NOVEMBRE - DÉCEMBRE 2019 JOURNAL DES ÉTUDIANTS EN DROIT UNIVERSITÉ LAVAL
SANTÉ, SCIENCES ET TECHNOLOGIES Quand le domaine juridique rencontre le domaine scientifique
SOMMAIRE
2
La face cachée de la recherche scientifique Lisa Say
6 7
Quand innovation rime avec protection Francesca Lefebvre
10
Le pire ennemi de la science Guillaume Bédard
12
Protéger les enfants contre la Charte de 1982 13
Guillaume Bédard Incursion dans le droit médical Shawn Foster
14
Ironique Moé je suis clean, toé t’es-tu clean? M. Gros Bon-Sens Automobile L’avenir de l’hydrogène dans nos voitures Une bonne atrocité
16
Est-ce que plus signifie toujours mieux? Patrick Baghdisar
19
26
Patrick Baghdisar
Droit à la vie privée et nouvelles technologies: une coexistence possible? Jérémie Wyatt
20
22
26
Égalité hommes et femmes dans la pratique privée: pour un changement à 180 degrés
26
Simone Pilote
Le commerce équitable et la justice sociale Jessica Shone, Florence Verreault 28 Marilyne Plante: perdre en cour, gagner à l’épée, même combat Dominique Gobeil 37 Crédit éléments visuels : Canva
ÉQUIPE Dominique Gobeil
Rédactrice en chef
Révolte métaphysique et droits de la personne 30
Shawn Foster
Philippe Lavoie-Paradis
Vice-président finances
Simone Pilote
Vice-présidente marketing
Introduction 4
Dominique Gobeil Le mème du Verdict
La métaphore du Cheval de Troie Paul-David Chouinard 5
Patrick Baghdisar
Représentant 1re année Photographe
Humeur Mens sana in corpore sano Laurie Beaulieu
34
La théorie des ronds de poêle Doriane Bolduc
36
Révision des textes Graphisme Dominique Gobeil, Shawn Foster
Mise en page
Dominique Gobeil
Gabrielle Gobeil
Nous joindre :
leverdict.redaction @gmail.com
3
INTRO
MÈME
4
par Dominique Gobeil Rédactrice en chef
La bienveillance en présent Pour ce dernier numéro de l’année 2019, vous avez été nombreux à laisser porter votre plume par la thématique des technologies, des sciences et de la santé. Oui, la santé, comme ce domaine malmené par les coupes budgétaires ou comme celle que l’on souhaite à nos proches dans nos voeux de bonne année, la nuit du 31 décembre au 1er janvier. C’est aussi le voeu que vous adresse l’équipe de Verdict : de prendre soin de votre santé, physique et mentale. Elle n’a pas de prix, et pourtant, on a tendance à l’oublier avec un rythme de vie intense, où l’équilibre entre les études, le travail, les loisirs et toute autre valeur personnelle s’atteint difficilement. Selon l’enquête Sous ta façade de l’Union étudiante du Québec dont les résultats ont été récemment dévoilés, 58 % des universitaires souffriraient de détresse. Ce nombre frappe. Audelà du constat et de la nécessité de prendre des mesures pour améliorer le bien-être des étudiants, il faut aussi se demander comment nous en sommes arrivés là en tant que société. Et comment, personnellement, on se met de la pression pour réaliser nos ambitions, croyant parvenir à un idéal, à un rêve, au bonheur, sans se rendre compte que le
chemin est aussi important que l’arrivée, et qu’on est déjà exceptionnellement gâtés pour la plupart. Les textes qui suivent dans cette édition portent sur des sujets extrêmement variés, mais ils ont en commun le mérite de susciter la réflexion sur un aspect de notre société, prise au sens restreint de notre communauté d’étudiants en droit, ou au sens plus large de la nation québécoise ou des consommateurs dans le monde, comme dans l’article signé par les vice-présidentes de la Dissidence en pages 28 et 29. Qu’ils portent sur la fraude scientifique, les brevets, le droit médical, les données numériques, les dangers de certaines pratiques ou les dernières tendances du marché des cellulaires, les textes du dossier principal proposent des recherches de qualité et des opinions près de l’actualité qui en intéresseront plus d’un, dès la page 6. Également, les rubriques ironique, auto et réflexion présentées lors du dernier numéro reviennent en force, et de nouvelles collaboratrices vous transmettent leurs pensées dans des chroniques d’humeur réfléchies et divertissantes, dans les pages 33 à 35. Bref, Le Verdict espère vous fournir un beau cadeau avant les Fêtes. Et comme le mentionne notre responsable du marketing dans son analyse (p. 26 et 27), permettons-nous de rêver à plus de bienveillance, envers nous-mêmes et les autres.
Pourquoi publier une caricature quand on peut publier un mème? Vous pouvez transmettre votre opinion en images plutôt qu’en mots, dans chaque numéro.
5 par Paul-David Chouinard
La métaphore du Cheval de Troie On me dira que les réseaux sociaux sont propices à la désinformation. J’en conviens. On me dira également que j’aurais dû être en train d’étudier mon examen du lendemain à la place de regarder mon fil d’actualité Facebook. J’en conviens également.
Pourtant, j’étais loin de me douter que l’image que j’allais voir un mardi soir allait m’inspirer pour écrire un article dans Le Verdict. Une image des plus banales. Une image que tout le monde a déjà vue circuler sur les réseaux sociaux : celle du Cheval de Troie. Les esprits les plus comiques s’amusent à la modifier à leur guise pour faire passer un message de manière humoristique. Vous allez me dire non ironiquement : «Félicitations, tu viens de définir ce qu’est un mème». Quelle est la pertinence pour un journal étudiant? J’y viens. L’image en question avait été modifiée par un étudiant pour illustrer un concept de droit. Je ne me rappelle pas du mème en détail, mais je me souviens avoir bien ri en le voyant. Le rire a rapidement cédé le pas à la réflexion. Soudainement, le fameux Cheval de Troie prenait un tout autre sens. Il faisait naître en moi une conception du droit qui m’était jusqu’alors étrangère.
L’humour, quant à lui, est perçu comme un domaine en pleine évolution. Il s’adapte au gré des mœurs et est souvent le reflet de la société moderne. Le Cheval de Troie, solution subtile et ingénieuse, permet d’accéder au château fort sans en défaire les fondations et en ne perturbant pas l’équilibre en place. L’humour, la créativité, l’imagination constituent une porte d’accès inestimable au château fort que constitue le milieu juridique. Ils contribuent sans aucun doute à une meilleure perception du système de justice par la population. Un mème en rapport avec le droit, un exemple loufoque donné par un professeur, une touche humoristique donnée à une conférence, tous ces exemples en apparence anodins marquent l’esprit et changent notre vision du droit.
Je ne compte plus le nombre de fois où un proche ou un membre de mon entourage a émis une critique sur le monde juridique.
Peut-être ai-je déformé la finalité de l’histoire du Cheval de Troie. Mais n’est-ce pas justement l’un des buts de l’humour : caricaturer une situation, faire ressortir certains aspects de la société, susciter des réactions?
Le droit est souvent vu comme un château fort, un bâtiment bien gardé et dont l’accès est restreint au grand public. Chaque pierre qui forme le château est méticuleusement choisie. Elle est le fruit d’un long consensus entre les membres de l’ordre, qui en sont les protecteurs.
Concilier humour et droit peut parfois être difficile. On ne demande pas au juge de devenir humoriste à temps partiel. Cependant, j’ai la conviction profonde que le rire est un outil essentiel pour favoriser un contact plus humain entre les juristes et la population.
DOSSIER
6
SANTÉ SCIENCES TECHNOLOGIES
7 par Lisa Say
La face cachée de la recherche scientifique Le Siècle des Lumières a ouvert la voie à la science. De Pythagore à Einstein, en passant par Galilée et Curie, les découvertes du monde scientifique ont révolutionné les champs du savoir ainsi que notre conception du monde. Pourtant, depuis 1980, on assiste à une intensification des cas de fraude scientifique. Bien qu’ayant toujours existé (Ptolémée avait d’ailleurs été accusé de plagier son prédécesseur, Hipparque de Rhodes, pour ses cartes du ciel tandis que Newton aurait manipulé un coefficient de correction dans ses travaux de recherche afin que sa théorie de la gravitation soit plus plausible), ce phénomène remet en question le fondement même de la science, à savoir, la rigueur.
Une fraude aux nombreux visages La fraude scientifique peut prendre plusieurs formes : du plagiat pur à la manipulation de données, voire à la falsification complète de celles-ci. C’est loin d’être un phénomène isolé en sciences de la santé; en effet, elles comptent pour 52 % des cas de fraude et s’étendent aussi aux sciences pures et aux sciences sociales, avec respectivement 26 % et 22 % des cas (1).
Crédit photo : Canva
Quelques cas de fraude scientifique sont bien connus. Par exemple, au début des années 2000, le jeune physicien allemand Jan Hendrik Schön était
reconnu mondialement comme l’étoile montante dans le domaine des nanotechnologies. Or, des chercheurs ont tenté de reproduire ses expériences sur les transistors moléculaires, sans succès. Après une enquête, en septembre 2002, il fut dévoilé que 16 des 24 cas de fraude allégués contre lui s’étaient avérés. Ses articles ont été rétractés des journaux dans lesquels ils avaient été publiés et il a été déchu de son doctorat (2). D’autres n’hésitent pas à violer les principes mêmes de la moralité humaine pour le capital symbolique de la notoriété. Le célèbre cas du chirurgien Paolo Macchiarini en témoigne. En effet, ce médecin spécialiste dans la chirurgie trachéale avait effectué des interventions auprès de ses patients en leur greffant des trachées de plastique recouvertes de cellules souches, et ce, sans leur consentement. Sept des huit patients ont ainsi péri, des morts qu’il a camouflées en publiant des articles à leur sujet. Suite page 8
DOSSIER
8
Démission, honte, poursuites Les chercheurs qui font l’objet des affreux scandales de fraude sont, pour la plupart, des personnalités de renom dans leur domaine scientifique respectif. En ce sens, leur recherche a une portée immense, qu’elle porte sur la vie des patients atteints d’une maladie grave ou sur un mystère de l’univers. Or, en falsifiant leurs données, ces chercheurs donnent de faux espoirs à la recherche. Au-delà des poursuites judiciaires, ce sont donc des conséquences graves sur la santé humaine qui sont observées, surtout que les cas de fraude scientifique ont, en grande partie, lieu dans le domaine biomédical. La plupart des patients qui subissent les traitements expérimentaux lors d’essais cliniques le font parce que les conclusions des recherches leur vendent l’idée que leur maladie peut être guérie. Or, entre 2000 et 2010, aux États-Unis, 6573 patients ont reçu un traitement qui, par la suite, a été rétracté pour fraude (3). Si dans certains cas, il ne s’agissait que des effets secondaires non voulus, dans d’autres, cela a causé la mort des patients. Certains chercheurs ont écopé d’une peine en prison pour falsification de données et détournement de fonds pour leur acte répréhensible. C’est notamment le cas de Dong-Pyou Han, un chercheur sur le VIH qui a ajouté des protéines humaines dans du sang de lapin pour faire croire que son vaccin contre le VIH fonctionnait. Il a été condamné à 57 mois de prison et à rembourser 7,2 millions de dollars.
