elle pas une relation inégalement tournée vers Rennes métropole? La chambre d’agriculture fait le lien entre les institutions et les agriculteurs autant au sein de la métropole qu’avec de plus petites com-
munes. Le CAUE via son rôle de conseiller et de sensibilisation est un vecteur important de lien et de cohérence à l’échelle locale. Il peut être un médiateur entre les différents acteurs du territoire dans un projet commun. L’Ille-et-Vilaine ne possédant pas de CAUE, il s’agit à mon sens d’un acteur «manquant» du territoire.
Autres réseaux locaux Le réseau local est également étoffé par le regroupement d’habitants formant divers associations ainsi que le regroupement des agriculteurs en coopératives. Ces réseaux formés par les habitants et usagers de la campagne rennaise traduisent et définissent également l’identité de ces espaces. Ce type de réseau représente un grand potentiel d’actions dans une dynamique ascendante. 45
Le processus classique de production de logements est il adapté aux petites communes rurales?
/// Production de logements Vers un processus adapté? La production de logements s’est longtemps faite de gré à gré, avec acquisition et construction par des propriétaire privés. Aujourd’hui le processus est bien rodé et l’urbanisation se fait majoritairement via de l’urbanisme opérationnel. D’autre part, les aménageurs et promoteurs sont aujourd’hui de grosses structures privées dont le but est lucratif. Les grandes structures telles que les métropoles s’impose de plus en plus tout au long de se processus, qui leur permet de le modifier selon les politiques de développement qu’elle souhaitent suivre. Les petites communes avec des moyens et compétences plus réduites ont des difficultés à mettre en avant leur projet politique. Elle ne font pas le poids face à la combinaison promoteurs-aménageurs qui de plus en plus proposent des solutions «clés en mains» plus faciles à mettre en œuvre par ces communes. Le dysfonctionnement de ce système à travers l’espace rural par un urbanisme souvent peu adapté aux besoins, banalisent les paysages mais surtout provoque une perte de sens au sein des bourgs.
46
dans l’espace rural, 9 logements sur 10 est une maison
La conception de maisons individuelles représente 17,5% du travail déclarés par les architectes.
Il ne s’agit pas d’un processus figé et l’on assiste déjà à de nombreuses évolutions. Les collectivités s’investissent et suivent le projet du début à la fin. Par le biais de projet participatif les habitants et usagers sont appelés à intervenir sur la réflexion du projet, au dessin et parfois jusqu’à la réalisation. L’aménagement du territoire, qu’il soit rural ou urbain, nécessite une conception pluridisciplinaire à toutes les étapes du projet.
Collectivité
ÉVOLUTION DES RÔLES.... Aménageur Promoteur
Utilisation
Terrain aménagé
Détention et gestion du bien immobilier
Commercialisation
Réalisation du projet immobilier
Conception du projet immobilier
Terrain
Définition du programme projet immobilier
Réalisation des voiries publiques, viabilisation
Conception de projet urbain
Maitrise foncière
Définition des règles urbaines
PROCESSUS D’AMÉNAGEMENT CLASSIQUE
Bâtiment construit Bâtiment valorisé
Investisseur Utilisateur
Champs d’action classique Élargissement du champs
Collectivité Aménageur Promoteur Investisseur Utilisateur
47
//// Le jeu d’acteurs appliqué à l’Ille-et-Vilaine
Etat
AUTRES ACTEURS DE L’AMÉNAGEMENT
Etat déconcentré
Collectivités Communes
Communauté de communes
Métropole
AUDIAR Aire urbaine
CAUE Chambre d’agriculture
Département
Région
Etat central
Europe 48
Programmes LEADER, FEEDER
FDT Fonds de solidarité territorial pour les communes de moins de 2000 hab Contrôle de légalité Aides financières
49
///// Les outils De quels outils disposent les différents acteurs de l’aménagement du territoire? Outils classiques et complémentaire offrent de nombreuses possibilités dans la fabrication d’un projet de territoire.
DÉFINITION DES RÈGLES URBAINES
Collectivité
MAITRISE FONCIÈRE
Propriétaire
CONCEPTION DE PROJET
Aménageur 50
Le projet de territoire est un projet politique définissant les orientations prises pour l’avenir du territoire. Ce projet va se décliner, selon l’échelle en documents de planification tel que, le Schéma de cohérence territorial (SCoT), le Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) et le plan local d’urbanisme (PLU).
La maitrise foncière est essentielle dans tout projet d’aménagement mais également dans le projet agricole. Différent organismes permettent de réguler la maitrise foncière tel que, les Sociétés d’Aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), L’association Terres de lien (acquisition participative de terre pour aider les agriculteurs à s’installer), ou encore les Zone agricoles protégées qui permettent une protection durable des terres agricoles dans les documents de planification.
Les outils d’aménagement opérationnels représentent aujourd’hui la majorité des opérations d’aménagement en France. Un quart de la production de logements neufs résulte de la création d’un lotissement. Les zones d’aménagement concertés (ZAC) permettent également à des personnes publiques l’aménagement d’un terrain.
Outils de coopération entre les acteurs Bien que les documents d’urbanisme construisent le cadre légal de l’aménagement du territoire, d’autres outils permettent de compléter et d’adapter ces documents aux problématiques, acteurs et besoins spécifique de chaque territoire. Les chartes, atlas, le plan local de l’agriculture du Pays de Rennes permettent de promouvoir un projet commun et cohérent à l’échelle des territoires plutôt que des communes. Des outils similaires (chartes et plan) peuvent accompagner les PLUs de façon à guider grâce à des règles de jeu spécifique à l’espace rural et à la commune, les choix des aménageurs.
Les outils et acteurs présentés dans cette partie forment une base qui proposent une multitude de possibilités. L’essentiel étant de les utiliser à bon escient, en identifiant les leviers d’action du renouvellement rural, qu’ils soient fonciers, réglementaires, ou financiers. En fonction des territoires. Ces différents outils permettent également de fédérer les acteurs du territoire autour d’un projet de commun.
Plan Local de l’Agriculture du Pays de Rennes, travail de partenariat entre les institutions et le monde agricole, 2010.
GERPLAN de la Communauté de communes du secteur d’Illfurth. Plan de gestion de l’espace rural et péri-urbain. Collaboration entre acteurs locaux et structures intercommunales.
51
Métropole
Aire urbaine
Département
Mais aujourd’hui le rural où est il? A quoi ressemble t il? 52
QUESTIONNER LE TERRITOIRE
Expérimentation sur le terrain Il s’agit dans cette partie de décrire l’approche du terrain mené en parallèle des lectures, recherches bibliographiques et intuitions plus générales présentées au début de ce mémoire.
Approche du terrain à plusieurs échelles L’objectif est de questionner la réalité du territoire et les représentation que l’on peut en avoir à travers une base de données autour de communes du département. Les différentes recherches sur le monde rural révèlent un espace en pleine mutation, aux multiples facettes. D’autres part, les questionnements liés au monde rural à travers le territoire français sont très liés à la notion d’identité locale. Je m’intéresse ici aux communes hors de la métropole. De façon à nuancer l’impact des politiques d’aménagements sur le terrain, je choisis de m’intéresser uniquement à des communes hors métropole rennaise.
Hors métropole donc, mon approche se fait du département vers les communes. D’abord pour compléter en arpentant le territoire les connaissances acquises par mes lectures. Mais également dans cette volonté de mettre en tension les figures de la campagne telle que idéalisée, une campagne nourricière, une campagne «nature» de loisir ou encore une campagne offrant un cadre de vie idéal. L’image général que l’on souhaite promouvoir d’un espace et ses réalités locales.
53
Méthode L’idée de cette méthode d’approche est de pouvoir appréhender le terrain dans sa globalité tout en analysant plus précisément un certain nombre de communes. Cela permet d’avoir une approche la plus large possible qui permette de comprendre les mécanismes d’une problématique très large pour laquelle il serait trop réducteur de se plonger dans un site de projet. Ces différentes étapes vont permettre d’une part de développer les connaissances du territoire. D’autre part, l’analyse de plusieurs communes (bien que le nombre de communes qu’il m’est possible de traiter dans les délais soit limité) permet, en comparant des informations choisies de faire ressortir les dynamiques et grands enjeux liés aux petites communes rurales sur le territoire d’Ille-et-Vilaine.
54
SITUER LES «PETITES COMMUNES RURALES» Spatialiser et tester les petites communes rurales à travers des cartes et statistiques du département
Communes de >2000 hab
Ag
u ric
lt u
re
Où se trouvent les petites communes ?
Quels densité et types d’agriculture dans ces communes ?
