Tpfe Julien Revel millau ville/vie au rythme d'un vallon

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Milhau, *

Vi(ll)e au rythme d’un vallon

Tpfe Julien Revel * Millau, en occitan rouergat.



École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles - Marseille Antenne de Marseille Julien Revel

Millau, ville / vie au rythme d’un vallon.

Comment l’étude des rythmes du territoire, peut elle permettre une manière durable de le vivre ?

Année 2016 - 2017 Travail Personnel de Fin d’Étude de Paysagiste Dplg Encadré par Cécile Mermier


«...Et les rites sont dans le temps ce que la demeure est dans l’espace. Car il est bon que le temps qui s’écoule ne nous paraisse point nous user et nous perdre, comme la poignée de sable, mais nous accomplir. Il est bon que le temps soit une construction. Ainsi, je marche de fête en fête, et d’anniversaire en anniversaire, de vendange en vendange, comme je marchais, enfant, de la salle du Conseil à la salle du repos, dans l’épaisseur du palais de mon père, où tous les pas avaient un sens...» Citadelle, ch.III, Antoine de Saint-Exupéry

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... À Cécil’ pour l’aide et le temps consacré ; à Frédéric, pour sa contribution et ses précieux conseils ; à mes enseignants, de qui je ne cesserai jamais d’apprendre ; à Caroline pour son soutien. À ceux qui me sont chers. Au temps qui passe. Merci.

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Sommaire

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Introduction

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«Tant de Temps»

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I. Le choix Millavois. - L’imaginaire collectif - La métropolisation du territoire - La ville moyenne - La ville par nature - La ville porte de PNR - La force des Causses - L’image véhiculée d’une ville nature

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II. Le temps vécu. - Quelle image a-t-on de Milhau? - Protocole photographique

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III. Le temps long. - Le temps géologique - Développement urbain - Histoire ouvrière - Observatoire Photographique

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IV. Le temps court. - Des limites à l’expansion urbaine - Les secteurs Nord, dernières réserves foncières de la commune - Le désir alternatif - Déplacement subjectif et isochrones - Monotonie

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- Du puech d’Andan au Tarn en passant par la ville, le vallon de Saint-Euzébit - Les rythmes du vallon - Un territoire de potentiels passés, présents et futurs

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V. Le temps à-venir. - Stratégie par les rythmes - Entre ville et nature, la ville-nature en projet

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VI. «Polytonie» - Polytonie - En conclusion

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Bibliographie

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Contact

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Introduction

Le positionnement du sujet de diplôme se structure autour d’un ressenti personnel sur notre rapport au temps et un certain besoin de nature. Comme si de l’avancée technologique des dernières décennies, nous nous extirpions du monde et de ses rythmes. De ce sentiment personnel d’une rupture avec notre environnement en ressort le constat d’un bouleversement contemporain dans notre rapport au temps. Éprouvant l’accélération d’un monde guidé par des technologies toujours plus réactives, on peut se sentir pris dans une certaine frénésie. Alors face à ce ressenti j’ai voulu questionner la notion du rythme, le besoin de nature, et l’idée d’une re-synchronisation avec des temporalités plus naturelles. Cherchant à confronter ce point de vue avec notre profession, j’ai trouvé dans le développement effréné des métropoles sur ces dernières décennies une forme de témoignage de notre rapport au temps et de son évolution. Face à cette problématique, les grandes villes cherchent notamment aujourd’hui à redonner l’accès à la nature à leurs habitants. Certaines développant même depuis récemment des « bureaux du temps » pour penser les rythmes sociaux quelles semblent avoir délaissées.

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Alors, si l’instantanéité qu’offrent les nouvelles technologies nous pousse toujours plus dans l’accélération de nos rythmes de vie, elle a également permis un phénomène nouveau, celui du télétravail et du retour à la nature. La fuite de la grande ville, le retour vers une plus grande proximité avec la nature, reste ainsi compatible avec la préservation des valeurs urbaines et engendre une forme d’occupation néo-rurale, porteuse de valeurs urbaine au sein d’un territoire rural. Ce travail personnel de fin d’étude, questionne ce phénomène et les problématiques qu’il engendre.


À daté du 27 Mars 2015, jusqu’à présent, le journal Le Monde, a publié au sein de sa rubrique en ligne «l’époque», une série d’entretiens groupés sous la thématique «Tant de temps». Ensemble d’interviews de personnalités variées autour de leur approche du temps, ces articles et les notions relatées, m’ont servi de fondement théorique. Plutôt qu’un paraphrasé inévitable, en voici les extraits qui ont structuré ma réflexion.

Denis Grozdanovitch : « La frénésie est devenue une idéologie » «saisir les petits bonheurs fugaces» «prendre le temps de faire la sieste dans le jardin, de me laisser surprendre par le bonheur simple de contempler une plume descendre dans les airs tourbillonnants d’un violent orage. Pour moi, le bonheur est fait de petits riens qui rendent la vie savoureuse.» «Nous vivons une époque où la frénésie est devenue une idéologie. A la campagne, je suis le seul à me promener. Si je croise quelqu’un, c’est un joggeur avec son casque sur les oreilles et les yeux rivés au sol. Les gens courent mais ne vivent pas, ils ont perdu l’accord avec le monde environnant.»

«Il n’est pas sûr que le temps gagné par la vitesse soit utilisable pour le bonheur.» «Quand on flâne, on ne fait pas rien, au contraire, on est plus vivant que quand on est en pleine activité stérile. Se placer dans le bon état d’esprit n’a rien d’évident. Durant la première demi-heure d’une balade, je pense souvent à des choses précises, à mes problèmes… Je ne suis pas poreux à ce qui se passe autour de moi.» Louis Espinassous : « Etre dans l’action permet de cultiver les pensées vagabondes » «La nature m’offrait déjà la certitude d’être heureux, c’était une échappatoire à l’ennui.» Simon Morris : « Ressentir le moment présent pour échapper à la notion de temps » «Nous avons tous une perception unique du temps» «Pourquoi certaines heures filent comme des minutes ? Et pourquoi certaines minutes semblent durer une éternité ?» «S’efforcer à ressentir le moment présent est d’ailleurs une façon d’échapper à la notion de temps, une manière de ressentir l’éternité.» «Le temps qui peut être partagé avec d’autres peut participer à l’écriture de nouvelles histoires.»

Jérôme Lèbre : « L’accélération du monde nous rend immobiles » «J’ai cherché à approfondir le côté critique de l’aliénation, cette pression que l’on ressent en permanence avec ce rythme qu’on n’a pas choisi.» «L’accélération n’est que dehors, elle suppose que l’on regarde un chronomètre» «Dans la tradition, l’immobilité est la position du sage, de celui qui prie, qui médite. L’immobilisation, c’est aussi la peine par excellence, la prison…» «L’immobilité contrainte ( la voiture...? ) (le fait de devoir se tenir tranquille, qui va de la prison au temps passé assis dans les voitures) doit s’articuler avec des formes d’immobilisation plus libres (pour faire sens, il faut savoir résister au mouvement, ne pas se laisser entraîner)» Pierre Rabhi : « Comment échapper à la frénésie de notre société ? » «Son rapport à la nature et au vivant est indissociable de son rapport au temps.» «Depuis l’origine de l’humanité, le temps est indexé sur le temps cosmique (les saisons, le rythme du vivant), raison pour laquelle je peux renoncer à beaucoup de choses, sauf à mon jardin, qui me reconnecte à cette temporalité. J’ai aussi appris à m’écouter : revenir à son corps et à sa respiration permet

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de garder la vraie cadence de la vie.» «Le tout consiste à échapper à la frénésie dans laquelle notre société est entrée : quand la logique de profit accélère le temps pour des finalités stupides, la société ne crée plus de joie» «On est tombé dans cette anomalie pour gagner du temps, mais cette normalité nous piège maintenant.» «Le jardin oblige à la patience, car on ne peut semer aujourd’hui et récolter demain.» «le vrai temps, celui qui est ponctué par la respiration ou les battements du cœur, est le seul à procurer un sentiment d’éternité.» « sommes nous capables de changer les choses, de créer un autre espace-temps et de sortir du système esclavagiste qui nous est imposé.»

l’urgence, considérée comme indispensable pour répondre aux nouvelles exigences d’une compétition économique qui a basculé dans le champ du temps, puisque c’est désormais en gagnant du temps que l’on gagne de nouveaux marchés…» «Aussi cette évolution affecte-t-elle notre rapport aux autres : nos relations, médiées désormais par la technologie, se nouent plus vite mais elles sont plus flexibles, éphémères» «Sans doute l’homme des sociétés occidentales pressées peut-il entamer une thérapie pour retrouver le temps long et prendre soin de lui, pratiquer la méditation»

Nicole Aubert : « Nos sociétés ont créé des individus à flux tendus »

«La temporalité linéaire, où le temps s’inscrit entre un point de départ et un point d’arrivée, et dans laquelle s’inscrit l’Occident, crée de la tension et de la souffrance.»

