la RECHERCHE d'une PRATIQUE

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pratique d’une

recherche la

valorisation de déchets et nouvelles pratiques urbaines


Nous tenons à remercier en premier lieu nos professeurs à l’ENSAPLV, qui, dans le cadre du séminaire «Démarches plastiques et territoire urbain», ont nourri nos recherches et notre pratique, chacun dans leurs domaines de connaissances : Luis Lopez, Laurence Falzon, Olivier Jeudy, et Antoine Petitrenaud. Merci également à tous les acteurs qui ont accompagné la fondation de l’association Sans Encombre, Marie-Laurence Gravaud, directrice de la «Démocratie, des citoyens et des territoires» de la Mairie de Paris, Mahmed Binakdane et Fabienne Engo, de la direction du «Développement de la Vie Associative et Citoyenne» du 18e arrondissement, Léa Floc’h, directrice du «Développement de la vie associative et citoyenne» du 9e arrondissement, et Clément, Président de Optim’Asso. Enfin, merci à tous ceux qui ont participé au montage de l’atelier, à ceux qui participent ou participeront à notre démarche, à ceux qui nous ont inspirés ou soutenus dans nos projets, et dans la rédaction de ce mémoire. Pascal Gravaud, Elie François, Jean-Baptiste Mallard, Jean-Paul Wourlod, Paul Wourlod, Liana Marcoux, Didier Panfili, Anne et Chloé Monnier, Benoît Descamps, Roman Szymczak d’Atelier Craft, Tariq Nmila, Zinedine Zidane, Yohan Feray, Camille Genoud, Jan Geks, Paul Boeffard, Isabelle Koin, Jeanne Zanardo, Auriane Duret, l’équipe de La Station Gare des Mines, ainsi que tous les étudiants du séminaire.

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la recherche d’une

pratique

valorisation de déchets et nouvelles pratiques urbaines

mémoire de master 2 lise monnier . jules panfili . marie wourlod réalisé sous la direction de Laurence Falzon, d’Olivier Jeudy, de Luis Lopez et d’Antoine Petitrenaud Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la Villette

mars 2021


la recherche d’une pratique Récupération : action de récupérer quelque chose. Cette action omniprésente dans notre monde, nous la répétons au quotidien dès notre enfance et ce tout au long de notre vie, de manière consciente et inconsciente, tant elle fait partie de nous. Porter les vêtements de ses frères et sœurs aînés, sortir du placard un vieux téléphone à clapet car notre smartphone vient de rendre l’âme, récupérer des palettes dans la rue pour en faire un canapé en y posant des coussins, noter un numéro de téléphone sur tout et n’importe quoi, parce qu’on n’a rien d’autre sous la main... longue est la liste de ces gestes que nous avons, notre entourage ou nousmême, déjà fait. L’action de récupérer est également très présente dans la culture, et notamment dans le septième art. Hormis les innombrables clins d’œil, on peut en citer quelques exemples plus ou moins explicites. Tout d’abord au moment même de la production, on peut remarquer des récupérations d’images dans les films, certaines flagrantes, surtout dans les films d’animation. Même scène de danse, deux productions Disney : Balou et le roi Louie dans «Le Livre de la Jungle», Petit Jean et Dame Gertrude dans «Robin des Bois». Les sons sont régulièrement récupérés d’un film à l’autre, pour n’en citer qu’un, «le cri de Whilelm» dont on doit l’origine au film «Les aventures du capitaine Wyatt» de Raoul Walsh, a été utilisé dans une centaine de films.


Plus explicite, nul besoin de lister tous les films post-apocalyptiques racontant l’histoire de sociétés dont la survie se base sur la récupération des ruines du monde tel qu’on le connaît. Enfin, dans la liste des films pour enfants qui touchent également les adultes, «Wall-E» des studios Disney-Pixar traite directement du thème de la récupération des déchets, et ce dans un monde rendu inhabitable par leur accumulation. Au fil des nombreuses crises environnementales causées par l’Homme à travers cette mauvaise gestion des déchets, le terme «récupération» occupe une place de plus en plus importante dans la conscience collective. Il englobe les termes de réutilisation (récupérer un objet et le réutiliser dans sa fonction première), de réemploi (récupérer un objet ou des parties d’objet pour lui/leur donner une autre fonction) et de recyclage (récupérer la matière d’un objet et la réintroduire dans un nouveau cycle). “La réutilisation conserve la fonction, le réemploi conserve la forme, le recyclage conserve la matière.” Jean-Marc HUYGEN (2008), La Poubelle et l’Architecte, Vers le réemploi des matériaux, Arles, Actes Sud. Des lieux infinis tels que la Station Gare des Mines fleurissent dans nos métropoles et sont la source d’espaces d’émergence de nouvelles pratiques culturelles et sociales. De nouveaux produits réalisés en plastique arrivent tous les jours dans les ménages et sont consommés en masse, mais seu-

lement 19,9% du plastique est recyclé dans le monde. Aussi, l’accumulation d’objets rapidement obsolètes dans leur usage conduit à une accumulation de déchets encombrants. Pendant le premier confinement, nous nous sommes tous retrouvés confrontés à notre consommation, parce que nous avons entamé de grands rangements de grenier, parce que l’on cuisinait davantage, qu’en consommant moins à l’extérieur nous jetions davantage chez nous. Le nez dans nos déchets, nous avons décidé de les rassembler pour proposer une alternative à la surconsommation. Dans un contexte de raréfaction des ressources primaires et de finitude de l’espace urbain, il s’agit pour nous, architectes, de s’interroger sur la place de l’architecture dans notre société. Ces matières présentes en abondance dans nos villes ne seraient plus des déchets à évacuer mais bien une matière première à réinjecter dans une économie qui, de fait, serait circulaire. Cette idée nous a menés à deux actions. D’une part l’aménagement d’un lieu qui permettrait l’émergence des conceptions et des productions que cette « nouvelle matière » liée aux différents modes de traitement des déchets implique. D’autre part une réflexion sur nos conceptions et pratiques, en tant qu’architectes mais aussi en tant que citoyens. Les questions de recyclage et de réemploi font partie de notre quotidien et leur popularisation fait se développer de nouveaux moyens de répondre aux enjeux économiques, sociaux et environ-

nementaux actuels. Elles révolutionnent la manière de produire et de penser. Nous souhaitons proposer un design répondant aux attentes esthétiques et écologiques contemporaines. Les contraintes environnementales, contraintes sociales ou contraintes de site, font partie des nombreux enjeux que nous avons choisi de traiter comme des opportunités de matière, de création ou encore de cohésion sociale, pour alimenter une réflexion. Comprendre et assembler ces opportunités a fait émerger un projet d’atelier participatif à La Station : à commencer par l’opportunité du séminaire «Démarches plastiques et territoire urbain» de l’ENSAPLV auquel nous avons participé, accompagnés par Laurence Falzon, Luis Lopez, Olivier Jeudy et Antoine Petitrenaud. Cet atelier de design et d’architecture s’inscrit dans une démarche de recyclage et de réemploi de ces nouvelles «matières premières» : c’est un Laboratoire de rencontre entre le design, l’architecture et les modes de traitement des déchets générés par nos villes. L’espace d’émergence d’un processus créatif résultant de l’assemblage des opportunités qui s’offrent à nous.


la recherche d’une pratique

Ce mémoire, «valorisation de déchets et nouvelles pratiques urbaines», articule différents éléments de lecture. Un corps de texte ponctué d’expériences personnelles passées et présentes, de fiches de références qui ont nourri notre pensée, et de fiches techniques relatives à notre pratique.


histoire recyclage Bruxelles Mexico / Paris propriétés Precious Plastic tri sélectif

p.9 p.10 p.12 p.13 p.16 p.19 p.24

encombrants

p.28-41

Monster House objets réemploi Lor-K cycles

p.29 p.30 p.32 p.33 p.38

design d’opportunité

design

p.86-89

histoire processus

p.87 p.88

expérimentations

90-95

activité 1 Plastic Island activités 2 et 3

p.90 p.91 p.95

objet hybride

p.96-111

esthétisme Recyclages & Réemplois Encore Heureux mobilier greffe structures

p.96 p.97 p.103 p.108 p.109 p.110

économie circulaire

p.42-44

définition p.42 Cradle to Cradle p.44

sans encombre

p.8-27

lieux d’émergence

matière première

plastique

lieu participatif

p.45-55

pratiques consciences Making Futures Floating U.

p.45 p.55 p.47 p.51

espace d’émergence

p.56-63

Space of E. le site La Station

p.56 p.58 p.59

l’atelier

p.64-77

workshop construction organisation 24 heures le broyeur

p.65 p.67 p.68 p.72 p.74

l’association

p.78-85

acteurs financement enjeux subventions

p.79 p.82 p.83 p.84

le reflet d’une démarche p.114-115

annexes p.116-127 interviews confinés, flyer DRAR, flyer sans encombre, dossier de subventions, instagram

notes p.128-129

bibliographie p.130-131 ouvrages et sites

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matière première la recherche d’une pratique Paris 2021

plastique :

Du grec plastikos «mouler» ou «façonner», l’appelation «plastique» fait référence à un matériau polymère pouvant être moulé, façonné sous l’effet de la chaleur et de la pression pour créer un objet.1


Le plastique, très peu coûteux à produire, est un très bon isolant, d’abord utilisé pour des petits produits ménagers (téléphones, assiettes...) et son ascension fulgurante va intéresser les gros industriels, notamment dans le secteur de l’automobile. Ses capacités de résistance et d’isolant vont servir dans la fabrication des composants électroniques, des phares, des câbles... 2

Dès les années 1930, Henry Ford va aller plus loin et changer ses modes de production en mettant ses bureaux d’études au défi pour créer la première automobile 100% naturelle. Sera alors mis au point en 1941 un plastique bio-sourcé à partir de fibres de chanvre, permettant la production de carrosseries 25% plus légères et résistantes que celles en métal, plus économes à produire et rendant le tout moins gourmand en énergie pour rouler.

Durant l’après-guerre, le plastique s’installe dans le quotidien avec l’arrivée en 1945 du tupperware. Il rend accessible la télévision à des millions de personnes du fait de son faible coût, et en 1965 naît le symbole de la pollution plastique : le sac plastique jetable. Entre 1950 et 1970, la production de plastique explose, passant de 1,5 millions de tonnes produites en 1950 (l’équivalent de 60 pétroliers) à 50 millions de tonnes en 1970 (2000 pétroliers), d’autant que de grandes marques troquent leurs emballages pour des nouveaux, comme Coca-Cola et Pepsi en 1975, avec la mise sur le marché de la bouteille en plastique.

La réalité est tout autre : seulement 19,9% du plastique est recyclé dans le monde. Entre 1955 et 2015, c’est 7,8 milliards de tonnes de plastique qui auront été produites, et environ 8 à 12 millions de tonnes finissent dans les océans chaque année, soit l’équivalent d’un camion poubelle par minute. A ce rythme, il y aura plus de déchets plastiques dans les océans que de poissons à l’horizon 2050.3

plastique

C’est en 1980 que l’on commence à se questionner sur l’avenir du plastique. Que faire d’un élément si peu coûteux que l’on jette et que la nature ne sait pas décomposer ? (on estime alors qu’il faut 450 ans à une bouteille pour se décomposer). Le logo aux trois flèches du recyclage apparaît en 1988, et le regard change sur le plastique : une bouteille peut alimenter une ampoule de 60w pendant 3 heures, 19 bouteilles peuvent se transformer en fibres pour créer un t-shirt, une tonne de plastique recyclé économise 1000 litres de pétrole.

matière première

Mais c’est en 1909 que naît une révolution qui va changer le monde : la création du premier plastique de synthèse, la bakélite, inventée par Leo Baekeland via un processus carbochimique et pétrochimique.

le plastique : recyclage

la recherche d’une pratique

En 1862, le chimiste Alexander Parks crée la Parkesine, que l’on considère comme étant l’ancêtre du plastique industriel. Il l’a obtenue en traitant de la cellulose, le bio-polymère principal constituant des cellules végétales, traitée par de l’acide nitrique.

C’est à ce moment-là que les Etats-Unis entrent en guerre, et le prototype de Ford est mis au placard. En effet, les ressources comme le métal, l’acier, le cuivre, l’aluminium et le zinc se font rares, le plastique entre donc dans la danse pour produire des machines de combat plus performantes. Le plastique sera utilisé dans l’aviation, pour créer des roues dentées pour les chars, des pneus pour les véhicules terrestres et même des câbles pour les parachutes.

Paris 2021

le plastique : d’où ça vient ?

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Innovation et conscience des entreprises : de plus en plus d’entreprises françaises proposent des produits en plastiques recyclés et/ou recyclables, mais cela ne relève d’aucune obligation gouvernementale aujourd’hui.

Paris 2021

la recherche d’une pratique

matière première

plastique

Mise en vente sur le marché et consommation : de nouveaux produits réalisés en plastique arrivent tous les jours dans les ménages et sont consommés en masse. En France, on est aujourd’hui capables d’en recycler 25%, voici leur cheminement.

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le tri et le recyclage des déchets plastiques en France 4

Centre de régénération : à la réception des balles, ces dernières sont ouvertes et décompactées. Les déchets subissent de nouveau un tri optique et un tri des métaux suivant le même schéma que dans un centre de tri pour éliminer les indésirables. Les déchets sont ensuite broyés en petits copeaux puis lavés pour les débarasser des colles, encres ou autres éléments perturbateurs du recyclage. Puis ces copeaux sont soumis à un tri par flottaison, dans certains cas on ne conserve que ce qui coule (PET par exemple) et dans d’autres ce qui flotte (PP, PELD). Enfin tout cela passe de nouveau au filtre optique avant d’être chauffé, transformé en spaghetti puis découpé en granulés qui seront vendus aux entreprises pour créer de nouveaux produits en plastique recyclé.

Mise en balle et convoi : les déchets jugés recyclables (25%), essentiellement ceux en PET et PEHD (même si le PELD et PP sont également recyclés), sont triés par couleur (claire ou foncée) puis compactés et mis en balles avant d’être convoyés vers un centre de régénération.


plastique la recherche d’une pratique

Centre de tri : les déchets sont soumis à une première phase de tri. Ils passent tout d’abord dans un séparateur balistique qui trie les déchets en fonction de leur taille. Ensuite, les déchets seront triés avec le plastique ou les métaux en fonction de la quantité de métal présente. Puis ils seront soumis à un tri optique à l’aide de caméras infra-rouges permettant de détecter les différents types de plastiques pour les séparer. Un tri manuel est réalisé à la fin du processus pour s’assurer de la qualité des déchets après le tri mécanique.

matière première

Récolte et convoi : le contenu des poubelles jaunes est récupéré et convoyé par voie routière vers un centre de tri.

Exportation, mise en décharge, enfouissement et valorisation énergétique : les déchets plastiques que la France ne sait pas recycler faute de capacité technologique adaptée, étaient exportés, notamment en Chine. Depuis que la Chine a renforcé ses conditions d’importation, des entreprises françaises commencent à prendre le relais, cependant la mise en décharge et l’enfouissement (7,5%) restent aujourd’hui des solutions moins coûteuses. Mais en France c’est surtout la valorisation énergétique (67,5%), soit l’incinération pour produire de l’énergie, qui prime. Malheureusement, les centres sont saturés, et seulement un million de tonnes de déchets plastiques est traité ainsi, sur les quatre et demi produits chaque année en France.

Paris 2021

Tri sélectif dans les ménages : un français consomme en moyenne quinze kilos de plastique recyclable par an. Tout ce plastique peut-être trié à la maison grâce aux moyens mis en place (conteneurs ou sacs jaunes) avant d’être récolté.

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plastique matière première la recherche d’une pratique Paris 2021 12

Bruxelles : une alternative Septembre 2018 à l’Université Libre de Bruxelles. Un cours optionnel de Design d’objet propose la création de mobilier pour l’aménagement d’un futur fablab, installé dans l’ancienne Caserne Fitz Toussaint de la commune d’Ixelles, mobilier dont la contrainte de réalisation réside dans l’usage de matériaux récupérés. Avec Jan et Paul, deux amis rencontrés depuis peu, mais déjà impliqués tous les trois dans un projet de design à échelle humaine basé sur la récupération, on saute sur l’occasion pour nourrir et diversifier notre pratique. Jan a entendu parler d’une communauté appelée Precious Plastic, et sait qu’un étudiant a construit une des machines élaborées par PP pour broyer les déchets plastiques. C’est dans un coin de l’atelier maquettes que nous l’avons trouvée, poussiéreuse et laissée à l’abandon. Notre trio y a vu l’opportunité, dans le cadre du cours de Design, de découvrir et d’expérimenter le recyclage de déchets plastiques, en donnant vie à ce broyeur pour redonner vie aux déchets. Sur le planning de trois mois que nous avions pour créer un projet pour le fablab, deux mois et deux semaines ont été consacrés aux recherches et à l’expérimentation de la matière, qui nous ont menés au-devant de trois problèmes : le broyage, la récolte et le moulage. Après seulement quelques tests de broyage, on se rend compte que la machine se bloque assez régulièrement, qu’il faut l’éteindre et démonter le capot du ventilateur pour le faire tourner manuellement en sens inverse afin de débloquer le mécanisme. Las de reproduire cette manipulation, on décide de ne travailler qu’avec des bouchons (la machine s’arrête instantanément lorsqu’on lui donne une bouteille «à manger» par exemple), et de les mettre un par un dans le broyeur à raison d’un bouchon toutes les quatre secondes, un processus bête et répétitif qui ramollit le cerveau quand on y passe trois heures

d’affilée. Cela nous a conduits au second problème, celui de la récolte. Au départ on travaillait avec nos propres déchets, mais maintenant que l’on ne travaille qu’avec des bouchons, c’est tout de suite beaucoup plus compliqué, d’autant qu’il faut une quantité assez conséquente de bouchons pour pouvoir produire un objet. Pour éviter d’avoir à boire 23 bouteilles de soda chacun par jour pour récolter suffisamment de bouchons, on a installé des points de récolte dans l’école, ce qui a porté ses fruits mais restait largement insuffisant. On s’en est donc remis aux réseaux sociaux, et on a diffusé un appel à l’aide public. Aussi improbable que cela puisse paraître, des dizaines de messages nous ont été envoyés par des habitants de Bruxelles qui, sans trop savoir pourquoi, «parce qu’on ne sait jamais», gardaient depuis des années tous leurs bouchons et uniquement leurs bouchons. On s’est retrouvé du jour au lendemain à trier quelques centaines de bouchons par couleur, c’est merveilleux ça a fini par remplacer le décompte des moutons pour s’endormir. La question de la mise en forme du plastique broyé est problématique. Pour commencer les différents moulages en bois, quelle que soit la quantité de vaseline tartinée, ont posé des problèmes de réutilisation. Le principe du moulage étant la reproductibilité infinie d’une forme, on s’est vite rendu compte que nos moules en bois de récupération se limitent à deux voire un seul usage du fait qu’ils se cassent lors du démoulage de la pièce. Et là, l’idée du semestre : pourquoi ne pas faire un moule simple pour obtenir une plaque rectangulaire de plastique recyclé que l’on viendrait redécouper à la CNC, sachant que les chutes pourront nourrir le broyeur ensuite ? Tous ces problèmes plus ou moins résolus nous approchent de notre projet pour le fablab, mais nous sommes conditionnés par la taille de notre mini-four pour le dimensionnement de notre plaque et donc des pièces qui y sont découpées. Après négocia-

tions avec les autres groupes, on décide d’intervenir dans tous les espaces du fablab à une échelle moindre mais non moins utile : celle de l’objet et non du meuble. Plutôt que d’aménager un seul espace, on a mis au point différentes accroches, adaptées aux meubles conçus par les autres groupes, dont la forme varie en fonction de l’usage. Ainsi certaines accroches vont servir de support pour ranger les outils, d’autres vont réunir les différents câbles électroniques, deux accroches et une planche forment une étagère… Cette belle aventure colorée et pleine de galères m’a donné envie d’aller plus loin, et de prolonger cette expérimentation à mon retour à Paris. JP


L’avantage au Mexique, c’est que de gigantesques marchés permettent de trouver absolument tout ce dont on a besoin. On peut aisément se passer des produits de supermarché. En revanche, l’eau courante n’étant pas potable, les bouteilles en plastique sont un véritable fléau, et le tri sélectif n’est pas encore un réflexe pour la plupart des gens, comme

dans de nombreux pays. Heureusement, beaucoup de familles se font livrer de grosses bonbonnes d’eau, en échange de leurs bonbonnes vides. Mais on ne boit pas que de l’eau, et les bouteilles de Coca-Cola sont partout. Mais ça, c’est encore un autre débat. Depuis Mexico, je suivais bien sûr les expériences de Jules à Bruxelles, et nous parlions d’ores et déjà de monter ensemble un projet de recyclage semblable au sien, dès notre retour en France.