Cf p.56
Cf p.60
ÉCHANTILLONNAGE
GRILLE DE LECTURE
RÉSULTATS
Choix de 11 communes à analyser de plus près
Comparaison des communes de l’échantillon
Choix des sites d’expérimentation
IDÉEL
FONCTIONNEL
ANALYSE DES SITES
Présentation des communes choisies
STRATÉGIE DE PROJET
EVOLUTIF
Enquête sur l’échantillon de communes sélectionné selon 3 grands thèmes : idéel, fonctionnel et évolutif.
Quelles conclusions tirer de ces éléments?
Cf p.68
Cf p.96
Une stratégie de projet commune?
Cf p.100
Cf p.112
55
Les petites communes... La commune est aujourd’hui l’entité administrative structurant le découpage du territoire français. Elle est également l’autorité compétente en terme d’urbanisme et donc celle selon laquelle je choisis d’analyser le territoire. Un premier filtre me permet de restreindre mon terrain de recherche. Je choisis de m’intéresser ici aux petites communes en terme de population en fixant le seuil de 2000 habitants. Cette limite correspond aux communes dites rurales qui représentent 86% des communes françaises. En Ille et vilaine sur 353 communes au total, 241 comptent moins de 2000 habitants. Ces communes se situent en majorité sur le pourtour du département. Le pôle urbain de la métropole rennaise ressort comme une tâche claire au centre du département.
Forêt Communes de -2000 hab Réseau viaire Réseau ferré
56
>
10 km
Carte des communes de <2000 habitants SOURCE : IGN, BD PARCELLAIRE ET TOPO, 2015 TRAITEMENT QGIS ET ILLUSTRATOR
57
Corps-nud
Javené
Amanlis
La Chapelle-de-Brain
Langouët
Langouët
MAISON D’ARCHITECTE, LOTISSEMENT ÉCOLOGIQUE, ANCIENNE LONGÈRE, LA PETITE COMMUNE N’A PAS DE STYLE ARCHITECTURAL 58
Clayes
Amanlis
Clayes
Coglès
Clayes
Amanlis
UN ESPACE PUBLIC DANS UNE PETITE COMMUNE, C’EST GRAND, PETIT, MINÉRAL, VÉGÉTAL, BIEN DÉFINI OU SANS LIMITE VISIBLE? 59
«L’agriculture est l’activité qui donne sens à la notion de campagne» YVON LE CARO, INTERVENTION LORS DU COLLOQUE NATURE DES VILLES NATURE DES CHAMPS»
10
... Rurales ?
8
> Nombre d’exploitations pour 100 habitants
6
Le deuxième filtre est celui de l’agriculture. Guidée par l’intuition que l’agriculture est l’activité qui donne sens à la notion de campagne, il me semble important d’intégrer en amont cet élément de façon à nuancer cette première sélection de communes. Un premier élément me permet ici d’évaluer la présence de l’agriculture sur chacune des communes de moins de 2000 habitants. Il s’agit du nombre d’exploitations par communes, fourni par le recensement agricole de 2010. J’ai ensuite rapporté cette donnée au nombre d’habitants, de façon à obtenir une proportion d’exploitations sur chacune des communes. Ici c’est cette «présence» agricole par commune, très statistique qu’il est intéressant de confrontée à la réalité du terrain. Les visites sur le terrain permettront d’éprouver ces statistiques et de comprendre quels éléments font l’espace agricole social et paysager.
4 2 0 Répartition du nombre d’exploitations pour 100 habitants à l’échelle du département, soit 353 communes
Forêt 10
Nombre d’exploitations pour 100 habitants
0 Réseau viaire Réseau ferré
60
>
10 km
Carte du nombre d’exploitations pour 100 habitants > parmi les communes de moins de 2000 habitants
Source : Rescencement agricole 2010, Agreste 61
Essé
La Chapelle de Brain
St Ganton
Coglès
Javené
St Ganton
L’ACTIVITÉ AGRICOLE EST DESSINE DES FORMES TRÈS DIVERSIFIÉES À TRAVERS LE TEERITOIRE 62
Coglès
Javené
St Ganton
La Chapelle de Brain
Saint-Maugan
63
> Type de production agricole Le taux d’exploitation est ensuite croisé avec l’orientation technico-économique générale de chaque commune. C’est à dire quelle type de production est majoritaire dans les exploitation agricole de la commune. Les types de productions principales du département sont : les bovins laitiers, les bovins mixtes, les granivores mixtes (volailles et porcs), et les polycultures-polyélevages. On note une prédominance des bovin laitiers et des granivores mixtes au nord est du département qui affichait un fort nombre d’exploitations pour 100 habitants. Quels types de paysages produisent ces différents types de productions? Ont-ils un impact notable sur le territoire ? L’idée de ces deux cartes, est de sélectionner un échantillon de communes représentatif de l’activité agricole en Ille et Vilaine, pouvant être soumis à une analyse plus fine par la suite.
64
Rennes 73 communes
Bovins lait
12 communes
Bovins mixte Céréales et oléoprotéagineux
Cultures générales 175 communes
Polyculture et polyélevage Autres herbivores Fleurs et horticulture diverse
77 communes
Granivores mixtes Volailles
>
10 km
Orientation technico-économique par communes SOURCE : RESCENCEMENT AGRICOLE 2010, AGRESTE , BD TOPO IGN
65
Amanlis
Essé
Ferme en centre ville, Amanlis
© Atlas des paysages d’Ille-et-Vilaine
Essé
Essé LE TYPE D’AGRICULTURE RESSORT-IL SI CLAIREMENT À TRAVERS LES PAYSAGES ? 66
© Atlas des paysages d’Ille-et-Vilaine
Essé
Javené
© Atlas des paysages d’Ille-et-Vilaine
© Atlas des paysages d’Ille-et-Vilaine
Essé
67
Échantillonnage Sélection de 11 communes Il s’agit à ce stade de choisir un échantillon de communes, le plus représentatif au vu des premiers éléments présentés en amont. La représentativité de cette sélection est importante de façon à pouvoir tirer des conclusions pertinentes de l’analyse faite par la suite. La sélection de 11 communes rassemble : _ des communes dont le taux d’exploitations par rapport à la population varie entre supérieur, inférieur et égale à la moyenne départementale (cf. figure de droite, échelle ) _ des communes dont l’orientation technico-économique est représentative de la production principale du territoire (cf. figure de droite, ) _ des communes dont la situation géographique est variée (unités paysagères et contexte bocager très différents, proche cours d’eau, forêt) (cf. carte) _ des communes dont la situation par rapport aux infrastructures du département et par rapport à Rennes et sa métropole (hors et dans l’aire urbaine, proche de la métropole, dans un couloir ferroviaire, proche axe routier, autre commune plus isolée) sont différentes et diversifiées (cf. carte)
Nombre d’exploitations pour 100 habitants
10
Poilley
9 8 7 6
Essé St Ganton
5
Amanlis Paimpont
3
Javené La chapelle de brain
Le lou du lac Coglès
4 2 1
St pern Langouët
0
Synthèse graphique de la situation agricole de chacune des 11 communes selon les deux statistiques présentées en amont
Granivores mixtes Bovin laitier Polyculture polyélevage Forêt 11 Communes sélectionnées Réseau viaire Réseau ferré
68
10 Poilley
6
Coglès
2 St Pern 2 Langouët
1 Javené
6 Le lou du lac
3 Paimpont
3 Amanlis 5 Essé
5 St Ganton
>
1 La chapelle de Brain
10 km
Situation des 11 communes sélectionnées SOURCE : RESCENCEMENT AGRICOLE 2010, AGRESTE, BD TOPO IGN
69
Aperçu de l’échantillon de communes Ainsi, la sélection regroupe des communes d’une grande diversité Avant décortiquer cet échantillon de communes à l’aide de la grille de lecture, il me semble important de balayer ces communes afin d’en donner un rapide aperçu.
70
Poilley
10 2 km Territoire communal
Population 389 Nombre d’exploitations 37 Superficie 1090 ha Granivores mixtes >
150 m Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
La commune est située au nord de Fougère sur le plateau du Coglais où le bocage est encore aujourd’hui assez dense. Autour du bourg, le bocage créé un maillage de prairies pâturées. Le bourg s’y intègre en maintenant des espaces de transitions faits de haies et cheminements autour des nouveaux aménagements. Le bourg, de petite taille, s’est développé le long des routes. Les extensions récentes aux parcelles très larges et formes architecturales diverses et assez voyantes sont plus en rapport avec le maillage agricole existant qu’avec le bourg historique.