«Notre époque, depuis une vingtaine d’années, vit une mutation radicale de son rapport au temps» «l’avènement des nouvelles technologies de la communication» «a donné naissance à trois façons nouvelles de vivre le temps : l’instantanéité, permise par ces technologies de la communication ; l’immédiateté qui découle de cette possibilité d’avoir la réponse dans l’instant et qui concerne le délai d’exigence du résultat puisque c’est possible dans l’instant, je le veux dans l’immédiat. Et enfin

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Séverine Millet : « L’écologie nous invite à prendre acte du réel »

Katja Krüger : « La frontière entre le temps passé au travail et le temps pour soi est floue » «une ville doit être en mesure de prendre en compte ce facteur déterminant dans la vie de la cité et de ses habitants» «Rennes Métropole. D’autres villes comme Paris, Saint-Denis, Lille ou encore Montpellier en ont fait de même. Il existe

aussi une association nationale, Tempo territorial qui regroupe les élus, chercheurs et les acteurs des services territoriaux qui travaillent sur ces questions.» «Pour les villes, cela pose la question des temps de trajet qui ont évolué entre l’étalement urbain (les chemins deviennent plus longs) et les investissements effectués dans les autoroutes (pour aller plus vite). Nous avons juste gagné de l’espace mais pas de temps.» «Aujourd’hui à Rennes, on est revenu sur ces choix et on réfléchit à la densification pour éviter l’étalement et gagner du temps, en travaillant sur l’accès piéton aux commerces et aux équipements par exemple… L’espace et le temps, dans la question de l’aménagement urbain, ne peuvent être dissociés. Et les aspects temporels deviennent déterminants pour l’habitat, les loisirs, les modes de vie…» Hartmut Rosa : « Plus on économise le temps, plus on a la sensation d’en manquer » «La technologie nous aide donc à économiser du temps et nous devrions théoriquement bénéficier de davantage de moments libres. Le problème, c’est que puisqu’on peut produire plus rapidement, on produit plus. C’est de là que vient le stress : nous avons plus de choses à faire. Il en va de même pour la voiture : elle permet d’aller plus vite qu’à pied mais les distances que l’on parcourt


sont plus importantes et nous passons autant de temps dans la voiture que nous en passions jadis à marcher.» «On peut également essayer de trouver une stratégie d’adaptation collective en créant des oasis de décélération par exemple» Hubert Reeves : “Au fond d’une vallée, le temps passe plus lentement qu’au sommet d’une montagne”

vite en hauteur. Chaque entité et chaque personne possède son propre temps, il n’y a pas de temps universel.» «On ne voit jamais le temps, mais on voit les choses changer. On voit le soleil monter et descendre, on peut décrire les faits sans parler du temps, seulement en mettant en avant comment les choses changent.»

«La densité de matière dans un lieu donné influence le rythme de passage du temps dans cet endroit. Au fond d’une vallée, le temps passe plus lentement qu’au sommet d’une montagne. Près d’un trou noir, il s’arrête.» «C’est la vitesse d’évolution de notre cadre de vie – avec tous ces outils technologiques et Internet – qui donne l’impression que tout s’accélère.» Carlo Rovelli : « On ne voit jamais le temps, mais on voit les choses changer » «Les travaux d’Einstein ont entraîné un changement fondamental dans notre compréhension du temps, et sa théorie a été vérifiée : le temps passe à une vitesse différente en fonction de l’endroit où l’on se situe et en fonction de la rapidité avec laquelle on bouge. Aussi, le temps passe plus vite à la montagne qu’à la mer, et l’on vieillit donc plus

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«... si partout dans la nature les formes naissent des mouvements à leur origine, seules les productions des hommes à mesure qu’ils évoluent et s’éloignent de leurs origines, deviennent des constructions de l’esprit ; le mouvement est toujours à l’origine de ces formes mais il s’efface progressivement au profit d’une forme qui répond à une raison extérieure et a priori. [...] pendant que la nature produit continuellement, l’homme fabrique le plus souvent par principes séparés.» Le mouvement et la forme Stéphane Gruet

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01. Le choix Millavois 13


Le choix de Millau L’imaginaire collectif Dans l’inconscient collectif la nature semble alors un remède pour une génération aux prises avec ces bouleversements de société. Le choix de Milhau (nom rouergat de Millau) se place alors dans ce questionnement global. La recherche d’un autre modèle que celui des métropole, l’appel de la nature et sa proximité sans artifice, la préservation de valeurs urbaines. Il s’est imposé dans le diplôme au travers des valeurs naturelles qu’il porte avec son PNR et des valeurs urbaines de son viaduc. C’est également la singularité de la ville moyenne dans ce système national qui se métropolise, mais aussi de la ville dans un Parc Naturel Régional. En entrée de ville, depuis la route départementale 809 ( route de la Cavalerie ) qui relie l’A75 à Milhau en provenance de Montpellier, la commune offre ce panorama aux automobilistes. Halte possible uniquement dans le sens de la venue, il illustre, commenté de panneaux d’informations, cet imaginaire commun d’une ville au cœur d’un grand territoire rural et empreint de la notoriété internationale du viaduc à son nom.

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Causse du Larzac Viaduc de Millau Tarn


Monts du Lévézou

Causse Rouge

Causse Noir Puncho d’Agast

Dourbie

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Le choix de Millau La métropolisation du territoire. Si la révolution industrielle a été le moteur de la centralisation française autour de la capitale Parisienne ; la révolution numérique opère quant à elle un tournant en participant au phénomène de métropolisation. Associée à l’explosion du travail dans le tertiaire qui remplace l’économie industrielle impuissante face à la concurrence internationale, elle nourrit une certaine décentralisation bien que profitant d’une forme nouvelle de polarisation des activités autour des grandes aires urbaines. S’élevant à un total de 17 métropoles en 2017, et prévoyant la mise en place de 7 nouveaux territoires métropolitains, cette métropolisation modifie en profondeur la structure territoriale française. Si elle tend à la dynamisation des urbanités interconnectées par le réseau autoroutier, elle se risque également au délaissement de ce nouveau «désert français». Au sein d’un Massif central quelque peu délaissé par le réseau autoroutier, préférant les plaines, Milhau, sous préfecture de l’Aveyron derrière Rodez, questionne l’avenir de ces territoires inter-métropolitains. Elle interpelle d’autant plus par sa proximité des métropoles toulousaines et Montpelliéraines et de la métropole à venir de Clermont Ferrand.

Massif central A75 Département de l’Aveyron Milhau

Nord 16


Le choix de Millau La ville moyenne Dans ce rapport à la métropole, Milhau avec ses 22064 habitants, fait partie de la catégorie des villes moyennes. Ces communes entre 20 000 et 100 000 habitants dont la France en compterait 200.

En comparaison avec la superficie urbaine de Marseille ( plus grande ville française en superficie urbaine intramuros ), celle de Milhau correspondrait à la dimension du centre de vie communément pratiqué à pied dans le cœur Marseillais.

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1km

10km Nord 17


Le choix de Millau La ville par nature Si l’étalement urbain Millavois peut questionner sur les formes de pratiques des lieux et la manière dont nous les vivons, la comparaison urbaine trouve ses limites dans le contexte territorial. Pour une superficie communale sensiblement similaire à l’exemple Marseillais précédent, le contexte Millavois est à 95% rural. Influencée par ce rapport rural au territoire, sa pratique se fait principalement de manière véhiculée et bien qu’étant au milieu de ce grand paysage naturel, la proximité directe avec ces paysages, nous le verrons par la suite, ne semble pas d’usage. Si le développement pavillonnaire à commencé à entamer les coteaux sur les dernières décennies, la superficie urbaine de Milhau reste relativement concentrée au vu de la taille de son territoire. En dehors de la ville, on constate une occupation du sol structurée par un système de fermes sur le plateau du Larzac au Sud Est et les coteaux du Causse Rouge au Nord Ouest. Le réseau composé de prairies de pâturage et de prairies de fauche destinées aux brebis, alimentant notamment la société Roquefort, délaisse les pentes plus abruptes, difficilement cultivables, qui se boisent alors de feuillus en vallons ou de conifères sur les hauteurs du Causse Noir à l’Est.