MW

Depuis mes 17 ans, je travaille dans des restaurants à Paris en parallèle de mes études. J’ai donc pu comparer le fonctionnement de différents établissements, et je peux affirmer qu’aucun restaurant ne respecte le tri sélectif. Pourtant, leur consommation de plastique et d’emballages est bien plus importante que celle des particuliers, et ils devraient être les premiers concernés par le recyclage de leurs déchets. Par manque de place derrière le bar, la plupart du temps, le plastique et le carton finissent dans la

même poubelle que tout le reste. Parfois, même le verre n’est pas trié, sauf bien sûr, le verre consigné. Heureusement, la majorité des restaurants consomment assez peu de plastique, puisque beaucoup de boissons sont vendues dans des bouteilles en verre. Mais pour toutes les boissons servies «à la verse», bien qu’elles soient minoritaires, c’est chaque jour une énorme quantité de plastique qui ne sera pas recyclée, compte tenu du nombre de restaurants fonctionnant ainsi à Paris. J’ai donc proposé au dernier établissement dans lequel je travaille de me garder son plastique pour

un projet personnel. Établir un partenariat avec les restaurants et bars à Paris, pour récupérer leurs déchets plastiques, serait déjà une belle avancée écologique, et la preuve d’une prise de conscience pour leurs propriétaires. MW

Paris 2021

Paris : un tri bien trop sélectif

la recherche d’une pratique

matière première

En 2019, j’ai eu la chance de passer un an à Mexico DF. Cette année a été un élément déclencheur de mon intérêt pour le recyclage de plastique. J’ai été choquée par la surconsommation d’emballages là-bas, et aussi par le fait que mon entourage n’avait que très peu conscience des problèmes que ça engendrait. A Mexico, il est courant de sortir d’un supermarché avec deux voire trois sacs plastiques pour emballer un seul produit, lui-même suremballé. Il y a même des employés pour ça à la caisse, à qui on laisse un pour-

boire. Il m’était d’ailleurs assez difficile de refuser qu’on emballe les produits, du moins sans paraître impolie: j’ai donc vite pris l’habitude de présenter mon sac en tissu à la caisse, mais je me retrouvais quand même avec des sacs dans mon sac. Comme cela part d’une bonne intention, tout le monde laisse quand même des pourboires.

plastique

Mexico DF : une vraie prise de conscience

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Nos expériences personnelles à l’étranger vis-à-vis du problème lié à la gestion des déchets plastiques, et notre sentiment d’impuissance face au système de tri sélectif français nous ont confortés dans l’idée de travailler sur ce sujet. La découverte de la communauté Precious Plastic a été un élément déclencheur du fait qu’elle met en exergue la possibilité d’agir à notre échelle, et ce avec des moyens relativement accessibles.

Avant d’imaginer un quelconque projet quelle que soit sa forme, des recherches sur ce qui sera notre matière première dans notre activité s’imposent. On distingue deux familles de plastiques : les thermodurcissables et les thermoplastiques. Les thermodurcissables correspondent aux plastiques dont la polymérisation est irréversible, aboutissant à un produit fini qui ne peut plus fondre et donc ne peut plus être transformé. Les thermoplastiques, qui correspondent à 90% des matières plastiques produites, sont les plastiques que

l’on fait fondre puis refroidir, et dont la transformation est réversible du fait qu’ils peuvent êtres fondus et refroidis plusieurs fois. Dans les thermoplastiques, on retient septs familles de plastiques aux usages et propriétés physiques différentes.5

Paris 2021

la recherche d’une pratique

matière première

plastique

émergence d’une volonté

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Le polyéthylène téréphtalate (01 PET) est un plastique très solide utilisé pour la confection de toutes les bouteilles de sodas. On produit également des pots, des sacs, des tapis et des cordes. Depuis peu, le PET est parfois recyclé en fibres pour créer des vêtements.

Le polyéthylène haute-densité (02 PEHD) est un plastique souvent utilisé pour les emballages alimentaires et certaines bouteilles comme celles qui contiennent du lait, de l’huile moteur, du shampoing, du savon, des détergents... Beaucoup de jouets sont également faits à partir de ce plastique.

Le polyéthylène basse-densité (04 PELD) est un plastique utilisé pour produire du film alimentaire, des bouteilles comprimables et des sacs plastiques.


0

Le polypropylène (05 PP) est le plastique le plus utilisé sur le marché. Il est résistant et peut être soumis à de plus hautes températures. On le retrouve essentiellement dans les produits en contact avec la nourriture et la boisson comme les tupperwares, les pots de yaourt, les bouteilles de sirop...

Le polystyrène (06 PS) peut être recyclé mais cela consomme beaucoup d’énergie. Avec, on produit des barquettes de produits alimentaires, les couverts en plastique ou encore la mousse d’emballage...

(07 O) est le code utilisé pour identifier les autres types de plastique qui ne sont pas définis par les autres codes. Les plastiques qui y sont réunis sont généralement bien plus compliqués à recycler du fait qu’ils sont plus difficiles à identifier comme étant recyclables ou non.

plastique Paris 2021

07

la recherche d’une pratique

matière première

Le chlorure de polyvinyle (03 PVC) est un plastique majoritairement utilisé pour produire des tuyaux de plomberie. Il est très toxique et libère du chlorure quand il est chauffé. Non recyclable selon la technique proposée par Precious Plastic.

17


plastique

Propriétés de flottaison 6

Paris 2021

la recherche d’une pratique

matière première

flotte dans :

18

alcool

huile végétale

eau

glycérine

PET

non

non

non

non

PEHD

non

non

oui

oui

PVC

non

non

non

non

PELD

oui

non

oui

oui

PP

oui

oui

oui

oui

PS

non

non

non

oui



Axé sur le recyclage de déchets plastiques sous plusieurs formes (de l’accompagnement au recyclage à la proposition de matériaux biodégradables, ou en adoptant un mode de vie zéro déchets), Precious Plastic fonctionne grâce à sa communauté.

L’objectif est donc de donner les moyens à n’importe qui d’agir à son échelle, de partager les solutions, plateformes et savoirs sur les différentes formes et étapes du process pour engendrer un système alternatif de recyclage à l’échelle globale, via l’accumulation de multiples actions à travers le monde.


On peut ainsi trouver sur le site les plans des quatre machines (et de leurs versions améliorées) permettant le recyclage de plastique, dont les différents fichiers de réalisation (inventaire des pièces nécessaires, découpes laser, dimensionnements...) sont accessibles gratuitement. Des conseils sont également proposés pour les questions de création de différents pôles d’action (sensibilisation, récolte, atelier...), soit tout ce qu’il faut pour débuter de manière autonome.

1

A

2

3

4

5

6

7

8

A

7

12 11 14

10 B

8

13

9

A-A (1:4)

B

A

C

A

15 D

6 3 1

15

2

14

14

Shredding Fixed Knife 6mm

Stainless Steel AISI 304

13

13

Shredding Fixed Knife 5 mm

Stainless Steel AISI 304

12

13

Shredding Knife Spacer 6mm

Stainless Steel AISI 304

11

4

Shredding Knife 3 5mm

Stainless Steel AISI 304

10

5

Shredding Knife 2 5mm

Stainless Steel AISI 304

9

5

Shredding Knife 1 5mm

Stainless Steel AISI 304

8

2

7

2

Shredding BearingSpacer 6mm

6

1

Shredding Framing Lasercutted Left

1

Shredding Framing Lasercutted Right

1

Shredding Shaft

4

Steel

Shredding BearingSpacer 3mm

1

2

2

UCFL204 20mm

5

3

E

Bearing

Stainless Steel AISI 304 32x32

Stainless Steel AISI 304

Hex. 27mm L=320

Steel

Shredding Bracket Bottom

1

Shredding Sideplate Lasercutted

Qty

D

Stainless Steel AISI 304 Stainless Steel AISI 304

Shredding Bracket Top

1

1 Item

C

Steel Steel Stainless Steel AISI 304 Description

Part Number

E

Material

Parts List Dept.

4

Technical reference

Shredder Website

15

F

1

5 2

Created by

Approved by

Document type

Document status

Precious Plastic

Dave Hakkens

Sizes in mm.

Scale 1:4

Title

DWG No.

Shredding Overview

3

4

5

6

V2.0 Rev.

7

F

Date of issue

A3 10-03-2016

Sheet

8

1/11

De plus, qui dit communauté dit échanges entre particuliers. Au-delà des savoirs de base mis à disposition par Precious Plastic, la plateforme facilite également la communication avec d’autres acteurs du recyclage via la «Community Platform», et si l’on veut acquérir rapidement des pièces pour construire une machine, il suffit de se rendre au «Bazar» pour être mis en relation avec tous les particuliers qui produisent et vendent les pièces en question.


https://preciousplastic.com/


plastique

Propriétés physiques

Tm

Tg

Td

Cte

Traction

Compression

°C

°C

°C

ppm/°C

psi

psi

g/cc

PET - téréphtalate de polyéthylène

245 265

73 80

21 38

65

7000 10500

11000 15000

1,29 1,40

PEHD - polyéthylène haute densité

130 137

79 91

59 110

3200 4500

2700 3600

0,952 0,965

75 105

57 82

50 100

5900 7500

8000 13000

1,30 1,58

PVC - polychlorure de vinyle

PELD - polyéthylène basse densité

98 115

-25

40 44

100 220

1200 4550

PP - polypropylène

168 175

-20

107 121

81 100

4500 6000

5500 8000

0,900 0,910

74 105

68 96

50 83

5200 7500

12000 13000

1,04 1,05

PS - polystyrène

Tm : température de fusion cristalline (certains plastiques n’ont pas d’état cristallin et sont dits amorphes) Tg : température de transition vitreuse (le plastique devient friable à cette température) Td : température de distorsion thermique sous 66 psi Cte : cœfficient de dilatation thermique Résistance à la traction : charge nécessaire pour séparer un morceau de plastique Résistance à la compression : charge nécessaire pour écraser un morceau de plastique Densité : masse volumique spécifique du plastique par volume

matière première

Densité

0,917 0,932

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Abréviation - nom complet

Résistance

Propriétés thermiques

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Plastique

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un contexte inhabituel En février 2020, l’épidémie de coronavirus devient une pandémie à son arrivée en Europe. S’en est suivie une situation inédite : un confinement est mis en place dans tous les pays, rendant impossible tout contact avec le monde extérieur, donc inenvisageable toute expérimentation sur un site concret.

garder son plastique... Le confinement nous ayant éloignés du site sur lequel nous devions intervenir, nous avons dû commencer à travailler avec cette nouvelle contrainte. Pour deux d’entre nous, la question du recyclage de plastique a été une première piste. Cependant, expérimenter à distance a été un véritable frein, et nous nous sommes concentrés sur la recherche d’un protocole de récolte à proposer à nos proches, aux autres étudiants, voire à plus grande échelle. Pendant le premier confinement, la consommation de produits frais, du marché par exemple, a été remplacée pour de nombreuses familles par l’achat de produits emballés, facilement nettoyables. Nous devions nous servir de cette opportunité pour sensibiliser au recyclage, surtout parce que notre entourage avait le temps de se préoccuper de sa consommation de plastique, et le temps de trier correctement. Nous avons donc conçu un premier protocole pour permettre à n’importe qui de participer au futur processus de recyclage en commençant par la première étape : récolter et trier son plastique.

Avant de commencer à trier des déchets qui sont voués à être stockés il semble important, pour des raisons sanitaires et d’autant plus en cette période, de les laver. Pour la plupart des déchets un simple rinçage suffit bien que certains devront sans doute être frottés à l’aide d’une éponge voire d’une brosse. Bien entendu, les multiples étiquettes doivent êtres retirées. Ensuite, il est très important d’anticiper le fait que l’association de différents types de plastiques rend tout recyclage impossible: il faut séparer les déchets par type. En effet, ces sept types de plastiques ont des propriétés différentes. Une fois qu’ils sont triés par type, l’idéal est de les trier par couleur, de manière à pouvoir créer des associations colorées plus facilement par la suite. Enfin, tout ce plastique prenant énormément de place, différentes stratégies peuvent être adoptées pour optimiser le stockage : compresser les contenants quand c’est possible, les découper pour pouvoir les emboîter les uns dans les autres... Tout ce qui est possible pour gagner de l’espace et ne pas être submergé. Tout ce protocole a été présenté sous forme d’un flyer De la rue à la rue (cf. annexe page 116).


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PET

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plastique

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De notre côté, nous avons commencé à garder tout notre plastique, en vue de pouvoir expérimenter la transformation de cette matière après le confinement. Cela nous a également permis de nous rendre compte de la quantité de plastique consommée par une famille, du premier confinement à la fin du deuxième.

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... en confinement

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matière première la recherche d’une pratique Paris 2021

encombrants :

Qu’ils fassent partie d’un rituel, soient relatifs à un souvenir ou ne répondent qu’à leur fonction première, toutes sortes d’objets envahissent le Logement. Dans cette société de consommation insatiable, la plupart de ce que l’on achète est destiné à être jeté, ces objets deviennent dès lors des déchets encombrants.


Pour ma part, le premier confinement s’est résumé à ça : trier, jeter, trier toujours. Dans l’appartement familial parisien c’était la même journée qui se répétait, encore et encore. Un réveil avec un soleil éclatant, suivi immua-

encombrants

Le journal télévisé nous rappelait notre triste réalité, les cours à distance, les rendez-vous sur Zoom, yoga, cuisine… Souvent nous avons dû faire face à nos intérieurs, et puisque nous en avons eu le temps, on a rangé, trié, rénové et même parfois tout changé.

C’est du besoin de rationalisation de ce chaos que semble nécessaire la compréhension de ce qui fait nos objets et leur valeur. Pourquoi nous les achetons ? Pourquoi nous les gardons ? Et surtout pourquoi nous les jetons ? Qu’est-ce que c’est que posséder un objet aujourd’hui ? Quels objets sont jetés, et pourquoi ? La démarche présente s’attache à comprendre ce qui forme les Encombrants de Paris, ces objets de rue, matière de réemploi. LM

matière première

Confiné. Confiné seul, ou à plusieurs. Confiné dans un petit appartement parisien, ou une grande maison de campagne. On a fait passer le temps.

Perdue dans ce chaos d’objets divers : vêtements d’enfants et d’adultes, jouets, meubles, souvenirs, papiers, cahiers d’école, livres d’enfants, jeux de société, câbles électriques variés, chaussettes orphelines… Je m’aperçus que nous n’avions l’usage d’aucun d’entre eux depuis des années, et cependant aucun n’avait vraiment sa place dans une poubelle. Je m’acharnais à trier jour après jour. Entre déchetterie textile, déchetterie électrique, et benne papier. Braderie d’objets en tout genre sur le bon coin. Attente désespérée de la réouverture des Encombrants de la ville de Paris. Confinée dans cet appartement, reflet des dérèglements de notre société, le foyer familial n’était alors pour moi qu’une Monster House prête à me dévorer. J’avais sous les yeux tous les excès ménagers d’une

famille française lambda sur 20 ans. Je voyais ce que chaque foyer semblable doit consommer mais probablement aussi jeter au fur et à mesure. Ici, tout était là, prêt à m’engloutir.

la recherche d’une pratique

La crise sanitaire a conduit la France, comme beaucoup d’autres pays, à mettre en place un confinement total. Une situation inédite et brutale, durant laquelle chacun a dû observer la sinistre règle du «rester chez soi».

blement du tri des choses accumulées par la consommation débridée d’une famille française moyenne avec trois enfants entre les années 90 et 2010. Et ce jusqu’au glas des applaudissements de 20 heures tapantes.

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Monster House

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accumulation Dans la société contemporaine on ne peut nier la tendance de l’Homme à la consommation de produits et d’objets variés. Cette consommation croissante va de pair avec une démographie en croissance constante. Les populations des grandes agglomérations compactes et denses comme Paris vivent dans des espaces de plus en plus restreints tout en consommant et accumulant toujours plus d’objets. La densité de population concentre des flux de matières importants et donc des flux de déchets importants eux aussi. Dans ce contexte, nous avons exploré et étudié la matière qui compose l’essentiel de l’environnement de nos logements : les objets. Quand ces objets divers et variés deviennent trop vieux, obsolètes, cassés ou tout simplement démodés, ils deviennent des «déchets encombrants» qui décorent les trottoirs de la métropole en attente d’une collecte et d’un possible recyclage. Remonter au questionnement et à la compréhension du rapport entretenu avec les objets que l’on possède permet de comprendre les origines et la composition de «tout ce dont on se débarrasse et qui rejoint les cimetières surchargés de ce qui n’est plus désiré».1

objet du 21ème siècle Le confinement du printemps 2020 a été l’occasion de s’intéresser de près aux objets qui composent, organisent nos logements et influencent nos manières d’habiter. Ici, le terme objet définit une chose concrète, perceptible par la vue et le toucher. Une chose solide considérée comme un tout, fabriquée par l’homme et destinée à un certain usage. Quel est l’objet que l’on possède depuis le plus longtemps ? Celui auquel on tient le plus ? La dernière chose que l’on a jetée ? La réalisation d’Interview Confinés puis d’Interview Déconfinés (cf. annexe p.118-119) basée sur ces simples questions interroge sur la place de l’objet dans notre habitat, dans nos vies et dans notre société. Ces interviews ont permis de mettre en évidence les différents usages ou catégories auxquels nos objets appartiennent. Le but étant d’obtenir une compréhension fine de la relation que nous entretenons avec ces objets, qui composent et organisent notre quotidien, et ainsi de comprendre ce qui définit qu’un objet est ob-

solète ou, au contraire, précieux pour son propriétaire. Les objets de notre quotidien se rattachent à de nombreux usages et sous-usages. Objets à usage pratique, ou de distraction et de loisir. Objets à valeur esthétique, ou sentimentale car rattachés au souvenir. Objets rituels du quotidien, ou encore objets qui renvoient à une situation de partage, etc. Par exemple, une chaise initialement conçue comme assise, peut finalement avoir un usage décoratif, voir finir en portemanteau. On peut aussi évoquer certains objets que l’on a achetés pour leur prix, présenté comme étant très attractif, plus que par réels besoin ou envie. Ce sont là des objets de pure consommation qui nous donnent le sentiment d’avoir fait une affaire.

esthétisme industriel. Du disque vinyle qui, en plus de créer un moment de musique, se rattache lui aussi à un esthétisme vintage très appréciable, en passant par la table à manger qui, au-delà de son usage premier, renvoie au souvenir des dîners et moments de partage passés.

On remarque globalement que les objets que l’on apprécie le plus ou que l’on possède depuis le plus longtemps répondent à plusieurs usages. Ces usages viennent se cumuler les uns aux autres pour former un objet important à nos yeux. Du vieux ballon de foot à usage de loisir qui nous renvoie au souvenir des jeux de notre enfance, à la cafetière italienne qui fait partie d’un rituel plaisant du matin et que l’on apprécie aussi pour son

La compréhension fine de ces différents mécanismes permet de mettre en relief ce qui fait qu’un objet compte vraiment pour nous. Il s’agit aussi de comprendre comment tendre à une sobriété de consommation pour pallier l’accumulation de matières dans nos logements et de déchets dans nos villes. Finalement, il s’agit de considérer comment posséder mieux pour posséder moins.

L’addition de différents usages pratiques et affectifs forme des objets à caractère plus immuable, unique et plus difficile à remplacer. Ce caractère unique que peut avoir un objet, que ce soit par son histoire, sa rareté ou bien par son esthétisme, permet de lui donner une valeur ajoutée. Cette valeur sort certains objets du schéma d’obsolescence, de déchet et de consommation nouvelle de l’économie linéaire.


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la recherche d’une pratique

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usages

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encombrants de Paris L’accumulation d’objets rapidement obsolètes dans leur usage conduit à une accumulation de déchets. Ces objets obsolètes deviennent souvent des objets de rue, déchets encombrants qui une fois expulsés de nos logements, attendent patiemment le passage «des Encombrants» de la ville de Paris. Selon les sites d’entreprises de traitement des ordures ménagères et de valorisation des déchets ménagers et assimilés parisiens, les objets encombrants, collectés sur demande en porte à porte ou en apport volontaire en déchetterie, transiteraient par un centre de tri d’encombrants pour y être séparés par matériaux puis recyclés. Selon ces entreprises, «le bois est transformé en panneaux de particules pour l’ameublement. Les ferrailles servent à fabriquer des pièces métalliques. Les cartons et papiers sont recyclés en nouveau carton. Les matelas permettent de fabriquer de l’isolant pour le bâtiment ou des tapis de sport».2

réemploi Le «recyclage» est-il toujours la bonne solution ? Outre l’énergie des flux de transports et les émissions de gaz à effets de serre occasionnées par le processus de recyclage, on constate ces dernières années que l’acte du recyclage est parfois inefficace à lui seul face à la masse trop importante de déchets à traiter. Dans de nombreux cas, dont celui des déchets encombrants de nos villes, il semble que la solution de la récupération et du réemploi soit à développer pour éviter le coût que représente le recyclage dans le meilleur des

cas, ou dans le pire, l’incinération ou l’enfouissement en décharge. Le terme réemploi fait son apparition pour la première fois dans un texte de droit relatif à une directive européenne de 2008. Cette directive cadre visait à promouvoir «l’économie du recyclage» et établir une «hiérarchie des modes de traitement des déchets».3 Il en résulte que le réemploi est estimé comme deuxième dans cette hiérarchie des modes de traitement des déchets, après la prévention des déchets, mais avant le recyclage. Bien que le réemploi permette d’éviter la consommation d’énergie pour les transports ainsi que

la transformation et la standardisation des matériaux recyclés, ce processus est peu utilisé, contrairement au recyclage. Il est sans véritable existence juridique et appelle à se développer pour devenir plus systématique dans les modes de traitement des déchets.



Née en 1987, LOR-K est une street artiste et plasticienne française. Elle crée des sculptures de rue éphémères, entre Paris et Berlin, récupère des encombrants, les modifie et les ré-abandonne sur leur lieu de trouvaille, en questionnant nos habitudes de consommation A partir de ces déchets urbains, elle réalise plusieurs types de projets, amenés à disparaître au rythme de la ville. Dans la rue, les projets se matérialisent sous forme de sculptures où l’objet et l’espace sont dépendants l’un de l’autre.

Ancrée en un lieu, un temps et un contexte précis, chaque création urbaine est amenée à disparaître dans le rythme des villes investies. En atelier, Lor-K conserve des photographies, des prototypes, des vidéos, des sculptures manipulables ou encore des écrits qui permettent de retranscrire le processus de création en lieu d’exposition. Objecticide :

Ce projet nous confronte à la vie de nos objets, à l’obsolescence programmée. LOR-K fait figurer leur mort par un travail plastique à partir de peinture acrylique rouge. «Les objets, toujours sélectionnés pour leur bon état, sont repérés dans la rue et directement charcutés sur le lieu de trouvaille. Initialement en parfait état, le choix de la plaie reste alors totalement libre, laissant ainsi place à une part d’improvisation décisive et directe.»


Consommas : «Dans les villes urbanisées, la consommation de masse domine et organise nos vies. Entre hyper consommation et gaspillage, l’équité mondiale des productions alimentaires est loin d’être acquise.» Le projet Consomas évoque la surconsommation des ménages. Loin d’être tous égaux face au choix de notre alimentation, le frigo et le caddie pleins sont, aux yeux du monde, des images idéalisées d’une classe sociale aisée.