«Publier ou périr» Dans le milieu de la recherche, cette obligation de publier, et de publier vite, sous peine d’avoir plus de mal à obte-
nir de nouvelles subventions, pousse constamment les chercheurs à se dépasser afin d’être les premiers à faire avancer leur domaine de savoir. Sous la pression que causent la concurrence des pays émergeants comme la Chine et l’angoisse de ne plus obtenir de financement, afin de se démarquer des autres et ainsi avancer leur carrière ou, à tout le moins, ne pas la perdre, certains chercheurs opteront pour une démarche moins rigoureuse, voire frauduleuse.
L’importance de l’esprit critique En 1992, afin de combattre la montée de la fraude scientifique, l’Office of Research Integrity fut créé aux États-Unis. Plus près de nous, les Fonds de recherche du Québec ont mis en place une politique sur la conduite responsable en recherche, en 2014, afin de rappeler aux acteurs concernés l’importance de l’intégri-
99
Sources (1) GRAVEL, Pauline. «De Ptolémée à Newton et Poisson - Des scientifiques moins rigoureux que leur discipline», dans Le Devoir, 16 novembre 2002 [https ://www. ledevoir.com/societe/science/13 561/ de-ptolemee-a-newton-et-poisson-desscientifiques-moins-rigoureux-que-leurdiscipline] (2) PIGENET, Yaroslav. «Sept cas célèbres de scientifiques accusés de fraude», dans Le Journal CNRS. 3 décembre 2014. [https ://lejournal.cnrs.fr/articles/septcas-celebres-de-scientifiques-accuses-defraude] (3) CHEVASSUS-au-LOUIS, Nicolas. Fraude scientifique dans Encyclopédie Universalis. [https ://universalis-bdeb. proxy.collecto.ca/encyclopedie/fraudescientifique/] (4) MALBOEUF, Marie-Claude. «Fraudes scientifiques : des secrets universitaires bien gardés», dans La Presse. 13 septembre 2017. [https ://www.lapresse. ca/actualites/enquetes/201 709/13/015 132 801-fraudes-scientifiques-des-secrets-universitaires-bien-gardes.php]
Crédit photo : Canva
té de la recherche. Les universités québécoises se sont elles aussi dotées de ces mêmes règles, mais plutôt que de dénoncer les fraudeurs aux organismes responsables de gérer les allégations, elles préfèrent mener elles-mêmes leur enquête à l’interne – ce qui n’est pas toujours pour le mieux, car les conflits sont alors réglés dans un cadre quasi-informel et moins transparent, puisque le public n’y a aucunement accès.
Dans un monde où la désinformation côtoie le sensationnalisme à grands coups d’encre et de pages web, il importe d’aiguiser son esprit afin de ne pas tomber dans le panneau. Si, pour le lecteur novice, l’information provenant d’une source donnée semble véridique, le lecteur plus aguerri, lui, devra faire attention à ce que l’information qu’il relaie, par le biais d’un partage Facebook ou d’une citation dans un travail académique, soit vraie. Sans douter jusqu’à remettre en question l’existence même
RASKO, John et Carl POWER. «Dr Con Man : the rise and fall of a celebrity scientist who fooled almost everyone», dans The Guardian. 1 septembre 2017 [https :// www.theguardian.com/science/2017/ sep/01/paolo-macchiarini-scientist-surgeon-rise-and-fall]
de l’être, comme l’avait fait Descartes, se poser quelques questions sur l’article que nous lisons ou, simplement, avoir le réflexe de vérifier l’information auprès de deux ou trois autres sources peut être un bon réflexe de citoyen averti. Cette curiosité et cette rigueur ne peuvent qu’être bénéfiques.
DOSSIER
10
par Francesca Lefebvre
Quand innovation rime avec protection N’importe qui, en «Un quoi? Mais ça sert à pensant aux sciences et quoi exactement?» technologies, pensera Selon Le guide des brevets fournit par tout de suite au progrès. le gouvernement du Canada, le brevet est défini comme «couvr[ant] les En effet, ce domaine ne inventions (produit, composition de cesse d’évoluer pour nous matières, appareil, procédé) ainsi que tout perfectionnement d’une invenprocurer une meilleure tion existante, présentant le caractère qualité de vie, et ce, dans de la nouveauté et de l’utilité». toutes les sphères possibles. La raison principale d’une telle deUn aspect crucial est tout mande est que la nouvelle découverte dont il est question ne peut pas être de même à considérer, reproduite ou vendue sans l’accord de soit la protection de ces celui qui en possède le brevet. Cela permet aux chercheurs et inventeurs nouvelles créations par de rendre leurs découvertes publiques, l’obtention d’un brevet. En mais en leur garantissant un droit exconcernant la reproduction et la fait, qu’est-ce qu’un brevet? clusif vente de leur invention. En permettant Quelle en est l’utilité à tous de connaître le fruit de leurs efforts, les chercheurs encouragent concrètement? De quelle l’évolution de la technologie puisque façon est-ce qu’on peut d’autres peuvent commencer par ces nouveaux concepts pour pousser la en obtenir un? Vous serez recherche et l’évolution encore plus éclairés sur ces questions loin! Ils pourront par la suite effectuer demande de brevet eux aussi et le dans les prochaines lignes! une cycle recommence. Trois critères Pour obtenir un brevet, l’invention doit posséder trois attributs spécifiques : elle doit être nouvelle, utile et inventive. Pour remplir la condition de nou-
veauté, l’invention doit être nouvelle ou du moins, inconnue du public et ne pas avoir déjà fait l’objet d’une demande de brevet (art. 28.2, Loi sur les brevets, LRC 1985, c. P-4). Pour être qualifiée d’utile, l’invention doit être fonctionnelle et, bien sûr, utile! Toute innovation qui apporte quelque chose de nouveau, même à une invention déjà présente, peut se voir attribuer un brevet. Par contre, il faut que cette nouveauté n’ait pas été évidente, même pour une personne travaillant dans le domaine visé, afin de remplir le critère de l’inventivité (art. 28.3, Loi sur les brevets). Un brevet accordé pour le perfectionnement d’une invention déjà présente «n’obtient pas de ce fait le droit de fabriquer, de vendre ou d’exploiter l’objet de l’invention originale, et le brevet couvrant l’invention originale ne confère pas non plus le droit de fabriquer, de vendre ou d’exploiter l’objet du perfectionnement breveté» (art. 32, Loi sur les brevets). Évidemment, le brevet ne peut être accordé à un concept ou une idée (art. 27 al. 8, Loi sur les brevets) : il est exclusivement délivré pour la «matérialisation d’une idée» ou pour un «procédé qui produit quelque chose de concret ou qui peut être vendu» (1).
Marche à suivre Tout d’abord, il faut absolument être le premier à déposer la demande et
11
Crédit photo : Canva
ne pas avoir divulgué les informations essentielles de cette invention avant d’avoir terminé la démarche. La demande comporte aussi un abrégé, un mémoire descriptif ainsi qu’une illustration de l’invention par des dessins. L’élément le plus important est le mémoire descriptif : c’est un texte qui décrit explicitement, dans un premier temps, l’invention et son utilité et dans un deuxième temps, les protections que le demandeur veut obtenir pour que son invention soit publique. La rédaction de ce mémoire est excessivement importante : la description faite de l’invention doit permettre aux autres personnes œuvrant dans le domaine d’être en mesure d’utiliser l’invention et tous les attributs de l’invention protégés à la demande du breveté ne pourront être utilisés sans son consentement. Par contre, tout ce qu’il n’a pas expressément protégé pourra être uti-
lisé par n’importe qui immédiatement. L’abrégé, quant à lui, représente un résumé du mémoire descriptif. Toute demande de brevet effectuée après le 1er octobre 1989 rend le brevet valide pour une durée de vingt ans (art. 42, Loi sur les brevets). Tout titulaire d’un brevet doit payer certaines taxes pour maintenir son brevet valide. En effet, une taxe de dépôt, une taxe de requête d’examen et une taxe finale seront exigées du demandeur de brevet. Il y aura aussi certaines taxes tous les ans qui servent au maintien du brevet : si ces taxes ne sont pas payées, le brevet est qualifié «d’abandonné» et jusqu’à un certain point «périmé», ce qui peut finir par permettre à n’importe qui de tirer profit de l’invention (2). Au final, c’est certainement grâce aux droits accordés par les bre-
vets que les sciences et technologies sont toujours fleurissantes de nouveautés! Tant de choses nous semblent si faciles à utiliser et on se demande même parfois «pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt» ! Par contre, il est essentiel de savoir reconnaître certains privilèges à ceux qui, justement, ont su mettre en œuvre la réalisation de cette idée ou trouver l’élément manquant à un processus qui paraissait d’une simplicité absurde. Par le fait même, les gens qui facilitent sans cesse nos vies tous les jours méritent bien une petite récompense pour tous ces efforts!
(1) et (2) Le guide des brevets du gouvernement du Canada : https ://www.ic.gc. ca/eic/site/cipointernet-internetopic.nsf/ fra/h_wr03 652.html
OPINION
12
Le pire ennemi de la science
L’autre jour, j’apprenais que Thomas Mulcair, dans sa grande sagesse d’homme qui fut un jour presque premier ministre et, accessoirement, ancien ministre libéral de l’Environnement, avait décidé de parrainer la Coalition pour l’homéopathie au Québec.
Je me suis donc posé deux questions : premièrement, «de quoi il se mêle?» et, deuxièmement, «pourquoi est-ce que des gens croient encore à des affaires aussi aberrantes que l’homéopathie?». Thomas Mulcair, c’est un professeur de droit et un politicien. Je veux bien croire que le droit mène à tout, mais il y a des limites lorsqu’on veut faire de la propagande sur un sujet dans lequel on est loin d’être un expert. En fait, en y pensant bien, ce n’est peut-être pas un hasard : les charlatans homéopathes n’ont tout simplement pas trouvé de spécialiste crédible dans leur domaine qui appuie leurs élucubrations et, en plus, l’ancien chef néo-démocrate a assez de poids médiatique pour que même un journal facultaire de Québec en parle…
L’homéopathie, c’est l’art de diluer une substance jusqu’à ce qu’il n’en reste même plus un atome. Le liquide qu’on obtient alors est censé faire des miracles grâce à quelque chose qui s’appelle la «mémoire de l’eau», soit lorsque l’eau, ayant touché une substance, garde les propriétés de celle-ci. Si ça semble hautement improbable, c’est parce que ce l’est. Aucune expérience sérieuse n’a permis de prouver que le taux de réussite était plus élevé que celui d’un placebo ordinaire. Cependant, les compagnies d’homéopathie continuent à faire une fortune, même après que la science ait déboulonné tous les mythes, parce que ce qu’ils vendent, ce ne sont pas des médicaments, mais de l’espoir. Lorsqu’on a tout essayé, lorsque tout va mal, qui n’aurait pas envie de croire qu’il y a encore une chance? Si la pseudoscience existe, que ce soit sous la forme d’homéopathie, de cristallothérapie ou d’astrologie, c’est parce qu’elle permet aux gens de fuir une réalité qui leur paraît trop cruelle ou qui manque de sens. Le pire ennemi de la science, ce n’est pas l’ignorance, parce qu’elle peut être éliminée par l’éducation. Le pire ennemi de la science, c’est l’espoir, parce qu’il mène à de l’aveuglement volontaire.