Ruelle partagée du centre historique
Pâtures dans un bocage dense
Chemin à travers la commune 71
Le Lou du lac
6
2 km Territoire communal
Population 96 Nombre d’exploitation 6 Superficie 323 ha Granivores mixtes >
100 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Le Lou du Lac est une toute petite commune formée de hameaux agricoles, située dans la plaine du Meu, à côté de Montauban de Bretagne. La commune ne possède pas de bourg central à proprement parler, excepté un hameau comprenant la mairie, une grande grange avec non loin un château. On constate très peu d’évolution, sûrement du à cette structure en hameau ne permettant pas de développement ainsi que la protection des éléments patrimoniaux. Quelques boisements remplissent l’espace autrement assez ouvert. Les grands bâtiments agricoles se dessinent à travers les champs.
Omniprésence des larges bâtiments agricoles 72
Vergers
Ancienne ferme en bord de route
Coglès
6
2 km Territoire communal
Population 647 Nombre d’exploitation 36 Superficie 1734 ha Bovin lait >
100 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Située au nord-est à la limite du département avec la Manche, Coglès occupe une position assez isolée. Elle est traversée à quelques kilomètres du bourg centre par l’autoroute Rennes-Caen. La commune se trouve sur le plateau du Colgais, le bocage y est resté relativement dense et créé un maillage de prairies pâturées. On ressent dans ce bourg, dont l’évolution est très timide, une présence agricole s’immiscer jusqu’au près des habitations. Grâce à des lisières boisées au dessin organique et à de nombreux chemins, le bourg s’inscrit dans son territoire avec aisance. Quelques habitations notamment sous forme de lotissements s’intègrent plus difficilement au bourg.
Maillage de chemins à travers la campagne
Ferme en centre ville
Espace piéton du centre bourg 73
Essé
5
2 km Territoire communal
Population 1131 hab Nombre d’exploitation 54 Superficie 2344 ha Granivores mixtes >
100 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
La commune d’Essé est située au sud de la métropole. Le bourg historique s’est développé en village rue. Le bourg se situe sur un plateau très ouvert où le remembrement a laissé très peu de végétation. L’espace agricole autour est très vaste et ponctué de larges bâtiments agricoles. Le bourg est de ce fait visible de loin. Il a connu un développement assez important fait pour la grande majorité d’opérations d’aménagement de type lotissements. Un réseau de chemins permet de relier les différentes parties du bourg qui manquent de cohérence. Les pavillons se ressemblent et posés les uns à côté des autres dessinent des rues où l’on n’est pas invité à passer à moins d’y habiter. La relation entre les limites du bourg et les cultures est très abrupte.
Centre historique de village rue 74
Campagne ouverte
Lotissement donnant sur la salle de sport
St Ganton
5
2 km Territoire communal
Population 415 Nombre d’exploitations 20 Superficie 1417 ha Bovins Lait >
200 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
La commune de St Ganton se situe au sud du département non loin de Redon. Installé sur un coteau boisé, le petit bourg de St Ganton s’accroche à la route qui le traverse. Faites de quelques maisons de village, les ruelles traversent le village sans limites entre l’espace privé et l’espace public. Une école primaire et une épicerie font vivre ce hameau isolé. La route est très présente et forme comme une barrière entre le haut et le bas du bourg.
Développement du bourg par rapport à la route
De nouveaux aménagements maladroits tournés vers la voiture
Ruelle à travers le village historique 75
Amanlis
3
2 km Territoire communal
Population 1611 Nombre d’exploitations 47 Superficie 2554 ha Polyculture-polyélevage >
200 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Située au sud de la métropole rennaise, la commune d’Amanlis, étant très bien desservie, bénéficie d’une situation avantageuse. Une attention particulière est portée au cadre de vie avec une réflexion sur l’implantation des nouvelles habitations et le maintien d’un maillage de circulations et espaces piétonniers à travers le bourg. Un potentiel de connexion entre le bourg et l’espace environnant est présent mais peu développé. Le bourg bénéficie d’un espace de nature de qualité en son cœur, qui cherche cependant encore à être défini dans son vocabulaire et son rôle au sein de la commune. La commune jouit de nombreux équipements et services au sein du bourg.
Lisières agricoles 76
Allée piétonne plantée desservant les habitations
Intégration des nouvelles constructions
Paimpont
3
2 km Territoire communal
Population 1622 Nombre d’exploitations 45 Superficie 11038 ha Polyculture-polyélevage >
200 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Paimpont est la plus grande commune du département. Elle est principalement couverte par la forêt de Paimpont. Le bourg principal au développement assez limité se situe au centre, enfermé par les boisements. Au centre du bourg se trouve un lac artificiel qui borde l’abbaye de Paimpont. Il représente un espace de nature accessible immédiatement et d’une grande qualité. Sur le reste de la commune, des hameaux agricoles émergent de clairières, respirations dans la forêt. La présence de l’agriculture est très discrète au niveau du bourg central. Du fait de son patrimoine et donc d’un accueil touristique, l’espace public du bourg est assez travaillés et le bourg animé par de nombreux commerces. L’ambiance est plutôt bourgeoise et les aménagements empruntés au vocabulaire urbain.
À travers la forêt de Paimpont
Terrasses de café sur la place centrale
Lotissement blotti dans la forêt 77
Langouët
2 Territoire communal
Population 579 Nombre d’exploitations 10 Superficie 712 ha Polyculture-polyélevage >
100 m
Le bourg
2 km
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Située à la limite de la métropole de Rennes, la commune de Langouët bénéficie d’une situation avantageuse. Le bourg historique, de petite taille, s’est développé autour de l’église. Il s’agrandit par deux extensions successives, longe la départementale qui le dessert et plus au nord perché sur une petite colline. La commune rassemble en son centre une médiathèque, une école, un bar/café culturel. A l’ouest de la départementale, l’espace agricole et vaste et plutôt pauvre. À l’est des boisements longent la rivière, très peu visible depuis le bourg. Le bourg est déconnecté de l’espace agricole autour. La présence de l’agriculture ne se fait pas sentir.
Lotissement contre la nationale 78
Lotissement écologique sur la colline
Vers la médiathèque
St pern
2
2 km Territoire communal
Population 994 Nombre d’exploitation 15 Superficie 1211ha Polyculture -polyélevage >
200 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Située au nord de la métropole rennaise et à la limite du département avec les Côtes d’Armor, la commune bénéficie du cadre des paysages de collines à proximité de Bécherel. Le bocage y est encore assez dense, et forme un interface doux avec le maillage agricole. Le bourg propose des espaces publics sobres et minéraux, quelques chemins et raccourcis piétons permettent la traversée du village. L’activité agricole est présente au sein du bourg avec quelques exploitations encore en activité et notamment un espace de vente directe en plein centre. Au nord du bourg, un ancien manoir abrite la congrégation religieuse des petites sœurs des pauvres.
Lotissement en plein champ
Un maillage de haies, connecte les habitations Passage piéton à travers le bourg et les champs au sein du bourg 79
Javené
1
2 km Territoire communal
Population 1973 Nombre d’exploitation 28 Superficie 1849 ha Polyculture -polyélevage > Mairie centre bourg 80
200 m
Le bourg
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Située au sud de Fougère, la commune de Javené se lit comme la banlieue de la ville séparée par une plaine agricole traversée par la vallée du Couesnon. Le bourg de Javené est composé d’une succession de lotissements les uns à côtés des autres sans cohérence. L’espace public est très minéral et peu accueillant. Quelques rares restes du village d’origine sont visibles autour de l’église. L’interface entre le bourg et la campagne alentours est très brutale. Une large route très empruntée, le dessin très géométrique des lotissements, sans aucun espace de transition de lisière ne permettent pas de lien possible entre le bourg et l’extérieur. L’espace agricole autour est assez vaste, les résidus de bocage sont pauvres et dispersés. L’ambiance générale fait penser à un tissu pavillonnaire péri-urbain.
Interface bourg campagne brutal
Les frontières de l’espace privée
La Chapelle de brain
1
Population 970 hab Nombre d’exploitation 14 Superficie 1778 ha Polyculture-polyélevage
>
200 m
Le bourg
2 km Territoire communal
SOURCE : IGN, BD ORTHO, 2015
Situé au nord de la vilaine et à l’est de Redon, le bourg de la Chapelle est très lâche, construit en plusieurs hameaux réunis en son centre par l’église. L’habitat est assez dispersé et donne une multitude d’interfaces entre le bourg et l’extérieur. Le bourg est assez bien dissimulé par la présence de boisements tout autour, l’un d’eux à proximité du cimetière à été aménagé en parc. De nombreux chemins de randonnée partent du bourg pour traverser la campagne environnante. Les espaces publics du bourg sont très simples et vastes, cette démesure ne permettant pas de créer un lien dans ce bourg dispersé. Cette disposition du bourg offre de nombreuses covisibilité d’un bout à l’autre du bourg. Quelques nouvelles constructions font surface ça et là.