LOR-K est partie à la recherche de caddies et réfrigérateurs abandonnés dans les rues, pour les remplir d’emballages récupérés sur les trottoirs, en reconstituant une forme d’accumulation. L’ensemble est recouvert de couleurs vives faisant ainsi contraste avec les teintes bétonnées de nos villes.


https://www.lor-k.com/


encombrants En effet, d’un quartier à l’autre, les encombrants ne seront pas les mêmes puisqu’ils sont le reflet de la consommation de ses habitants. Ces objets, de par le fait qu’ils ont été à la rue, ont une histoire qui leur est propre et qui les amène déjà à une plus-value d’usage. C’est une matière inerte

matière premiere

A la manière de Lor-K, le respect de l’objet dans son environnement de rue et la mémoire de sa situation, retranscrits par les médias de la photo et du plan permettraient de considérer les encombrants comme matière première, ayant déjà une plus-value de l’unique. La rue transforme ces objets obsolètes de production de masse, en matière unique prête à être valorisée et réemployée, tant par leur esthétisme que par la créativité qu’ils éveillent. Ainsi les encombrants peuvent être une opportunité pour un design écologique, une recherche esthétique contemporaine marquée par le contexte socio-économique qui leur est propre.

la recherche d’une pratique

Dans cette société de crise de la matière et d’accumulation de déchets, ces objets de rue, encombrants métropolitains, pourraient êtres considérés comme matière première prête à être réinjectée dans une économie circulaire. Cette matière constituée par les objets de rue a une histoire et une identité qui lui sont propres, proches de la société et de son territoire.

et une matière d’usage unique qui sont la source d’une opportunité créative et semblent tout particulièrement adaptées au réemploi.

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nouvelles pratiques urbaines :

Des lieux infinis tels que la Station Gare des Mines fleurissent dans nos métropoles et sont la source d’espaces d’émergence de nouvelles pratiques culturelles, économiques et sociales.


En effet selon le philosophe François Dagognet 2 le terme “déchet” n’aurait été introduit en France qu’au XVème siècle. L’histoire des déchets fait l’objet de nombreux travaux de recherches et notamment ceux effectués par la professeure, chercheuse et ingénieure Sabine Barles.3 Elle s’intéresse notamment aux flux de matières et d’énergie en-

d’épidémies, puis, à partir de la seconde moitié du XXe siècle, le développement du marketing, du design et de l’accélération du rythme de renouvellement des produits».5

L’économie circulaire n’est donc pas apparue à une certaine époque mais descend plutôt de considérations anciennes ou de redécouverte de modèles anciens. Pour les historiens, l’économie circulaire serait en fait le premier modèle économique. Le passage de l’économie circulaire à l’économie linéaire serait récent et relié à différentes évolutions historiques. «Le progrès technique qui permet de mettre au point de nouveaux matériaux aux performances supérieures, le développement de l’hygiénisme à la fin du XIXe siècle qui met au ban les déchets comme la cause

Ainsi, l’économie circulaire telle qu’elle est définie ici s’inspire d’un modèle beaucoup plus ancien, sans pour autant proposer un retour en arrière comme moyen de la mettre en œuvre. En France, l’économie circulaire s’est progressivement institutionnalisée. Depuis 2015, elle commence à s’incarner dans le cadre politique français, grâce à la loi sur la transition énergétique. Plus récemment Michael Braungart et William McDonough popularisent le concept d’économie circulaire grâce à la parution de leur livre manifeste Cradle to Cradle6 : créer et recycler à l’infini.

économie circulaire

L’article L’économie circulaire : mise en perspective historique et enjeux contemporains du professeur Franck Aggeri expose la corrélation entre le modèle de l’économie linéaire, l’essor de la société de consommation et la production de masse après la seconde guerre mondiale. «Des formes d’économie circulaire existaient depuis toujours, comme des travaux historiques l’attestent. La réparation, le recyclage, le réemploi, la réutilisation étaient des pratiques courantes jusqu’au milieu du XXe siècle».1

trants, internes et sortants des villes, qu’elle appelle métabolisme urbain. A cause de ce dernier, l’empreinte écologique des villes dépasserait largement leur territoire. Plus récemment ses travaux sur l’histoire des déchets urbains (flux sortants de la ville) confirment que la présence des déchets est relativement récente dans nos villes.4

lieux d’émergence

origine

tection de la biodiversité et un développement propice au bien-être des individus». Enfin dans un article du Dictionnaire de la pensée écologique de Dominique Bourg et Alain Papaux écrit par François Grosse ce modèle économique apparaît comme difficile à définir de manière précise. Il est finalement présenté sous forme de plusieurs opérations : la minimisation des ponctions à la biosphère, la maximisation du recyclage et l’optimisation par la surveillance d’indicateurs économiques.

la recherche d’une pratique

L’économie circulaire est reconnue comme l’un des objectifs de la transition énergétique et écologique. C’est un nouveau modèle économique développé en réponse aux enjeux de la crise écologique et économique, à la question des ressources, des déchets, de l’énergie et des pollutions diverses. Il n’a pas encore de définition unique et établie. Cependant trois définitions en particulier se distinguent des autres et permettent de rendre intelligible ce modèle économique. D’abord, l’association Orée présente l’économie circulaire comme une «économie globale

systémique et intégrée» fondée sur trois champs : L’écoconception et l’économie de la fonctionnalité, le recyclage et la valorisation, l’écologie industrielle et territoriale. Le livre de Vincent Aurez et de Laurent Georgeault, Économie circulaire, systèmes économiques et finitude des ressources, développe aussi une définition de ce terme. Ce modèle serait «un principe d’organisation économique qui vise à réduire systématiquement la quantité de matières premières primaires et d’énergie à tous les stades du cycle de vie d’un produit ou d’un service, et à tous les niveaux d’organisations d’une société, en vue d’assurer la pro-

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terme général

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économie circulaire lieux d’émergence la recherche d’une pratique Paris 2021 44

Cradle to Cradle Cradle to Cradle signifie en anglais, du berceau au berceau. C’est un concept développé par Michael Braungart, chimiste allemand et William McDonough, architecte américain au début des années 1990 et popularisé par la publication de leur livre manifeste en 2002. La mise en application de ce concept permettrait de supprimer les déchets et de produire uniquement des biens durables. Dans leur livre les deux auteurs décomposent et analysent les systèmes industriels caractéristiques de la révolution industrielle du XIXème siècle à nos jours pour repenser l’ensemble des processus de production. Selon eux, l’essentiel des produits que nous achetons, ont un destin commun : la poubelle. Cela ne serait pas seulement dû à la qualité de ces derniers mais bien parce que leur composition est faite de matériaux extrêmement difficiles à remettre dans l’environnement. Cradle to Cradle nous explique que le modèle écologique des trois R : Réduction, Réutilisation et Recyclage n’est pas assez efficace. Il assurerait l’illusion d’une amélioration. Le recyclage classique par exemple ne permet pas dans la majorité des cas de retrouver la qualité initiale du matériau. La conception du recyclage ne serait pas assez bien pensée. Braungart et McDonough prennent l’exemple de l’acier recyclé provenant des voitures. Lors du recyclage, cet acier est souvent mélangé avec des morceaux d’autres matériaux provenant de la voiture.

L’acier résultant de ce recyclage est moins solide qu’il ne l’était initialement. Il a perdu en qualité au fur et à mesure des recyclages, et finit donc par devenir un déchet. Les auteurs appellent ce recyclage le downcycling, en français le décyclage. Selon eux, il faut supprimer le système produit-déchet et faire place à une approche produit-produit : le modèle du berceau au berceau. Ils imaginent, pour que cela fonctionne, un système industriel où tous les matériaux sont biodégradables. Nous produisons des déchets parce que nous ne faisons pas de distinction entre les matériaux biodégradables et les matériaux dits techniques : «Les produits peuvent être créés soit à partir de matériaux biodégradables qui nourriront des cycles biologiques, soit de matériaux techniques qui demeureront dans des cycles techniques clos, et au sein desquels ils circuleront indéfiniment en tant que matériaux précieux de l’industrie».7 Le modèle Cradle to Cradle propose une conception et une production (produits, services, bâtiments, etc) basées sur le cycle de la nature qui permettraient de concevoir sans déchets, sans risque de pénuries, et sans limites.


Dans un monde principalement motivé par une croissance rapide et des impératifs d’innovation, l’industrie de la construction est l’un des plus grands producteurs de déchets. L’expansion orientée vers le progrès et tournée vers l’avenir, perpétuée par le modèle occidental, nous mène aujourd’hui à une Terre épuisée et une planète endommagée. Les pratiques spatiales ont longtemps été complices de la croissance

Dans la perspective d’une architecture qui aspire à se réinventer entre contraintes environnementales, économiques et nouveaux usages, nous explorons les questions du réemploi et du matériau en tant que stratégies de création: comment retranscrire ces nouvelles approches en pratique ? Nous considérons donc que les matières présentes en abondance dans nos villes telles que le plastique et les encom-

lieu participatif

Dans la mesure où sa définition n’est pas encore établie précisément, l’emploi du terme d’économie circulaire est plus malléable. Selon Bignier, l’architecte tiendrait un rôle aussi important que celui de l’économiste dans la projection d’une économie circulaire. «Si celle-ci est un modèle qui se conceptualise autant qu’il se construit, qui s’invente en même temps qu’il s’organise, alors l’architecte qui projette (…) par ses plans (…) semble aussi bien placé qu’un économiste pour affronter cette question».1

Dans ce contexte de raréfaction des ressources primaires et de finitude de l’espace urbain, il s’agit pour nous, architectes, de s’interroger sur la place de l’architecture dans notre société. Comment l’architecte et l’architecture agissent-ils dans la société du début du XXIème siècle de manière responsable ? Pour aborder ces questions sociétales nous inscrivons notre démarche dans une remise en question des manières de penser et de concevoir du XXème siècle. Il s’agirait de créer un espace de production créative dans le domaine du design et de l’architecture, basé sur le modèle d’économie circulaire.

brants ou les déchets issus de la construction par exemple, ne sont plus des déchets à évacuer de nos villes mais bien une matière première à réinjecter dans une économie qui, de fait, serait circulaire.

lieux d’émergence

«Et si l’économie circulaire était elle-même une Architecture ?». Cette question est posée par Grégoire Bignier dans son livre, Économie circulaire, ce que l’économie circulaire fait à l’architecture.

rapide et de la production d’espace, induit en premier lieu par la recherche du profit. Aujourd’hui, le secteur de la construction témoigne d’un déséquilibre flagrant entre énergie et matière consommées, et sa capacité à les réutiliser.

la recherche d’une pratique

architecture et design d’aujourd’hui

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Le constat des différentes formes de déchets en abondance dans nos villes et l’idée qu’ils pourraient constituer une matière première pour de nouveaux modes de conception nous amènent à deux actes fondateurs. D’une part la création d’un lieu qui permettrait l’émergence des conceptions et des productions que cette «nouvelle matière» liée aux différents modes de traitement des déchets implique. D’autre part une réflexion sur nos conceptions et pratiques, en tant qu’architectes mais aussi en tant que citoyens.

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lieu participatif lieux d’émergence la recherche d’une pratique Paris 2021 46

concevoir autrement Notre projet consisterait à aménager et mettre en œuvre un atelier de design et d’architecture qui s’inscrirait dans une démarche de recyclage et de réemploi de nouvelles «matières premières» : un Laboratoire de rencontre entre le design, l’architecture et les modes de traitement des déchets générés par nos villes. Il s’agit de créer un lieu propice à la réutilisation de ces déchets en les associant via un processus de création : partir d’opportunités pour arriver à un nouveau design. La créativité ne découle plus uniquement du dessin d’un individu sur une page blanche mais de la capacité à considérer les problématiques contemporaines comme des opportunités : la contrainte peut être génératrice. Nos déchets seraient une opportunité pour proposer une architecture et un design responsables, une nouvelle forme d’esthétisme, basée sur la résolution des défis du XXIème siècle. Les processus de création devraient pouvoir évoluer afin d’accompagner pleinement une révolution de nos modes de production. La production d’un design et la réutilisation de nos déchets à petite échelle ne sont cependant pas suffisantes pour répondre aux défis contemporains : nous devons faire converger cette pratique avec d’autres données, afin d’élargir l’impact de notre action. L’atelier doit permettre la pratique de l’ensemble des modes de transformation des déchets produits par la ville. Ce design d’opportunité n’est pas une finalité en soi, c’est une porte d’entrée vers une manière de penser autrement nos ressources et nos processus de conception. Nous ne sommes pas uniquement à la recherche d’un résultat, mais bien d’un dispositif alimenté par une réflexion, qui tirerait le meilleur parti des circonstances actuelles et permettrait de sensibiliser à la matière qui nous entoure.

En effet, nous devons considérer l’aspect social comme un élément structurel du projet. Cet atelier doit être participatif, ouvert à tous, et mener des actions de sensibilisation, pour voir émerger un nouveau mode de pensée, à plus grande échelle. Comment une micro action, c’està-dire la mise en place de cet atelier à la Station, peut-elle avoir un macro impact, à l’échelle d’un groupe d’individus, voire d’une population? Comment développer ce mode de pensée et dans quel but ? Pourquoi une démarche comme celle-ci ne suffit pas, et est difficile à mettre en place ? Quelles sont les raisons qui nous poussent à l’action ?



Le Projet Making Futures est lancé en 2018 dans le cadre d’une coopération entre le collectif d’architectes, d’urbanistes et d’artistes «Raumlabor» et l’Université des Arts de Berlin à l’occasion du centenaire du Bauhaus. Making Futures BAUHAUS + est un projet de recherche et d’action qui aborde les questions de l’architecture comme forme collective. Le Projet fonctionne comme une unité de recherche expérimentale qui fait progresser les voies futures de la pratique et de l’enseignement de l’architecture. Making Futures BAUHAUS + devient un programme d’apprentissage public qui explore en permanence les futurs modes de pratique architecturale et urbaine. Ce projet s’étend dans le temps et dans l’espace. La Floating University Berlin (avril-septembre 2018) et trois ateliers mobiles à Istanbul (septembre 2018), Palerme (octobre 2018) et Thüringen (mars 2019) constituent le projet dans le cadre d’un format réflexif et axé sur la pratique. En Septembre 2019 Making Futures prend la forme d’une académie d’été à la Haus der Statistiks à Berlin. La Making Futures School explore les formes de coopération productive, d’échange, de solidarité et de vie. L’école travaille à la construction d’alliances et à l’établissement de liens transversaux avec des personnes, des disciplines, des institutions et des territoires qui transcendent les frontières du monde universitaire et dépassent les frontières de l’Europe. Making Futures adopte le parti pris que le changement social ne peut pas être limité à un petit nombre dispersé, mais doit plutôt se manifester dans le cadre d’un système plus large et synergisé. Le collectif Making Futures BAUHAUS + explore l’architecture en tant que ressource. Cela implique de s’intéresser à des dynamiques de plus longue durée, telles que le réemploi, l’entretien des productions et la reproduction de l’espace. L’architecture doit être pensée en tant que forme collective qui réunit le culturel, le social, l’économique et le politique. Pour penser notre environnement bâti au-delà des dichotomies obsolètes telles que public et privé, vivre et travailler, urbain et rural le collectif crée la Making Futures School.


La Making Futures School est une académie d’été des pratiques spatiales. C’est un environnement d’apprentissage non disciplinaire qui propose, conçoit, construit, négocie, entretient, exécute et célèbre un espace éducatif et convivial dans et autour de Haus der Statistik à Berlin. La Haus der statistik ou HDS est un complexe de bâtiments à Berlin. Il a été construit en 1968-1970 comme siège de l’Administration centrale des statistiques de la RDA. Après la réunification, les autorités allemandes ont utilisé les bâtiments, mais depuis 2008, ils sont vides. En 2015, l’initiative Haus der Statistik, un groupe d’artistes, d’architectes et de politiciens engagés, a empêché la vente de l’immeuble à des investisseurs qui envisagaient un projet de démolition. Le bâtiment a été acquis par l’État de Berlin à la Bundesanstalt für Immobilienaufgaben (BImA) fin 2017 afin de mettre en œuvre le projet modèle, qui est orienté vers le bien commun.Cela a ouvert la voie au développement du site dans l’intérêt public. Un nouveau bâtiment de 65 000 m2 offrira un espace pour l’art, la culture, les affaires sociales et l’éducation, des logements abordables et un nouvel hôtel de ville à usage central et administratif. Cette académie vient se positionner en fracture avec la philosophie néolibéraliste et la tradition d’un «architecte héros» individualiste. Making futures se donne comme mission d’agir ensemble et d’agir maintenant. Ce projet se situe dans la continuité de l’école du Bauhaus. Cette célèbre école de pensée avait déjà à son époque développé une thèse marquante sur la place de l’architecture et de l’architecte dans la société du début du XXè siècle. Aujourd’hui Making Futures s’interroge de nouveau sur la place de l’architecture et de l’architecte dans notre société. Ainsi comment l’architecture et l’architecte agissentils dans la société du début du XXIè siècle d’une manière responsable ? Pour le collectif cette question mène à une double perspective. Voir d’une part l’architecture comme forme collective et d’autre part comme une ressource à examiner par le prisme de l’éducation et des nouvelles et futures pratiques spatiales.


Pour répondre à ces questions émergentes la Making futures School est le théâtre de coopération productive, d’échange, de solidarité et de vie. En situant l’École dans un chantier vivant que forme la Haus Der Statistik, Making Futures School s’imprègne de la transformation d’un bâtiment, qui à son tour donne l’impulsion à d’autres processus de transformation de soi et aussi en tant que corps collectif. Cette école est constituée de plus qu’un simple programme d’études prédéterminé. Elle développe son style et son rayonnement par la remise en question permanente de sa mission. De plus la considération de la nature de sa propre écologie et les ressources du contexte dans lequel elle se situe sont au cœur du fonctionnement de la Making Futures School. Dans cette réflexion de manifestation et de représentation Making Futures school a un fonctionnement qui lui est propre. Ce fonctionnement est construit sur le fait que donner une conférence, préparer un repas ou encore construire un banc deviennent des actes d’égale importance. L’intention est de créer une structure de soutien et, ensemble souhaiter que cette forme ouverte permette à l’impensable et à l’improbable d’émerger tout en offrant un environnement accueillant, nourrissant et épanouissant. La Making Futures School se présente en tant que «Space Of Emergence», Espace d’émergence. Un lieu où le collectif prend le pas sur l’individualisme par le biais de la pratique et du vivre ensemble. Un espace où l’imbrication des problématiques écologiques, économiques et sociales sont au cœur des réflexions pour relever les défis de notre époque.




En 2018, La Floating University de Berlin a été créée par Raumlabor en tant que laboratoire temporaire du centre-ville pour un apprentissage collectif axé sur la pratique et l’échange transdiciplinaire. La zone, qui a été conçue comme un bassin de rétention des pluies au début des années 1930, desservait l’aérodrome de Tempelhof et les rues adjacentes et est encore aujourd’hui une infrastructure entièrement fonctionnelle. Après avoir été inaccessible au public pendant plus de 60 ans, une multitude d’animaux, de plantes et d’algues ont pris racine et créé un paysage unique : un environnement artificiel régénéré par la nature. Ces entités cœxistent et forment une culture naturelle ou un troisième paysage. Après la fermeture de l’aéroport de Tempelhof en 2008, le plan de développement urbain de la ville a proposé que le bassin soit déplacé en tant qu’étang dans la zone restante du parc de 300 hectares. Lors du référendum de Tempelhof en 2014, cependant, les Berlinois ont voté contre les plans de la ville et ont empêché tout type de construction sur l’aérodrome. Le résultat de ce référendum a non seulement protégé l’espace vert unique du centreville, mais aussi le bassin. Au cours de l’année de fondation de la Floating University, un grand nombre de visiteurs ont participé à des degrés divers aux activités sur place, créant un écosystème unique. Le programme a consolidé un réseau d’acteurs qui ont décidé de poursuivre l’expérimentation vers la fin de 2018 en passant d’un projet «temporaire» à une association : The Floating University. En solidarité avec l’histoire du lieu et avec la connexion de récits alternatifs pour le développement urbain, le Floating situe sa mission : l’ouverture, la préservation et l’entretien de ce lieu unique en proposant des programmes publics non disciplinaires, radicaux et communautaires. En d’autres termes : un lieu où l’on apprend à agir, à accepter et à voir à travers la complexité et les enchevêtrements du monde et à imaginer et créer d’autres formes de vie.


https://www.making-futures.com https://www.floatinguniversity.org


Nous souhaitons permettre à quiconque de réaliser ses propres expérimentations, et voir intervenir de nombreux acteurs dans cette démarche, que ce soit pour collecter le plastique et les encombrants, pour les transformer voire pour faire évoluer l’atelier ou encore pour sensibiliser : générer une amélioration collective en réponse aux défis de notre époque. Un projet collectif permettrait à beaucoup plus de gens de réaliser leurs projets et donc de faire face à leur sentiment d’incapacité face à l’ampleur du problème. L’urgence d’agir et de modifier nos modes de vie, de produc-

Ce mode de pensée du «perdu d’avance» pourrait trouver sa solution dans un atelier participatif, dans le sens où nous pouvons amener une certaine conscientisation en mettant en évidence les résultats de notre démarche : évaluer la quantité de plastique nécessaire à la construction d’une certaine quantité de matière première par exemple, permettrait de faire face à la pensée des «obscurantistes sécurisants»3 selon laquelle, il n’y a rien à faire et le problème n’est pas si grave. Déjà en 1979, Paul-Emile Victor, grand explorateur, dénonce cette déresponsabilisation générale de l’humanité: «Or, mon impression, c’est qu’en dehors des problèmes de solutions techniques, la plupart des choses qui nous arrivent aujourd’hui, évidemment pas les cyclones, mais bien d’autres choses encore, est la faute de l’homme ! De ses excès et des individus, des personnalités. (...) la grande erreur, je pense, que l’homme fait, est de penser que ce qu’il fait, LUI, n’a pas d’importance. Qu’il n’y peut rien. Le

lieu participatif

Cet atelier participatif pourrait pallier la déresponsabilisation générale sur les questions environnementales : proposer d’agir ensemble plutôt que de ne pas agir, et donc faire face à l’àquoi bonisme, mode de pensée face aux événements extérieurs qui consiste à douter de l’utilité d’agir, et qui tend à se rapprocher du je-m’en-foutisme.2

Il est primordial de garder à l’esprit que le recyclage et le réemploi ne sont pas une réponse au problème mais bien des moyens, des alternatives possibles, à inscrire dans une démarche qui commence par une remise en question de notre propre consommation : l’objectif est de montrer que le processus de transformation des déchets est complexe et insuffisant à lui seul pour répondre aux enjeux actuels.

lieux d’émergence

L’ensemble des métiers semble devoir se réinventer et cette notion est de plus en plus présente dans les processus de création. Si on considère que l’architecte peut agir sur la conscientisation de la population et l’évolution de nos modes de vie, ce lieu se doit de ne pas être qu’un simple atelier de design de réemploi. Il se doit d’être un lieu participatif et un «espace d’émergence». Outre la recherche d’un nouvel esthétisme et d’un design en adéquation avec les défis de notre époque, il convient de se demander comment agir à l’échelle de la société. Rendre cet atelier participatif et ouvert à tous permettrait de voir émerger des projets d’autres personnes, qui ne seraient peut-être pas passées à l’action. Avant de pouvoir expérimenter, nous avons dû construire cet atelier puisque nous ne connaissions pas de lieu pouvant recevoir nos propres expérimentations de matière.