13 9 13 par Guillaume Bédard
Protéger les enfants contre la Charte de 1982 S’il existe bien un héros incontesté de la médecine moderne, il s’agit de Louis Pasteur, inventeur du premier vaccin atténué. Grâce à ses travaux et à ses recherches, il a permis de protéger des milliards de personnes, de manière directe et indirecte, contre des maladies facilement évitables, comme la rougeole ou la variole. Malheureusement pour son héritage et la santé de l’humanité, un mouvement anti-science prend de l’ampleur en tentant de décrédibiliser les vaccins et d’en diminuer le nombre d’injections par année.
Crédit photo : Canva
La plupart des vaccins fonctionnent entre autres avec ce qu’on appelle un «effet parapluie». C’est lorsque le simple effet d’être entouré de personnes immunisées contre une certaine maladie offre un niveau de protection adéquat à ceux qui ne le sont pas. Bien évidemment, plus le parapluie est grand, plus il est efficace; une saine politique publique serait donc de tenter de faire vacciner le plus de gens possible. Il est également connu que de vacciner les enfants est plus efficace que de vacciner des adultes. C’est dans cette optique que le gouvernement du Nouveau-Brunswick propose de rendre obligatoire la vaccination de
tous les écoliers n’ayant pas d’exemption médicale dans son Bill 39. Il y a pourtant deux problèmes qui peuvent survenir: premièrement, le gouvernement est minoritaire dans cette province et deuxièmement, le lobby anti-vaccin est très fort et joue sur ses cartes habituelles de l’émotion, du témoignage et de l’anecdote pour tenter de contrer les preuves scientifiques incommensurables qui se dressent contre lui. Plusieurs associations civiles ont d’ailleurs menacé d’aller devant les tribunaux pour invalider la loi, advenant son entrée en vigueur, pour empêcher ce qu’ils considèrent comme étant une violation de leur intégrité physique. Pour la toute première fois de son histoire, le Nouveau-Brunswick pourrait avoir recours à la disposition dérogatoire pour se soustraire aux recours judiciaires qui naîtraient sûrement dans cette affaire. En plus de prouver que l’article 33 de la Charte canadienne ne sert pas qu’à protéger les intérêts du Québec, ce débat permet de très bien observer une ligne de fracture assez évidente entre les droits individuels et les droits collectifs. La Charte canadienne des droits et libertés, dans ce cas-ci comme dans la plupart des cas, se range assez clairement du côté des droits individuels. C’est une vision que celle de mettre en péril la santé et la sécurité des enfants au nom de la liberté de conscience de leurs parents, mais j’espère de tout mon coeur que ce n’en est pas une qui sera adoptée ici. Il faut protéger les plus vulnérables de notre société contre les dérives des individualistes et de leur Charte de 1982 si l’on veut réellement réclamer une société solidaire et égalitaire.
DOSSIER
14
par Shawn Foster
C’est le jeudi 21 novembre dernier qu’a eu lieu la conférence sur le droit médical, présentée par Me Catherine Bélanger-Pâquet et Me Sophie Brown, anciennes étudiantes à la Faculté de droit de l’Université Laval. Elles exercent désormais au sein du cabinet national McCarthy Tétrault, au bureau de Québec. Leur pratique est orientée vers le droit médical, notamment le litige en responsabilité médicale.
La mise en contexte
Me Sophie Brown et Me Catherine Bélanger-Paquêt sont avocates chez McCarthy Tétrault. Crédit photo : Shawn Foster
Les avocates pratiquant en litige en responsabilité médicale ont débuté leur présentation en partageant quelques statistiques relatives à leur pratique : le domaine du droit médical comporte quelque 10 000 dossiers légaux médicaux à traiter et quelque 22 000 conseils juridiques à fournir. En outre, nombreux étaient les étudiants surpris lorsqu’elles ont divulgué que le montant de la cotisation des membres spécialistes en médecine, précisément les gynécologues-obstétriciens, se chiffrait à 18 050 $. Les passionnées du droit médical ont toutefois rassuré la salle en indiquant que le montant de la cotisation fluctue en raison du niveau de risque associé à la spécialité.
15
Le cas d’espèce Histoire d’illustrer à quoi pouvait ressembler un cas en droit médical, les deux juristes ont eu l’idée d’imaginer une courte mise en scène pour permettre aux étudiants de mieux comprendre les circonstances menant à un litige en droit médical. Leur situation allait comme suit : «Le 8 novembre 2019, Dr Malchanceux a opéré Mme Chouinard
Le litige médical : une pratique qui se passe en cour? Pour ceux s’imaginant qu’il s’agit là d’un secteur de pratique où l’on est constamment devant le tribunal à défendre les intérêts de ses clients, les avocates ont avoué que ce n’est point le cas. En effet, peu nombreux sont les dossiers menant à la tenue d’un procès; environ un sur dix, estiment-elles. Celles-ci affirment avoir davantage recours aux modes alternatifs de règlement de différends et à la justice participative, hormis lorsque la jurisprudence ne permet pas une réponse adéquate à une question de droit. Voilà qui, en raison de la crise d’accès à la justice, témoigne de la part que joue les cabinets privés dans l’effort pour obvier à cet important enjeu.
pour la résection d’une tumeur aux intestins. La chirurgie a été effectuée par laparotomie, vu sa complexité. Malencontreusement, une compresse a été oubliée dans l’abdomen de madame. Quelques mois plus tard, Dr Malchanceux reçoit une demande introductive d’instance intentée par la demanderesse, Mme Chouinard. Celle-ci allègue que le Dr Malchanceux a commis un manquement aux standards de pratique (faute) dans le cadre de la chirurgie de résection
de la tumeur du 8 novembre 2019 en oubliant une compresse dans son abdomen, ce qui lui a causé de graves dommages pécuniaires et non-pécuniaires.»
L’humanisme de la pratique
côtoyer des experts, avec lesquels elles disent travailler conjointement dans l’élaboration de leurs défenses – un monde complètement différent qu’est celui du droit des affaires, soulignent-elles.
Les deux avocates ont soulevé l’aspect humain de leur pratique. «Il s’agit d’un processus d’accompagnement des médecins», a exprimé Me Bélanger-Pâquet, tout en mentionnant les possibles conséquences auxquelles font face les professionnels. «Beaucoup de dossiers sont très tristes [...] et c’est parfois difficile, en tant que défendeurs», a affirmé Me Brown. Il allait donc de soi que les interrogatoires auxquels prennent part les deux juristes soient «très humains», soutenant que ce n’était, d’ailleurs, guère dans la culture de McCarthy Tétrault que de tenter de mettre les demandeurs dans un coin. De surcroît, une carrière en responsabilité médicale leur permet de
Les explications présentées ont permis non seulement aux étudiants de comprendre comment pouvait survenir ce type de litige, mais également de mieux comprendre ce qu’impliquait le domaine de pratique des deux présentatrices.
Futurs étudiants La conférence a pris fin avec une explication aux auditeurs sur les diverses tâches qu’avaient les étudiants d’été chez McCarthy Tétrault ainsi que les stagiaires. Ceux-ci sont d’entrée de jeu appelés à faire preuve d’autonomie en se voyant confier des dossiers en vue de développer leur champ d’expertise. Dès le jour premier de leur arrivée, les étudiants et les stagiaires font partie de l’équipe, ont-elles énoncé. Nul doute que McCarthy Tétrault représentera un milieu de travail prisé par les étudiants ayant un intérêt pour le droit médical.
DOSSIER
16
par Jérémie Wyatt
LE DROIT À LA VIE PRIVÉE ET LES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Une coexistence possible?
Crédit photo : Canva
Depuis les dernières années, les données personnelles occupent une place de plus en plus importante et la nécessité de les protéger est maintenant indéniable. Ce constat dresse la prémisse d’un enjeu important concernant notre droit à la vie privée, qui est notamment prévu dans le Code civil du Québec ainsi que dans les deux Chartes (1).
En effet, avec l’apparition et l’évolution de la donnée personnelle comme source d’information, ainsi qu’élément essentiel de plusieurs modèles d’affaires et solutions modernes, la question se pose : assistons-nous à la disparition de la sphère informationnelle (2) du droit à la vie privée, qui est directement liée à l’essor des nouvelles technologies carburant à la collecte et à l’analyse de nos données personnelles?
Certains l’ignorent peut-être, mais les données recueillies par les appareils et services électroniques (par exemple, cellulaire, ordinateur, historique et habitudes de navigation Web, géolocalisation, et j’en passe) permettent aux entités les amassant d’extraire des informations très privilégiées à notre sujet. Plusieurs cas médiatisés et études scientifiques en ont fait la démonstration, que ce soit en matière d’état de santé ou encore de traits de personnalité (3). Ainsi, des éléments essentiels de notre vie privée, sur lesquels nous devrions logiquement avoir le contrôle et être en mesure de déterminer comment et à qui ils sont divulgués, se retrouvent entre les mains de tiers que nous connaissons rarement et qui peuvent chercher à en tirer profit. De nombreuses définitions de la vie privée font état de l’élément de contrôle et de son importance (4). Or, dans le scénario que je viens de vous présenter, il est évident que nous n’avons que très peu, voire aucun contrôle sur notre vie privée et sur son aspect numérique. Nous consentons généralement à ces services sans comprendre les renseignements qui seront amassés ni comment ils pourront être utilisés. Cette perte de contrôle illustre déjà un aspect de la relation entre les données personnelles et la vie privée des individus. L’utilisation de données implique nécessairement le stockage de cellesci. Cependant, ce stockage n’est pas infaillible, et les histoires de fuites de données personnelles et de mauvaise utilisation se multiplient. Pour ne nommer que quelques exemples, on peut penser aux affaires impliquant Desjardins, Capital One, Ashley Madison, ou encore les nombreuses péripéties de Facebook. Ces fuites ouvrent la porte à une seconde illustration, encore plus marquante et connue, de l’effet parfois nuisible de la collecte et du traitement d’informations au sujet des individus.
17 9 Avec ces informations, l’entité les possédant se retrouve avec une porte d’entrée importante dans les pensées et le quotidien des gens. Alors que la majorité utilise cette porte à des fins relativement louables, qu’en est-il de la minorité? Un individu, une entreprise, ou même un gouvernement serait notamment en mesure d’usurper l’identité de quelqu’un ou d’influencer ses choix personnels!