Espace de vide
Pas de distinction privé public le long des chemins dans les hameaux
Vaste place centrale au pied de l’église 81
Grille de lecture Comprendre l’infinité de configurations et d’identités du rural et la questionner Cette sélection de 11 communes constitue un échantillon des communes rurales d’Ille-etVilaine le plus diversifié possible. Elles constituent une base de travail qui va permettre de décortiquer la notion de rural. Pour cela elles seront analysées à travers une grille de lecture. Cet outil de lecture a pour but de regarder les communes à travers 3 grands thèmes. Ils regroupent les éléments de tensions que j’ai pu préssentir à travers mes recherches : > l’aspect idéel, cette catégorie regroupe des éléments de cadre de vie qui questionneront la réalité du terrain par rapport à l’imaginaire bucolique et traditionnel que l’on a de la campagne. > l’aspect fonctionnel, qui représente un des défis majeurs auxquels font face les petites communes rurales pour pouvoir répondre aux exigences de la société aujourd’hui. > l’aspect évolutif permettant de positionner les communes sur une trajectoire type d’évolution des petites communes sous l’influence d’une grande ville et de comprendre leurs dynamiques démographiques et spatiales. 82
La mise en perspective de ces trois grands thèmes permettra de comprendre les dynamiques de ces espaces ruraux. Chaque grand thème sera ensuite détaillé et fera l’objet d’un «classement» des 11 communes selon différents critères développés après. Les notes attribuées à chacune des communes permettront de les situer les unes par rapport aux autres. Ces notes sont le fruit de recherches traduites en chiffres, de données statistiques publiques et de sorties terrain. Elles sont donc notamment pour l’aspect idéel, des notes subjectives mises selon mon appréciation du terrain.
LE CADRE DE VIE
L’ARMATURE URBAINE MÉTROPOLITAINE
DÉVELOPPEMENT CONCRET DE LA COMMUNE
Idéel
Fonctionnel
Évolutif
Les habitants profitent-ils de la valeur ajoutée campagne (agricole, espace naturel, espace)
La commune est-elle attractive d’un point de vu pratique ? Est-elle dépendante ou autonome ?
Comment la commune a-t-elle évolué ? du point de vue spatial, démographique
Le bourg
Accès aux services
Évolution physique du bourg
Les limites du bourg
Proximité à Rennes
Évolution de la population
La campagne alentour
Accès aux réseaux de transport en communs
Prix du foncier
83
Aspect idéel Les habitants profitent-ils de la valeur ajoutée campagne (agricole, espace naturel, espace) ? C’est l’imaginaire commun et les représentations que notre société associe à la campagne qui sont interrogées ici. L’agriculture, composante majeure de la campagne française, alimente l’imaginaire bucolique des citadins (troupeaux, bocage, foin), elle renvoie une image pittoresque d’une agriculture idéalisée. À l’inverse, l’agriculture aujourd’hui très industrialisée, est également perçue comme une activité à l’impact négatif sur les paysages (infrastructures agricoles démesurées et horizons infinis). L’agriculture fait pourtant l’objet d’un traitement (prise en compte dans les documents d’urbanisme) souvent encore très catégorisé, et non pensé en lien avec l’aménagement de façon général. Il s’agit pourtant d’une composante majeure de la fabrique des territoires qui façonne leurs images. Les paysages de campagnes d’Ille-et-Vilaine répondent-ils à l’imaginaire bucolique des bocages bretons ? Les éléments pris en compte pour juger du cadre de vie de ces communes (au niveau du bourg) sont : la qualité du centre bourg, l’espace alentour ainsi que la lisière du bourg et la façon dont il s’inscrit dans son territoire. Pour cette partie, le matériau de base est collecté sur le terrain lors de visites de chacune des communes. Certains éléments ne sont pas chiffrables et sont de l’ordre du sensible comme par exemple les qualités du centre bourg est-il agréable, convivial ? 84
Le bourg Les limites du bourg La campagne alentour
D’autres auraient pu faire l’objet de calculs précis comme la hauteur des haies et clôture permettant d’évaluer le perméabilité entre espaces publics et espaces privés. N’ayant pas le temps de faire ce type de mesures, cet aspect est noté selon le ressenti général lors d’une déambulation à travers le bourg. J’ai, par exemple, en additionnant tous les types de chemins accessibles aux piétons dans le bourg et vers l’extérieur, attribué des notes plus ou moins grandes selon qu’il était facile ou non de rejoindre et traverser la campagne alentour depuis le bourg. Dans le but d’inscrire les communes dans un contexte plus large, les communes ne sont pas simplement notées les unes par rapport aux autres mais également par rapport à une situation idéale. Dans le cas du bocage par exemple on estime qu’il reste aujourd’hui 30% du bocage qui recouvrait la campagne avant le remembrement. La note la plus haute est donc attribuée à une commune fictive qui aurait conservée la totalité de son bocage. Une note entre 1 et 10 est attribuée à chacune de communes pour chacun des critères soit 3 dans la catégorie «bourg» 2 dans la catégorie «limites» et 2 dans la catégorie «campagne»
CRITÈRE DE NOTATION...
Le bourg
Cette catégorie a pour but d’évaluer la qualité du centre bourg en terme de cadre de vie, est il agréable, convivial comme on s’imagine être un petit bourg rural?
> Espace public (présence, qualité), Perméabilité entre espace public et privé, Possibilité de circulations piétonnes alternatives > Espace de nature (présence d’un espace de nature accessible, distance, taille, qualité) > Qualité esthétique générale (convivial, agréable, harmonieux)
Les limites du bourg
Cette catégorie a pour but d’évaluer le lien entre le bourg et la campagne alentour. Le bourg s’inscrit-il de façon harmonieuse dans son territoire ? Peut-on accéder à la campagne alentour depuis le bourg?
> Définir le type de lisière géométrique ou organique, abrupte ou douce > Chemins créant un lien entre le bourg et l’extérieur
La campagne alentour Cette catégorie a pour but d’évaluer la qualité de l’espace rural autour du bourg. Représente-t-il un cadre de vie de qualité ?
> Présence de l’activité agricole sur la commune Présence statistique de l’agriculture sur la commune (on retrouve ici le nombre d’exploitation pour 100 habitants) Ressenti réel de la présence agricole (présence de bâtiment, troupeaux, outils, etc...) Ces deux éléments sont combinés dans la même note, dans l’objectif d’être le plus «juste» possible > Qualité du bocage (par rapport au bocage d’origine, dont il est estimé qu’il reste 30%) densité des haies, densité du maillage bocager
85
86
Limite organique Coglès * 2
Limite brutale, Essé * 3
Centre ville Amanlis * 4
Lac en plein centre du village bordé de forêt, Paimpont
Frontière de haies, Essé > Perméabilité espace public et privé
Espace de transition, St Ganton > Perméabilité espace public et privé
Espace de production pur, sans haies, pas d’accès à travers, Javené *5
Bocage encore très présent et chemin à travers la campagne , Poilley *1
Poilley
*1
Le lou du lac Coglès Essé
*2
*3
St Ganton *4
Amanlis
Paimpont
St pern
Langouët
Javené
*5
La chapelle de brain Aspect idéel + Bourg Lisière Campagne
La campagne agricole n’est plus aujourd’hui un espace où se mêlent les étendues agricoles et la centralité des bourgs. Ces deux entités se côtoient avec une certaine distance et sans grand dialogue. Comme nous l’avons vu, les habitants eux même ne sont plus des «vrais ruraux» mais bien des néo-ruraux,c’est à dire des urbains dans leur mode de vie, vivant à la campagne. De manière générale, l’espace du bourg n’est que très rarement une centralité mais plutôt une accumulation d’espaces privés clos. De ce fait, les espaces de vie commune sont rares. Les centres bourgs ont tendance à devenir très urbains dans leurs aménagements extérieurs et s’éloigner de leurs atouts originaux. Les campagnes, elles, sont relativement difficiles d’accès et semblent parfois «privatisées» par l’activité agricole. L’interface entre le bourg et la campagne n’est pas considérée comme un espace en soi, ayant une valeur pour le bourg. Elle est donc très peu travaillée et est plus une conséquence de l’aménagement. Lorsque cette interface est de qualité, il s’agit souvent d’un ancrage ancien du bourg dans le maillage bocager. 87
Aspect fonctionnel La commune est elle indépendante, isolée ? Participe-t-elle à l’armature urbaine du territoire ? Quelle relation à la métropole ? L’économie locale n’est plus, les emplois et services sont aujourd’hui très centralisés. Cet aspect de l’analyse vise à questionner la capacité de la commune à répondre aux besoins et attentes pratiques des nouveaux habitants, dont le mode de vie demeure pour la grande majorité, fondamentalement urbain. La petite commune rurale peut-elle apporter le confort nécessaire en termes de services, et de transports ? Cette qualité est elle liée à la proximité à la métropole rennaise selon un gradient d’urbanité ? (la qualité de vie des communes est-elle corrélée positivement à La proximité avec la métropole rennaise ?) Ou au contraire l’armature urbaine du département est-elle solide et permet-elle un bon fonctionnement en réseau des différentes communes les unes avec les autres ?