Or l’action collective et l’opportunité d’agir au sein d’un organisme, d’une association, donc au sein d’un groupe d’individus, peut faire émerger un sentiment d’appartenance, des idées, de l’entraide, et donc de l’action.

«à quoi bonisme» dont je parle, c’est quand l’homme pense que ce sont les autres qui devraient faire quelque chose d’abord. Et les gouvernements, les Etats en particulier. Or, ça commence par lui !» Emission «Aujourd’hui madame», 1979.

la recherche d’une pratique

Aborder le renouvellement de nos modes de conception et de création à travers la production d’un design d’opportunité est-il suffisant ? La certitude qu’une révolution écologique va de pair avec une révolution économique et sociale a fait ré-émerger la notion d’économie circulaire.

tion et de consommation est aujourd’hui dans la plupart des consciences. Cependant, un sentiment latent d’impuissance de l’individu face à ce défi de société semble omniprésent et freine les actions individuelles. Pour un tel changement dans notre société, l’action isolée, aussi noble soitelle, semble insuffisante pour beaucoup et l’idée d’agir rejoint relativement vite l’inaction.

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la déresponsabilisation des individus

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SPACE OF EMERGENCE STUDIO 4011 : «The Walk of Emergence» fit l’ouverture du semestre d’été 2019 du studio 401 de l’Universität der Küste, l’université d’art de Berlin (UdK). Ce studio encadré par Markus Bader et Anna Fhjhyusjd était intitulé «Space Of Emergence», une expression qui laissait bon nombre de mes camarades, et moi-même, perplexes. Cette promenade initiale de 19 km nous a fait traverser Berlin et nous a conduits vers plusieurs lieux dits d’émergence du passé et du présent : du ZUsammenKUNFT, un ancien hôtel qui s’est transformé en résidence pour réfugiés et en ateliers d’artistes, à la «Floating University» qui sera un lieu récurrent de ce semestre. Nous avions aussi fait une halte au studio d’urbanisme «Teleinternetcafe», où nous avons vu les premiers plans pour la «Haus der Statistik», un gigantesque bâtiment de 65 000m2 situé au cœur de la capitale allemande, à Alexanderplatz. Ce bâtiment, souvent appelé HDS, abritait anciennement la maison des statistiques de la RDA, avant d’être laissé à l’abandon pendant plusieurs années après la chute de ce régime. La HDS a finalement été sauvée de la destruction par des collectifs d’artistes, d’architectes ainsi qu’une initiative citoyenne, la «Bürgerinitiative», et fait aujourd’hui l’objet de nombreux projets. Un des plus récents projets fut celui de notre studio, puisque ce bâtiment chargé d’histoire a été notre propre «espace d’émergence» ce semestre. Notre studio avait pour but la création d’infrastructures dans la HDS pour accueillir la «Making Futures School» qui a commencé son premier cycle en septembre 2019. Le collectif «Making Futures», ainsi que les membres du bureau d’architecture espagnol Zuloark, encadraient ce workshop «d’émergence» de deux semaines. Nous devions

construire différentes structures en bois telles qu’une cuisine, des tribunes, ou encore un abri nécessaires à la création de l’école d’été de Making Futures. Ces espaces devaient dialoguer entre l’intérieur de la HDS et l’extérieur, l’extérieur étant à l’état de véritable jungle urbaine. La majorité du semestre a été dédiée à autre chose que la conception des structures qui seraient construites pendant le workshop. Nous avons partagé notre temps entre des exercices de compréhension du site autour de la HDS à Alexanderplatz, et des exercices appelés «24h design» durant lequels il s’agissait de s’interroger et de concevoir en 24 heures une réponse à un sujet donné. L’organisation du studio était aussi rythmée par des présentations, des discussions, des réunions et repas dans la salle 401. Comme avec les «Breakfast Club» organisés chaque semaine, ou encore les «Discursif Diner» où nous nous réunissions avec des architectes, des artistes et des étudiants pour cuisiner ensemble et échanger sur des sujets variés. Il s’agissait de se nourrir littéralement, mais aussi à travers les rencontres et avec les expériences des autres. Enfin le temps du workshop est arrivé. Nous n’avions que deux semaines pour nous approprier ce lieu magique qu’est la HDS, concevoir et construire ce qui serait la base de la «Making Futures School».

Dans une telle compression de temps, nous ne comprenions pas pourquoi nous n’avions pas débuté la conception des structures plus tôt pendant le semestre. Nous avons trouvé nos idées debout au milieu d’une jungle verte dans ce bâtiment délabré de la RDA. Les journées étaient rythmées par l’installation du matériel sur les lieux du workshop, l’élaboration et la construction des structures, la préparation par équipe d’un déjeuner cuisiné pour l’ensemble des acteurs du workshop, la reprise du travail et, en fin de journée, le rangement minutieux de tout le matériel.


espace d’émergence

LM

lieux d’émergence

Sans aucun doute, cela s’est avéré être un semestre très différent de ce à quoi nous étions habitués. Ce n’est qu’à la fin du workshop et donc la fin du semestre que j’ai réellement compris ce que signifiait le nom de ce studio «espace d’émergence». C’est un lieu, une entité, des personnes qui travaillent ensemble et créent ensemble. La suite d’idées rapides implique une forme d’émergence, que nous avons également assimilée pendant ce workshop. Ce que nous avons créé était le résultat d’une conception rapide, collective, in situ. Jamais nous n’aurions obtenu ce résultat en nous enfermant dans la ligne d’un plan rigide élaboré loin de la réalité de ce site qui nous a inspiré tout au long de cette expérience. Ce fonctionnement est basé sur le principe qui dicte que donner une conférence, préparer un repas ou encore réaliser une structure en bois deviennent des actes d’égale importance. L’intention est de créer une structure de soutien et, ensemble, souhaiter que cette forme ouverte permette à l’impensable et à l’improbable d’émerger, tout en offrant un en-

vironnement accueillant, nourrissant et épanouissant. Pour nous, architectes, il s’agit aussi de rapprocher au maximum le processus de conception et l’acte de construction, dans un milieu dédié à la pratique et à l’émergence d’idées et d’actes.

la recherche d’une pratique

Au cours de ce projet, nous avons d’abord eu l’impression de construire sans dessein précis. Nous avons tous beaucoup appris sur les techniques de construction, et surtout sur la non-nécessité d’élaborer un plan longtemps à l’avance pour former un bel espace. Il était fascinant et réellement gratifiant de voir la possibilité de créer un lieu utile, ouvert et esthétique en seulement deux semaines, et de voir le collectif prendre le pas sur l’individuel. Nous étions contraints par la pression du temps, à des prises de décision rapides. Il fallait donc avoir confiance en les idées de chacun : même si une

idée ne marchait pas, elle aurait permis d’expérimenter et de continuer la conception de nos structures. Nous avons appris que les dynamiques et la structure de groupe peuvent conduire à un meilleur travail d’équipe et à des amitiés profondes.

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Le premier jour, on nous a demandé de construire des tables ou des plans de travail en équipe. Cet acte fondateur nous a non seulement donné les moyens nécessaires à la construction des structures pour l’école, mais nous a aussi permis de mieux appréhender le déroulement des deux semaines qui allaient suivre. La compréhension de l’assemblage structurel d’éléments en bois était clef, ainsi que le travail en équipe. En effet, si nous pouvions élaborer un repas en équipe, nous pouvions aussi construire tables et autres structures. La conception et la construction abouties grâce à une cohésion de groupe forte signifiaient que l’objectif de ce workshop n’était plus un acte individuel mais un but commun.

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le site comme espace d’émergence Le dispositif que nous souhaitons générer est alimenté par une réflexion sur le lieu dans lequel nous intervenons. La Station, comme de nombreux espaces à vocation industrielle, a été spatialement conçue dans le but de répondre à une fonction précise : le stockage et le transport de charbon. La fonction disparue, certains ne verraient là qu’un espace fantôme, un vestige ingrat d’une époque révolue, et dont la sobriété fonctionnaliste ne justifie pas une quelconque réflexion sur son devenir.

Nous pensons au contraire que le site de la Station aura un impact sur l’émergence des processus créatifs : Anna Tsing, dans Le Champignon de la fin du monde, raconte l’histoire de ce champignon rare, le Matsutake, qui ne pousse que dans des lieux peu accueillants, dans des forêts en ruine. Ce champignon améliore les conditions de vie des arbres aux pieds desquels il se niche, arbres survivants d’une sylviculture, considérés comme des mauvaises herbes. Ce sont les espèces en reste d’une activité dévastatrice qui ont créé les conditions propices à la pousse de ce champignon précieux. Elle rapproche cet état de fait d’un questionnement : qu’est ce qui peut pousser sur les ruines du capitalisme? 2

Ce livre très inspirant nous pousse à croire que notre micro action peut avoir un macro impact, dans le sens où des idées précieuses émergeront des contraintes à partir desquelles nous avons commencé notre démarche. Les ruines résultant du capitalisme ou plutôt, les conséquences des excès de l’Homme, pourront générer une nouvelle manière de penser le design comme un design d’opportunité, dans une économie circulaire, puis enclencher une conscientisation des populations.



La Station Gare des Mines. 29, avenue de la Porte d’Aubervilliers 75018 Paris Au carrefour de Paris, Saint-Denis et Aubervilliers, La Station — Gare des Mines est un laboratoire convivial et festif consacré aux scènes artistiques émergentes, fondé sur les vestiges d’une gare à charbon désaffectée.

En mai 2016, la SNCF décide de faire le ménage. Pour cela, elle lance un appel à projets. Sont concernées seize friches dans toute la France. Avant de les vendre ou de les détruire, l’entreprise ferroviaire souhaite transformer le tout en sites artistiques éphémères censés amorcer une transition urbaine. Le but étant principalement d’occuper les bâtiments inhabités pour leur donner une nouvelle vie et valoriser les sites de la SNCF. Parmi les nombreuses candidatures reçues pour Gare des Mines, la SNCF a choisi le collectif artistique MU, fondé en 2002 par Olivier le Gal et David Georges-François. Ils devaient d’abord habiter le bâtiment pour six mois, avant que le terrain ne soit racheté par la mairie de Paris. Une trentaine de bénévoles ont alors mis la main à la pâte pour aménager le site. Constructions bois, parpaings et mobilier de récupération, une ambiance très underground rassemble aujourd’hui Parisiens et Banlieusards pour des soirées uniques, très différentes de celles des clubs moins excentrés.


La distance ne fait pas peur aux participants, qui viennent profiter d’une programmation originale dans un lieu en constante évolution, de jour comme de nuit. C’est un point d’ancrage pour un quartier changeant, ouvert à tous, chargé d’histoire et plein de bonnes énergies, Le bail a finalement été renouvelé plusieurs fois, Paris ayant repoussé l’acquisition du bâtiment.

Cette année La Station Gare des Mines ouvre au public «la Station Nord». C’est-à-dire le site adjacent au premier lieu qu’ils ont réinvesti, la deuxième partie de la gare de charbon. Le lieu est toujours représenté par le Collectif MU dans le cadre des Sites Artistiques Temporaires, démarche d’urbanisme transitoire initiée par SNCF Immobilier, avec le soutien de la Région Île-de-France, du CNV et de la Ville de Paris.


https://lastation.paris/


atelier

station nord mur à charbon

périphérique

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zone de stockage de matériaux

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avenue de la porte d’Aubervilliers

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workshop à la Station :

Le workshop du séminaire Démarches plastiques et territoire urbain a commencé mi-septembre à la Station Gare des mines. Pendant deux semaines, nous avons construit l’atelier Sans Encombre, à partir d’éléments récupérés sur le site. C’est le commencement d’une pratique.


Les journées étaient rythmées par le travail personnel, l’entraide, et des moments de convivialité. Ce workshop a permis de tisser des liens à mesure que l’on tissait le site.

Dans ce vaste espace surexposé au soleil et aux intempéries, il a fallu modifier l’abri en fonction des temps changeants. Nous avons évolué sur un site vierge, où soleil ardent, pluie et vents dominants étaient au cœur des problématiques du workshop. Ces enjeux se sont ajoutés aux questionnements de nos projets personnels. Pour notre part, nous orientions notre démarche vers le design écologique, il nous paraissait donc évident de composer avec ce que l’on trouverait sur le site et de s’inscrire d’ores et déjà dans une logique de réemploi.

l’atelier Paris 2021

Le workshop a commencé par une visite approfondie de la Station Nord et la Station Sud. Nous avons visité les coulisses de ce lieu pour la première fois. Dès lors, notre vision du site a évolué. Nous avons pu appréhender le lieu dans son entièreté, et commencer nos démarches plastiques. D’abord, l’ensemble du groupe a construit un abri pour l’élaboration des différents projets, qui seront ensuite répartis sur le site. Cet abri était le point d’ancrage de nos démarches, et le point de rencontre des différents groupes. Cet espace structurait la déambulation de chacun dans ce lieu hors norme.

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La Station a été le théâtre du workshop Démarches plastiques et territoire urbain. Après deux semaines à évoluer sur ce site, il a retrouvé une échelle humaine.

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l’atelier

décomposer l’action Avant de commencer l’aménagement de l’atelier, nous avons pensé les éléments constituants individuellement. L’atelier doit permettre la pratique de l’ensemble des modes de transformation des déchets produits par la ville.

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Nous avons donc décomposé le processus de production et de transformation afin de lister tous les éléments nécessaires, pour ensuite les adapter au site dans lequel nous inscrivons l’atelier. A partir de la contrainte du site, ces éléments dont nous connaîtrons les dimensions pourront s’adapter et évoluer, pour enfin voir émerger un processus créatif.

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Ce dimensionnement des différents espaces de travail permettra ensuite de les assembler en optimisant les circulations, et de les transposer en fonction des évolutions potentielles de l’atelier. Idéalement, il devrait pouvoir être transposable dans n’importe quel lieu, à condition que celui-ci soit propice à l’émergence d’un processus créatif.


l’atelier

montage de l’atelier Nous avons associé notre logique de réemploi à la volonté de s’adapter au site de la Station. Pour cela nous avons imaginé un atelier, lieu d’expérimentation, démontable et modulable, capable de s’adapter à ses propres évolutions d’organisation ainsi qu’à celles de la Station.

acheminement Pour le montage de l’atelier, nous avons dû acheminer toutes sortes d’objets dans un temps restreint. Nous avions essentiellement besoin de trouver un four pour le plan de travail chaud de l’atelier, là où les copeaux de plastique seront fondus puis compressés. Nous avons adopté une démarche jusqu’au boutiste selon laquelle l’atelier doit être fait de la même manière que nos futures expérimentations: à partir de matériaux de récupération. Nous avons récupéré un vélo pour tenter de lier la broyeuse avec une force mécanique. Nous voulions que ces éléments soient de seconde main pour s’inscrire dans une démarche de réemploi ainsi que pour répondre à notre réalité budgétaire. Nous avons utilisé la célèbre plateforme d’échange entre particuliers : le bon coin. Après des jours dédiés à l’application de ce site d’échanges nous avons finalement trouvé un grand four à bas prix. Un jour aux aurores nous avons commencé une folle course en voiture dans Paris.

Elle débuta porte d’Asnières avec un vieux vélo d’enfant des années 2000 et un sac rempli de plastique. A mi-chemin nous avons fait un arrêt et avons grimpé tout en haut d’un immeuble parisien du 18eme arrondissement. Au fin fond d’un appartement en duplex mansardé et exigu nous avons réussi à désincarcérer le premier four de notre atelier. Après avoir consciencieusement descendu l’escalier escarpé de cet immeuble, nous avons installé ce nouveau passager à côté des deux premiers. Ces objets qui nous ont permis d’expérimenter, d’apprendre, de comprendre, et d’équiper notre atelier avaient déjà une histoire avant leur arrivée à la Station. Ce sont des matières premières, issues de divers facteurs. Ce lieu d’émergence sera unique puisque chacune des pièces qui le composent sont le résultat d’une opportunité de matière, d’acteur, et d’idée, propre à un instant T.

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En associant des panneaux de bois OSB (oriented strand board ou panneaux de lamelles minces, longues et orientées) à une série de structures métalliques rectangulaires identiques, nous avons créé quatre zones de travail correspondant aux quatre grandes étapes de notre processus de transformation du plastique recyclé.

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Nous avons donc débuté́ construction de l’atelier par création de plans de travail accord avec notre protocole recyclage.

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Un plan de lavage/séchage où les déchets plastiques sont lavés, puis sèchent avant d’être triés par type de plastique et par couleur.

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Une structure broyeuse mobile qui est à l’origine du processus de transformation des déchets plastiques. Le broyeur permet de transformer les déchets plastiques en petits copeaux, pour ensuite les répartir dans le Distributeur. Il a besoin d’énergie pour fonctionner. Nous avons voulu faire l’expérience d’une énergie mécanique, en soudant le broyeur au pignon d’un vélo. Cette démarche s’inscrivait dans l’expérimentation d’une machine ainsi que dans les enjeux financiers du projet. Après de nombreux essais, en vain, nous en sommes restés au stade de l’expérimentation, bien qu’elle fut intéressante et enrichissante dans notre pratique de cette machine. Parallèlement, nous avons continué la recherche d’un moteur adapté au broyeur.

Le distributeur est un meuble roulant qui accueille le plastique broyé. Les copeaux y sont rangés par couleur et par type de plastique dans des boîtes de plexiglass, qui rappellent celles d’une confiserie, rendant visible et ludique la matière en cours de transformation, et permettant aux potentiels participants de l’atelier de choisir les composants de leur futur objet. Un prototype en OSB de ces boîtes a été réalisé pendant le workshop.

Un plan de travail chaud où l’on fait fondre les copeaux de plastique dans des moules puis refroidir avant de démouler cette matière transformée qui est prête à servir un nouveau processus de création.


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Ces zones de travail s’organisent autour d’un espace central : le plan de travail froid. Cet espace est formé par une structure métallique en échafaudages, et différents panneaux de bois. Associés, ils forment une zone de travail qui intervient à plusieurs étapes de la chaîne de recyclage : Il s’agit d’abord d’un espace de tri du plastique avant qu’il ne rentre dans le circuit de recyclage. C’est ensuite un lieu de rencontre entre la réflexion et les matériaux, là où l’association du plastique recyclé et d’autres éléments issus du réemploi va prendre forme. Lieu de partage et de construction, c’est aussi là que la conscientisation des potentiels participants démarre : échanges à propos des objets, de la consommation, de l’écologie, du design… Enfin, c’est l’espace qui rassemble tous les outils nécessaires aux dernières étapes du processus, le design.

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La waste kitchen, c’est l’allégorie d’une cuisine. Tout y est organisé de manière à ce que le processus de recyclage et de transformation soit simple, efficace et ludique. «On prend les légumes au frais, on les lave dans l’évier, on les laisse sécher, on les découpe, on les mets dans un moule, on les cuit et on démoule. Même système pour nos déchets plastiques !» C’est aussi l’allégorie d’une cuisine dans le souhait d’un lieu participatif et éducatif. La cuisine c’est un lieu de vie et de partage dans le Logement, c’est le

lieu dans lequel on se retrouve. Cet atelier se veut d’offrir ce sentiment à ceux qui l’utilisent, un lieu d’échange sur les sujets qui nous animent. Un lieu où recycler, créer un objet issu du réemploi, discuter d’un livre, ou encore boire un café ensemble, convergent. La forme finale de cet atelier n’a pas été pensée à l’avance, elle est le résultat de la pratique du lieu. C’est la rencontre entre nos idées d’usage et les opportunités d’éléments trouvés à la Station. L’atelier est dans sa construction et dans son usage, un espace d’émergence. Il amorce la recherche d’un design d’opportunité.