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1km

10km Nord


Le choix de Millau La ville porte de PNR

Périmètre du PNR des Grands Causses

Forte de sa situation au croisement des Grands Causses ( Causse Noir à l’Est, Causse du Larzac au Sud et Causse Rouge au Nord ), délimitées par les rivières du Tarn et de la Dourbie, Milhau constitue par sa communauté de commune «Millau Grands Causses», un segment de la bordure Est du PNR. Directement desservie par l’A75 qui traverse le Parc, la commune occupe en tant que «ville porte du PNR» une position des plus stratégiques. Seule ville de plus de 20 000 habitants dans un Parc Naturel Régional, cette singularité doit être employée dans la valorisation de ce territoire spécifique.

A75 Périmètre de la Communauté de Commune Millau Grands Causses Tarn Dourbie Territoire communal de Milhau

Représentant 44% de la population du PNR, il est regrettable de constater à ce jour le manque de réflexion du Parc sur ce territoire urbain et les relations directes qu’il entretient avec le Grand Paysage. S’il existe bien une charte du PNR renouvelée en 2007 et approuvée 12 ans ( objectif 2019 ), elle constate bien au travers « de l’évaluation des actions conduites dans la première charte [...] un manque d’interventions spécifiques du Parc dans les communes urbaines».

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10km

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Nord 19


En conséquence de ce constat, la nouvelle charte pose alors quelques conditions d’appui technique du Parc dans les communes urbaines. Il s’agit notamment de : - « L’amélioration du cadre de vie, de l’environnement paysager des villes et de leur attractivité ( restauration des quartiers, traitement des entrées de ville,... ) » - « L’accueil des visiteurs et de nouvelles populations. ». Car si les espaces ruraux sur lesquels le PNR fonde sa réflexion constituent l’attractivité des communes urbaines, Il n’est pas à omettre cette singularité urbaine. Cette prise de conscience semble alors s’être opérée lors du renouvellement de la charte où, comme elle le mentionne : « L’affaiblissement de Millau, face aux autres pôles urbains majeurs sur le plan national et international conduirait automatiquement à un affaiblissement du territoire couvert par le PNR, avec des conséquences dommageables pour toutes les communes. » Alors se constituant comme élément de polarité de ce territoire, la ville de Milhau doit adopter une stratégie d’attractivité afin d’opérer par la suite une re-diffusion dans le territoire rural du PNR.

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Par l’affirmation de son image de ville en cœur de Parc Naturel Régional, Milhau est à même de relever le défi du Parc de « concilier la préservation des espèces et des paysages avec le développement socio-économique » du territoire. Si la zone d’un cœur de Parc National édifie une réglementation stricte pour permettre d’assurer la protection du patrimoine naturel d’un secteur central, celle d’un PNR devrait être ce secteur qui pense cette interaction ville nature, urbain et rural. Le point stratégique d’un territoire vécu, en lien avec ses usages contemporains et dans l’optique d’un développement durable initié en ce point. La dernière charte travail en ce sens à assurer les conditions de renouvellement urbain sur Milhau. Elle affirme ainsi : « Le développement d’un territoire passe par une solidarité forte entre les communes rurales et les communes urbaines dans le respect de leur identité. Cette solidarité doit permettre de valoriser au mieux des atouts du territoire pour asseoir un développement maîtrisé, profitable à tous et capable de conduire au maintien et à la création d’activités et d’emplois durables. L’adhésion de la ville de Millau au réseau des «Villes durables» de Midi-Pyrénées concrétise sa volonté de s’investir dans le développement durable qui

est la motivation première du Parc naturel régional des Grands Causses. »


Compeyre / Aguessac / Paulhe

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Le choix de Millau La force de Causses

Causse Noir Puncho d’Agast

Causse Rouge Puech d’Andan Milhau

Causse du Larzac

Dourbie

Au croisement des trois Causses, la force de la géographie et son caractère remarquable ne peut laisser indifférent. Comme englobant la ville dans sa quasi totalité, ils procurent une sensation de proximité parfois déstabilisante. Dans la quête de cette proximité de la nature, ma première visite sur Milhau m’a en effet surpris dans le contraste qu’elle pouvait procurer.

D’une part cette omniprésence de la nature et son sentiment de proximité, au travers des cadrages qu’offrent les grands axes urbains sur les Grands Causses. Viaduc de Millau A75 D’autre part le sentiment d’inaccessibilité et d’éloignement qui poussent à l’usage du véhicule et l’installation d’un intermédiaire mécanique entre l’homme et la nature pourtant proche. Cet étonnement, comme si la perception de la distance différait de celle du temps, s’est trouvée amplifiée dans le constat d’une forte pratique des déplacements doux au sein de la ville.

Tarn

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Nord


Le choix de Millau L’image véhiculée d’une ville nature Cette image de ville nature est portée par la commune, qui axe dessus sa stratégie de communication. S’identifiant comme capitale des sports de nature, Milhau structure en grande partie son rythme social autour de grands évènements sportifs annuels. Parmi les plus connus, les 100km de Millau en Janvier, la course Eiffage du viaduc de Millau en mai, les Naturals Games en juillet( événement sportif et musical ), la Nawak Run en octobre.

Grands Causses, fondé en 1995 et de l’ouvrage d’art du Viaduc de Millau inauguré en 2004, se ressent sur la démographie Millavoise. La ville constate ainsi une phase d’ascension démographique depuis 2006.

La notoriété gagnée par la ville ces dernières décennies au travers du Parc Naturel Régional des

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« ...(l’arbre) marche non à ta façon, mais comme un incendie au gré des vents. Tu plantes un cèdres sur la montagne et voilà ta forêt qui lentement, au long des siècles, déambule. Que croirait l’arbre de soi-même? Il se croirait racines, tronc et feuillages. Il croirait se servir en plantant ses racines, mais il n’est que voie et passage. La terre à travers lui se marie au miel du soleil, pousse des bourgeons, ouvre des fleurs, compose des graines, et la graine emporte la vie, comme un feu préparé mais invisible encore. Si je sème au vent, j’incendie la terre. Mais tu regardes au ralenti. Tu vois ce feuillage immobile, ce poids de branches bien installées, et tu crois l’arbre sédentaire, vivant de soi, muré en soi. Myope et le nez contre, tu vois de travers. Te suffit de te reculer et d’accélérer le pendule des jours, pour voir de ta graine jaillir la flamme et de la flamme d’autres flammes et marcher ainsi l’incendie se dévêtant de ses dépouilles de bois consumé, car la forêt brûle en silence. Et tu ne vois plus cet arbre-ci ni l’autre. Et tu comprends bien, des racines, qu’elles ne servaient ni l’un ni l’autre, mais ce feu dévorant en même temps que constructeur, et la masse de feuillage sombre qui habille ta montagne n’est plus que terre fécondée par le soleil. Et s’installent les lièvres dans la clairière, et dans les branches les oiseaux. » Citadelle, ch. CXCII Antoine de Saint-Exupéry

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02. Le temps vĂŠcu 25


Quelle image a-t-on de Millau?

Repères Local

Cours Nœud Repère Liaisons Parcs Coupure d’eau territorial

Majeur

La manière dont le territoire urbain millavois est pratiqué et vécu, se trouve bien différent de cette première image de ville nature idéalisée. Les deux grands repères territoriaux que constituent la Puncho d’Agast et le Puech d’Andan, semble drainer vers le Nord une certaine intensité de vie. Structurée autour des deux grands axes de liaison partant du Mandarous, la connexion avec ces deux éléments du territoire est interrompue par la D809 puis la D911, joignant l’A75. Au Sud Ouest l’intensité urbaine délaisse le centre hospitalier et le lycée, en frange urbaine au milieu d’un tissu pavillonnaire. Leur raccrochement avec le reste de la ville s’opère en coteaux par la liaison de la côte 415 qui aboutit sur le complexe commercial Géant du Cap du Crès. Les points de croisement des entités permettent l’identification de nœuds qui témoignent à la fois d’un certain dynamisme de vie locale et des confrontations d’usage notamment avec les véhicules.

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1000m

Nord


Protocole photographique.

C’est alors dans ce contexte que je me suis intéressé à la relation qu’il pouvait exister entre notre perception du temps et celle de l’espace. Frappé par le contraste des rythmes et des formes de pratiques de l’espace entre piétons et automobiles j’ai voulu mettre en avant cette perception au travers d’un protocole photographique. En identifiant des points clefs et au moyen d’un appareil photo j’ai cherché à imprimer les différents rythmes qui pouvaient évoluer en un même instant d’un lieu donné. L’espace d’un instant, sur un temps de pose référent d’1 seconde, la mémoire s’imprime et le temps avec. Chaque photographie nourrit alors une lecture propre dans la représentation des différents rythmes qu’elle illustre d’elle même. Mais nourrit également une lecture comparative entre chacune dans la perception des différentes pratiques des lieux. Cette expérimentation photographique est alors le support d’une réflexion par « parallélisme » avec le fonctionnement de notre mémoire. Une forme d’interprétation de la manière dont s’imprime en nous le paysage, mais aussi une manière de mettre en partage l’immatérialité d’un souvenir. Cette réflexion m’a amenée à me questionner sur : Comment notre relation au temps influence notre perception de l’espace ?