Epicerie-poste, centre bourg d’Essé 88
Commerces de proximité regroupés centre bourg d’Amanlis
«Vous êtes à 10min d’un intermarché.»
Les services
Pôles principaux de services
Temps d’accès à des services des gammes de proximité, intermédiaire et supérieure.
Pôles relais
Proximité Boulangerie, épicerie, école maternelle-élémentaire, médecin, infirmier, pharmacie, bureau de poste, banque
*
Intermédiaire Bibliothèque, piscine, supermarché, police/gendarmerie, collège, service de garde d’enfants, magasins de vêtements
*
Supérieure
*
Cinéma, lycée, hypermarché, agence pôle emploi
* >
10 km
Répartition des services en Ille-et-Vilaine SOURCE : INSEE BASE PERMANENTE DES ÉQUIPEMENTS FOND IGN BD TOPO
Production locale, quelle lisibilité dans le territoire? * Les productions locales sont disponibles souvent en vente directe chez le producteur. Des AMAP et autres systèmes de paniers sont assez répandus dans le département. Néanmoins la grande majorité des communes n’ont pas de points de ventes des produits du territoire dans le centre bourg. Vente directe en centre bourg, St Pern 89
Mobilité Pour déterminer l’accessibilité des communes, je met en parallèle leur proximité à Rennes et les possibilités d’accès au différents réseaux de transports en communs disponible sur le territoire. Source : Réseau, horaire et fréquence du service départemental de bus Illeno Réseau, horaire et fréquence des transport en communs urbains (Rennes, Fougères, Redon, St malo) Réseau, horaire et fréquence de la SNCF sur les lignes ferroviaires du département
*Temps d’accès minimum estimé par google maps de centre à centre
Échantillon de communes Centre urbain
Accès aux transports en communs
TC TC urbain départemental > Indice de 1 à 10
Train
Réseau ferroviaire Routes principales 5 4 3 2
Rennes
1 0
*Temps d’accès
90
Langouët 24min
Le lou du lac 30min
Amanlis St pern 35min
On remarque tout d’abord une homogénéité de l’accès aux services du quotidien mais également aux services de la gamme intermédiaire et supérieure. On ne trouve pas en Ille-et-Vilaine de communes isolées. Il est important de noter cependant qu’aucune des 11 communes n’est autonome. En effet, tout en étant relativement proches des services, aucune ne possède dans son bourg, la totalité des services nécessaires à la vie quotidienne. Autres que les balades touristiques, pas de lien avec l’extérieur. Comment rejoint-t-on la métropole d’ici?
Le réseau de transport en commun est assez médiocre sur le département hors métropole. Une utilisation quotidienne des transports en commun est impossible pour les communes. Les modes de déplacement doux ainsi que le covoiturage sont très peu développés à la campagne mais plutôt favorisés au départ de Rennes. Le recours à la voiture est donc obligatoire pour les habitants. La proximité à Rennes (pôle d’emplois majeur) est donc un facteur discriminant pour les communes du département.
La voiture, seule alternative au sein des bourgs ruraux
Essé
Javené
Coglès 39min
Paimpont 44min
Poilley 49min
St Ganton 53min
La Chapelle -de-Brain 1h
91
Aspect Évolutif La commune a-t-elle connu une évolution démographique, spatiale ? Est-elle sujette à une évolution prochaine ou plus reculée et hors de la zone d’influence rennaise ? Il s’agit dans cette dernière partie de comprendre les dynamiques qui animent ces communes, notamment leurs tendances en terme d’évolution spatiale, démographique. Ces éléments mis en perspective peuvent permettre de comprendre si ces évolutions sont des causes ou conséquences de l’aspect fonctionnel ou idéel de ces communes. Ces éléments mis en parallèle avec la situation géographique des communes permettent également de faire des suppositions sur une évolution future des communes. Occupe-t-elle une place stratégique (prix du foncier, aspect fonctionnel) à l’échelle du département susceptible de la rendre attractive dans les années à venir ?
A travers la campagne, de nombreux signes du développement. Commune de Lassy et St pern 92
ÉVOLUTION SPATIALE Calcul du pourcentage d’évolution du nombre de maisons entre 1990 et aujourd’hui
ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE Calcul du pourcentage d’évolution de la population entre 1990 et 2012
PRIX DU FONCIER Moyenne des prix de ventes des terrains, appartements et maisons dans chaque commune
86 € Prix médian du terrain au m2
60 €
Poilley La Chapelle de brain Coglès Javené
96 €
Le lou du lac Essé St Ganton Amanlis Paimpont St Pern Langouët
118 €
>
0€
10 km
Répartition des services en Ille-et-Vilaine SOURCE : INSEE BASE PERMANENTE DES ÉQUIPEMENTS FOND IGN BD TOPO
93
Évolution spatiale par rapport à l’évolution de la population Évolution du bâti
+
Essé
St Ganton
Amanlis
Paimpont
St pern
Langouët
Javené
La chapelle de brain
96 €
Coglès
50 €
Le lou du lac
Évolution de la population
Poilley
-
50 €
96 €
96 €
96 €
96 €
96 €
96 €
63 €
50 €
Evolution spatiale de la commune de Javené entre 1950 et 2016 Photos aériennes, IGN 94
Pour des raisons de contrainte de temps et d’accès à certaines données, l’évolution spatiale de la commune se résume ici à l’évolution du nombre de bâtiment entre 1990 et 2012. Il aurait été intéressant de compléter l’étude de l’évolution du bâti par l’intégration architecturale (prise en compte de façon très large et subjective dans l’aspect idéel par rapport à l’ambiance général du bourg) le type d’urbanisation, opération d’aménagement ou construction de gré à gré. Le développement est-il en continuité avec l’existant ? Unité architecturale, Respect de l’identité locale (matériaux, formes), etc... Ces informations m’aurait permis une analyse plus fine de l’évolution de bâti. Nous savons par expérience de terrain que l’urbanisation de ces communes est très souvent peu dense et consommatrice d’espace. Ce qui explique une augmentation supérieure du bâti par rapport à l’augmentation de la population. Il est intéressant de remarquer que l’attractivité d’une commune et donc l’augmentation de sa population n’est pas fonction du cadre de vie
mais surtout de l’aspect fonctionnel et pratique de la commune. En effet, les communes dont l’évolution stagne sont les plus isolées et celles qui offrent un cadre de vie plus agréable que la moyenne. A l’inverse des communes telle que Javené, de par sa proximité à Fougères, affiche un grand succès, tout en offrant un cadre de vie se résumant à un pavillon avec terrain parmi pleins d’autres.
Importance des nouvelles constructions dans la silhouette des bourgs.
95
Poilley Le lou du lac
Mise en perspective De 11 à 3 communes...
Coglès
Essé
Le lien entre ces différents aspects est fondamental et va permettre de questionner la notion de rural, autant vis-à-vis des préjugés que l’on peut avoir, que des relations de causalité. On remarque par exemple, que l’attractivité d’une commune, se traduisant par un développement plus important, n’est pas liée à un cadre de vie particulièrement intéressant mais dépend davantage de l’aspect fonctionnel. L’aspect idéel est riche d’une grande diversité, il me servira d’inspiration à travers les communes les plus exemplaires de ce point de vue. L’aspect fonctionnel, ne permet pas de discriminer les communes car il affiche une certaine norme les unes par rapport aux autres. C’est le critère «évolutif» qu’il me semble intéressant de faire ressortir et d’utiliser pour faire mon choix.
Commune choisie
96
St Ganton
Amanlis
Paimpont
St pern
Langouët
Javené La chapelle de brain
Prix du foncier
<10min - 49min - 0
57,8% - 8% - 50€
Commune isolée dont le développement est resté timide. Un bel exemple de maillage bocager dans lequel s’inscrit le bourg.