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ça a pris plus de 24 heures Vendredi 18 septembre 2020 à la Station. Il y a une semaine, j’ai commandé en rentrant de la Station les pièces de la machine. Avec Lise on est en train de réfléchir à la couverture de l’atelier, le week-end s’annonce pluvieux. Je sens mon téléphone vibrer dans ma poche, mon frère me dit que j’ai reçu un paquet. Je lui demande de l’ouvrir et de m’envoyer une photo pour m’assurer qu’il s’agit bien du broyeur, je veux être sûr avant de m’emballer et de donner de faux espoirs à Marie qui est de l’autre côté des conteneurs. Je reçois la photo : ce sont bien nos petites pièces détachées qui sont arrivées à bon port, je commencerai l’assemblage chez moi dès lundi. Petit récapitulatif. Le modèle de référence du broyeur est proposé en accès libre sur le site preciousplastic.com. Il est constitué de deux parties : une partie mécanique et une partie alimentation. On a commandé les pièces métalliques prêtes à être assemblées pour la partie mécanique sur le «bazar» de precious plastic : une vingtaine de lames, séparées par des rondelles de la même épaisseur, montées sur un axe hexagonal aux extrémités cylindriques, le tout dans une boîte composée elle aussi de lames sur un côté. C’est lors de l’assemblage que les problèmes commencent : les pièces sont mal usinées, l’emboîtement des lames sur l’axe hexagonal semble impossible alors qu’elles sont censées coulisser très facilement si l’on s’en tient au tutoriel du montage de la machine. Il est 11h, j’envoie un message au vendeur qui m’assure que c’est normal et qu’il «suffit» de frapper délicatement les pièces avec un marteau pour les emboîter. J’installe un tapis de découpe sur mon bureau et m’exécute. 30 minutes pour me rendre compte que ça ne fonctionne clairement pas, on va y aller un peu plus fort. Mon bureau tremble, ça fait énormément de bruit et je n’ai pas avancé d’un

millimètre, je réessaye en posant l’axe hexagonal à la verticale sur mon siège de bureau en le calant entre mes cuisses. Ca rentre un peu mieux, mais pas franchement concluant car dans cette position il arrivera un moment où je ne pourrais tenir l’axe à la verticale qu’en serrant les cuisses sur les lames déjà montées. Je m’installe par terre sur un vieux tapis de sol en caoutchouc et continue la manœuvre. En un peu plus de deux heures je n’ai réussi à caler que trois lames et deux disques, je commence à perdre patience d’autant que je remarque que de la matière s’arrache sur l’arbre à chaque pièce assemblée. Après un repas express, je m’y remets plein de bonne volonté. 15h30, je suis à peine à la moitié du chemin et je commence sérieusement à avoir mal aux mains et aux oreilles, j’atteins un seuil de patience très fragile. 16h30, en une heure j’ai assemblé deux pièces de plus, ce qui me restait de patience commence à trembler aussi fort que mes bras, je décide d’utiliser de la vaseline pour me faciliter la tâche. 17h30, je me rends compte qu’il n’y a pas la place pour installer la dernière lame. Mon frère qui est passé me voir de temps à autre me dit que ce n’est pas normal et essaye de prendre le relais pour installer la dernière pièce. Je m’en remets à lui, il a plus de recul que moi sur le fait accompli, et il me dit que malheureusement il faut tout démonter et recommencer. C’est sous mes yeux que je le vois retirer une à une, en l’espace de 10 petites minutes, les pièces qui m’ont pris la journée à monter. Quelqu’un a vu mes nerfs ? Mardi, il est 10h du matin, je descends un arrêt de tram plus tôt pour passer acheter du WD40 et des tiges filetées chez Leroy Merlin. 10h30, j’arrive à la Station et m’installe sur une bâche par terre pour reprendre le chantier. 11h, j’ai rentré une pièce, ça y est je n’ai définitivement plus aucune confiance envers le vendeur et

vais chercher la rallonge électrique pour brancher une dremel et poncer toutes les pièces une par une. Surprise : le remontage des lames sur l’axe ne prend alors qu’une trentaine de minutes, alors que le fournisseur m’avait assuré qu’aucun travail supplémentaire ne serait nécessaire sur les pièces. Sans surprise en revanche, il s’avère que le même problème se pose pour les pièces de la «boîte», je rebranche la dremel. Toutes les pièces sont prêtes, j’assemble la boîte avec des tiges filetées et y installe l’arbre. Après tout ce n’était pas si compliqué, sauf qu’aucun jeu n’a été prévu pour permettre à l’arbre de tourner, je démonte tout et remonte en insérant des disques pour créer le jeu manquant. Il est 15h30, ça m’a pris plus de 24h pour assembler des pièces montées en 10 minutes dans le tutoriel, mais la partie mécanique du broyeur semble enfin fonctionnelle. JP


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élaboration d’un projet

Les différentes recherches et l’aménagement de cet atelier dans le cadre du workshop ont mené à l’élaboration d’un projet plus large : Sans Encombre. Les enjeux écologiques, territoriaux et financiers de cet atelier nous ont menés à la fondation d’une association.


sans encombre

Nous avons lancé Sans Encombre le 14 Juillet 2020, une association de type Loi 1901, pour donner vie à ce projet. Rédiger des documents administratifs pour décrire l’association nous a permis de revoir les enjeux et les raisons qui nous ont convaincus de lancer ce projet, à commencer par reprendre les différents acteurs concernés.

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fondation et acteurs

La collecte de leurs déchets plastiques dans un premier temps, puis de leur mobilier hors d’usage pour lui offrir une seconde vie. La possibilité de venir partager avec nous des ateliers de recyclage, de participer à des marches de nettoyage des alentours de notre zone d’action.

aux restaurants La possibilité de nous garder leurs déchets plastiques, en vue d’être récupérés assez régulièrement pour éviter d’encombrer leurs locaux, donc la participation à une action éco-responsable. Pourquoi pas la réparation de leur mobilier abîmé en profitant d’une identité originale, et ainsi éviter la consommation de nouveaux meubles.

à la Station L’installation d’une recyclerie de plastique et de mobilier, des ateliers participatifs pour tous les curieux, l’assurance de laisser ce tiers-lieu propre et responsable. La possibilité d’une identité originale avec du mobilier «greffé» et provenant du recyclage uniquement.

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aux particuliers

Une visibilité parmi les participants à l’action Sans Encombre sur les réseaux sociaux et autres médias permettant ce genre de partenariats.

à la ville Un environnement propre à notre échelle, une cohésion au sein de ce lieu participatif et l’émergence de projets innovants et responsables.

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Nous souhaiterions proposer à différents acteurs d’être membres d’une économie circulaire. Nous proposerions :

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l’association sans encombre

nécessité d’un atelier

intention de crowfunding

Lorsque nous avons souhaité expérimenter pour recycler du plastique, nous nous sommes rendus compte qu’il n’existait pas de lieu dans lequel nous pouvions installer notre machine et utiliser des outils mis à disposition. Nous avons donc construit nousmêmes cet atelier, et souhaitons le mettre à disposition pour que quiconque veuille expérimenter puisse venir le faire.

Pour l’achat d’un moteur, la création d’une cagnotte de type crowdfunding semblait être le moyen le plus rapide d’obtenir une petite somme d’argent. Nous avons alors décidé de créer des comptes Instagram et Facebook pour l’association, afin de donner une visibilité au projet pour les éventuels participants à cette cagnotte.

Dans ce contexte, et en espérant que ce projet grandira, les outils que l’on nous a prêtés à la Station, les matériaux, et même notre machine, ne seront pas suffisants pour travailler à plus grande échelle. Malgré le but non lucratif de ce projet, nous avions besoin d’une base financière afin de lancer le cycle de recyclage. Nous avons dû trouver un moyen de nous faire aider pour les futures dépenses de l’association.

financer le projet

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Arrivés au stade de la création de l’association, nous nous sommes rendus compte des enjeux importants auxquels pourrait répondre notre projet.

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Les enjeux écologiques et territoriaux qui nous ont poussés à construire cet atelier se sont précisés lorsque nous avons commencé la rédaction d’un dossier de subvention. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons créé une association et non une entreprise : nous ne savons pas quelle portée aura ce projet et ne pouvons espérer qu’il soit «rentable». Nous ne ferons donc pas appel à des investisseurs mais à des subventions, sur les conseils d’une association d’avocats du 9e arrondissement de Paris. En listant nos besoins, nous nous sommes permis d’aspirer à plus.

Après une semaine de tests de visibilité sur les réseaux, et malgré de nombreux retours positifs, nous avons finalement décidé de ne pas lancer la cagnotte en ligne. Tout d’abord, nous n’avions pas encore expérimenté et la seule création de l’atelier ne permettait pas aux participants de pouvoir se projeter dans ce qu’ils financeraient. En effet, nous pensons pouvoir obtenir davantage pour faire fonctionner l’association en lançant la cagnotte après expérimentation. Cependant, il nous faut une base financière pour lancer le projet. nous nous sommes donc tournés vers des subventions. (cf. annexe p.120121)

plusieurs échelles de subventions Nous nous sommes inscrits au Journal Officiel des associations, afin de pouvoir accéder à des financements de la Ville, de la Région voire de l’État. N’ayant aucune connaissance en termes administratifs, nous avons passé beaucoup de temps à nous renseigner sur les différents critères de sélection et d’éligibilité aux différentes subventions ou appels à projet. A commencer par la demande d’un numéro de Siret, nous avons également dû ouvrir un compte en banque professionnel, remplir un cerfa très détaillé sur le

fonctionnement de l’association et donc comprendre un certain nombre de données administratives. Ces étapes nous ont permis de préciser nos intentions et de mieux nous approprier les enjeux de ce workshop, qui nous a ouvert les portes d’un véritable projet en parallèle de nos études. Chaque type de subvention a une deadline, nous n’en avons donc pas encore terminé avec ces dossiers. Nous avons cependant finalisé notre première demande à la mairie de Paris la veille de la clôture de notre catégorie «projets écologiques», le 26 novembre 2020. Quelques jours avant la clôture, nous avons pu obtenir un rendez-vous téléphonique avec une des responsables du développement des associations de la mairie du 18e arrondissement de Paris.


sensibiliser

partager

recycler

Sensibiliser les populations aux enjeux d’aujourd’hui fait partie de notre projet d’association. Nous souhaitons organiser des ateliers participatifs, des marches pour nettoyer les alentours du site, des journées «découverte» pour les enfants, et surtout la mise à disposition de l’atelier pour permettre à qui veut de se servir des machines. Conserver l’aspect du plastique, voire le rendre plus beau, c’est une manière de sensibiliser à la malheureuse pérennité de ce matériau. Même transformable, le plastique est produit en masse : montrer la difficulté et le travail nécessaire à son recyclage, c’est aussi rendre compte de l’impact de notre consommation abusive, en tentant parallèlement d’y répondre.

L’atelier se veut participatif, accessible et modulable; toute nouvelle approche sera encouragée. Les projets de chacun pourront y être réalisés, dans un espace aménagé pour évoluer et pour partager des idées. Les objets réalisés sur place ont pour but d’aménager en premier lieu la Station, cet objectif est amené à évoluer en fonction de la portée de ce projet. Laboratoire de rencontre entre design et recyclage, l’atelier sans encombre est avant tout un espace d’emergence. Aussi, toute relation avec d’autres associations de recyclage ou de design peut devenir une opportunité pour travailler à plus gande échelle et avec davantage d’acteurs.

Plus concrètement, cette association a évidemment pour but d’utiliser un maximum de plastique et d’encombrants, et de réutiliser en masse. Si nous ne travaillons pas a plus grande échelle, cet atelier n’aura que très peu d’intérêt et d’impact.

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A différentes échelles, ce projet peut avoir un rayonnement positif sur le territoire qu’il concerne : pour la Station, c’est un moyen d’aménager ce vaste lieu de manière éco-responsable. Pour les alentours de ce tiers-lieu, c’est une manière d’améliorer la propreté des rues. Une forme de cohésion sociale peut également résulter d’un lieu participatif, situé entre Paris Intra-Muros et sa banlieue proche. Enfin, la mise en place d’une économie circulaire (restaurants-particuliers-plastique-encombrants-design...) peut favoriser l’emergence de projets à l’echelle de la ville.

A partir des techniques actuelles de transformation du plastique et de réemploi de matériaux, nous aimerions expérimenter davantage pour proposer de nouvelles manières de créer. Nous avons les contacts et la curiosité nécessaires pour utiliser des machines telles que la CNC, ce qui nous permettra d’appréhender cette nouvelle matière première à notre façon.

Aubervilliers

Pantin

Paris

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assainir

expérimenter

l’association

Afin de pouvoir être éligible, il a fallu simplifier les précédentes rédactions à propos de notre projet, pour le rendre accessible et donner envie d’en savoir plus. En plus du cerfa à remplir, nous avons décidé d’envoyer en pièce jointe une présentation plus imagée de l’association, précisant ses objectifs, et ses enjeux. (cf. annexe p.122-127)

sans encombre

rédaction d’un dossier de subvention / redéfinir les enjeux

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dossier de subvention / présenter notre projet Lors de la création du dossier de subventions, nous avons fait appel à un professionnel des associations afin de mieux comprendre ce qui est attendu administrativement dans une demande comme celle-ci. Cela nous a grandement aidé, notamment sur le fait que nous devions le rédiger comme un financement de projet et non comme un financement d’association. Nous avons donc vulgarisé le projet afin de justifier les financements demandés, en mettant en valeur les avantages de cette association pour la ville.

descriptif du projet

bénéficiaires

territoire

Cet atelier vise à transformer tout type de plastique récupéré auprès de particuliers et de professionnels, afin d’en assurer son recyclage et sa transformation. Nous y avons déjà construit un broyeur qui, associé à un petit moteur, nous permet de découper les déchets, en petit copeaux colorés . Nous avons récupéré un four, afin de fondre ces petits copeaux et d’obtenir une nouvelle matière première, très solide et surtout très esthétique. Cela nous permet de réparer du mobilier, abandonné dans les rues de Paris, des encombrants, pour recréer de nouvelles pièces de design «sans encombre» : du design d’opportunité. Nous aurions aimé avoir accès à ce genre d’atelier participatif pour voir grandir nos projets : à défaut d’en avoir trouvé un pour expérimenter, nous avons commencé par le construire. Pour cette raison, nous souhaitons le mettre à disposition de chacun : sensibiliser au recyclage, proposer des ouvrages sur le design et le réemploi de matériaux, nettoyer la ville, accompagner dans l’utilisation des machines et des outils de design... Nous souhaitons penser une nouvelle manière de construire à partir de ce qu’on a en abondance, et proposer une alternative à la surconsommation.

Toute personne intéressée par le recyclage et le réemploi d’objets, le design, ou la transformation du plastique, peut profiter de l’atelier, de ses outils, et des machines à broyer. L’atelier sera mis à disposition, supervisé et encadré par les 3 fondateurs de l’association. De nombreux bénévoles nous ont déjà apporté leur aide et nous avons été contactés (via les comptes Instagram et Facebook de l’association) par de potentiels intéressés/bénévoles/sponsors.

Des actions seront nettoyer la ville de d’Aubervilliers, et déchets (plastique cupérés.

Afin de travailler à plus grande échelle, nous souhaiterions développer l’atelier, construire des machines plus performantes, louer un véhicule pour récupérer davantage de déchets, créer un site internet, acheter nos propres outils de construction et tout le nécessaire pour avancer dans les meilleures conditions possibles.

La Station Gare des Mines bénéficiera en priorité des objets créés en échange du lieu qui nous est prêté. Grâce à la distribution de nos Flyers, et à notre futur site internet, les particuliers qui voudront se séparer «proprement» des objets hors d’usage et de leurs déchets plastiques pourront faire appel à notre association pour venir récupérer les grands oubliés de notre quotidien. Nous louerons une camionnette au moins deux fois par mois pour mener à bien cette mission déstockage, en plus de proposer des marches d’assainissement pour nettoyer les alentours de La Station, ou toute autre zone encombrée par les déchets, comme les dessous du périphérique. Les restaurants et autres commerces voulant participer à cette action «déchets propres» pourront bénéficier d’une étiquette «ici, on recycle» voire, à terme, profiter d’un design de mobilier tout particulier.

menées pour Paris et celle réutiliser les et objets) ré-

L’atelier participatif de design écologique Sans Encombre est situé à La Station Gare des Mines, porte d’Aubervilliers. Situé aux portes de Paris, il est au sein d’un tiers-lieu qui rassemble : depuis le centre de Paris ou sa banlieue, le site est desservi facilement par des mobilités douces, et accueille régulièrement du public pour des événements musicaux, artistiques... Il accueillera bientôt un restaurant, des jeux pour les enfants, et d’autres activités qui nous permettront une bonne visibilité, et l’élargissement de notre réseau.


Publication et visibilité

Perceuses, visseuses, ponceuses... pour réparer le mobilier récupéré et travailler tous les matériaux auxquels nous pourrions être confrontés, et bien sûr, travailler le plastique une fois transformé en matière première.

Afin de faire fonctionner l’atelier, nous avons besoin d’une meilleure visibilité : en plus de l’impression des flyers pour les différentes collectes, nous voudrions créer un site internet, afin de sensibiliser et de faire converger les différents acteurs. Documentation

Pour les mêmes raisons, nous aurons aussi besoin de tout le petit outillage, marteaux, tournevis, scies à bois, à métaux... Travailler au cas par cas demande d’être bien équipés, pour répondre à toute opportunité.

Nous aimerions abonner l’atelier à des revues de design et de recyclage pour, à terme, mettre en place une bibliothèque pour les curieux et s’inspirer des nouvelles techniques d’expériementation en rapport avec l’atelier.

Fonctionnement

Services extérieurs

Lames, disques, et tout ce qui s’use : comme les machines, les outils ont besoin d’être remis à neuf régulièrement. Petites fournitures Etriers, serre-joints, niveaux, réglets...Un travail précis offrira des objets de meilleure qualité. Matériaux Même si nous aimerions n’utiliser que des matériaux recyclés, il se peut que nous ayons besoin d’agrandir l’atelier avec des éléments fiables. Les moules sont plus efficaces en métal par exemple, et bien que réutilisables, il nous faudra un peu de matière pour commencer.

Entretien Balais, chiffons, éponges, produits... Il faut évidemment entretenir l’atelier.

Plan de maîtrise sanitaire Le contexte si particulier dans lequel nous sommes nous l’a bien fait comprendre, nul besoin d’expliquer que nous mettrons en place un protocole sanitaire efficace. Protection individuelle et sécurité Dans un atelier avec des outils aussi dangereux, et surtout, un atelier participatif, nous ne pouvons pas prendre de risque et devons être irréprochables sur la sécurité individuelle.

A raison de deux fois par mois, nous aurions besoin d’un moyen de transport pour récupérer le plastique et les encombrants disponibles ou mis à disposition par des particuliers. Les frais de carburant sont bien entendus à considérer dans nos calculs. Nous pourrions éventuellement avoir aussi besoin d’accéder à des machines particulières pour certaines interventions. Dotation aux amortissements Nos machines risquent d’être usées à force d’utilisation, surtout les premières que nous avons construites avec nos propres moyens. Il faut prévoir un budget pour les entretenir, les réparer, voire les remplacer.

et idéalement... Un nouveau grand four et un nouveau broyeur seraient les bienvenus pour travailler à plus grande échelle.

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Outillage manuel

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Outillage électrique

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Nous avons listé tous nos besoins; cela a même fait émerger d’autres petits projets au sein du nôtre, comme des marches de nettoyage de la ville ou encore l’aménagement d’une bibliothèque.

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dossier de subvention / budget prévisionnel

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design d’opportunité la recherche d’une pratique Paris 2021

design :

Esthétique industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leurs fonctions. Souvent à vocation industrielle ou commerciale, il peut s’orienter vers les milieux sociaux, politiques, scientifiques et environnementaux.1


Cependant le concept de design n’a alors qu’un impact minime sur le processus industriel donc sur la société puisqu’il est alors limité par l’absence de fondements théoriques et philosophiques, ce qui constitue un frein à son ambition.

Ce n’est qu’au début du 20ème siècle qu’on entrevoit alors la possibilité de concilier théorie et pratique en étant ouvert aux nouvelles méthodes de fabrication avec la fondation du Bauhaus en

le design en crise «La crise environnementale nous contraint à repenser les fins et les moyens de l’architecture et du design.» Lionel Devlieger. A travers l’histoire du design industriel, on se rend compte que nombre d’innovations ont vu le jour dans des contextes de crises, qu’elles soient écologiques, économiques ou sociales. Un point important de la crise écologique à toute époque réside dans l’épuisement des ressources lié à la production de masse des produits en tout genre par des industriels en recherche de profit. Or, même si on s’est mis à développer des énergies alternatives au pétrole par exemple, nombre d’innovations ont été reportées au second plan voire abandonnées à la découverte de nouveaux gisements. L’innovation écologiquement viable dans le design est comparable à des montagnes russes sans fin : une crise écologique éclate > on cherche d’autres alternatives > on adopte finalement une «solution» économiquement viable qui limite les dégâts sans pour autant les résoudre > la conscience écologique s’essoufle jusqu’à l’éclatement d’une

design industriel design d’opportunité

Le terme de design apparaît plus ou moins à ce moment charnière, passant d’objets fabriqués artisanalement, à savoir dans un schéma où la conception et la réalisation étaient l’affaire d’un créateur individuel, à objets industriels, soit dans un processus où conception et fabrication deviennent distinctes et orchestrées par différents acteurs selon le plan global de division du travail.

Le design devient terme courant au milieu du 20ème. En effet, la complexification du processus, du fait de ses innombrables acteurs, nourrit une grande diversité de produits, théories et philosophies du design. Ce changement d’ère des systèmes productifs marqué par la mécanisation et la division du travail apporte son lot de changements sur la société et la consommation. On est désormais capable de produire des objets en masse à partir d’une seule et unique forme et ce dans des délais nettement réduits.2

nouvelle crise écologique et la boucle recommence. Victor Papanek, designer austro-hongrois dénonçait dans Design for the Real World (1971) le design industriel et sa capacité à produire trop, inutile et ostentatoire, à produire finalement du nuisible et non du pratique. Il prône un design responsable basé sur l’utilité d’un produit plus que son esthétique, sur l’économie de matière, d’énergie et sur la capacité de l’objet à prendre le moins de place possible. Il va alors produire Nomadic Furnitures, une série de meubles nomades, des meubles qui se veulent pratiques, à la fois capables de remplir leur fonction première mais également d’êtres modulables et facilement transportables, tout ceci sans s’attarder sur la question esthétique qui découle de la capacité de l’objet à remplir la fonction qui lui a été attribuée. On trouve ainsi ici une logique de durabilité.3

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De la fin du 18ème au milieu du 19ème siècle s’opèrent les révolutions industrielles. On en parle au pluriel du fait que ce basculement d’une société fondée sur l’agriculture et l’artisanat vers une société commerciale et industrielle émerge sur une temporalité et une spatialité différentes selon les pays. Concrètement, il s’agit de la mise en place d’une production mécanisée à grande échelle de biens manufacturés dans des entreprises.