L’utilisation de données implique nécessairement le stockage de celles-ci. Cependant, ce stockage n’est pas infaillible, et les histoires de fuites de données personnelles et de mauvaise utilisation se multiplient C’est d’autant plus problématique quand les données sont obtenues sans l’accord de l’utilisateur; par exemple, Crédit photo : Canva
après une fuite d’information. À la suite du vol des données de l’ensemble des membres de la coopérative Desjardins, bon nombre de ceux-ci ont été victimes de tentatives ou de vol d’identité, et plusieurs vivent encore avec la crainte que cela leur arrive. Prenons comme autre illustration l’affaire impliquant Cambridge Analytica et Facebook, mise au jour au printemps 2018, et qui a démontré comment les données personnelles peuvent et ont déjà été utilisées pour influencer les électeurs, en l’occurrence aux États-Unis (pour en savoir davantage, Netflix a fait un excellent documentaire sur le sujet intitulé «The Great Hack» que je vous recommande fortement d’écouter). Ces histoires illustrent la vulnérabilité de nos données personnelles à l’heure actuelle. Revenons donc à la question initiale : le volet informationnel de la vie privée est-il en train de disparaître? Suite page 18
DOSSIER
18
Personnellement, je crois qu’il s’agit d’un changement, certes drastique, plutôt que d’une disparition. Le droit évolue selon la société dans laquelle il existe. Ainsi, il me semble que le droit à la vie privée est amené à changer et que le traitement de données personnelles est un facteur de changement parmi d’autres. À mon avis, ce traitement est ici pour de bon et est déjà trop ancré dans les pratiques de la
Sources (1) Code civil du Québec, art. 35-40; Charte des droits et libertés de la personne, RLRQ c. C-12, art. 5; Charte canadienne des droits et libertés, 1982, ch. 11 (R.-U.) dans L.R.C. (1985), App. II, no 44, art. 7-8. (2) Groupe d’étude sur l’ordinateur et la vie privée, L’ordinateur et la vie privée rapport du Groupe d’étude établi conjointement par le ministère des Communications et le ministère de la Justice, Ottawa : Information Canada, à la p. 13 (3) Thore Graepel, Michal Kosinski et David Stillwell, Private traits and attributes are predictable from digital records of human behavior, Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol 110 (15), 2013; Duhigg, «How Companies Learn your Secrets», 19 février 2012, en ligne : The New York Times <https :// www.nytimes.com/2012/02/19/magazine/shopping-habits.html>. (4) Supra note 2; Allan F. Westin, Privacy and Freedom, New York, Atheneum, 1968, à la p. 7. (5) Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, L.C. 2000, ch. 5; Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, RLRQ c. P -39.1.
société contemporaine pour être éradiqué. Par contre, je crois fermement qu’il doit être encadré et balisé plus strictement qu’à l’heure actuelle. D’une part, le cadre législatif applicable doit être revu complètement, et ce dans les plus brefs délais. Les deux lois fondamentales en matière de protection de la vie privée informationnelle, la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques et la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé (5) ont grandement besoin d’une refonte, toutes les deux ayant été créées il y a plus de 20 ans! Avec les avancées technologiques fulgurantes auxquelles nous faisons face, nous ne pouvons nous permettre d’avoir des lois dépassées. D’autre part, il faut, à mon avis, conscientiser et sensibiliser la popula-
tion à l’importance de la vie privée et l’effet de nos habitudes numériques sur celle-ci. Sans pour autant fuir tout ce qui est doté d’un écran et permet d’accéder à Internet, les gens doivent comprendre les conséquences de leur utilisation et être en mesure de faire des choix plus éclairés en fonction de l’importance qu’ils accordent à leur vie privée. Mon but n’est pas d’être alarmiste ni d’encourager tout le monde à retourner à l’âge de pierre. Cela dit, la réflexion sociétale sur le sujet tarde déjà à se faire, surtout au Canada, et je crois qu’il est de notre devoir, en tant que juristes, d’agir et de contribuer au dialogue entourant cet enjeu d’une importance capitale. La notion de la vie privée est déjà amenée à changer, alors agissons maintenant pour avoir notre mot à dire dans la définition que nous lui donnerons demain. Crédit photo : Android Authority
TECHNO
19 9
par Patrick Baghdisar
Est-ce que plus signifie toujours mieux? Dans la plupart des cas, la réponse serait oui. Plus d’argent est toujours apprécié, plus de fonctionnalités sont toujours appréciées, mais lorsqu’on parle d’un second écran de taille réelle, estce vraiment le cas pour un téléphone intelligent?
Comme les fabricants ont quelque peu perfectionné l’ensemble du jeu, tout le monde essaie de faire des choses bizarres pour révolutionner le monde des téléphones intelligents, mais jusqu’ici, personne n’a réussi. Présentement, Apple n’a pas vraiment parlé de nouvelles fonctionnalités de changement de jeu pour l’iPhone, juste l’amélioration de ce qui est déjà là et l’ajout d’autres appareils photo. Par contre, LG, Samsung, Huawei et Motorola sont toutes en train d’essayer de trouver la prochaine grande chose. Bien qu’il puisse y avoir d’autres fabricants en plus de ces quatre, objectivement parlant, ce sont ces grandes entreprises qui ont le plus de chances d’y arriver. Récemment, Huawei a sorti son Huawei Mate x (disponible seulement en Chine pour un prix autour de 2500 $US) et bien qu’il me semble être
un téléphone très compétent avec très peu d’inconvénients à part le prix, je ne vois pas comment ce fabricant peut continuer à innover sans un système d’exploitation compétent dans ses appareils (Android dans ce cas) pour le faire fonctionner en dehors de la Chine... Pour ceux qui ne sont pas à jour avec la situation Huawei-ÉtatsUnis, plut tôt cette année, le président Trump a banni toute forme d’affaires avec l’entreprise chinoise et cela inclut l’utilisation d’Android dans ses futurs cellulaires.
Écran pliable Dans le cas de Samsung, les concepteurs ont essayé d’être les pionniers dans la technologie d’écran pliable avec le Samsung Fold, mais, à mon avis, il a plus de défauts que d’avantages et il vient avec un prix encore une fois élevé (2000 $US). Une fois plié, le premier écran est horrible et lorsqu’il est ouvert, le deuxième écran avec un rapport hauteur/largeur de 4.2:3 semble être dérangeant puisque c’est un hybride bizarre entre un vrai téléphone et une tablette. Pour la lecture, la navigation et les jeux, ce format pourrait être acceptable, mais pas pour les films, puisque la majorité des films et vidéos de nos jours sont réalisés avec un rapport hauteur/largeur de 16:9. Dans le cas de l’autre géant électronique, LG a trouvé une solution et bien que j’aime les initiatives et que je n’aie aucune plainte objective à ce sujet, je ne vois pas la nécessité d’un deuxième
écran, en particulier sur un téléphone utilisant un système d’exploitation qui est limité comparativement à un ordinateur. Pour les amateurs de jeux vidéos sur cellulaire, je peux voir une certaine utilité, mais pour tout le reste, pas vraiment. J’ai l’impression que les créateurs, les artistes, les hommes d’affaires ou n’importe qui dont le principal souci est d’être aussi productif que possible préféreront l’utilisation d’un ordinateur avec deux écrans ou même avec un écran qu’un téléphone avec deux écrans. Peut-être que dans certains scénarios très spécifiques, ces écrans doubles peuvent en valoir la peine, mais cela vaut-il l’inconvénient d’avoir à les porter tout le temps dans sa poche, sa veste ou même son costume toute la journée? Pour finir, quelle est cette nouvelle révolution que Motorola a inventée? Un petit retour à l’époque des téléphones à rabats, mais au lieu d’avoir des touches physiques, ce sera un écran tactile. Bien que les téléphones intelligents semblent avoir tendance à devenir de plus en plus gros (prenez le premier iPhone avec un écran de 3,5 pouces et l’iPhone 11 d’aujourd’hui avec un écran de 6,5 pouces), l’option pliable de rendre le téléphone plus petit est une idée merveilleuse et pourrait potentiellement changer les téléphones dans les prochaines années. À l’étape actuelle, il a des inconvénients sur le plan des spécifications et il est assez coûteux, cependant ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne soient en mesure d’emmagasiner autant de puissance dans ce petit facteur de forme. Cela dit, Samsung a annoncé le Samsung Fold 2 et il semble assez prometteur et suit un peu le même chemin que le nouveau Moto Razr, mais les spécifications complètes et les détails sont encore inconnus.
CHRONIQUE
20
Crédit photo : Canva
MOÉ JE SUIS CLEAN, TOÉ T’ES-TU CLEAN?
On vit dans un monde fou ces temps-ci, avec toutes les nouvelles technologies qui se développent à un rythme effréné. Vous ne trouvez pas?
Bien sûr, comme durant toute grande période de changement, il y a toujours des réfractaires alarmistes, passéistes et attardés qui vont pousser de grands cris pour dénoncer les soi-disant dérives de ces technologies. Une de leurs grandes lubies ces temps-ci est de dénoncer les grandes compagnies comme Facebook ou Google pour leur appétit insatiable pour nos données person-
nelles et leur intrusion dans nos vies privées. C’est une peur qui n’a aucun bon sens! À moins que vous soyez un tout croche et que vous ayez vousmême des choses à cacher? Moi, je n’ai rien à cacher! Si Facebook a envie de partager et d’utiliser des informations personnelles (que je donne toujours volontairement et en pleine connaissance de cause, évi-
IRONIQUE 291
par M. Gros Bon-Sens demment), je n’ai pas de raison de m’y opposer. Ça vaut pour Facebook et toute autre entreprise, que ce soit une banque, une agence de crédit ou même un employeur. Imaginez si les criminels pouvaient leur cacher ce qu’ils faisaient et que la loi était de leur côté, à protéger leurs informations personnelles qui ne sont rien d’autre que des éléments incriminants pour les méfaits qu’ils envisagent de commettre. Seriez-vous à l’aise qu’au nom de la protection de la vie privée, on permette à des terroristes de s’échanger des informations sur comment construire une bombe et où la faire sauter, etc.? Prévenir un tel drame n’est-il pas plus important que le fait que vous vouliez cacher à votre banque que votre dernière transaction était dans une boutique un peu osée pour acheter un cadeau «épicé» à votre blonde ou à votre chum? C’est gênant, certes, mais ce n’est pas un crime en soi devant être caché à l’ensemble de la société. C’est un sacrifice à faire. Si vous n’avez rien de mal à vous reprocher, collaborez à la paix de l’État! On n’est pas rendu dans 1984 encore à ce que je sache!
Des services inégalés Il faut aussi faire comprendre quelque chose. Si les nouvelles technologies permettent à ces compagnies de collecter autant d’informations sur notre vie privée, elles permettent aussi de nous ouvrir des services de mise en réseau, de communication et de diffusion inégalés. Les entreprises offrant ces services ont besoin de nos informations pour opérer ce service qu’elles nous offrent la plupart du temps gratuitement. Si j’en retire un bénéfice, il est simplement
Crédit photo : Pixabay
normal que je contribue à la bonne marche du service en leur donnant accès à l’ensemble de mes informations personnelles. Après tout, je vous le répète, je n’ai rien à cacher? Pourquoi me plaindrais-je d’avoir accès à un service grâce à mon partage d’informations si aucune d’entre elles n’est compromettante? Vous pouvez toujours vous opposer à la collecte de vos données personnelles. Nous sommes dans une société libre, après tout, et on ne peut pas vous forcer à les divulguer si vous ne le voulez pas. Mais sachez que vous ne pourrez pas vous plaindre du traitement différent que vous subirez. On tiendra pour acquis que vous ne voulez pas collaborer au service qu’on vous propose, ou pire encore, que vous avez des visées illégales. Après tout, je ne peux pas croire qu’il est impossible de contrôler nos informations qu’on divulgue! Ça devrait être logique que, conformément à la loi, une entreprise ne récolte seulement que les informa-
tions nécessaires aux fins du service qu’elle propose et qu’elle ne récolte pas les informations vous concernant qui n’y ont pas rapport. Est-ce vraiment si stressant de devoir penser sans cesse à qui possède nos informations personnelles, en quoi elles consistent et à quel usage ces détenteurs potentiels en feront, ainsi qu’à l’impact de cet usage sur nous? Perdons-nous vraiment quelque chose sur le plan de la sécurité psychologique et sociale que nous ne saurons récupérer au point de vue économique et de l’offre de services en échangeant ainsi nos informations personnelles? Si t’es clean, pas de stress. Si t’es pas clean, alors assume les conséquences. La vie est simple de même. Fins et pas fins. Les propres et les pas propres. Vous êtes dans quel camp vous? Je tiens à remercier Ève Gaumond pour m’avoir rappelé qu’il existe des gens qui pensent des affaires pas d’allure de même.