Filtre ND nécessaire pour atténuer la lumière entrante lors de temps de pose long. Ici, deux verres inactiniques pour lunettes de soudure permettent de le remplacer

En raison du temps de pause long, la présence d’un trépied est essentiel à la stabilité de l’appareil afin d’obtenir une image nette sur les éléments fixes.

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Milhau, Vue sur le Puech d’Andan depuis l’A75 à 110km/h Temps de pose 1.0s ƒ/5 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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110 km/h

A 110km à l’heure, depuis le Viaduc de Millau, le regard trouve tout juste le temps de se poser sur les grandes entités du paysage. Les Grands Causses avec cette forme particulière du Puech d’Andan qui appel le regard et la Puncho d’Agast un peu plus loin. Seuls ces géants qui arrivent à se hisser à la hauteur des nuages parviennent à la celle de notre regard depuis le viaduc. La ville de Milhau qui lui donne pourtant son nom 270m plus bas se devine tout juste. 110km/h, c’est un peu rapide pour discerner autre chose que l’horizon. Et encore, cela reste le privilège du passager. A 110km à l’heure, Milhau se résume en 80 secondes et il n’en reste qu’un vague souvenir. A 110 km à l’heure, tout juste le temps de prendre connaissance du paysage et puis l’on file pendant que s’effilent derrière nous nos souvenirs. 80 secondes c’est très peu pour tant à découvrir.

Viaduc de Millau

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Milhau, Café du Mandarous, Temps de pose 1.0s ƒ/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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Fixer l’attention.

Assis à la terrasse d’un café, on se sent plus à l’aise. Le Patron du Mandarous s’en soucie. Des bambous et autres ornements végétaux ont été installés pour mettre à distance les circulation routière; isoler les rythmes de ceux qui filent et de ceux qui se posent. Assis à la terrasse d’un café on trouve de meilleurs instants. L’impression de la mémoire est de meilleure qualité. Il y a ces passants qui attendent l’interruption du flux automobile. Qui attendent mais sans trop, sur les bandes cloutées du passage piéton. Qui attendent pour traverser la voie et se rendre dans les vieilles rues du centre. Et puis il y a cette femme, ce visage, qui reste dans vos souvenirs. Le regard fixe mais fuyant, le journal de Millau et le temps qui, l’espace d’une seconde, s’éternise puis se suspend. Une fois posé, également, notre esprit s’adonne à l’attention du mouvant. On suit du regard, on tente d’imprimer un peu plus en soit l’éphémérité d’un instant. Tant bien que mal on y parvient, mais c’est le monde autour qui s’oublie.

Nord 31


Milhau, Place du Mandarous, Temps de pose 1.0s Æ’/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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La Place du Mandarous, une lecture perturbée. La place du Mandarous est l’élément de repère des Millavois. Un élément clef au croisement des grands axes de déserte du territoire. L’avenue de la République pour aller vers Paris ; l’avenue Jean Jaurès pour les gorges du Tarn. Le boulevard de l’Ayrolle qui suit l’ancienne fortification ouest de Milhau et le boulevard de Bonald qui le relie à la place de la Capelle et son nouveau centre commercial. L’axe qu’il forme avec ce dernier constitue aujourd’hui une polarité forte de la vie urbaine Millavoise. Plus ouvert et aéré que le dédale de l’ancienne ville forte, il accueille grand nombre de boutiques de marques et terrasses de café. Il présente ainsi une certaine ambivalence dans ses rythmes. D’une part on s’y arrête pour regarder les vitrines, attendre un bus ou quelqu’un, prendre un café en terrasse. D’autre part on n’y fait que passer, et généralement assez vite. De telle manière que le souvenir de notre présence s’efface. De telle manière également que la confrontation de ces deux rythmes perturbe notre attention. Porté sur le mouvement intense des véhicules, nous perdons en définition, les détails n’ont nul temps de nous apparaître et l’image se floute.

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Milhau, Place de la Capelle Temps de pose 1.0s Æ’/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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Place de la Capelle, sous la tutelle des Grands Causses. La force des Causses, ici celui du Larzac, contraste avec le dynamisme que l’on peut constater à la Capelle. Alors on garde en mémoire la constance du Causse, là où on ne retient de la foule, que l’impression diffuse de son passage. L’espace est partagé entre piétons et véhicules. Les rythmes se rapprochent, se confondent presque. Les mouvements ne sont pas si rapides mais restent pour autant dynamiques. Seules les boutiques dans ce fourmillement parviennent à attirer suffisamment l’attention pour arrêter les passants. Le Grand territoire s’imprime alors, le temps d’un regard, dans un subconscient qui accumule progressivement ces égards. Mais il s’imprime également le temps d’un café en terrasse. Ou encore assis entre amis à 17h30 lorsque le temps ne compte plus. La Capelle vit différemment, qu’il soit 10h30 ou 17h30. Il y a un certain âge, enfin, où l’on peut se lasser de la régularité des Causses. Où d’années en années, n’évoluant que lentement, on lui préfère le mouvement. Et étonnamment, on lui fait dos. Peut être pour faire une pause, peut être pour regarder passer les gens.

Nord 35


Milhau, Passage de Ladoux Temps de pose 1.0s Æ’/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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Passage de la voie ferrée au ruisseau de Ladoux. A seulement 500m de la place du Mandarous, l’ambiance est toute autre. Au croisement du ruisseau busé de Ladoux, de la voie ferrée et de l’avenue de la République. Au contact de la gare SNCF et du Parc de la Victoire, le site marque les esprits. Malgré la proximité des voitures qui filent sur l’avenue, le rythme des passants est bien plus calme que dans le centre ville. Malgré une fréquentation inférieure au centre, le passage de la voie ferrée laisse en mémoire une impression de forte intensité. Peut être est ce en raison de ce contraste des rythmes qui s’y opère. Les silhouettes piétonnes se dessinent nettement, alors que s’étirent toujours plus celles des automobiles. Peut être également est ce en raison de son emplacement. Le secteur est un point de convergence majeur pour la partie Nord de Milhau. Il constitue un passage obligé des pavillons vers le centre ville.

Nord 37


Milhau, Millau Pneus Temps de pose 1.0s Æ’/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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À 500m du Mandarous, avenue à flux tendus. A 500 m également du Mandarous, sur l’avenue Jean Jaurès, il est bien difficile de mémoriser quiconque. Les silhouettes sont fantomatiques. La fréquentation est pourtant importante mais elle n’est que de l’ordre du transitoire. L’identité est à la circulation. Pourtant l’espace est aéré. Pourtant il offre un cadrage remarquable sur la Puncho d’Agast. Pourtant la proximité avec le centre ville est la même. Mais en dépit de toutes circonstances, c’est un territoire transitoire qui s’offre à nous. Un territoire tourné vers la vitesse où on ne saurait attendre que le moment opportun pour s’insérer dans ce flux.

Nord 39


Milhau, Aux bords du Tarn Temps de pose 1.0s Æ’/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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Aux bords du Tarn.

Si la route Départementale 809 offre un sublime panorama sur la Puncho d’Agast, il se confronte en mémoire à la violence d’écart de rythme des pratiques dont elle témoigne. Le flux routier y est aussi intense qu’incessant en raison de son utilisation comme voie de contournement du péage de l’A75. Scindant en deux le paysage, tant spatialement que mentalement, il n’en est pas moins un territoire pratiqué pour la promenade. Les berges du Tarn en contre bas offrent pourtant des rythmes bien plus apaisés. Cet apaisement et la non sollicitation de l’attention par le dynamisme automobile permet une attention plus fine sur le lointain, comme l’envol des parapentes, ou celui encore plus subtile, des vautours.

Nord 41


Milhau, Boulevard du Puech d’Andan Temps de pose 1.0s ƒ/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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Franchir les murs invisibles

La D809 dans son usage de contournement du péage, se poursuit avec le boulevard du Puech d’Andan (D911), qui relie Milhau à l’A75. La route avec son caractère très orienté automobile prend des airs de voie rapide, n’étant pourtant constituée que de deux voies de circulation. En ce sens, elle coupe brutalement la ville de son territoire. Contrairement à son nom, la D911 dessert le Puech d’Andan par son hostilité. Comment espérer traverser cet espace quand se dresse devant nous ce mur invisible ? L’intensité de ce flux tendu s’oppose en l’espace de quelques centimètres seulement de territoires bien plus calmes que constituent les pavillons et anciens vergers du vallon de Saint Euzébit.