1919. Ce mouvement initié par Walter Gropius tendait à «conjuguer des préoccupations intellectuelles, pratiques, commerciales et esthétiques dans un travail de création qui associe exigence artistique et exploration des nouvelles technologies» (Design du XXè siècle).

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le design : d’où ça vient ?

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processus industriel : moulage 4 L’usage du moulage remonte à la préhistoire : après la découverte du feu et de sa capacité à créer des outils, l’Homme combina ces deux découvertes pour créer de petits outils et pointes de flèches en faisant fondre du bronze dans des moules en pierre. Aujourd’hui, le moulage est très utilisé dans de nombreux secteurs, et les techniques divergent en fonction de la matière utilisée : dans le cas du plastique on parle de moulage par injection ou d’injection plastique. Ce processus fonctionne avec un moule en métal très coûteux à produire du fait qu’il se doit d’être parfait afin d’obtenir des pièces de qualité. Le coût de fabrication du moule sera vite amorti du fait qu’il permet une production massive d’objets, d’où l’utilisation de ce processus pour la création de produits en plastique puisqu’ils sont énormément consommés.

La première étape du processus consiste à fermer le moule en le verrouillant par pression, puis de déposer la matière, alors sous forme de granulés de plastique, dans un entonnoir relié à un fourreau contenant une vis de plastification. La vis tourne et fait avancer la matière, qui fond grâce aux colliers de chauffe, vers le moule qui se remplit petit à petit.

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Une fois la matière refroidie, la pièce est démoulée en désolidarisant les deux pièces du moule, tout simplement en déverouillant la pièce mobile.

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6 1

1 5

1 moule 2 entonnoir 3 fourreau

Le moule est maintenu à une température inférieure à celle du plastique chauffé, et lorsqu’il est plein, la machine continue d’exercer une pression pour éviter le retrait de matière durant son refroidissement.

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4 vis de plastification 5 collier de chauffe 6 pièce mobile


Une fois le fichier prêt à être lancé, il faut installer la matière à usiner sur le plateau de la machine en s’assurant de régler le point de départ de l’outil par rapport à l’emplacement de la matière telle que définie dans le fichier. La découpe peut-être lancée. A noter qu’il faut au préalable prendre en compte le diamètre d’action de l’outil qui retire de la matière de telle sorte que la pièce ne soit ni trop petite ni trop grande. Par ailleurs, bien que la commande numérique permette de réduire la perte de matière si elle est correctement paramétrée, il est possible de se retrouver avec des chutes de matière inexploitables à la fin du processus.

design industriel design d’opportunité

Tout commence avec un dessin numérique de ou des pièces à usiner. En fonction de la machine-outil et de son programme, ce dessin peut-être tracé sur tel ou tel logiciel de dessin informatique. Une fois le dessin terminé, il faut le paramétrer (axes X Y Z a minima) avant de le faire traiter par le programme de la fraiseuse, qui va déterminer le trajet optimal de l’outil en faisant une simulation pour réaliser la pièce le plus proprement et le plus rapidement possible.

la recherche d’une pratique

Inventée aux Etats-Unis au début de la Guerre Froide pour optimiser la production de pales d’hélicoptère, la commande numérique permet de prédéfinir numériquement les mouvements de tous les éléments d’une machine-outil avec précision. Elle permet également de régler des fonctions auxiliaires des machines telle que le lubrifiage, le changement d’outil et l’activation d’accessoires. La fraiseuse numérique est un exemple de machine-outil utilisée pour créer des pièces, en bois, métal ou plastique, en enlevant de la matière. La commande numérique permet via un logiciel adapté à la fraiseuse numérique de lier le procédé de dessin à la fabrication. La précision d’usinage d’une telle machine permet la réalisation en série d’objets dans un laps de temps court, et est particulièrement adaptée à la création de pièces devant s’assembler.

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processus industriel : fraiseuse numérique 5

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appropriation et adaptation de processus industriels Notre démarche se veut inscrite dans une logique d’expérimentation respectueuse de l’environnement et dans un dialogue entre les problèmes qu’elle soulève et les moyens de production industriels actuels. Nous sommes en effet convaincus que le problème de surproduction engendrant une surconsommation et réciproquement, ne provient pas des machines mais du schéma de production dans lequel elles interviennent. Bien que ces processus et techniques aient été imaginés en vu d’optimiser la production pour produire toujours plus en peu de temps, ils ne sont pas nécessairement exclus d’un schéma plus responsable. La différence se trouve principalement dans le choix des matériaux mais aussi dans la volonté de créer des objets à la fois durables mais aussi transformables, recyclables, réemployables. L’atelier aurait pour vocation d’intégrer le recyclage et le réemploi dans le domaine du design. Nous pourrions concevoir et construire divers objets et structures issus de la récupération, du réemploi d’encombrants et de déchets issus du BTP ainsi que du recyclage de plastiques. Ce design aurait donc pour vocation de considérer ces multiples contraintes comme des opportunités à faire converger pour qu’émerge un processus de création.

expérimentations collectives Convaincus que la bonne transmission et le partage de notre processus passe par la pratique, organiser différentes expérimentations permettrait dans un premier temps de saisir le caractère essentiel des différentes machines et outils pour mener un projet de design basé sur la récupération et le recyclage dans les meilleures conditions. Pour légitimiser l’utilité d’une machine, il faut d’abord se mettre à la place de ou des individus qui l’ont conçue, afin de savoir pourquoi elle a été créée.

1. Pour le broyeur, l’activité consisterait à donner des déchets plastiques aux participants, et à leur demander de les réduire en copeaux en utilisant n’importe quel outil mis à part le broyeur en question. On pourrait imaginer l’usage de ciseaux, de cutters... Réduire en morceaux de tailles égales des déchets plastiques prend alors énormément de temps, et l’intervention de la main humaine dans le processus rend nettement plus difficile l’obtention d’une certaine qualité (ici des copeaux de tailles les plus égales possibles) que l’on obtient en utilisant le broyeur.

Ce dernier dispose d’un filtre sous le mécanisme, permettant de faire remonter la matière dans la partie broyeuse jusqu’à ce que les copeaux soient suffisamment petits pour passer à travers le filtre, garantissant ainsi une certaine homogénéité de forme de la matière ce qui rend son recyclage plus aisé... dans la plupart des cas !


plastic island


Thèse de master de deux étudiants, Erik Hadin et Emily-Claire Nordang, de l’école d’architecture Chalmers à Goteborg en Suède, Plastic Island traite du problème que pose la pollution plastique dans le premier parc national marin des îles Koster, archipel situé au nord du pays.

L’objectif à terme de leur travail est de changer la perception des déchets plastiques comme quelque chose ayant potentiellement de la valeur et une place

plastic islaND

dans une pensée architecturale.

T hree St ructures based on Tra nsformed Ocea n Plastic E rik Ha d in & E m ily - Cl a ire Nord a ng

Une importante attention est portée sur l’expérimentation autour de la matière générée par ces déchets plastiques : couleurs, textures, associations... Tout cela dans le but de proposer un projet de trois pavillons, accueillant chacun des éléments de programme liés à la baignade, articulés le long d’un axe de cheminement sur les rivages d’une île de l’archipel Koster.


Le premier pavillon, House of Texture, un vestiaire et un abri, met en avant le contraste des différents rendus de textures possibles créés à partir de déchets plastiques : de la matière compressée à l’aspect lisse et brillant aux surfaces affaissées au rendu rugueux et fragmenté.

Le second pavillon, House of Transformation, un abri ouvert et étroitement lié au sol rocheux duquel il forme un prolongement, témoigne des différents stades de transformation des déchets : d’objet à matière recyclée en passant par les stades de fonte et de copeaux.

Le troisième et dernier pavillon, House of Colour, un sauna avec douche et espaces de réflexion, met en évidence les multiples combinaisons de couleurs possibles des éléments issus du recyclage de déchets plastiques.

07: fiNal mODels Emily-Claire Nordang & Erik Hadin

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HADIN Erik, NERDANG Emily-Claire (2017), Plastic Island, Three Structures based on Transformed Ocean Plastic, Chalmers School of Architecture


On partirait ici de différents objets déjà moulés et aux formes relativement simples : des plaques de différentes dimensions et épaisseurs, des cubes, des briques... En utilisant de nouveau des outils manuels (cutters, scie manuelle, ciseaux à bois, scie sauteuse,

L’ajout en différé des copeaux peut également créer une texture différente : un corps bien fondu mais une surface plus granuleuse

fraiseuse, ponceuse...), ces différents objets seraient découpés, sculptés, polis... dans une logique d’assemblage, d’encastrement, à la manière de legos ou d’un meuble montable. Plus le nombre de pièces vouées à êtres assemblées les unes avec les autres s’accroît, plus la marge d’erreur autorisée se limite. Les outils électriques permettent une meilleure précision dans le travail de la matière, mais l’intervention de la main humaine est source d’imprécisions, de défauts. Pour certains projets, cela ne pose pas forcément de problème, mais

pour d’autres où la précision est maîtresse d’un assemblage réussi, le recours à une machine outil présente bien des qualités. Cette expérimentation peut ainsi déboucher sur une présentation de la fraiseuse numérique, et des innombrables possibilités de création de pièces d’assemblage qu’elle permet.

expérimentations

Attention cependant, un temps trop court aurait tendance à ne pas fondre suffisament la matière et rendrait l’objet friable, et à l’inverse un temps de fonte trop long engendrerait la crémation de la matière et la rendrait inutilisable.

Le choix du moule influe sur la texture. Du moule en bois à usages limités voire unique au moule en métal à usages infinis, on peut passer par des moules aux caractéristiques multiples. La texture du matériau utilisé pour les surfaces internes du moule, qu’elle soit lisse ou non, donnera un aspect différent à l’objet d’un matériau à l’autre. Quoiqu’il en soit, nous favoriserons les moules réutilisables, et pour ceux qui ne le sont pas, nous veillerons à ce qu’ils soient fait de matériaux issus du réemploi.

design d’opportunité

3. Le processus permet l’élaboration d’objets, qui peuvent se suffire à eux-mêmes ou participer d’un ensemble plus grand dont ils sont un des éléments. L’expérimentation ici résiderait dans l’élaboration d’objets qui, une fois assemblés, formeraient un tout.

Le rendu de texture à proprement parler, soit le rendu de surface de l’objet peut également être plus ou moins prévu durant l’étape de la fonte. En effet, en jouant sur le temps de chauffe on obtient différentes textures.

si l’on ajoute des copeaux qui passeront moins de temps dans le four et seront donc moins transformés par la chaleur. L’usage ou non d’une presse pour compresser la matière a également un impact sur la densité et donc la finition de l’objet.

la recherche d’une pratique

Toutes les expériences manuelles de broyage de la première activité fonctionnent, en effet, bien que la fonte de copeaux de tailles équivalentes permette un rendu plus homogène, un objet créé à partir de copeaux de tailles différentes peut accentuer le caractère accidentel de l’esthétisme de l’objet (à noter que le filtre du broyeur est démontable, et qu’on peut donc prévoir différents filtres pour faire varier la taille des copeaux). De plus, rien n’oblige à broyer

tous les déchets : de petits objets (touillettes, bouchons, clips...) peuvent êtres insérés directement dans le moule.

Paris 2021

2. Une autre activité, au départ assez proche de la première mais qui engloberait également l’étape «moulage» du processus peutêtre imaginée. L’objectif cette fois-ci serait que les participants proposent trois rendus de textures sensorielles différentes, et de comprendre le processus de moulage.

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objet hybride design d’opportunité la recherche d’une pratique Paris 2021 96

esthétisme de l’accident La réponse aux enjeux contemporains n’est pas en contradiction avec les enjeux esthétiques et conceptuels propres à notre discipline. Ce processus de création et d’action va de pair avec l’émergence d’un esthétisme et d’un design écologique. La procédure très réglée induite par le travail de ces «nouvelles matières» renvoie finalement à la notion d’imprévisibilité. Le hasard ou l’imprévisibilité, est une des grandes notions relatives à l’art contemporain. Elle est relative aux enjeux de matières, de temporalité et d’organisation du visible. Cette notion exprime l’incapacité de prévoir avec certitude un fait quelconque. L’esthétisme final du design produit dans notre atelier répond aux aléas et imprévus induits par le processus de création. D’un côté avec les matériaux issus du réemploi, de l’autre avec le motif coloré de cette matière qui n’est pas totalement contrôlé. En effet, les matières issues de la récupération et du réemploi sont imprévisibles. On ne peut prévoir à l’avance les objets encombrants ou les matières issues du BTP dont l’accessibilité dépend d’une occasion. De la même manière, on ne peut pas prévoir les possibilités infinies d’assemblage de ces matières entre elles. Pour ce qui est du plastique, les possibilités d’assemblage des copeaux sont elles aussi infinies. Il nous faut expérimenter le motif rendu possible par cette matière. Avec des copeaux plus ou moins

gros, la manière de les mélanger avant la fonte ou encore le nombre de couleurs choisies et mélangées, l’aspect final de cette matière résulte d’une part d’imprévu. C’est finalement le hasard qui est le principal auteur de l’agencement des copeaux plastiques entre eux et donc du motif des pièces produites. Cette démarche et cet esthétisme répondent donc à une multitude de variantes intrinsèques au processus qui lui est relatif. Les possibilités d’assemblage à l’échelle de la matière issue du réemploi ou du plastique sont infinies comme les possibilités d’assemblages de ces dernières entre elles. Cette part d’imprévu rend ces Matières uniques. Chaque élément produit aura un rendu final qui lui est propre. Et comme vu précédemment, plus que la valeur esthétique d’un objet, son caractère unique rend cette production durable : il s’agit de créer un design avec une forte identité qui ne finira pas à la poubelle.


RECYCLAGES & RÉEMPLOIS


Le Pavé sasminimum - recyclage

Atelier Samji - recyclage


Gomi Design - recyclage

James Michael Shaw - recyclage


Maximum Design - recyclage

Piet Hein Eek - réemploi


Arnaud Eubelen - réemploi

Ferréol Babin - réemploi


https://www.sasminimum.com/ https://www.facebook.com/AtelierSamji/ https://www.gomi.design/ https://jamesmichaelshaw.co.uk/ https://www.maximum.paris/ https://pietheineek.nl/en http://www.arnaudeubelen.be/ https://www.ferreolbabin.fr/



Encore Heureux est un collectif d’architectes fondé en 2001 qui revendique une approche généraliste pour concevoir des bâtiments, des installations, des jeux ou des expositions... Le collectif promeut une approche basée sur un dialogue entre tous les éléments qui font un lieu et participent de son aménagement, que ce soit les habitants, les acteurs, les matériaux, l’histoire du lieu...

La prise en compte de ces éléments est primordial epour raconter un récit, et donner à chaque lieu ce qui le caractérise, le rend unique. Ils se comparent eux-même à un guide de haute-montagne qui saura accompagner les désirs qui émergent du lieu à bon port.

Conscient que l’acte de construire émerge d’une destruction et d’une consommation, Encore Heureux se veut de réinventer les modalités de construction par l’exploitation intelligente des ressources présentes sur le territoire. Pour eux, la justesse d’un projet résulte d’un savoir composer avec ce qui existe ici et maintenant.


En 2015, le collectif a réalisé un pavillon sur le parvis de l’Hotel de Ville de Paris. Appelé Pavillon Circulaire, non pas pour sa forme mais pour sa vocation a être né d’un processus de fabricaiton suivant les principes de l’économie circulaire, cette architecture éphémère doit sa vie à des matériaux issus du réemploi et peut être considéré comme démonstrateur de la démarche d’Encore Heureux.

150 portes en chêne issues d’un projet de réhabilitation de logements HBM du 19ème composent sa façade, l’isolation en laine de roche de ses parois vient de la toiture d’un supermarché, sa structure est constituée de restes de chantier d’une maison de retraite, le sol et les murs intérieurs sont des panneaux d’exposition et le caillebotis de la terrasse extérieure provient de l’opération Paris-Plage.

Les cinquante chaises qui peuplent son intérieur ont été récupérées dans les déchetteries parisiennes, réparées puis repeintes et les luminaires sont issus des stocks des éclairages publics. Durant les trois mois de son installation, ce Pavillon Circulaire accueillera un café, des spectacles des débats et des ateliers.


http://encoreheureux.org/#header


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Paris 2021

la recherche d’une pratique

design d’opportunité

objet hybride


objet hybride design d’opportunité la recherche d’une pratique Paris 2021 108

mobilier aléatoire La récupération et le réemploi d’encombrants permettent d’explorer l’échelle du design de mobilier. Celui-ci fera office d’acte fondateur permettant de comprendre toutes les possibilités de création que cet atelier et ce processus peuvent offrir. C’est un design qui permet de faire converger les différents modes de gestion de nos déchets et constitue une première expérimentation dans laquelle se rencontrent plastique et encombrants. Après une phase de conception ou l’on choisirait avec quel élément issu du réemploi on ferait dialoguer le plastique recyclé il faut élaborer un processus de moulage. Une fois la conception terminée et le moulage prêt, on y verse le plastique broyé, toujours sans mélanger les types mais en mélangeant les couleurs si l’on veut une composition hétérogène. On dépose le moule au four pour une

durée déterminée par le type de plastique et la quantité à fondre. Le contrôle de cette étape est très important afin de s’assurer que la matière fonde mais ne brûle pas, auquel cas le cycle du matériau s’achève puisque celle-ci serait alors inutilisable. A la fin du temps de cuisson, le moulage est soumis à une compression et mis de côté pour refroidir. Deux types de moulage sont envisagés : l’un produisant un objet fini et l’autre produisant une base pouvant être retravaillée à la main ou moyennant des outils numériques. Dans le cas de figure où l’on produit un cube de matière par exemple, l’étape suivante consiste en une taille à la fraiseuse numérique afin d’obtenir l’objet en plastique fini. Dernière étape du processus, l’assemblage des éléments de plastique recyclé et du meuble à réparer ou réinventer. Le recyclage du plastique permet donc la réutilisation de déchets encombrants mais aussi la création de nouveaux éléments.

Dans ce processus, les objets relatifs au logement deviennent aussi des corps politiques en renvoyant aux questions de consommation insatiable et aux déchets que l’on produit. Ce design écologique aurait pour but de sensibiliser les individus, voire de mener à des changements comportementaux. Nous étudions l’aspect pédagogique d’un design écologique par la conscientisation. Les objets et meubles conçus et produits dans cet atelier pourraient en plus d’être réintégrés dans la cellule d’habitation servir à l’aménagement de la Station gares des mines.


objet hybride Le projet de Jan Vormann n’est pas seulement relatif à la couleur. En 2007, il réalise un projet participatif dans le village de Bocchignano en Italie. Il décide de combler les trous de murs antiques en y greffant les célèbres petites briques en plastique coloré. Il décide d’exporter ce projet de greffe dans ses différents voyages et jusque dans sa ville d’origine :

Dans le cas d’une greffe simple, on peut créer un moule à usage unique à partir d’éléments de récupération résistant à la chaleur comme le bois. Le moule est censé reproduire l’élément manquant de l’objet, par exemple le pied d’une chaise. Ensuite vient le broyage de déchets plastiques, le coulage et l’extraction de la forme du moule. Pour finir, la pièce doit être nettoyée manuellement avant d’être intégrée à l’objet. Dans le cas d’une greffe à petite échelle, on optera plutôt pour un moule réutilisable en métal pour la forme qui servira de base. Une fois la forme démoulée, elle est intégrée à l’objet et sculptée à l’aide d’outils manuels. L’objet

Dans le cas d’une greffe complexe, un moulage en silicone de l’objet en attente de greffe doit être réalisé au préalable. La matière à greffer doit ensuite être intégrée à ce moule de telle sorte que l’objet ne fasse pas de rejet. (cf. annexe p.124-125).

design d’opportunité

Ce concept de greffe se retrouve dans notre démarche. Il est relatif à l’assemblage de ces matières. Plutôt que de ne partir de rien, pourquoi ne pas rassembler objets existants et éléments transformés pour créer un objet unique ?

peut d’ailleurs être directement inclus dans le moule de telle sorte que l’objet et la matière plastique soient bien solidaires.

la recherche d’une pratique

Ce design d’opportunité explore le processus de greffe et d’assemblage entre différentes formes et matières. Cette matière issue du plastique recyclé est très colorée. Elle renvoie à un esthétisme lié à la «pop culture» et à la volonté de populariser les grands enjeux dans lesquels notre démarche s’inscrit. Comme l’artiste plasticien et sculpteur allemand Jan Vormann, connu pour son ambition de réparer le monde avec des briques Lego, il s’agirait de réintroduire la couleur dans l’architecture et la ville souvent jugée trop grise. Plus que d’oser la couleur, ce design ose LES couleurs. Il permet l’assemblage d’une infinité de teintes et l’affranchissement d’une sobriété démesurée, vers laquelle beaucoup d’architectes ont tendance à s’orienter.

Berlin. Dans cette ville qui porte les stigmates de la seconde guerre mondiale, les façades de la capitale sont criblées d’impacts de balles et n’attendent qu’à être pansées.

Paris 2021

greffe colorée

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objet hybride design d’opportunité

éléments et assemblage La réflexion à l’échelle du mobilier a permis d’ouvrir la réflexion à l’échelle architecturale. Si on peut penser une chaise en élément issu du réemploi et du recyclage, il est aussi possible de penser une structure de la même manière. Ce processus de création permettrait de penser des structures hybrides issues de l’assemblage d’éléments plastiques et d’éléments neufs, ou issues du réemploi comme le bois ou le métal. Il démarre par la création d’un moule réutilisable en métal pour créer une forme plane de la plus grande dimension possible qui servira de base à la création de différents éléments structurels. Ensuite vient le broyage de déchets plastiques, puis le coulage et l’extraction de la forme du moule. On enchaîne alors sur un travail à l’aide d’outils manuels (perceuse, scie circulaire, ponceuse...) de la

connecteurs structurels

Paris 2021

la recherche d’une pratique

Toujours à l’échelle de la structure, ce design permettrait d’expérimenter des gammes de connecteurs structurels en plastique recyclé.