2,6 - 1 - 3,75
<10min - 30min - 4
34,8% - 10% - 96€
Sa structure en hameaux agricole et la présence de nombreux éléments patrimoniaux «gèlent» en quelque sorte tout évolution de la commune.
4,6 - 7 - 5,25
<10min - 39min - 1
36,7% - 6% - 50€
De par sa situation relativement isolée, le bourg se développe peu. De ce fait Coglès maintient une certaine qualité de l’espace rural dans le bourg et autour. La présence agricole y est forte.
1,3 - 0 - 2,75
<10min - 34min - 2
76,9% - 38% - 96€
Le fort développement du bourg privilégie l’espace privé au détriment de l’espace public. Autour la campagne est vaste et nue - p.100
3,3 - 2 - 3,75
<10min - 53min - 1
31,6% - 8% - 96€
Le bourg de St Ganton a peu évolué et a gardé son caractère. Le bourg est un espace partagé où l’aménagement est simple. La campagne alentour est peu accessible.
6 - 6 - 2,75
<10min - 39min - 5
76,6% - 19% - 96€
Le cadre de vie attractif mis en valeur et la proximité de la ville à la métropole en fait une commune attractive dont le développement assez important et bien intégré.
La campagne alentour
2,3 - 4 - 5,75
Le bourg
Évolution spatiale
Évolution demographique
ÉVOLUTIF
Les services Proximité à Rennes Les Transports en communs
FONCTIONNEL
Les limites
IDÉEL
6,6 - 5 - forêt
<10min - 44min - 2
29,8% - 16% - 96€
Commune singulière par l’omniprésence de la forêt qui lui donne un cadre de vie très particulier et difficilement comparable.
3-5-4
<10min - 35min - 1,5
98,4% - 39% - 96€
Proche de la métropole le bourg de St pern se développe et accueille de nouvelles populations. La présence de l’activité agricole y est forte et mise en avant en centre ville.
2 - 2 - 1,5
<10min - 24min - 1,5
90,5% - 26% - 96€
Aux portes de la métropole, une commune dynamique et volontaire marquée par un besoin de cohérence à l’échelle de son bourg - p.104
3-1-1
<10min - 39min - 4
74,9% - 55% - 63€
Un très fort développement transforme entièrement le bourg, qui se résume aujourd’hui seulement à des lotissements sans cohérence.
2,6 - 5 - 3
<10min - 60min - 1
34,7% - 8% - 50€
La commune, dont le développement commence timidement, a un fort potentiel d’expension malgré une structure très lâche - p.108
97
Une trajectoire commune ? Ce travail de comparaison des communes par leur aspect évolutif, montre une trajectoire d’évolution classique que toutes semblent suivre. Cette trajectoire marque une dynamique d’évolution spécifique aux petites communes rurale qui, restée figée pendant des années, connaissent petit à petit un développement, plus ou moins rapide. Cette trajectoire commune se traduit par une augmentation de la population qui provoque un étalement urbain important souvent non planifié. En parallèle, ces communes connaissent une disparition de leurs commerces et services de proximités. Il me semble intéressant, par le choix de trois communes à différentes étapes le long de cette trajectoire classique de réfléchir à cette évolution dans son ensemble.
TEMPS
Stratégie Une stratégie commune pour répondre à la problématique de développement des petites communes rurales peut ainsi être mise en place à travers l’exemple de ces trois communes. Ce choix permet de ne pas se restreindre à une seule et unique intervention qui serait très réductrice et pourrait induire en erreur en se positionnant comme un exemple. Les trois communes enrichissent cette stratégie par leurs différences et leurs spécificités, ce qui permet de prendre en compte la grande diversité des communes rurales qu’il existe en Ille-et-Vilaine. Cette posture, à travers trois exemples, permet également de développer trois méthodes de travail différentes et d’utiliser la posture de paysagiste qui intègre le temps, l’espace et les acteurs dans un projet de territoire.
98
ESPACE
ACTEURS
Le travail effectué sur chaque commune fonctionnera ensemble comme un système général fait d’outils, d’acteurs et de méthodes proposés pour répondre aux problématiques rurales de ces communes. Chaque expérience mené sur une communes a pour but de servir d’inspiration pour les autres selon les problèmes qui lui sont propres. Pour ce faire, les communes sont choisies pour leur différents états d’avancement dans la trajectoire de développement.
Pays de Rennes Pays de Redon Pays de vitré porte de Bretagne EPCI des 3 communes Communes sélectionnées
Langouët
Essé
>
La Chapellede-Brain
10 km
Contexte administratif des 3 communes SOURCE : IGN, BD TOPO, TRAITEMENT QGIS PUIS ILLUSTRATOR
99
Essé Population 1131 hab Nombre d’exploitation 54 Superficie 2344 ha Granivores mixtes
5
Située au sud de la métropole à 37min de Rennes sur l’axe Rennes-Angers, la commune se trouve à 8min de Janzé (gare sncf et pôle relais de services) la commune bénéficie facilement des commerces et services. La commune profite d’une situation favorable a un développement déjà amorcé. La population communale est passée de 818 à 1131 hab. Entre 1990 et 2012 soit une augmentation de la population de 38,26%. L’évolution bâtie s’est majoritairement faite par des opération d’aménagement de type lotissements. Les rues de pavillons sont assez urbaines et les espaces publics réduits. La campagne alentour, fortement impactée par le remembrement, est vaste et ouverte. En limite du bourg, la relation entre celui-ci et les cultures est très abrupte. Au sud du bourg se trouve le site de la Rocheaux-fées classé monument historique en 1840. La Roche aux Fées est un dolmen composé d’une quarantaine de pierres Ce site fait l’objet d’un musée que l’on retrouve dans le bourg. Le dolmen est composé de plus d’une quarantaine de pierres formant un couloir. Évolution du bourg d’Essé entre 1950 et Aujourd’hui SOURCE : GEOBRETAGNE.FR
>
100
200 m
Pays de vitré porte de Bretagne
> Communauté d’agglomération de Vitré communauté > Communauté de communes de la Roche-aux-Fées
Communauté de communes de la Rocheaux-Fées 16 communes 63 élus au conseil communautaire
Essé
Conseille municipal 15 conseillers Bureau municipal 5 (maire + 4 adjoints) Employés municipaux Administratif 2 personnes Technique 2 personnes
>
10 km
Situation administrative d’Essé SOURCE : RESCENCEMENT AGRICOLE 2010, AGRESTE, BD TOPO IGN
La campagne alentour
101
Salle de sport
Café
Vers Janzé
et Rennes
102
Épicerie/poste
Limite très abrupte entre le bourg et les cultures
Des pavillons «forteresses»
Lotissement imperméable au cœur du bourg
Un espace public non investi entre l’église et les habitations
103
Langouët Population 579 Nombre d’exploitations 10 Superficie 712 ha Polyculture-polyélevage
2
Aux portes de la métropole et le long de l’axe Renne-St Malo, Langouët bénéficie d’une situation géographique privilégiée. Le bourg historique s’installe à la croisée des chemins. La construction de la départementale créé une déviation qui ne passe plus dans le bourg. Celui ci se développe le long de la route qui marque à l’ouest une coupure entre le bourg et l’espace agricole. Un premier lotissements agrandit le bourg dans les années 80. La commune assez dynamique construits deux lotissements écologiques en 2005 et 2010. Le développement durable et l’animation de la commune sont au cœur des préoccupations des habitants et de leurs élus. La bibliothèque à haute performance énergétique, la production d’électricité via des panneaux solaires et la création d’un bar associatif sont quelques exemples de cet engagement. La commune comprend également une école primaire. Langouët fait partie de la communauté de communes du Val d’Ille qui forme avec la métropole et 2 autres intercommunalités, le pays de Rennes. Tout en étant en dehors de la métropole d’un point de vue administratif. Elle fait partie du pays de Rennes.