Nord 43


Milhau, Centre commercial du Cap de Cres Temps de pose 1.0s Æ’/5 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000 44


Centre commerciale du cap du Cres

Au croisement du boulevard du Puech d’Andan et du ruisseau de Saint Euzébit, le complexe commercial du Cap de Cres, constitue un grand équipement d’échelle intercommunale. Situé en entrée de ville et desservi par les grands axes tant urbains que territoriaux, il présente d’importants conflits d’usages. Essentiellement pensé dans une pratique du territoire motorisée, il n’y a que très peu d’espaces attribués aux riverains qui pourtant viennent fréquemment en modes doux.

Nord 45


Milhau, Ripisylve de St Euzébit Temps de pose 1.0s ƒ/2.8 ISO 100 NIKON COOLPIX P7000

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Ripisylve et prairie sur le chemin du puech d’Andan, par la ferme de la Rode L’analyse du plan peut paraître assez simple, on identifie aisément les entités qui composent l’image. Une prairie, une haie, le ciel et «le paysage» en fond. Il peut nous sembler ainsi que le lieux ne suscite que très peu notre attention et nous mène très vite vers un sentiment «d’ennui». Mais la rapidité de la venue de ce sentiment permet d’accélérer son dépassement. Alors notre attention se porte sur des variations plus subtiles, plus fines. Elle s’a-ffine, c’est à dire que sans fin elle dépasse une à une ses limites, jusqu’à percevoir l’essence des chose, l’immatériel, «l’aura des êtres», diront certains. De fait, on se rend compte de la complexité cachée du territoire et on met peu à peu, des noms sur chaque entité. Chaque peuplier et le flux migratoire de leurs pollens au printemps. Le délicat mouvement des feuilles de marronniers. L’imposante majesté d’un chêne. La prairie pâturée par les brebis de la ferme de la Rode. Le Causse du Larzac au loin et la ville qui disparaît sous la topographie. Les changements de lumières, le chant d’un oiseau et la symphonie qui s’en suit. Ainsi, plus vite viens cet ennui, plus tôt nous prenons conscience du territoire et de ses subtilités.

Nord 47


« Aucun processus de reterritorialisation ne peut être amorcé sans une définition préalable de l’identité territoriale, à l’échelle de la région géographique et du lieu. Cette définition doit résulter d’une lecture des divers processus de formation du territoire dans sa longue durée, permettant d’en comprendre les invariances, les permanences, les sédimentations physiques et mentales. En réorganisant et en transformant le territoire, chaque cycle de territorialisation accumule et dépose une sagesse environnementale qui lui est propre et qui, tandis qu’elle enrichit ses règles génétiques, contribue à la conservation et à la reproduction de l’identité territoriale.» Le projet local Alberto Magnaghi

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03. Le temps long 49


Le temps géologique

Comprendre comment le temps détermine l’espace, c’est aussi s’intéresser à la manière dont il travail le territoire et dont il a façonné, au travers des Grands Causses, son identité. Sur le temps géologique, l’histoire des Causses trouve son origine il y a 250 millions d’années, lorsqu’après son démantèlement la chaîne hercy-

nienne ( actuel Massif central ) se retrouve submergée sous les mers. S’en suit pendant près de 100 millions d’années un empilement de dépôt sédimentaire successifs. Ce long processus constitue alors les roches calcaires dont sont aujourd’hui formés les Grands Causses.

- 250 MA

50

- 190 MA

- 199 MA

- 182,7 MA

- 186 MA

- 170,3 MA

- 174 MA

- 166,1 MA

- 168 MA


Il y a 90 millions d’années, le soulèvement de la chaîne Pyrénéenne puis celle des Alpes, il y a 40 millions d’années, travaillent le territoire calcaire du Massif central, y entraînant d’importantes fractures. Les eaux de ruissellement s’y infiltrant, commencent à dessiner le territoire des Causses que l’on connait aujourd’hui.

En fonction des caractéristiques de chaque couche calcaire, l’eau détermine la morphologie du territoire. Elle crée des gorges au travers des couches les plus rudes, à l’image du Tarn et de la Dourbie distinguant les Causses du Larzac et le Causse Noir. Au niveau du Causse Rouge, les roches plus meubles de marnes calcaires, dessinent avec le

ruissellement de l’eau une pente plus douce caractérisée par une succession de vallons affluant vers le Tarn. L’actuelle ville de Milhau, viendra s’installer à la confluence du Tarn et de la Dourbie sur le coude formée par l’érosion des Causses.

Causse du Larzac

Causse Rouge

Dourbie

- 40 MA

Tarn Causse Noir

Nord

Contemporain

51 - 90 MA


Carte gĂŠologique de Millau

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Socle géologique Hercynien -250MA Triars Calcaire bioclasitique -199 / -190 MA Sinémurien Calcaires ennoellons et Marnes grises -190 / -186 MA Carixien Marnes schiteux -186 / -182,7 MA Domérien Marnes -182,7 / -174,1 MA Toarcien Calcaire à fucoïdes -174 / -170,3 MA Aalénien Calcaire détritique -170,3 / -168,3 MA Bajocien Calcaire sublitographique et dolomie grise -168,3 / -166,1 MA Bathonien sup.

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Développement urbain Du fait de son emplacement stratégique dans la traversée du Massif central, le territoire millavois fait l’objet d’une installation humaine dès l’époque romaine. Si la ville de Condatomagus alors établie sur la rive gauche du Tarn, connait un commerce florissant faisant la notoriété de la ville dans tout l’empire romain, il n’en reste aujourd’hui que le tracé de l’ancienne voie romaine actuelle rue Droite et le site archéologique de la Graufesenque. L’emplacement actuel de Milhau en rive droite date de l’époque médiévale. La forme distincte de son centre ancien suit ainsi l’enceinte fortifiée du XVe siècle.

En raison du conflit qui oppose catholiques et protestants, la ville de milhau, alors bastion calviniste, ne connait que très peu d’évolution. Les premiers faubourgs d’extension de la ville qui datent de l’ancien régime, entre le XVIe et le XVIIIe siècle suivent alors l’axe hérité de l’époque romaine.

Il faudra attendre la fin du XVIIIe siècle pour que se dessinent les premiers grands travaux d’urbanisme de la ville. Apparaissent ainsi les deux grands axes de l’avenue de la République et l’avenue Jean Jaures qui partent de la place du Mandarous inaugurée en 1801 qui devient le nouveau centre urbain de la ville.

XVe siècle

XVIIe siècle

XIXe siècle

Nord 54


De 1850 à 1948, le développement urbain de Milhau se poursuit entre ces deux axes Nords et la gare de train, inaugurée en 1880, dont la voie ferrée marque la ligne de rupture de pente du Causse rouge. Le développement de son économie locale voit prospérer l’industrie du cuir, tirant parti des élevages qui pâturent sur les Causses, des eaux du Tarn et de ses affluents. Les spécificités du territoire millavois font très vite de la ville, la capitale mondiale de la mégisserie et de la ganterie.

De 1948 à 1978, les prémices de l’étalement urbain se font ressentir. La ville dépasse nettement la voie ferrée et vient s’établir sur les coteaux du Causse rouge. L’urbanisation sous forme de pavillons et quelques grands ensembles s’opère le long des crêtes des valons, préservant encore le lit des ruisseaux.

Entre 1978 et 2015, l’étalement pavillonnaire s’est effectué de manière exponentielle. Consommant toujours plus les coteaux du Causse Rouge, l’installation urbaine est venue jusqu’à nier le territoire sur lequel elle s’installe, en urbanisant jusque dans les fonds de vallons. En l’espace de 50 ans, la superficie millavoise a été presque décuplée. Allant quasiment au contact de l’autoroute, elle tend à s’éloigner toujours plus de son centre de vie.

1948

1978

2015

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Histoire ouvrière

Cet étalement pavillonnaire, initié dans les années 70 se nourri du déclin de l’industrie Millavoise, alors en crise face aux concurrences italiennes de l’époque.

vignes. Le déclin industriel des années 70 signe la vente de ces parcelles cultivées au profit de l’étalement pavillonnaire qui en hérite. Le territoire se densifie jusqu’à recouvrir aujourd’hui la quasi totalité de ce micro parcellaire ouvrier. Aujourd’hui aux franges de ce périmètre, l’étalement urbain se trouve au contact des parcelles plus vastes des fermes.