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Il s’agirait d’expérimenter et de créer différents connecteurs capables de s’adapter aux structures bois, mais aussi métalliques. Là encore, un moule réutilisable en métal pour créer une forme (pavé, brique, petite plaque) servira de base à la création de différents modules connecteurs. Les différents modules désirés doivent êtres dessinés numériquement. Pour assurer le maintien et une bonne solidité il faut prévoir des éléments d’une épaisseur d’1 à 2cm minimum. L’on envoie alors le fichier au logiciel de commande de la fraiseuse nu-

forme. Le plastique réagit globalement de la même manière que le bois et peut donc être travaillé comme ce dernier. Il faut cependant faire attention à bien régler la vitesse de certains outils qui peuvent faire chauffer la matière et donc la faire fondre. Vient ensuite un nettoyage manuel et l’intégration des éléments structurels en plastique dans une structure en bois neuf ou issu du réemploi.

mérique afin qu’elle découpe les modules dans la forme de base obtenue grâce au moule. Une fois la pièce découpée, il faut éliminer manuellement les impuretés avant l’assemblage, grâce à ces connecteurs, des éléments de la structure. Les chutes issues de la découpe numérique peuvent être de nouveau broyées et réinjectées pour une nouvelle opération. Là encore, l’esthétisme dépendra d’une succession d’accidents.

Les chutes issues de ce travail manuel peuvent être de nouveau broyées et réinjectées pour une nouvelle opération. L’esthétisme de la nouvelle matière provenant des chutes de la première opération résulte alors d’un double accident, du fait qu’il dépende des couleurs utilisées lors de la première fournée qui sont re-mélangées sous l’action du broyage en plus d’êtres incorporées (ou non) à d’autres couleurs pour la deuxième fournée.

En expérimentant cette matière il s’agirait à terme de créer des systèmes de connecteurs qui permettent de s’affranchir de l’utilisation de vis et ainsi construire des structures montables et démontables rapidement dans des schémas d’assemblage différents. L’expérimentation de ce nouveau type structurel pourrait se dérouler à la Station Gare des Mines dans le cadre d’installations scénographiques.


la recherche d’une pratique

design d’opportunité

modèle d’assemblage

Paris 2021

objet hybride

structure hybride projetée

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le reflet d’une démarche Nos différentes recherches et pratiques dans le cadre du séminaire, mais aussi nos expériences personnelles d’ici et d’ailleurs ont mené à l’élaboration de l’association Sans Encombre, fondée le 14 juillet 2020. Chacun des éléments constituant ce projet sont le résultat d’une opportunité propre à un instant T. La Station Gare des Mines est un site vécu, un lieu connu pour ses nuits, son cadre, admiré pour sa capacité à faire émerger des projets uniques. La contrainte d’inscrire notre démarche dans ce site, et les contraintes propres de nos projets ont été génératrices d’idées. La convergence de nos intentions initiales, à savoir expérimenter la matière plastique et comprendre nos relations avec notre habitat et ce qui le compose, a permis de faire émerger un projet commun : l’atelier Sans Encombre. Son aménagement résulte de la rencontre entre nos idées d’usage et les opportunités de matériaux trouvés sur le site de la Station : il s’inscrit donc dans une logique de réemploi. Dans sa construction comme dans son usage, il est l’espace d’émergence qui amorce la recherche d’un design d’opportunité, en accord avec les problématiques contemporaines. La nécessité d’une révolution écologique et économique requiert en premier lieu de nouvelles pratiques sociales et urbaines. Il est nécessaire de garder à l’esprit que le recyclage et le réemploi ne sont pas une réponse, mais bien des moyens, des alternatives possibles, à inscrire dans une démarche qui commence par une remise en question de notre propre consommation : l’objectif est de montrer que le processus de transformation des déchets est complexe, et insuffisant à lui seul pour répondre aux enjeux actuels. Une avancée environnementale est indissociable d’une conscientisation des populations.

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L’urgence d’agir et de modifier nos modes de vie, de production et de consommation est aujourd’hui dans la plupart des consciences. Cependant, un sentiment latent d’impuissance de l’individu face à ce défi de société semble omniprésent et freine les actions individuelles. Finalement, l’action isolée, aussi noble soit elle, laisse souvent place à l’inaction. Une réflexion et une action collective permettent de croire en la possibilité d’avoir un réel impact sur notre société, à notre échelle. Mettre en relation des idées diverses et variées, ici celles de nos professeurs, des acteurs de la Ville ou de notre entourage, ont fait évoluer la recherche d’une pratique commune ainsi que les objectifs de notre démarche. La mise en résonance d’un groupe d’individus et de leurs idées est une invitation pour encourager à l’action collective et peut pallier la déresponsabilisation générale sur les questions environnementales. Dans ce contexte planétaire, où nos sociétés et nos schémas urbains doivent évoluer, nous faisons face, en tant qu’architectes et citoyens, à l’angoisse d’avoir des convictions écologiques sans pour autant parvenir à y répondre. Notre quotidien est aujourd’hui ponctué de gestes que nous savons devoir changer, mais nos habitudes sont tenaces : erreurs de tri sélectif par négligence, achats compulsifs en ligne, consommation débridée, alimentation issue de l’agriculture intensive... ces actions nous font participer à cette société d’abondance que nous critiquons. Cependant, nous ne condamnons pas l’inaction des gens, mais nous encourageons plutôt le passage d’une prise de conscience collective à une action collective. Comme l’action isolée, la fondation d’une association ne peut suffire à elle seule. La mise en relation avec d’autres associations de récupération de matériaux et de déchets par exemple, permettrait de ne devenir qu’un maillon d’une économie circu-

laire globale, et ainsi faire évoluer le métabolisme urbain. De même, la motivation, l’entraide, le groupe permettent finalement de faire face à l’àquoibonisme dont nous parlons, en encourageant à tour de rôle la confiance que nous devons avoir en nos convictions. Des expériences et des personnalités variées font émerger une démarche plus complexe, et finalement plus à même de répondre aux défis de notre époque. La Station Gares des Mines et le siège de l’association ont été les espaces d’émergence de notre pratique, les espaces de convergence de nos idées, comme, nous l’espérons, le deviendra l’atelier participatif Sans Encombre. Les espaces d’émergence semblent être l’élément qui porte et rend possible l’action collective, la prise de position et finalement l’élaboration de projets communs. Outre l’expérimentation plastique, ces théories sur l’émergence d’une pratique, la contrainte libératoire et sur l’àquoibonisme, font partie de notre quotidien. Sans même nous en rendre compte, nous avons été les cobayes de cette expérience que nous mettons en place. Comme le sujet qui nous a été donné, Démarches plastiques et territoire urbain, dont nous venons de comprendre la signification : être habité par un sujet, le pratiquer, et le théoriser ont permis de saisir l’idéologie du séminaire à l’aboutissement du mémoire. Il devait être le résultat d’une recherche et d’une expérimentation. Il a finalement été le point de départ d’une pratique durable qui dépasse le cadre scolaire, une opportunité pour nous d’agir à notre échelle pour les convictions qui nous animent.

LM, JP, MW



annexes

flyer collecte de plastique - mars 2020

DU TEMPS EN ABONDANCE... N o u s v o u l o n s r é a l i s e r u n p r o j e t , e x p é r i m e n t e r, a v e c l e s m o y e n s q u e l ’o n a à disposition aujourd’hui : le temps ! Nous avons pour but de monter un projet collaboratif sur l’année 2020, en commençant par se servir de cette période de confinement. E N C E M O M E N T, O N A PA S V R A I M E N T L E C H O I X

- réalisé dans le cadre d’une première intention de collecte et de sensibilisation au recyclage

Même si nous sommes conscients écologiquement, les marchés étant fermés (par exemple), nous consommons en ce moment beaucoup plus de plastique q u’ h a b i t u e l l e m e n t ( v i a n d e s e t p o i s s o n - p a r f o i s m ê m e l é g u m e s e t f r u i t s en barquette!) V O T R E P L A S T I Q U E N ’ E S T PA S V R A I M E N T R E C Y C L É Même si nous le jetons dans la bonne poubelle, le plastique réellement recyc l é n’e s t e n f a i t q u’ u n e i n f i m e p a r t i e d e n o s d é c h e t s p l a s t i q u e s . D e p l u s , l e s y s t è m e d e t r i f r a n ç a i s n’e s t p a s à j o u r c o m p a r é à d ’ a u t r e s p a y s e u r o p é e n s q u i disposent d’un panel plus sélectif du point de vue du type de déchets dans la g e s t i o n d u t r i c h e z l e s p a r t i c u l i e r s : l à o ù l ’o n a t r o i s s a c s d i f f é r e n t s p o u r f a i r e le tri chez soi (verre, plastique/car ton, le reste) d’autres pays vont en avoir 5 ou 6 (verre, car ton, plastique, déchets organiques, déchets végétaux, le reste) DE LA RUE À LA RUE, DÉMARCHE DOUBLEMENT CONSCIENTE Nous aimerions réaliser notre projet à par tir de plastique recyclé, recyclable à n o u v e a u , e t s ’e n s e r v i r p a r p l u s i e u r s m o y e n s p o u r v e n i r e n a i d e a v e c l e s moyens du bord aux populations qui sont dans le besoin.

DE LA RUE

... ET DU PLASTIQUE ! VOUS ÊTES RESPONSABLE ? RESTEZ LE ! E n t r i a n t v o t r e p l a s t i q u e c o m m e n o u s a l l o n s v o u s l ’e x p l i q u e r, e t s u r t o u t , e n le gardant. Bouchons, bouteilles, barquettes, récipients... Nous passerons les récuperer chez vous quelques jours après le déconfinement, si vous souhaitez p a r t i c i p e r à n o t r e d é m a r c h e . D ’i c i l à , o n a l e t e m p s d ’ê t r e c o n s c i e n c i e u x d a n s le tri.

COMMENT RINCER LES DÉCHETS

TRIER

MES

TRIER PAR TYPE DE PLASTIQUE

01

02

PET

PE-HD

03

04

PVC

PE-LD

05

06

PP

PS

DÉCHETS

PLASTIQUES

PUIS TRIER PAR COULEUR

?

ET ENFIN, OPTIMISER

02 PE-HD

07 O

A LA RUE en

confinement...

la recherche d’une pratique

CONSCIENCE ET SOLIDARITE U N M A N Q U E D E P L A C E S A L’A B R I E n p l u s d ’ê t r e t o u c h é s c o m m e n o u s p a r l ’é p i d é m i e , l e s p o p u l a t i o n s sans abri sont très menacées par les mesures de confinement. Cer tains ser vices d’aide ferment, l’accueil devient très difficile...

.la classification est en général gravée à même le produit .le PVC ne se recycle pas, ne le gardez pas . u n s i m p l e r i n ç a g e à l ’e a u e s t s u f fisant .séparer les bouchons de leurs récipients, ils sont rarement composés du même plastique

.les bouchons sont souvent du PE-HD vous pouvez les rassembler .rassemblez les déchets dont vous n’avez pas réussi à déterminer la classification, nous nous en chargerons

.attention cette étape ne peut pas se faire avant d’avoir fait la précédente .il est inutile de trier par couleur les déchets dont vous n’avez pas pu déterminer la classification .vous aurez ainsi pour chaque type de plastique un bac dans lequel on trouvera plusieurs sacs classés par couleur

DE LA RUE

N O U S V O U LO N S R É F L É C H I R À D E S S O LU T I O N S F U T U R E S

BIEN SÛR, NOUS POUVONS AGIR MAINTENANT Même si nous pouvons penser au futur et agir sur le long terme, rien ne nous empêche d’agir maintenant aussi. Ê t r e s o l i d a i r e s c o n c r è t e m e n t , ç a n’e s t p a s q u’ a p p l a u d i r l e p e r s o n n e l s o i g n a n t , c ’e s t s u r t o u t f a i r e d e s d o n s . par exemple...

Paris 2021 116

.vous pouvez ainsi d é c o u p e r, é c r a s e r, p l i e r l e s g ro s d é c h e t s .pour les déchets non classifiés, vous pouvez les écraser mais ne les découper pas, cela rendra leur identification impossible

RESTEZ CHEZ VOUS, ET GARDEZ NOUS VOS EMBALLAGES PLASTIQUES ! Rien de plus simple ! Gardez nous votre plastique, trié ou non, et envoyez nous un mail à : DELARUEALARUE.PLASTIQUE@gmail.com O n v o u s t i e n t a u c o u r a n t d e l ’ a v a n c é e d u p r o j e t , e n e s p é r a n t q u’i l p u i s s e servir dans les situations urgentes comme celle ci !

Vu notre situation ac tuelle, il est difficile pour nous d’agir maintenant, mais nous pouvons commencer à penser des solutions futures, en cas, par exemple, de nouvelle crise sanitaire.

https://don.fondationabbepierre.org

.dernière étape qui consiste à optimiser les déchets de telle sorte qu’ils prennent moins de place a f i n d ’e n s t o c k e r p l u s

A LA RUE


Par le circuit conventionnel de la poubelle jaune, le recyclage de votre plastique est très limité. Pour qu’il soit vraiment réutilisé :

GARDEZ NOUS VOTRE PLASTIQUE

Bouteilles d’eau, jus,

Rincez bien vos déchets

bouchons, shampoings...

Puis stockez-les

tout se recycle !

Nous viendrons les

Et dès qu’ils vous

récupérer pour les

encombrent...

annexes

SANS ENCOMBRE

transformer!

Pour participer

06.45.79.16.14 sansencombre.recycle@gmail.com

SANS ENCOMBRE

la recherche d’une pratique

- réalisé dans le cadre d’une seconde collecte de plastique et de sensibilisation au recyclage

PROJET PARTICIPATIF

Paris 2021

flyer collecte de plastique - juillet 2020

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PANDEMIC CONTEXT HOME AND OBJECT

Réalisé dans le cadre d’une recherche des raisons qui poussent les individus à se séparer de certains biens, ou au contraire, à les conserver, base de notre étude sur les objets et leurs usages. Les participants se filmaient dans leur lieu de confinement. Le questionnaire servait de guide pour mener leur propre réflexion à propos de leur cadre de vie et de leurs objets du quotidien.

PANDEMIC CONTEXT HOME AND OBJECT

annexes

interviews confinés - mars 2020

LOCKDOWN INTERVIEW_MAI 2020

Présentez vous. ( Nom, Prénom, Age, Situation actuelle, Lieu de logement, situation et lieu de confinement...)

Comment considérez vous votre lieu d’habitation ? ( Avant et pendant le confinement ).

LOCKDOWN INTERVIEW_MAI 2020 Avez-vous modifié certains endroits de votre logement ? Si oui, lesquels et pour quels raisons ? ( Prendre une photo de l’endroit ).

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la recherche d’une pratique

Quel est l’objet de votre quotidien que vous appréciez le plus en ce moment ? Pour quelles raisons ? ( Prendre une photo de l’objet ).

Avez-vous effectuez des achats non essentiels pendant le confinement ? Si oui, lesquels? ( prendre en photo l’achat )

Après le confinement avez-vous déjà prévu des changements dans votre habitat ? Si oui, lesquels ? Allez vous devoir jeter certain éléments de votre intérieur ?

Paris 2021

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annexes la recherche d’une pratique

Basées sur les interviews confinés, les interviews déconfinés ont permis une compréhension plus intime des modes d’habiter et de consommer. Elles ont été réalisées chez les participants et les montrent évoluer dans leur habitat et manipuler leurs objets du quotidien. Prenant l’allure de courts métrages, elles font état de leur rapport au lieu de vie, aux gestes, aux habitudes domestiques.

Paris 2021

interviews déconfinés - juin 2020

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annexes la recherche d’une pratique Paris 2021 120

compte instagram - octobre 2020 Réalisé dans le but d’avoir un support avant de lancer un éventuel crowfunding

sans encombre.recycle Atelier Participatif Plastique-Design-Encombrants


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Paris 2021

la recherche d’une pratique

annexes


annexes

SANS ENCOMBRE NOS DÉCHETS SANS ENCOMBRE : ATELIER PARTICIPATIF DE DESIGN ÉCOLOGIQUE Transformer des déchets plastiques et du mobilier hors d’usage. Pallier à la surconsommation d’objets en tout genre, et repenser l’économie du design. Sensibiliser au recyclage et proposer une cohésion sociale au sein d’un atelier participatif, de design écologique. Offrir une nouvelle aventure aux abandonnés de notre quotidien en associant nos déchets plastiques, nos encombrants et nos esprits créatifs! RECUPERATION DE PLASTIQUE

TRANSFORMATION DESIGN ATELIERS

REEMPLOI D’ENCOMBRANTS

dossier de subventions - novembre 2020

Paris 2021

la recherche d’une pratique

Rédigé à l’attention de la Mairie du 18e arrondissement dans le cadre d’une demande de subventions pour financer le projet.

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annexes

DESCRIPTIF Nous sommes 3 futurs architectes, passionnés de design et convaincus qu’une nouvelle manière de le penser existe. Nous avons construit un atelier Sans Encombre à La Station Gare des Mines (Porte d’Aubervilliers - Paris : tiers-lieu regroupant différents collectifs d’artistes). Cet atelier vise à transformer tout type de plastique récupéré auprès de particuliers et de professionnels, afin d’en assurer son recyclage et sa transformation. Nous y avons déjà construit un broyeur qui, associé à un petit moteur, nous permet de découper les déchets, en petit copeaux colorés . Nous avons récupéré un four, afin de fondre ces petits copeaux et d’obtenir une nouvelle matière première, très solide et surtout très esthétique. Cela nous permet de réparer du mobilier, abandonné dans les rues de Paris, des encombrants, pour recréer de nouvelles pièces de design «sans encombre» : du design d’opportunité. Nous aurions aimé avoir accès à ce genre d’atelier participatif pour voir grandir nos projets: à défaut d’en avoir trouvé un pour expérimenter, nous avons commencé par le construire. Pour cette raison, nous souhaitons le mettre à disposition de chacun : sensibiliser au recyclage, proposer des ouvrages sur le design et le réemploi de matériaux, nettoyer la ville, accompagner dans l’utilisation des machines et des outils de design... Nous souhaitons penser une nouvelle manière de construire à partir de ce qu’on a en abondance, et proposer une alternative à la surconsommation. Afin de travailler à plus grande échelle, nous souhaiterions développer l’atelier, construire des machines plus performantes, louer un véhicule pour récupérer davantage de déchets, créer un site internet, acheter nos propres outils de construction et tout le nécessaire pour avancer dans les meilleures conditions possibles.

FONCTIONNEMENT

ÉTAPES POUR OBTENIR UN PLASTIQUE RECYCLÉ ET RECYCLABLE

RINCAGE / SECHAGE

Nettoyage des déchets plastiques récupérés

STOCKAGE AVANT BROYAGE Stockage par type de plastique avant broyage

ASSAINIR Nettoyer les alentours de notre zone d’intervention, à notre échelle : récupérer le plastique et les encombrants

FABRIQUER

des machines pour transformer notre matière première: les déchets plastiques

RECYCLER

Ré p a r e r, t r a n s f o r m e r, c r é e r, p a r t a g e r, e x p é r i m e n t e r, e n a s s o c i a n t la transformation des déchets plastiques et les encombrants

PARTAGER

M e u b l e r, p r o p o s e r u n e identité au lieu dans lequel nous intervenons, sensibiliser au recyclage, mettre a disposition notre a t e l i e r. . .

BROYAGE

CONCEPT

Broyage des différents plastiques pour les stocker plus efficacement

Nous allons récupérer, entre autres, les encombrants de Paris et les réutiliser en leur offrant une transformation à partir de plastique recyclé ET recyclable : partir d’opportunités pour arriver à un nouveau design, au sein d’un lieu participatif et sans encombre.

ESPACE D’EMERGENCE

STOCKAGE APRES BROYAGE Stockage et service des copeaux triés par couleur

PLAN DE TRAVAIL «FROID» Réflexion, découpe et assemblages des éléments de moulage

CHAUFFAGE

Chauffage du plastique au four

PLAN DE TRAVAIL «CHAUD»

Co m p r e s s i o n d e s p i è c e s chauffées, espace refroidissement, démoulage

Laboratoire de rencontre entre design et recyclage, un espace participatif, lieu d’émergence et de conscientisation : Donner une une seconde vie à des déchets (plastique et encombrants) produits en masse. Un design d’opportunité qui alimenterait les projets et la vie à la Station Gare des Mines.

la recherche d’une pratique

PROTOCOLE

OBJECTIFS

Paris 2021

AMENAGEMENT D’UN LIEU PA R T I C I PAT I F D ’ E X P E R I M E N TAT I O N

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annexes

UNE PETITE HISTOIRE... BERNARD, 6 ans, escabeau Retrouvé abandonné le 15 mai 2020 rue du Faubourg Poissonnière, à Paris 9, Bernard l’escabeau a été abandonné par ses propriétaires. Pas tout à fait hors d’usage, mais abimé quand même, et sans grande valeur sentimentale, il n’aurait probablement jamais trouvé de nouvelle famille d’accueil. Ce qu’il manque à Bernard l’escabeau, c’est ce petit quelque chose, cette identité qui le rendrait unique, pour qu’il ne soit plus jamais abandonné.

Paris 2021

la recherche d’une pratique

Michelle et son bouchon, déchets plastiques

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Retrouvée abandonné le 15 mai 2020 rue du Faubourg Montmartre, à Paris 9, Michelle et son bouchon ont été jetés dans la poubelle d’un restaurant, mais pas avec les autres déchets plastiques. Au contraire, comme dans tous les restaurants de Paris, ils vont être mélangés à d’autres déchets non plastiques, et donc ne pas être recyclés. Ils vont avoir la vie dure, se retrouver dans une décharge et souffrir pendant 450 ans,et faire souffrir à leur tour leur environnement.