CHRONIQUE
22
L’avenir de l’hydrogène dans nos voitures
Crédit photo : Toyota
Peu importe que vous soyez pour les voitures électriques ou non. On ne peut tout simplement pas nier le fait qu’objectivement parlant, elles sont de meilleures voitures. En plus du fait que la batterie ne peut pas être rechargée instantanément et qu’en hiver elles perdent leur charge, tous les autres aspects de cette technologie la rendent meilleure que son ancien et désuet frère pétrolier. Cependant, la vraie question demeure : comment les voitures électriques seront-elles alimentées à l’avenir?
AUTO
23 9
par Patrick Baghdisar Cette année, au Salon de l’auto de Montréal, j’ai eu l’occasion de discuter avec des représentants de Toyota qui m’ont dit que le gouvernement du Québec est censé acheter 50 véhicules à pile à hydrogène - vous avez bien lu, une cinquantaine de voitures, quel nombre incroyable. Ces 50 voitures à hydrogène seront les premières du genre au Canada, mais ce n’est pas le cas partout dans le monde. Au Québec, Toyota Motor Corp. et Honda Motor Co. of Canada Ltd. ont annoncé plus tôt cette année un partenariat pour la construction de la station-service de Montréal. Dans certains pays d’Europe, d’Asie et de nos voisins du Sud, cette technologie semble être beaucoup plus présente et les stations-service semblent être plus présentes. En Grande-Bretagne, on trouve huit stations selon James May, l’ancien animateur de Top Gear.
Différences Maintenant vous pouvez me demander quelle est la différence et quels sont les avantages de chaque façon d’alimenter ces moteurs électriques? Le plus grand avantage d’un véhicule à pile à combustible est peut-être qu’il ne produit pas d’émissions de carbone lorsqu’il est utilisé juste de l’eau propre. Il combine l’hydrogène et l’oxygène de l’atmosphère dans sa pile à combustible pour créer de l’électricité par une réaction électrochimique. Parce que l’oxygène est aspiré à travers un filtre à air haute performance qui élimine même les microparticules, la voiture nettoie l’air qui l’entoure pendant qu’elle roule. Cependant, l’hydrogène le moins cher est généralement extrait de l’eau et il a besoin de vapeur à haute température et pour ce faire, c’est souvent chauffé par la combustion de combustibles fossiles. Il peut également être créé par des unités d’électrolyse autonomes qui n’ont presque aucun impact sur l’environnement, mais à ce stade de développement, les coûts de la construction et de l’installation sont élevés et pas assez rentables.
D’un autre côté, la voiture électrique alimentée par batteries ne nécessite que de l’électricité. Alors qu’au Québec, c’est peut-être la solution la plus écologique, ce n’est peut-être pas le cas partout dans le monde. Ce ne sont pas toutes les villes ou tous les pays qui ont le luxe d’avoir de l’électricité produite par des barrages hydroélectriques, et ainsi doivent se tourner vers la combustion de combustibles fossiles afin de produire de l’électricité. Bien que les voitures fonctionnant à l’hydrogène nécessitent moins de temps pour faire le plein (presque comme une voiture à essence ordinaire), elle est accompagnée d’un certain nombre de défis.
Des défis importants Le défi le plus grand semble être les infrastructures pour transporter l’électricité. L’hydrogène doit être mis sous pression dans un liquide ou il s’évaporera naturellement avec le temps. Le moyen conventionnel par camion ne suffira pas pour transporter de l’hydrogène. Le fait qu’il doive également être transporté sous pression peut être encore plus dangereux si le camion qui le transporte est impliqué dans un accident ou s’il se trouve perforé, car l’hydrogène produit des mélanges explosifs avec l’air et l’oxygène. À quoi tout cela nous mène-t-il? Selon Kim Saehoon, vice-président de la division des piles à combustible de Hyundai, «la mauvaise qualité de l’air de la plupart des villes asiatiques signifie qu’elles accorderont probablement plus d’importance que le Canada à la construction de leurs infrastructures de ravitaillement en hydrogène», ajoutant qu’en Allemagne, le coût pour fournir 400 stations-service à hydrogène est environ le même que pour construire 50 kilomètres d’autoroute (1). (1) Richardson, Mark. «Hydrogen-powered cars are the future. But are we ready?» The Gobe and Mail, https ://www.theglobeandmail.com/drive/ technology/article-hydrogen-powered-cars-arethe-future-but-are-we-ready/
AUTO
24
par Patrick Baghdisar
Une bonne atrocité
Crédit photo : Tesla
«Mais quelle est cette atrocité? C’est hideux!», s’est exclamée ma soeur quand je lui ai envoyé des photos du nouveau Tesla Cybertruck. Bien qu’il ressemble à quelque chose qui aurait pu sortir du film Retour vers le futur ou d’un vieux jeu vidéo Nintendo 64, sa conception n’est clairement pas ordinaire. Au début de sa conférence de presse pour le lancement du Cybertruck, Elon Musk a affirmé que depuis un siècle, toutes les camionnettes se ressemblent. Bien qu’il y ait une part de vérité, j’aime le risque que son équipe de conception a pris avec ce regard. On dirait une voiture digne de cette ère technologique. Venant de Tesla, cette camionnette serait une voiture électrique et les voi-
tures électriques sont connues pour avoir un couple élevé. Voici les spécifications annoncées pour chaque garniture : • un seul moteur à traction arrière, une portée de 400 km, un 0-96km/ h de 6.5sec, une vitesse maximale de 177km/h et une capacité de remorquage de 3400kg pour 39 000 US $
•le double moteur à traction intégrale, une portée de 482 km, un 0-96km/h de 4.5sec, une vitesse maximale de 193km/h et capacité de remorquage de 4535kg pour 49 900 US $ •le tri moteur à traction intégrale a une portée de 804 km, un 0-96km/ h, 2.9sec, une vitesse maximale de 209km/h et une capacité de remorquage 6350kg pour 69 900 US $. Quelques caractéristiques dignes de mention sont sa suspension pneumatique, ses sièges à six places, l’option d’un recouvrement muni d’un panneau solaire serait offerte et celui-ci permettrait de parcourir 24 km supplémentaires par jour, des vitres à l’épreuve des balles et une enveloppe structurelle en acier inoxydable laminé à froid nommé Ultra-Hard 30X qui
CE QUE FAIT UN CE QUE FAIT UN CE QUEFAIT FAITUN UN CE CEQUE QUEFAIT FAITUN UN CEQUE JOURNALISTE JURISTE JOURNALISTE JOURNALISTE JURISTE JURISTE
lors de la démonstration live, pouvait supporter le coup de marteau de boue sans vraiment se plier. Il ne faut tout de même pas oublier l’option «auto pilot» que Tesla offre avec ses voitures. Mis à part les spécifications, pourquoi choisir ce camion plutôt qu’un camion conventionnel? Ces avantages semblent être ceux d’un groupe motopropulseur électrique, en plus du couple instantané, de la vitesse 0-96 plus rapide et de la capacité de remorquage insensée, une autre raison importante pour laquelle les gens les achètent est leur capacité hors route. Une camionnette à essence conventionnelle a un moteur à l’avant, une transmission, une boîte de transfert ou un différentiel complexe, ce qui entraîne une perte de puissance et une garde au sol réduite. L’avantage de la camionnette électrique est son système de traction intégrale qui réside dans les moteurs eux-mêmes. Cette combinaison permet à la voiture de gérer beaucoup plus efficacement le couple tout en bénéficiant d’un impressionnant système de traction intégrale puisque l’avant peut être contrôlé indépendamment de l’arrière et à une vitesse qu’aucune boîte de transfert ne peut égaler. L’autre avantage pourrait être lié aux problèmes et à l’entretien qui découlent de la présence d’un cas de transfert ou d’un différentiel complexe. Cela étant dit, même avec un choix de conception assez risqué, il était temps que quelqu’un remue à nouveau le secteur de l’automobile. Selon le tweet d’Elon Musk, il semble y avoir environ 250 000 précommandes pour cette «atrocité». Bien que cela puisse paraître étrange, ce camion pourrait changer la façon dont nous percevons les voitures du futur en terme de conception.
CITER DES SOURCES CITER DES SOURCES CITER DES SOURCES
CE QUE FAIT UN avec notes de bas de page avec notes dede bas dede page avec notes bas page JURISTE
ASSISTER À UNE AUDIENCE À ASSISTER ÀÀ UNE AUDIENCE ÀÀ ASSISTER UNE AUDIENCE CITERHUIS DES CLOS SOURCES HUIS CLOS HUIS CLOS pour les avocats, lesbas notaires et leurs avec notes de de page pour lesles avocats, lesles notaires et et leurs pour avocats, notaires leurs stagiaires, art. 13 C.p.c. stagiaires, stagiaires, art. art. 1313 C.p.c. C.p.c.
ASSISTER À UNE AUDIENCE À HUIS CLOS
25 9
CITER DES SOURCES
CITER DES SOURCES CITER DES SOURCES CE QUE FAIT UN sans notes de bas de page sans notes dede bas dede page sans notes bas page JOURNALISTE
ASSISTER À UNE AUDIENCE À ASSISTER À UNE AUDIENCE ÀÀ ASSISTER À UNE AUDIENCE CITER DES SOURCES HUIS CLOS HUIS CLOS HUIS CLOS
sans notes de page après avoir prouvéde sabas qualité, art. 13 C.p.c. après avoir prouvé sasa qualité, art. 1313 C.p.c. après avoir prouvé qualité, art. C.p.c.
ASSISTER À UNE AUDIENCE À HUIS CLOS
APPELDE DETEXTES TEXTES APPEL APPEL DE TEXTES 25NOVEMBRE NOVEMBRE 25 25 NOVEMBRE
pour les avocats, les notaires et leurs stagiaires, art. 13 C.p.c.
après avoir prouvé sa qualité, art. 13 C.p.c.