>
Évolution du bourg de Langouët entre 1950 et Aujourd’hui SOURCE : GEOBRETAGNE.FR 200 m 104
Pays de Rennes Communauté de communes du Val d’Ille
Langouët
Conseille municipal 15 conseillers Bureau municipal 5 (maire + 4 adjoints) Employés municipaux
>
10 km
Situation administrative Langouët SOURCE : RESCENCEMENT AGRICOLE 2010, AGRESTE, BD TOPO IGN
Les lisières du bourg 105
Lotissement écologique
Lotissement années 80 Café associatif la cambuse
Ferme ancienne
Eglise
Mairie bibliothèque
D 27 D
27
D
106
27
Vers Rennes
Lotissement écologique connecté au réseau du bourg
Lotissement écologique sans lien au bourg existant
Un bar associatif fait vivre la commune
Un lotissement qui semble déconnecté du bourg
107
La Chapelle-de-Brain Population 970 hab Nombre d’exploitations 14 Superficie 1778 ha Polyculture-polyélevage
1
Située à la frontière sud du département, la commune de la Chapelle s’étend au nord de la Vilaine. On ne perçoit pas la présence de la rivière au sein du bourg. Le bourg s’est jusqu’alors très peu développé. Sa situation dans le département, proche de Redon et à mi chemin entre Rennes et Nantes, en fait une commune susceptible d’attirer de nouveaux habitants. Bâtis et circulations courent à travers la campagne et se mêlent au boisements encore assez présent. Cette structure très lâche du bourg maintient de grands espaces de respiration, champs, place goudronnée, esplanade de terre battue, etc... Le bourg possède un grand potentiel de contact et interface avec la campagne alentour à développer.
>
Évolution du bourg de la Chapelle-de-Brain entre 1950 et Aujourd’hui SOURCE : GEOBRETAGNE.FR 200 m
108
Pays de Redon
Communauté de commune du pays de Redon
Conseil municipal 15 conseillers Bureau municipal 5 (maire + 4 adjoints) Employés municipaux
>
La Chapelle-de-brain
10 km
Situation administrative La Chapelle-de-Brain SOURCE : RESCENCEMENT AGRICOLE 2010, AGRESTE, BD TOPO IGN
Les chemins de la commune circulent à travers la campagne 109
Hameau de Rangoulas
Église
Vers Rennes
Vers Redon 110
Un bâti ancien vacant ça et là dans le bourg
Place de L’église
Les rues, des espaces partagés sans limites entre privé et public
L’habitat dispersé, maintien de grands espaces libres au sein du bourg 111
EXPÉRIMENTATION Une stratégie commune Ces trois communes sont l’occasion d’expérimenter une stratégie de développement des communes rurales. De par leur différente structure et organisation spatiale, leur profil et leur type d’évolution, ces trois communes complètent la stratégie globale. Chacune étant positionnées à des étapes différentes sur la trajectoire de développement classique d’une petite commune rurale, leur comparaison permet d’apporter des réponses adaptées au plus grand nombre. D’autre part, leurs situations respectives soulèvent des problématiques diverses qui par certains éléments pourront se rejoindre. Enfin, cette stratégie appuit la nécessité de penser l’espace rural en réseau et non chacune des communes comme une entité séparée.
112
À l’image des nombreux travaux de prospective initiés par des organismes tel que la DATAR ou encore le ministère de l’écologie, la posture que je souhaite aussi bien rétroactive permettant d’utiliser le matériau présent et de se l’approprier mais aussi prospective de façon à guider le développement de l’espace rural. Il est essentiel pour cela de bien inscrire sa réflexion dans le contexte global actuel mais également de s’appuyer sur les estimations faite à l’horizon 2070 sur la situation économique, sociale et climatique de notre planète. C’est dans ce contexte qu’il est pertinent de réfléchir l’identité et l’avenir des espaces ruraux.
D’ici 2070 : > Une hausse de 13 millions d’habitants en France métropolitaine : 75 millions d’habitants en 2070 contre 62 millions en 2007 qui s’installent de plus en plus hors des ville et se déplacent progressivement vers la façade atlantique et le sud du pays. > Une croissance en forte baisse, crise du système économique mondial, nécessité d’un retour vers un système plus local > Épuisement des ressources, défis énergétiques > Crise climatique
3 échelles 3 méthodes 3 étapes La réflexion sur le développement de ces communes ne se limite pas a un instant donné, mais se pose à tous les stades de développement. Les trois communes sont donc choisies avec différents états d’avancement dans la trajectoire classique de développement d’une petite commune rurale. Essé a ainsi connu une forte évolution, avec un taux de croissance de sa population supérieure à la moyenne départementale, tandis que la Chapelle-de-Brain est bien en dessous de cette moyenne. Enfin, Langouët a une évolution égale à celle du département
Les types d’approches et échelles travaillés permettraient donc un panel de possibilités à adapter à chaque commune et à chaque situation. Une sorte de boîte à outils permettra de situer une commune dans un système général et de s’approprier les solutions proposées..
TRAJECTOIRE DE L’ÉVOLUTION D’UNE PETITE COMMUNE RURALE
SYSTÈME GÉNÉRAL
La Chapellede-Brain
Langouët
Essé
1
2
3 113
3 échelles ESSÉ Comment réinventer un bourg rural déconnecté de son territoire ? > Se réapproprier les lieux et réinterpréter le vocabulaire rural > Reconnecter le bourg à la campagne par le biais de l’agriculture
LANGOUËT Comment guider le développement d’une commune dynamique et pleine de ressources dans un ensemble cohérent ? > Planification à l’échelle de la commune dans un projet partagé.
LA CHAPELLE DE BRAIN Quel est son rôle dans le réseau départemental ? Comment la commune participe-t-elle à l’équilibre territorial ? Quelle développement prévois-ton? Où et comment ?
114
3 méthodes Échelle du bourg // guide et Quelle règle du jeu pour un aménagement cohérent mais diversifié du bourg ? Comment intervenir pour améliorer l’existant ?
La stratégie commune faite de trois échelles et de trois communes à des étapes de développement différentes va permettre de repenser les liens entre différents acteurs du territoires et d’inventer ou réinterpréter les outils d’aménagement. Trois approches du développement peuvent ainsi être mises en place, et entrer en résonnance les une avec les autres.
Échelle communale // Planification Comment penser le développement de la commune à travers un projet cohérent et visionnaire ?
Échelle de l’intercommunalité // Mise en réseau Quelle est la place de la commune dans le réseau local ? Quelle rôle doit prendre l’intercommunalité ?
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Inspirations
INVENTER UN PROJET PARTAGÉ PAR TOUS LES ACTEURS ET USAGERS DU TERRITOIRE 116
© DE L’AIRE
Construire sur et à partir de l’existant
Espace de coworking et de télétravail
VILLESVIVANTES.FR
LARUCHEQUIDITOUI.FR
S’approprier l’existant et multiplier les usages
© AGENCE FABRIQUES
RÉUTILISER L’EXISTANT ET INVENTER DE NOUVEAUX USAGES 117
charte d’aménagement durable d’olivet Pour une pratique durable et qualitative des opérations d’aménagement dans le respect de l’environnement et des spécificités patrimoniales locales.
Guide méthodologique à l’attention des aménageurs et promoteurs
1
Guider l’aménagement, Olivet
Stratégie de co-urbanisme
Animation des lisières, Plan de gestion de l’espace rural et périurbain
ATELIER APPROCHE.S!
Atelier de sensibilisation à l’urbanisme à l’école (association De l’air) COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DU SECTEUR D’ILLFURTH
118
Traversées et motifs des champs
Inventer une nouvelle mobilité, vélomobile
© AGENCE FABRIQUES
WWW.LESCOLPORTEURS.INFO
Traversées et motifs des champs
© AGENCE FABRIQUES
119
«Longtemps lieux où les humains naissaient pour partir alimenter la croissance urbaine, les campagnes sont devenues aujourd’hui des lieux d’accueil.» MICHAËL BERMOND ET VALÉRIE JOUSSEAUME P.20 L’ATLAS DES CAMPAGNES DE L’OUEST ÉDITION PUR 2014
120
Conclusion Dans ce mémoire, j’ai voulu questionner l’identité des ruralités. Là où les campagnes deviennent des terres d’accueil pour des néo-ruraux, et face aux exigences, urbaines, de la société contemporaine, il est nécessaire d’accompagner le développement des petites communes rurales. À la fois dans leur identité comme dans la gestion de leur paysage, ces communes se cherchent, et le paysagiste peut aider à apporter des réponses. J’ai donc d’abord posé un premier regard sur l’évolution spatiale et sociale des territoires ruraux en Ille-et-Vilaine, ainsi que sur les tendances et les exigences de notre société sur notre manière d’habiter le territoire. Ainsi, l’espace rural a un fort potentiel d’avenir, comme lieu connecté aux métropoles, et accueillant une nouvelle population urbaine. Là où la campagne paraît dans nos esprits comme bucolique et traditionnel, l’enquête de terrain et l’analyse fine du territoire ont questionné ces représentations. Le rural de l’Ille-et-Vilaine m’apparaît maintenant comme un collage fait d’une multitudes d’éléments. Parfois harmonieux et parfois maladroit, fait de bouts d’histoires plus ou moins récentes, d’élements et d’habitants tous liés par leur fait d’habiter le territoire. L’analyse comparée de plusieurs communes rurales m’ont permis de choisir trois communes comme sites d’expérimentation, sélectionnées pour leur représentativité et leur compatibilité. Ainsi, ce choix me permet de mettre au point une stratégie de projet complète, mêlant différentes échelles et différents outils. Je pourrais donc réfléchir aux différentes étapes de développement des petites communes rurales. Je mets ainsi en question le rôle du paysagiste dans ce genre de réflexion, où méthodes, acteurs, échelles de temps et d’espace sont mêlés vers un projet global de paysage et de territoire. La phase de projet qui suivra ce mémoire sera donc l’occasion de développer cette stratégie et de proposer des solutions permettant d’accompagner le développement des petites communes rurales, et d’en réinventer le sens.