Grâce Grâce àGrâce Sans à Sans Encombre, à Sans Encombre, Encombre, Bernard Bernard Bernard a retrouvé a retrouvé a retrouvé uneune une identité. identité. identité. A partir A partir Ade partir de bouteilles bouteilles de bouteilles et de et de bouchons etbouchons de bouchons en en plasplasen plastique, tique, iltique, ailde a de nouveau il anouveau de nouveau uneune fonction, fonction, une fonction, et surtout, et surtout, et surtout, un un style style un bien style bien à lui. bien à lui.à lui. Il ne Il ne ressemble Ilressemble ne ressemble plus plus à aucun plus à aucun àdes aucun des escabeaux, escabeaux, des escabeaux, et et et peut peut maintenant peut maintenant maintenant retrouver retrouver retrouver uneune famille une famille famille quiqui ne ne qui ne l’abandonnera l’abandonnera l’abandonnera pas, pas, carpas, car il est ilcar est devenu ildevenu est devenu unique. unique. unique.

annexes

REPARATION REPARATION REPARATION DE DEBERNARD DE BERNARD BERNARD

ADOPTION ADOPTION ADOPTION DE DEBERNARD DE BERNARD BERNARD Maintenant Maintenant Maintenant queque Bernard que Bernard Bernard l’escabeau l’escabeau l’escabeau estest réparépaest réparé, ré, il lui ilré, lui faut ilfaut lui une faut une fiche fiche uned’adoption. fiche d’adoption. d’adoption. Il pourrait Il pourrait Il pourrait se se plaire plaire separ plaire par exemple exemple par exemple dans dans undans un restaurant, restaurant, un restaurant, quiqui qui aurait aurait participé aurait participé participé à sa à sa réparation àréparation sa réparation en en donnant donnant en donnant du du du plastique, plastique, plastique, mais mais aussi mais aussi àaussi une à une famille, à une famille, famille, quiqui vouvouqui voudrait drait dedrait de lui lui pour depour lui sapour sa singularité. singularité. sa singularité.

UNE UNE UNE NOUVELLE NOUVELLE NOUVELLE VIE VIE VIE POUR POUR POUR BERNARD BERNARD BERNARD

Paris 2021

Bernard Bernard Bernard l’escabeau l’escabeau l’escabeau n’est n’est plus n’est plus unplus un simple simple un simple escaesca-escabeau. beau. Maintenant, beau. Maintenant, Maintenant, il vit il vit chez ilchez vit Jeanne chez Jeanne Jeanne et Simon, et Simon, et Simon, ruerue desdes rue Martyrs, Martyrs, des Martyrs, et et il yil et est y est ilbien y bien esttraité. bien traité. Avec traité. AvecAvec sa sa nouvelle nouvelle sa nouvelle identité, identité, identité, il ne il ne risque ilrisque ne risque plus plus d’être plus d’être d’être à la à la rue. àrue. la Jeanne rue. Jeanne Jeanne et et Simon, Simon, et Simon, eux, eux, ont eux, ont évité évité ontde évité de de consommer consommer consommer un un nouveau nouveau un nouveau produit produit produit neuf. neuf. En neuf. En en-enEn entendant tendant tendant parler parler de parler de Sans Sans de Encombre, Sans Encombre, Encombre, ils ils ontont même ilsmême ont même commencé commencé commencé à trier à trier leur à trier leur plastique, leur plastique, plastique, et et ontont fait et fait ont le le fait le choix choix de choix de se se séparer deséparer se séparer de de certains certains de certains objets, objets, objets, pour pourpour leur leur offrir leur offrir une offrir une seconde seconde une seconde vie,vie, avec avec vie, une avec une nouvelle nouvelle une nouvelle identité, identité, identité, dans dans une dans une nouvelle nouvelle une nouvelle famille. famille. famille. Ce Ce soir, soir, Ce ilssoir, ils ils ontont même même ontdécidé même décidé d’aller décidé d’aller diner d’aller diner dans diner dans undans un desdes resun resdes restaurants taurants taurants quiqui participent participent qui participent à l’activité à l’activité à l’activité de de l’atelier, l’atelier, de l’atelier, et qui et qui trient ettrient quileurs trient leurs déchets leurs déchets déchets plastiques. plastiques. plastiques.

la recherche d’une pratique

Ci-contre, Ci-contre, Ci-contre, Bernard Bernard Bernard dans dans sondans son nouvel nouvel sonespace nouvel espace de espace vie. de vie. de vie.

125


annexes

BENEFICIAIRES Toute personne intéressée par le recyclage et le réemploi d’objets, le design, ou la transformation du plastique, peut profiter de l’atelier, de ses outils, et des machines à broyer. L’atelier sera mis à disposition, supervisé et encadré par les 3 fondateurs de l’association. De nombreux bénévoles nous ont déjà apporté leur aide et nous avons été contacté (via les comptes instagram et facebook de l’association) par de potentiels intéressés/bénévoles/sponsors. La Station -Gare des Mines- bénéficiera en priorité des objets créés en échange du lieu qui nous est prêté. Grâce à la distribution de nos Flyers, et à notre futur site internet, les particuliers qui voudront se séparer «proprement» des objets hors d’usage et de leurs déchets plastiques pourront faire appel à notre association pour venir récupérer les grands oubliés de notre quotidien. Nous louerons une camionnette au moins deux fois par mois pour mener à bien cette mission déstockage, en plus de proposer des marches d’assainissement pour nettoyer les alentours de La Station, ou toute autre zone encombrée par les déchets, comme les dessous du périphérique. Les restaurants et autres commerces voulant participer à cette action «déchets propres» pourront bénéficier d’une étiquette «ici, on recycle» voire, a terme, profiter d’un design de mobilier tout particulier.

TERRITOIRE

Des actions seront menées pour nettoyer la ville de Paris et celle d’Aubervilliers, et réutiliser les déchets (plastique et objets) récupérés. L’atelier participatif de design écologique Sans Encombre est situé à La Station Gare des Mines, porte d’Aubervilliers. Situé aux portes de Paris, il est au sein d’un tierslieu qui rassemble : depuis le centre de Paris ou sa banlieue, le site est desservi facilement par des mobilités douces, et accueille régulièrement du public pour des événements musicaux, artistiques... Il accueillera bientot un restaurant, des jeux pour les enfants, et d’autres activités qui nous permettront une bonne visibilité, et l’élargissement de notre réseau.

MOYENS MATERIELS ET HUMAINS L’atelier a été construit uniquement en matériaux de récupération, avec des outils prêtés par La Station, et l’aide de nos proches et de bénévoles. Nous avons tous les trois donné beaucoup de notre temps pour voir grandir ce projet, et sommes dans l’attente de pouvoir faire participer tout ceux qui nous soutiennent. L’atelier est modulable et transposable dans n’importe quel autre tiers-lieu qui voudrait accueillir notre action.

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la recherche d’une pratique

Le plastique récupéré pour servir de matière première, et les meubles, objets ou matériaux utilisés pour la réparation de ceux ci font l’objet de dons : ce sont avant tout des déchets, que nous entraînons vers de nouvelles aventures -nouvelles, car notre plastique et recyclé ET recyclable à l’infini !

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Afin de mener a bien notre projet, certaines dépenses sont nécéssaires. Mis une fois lancé, l’atelier sera autonome et pourra fonctionner sans devoir renouveler nos depenses : les outils et machines choisies ont une longue espérance de vie, et permettront à nos déchets de renouveler la leur!

ACHATS

PROTECTION INDIVIDUELLE ET SECURITE C A S Q U E S A N T I - B R U I T, MASQUES POUSSIERE, L U N E T T E S D E P R O T E CTION

OUTILLAGE ELECTRIQUE

OUTILLAGE MANUEL

FONCTIONNEMENT

PETITES FOURNITURES

PERCEUSE, SCIES ELECTRIQUES, PONCEUSES...

SCIES, MARTEAUX, TOURNEVIS...

LAMES, DISQUES ABRASIFS, RUBAN A D H E S I F, C O L L E S . . .

ETRIERS, SERRESJOINTS, NIVEAUX REGLETS...

ENTRETIEN PRODUITS, CHIFFONS, BALAIS..

PLAN DE MAITRISE SANITAIRE

TROUSSE DE SECOURS, GANTS, MASQUES CHIRURGICAUX, GEL...

MATERIAUX

ET IDEALEMENT...

AGRANDISSEMENT DE L ’AT E L I E R , B O I S , M E TA L POUR LES MOULES...

UN PLUS GRAND FOUR U N S E C O N D B R OY E U R

annexes

DEPENSES

BUDGET PREVISIONNEL DÉTAILLÉ

ESSENCE

SANS ENCOMBRE

DOCUMENTATION ABONNEMENTS A C H AT S D E L I V R E S SUR LE DESIGN ET LE RECYLCAGE POUR LES CURIEUX

SERVICES EXTERIEURS

L O C AT I O N D ’ U N E CAMIONNETTE ET DE MACHINES SPECIFIQUES

DEPLACEMENTS ET MISSIONS

PEAGES, OCCAS I O N S PA R T I C U LIERES

CHARGES EXCEPTIONNELLES EN CAS DE PETIT TRACAS

DOTATION AUX AMORTISSEMENTS POUR ENTRETENIR LES MACHINES

la recherche d’une pratique

ACHATS NON STOKES

PUBLICITE ET PUBLICATION

IMPRESSION DE F LY E R S , D ’A F F I C H E S , C R E AT I O N D ’ U N S I T E I N T E R N E T. . .

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AUTRES DEPENSES

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notes

plastique (p.8 - 27)

encombrants (p.28 - 41)

économie circulaire (p. 42 - 44)

1. «Matière plastique», Larousse https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/mati%C3%A8re_ plastique/80411

1. ENCORE HEUREUX (2014), Matière Grise : matériaux, réemploi, architecture, éd. Pavillon de l’Arsenal, 368p.

2. GUILLAUME, Valérie, HEILBRUNN, Benoît, PEYRICOT (2003), l’ABCdaire du Design, éd. Flammarion, 119 p. p.86

2. «Gestion des déchets dans la métropole», syctom-paris : https://www.syctom-paris.fr/gestion-des-dechets-dans-la-metropole/parcours-des-dechets.html

1. «Franck Aggeri, L’économie circulaire : mise en perspective historique et enjeux contemporains», inter-mines : https://www.inter-mines.org/fr/ revue/article/l-economie-circulaire-mise-en-perspective-historique-et-enjeux-contemporains/1388

GUIDOT, Raymond (2013), Histoire des objets : chronique du design industriel, éd. Hazan, 576 p., p.136 3. GUIDOT, Raymond (2013), Histoire des objets : chronique du design industriel, éd. Hazan, 576 p., p.230 Quelle histoire : les plastiques (History 101 : plastics, ITN Productions, 2020) 4. schéma réalisé à partir d’informations provenant de : «Le tri et le recyclage du plastique en France», Cotrep : https://www. cotrep.fr/le-tri-et-le-recyclagedes-plastiques-en-france

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la recherche d’une pratique

5. GUIDOT, Raymond (2013), Histoire des objets : chronique du design industriel, éd. Hazan, 576 p., p.138

128

3. Ibidem (1)

2. DAGOGNET, François (1997), Des détritus, des déchets, de l’abject : une philosophie écologique, éd. Le Plessis-Robinson, 230 p. 3. BARLES Sabine, une ingénieure en urbanisme et aménagement diplômé à l’INSA de Lyon. Elle obtient aussi un DEA en urbanisme et pratiques de l’espace de l’École des Ponts et Chaussées et de l’Université Paris VIII en 1989. Elle enseigne dans plusieurs universités et mène des recherches mêlant urbanisme et histoire récente. En 2012, elle intègre l’Institut de l’économie circulaire. 4. BARLES, Sabine (2016), L’invention des déchets urbains France : 1790-1970, éd. Champ Vallon, 312 p. 5. Ibidem (1)

«Matière plastique», Larousse : https://www.larousse. fr/encyclopedie/divers/mati%C3%A8re_plastique/80411

6. MCDONOUGH William et BRAUNGART Michael, Cradle to Cradle. Créer et recycler à l’infini, Paris, 7e éd., Gallimard, 2002

«precious plastic», precious plastic : https://preciousplastic.com/

7 Ibidem (6)

6.«precious plastic», precious plastic : https://preciousplastic. com/


3. «Les « àquoibonistes », les « obscurantistes sécurisants » et les « optimistes »», D i r i g e a n t . f r : h t t p : / / w w w. dirigeant.fr/planete/ les-aquoibonistes-les-obscurantistes-securisants-et-les-optimistes/?fbclid=IwAR3vvOcf 7 Wu N c A o u L C h 3 I x C l z a s I m mROks8UiW040xQrpqYPbIGCWkVYCv0

2. LOWENHAUPT TSING, Anna (2017), Le champignon de la fin du monde, éd. La découverte, 415p

1. «Design», Larousse : https:// www.larousse.fr/encyclopedie/divers/design/42408 2. FIELL, Charlotte et Peter (2013), Design du XXè siècle, éd. Taschen, 766 p., p.6

notes

2. «la déresponsabilisation des individus» , 1979, PaulEmile Victor, «Nous sommes dans la merde jusqu’au cou» !», ina : https://www.ina.fr/ contenus-editoriaux/articleseditoriaux/1979-paul-emile-victor-nous-sommes-dans-la-merdejusqu-au-cou/?fbclid=IwAR2X8YHLoM5Q7jkGgAVAKWse9eqC14cdGZ25Z2JJbbd83oddfZ2j8XDWZdI

1 ATELIER 401 (2019), Spaces of emergence, éd. Universität der Künste Berlin, 147 p.

design d’opportunité (p. 86 - 88 )

GUIDOT, Raymond (2013), Histoire des objets : chronique du design industriel, éd. Hazan, 576 p. 3. PAPANEK, Victor (1971), Design pour un monde réel, éd. Mercure de France, 366 p. 4. «Matière plastique», Larousse : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/mati%C3%A8re_ plastique/80411 «Thermoformage ou injection», info industrielle : http://www. info-industrielle.fr/matieres-premieres/plastique-thermoformage-ou-injection/ 5.«Le fonctionnement d’une fraiseuse numérique», info industrielle :http://www.info-industrielle.fr/ equipement-industriel/le-fonctionnement-dune-fraiseuse-a-commande-numerique/

la recherche d’une pratique

1 BIGNIER, Grégoire (2018), Économie circulaire, ce que l’économie circulaire fait à l’architecture, éd. Eyrolles, 155 p.

espace d’émergence (p. 56 - 53)

Paris 2021

lieu participatif (p. 45 - 55)

129


bibliographie

ouvrages ATELIER 401 (2019), Spaces of emergence, éd. Universität der Künste Berlin, 147 p. AUREZ, Vincent, GEORGEAULT, Laurent (2019), Économie circulaire. Système économique et finitude des ressources, éd. De Boeck Supérieur, 336 p. BARLES, Sabine (2016), L’invention des déchets urbains France : 1790-1970, éd. Champ Vallon, 312 p. BIGNIER, Grégoire (2018), Économie circulaire, ce que l’économie circulaire fait à l’architecture, éd. Eyrolles, 155 p. BLANC, Nathalie (2008), Vers une esthétique environnementale, éd. Quae, 225 p. BOURG, Dominique, PAPAUX, Alain (2015), Dictionnaire de la pensée écologique, éd. PUF, 1120 p. BRAUNGART, Michael (2011), Cradle to Cradle, éd. Alternatives, 230 p. DAGOGNET, François (1997), Des détritus, des déchets, de l’abject : une philosophie écologique, éd. Le Plessis-Robinson, 230 p. ENCORE HEUREUX (2014), Matière Grise : matériaux, réemploi, architecture, éd. Pavillon de l’Arsenal, 368 p. ENCORE HEUREUX (2018), Lieux Infinis, éd. B42, 347 p. ERKMAN, Suren (2004), Vers une écologie industrielle, comment mettre en pratique le développement durable dans une société hyper industrielle, éd. Charles Léopold Mayer, 252 p. GILES, André (1911), Nouveaux prétextes, éd. Mercure de France, 329 p. HADIN, Erik, NERDANG, Emily-Claire (2017), Plastic Island, Three Structures based on Transformed Ocean Plastic, Chalmers School of Architecture, 260 p. FIELL, Charlotte et Peter (2013), Design du XXè siècle, éd. Taschen, 766 p. GUIDOT, Raymond (2013), Histoire des objets : chronique du design industriel, éd. Hazan, 576 p. GUILLAUME, Valérie, HEILBRUNN, Benoît, PEYRICOT (2003), l’ABCdaire du Design, éd. Flammarion, 119 p. LOWENHAUPT TSING, Anna (2017), Le champignon de la fin du monde, éd. La découverte, 415 p.

Paris 2021

la recherche d’une pratique

MCDONOUGH, William, BRAUNGART, Michael (2002), Cradle to Cradle. Créer et recycler à l’infini, éd. Gallimard, 193 p.

130

PAPANEK, Victor (1971), Design pour un monde réel, éd. Mercure de France, 366 p. PATEL, Raj, MOORE, Jason (2018), Comment notre monde est devenu cheap, une histoire inquiète de l’humanité, éd. Flammarion, 336 p. SIMONDON, Gilbert (2012), Du mode d’existence des objets techniques, éd. Aubier, 367 p. VASSET, Philippe (2007), Un Livre Blanc, éd. Fayard, 135 p.


«La collecte des plastiques», Paprec : https://www.paprec.com/fr/comprendre-le-recyclage/tout-savoirsur-les-matieres-recyclables/ plastiques/la-collecte-des-plastiques/ «Le tri et le recyclage du plastique en France», Cotrep : https://www.cotrep.fr/le-tri-et-lerecyclage-des-plastiques-enfrance «Anna Tsing : «Fabriquer des mondes n’est pas réservé aux humains, les histoires entre espèces sont entremêlées»», Libération : h t t p s : / / w w w. l i b e r a t i o n . f r / debats/2019/06/14/annatsing-fabriquer-des-mondesn-est-pas-reserve-aux-humainsles-histoires-entre-especes-sontentre_1733833 «Les « àquoibonistes », les « obscurantistes sécurisants » et les « optimistes »», Dirigeant. fr : http://www.dirigeant.fr/planete/ les-aquoibonistes-les-obscurantistes-securisants-et-les-optimistes/?fbclid=IwAR3vvOcf 7 Wu N c A o u L C h 3 I x C l z a s I mmROks8UiW040xQrpqYPbIGCWkVYCv0 «Innovation : quand les contraintes excitent l’imagination», Dirigeant.fr : http://www.dirigeant. f r / i d e e s / i n n o v a tion-quand-les-contraintes-mobilisent-limagination/?fbclid=IwAR1y45B0A40tt6AGgzAf-xOBzrfBZdDSXPq_YKLfsanuVPd41eBSmo0IhFk

«lor-k», lor-k : https://www.lor-k.com/ Floating University : https://www.floatinguniversity. org/?fbclid=IwAR2173p2OEZcmwpWnDiVrnYt76NiJg2jR3SrlzDIVu14fbS1OE5uNEGZ2_Q «Making Futures», Making Futures : https://www.making-futures. com/?fbclid=IwAR3cYFXeDzBTvwsx1_6TgGx9ot8 m h Ly a n m f j q L b V l ZXihLiZI8xwXWksw8Y «Land Art», universalis : https://www.universalis.fr/encyclopedie/land-art/ «Matière plastique», Larousse : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/mati%C3%A8re_ plastique/80411 «Design», Larousse : https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/design/42408 «Thermoformage ou injection», info industrielle : http://www.info-industrielle.fr/matieres-premieres/plastique-thermoformage-ou-injection/ «Le fonctionnement d’une fraiseuse numérique», info industrielle : h t t p : / / w w w. i n f o - i n d u s t r i e l l e . fr/equipement-industriel/ le-fonctionnement-dune-fraiseuse-a-commande-numerique/ «Cradle to Cradle le berceau de l’économie circulaire», Upcyclea be great be circular : h t t p s : / / w w w. u p c y c l e a . c o m / cradle-to-cradle/

«Gestion des déchets dans la métropole», syctom-paris : https://www.syctom-paris.fr/gestion-des-dechets-dans-la-metropole/parcours-des-dechets.html Le Pavé : https://www.sasminimum.com/ Atelier Samji : https://www.facebook.com/Ate

bibliographie

Precious Plastic : https://preciousplastic.com/

«Franck Aggeri, L’économie circulaire : mise en perspective historique et enjeux contemporains», inter-mines : https://www.inter-mines.org/fr/ revue/article/l-economie-circulaire-mise-en-perspective-historique-et-enjeux-contemporains/1388

lierSamji Gomi Design : https://www.gomi.design/ James Michael Shaw : https://jamesmichaelshaw.co.uk/ Maximum Design : https://www.maximum.paris/

Piet Ein Eek : https://pietheineek.nl/en Arnaud Eubelen http://www.arnaudeubelen.be/ Ferreol Babin https://www.ferreolbabin.fr/

vidéos Quelle histoire : les plastiques (History 101 : plastics, ITN Productions, 2020)

tous les liens cités ont été consultés pour vérification de la validité de l’url le 15/01/2021

la recherche d’une pratique

«On vous explique pourquoi le recyclage du plastique est en train de créer une crise mondiale des déchets», France Info : h t t p s : / / w w w. f r a n c e t v i n f o . f r / sante/environnement-et-sante/ on-vous-explique-pourquoi-lerecyclage-du-plastique-est-entrain-de-creer-une-crise-mondiale-des-dechets_3465921.html

«1979, Paul-Emile Victor, «Nous sommes dans la merde jusqu’au cou» !», ina : h t t p s : / / w w w. i n a . f r / c o n t e nus-editoriaux/articles-editoriaux/1979-paul-emile-victornous-sommes-dans-la-merdejusqu-au-cou/?fbclid=IwAR2X8YHLoM5Q7jkGgAVAKWse9eqC14cdGZ25Z2JJbbd83oddfZ2j8XDWZdI

Paris 2021

sites

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sans encombre 49 rue du faubourg Poissonnière - 75009 Paris sansencombre.recycle@gmail.com SIRET : 890 312 911 00013




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