A son apogée du début du XXe siècle, l’industrie gantière florissante de Milhau, favorise une certaine aisance économique de sa classe ouvrière. Cette richesse se manifestera par le morcellement du parcellaire en frange urbaine sur les coteaux du Causse Rouge. L’orientation Sud-Est, favorable du coteaux et la richesse de ses terres marno-calcaires favorise alors l’installation d’une multitude de petits vignobles et vergers ouvriers. On peut constater ce système dès la fin du XIXe siècle sur les photographies noir et blanc d’où se démarquent nettement les petits cabanons de vignes. La ceinture qu’ils dessinent sur le pourtour de la ville est alors régit par une certaine temporalité dominicale. La parcelle en coteaux est alors cet endroit où l’on vient passer son dimanche, empruntant les chemins en crêtes dans un périmètre raisonnable de 30 à 45 min de marche. Au delà de ce périmètre, les parcelles des fermes, héritées du système domanial sont quant à elles bien plus grandes. Affirmant ce système dominicale, les cabanons de vignes se transforment progressivement en villa de

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Le développement exponentiel est ainsi ralenti par ce réseau de ferme aujourd’hui en lien avec l’économie du lait de brebis. La relative stabilité de cette économie modifie le processus de développement urbain jusque là constaté; délaissant les parcelles les moins rentables à la constitution de Zones d’Aménagement Concerté. Certaines fermes, au plus près de l’urbanisation modifient également leur plan économique se tournant d’avantage vers la ville et se posant alors comme fermes pédagogiques.

Nord


Nord

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Observatoire photographique Ferme de la Borie Blanque Ferme de Sauvebiau

1892, vue sur Milhau et le Puech d’Andan depuis les coteaux du Larzac.

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Ferme des Montels Ferme de la Rode


Ferme de la Borie Blanque Ferme de Sauvebiau

Ferme des Montels Ferme de la Rode

2017, observation du dĂŠveloppement urbain de Milhau sur le Causse Rouge

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Observatoire photographique

Composée de deux photographies en noir et blanc, l’image de référence offre une vue de la ville de Milhau et du Causse Rouge depuis les flancs du Causse du Larzac. L’observation de l’église du Sacré Cœur au centre de la partie droite, nous permet d’estimer la photographie autour de 1892. La photo est effectivement prise entre la fin des travaux du corps de l’édifice en 1892 et l’édification de ses deux clochers en 1893. L’outil de l’observatoire photographique met alors en avant l’évolution du territoire et permet au delà du constat qu’offre la comparaison, la compréhension de ses dynamiques d’évolution spatiales. La perception que l’on a au travers de ce regard porté sur l’avant dernier siècle est déjà une prise de conscience du territoire et de ses rythmes tant urbains que naturels. Aussi le travail de spatialisation de la prise de vue, par triangulation, constitue la mise en évidence de repères spatiaux et temporels. Ici, la ligne qu’opère le Puech d’Andan avec le coude de l’avenue de la République, le Beffroi et la petite maison en bas d’image, permet la spatialisation en plan, d’une droite qui, recoupant celle formée par la ferme de Sauvebiau, l’église Saint François et les vestiges de l’ancien pont de la Maladrerie, spatialise l’emplacement de

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la photographie. L’observation des deux photographies met alors bien en évidence la ceinture parcellaire ouvrière sur le Causse Rouge, récupérée par le pavillonnaire. De même elle illustre la stabilité du système de fermes. La densité des boisements marque ainsi l’attention évoquant la mécanisation des fermes qui, n’exploitant pour certaines, plus qu’en prairie de fauche, délaissent les pentes plus abruptes et les parcelles restreintes. Le phénomène corrobore notamment avec la fin d’utilisation de bois de chauffe dans les foyers contemporains. Alors ces changements spatiaux s’accompagnent par des changements d’usages, et de rythmes. Le territoire qui était ainsi soumis à un rythme dominical ascendant ( depuis la ville ) se trouve aujourd’hui régi par un rythme journalier descendant ( vers la ville ). Et si les manières de vivre le lieux se sont modifiées, sa structure quand à elle est restée sensiblement la même. Seule la création du boulevard de la côte 415 vient à se jour restructurer l’espace en traversant en biais le tissus pavillonnaire.


Observatoire Photographique du Paysage PNR des Grands Causses, Ville de Milhau Photographie : N°01-OPP-MILHAU-TPFE-2017 Date et Heure : 21 mai 2017 - 15h45 Ensoleillé, léger voile nuageux Secteur géographique : Sud Aveyron Commune : Millau Taille du fichier : 33,9Mo Appareil : Nikon Coolpix P7000 - mosaïque d’image GPS : 44.52322,3.5099 Vitesse 1/408s - diaph. f/5,6 Focale : 42,6mm - iso 100 Hauteur objectif : 170cm Orientation de vue : NNO

Nom du Photographe : Julien Revel - Ensp 61


« Il est quasi impossible d’énumérer tous les espaces nouveaux que nous faisons servir à notre agrément commun. Où que nous portions les yeux, nous en trouvons un nouveau : groupes de campeurs dans une zone de loisir, rencontres dominicales des fous de voiture anciennes dans les parkings vides des super marchés, fêtes religieuses en plein air, manifestations militantes, foires aux timbres, réunions de famille, pique-niques des Fils et Filles de l’Iowa - toutes occasions publiques, toutes comblant d’une façon ou d’une autre les besoins autrefois satisfaits dans un espace unique, consacré. Dans l’intervalle le tribunal, qui a fait son temps, est démoli et remplacé par un garage avec parking, un mobile de Calder géant prend la place de la statue d’un général de la guerre de Sécession, et les quartiers anciens, victimes du renouveau urbain, attendent leur restauration. Ce qui reste de l’ancien paysage politique s’efface, endroit par endroit, mais pour l’instant nous n’avons pas de mot pour désigner celui qui est en train de prendre forme autour de nous. » A la découverte du paysage vernaculaire John Brinckerhoff Jackson

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04. Le temps court 63


Des limites à l’expansion urbaine.

En pleine tendance de hausse démographique, la ville de Milhau arrive aujourd’hui sur les limites de son urbanisation possible. D’une part en raison du déterminisme topographique que constitue le resserrement des gorges du Tarn et de la Dourbie entre les trois Causses. D’autre part en raison de la géologie du site. Soumis aux éboulements aux piémonts de la Puncho d’Agast, et à l’aléa du retrait-gonflement des argiles au Sud en piémont du Causse du Larzac.

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1000m

Nord


Les secteurs Nord, dernières réserves foncières de la commune. La partie Nord et Nord Ouest de la ville, sur les coteaux du Causse Rouge constitue ainsi les derniers territoire d’expansion urbaine. Toutefois, face à la stabilité économiques des fermes, et dans une perspective de limitation de l’étalement urbain, la ville est amenée à penser la densification de son tissus existant. Les secteurs de Naulas à l’Ouest et ceux de Cap du Cres au Nord constituent de fait les deux secteurs à enjeux du développement Millavois.

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1000m

Nord 65


Le désir alternatif.

Alors au risque de tendre vers un modèle urbain que sont venu éviter les nouvelles populations sur Milhau, la ville doit tourner sa réflexion vers les modes de déplacements doux et une dynamisation locale de son territoire périphérique.

RAP POR T

DE

V I L L E D E M IL L A U V I L L E D E M IL L P R E S E NT E LPUR E S E NT A T I O N D U P RAATPI POONRDTUDP

L’accessibilité pédestre des L’accessibilité principaux pôles pédestre générateurs des principaux de pôles générateurs de déplacements de la ville déplacements de la ville

Si les opérations urbaines faites jusqu’à ce jour se sont structurées essentiellement autour de l’usage du véhicule personnel, la poursuite de ce modèle entraînerait par un éloignement toujours plus grandissant du centre de vie, à une saturation des réseaux qui se laisse déjà ressentir. La commune de Milhau est pourtant riche d’un désir de modes alternatifs de déplacements par sa population, malgré un territoire inadapté. L’exemple de la voie routière «côte 415» pratiquée en promenade par les familles interpelle.