121
BIBLIOGRAPHIE Ouvrages Masboungi, A. (dir.), 2008. Faire ville avec les lotissements. Éd. le Moniteur. Collection « Projet urbain ». Frileux, P., 2013. Le bocage pavillonnaire. Une ethnologie de la haie. Éd. Créaphis. Morin, E., 2013, Commune en France, La métamorphose de Plozévet. Fayars/Pluriel Legué, P., 2008, Habiter la maison individuelle. Éd. CAUE 17 Chauvier E., 2001, Contre télérama. Éd. Allia Donadieu, P., 1998, Campagnes urbaines. Éd. Actes Sud/ENSP Margetic, C., Bermond, M., Jousseaume, V., Marie, M., 2014, Atlas des campagnes de l’ouest. Éd. Presses universitaire de Rennes
Articles, publication, Études Driant J-C., « Espaces ruraux et parcours résidentiel des ménages : un éclairage statistique. », Pour 3/2007 (N° 195) , p. 40-47 < www.cairn.info > CODESPAR, Focus sur la filière agricole du bassin d’emplois de Rennes. juillet 2014 CGET, Aménager les nouvelles ruralités. Directrice de publication : Marie-Caroline Bonnet-Galzy (Comissariat général à l’égalité des territoires) juillet 2015 INSEE Bretagne, Les bassins de vie ruraux d’Ille-et-Vilaine : un accès aux équipements globalement plus rapide qu’ailleurs malgrés des disparités au sein du département. Octant analyse n°57 janvier 2014 Patrick Herman Série photos Dystopia (Photographe : Alexa Brunet)
122
Sites internet Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) < www.insee.fr > Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR) < www.datar.gouv.fr > Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, Agreste, La statistique, l’évaluation et la prospective agricole < www.agreste.agriculture.gouv.fr > Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) < www.ign.fr > Géoportail < www.geoportail.gouv.fr/accueil > Google maps < www.google.fr/maps > Atlas des paysages d’Ille-et-Vilaine < www.paysages-ille-et-vilaine.fr > GéoBretagne, données géolocalisées < www.geobretagne.fr > Agence Nationale pour l’Information sur le logement ANIL < www.anil.org > Agence d’urbanisme et de développement intercommunale de l’agglomération rennaise < www.audiar.org > Rennes métropole< www.metropole.rennes.fr > Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Bretagne (DREAL Bretagne) < www.bretagne.developpement-durable.gouv.fr > Chambre d’agriculture Bretagne < www.bretagne.synagri.com > Ministère du logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité, < www.territoires.gouv.fr > Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, < www.developpement -durable.gouv.fr >
123
124
Remerciements Merci à tous ceux qui m’ont accompagnées dans cette belle aventure. Je remercie chaleureusement Lolita et Sébastien qui ont enrichi ce travail par leurs précieux conseils très complémentaires et qui ont su me guider avec justesse. Une attention toute particulière pour le soutien moral de Lolita qui a été d’une grande aide pour continuer à prendre du plaisir même dans les moments de stress! Merci à tous ce qui ont participé, à ce mémoire par leurs conseils et connaissances, Claude Eveno, Yvon le Caro, Aurore Blaire. Merci aux amis blésois, Gaëtan, Flora, à Eugénie et Martin, mes colocataires sans qui ces années auraient été bien fades ! Enfin merci à William et à ma famille, pour leur soutien et présence durant cette aventure.
125
ANNEXES
126
Tableaux comparatif des communes Idéel cf. p. 84
QUALITÉ DU CENTRE BOURG
LIMITES DU BOURG
QUALITÉ DE LA CAMPAGNE ALENTOUR
Espace de nature - Espace public - Qualité esthétique
Type de lisière Chemins
Présence de l’activité agricole sur la commune Qualité du bocage
Poilley
2,25 (1 - 2 - 2 - 4)
4 (5-)
5,75 ( 7,5 - 4 )
Le lou du lac
2 (2 - 0 - 1- 5)
1 (1-)
3,75 ( 7,5 - 0 )
Coglès
5 (1 - 7 - 7 - 5)
7 (6+)
5,25 ( 7,5 - 3 )
Essé
1 (0 - 1 - 1 - 2)
0 (0-)
2,75 ( 5,5 - 0 )
St Ganton
2,75 (1 - 2 - 1- 7)
2 (3-)
3,75 ( 5,5 - 2 )
Amanlis
6 (4 - 7 - 6 - 7)
6 (5+)
2,75 ( 3,5 - 2 )
Paimpont
7 (10 - 5 - 8 - 5)
5 (4+)
2 Forêt
St pern
3,75 (0 - 6 - 5 - 4)
5 (4+)
4 (4-4)
Langouët
1,75 (1 - 1 - 1- 4)
2 (3-)
1,5 ( 2 - 1 )
Javené
2,5 (0 - 4 - 4 - 2)
1 (0+)
1 (2-0)
La chapelle de brain
3,25 (3- 2 - 3 - 5)
5 (4+)
3 (3-3)
127
Fonctionnel cf. p. 88
128
ACCÈS AUX SERVICES
PROXIMITÉ À RENNES
ACCÈS AUX TRANSPORTS EN COMMUNS
Temps d’accès aux services du départements en minutes
Temps d’accès à Rennes en minutes
Réseau départemental - Réseau urbain Train
Poilley
<10min
49
0 (0 - 0 - 0)
Le lou du lac
<10min
30
4 (0 - 0 - 4)
Coglès
<10min
39
1 (0 - 0 - 1)
Essé
<10min
34
2 (0 - 0 - 2)
St Ganton
<10min
53
1 (0 - 0 - 1)
Amanlis
<10min
39
5 (2 - 1 - 2)
Paimpont
<10min
44
2 (2 - 0 - 0)
St pern
<10min
35
1,5 (0,5 - 1 - 0)
Langouët
<10min
24
1,5 (0,5 - 1 - 0)
Javené
<10min
39
4 (0 - 4 - 0)
La chapelle de brain
<10min
60
1 (0 - 0 - 1)
Evolutif cf. p. 92 ÉVOLUTION SPATIALE DU BOURG
ÉVOLUTION DE LA POPULATION
PRIX DU FONCIER
Évolution de la surface Taux d’évolution entre Indice de 0 à 118€ avec bâti, nombre de loge1990 et 2012 une moyenne à 86€ ment?
Poilley
57,78
8,03%
50 €
Le lou du lac
34,78
10,28%
96 €
Coglès
36,70
5,71%
50 €
Essé
76,92
38,26%
96 €
St Ganton
31,58
7,79%
96 €
Amanlis
76,64
18,98%
96 €
Paimpont
29,82
16,27%
96 €
St pern
98,36
38,82%
96 €
Langouët
90,48
26,41%
96 €
Javené
74,89
54,98%
63 €
La chapelle de brain
34,74
8,25%
50 €
129
Désertées et bouleversées par les évolutions de la société, les campagnes françaises sont restées figées dans des images bucoliques et traditionnelles. Il suffit d’une promenade à la rencontre de ces espaces, et cette vision dépassée des campagnes françaises laisse place à une diversité de paysages qui cherchent de façon habile ou maladroite leur identité. Ces campagnes attirent aujourd’hui de plus en plus de population. C’est dans ce contexte d’exode urbain que je souhaite questionner l’identité des ruralités face aux exigences de la société contemporaine. Comment accompagner le développement d’une petite commune rurale, dans cette quête de sens ? Le territoire d’éxperimentation sera l’Ille-et-Vilaine Cette enquête est faite de recherche, lectures, intuitions et expérimentations que ce mémoire raconte.
Joséphine Bouvard, février 2016
JOSEPHINE.BOUVARD@HOTMAIL.FR
École de la nature et du paysage INSA Centre Val de Loire www.ensnp.fr tel: +33(0)2 54 78 37 00 fax: +33(0)2 54 78 40 70 9 rue de la chocolaterie, 41 000 Blois