RAPPORTER DES FAITS RAPPORTER RAPPORTERDES DESFAITS FAITS
RAPPORTER DES FAITS RAPPORTER RAPPORTERDES DESFAITS FAITS
dans une demande introductive d’instance dans une demande introductive d’instance dans une introductive d’instance ou undemande memorandum, entre autres ouou unun memorandum, entre autres memorandum, entre autres
dans un article de nouvelle, un reportage ou dans unun article dede nouvelle, unun reportage ouou dans article nouvelle, reportage une analyse une analyse une analyse
Défendre les droits et Défendre Défendreles lesdroits droitsetet les libertés les leslibertés libertés RAPPORTER DES FAITS plus précisément ceux privés dans la
Défendre le droit du Défendre Défendreleledroit droitdu du public à l’information public àà l’information public l’information RAPPORTER DES FAITS ainsi que respecter les droits de la
APPEL DE TEXTES 25 NOVEMBRE
plus précisément privés dans la la plus précisément privés dans québécoise Constitution et ceux la ceux Charte dans une demande introductive d’instance Constitution et et la la Charte québécoise Constitution Charte québécoise ou un memorandum, entre autres
ainsi que respecter lesles dede la ainsi que respecter droits la personne, art. 7 et 8droits du Guide de dans un articleart. deart. nouvelle, un reportage personne, 7journalistes et 8 du Guide personne, 7 et 8 du Guide de ou déontologie des dude Québec déontologie des journalistes Québec déontologie des journalistes Québec une analyse dudu
JOUER UN RÔLE ESSENTIEL JOUER UN RÔLE ESSENTIEL JOUER UN RÔLE ESSENTIEL DANS LA SOCIÉTÉ Défendre les droits et DANS LA SOCIÉTÉ DANS LA SOCIÉTÉ
JOUER UN RÔLE ESSENTIEL JOUER UN RÔLE ESSENTIEL JOUER UN RÔLE ESSENTIEL DANS LA SOCIÉTÉ Défendre le droit du DANS LA SOCIÉTÉ DANS LA SOCIÉTÉ
en mettant son savoir juridique au service plus précisément ceux privés dans la enen mettant son juridique auau service mettant son savoir juridique service desavoir la Constitution etcommunauté la Charte québécoise dede la la communauté communauté
en diffusant de l’information d’intérêt public ainsi que respecter les droits depublic lapublic enen diffusant dede l’information d’intérêt diffusant l’information d’intérêt pour assurer personne, art.une 7 etsaine 8 du démocratie Guide de .saine pour assurer une saine démocratie pour assurer une démocratie déontologie des journalistes du Québec . .
les libertés
JOUER UN RÔLE ESSENTIEL
public à l’information
JOUER UN RÔLE ESSENTIEL
SOCIÉTÉ
26
par Simone Pilote
ÉGALITÉ HOMMES ET FEMMES DANS LA PRATIQUE PRIVÉE
Pour un changement à 180 degrés Ce changement passe par les dirigeants, mais d’abord par les futurs employés, soit ceux qui vont bâtir le milieu du travail dans les prochaines années. La rétention des femmes passe donc par nous, les étudiants. Le parcours des femmes dans certaines professions historiquement masculines est une réalité qui demeure complexe et variable. Elles diplôment en plus grand nombre que les hommes. Au Québec, plus de 65 % des diplômés de l’École du Barreau sont des femmes. Toutefois, ces femmes font face à des inégalités importantes sur le marché du travail.
Crédit photo : Canva
Malgré une majorité importante de femmes dans les facultés de droit du Québec, les inégalités pour les avocates dans la pratique privée persistent. Malheureusement, les statistiques montrent que les avocates abandonnent la profession beaucoup plus tôt (en moyenne à 49 ans comparativement à 61 ans chez les hommes, selon les statistiques du Barreau du Québec). Afin d’y remédier, un changement de mentalité s’impose!
«Le dévouement corps et âme est ancré dans les pratiques traditionnelles des gros cabinets. Le modèle professionnel dans le domaine privé ne coïncide pas aux réalités d’aujourd’hui. Les jeunes ne sont plus attirés vers des semaines de travail excessif correspondant à 80 heures», estime la doyenne de la Faculté de droit de l’Université Laval (UL), Me Anne-Marie Laflamme, lors d’une entrevue avec Le Verdict. L’étude Les femmes dans des professions traditionnellement masculines consacre un chapitre sur la progression des avocates en pratique privée. Elle met en lumière les inégalités dans la rétention et la progression des avocates en pratique privée. Elle a été menée par Mme Sophie Brière, professeure agrégée à la Faculté des sciences de l’adminis-
27 9
«Le changement passe par une nouvelle réflexion sur le mode de tarification. Une solution pourrait être la rémunération du travail de qualité et non du nombre d’heures total» - M Anne-Marie Laflamme e
tration de l’UL et titulaire de la CLE Femme et organisation, ainsi que Me Anne-Marie Laflamme et Me Antoine Pellerin, professeur assistant à la Faculté de droit. Les trois chercheurs ont mené 14 entretiens de groupe auprès d’avocats en pratique privée. Au total, 60 associé.e.s, salarié.e.s et gestionnaires ont été rencontrés. Les trois chercheurs ont identifié quatre secteurs problématiques pour les femmes, c’est-à-dire le recrutement, l’insertion en milieu de travail, la carrière et l’accès aux postes de décisions. La rentabilité financière avant tout, le dévouement total à la clientèle ainsi que les horaires de travail excessifs et peu flexibles représentent des raisons qui expliquent ces difficultés auxquelles doivent faire face les avocates.
Briser la résistance au changement Selon Me Laflamme, le changement passe par les modifications des pratiques organisationnelles. Pour cela, l’étude propose plusieurs pistes de solutions telles que la favorisation de la délégation, un retour du congé de maternité efficace, une gestion des ressources humaines adaptées, le changement du mode de tarification et plusieurs autres. Transformer les pratiques, c’est aussi miser sur le travail d’équipe plutôt que sur la performance individuelle. Pour
Membres du Barreau du Québec
52 %
sont des femmes (BarreauMètre 2017) cela, la nécessité de collaborer entre étudiants dans les travaux d’équipe et en classe dès l’université peut s’avérer être une solution efficace. Me Laflamme appuie un nouveau mode de rémunération. «Le changement passe par une nouvelle réflexion sur le mode de tarification. Une solution pourrait être la rémunération du travail de qualité et non du nombre d’heures total», soutient-elle. La progression et rétention des avocates dans le secteur privé devra faire un passage obligatoire par la complexité et le temps. L’ancrage à notre société de profit doit nécessairement s’estomper pour ouvrir la porte à des pratiques plus souples et adaptées aux réalités d’aujourd’hui. C’est par une prise de conscience, et par des actions concrètes que nous arriverons à un changement efficace. Le baccalauréat en droit à l’Université Laval est présentement en pleine réforme. En tant qu’étudiante et future employée, l’auteure de ces lignes souhaite que les changements qui seront apportés pourront favoriser la progression et la rétention des jeunes dans le domaine du droit, pour qu’ils n’aient plus à craindre des heures excessives de travail ou à hésiter pour fonder une famille. Est-ce trop de rêver à un travail dans un univers ouvert à tous, femmes et hommes, bienveillant et inclusif?
Associé.e.s
33 %
seulement sont des femmes (Barreau-Mètre 2017)
Taux de retrait durant les 10 premières années
supérieur
chez les avocates (Barreau du Québec, 2011)
Congé parental
33 1
femmes pour
homme
(Barreau-Mètre 2017)
Avocat.e.s en congé de maladie
66 %
sont des femmes (Barreau-Mètre 2017)
SOCIÉTÉ
28
Le commerce équitable et la justice sociale Qui produit le confort matériel de l’Occident? cière. En effet, puisque l’État n’a pas nécessairement les moyens de protéger les droits des travailleurs nationaux, les multinationales n’ont pas d’incitatif à les protéger en retour.
Des écarts choquants Voilà une question complexe envers laquelle la société québécoise semble légèrement mal à l’aise, puisque nous sommes complètement dissociés de la réalité des produits que nous consommons. Que ce soit dans le domaine du textile ou de l’alimentation, il semble y avoir une réelle incompréhension quant au coût du mode de vie que nous perpétuons. La consommation de café fait partie intégrante de la vie de plusieurs étudiants. Toutefois, il nous arrive rarement de nous questionner quant à l’impact de notre consommation de café sur la vie de ceux qui le produisent. Les pays producteurs de café sont majoritairement des pays en voie de développement. Dans le domaine de l’agriculture et, plus particulièrement, dans celui de la production de café, les travailleurs bénéficient rarement de garanties minimales au regard de leurs droits économiques et sociaux. Cela menace directement leur sécurité physique et leur sécurité finan-
Ainsi, d’importants écarts sont générés entre les pays producteurs et les pays consommateurs. Par exemple, en ce qui concerne le café, selon un rapport produit par Équiterre, environ 70 % du marché mondial du café est détenu par cinq multinationales. Parallèlement, le revenu annuel de la compagnie Starbucks est d’environ huit milliards de dollars américains, tandis que celui d’un producteur de café éthiopien est de moins de 300 $. Le besoin des multinationales pour le développement du commerce dans les pays producteurs de café mène en outre à une exploitation non-durable du territoire. Puisque la consommation de café croît chaque année, la production doit être en mesure de répondre à la demande. Ainsi, dans les années 1970, les cultivateurs se sont tournés vers la production d’une variété de cafés cultivés au soleil, en raison de leur haut rendement (Rainforest Alliance, 2018). Conséquemment, les pays producteurs ont entamé une déforestation massive de leur territoire. Les conséquences sont évidentes :
diminution de la biodiversité, déplétion des sols et pollution de l’eau. De surcroît, la production de café épuise les ressources d’eau dans les pays où cette ressource n’est pas abondante. Lorsque la cerise de café est traitée avec la méthode humide, entre 1000 et 2000 litres d’eau pour 45 kg de café sont utilisés, selon une étude de maîtrise en environnement effectuée par Jennifer Schwanker de l’Université de Sherbrooke.
Un cycle vicieux Les gouvernements des pays en voie de développement n’ont pas nécessairement le choix d’accepter l’exploitation de leur territoire par les multinationales pour leur survie économique. En effet, les pays exportateurs de café dépendent du revenu généré par la production de café afin de maintenir les services offerts par l’État. Fairtrade Canada fournit un exemple frappant de cette situation : 60 % des revenus d’exportation du Burundi proviennent de la production de café. De cette façon, les multinationales se trouvent dans une situation de force vis-à-vis des producteurs locaux, leur permettant ainsi de perpétuer un cycle vicieux d’exploitation nondurable du territoire et de pauvreté. Nos choix de consommation matérialisent notre appui envers les pratiques
29 9 par Jessica Shone
et Florence Verreault mal assure une plus grande stabilité pour les producteurs et leur famille. Finalement, en sus du revenu minimum garanti, les producteurs des coopératives Fairtrade reçoivent une prime de 0,20 $ par livre de café vendu. Cette prime peut être réinvestie dans leur production pour recevoir une certification biologique, par exemple, ou encore dans la communauté, selon les besoins.