Source : Réflexion sur lesSource : Réfle déplacement doux– Ville de déplacement do Millau

Au contraire du mode doux, l’usage du véhicule personnel, produit un «déplacement objectif» entre deux points, qui participe à la perte de conscience du territoire. Cet effacement du territoire dans la conscience trouve son échos dans une urbanisation qui, recouvrant les vallons, tend à nier l’identité de ce territoire de Causse Rouge. Rapport de Présentation du PLU

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Rapport de Présentation du PLU

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SCE / Septembre 2011 / page 169 /SCE 271 / Septembre 2011 / page 169 / 271

1000m


La CĂ´te 415 un territoire de promenade par dĂŠfaut

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Déplacement subjectif et isochrones

En opposition, le déplacement du corps, du sujet, dans l’espace ( on pourrait parler ainsi de déplacement subjectif ) est un moyen de pratique du territoire plus perméable à celui ci. Favorisant sa prise de conscience, il peut, dans l’idée où ce sont ces déplacements qui font la ville, engager une manière plus durable, plus consciencieuse de vivre le territoire. Dans cette optique «subjective», il est primordial d’élaborer une approche distance / temps en rapport avec le sujet piéton. Cette notion «subjective» doit alors nécessairement se structurer autour du ressenti du temps par l’individu et insinue une échelle des temps. On peut ainsi se baser sur un référentiel de 5 minutes pour les territoires de proximité, 15 minutes pour un déplacement qui questionne l’intérêt du véhicule. Au delà de ce temps, le trajet doit jouer sur les perceptions du temps pour inciter au travers des qualités qu’il propose des déplacements doux de 25 minutes. Enfin un dernier palier à 45 minutes distinguerait la promenade locale de la randonnée occasionnelle. L’outil isochronique représentant la distance praticable, ici, de minute en minute, permet

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1000m Nord


alors une lecture objective de l’espace avant de la confronter à la perception subjective. Il révèle ainsi les enjeux réels du territoire et met en évidence les coupures auxquelles la pratique piétonne peut se confronter. Ainsi les polarités du centre ville et du centre commerciale du Cap du Cres présentent deux profils isochronique de 25 minutes chacun, bien différents. La topographie est alors déterminante de la forme que prennent les pratiques des lieux. Le plat du centre ville favorise une relative régularité. Le système de vallons en coteaux du Causse Rouge constitue quant à lui une forme plus allongée dans le sens de la pente. A la topographie s’ajoute la forme urbaine du territoire. Le centre commerciale du Cap du Cres principalement pensé pour l’usage du véhicule propose alors un territoire piéton bien plus restreint, fortement marqué de coupures spatiales. Ce secteur à enjeux foncier constituerait pourtant une potentielle polarité de quartier qui participerait à la dynamique urbaine. Alors pour proposer aux nouveaux habitants une alternative à l’automobile, il est nécessaire de distinguer les entités dans le territoire et de les mettre en lien avec le foncier disponible.

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1000m Nord 69


Monotonie

Bien que le centre commercial soit à seulement 25 minutes de marche des anciens faubourgs et de la gare, le trajet qu’il propose, empruntant l’avenue de la République semble durer une éternité. Le caractère monotone du paysage tout au long de cet axe routier, donne le sentiment d’une non progression dans l’espace et l’idée d’un temps qui s’éternise. Ici l’alignement régulier, et la répétition de l’architecture pavillonnaire, ne propose que très peu de stimulation à l’attention du piéton. Le Puech d’Andan en perspective prend, lors du trajet, la position d’un référentiel qui de mètre en mètre ne semble pas se rapprocher d’avantage. Seul le flux automobile se détache alors de cet immobilisme paysager et de son contraste imprègne la conscience du marcheur. S’opère alors ce paradoxe d’un danger qui semble s’éterniser, d’un trajet dont on ne retient que la nécessité de se déplacer.

Point de vue 01

Point de vue 04

Point de vue 02

Point de vue 05

La pratique en mode doux du secteur doit alors inventer une forme de dynamisation du rapport subjectif au temps, pour offrir une alternative tant de déplacement que de conscience du territoire

Point de vue 03 70


Point de vue 05 Point de vue 04 Point de vue 03 Point de vue 02 Point de vue 01

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1000m Nord 71


Puech d’Andan

Du puech d’Andan au Tarn en passant par la ville, Le vallon de Saint Euzébit

Ferme Auberge des Montels

Ferme de la Rode

Prairies de fauche & pâtures

Ripisylve

Ruisseau de Saint Euzébit

Terrain en friche

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Des espaces de nature proches

Au sein de ce secteur urbain du Cap du Cres, le Vallon de Saint Euzébit sur lequel est venu s’installer le complexe commercial, présente de grandes qualités paysagères. Reliant le Puech d’Andan où il prend sa source, au Tarn dans lequel il se jette, il est un élément de connexion naturel avec la ferme des Montels et la ferme de la Rode.

Tarn

Encore partiellement préservé de l’urbanisation, il présente par endroits, un ensemble de foncier disponible, laissé en friche, qui crée des espaces de respiration en pointillés.

Nord

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Rue de la Rode, terrain en friche sur le flanc droit du vallon.

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Ruisseau de Saint EuzĂŠbit en amont du chemin de Cogouilles

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Pâture du troupeau de la Rode en piémont du Puech d’Andan.

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Ruisseau de Saint Euzébit en cascade à l’embouchure avec le Tarn.

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Parc de la Victoire

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Un vallon au contact de Grands Équipements En aval du ruisseau, sur ses derniers mètres avant l’embouchure avec le Tarn, le terrain d’étude présente une grande concentration des grands équipements urbains de Milhau. Le Complexe sportif à l’embouchure, regroupe terrain de rugby, de foot, de tennis, piste d’athlétisme Piscine municipale, Gymnases et Skate park.

Complexe sportif

Un peu plus en amont, le Parc de la Victoire, accolé au cimentière, constitue le plus vaste Parc de la ville. Lieu événementiel, il accueil notamment de par sa superficie les fêtes foraines qui viennent animer les nuits d’avril à mai.

Cimetière de l’Égalité

Nord

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Extrémité du Parc de la Victoire et vue sur la Puncho d’Agast.

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Forains installĂŠs dans le Parc de la Victoire

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Boulevard du Puech d’Andan ( liaison A75 )

Bowling Zone commerciale Cap de Crès

ZAE Cap de Cres

Lid

Aire de stockage Big

Route dite de la «Cote 415»

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Des accroches territoriales en frange.

Situé en limite de ville, le Vallon de Saint Euzébit cohabite avec un ensemble d’accroches territoriales.

Voie ferrée

La voie ferrée ainsi que le boulevard du Puech d’Andan cerne les espaces, mettant à distance la ville de son territoire de proximité. Paradoxalement, si ces dessertes permettent de connecter le territoire, elles en mettent aussi la ville à distance. Directement lié à ce phénomène, le centre commercial Géant de Cap du Cres bâtit en remblais sur le vallon, semble complètement nier le territoire sur lequel il s’est installé. Sectionnant le vallon et par cela même la lecture que nous faisons du paysage, il présente pourtant des qualités panoramiques exceptionnelles sur les Grands Causses et une offre de stationnement convaincante corroborée par son aisance d’accès automobile.

ddle

gMat

Simply Market

Nord

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Panorama sur la Puncho d’Agast et le Causse du Larzac, depuis les parkings de la zone commerciale du Cap de Cres

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Vue sur le Puech d’Andan depuis le Parking de la zone commerciale

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Surface de stockage de matériaux BigMat sur les berges du ruisseau , proche de l’école primaire.

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Étalement pavillonnaire

Étalement pavillonnaire

Logements collectifs Avenue de la République 88


Un étalement humain consommateur de territoire. C’est presque entièrement que s’efface le vallon de Saint Euzébit sous la nappe des pavillons. Consommateur de paysage, chaque parcelle, chaque balcon veut sa vue sur la vedette des Grands Causses. La Puncho d’Agast accapare les regards et attentions, au regret du ruisseau de Saint Euzébit. Les résidences se raccrochent principalement sur l’avenue de la République, alors colonne vertébrale en ligne de crête du territoire. Il en est de même pour les quelques logements collectifs principalement axés autour. Tous possèdent un bout de jardin particulier, certains l’entretiennent, d’autres le cultivent même. Mais beaucoup sont pour la plupart inoccupés, les temps où ,en raison du travail, les pavillons se désertent.

Avenue Jean Jaures

Nord

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Pavillon en bordure de la Zone d’Activité Economique du Cap de Crès.

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Pavillon avec jardin et vue sur les Causses.

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Les rythmes du vallon.

Alors les fortes pentes du Vallon, dernières réserves foncières du tissus pavillonnaire incitent les nouveaux habitants à construire sur remblais. Le lit mineur du ruisseau s’en trouve ainsi de plus en plus contraint et amplifie les risques de débordement.

Face à ces phénomènes, la construction du centre commercial du cap du Cres dans les années 90, permet par les remblais qu’il déplace, la mise en place d’un bassin de retenue des crues en amont de la zone urbaine.

Le vallon est en effet soumis aux cycles des épisodes cévenoles sur la fin de l’été. Ces fortes précipitations orageuses peuvent alors augmenter brusquement le débit du ruisseau.

Si de nouvelles crues n’ont depuis pas autant marqué les esprits, les débordements comme en attestent certains témoignages de 2012, restent contemporains. Plusieurs portions du vallons sont ainsi fréquemment touchées, s’agissant essentiellement des secteurs où le lit mineur se resserre.