Des choix dissidents
Crédit photo : Bayawe Coffee
de commerce employées par les compagnies desquelles nous achetons, de là l’importance d’acheter des produits provenant de commerces qui encouragent des pratiques responsables et durables. Afin d’assurer au consommateur que les aliments qu’il consomme soient produits dans le respect des droits des producteurs et de manière à minimiser l’impact environnemental, il existe des marques de certification. Plusieurs types de certification responsable existent. L’une des plus connues est la marque Fairtrade. Fairtrade a mis en place certaines normes qui permettent aux produc-
teurs d’avoir une plus grande indépendance, une plus grande sécurité financière et un plus grand respect de leurs droits fondamentaux. Les producteurs certifiés Fairtrade sont regroupés en coopératives, ce qui leur permet d’avoir un contrôle direct sur la culture de leur café. Ces travailleurs ont le droit de se syndiquer, ce qui a pour effet de faire respecter leurs droits de manière plus efficace. De plus, Fairtrade établit un revenu minimal pour les producteurs, qui correspond à 1,40 $ par livre de café vendu. Le prix mondial du café n’étant pas stable puisqu’il fluctue en fonction des récoltes, ce revenu mini-
Cette année, à la Dissidence, nous avons fait le choix d’offrir une sorte de café filtre biologique et équitable à nos clients. Nous aimerions aussi offrir un autre choix équitable dans un avenir proche. De plus, notre fournisseur de thé, Camellia Sinensis, est une entreprise qui fait du commerce à la source. En plus de proposer plusieurs produits certifiés Fairtrade, elle connaît les cultivateurs de thé et elle travaille à leurs côtés, notamment pour développer des méthodes d’exploitation plus écologiques. À la Dissidence, nous tentons également de prioriser l’utilisation de tasses réutilisables et d’éviter la consommation d’objets à utilisation unique. D’ailleurs, fait cocasse : les Canadiens utilisent plus de 1,6 milliard de tasses de café à usage unique annuellement (Toronto Solid Waste Management Services, 2018). Nous croyons fermement que nous devons être vigilants en ce qui concerne les conséquences directes de la consommation occidentale, d’où l’importance de ne pas nier l’impact éventuel de chacun de nos choix de consommation. Si le sujet vous intéresse, nous vous invitons à consulter les sites de Fairtrade Canada, Équiterre, Oxfam et Rain Forest Alliance.
RÉFLEXION
30
par Shawn Foster
RÉVOLTE MÉTAPHYSIQUE ET DROITS DE LA PERSONNE Du Siècle des Lumières à la Deuxième Guerre mondiale Au 18e siècle, l’humanité connut le Siècle des Lumières, caractérisé par une mise en avant de la pensée rationnelle et l’éclaircissement de l’esprit des êtres humains. Les philosophes promurent le respect de la diversité, affirmèrent l’universalité de la raison et de la nature humaine, critiquèrent les inégalités sociales et plaidèrent en faveur de l’égalité de tous les êtres humains. Ainsi, nous allions vivre dans la paix, l’égalité, la béatitude. Voilà que tout devenait possible, dans ce monde alors dominé par la raison humaine. Puis vint l’an 1939, moment auquel débuta la plus horrible des guerres que connut l’humanité. De monstrueuses atrocités prirent place, causant la mort de millions d’individus. L’idéal sur lequel était jadis fondé notre monde s’écroula; l’humanité perdit tous repères que nous avaient légués les penseurs des siècles précédents. Pour la première fois, le monde connut un mal extrême – extrême parce qu’on y avait conjugué la raison. Cette dernière fut mise au service d’un processus d’extermination : la Shoah. Le simple fait que la raison, en laquelle les philosophes avaient placé tous leurs espoirs, put être la cause d’un tel mal remit en question leur
faculté à penser ainsi que le sens de l’existence même. L’humain faisait face à des questions sans réponses; il avait perdu toute forme de sens. Ainsi naquit le courant de l’absurde. Il s’agit, pour Albert Camus – représentant par excellence de la philosophie de l’absurde –, de la confrontation entre l’appel de l’homme et le silence déraisonnable du monde (1). C’est «la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’homme» (2). En d’autres termes, l’absurde est la condition de l’homme lorsqu’il se questionne par rapport au sens de l’existence : il relève de l’absence de sens, qui, souvent, mène au nihilisme, c’est-à-dire au rejet de toute idéologie, car «[...] si l’on ne croit à rien, si rien n’a de sens et si nous ne pouvons affirmer aucune valeur, tout est possible et rien n’a d’importance» (3). Mise en parallèle avec les funestes évènements historiques relatés, une claire manifestation des dangers pouvant être associés à une telle pensée en ressort. Cependant, hormis dénoncer la condition absurde qu’est celle de l’homme, Camus propose une solution pour y remédier : la révolte métaphysique. En la juxtaposant à l’instauration de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies, en 1948, nous examinerons comment le sentiment de révolte en réaction aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale a pu redonner foi en l’humanité.
La révolte métaphysique D’entrée de jeu, précisons que la révolte métaphysique «est le mouvement par lequel un homme se dresse contre sa condition et la création tout entière» (4). C’est la lutte perpétuelle de l’homme qui fait face à la condition humaine – l’absurde. Alors que celuici fait table rase de nos croyances, les rendant dépourvues de sens, il nous laisse également dans une impasse, voire en suspens au-dessus du néant. Le révolté métaphysique, quant à lui, veut établir l’ordre : réclamer l’unité dans un monde brisé, opposer le principe de justice au principe d’injustice mis à l’oeuvre dans le monde et dont
31 29
il est témoin. Il veut résoudre ces contradictions.
Contrer l’absurde Il est impératif que l’absurde ne soit qu’un point de départ; c’est-à-dire qu’il faut poursuivre le raisonnement. Le premier pas à prendre pour dépasser l’absurde, c’est de prendre conscience de notre protestation à son égard. C’est alors en poursuivant notre ré-
flexion que nous pouvons établir des fondements à notre existence, à une morale. Car, en effet, lorsqu’on s’indigne par rapport à une conjoncture, c’est qu’on en prend connaissance. On remarque que quelque chose est inacceptable, et il s’agit là du premier mouvement de la révolte. «[N]ous trouvons un jugement de valeur au nom duquel le révolté refuse son approbation à la condition qui est la sienne» (5).
Or, se révolter n’est pas seulement s’opposer à une situation, c’est également poser une limite, puis affirmer ce qui doit être préservé. Les limites marquent le point de rencontre entre une valeur apodictique unissant les humains, donc entre ce qui est acceptable, voire souhaité, et ce qui ne l’est pas, ce qui est inacceptable.
Suite page 32
RÉFLEXION
32
Disons que lorsqu’un esclave se rebiffe contre son maître, sa protestation manifeste non seulement son désaccord, mais aussi son désir : celui de liberté. Ainsi, dire «non» à une injustice, c’est, implicitement, dire «oui» à la justice.
La Déclaration universelle des droits de l’homme et la révolte
(1) CAMUS, Albert. (1942) Le mythe de Sisyphe, Paris, France : Éditions Gallimard. (2) Ibid, p. 39. (3) CAMUS, Albert. (1951), L’Homme révolté, Paris, France : Éditions Gallimard, p. 17. (4) Ibid, p. 41. (5) Ibid (6) Albert Camus, L’Homme révolté, op. cit., p. 23. (7) Ibid, p.31. (8) Amnesty International. (1988) Déclaration universelle des droits de l’homme. Bruxelles, Belgique : Éditions Folio. (9) Ibid (10) Albert Camus, L’Homme révolté, op. cit., p. 98.
«La révolte naît du spectacle de la déraison, devant une condition injuste et incompréhensible» (6). Ainsi pouvons-nous attribuer la Déclaration universelle des droits de l’homme à la révolte métaphysique de l’homme qui s’est indigné vis-à-vis du mal extrême, incompréhensible, dans lequel nous ont plongés les évènements de la Deuxième Guerre mondiale. C’est ainsi qu’une tierce partie s’est jointe, en solidarité aux victimes, puisque «la révolte ne naît pas seulement, et forcément, chez l’opprimé, mais elle peut naître aussi au spectacle de l’oppression dont un autre est victime. […] Il y a donc, dans ce cas, identification à l’autre individu» (7). Dans cette identification à autrui, dans cette reconnaissance, l’homme se dépasse en autrui, dira Camus, et de ce point de vue, la solidarité humaine est métaphysique. La révolte tire l’individu de sa solitude, le plaçant auprès de gens qui partagent les mêmes valeurs que lui. «Je me révolte, donc nous sommes», ira jusqu’à avancer Camus. La Déclaration est, d’ailleurs, caractérisée de cette même essence.
En effet, l’article 1 dispose que : «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité» (8). Nous y retrouvons le «oui» à la justice, l’égalité, la dignité, la fraternité ainsi que leur négation implicite qui leur est inhérente, attribuable à la révolte métaphysique. Ce n’est donc guère surprenant que ladite déclaration constitue un jalon dans l’histoire de l’humanité, tel que l’a énoncé Javier Perez de Cuellar, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies à l’époque de cette déclaration. Quant à l’article 4, nous lisons : «Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes» (9). L’on y retrouve nombre de représentations, édictées, de ce pour quoi les humains se révoltent.
En conclusion Trente articles reconnaissant à l’humanité entière le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté des personnes… et plus encore — voilà ce qu’a produit la révolte métaphysique du monde. Ainsi s’est-il remis sur pieds après avoir été plongé dans l’absurde, à la suite des sinistres évènements de l’Histoire. Si le droit est, de nos jours, l’un des principaux moteurs de la révolte, c’est parce qu’«il n’y a de liberté que dans un monde où ce qui est possible se trouve défini en même temps que ce qui ne l’est pas. Sans loi, point de liberté» (10).
chroniques
CrĂŠdit photo: Canva
HUMEUR
34
Mens sana in Il s’agit de l’occasion parfaite pour Mens sana in corpore remercier ton corps en manque de sano ne constitue pas un sommeil à grandes gorgées de déshydratation liquide. La débauche est concept juridique que un cadeau merveilleusement sain Julie Desrosiers expliquera pour te féliciter des deux dernières semaines d’examens. Work hard, parpédagogiquement ty hard. Il faut bien une récompense l’étymologie latine au à la hauteur des efforts fournis. onzième cours de la Un esprit assoiffé dans un session. Mens sana in corps exténué corpore sano, c’est-à-dire «un esprit sain dans un Tous et toutes sont bien excité.e.s à corps sain», est un vieil l’idée de se péter la face sans que de longues pages format légal y aient adage dont l’application contribué. Une coutume bien étaa contrario règne dans blie à la faculté de droit; mieux vaut s’enfarger sur le plancher du bar que notre belle faculté. Son dans ses réponses d’examen. expression la plus fidèle: le Tu tentes de rattraper l’échec cuisant party de fin de session. de ton examen final en droit des biens en démontrant ta compréhension des démembrements innommés. Le peu de concentration qu’il te reste est consacré à la recherche du meilleur ratio du pourcentage d’alcool d’un drink versus son prix. De grands calculs mathématiques qui te permettront de laisser l’usus de ton inhibition à Molson et l’abusus de ton discernement à une partie de Flip the cup. Évidemment, tu conserves précieusement le fructus de ta consommation excessive.
Aucun esprit de satiété dans un corps déséquilibré
question de ton examen. Sauf que le «il vous reste deux minutes» lancé par le surveillant légèrement blasé se transforme en «chug, chug, chug» de tes potes à la Dissidence. Le gain de 0,02 mg d’alcool dans ton sang est désormais aussi primordial que le 0,33 de plus sur ta cote Z.
Tu finis ton verre à la même vitesse que tu as répondu à la dernière
Quel soulagement de finalement échanger les rencontres du deu-
35 9
corpore sano
par Laurie Beaulieu
Chaque gorgée augmente ton incapacité à saisir la portée du moment présent Chaque gorgée augmente ton incapacité à saisir la portée du moment présent. Le temps te glisse entre les mains aussi rapidement que tu enfiles ta Twisted tea. À quelques minutes d’être déclaré inapte et d’obtenir un conseil de tutelle composé de bouncers, tu régurgites la fierté d’avoir passé au travers des finaux. Toutes mes félicitations! Vomir, c’est repartir.
Un esprit déprimé dans un corps magané
xième étage du pavillon Bonenfant pour la banquette de l’Ozone. Tu te permets allègrement de prendre une pause de la jurisprudence pour faire valoir ton droit inhérent à t’engourdir sans précédent. Les quelques souvenirs d’un dance floor rempli de tes humains préférés te sont gracieusement offerts par ta story Snapchat. Merci à ton téléphone de t’annoncer quelle belle soirée tu as passée.
Un esprit évaporé dans un corps saturé L’authenticité et la profondeur des discussions de fin de soirée te sont volées par trois, quatre Jager bombs. Les conversations futiles de coupons de vestiaire et de portefeuilles perdus te permettent de montrer ô combien sont utiles les études supérieures.
L’euphorie de ta victoire au Beer pong s’estompe au même moment où tu réalises que tes dettes envers ton organisme sont astronomiques. Tes passifs dépasseront bientôt tes actifs et ton foie, ton plus grand créancier, te réclame son dû. Par chance, il te reste ton trophée; les effets dépresseurs de l’alcool. Chaque jeudi soir de démesure te rapproche de l’insolvabilité. Il faudrait peutêtre envisager à s’équilibrer. Tu remets en question l’aliénation de ton hygiène de vie au profit des bars de la Grande Allée, mais tu continues de penser que les festivités ont besoin de shooters pour s’enjoliver. Comme si excès rimait avec plaisir.
36
HUMEUR par Doriane Bolduc
La théorie des ronds de poêle En ces temps difficiles, quoi de mieux qu’une digestible petite chronique illustrant l’articulation des bas-fonds de nos relations modernes. En espérant que cela puisse vous divertir… Voyons d’abord le four, sur lequel il y a plusieurs éléments. Dépendamment des intentions du chef, certains de ces ronds de poêle seront ouverts, et d’autres non. Certain peuvent être complètement fermés, alors que d’autres ne peuvent l’être que partiellement.
Influence du principe de proportionnalité Tout repose sur les choix du cuisinier. Un simple rond ouvert peut tout à fait convenir pour celui qui ne désire qu’une bonne soupe. D’autres, cependant, préfèrent le spaghetti, ce qui nécessite alors l’utilisation de deux ronds, soit : un pour les pâtes (la consistance) et l’autre pour la sauce (le complément). Or, dans cette situation, la relation n’est pas nécessairement stable puisque l’attention du cuisinier n’est pas uniquement dirigée vers l’un de ces ronds, mais bien sur plusieurs, ce qui l’empêche d’être totalement attentif aux besoins de l’un ou l’autre. L’attention est nécessairement partagée, mais n’est complète pour aucun.
Les deux parties peuvent donc se sentir lésées, puisque optimalement, chacune d’entre elles recherche l’autonomie absolue, soit la non-nécessité du cuisinier de se sentir obligé d’avoir les deux ronds ouverts, en plus de vouloir qu’il tranche simplement entre l’une d’elles, sans regretter l’autre. Prenons par exemple la sauce. Celleci aimerait bien avoir la consistance des pâtes, mais sachant qu’elle ne l’a pas, elle ne se sent que complémentaire et donc non nécessaire au véritable bonheur du cuisinier, parce qu’en l’espèce, il pourrait tout aussi bien décider de changer du spaghetti à la soupe, ou encore de simplement changer de sauce. Or, si l’on prend en considération le fromage, celui-ci peut très bien satisfaire à plusieurs plats sans nécessairement avoir de préférence, et il profite de la compagnie du spaghetti, sans toutefois être un élément direct du succès de ce plat. Le cuisinier le considère très important, mais il y accorde bien moins d’attention et d’attentes, ce qui lui enlève un bon poids sur les épaules. Le fromage peut donc se permettre de ne pas accorder au cuisinier autant d’importance que le font la sauce et les pâtes. La sauce, se sachant directement attachée aux spaghettis, ne peut se sentir aussi libre, puisque qu’elle sent que le cuisinier serait bien déçu
qu’elle ne lui apporte plus autant de piquant. Elle a donc peur de se faire remplacer, sachant toutefois qu’elle ne prendra jamais la place des pâtes. Les pâtes, quant à elles, savent très bien que leur place est nécessaire au plat, malgré qu’elles soient bien moins satisfaisantes sans sauce pour le cuisinier.
Conclusion Bien que la situation ne semble pas alléchante, certains scénarios peuvent rattraper le tir. Pour la sauce, il est parfois bien libérateur que de choisir de redescendre au niveau du fromage et de ne pas être qu’un simple rond de poêle complémentaire pour le cuisinier. Quant à elles, les pâtes peuvent finir par enfin trouver leur vraie valeur et ne plus se laisser convaincre par les balivernes du cuisiner malhonnête, qui leur font croire qu’elles le satisfont complètement. Finalement, à force de constater que ce n’est pas tous les types de sauces qui s’agencent avec ses pâtes, le cuisiner finira probablement par réaliser que d’opter pour la soupe pourrait simplifier bien des choses.
37 9 PORTRAIT par Dominique Gobeil
MARILYNE PLANTE
Perdre en cour, gagner à l’épée, même combat Admise au baccalauréat en droit de l’Université Laval à l’hiver 2016, Marilyne Plante a «appris à perdre et à gagner» une épée à la main. Malgré les sacrifices nécessaires lors de son parcours scolaire, l’escrimeuse de haut niveau considère cet apprentissage comme une force qui lui sera utile dans sa future carrière d’avocate. «C’est ma 12e année d’escrime, et ce sera sûrement la dernière, confie d’entrée de jeu la Sherbrookoise d’origine. J’ai vécu ce que j’avais à vivre.» Après avoir touché le bronze aux Championnats canadiens en 2019, participé à des Coupes du monde et manqué de peu une place au sein de l’équipe nationale en 2017 en vue éventuellement des Jeux olympiques, Marilyne Plante a déjà ralenti la cadence et préfère se concentrer sur le droit pour la suite. «J’ai eu de belles expériences. J’ai envie d’une vie plus ordinaire et de
commencer ma carrière professionnelle du bon pied», admet celle qui pouvait s’entraîner six jours par semaine et même parfois deux fois par jour jusqu’à récemment. Elle a d’ailleurs aménagé son parcours au baccalauréat avec des sessions moins chargées pour conjuguer le sport et les études, planifiant ainsi son passage à l’École du Barreau à l’automne 2020. Marilyne Plante souligne la souplesse du programme à l’Université Laval pour le choix des cours, comparativement à d’autres facultés québécoises.
En droit par hasard La jeune femme de 23 ans se dirigeait d’abord vers des études en journalisme, après avoir obtenu son DEC en communications et en cinéma à l’automne. Comme son programme n’était pas ouvert aux inscriptions à l’hiver, le droit représentait donc un domaine intéressant en «attendant». Sauf qu’elle ne l’a jamais quitté…
Suite page 38
PORTRAIT
38
Haut niveau, hautes exigences L’escrimeuse note plusieurs «concessions par-ci, par-là» pour vivre sa passion pour le sport tout en cheminant en droit. Elle était par exemple en Norvège au début du mois d’octobre pour une épreuve chez les seniors, ce qui a impliqué de prendre de l’avance dans les cours. «Faire du sport de haut niveau, ça veut dire ne pas faire le party, étudier les vendredis soirs ou dans l’avion, se lever plus tôt le matin, moins voir ses amis...» Une saison nécessite des investissements personnels d’environ 15 000 $. «Ça vaut la peine, pour les apprentissages, les voyages, la culture, la dopamine que notre corps produit quand on pratique un sport», assure l’étudiante. Crédit photos : fournies par Marilyne Plante
«J’ai vraiment aimé le côté intellectuel et la possibilité de pousser plus loin dans les recherches», décrit Marilyne. À 16 ans, l’épéiste a déménagé à Québec pour poursuivre son entraînement dans un club plus avancé. La fine lame a même dormi là-bas les premières semaines, dans un sac de couchage, une anecdote qu’elle se fait plaisir à raconter. «Plusieurs des décisions importantes dans ma vie ont été prises
sans trop réfléchir. Le déménagement, le droit...Ç’a été la même chose pour le sport», commente l’étudiante, qui a été initiée à l’escrime par un enseignant à l’école secondaire. Celui-ci regardait des vidéos sur YouTube pour ensuite montrer les techniques à ses élèves. «On est quelques-uns à s’être rendus loin! , remarque Marilyne Plante. Il misait autant sur l’importance des études que le sport et ça me reste encore aujourd’hui.»
L’épéiste reçoit des subventions du gouvernement canadien en tant qu’athlète «Élite» et de l’aide de commanditaires, mais elle n’est pas soutenue par le Rouge et Or à l’Université Laval, à part pour un accès à la salle d’entraînement, l’organisation n’ayant pas d’équipe d’escrime officielle.
Droit du sport Marilyne Plante souhaiterait oeuvrer plus tard en droit du sport et en droit des affaires. Les avocats dans ce domaine représentent par exemple des athlètes qui signent des contrats avec une équipe professionnelle. Elle
estime avoir une bonne compréhension des besoins de cette clientèle pour avoir elle-même vécu cette réalité. L’étudiante a notamment poursuivi la Fédération canadienne d’escrime devant le Centre de règlement des différends sportifs du Canada, plaidant avoir été injustement écartée de l’équipe devant représenter le pays aux Championnats panaméricains de Montréal en juin 2017. «Je serais peut-être en train de penser aux Jeux olympiques si j’avais eu ma place», croit Marilyne Plante. Le Tribunal, bien que sympathique à sa cause, ne lui a pas donné raison, jugeant «à regret» que le fardeau de preuve n’avait pas été rempli. L’étudiante en droit avait atteint la troisième place au classement na-
39 9
«Le sport de haut niveau m’a appris à rebondir. Parfois on perd, parfois on gagne. Ça aussi, il faut l’apprendre en tant qu’avocat!»
a permis à d’autres Canadiennes d’accumuler plus de points qu’elle. «C’était une expérience enrichissante, philosophe la jeune femme. Je sais maintenant comment on se sent quand on doit aller en cour. C’est plus stressant qu’on le pense!»
- Marilyne Plante
Sur des points plus positifs, l’épéiste affirme avoir pu développer sa résilience et son optimisme à travers son sport.
tional, ce qui devait normalement lui assurer sa place dans l’équipe. Or, la fédération a permis à d’autres escrimeuses de s’inscrire en retard à la compétition internationale de Bogota, en Colombie, même si cela était contraire à ses propres politiques de sélection. Marilyne Plante n’avait pas prévu y participer, ce qui
«En droit, on a tendance à être très fiers et à ne pas l’assumer quand on vit des difficultés. Je crois qu’il ne faut pas avoir peur de se montrer vulnérable, soutient Marilyne Plante. Le sport de haut niveau m’a appris à rebondir. Parfois on perd, parfois on gagne. Ça aussi, il faut l’apprendre en tant qu’avocat!»
Pour la prochaine édition à paraître en février, laissez-vous inspirer par notre thématique sur le développement économique. Entrevues, chroniques, reportages... tous les genres sont permis. Il est également possible d’écrire sur n’importe quel autre sujet qui vous tient à coeur.