Si les documents d’urbanisme ne sont pas suffisamment précis sur la question, il existe toute fois quelques documents témoignant de la puissance de ces risques. Les débordements des crues de juillet 1977 et aout 1984 ont ainsi marqués les mémoires par leur violence, occasionnant de nombreux dégâts dont la destruction d’un pont franchissant le ruisseau et de certaines routes le longeant.

Alors avec les nouveaux établissements humains, ce rétrécissement toujours plus contraint du lit du ruisseau tend à amplifier le phénomène d’accélération des débits de crues.

Nord

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Secteur soumis au risque de crues Ripisylve Prairie en friche Prairie de pâture Vergers Cours d’eau Nord 0 94

100m

1000m


Arbres en conserves, image d’un fond de vallon délaissé.

Le ruisseau canalisé entre pavillons et voie de déserte sur le chemin de la Rode.

Établissement de logement en remblais dans le lit mineur.

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Archives du Journal de Millau d’août 1984

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Témoignage du 7 juillet 2012 : « Millau possède 2 belles rivières qui sont le Tarn et la Dourbie, connu des Millavois entre autre pour leurs crues qui peuvent être spectaculaires mais il existe dans ses murs de petits ruisseaux dits latéraux. Les ravins latéraux représentent également un danger bien réel pour la vie des Millavois. En effet, les vitesses très importantes (pouvant être bien supérieures à 1 m/s) et la rapidité de leurs montées des eaux entraînent des dégâts très importants (ponts et voiries arrachés, voitures emportées, caves et rezde-chaussée inondés...) et peuvent surprendre les habitants hors de chez eux. Le ruisseau de St-Euzébit est long de 4.7km. Après un parcours naturel de 3 km, le ruisseau rencontre un premier ouvrage hydraulique au niveau de la ZAC du Cap de Crès de 130 m de long. Cet ouvrage a été dimensionné de telle sorte que le remblai constitué par la ZAC constitue une retenue d’eau. En aval de cette buse, le ruisseau longe le chemin de la Rode par un canal bétonné de petit gabarit d’où des débordements fréquents sur la voirie. Au delà, le lit redevient naturel jusqu’au chemin de Cougouilles où le lit mineur est de petite section et encombré. Après le franchissement de ce chemin, le ruisseau est à nouveau canalisé sur près de100 m et déborde sur la voie pour un débit supérieur à 9 m3/s. En aval de ce secteur, le lit est naturel jusqu'à la confluence avec le Tarn et ne déborde que ponctuellement en aval de l’avenue Martel. Les crues qui ont le plus marqué les mémoires sont celles de 1933, du 8 juillet 1977 et du 23 août 1984.

En 1933, l’un des ponts qui franchissent le ruisseau de St-Euzébit a été détruit. La crue exceptionnelle d’août 1984 a été engendrée, comme toutes les autres fortes crues, par un orage intense et très localisé. La lame d’eau écoulée a été estimée à 200 mm en 24 h. L’écoulement torrentiel génère, dans la partie aval du bassin, des inondations et des dégâts matériels importants sur les routes et les ponts. Le chemin de Sallèles et la rue de Cougouilles sont particulièrement exposées. En ½ à 1 heure, le débit peut passer de 18 à 33m3/s.»

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Un territoire de potentiels passés, présents et futurs.

Le Vallon de Saint Euzébit est pourtant un territoire de forte valeur ajoutée dans le contexte d’une densification de l’espace urbain. Potentiel de respiration, il recèle nombre de qualités insoupçonnées qui méritent d’être révélées. Sa mise en projet est alors une mise en conscience du vallon. La document ci joint exprime une libre interprétation de ses usages. Mélangeant en noir le passé, en vert le présent, en rouge l’avenir possible.

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Lonicera periclymenum

Thylmus vulgaris

Populus nigra

Quercus robur

Aesculus hippocastanum 99


Ulmus glabra

Crataegus monogyna Vitis vinifera

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Prunus cerasus

Prunus dulcis


Salix alba

Cedrus atlantica

Spartium junceum 101


« Les conventions de la vie ont réussi à faire de la plupart d’entre nous des êtres guindés et bizarres, humiliés de se sentir heureux d’un rien ; aussi faut-il nous reporter aux jours naïfs de notre enfance pour comprendre la joie que nous donnait cette excursion de quelques pas sur une petite motte de terre entourée d’eau. Là, nous prenions des allures de Robinson : les saules naissant dans la vase autour du banc de sable étaient notre forêt ; les touffes de gazon étaient pour nous des prairies ; nous avions aussi des montagnes, petites dunes amassées par le vent au centre de l’îlot, et c’est là que nous bâtissions nos palais avec des branchilles tombées et que nous creusions des souterrains dans le sable. Les deux bras du ruisseau nous semblaient de larges détroits. Pour être plus sûrs de notre isolement dans l’immensité des eaux, nous leur avions même donné le nome d’océans : l’un était le Pacifique et l’autre l’Atlantique. Une pierre isolée que venait battre le courant se nommait la blanche Albion, et plus loin, une chevelure de limon arrêtée par le sable était la verte Erin. Il est vrai que par-delà des îles et les mers, à travers le feuillage des vergnes, nous apercevions sur la colline le toit rouge de la maison paternelle ; mais enchantés au fond de la savoir si près, nous faisions semblant de ne point nous en douter : nous l’avions laissée de l’autre côté du globe. » Histoire d’un ruisseau Élisée Reclus

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05. Le temps Ă -venir 103


Stratégie par les rythmes. Légende : Rythmes urbains

Si la mise en projet du territoire constitue une mise en conscience de celui ci. Il s’inscrit dans le temps, comme un être vivant, doué d’un passé, de l’instant présent et d’un futur.

Connecter alternativement les entités Mailler le territoire

Pour approcher cette forme mouvante, et évolutive du projet, je choisi de structurer la stratégie de mise en projet du vallon de Saint Euzébit, autour de la notion de «rythme».

Réguler les rythmes Rythmes naturels

On peut lire à propos du rythme qu’il «n’est pas le signal lui même, ni même sa répétition, mais la notion de forme ou de mouvement que produit la répétition sur la perception et l’entendement».1 On peut distinguer ainsi dans l’analyse du territoire précédemment établie, le fonctionnement de deux grands ensembles rythmiques.

Amortir les eaux de ruissellement Territoire de décélération de crues

D’une part les rythmes urbains, que constituent les flux humains, l’évolution de la ville et sa «vie»; d’autre part les rythmes naturels, façonnés par les saisons, les cycles naturels du ruisseau et l’évolution du territoire.

Restaurer le lit mineur Rythmes du vallon

Alors comment préserver d’une part l’identité propre et les qualités de chacun de ces deux rythmes et d’autre part les faire coexister, cohabiter de manière durable sur un même territoire ?

1 Rythme. (2017, juillet 19). Wikipédia, l’encyclopédie libre. Page consultée à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Rythme&oldid=139055420. 104

Habiter / habitus Partager / resynchroniser 0 100m

Nord

Respirer / décélérer


Permettre de nouveaux Rythmes urbains Vers ferme des Montels & Puech d’Andan

Préserver les rythmes naturels

Ruisseau de St Euzébit

Composer les rythmes du vallon, vers un rythme durable Ruisseau de St Euzébit

Ruisseau de St Euzébit

Ferme pédagogique

Bowling Centre commercial Géant

ZAE Cap de Cres

Côte 415

Côte 415

Côte 415 Boulevard du Puech d’Andan

École maternelle & primaire

Parc de la Victoire ( vers gare & centre ville )

Avenue Jean Jaures

Complexe sportif ( vers promenade des rives du Tarn )

Tarn

Tarn

Tarn

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Les rythmes urbains :

Les rythmes naturels :

Les rythmes du vallon :

Dans ce secteur d’un périmètre temporel de 45 minutes, sont présents un ensemble de grandes entités urbaines. Complexe sportif, Promenade des rives du Tarn, Parc de la Victoire, Gare Sncf, ZAE et Centre commercial du Cap de Cres, École maternelle et primaire et par extension en contacts avec le centre ville et les fermes du Causse rouge, se dispatchent au milieu d’un territoire habité.

Dans son développement naturel, le ruisseau travail son territoire pour accueillir les fluctuations de son débit et trouver son équilibre propre. L’accroissement de l’urbanisation sur ses pourtours dans les dernières décennies a modifié cet équilibre. En ce sens, les travaux de terrassement du centre commercial du Cap de Cres, ont servis la mise en place d’un premier bassin de rétention pour chercher un ré-équilibre du cours d’eau de Saint Euzébit.

De la rencontre du rythme urbain et du rythme naturel et de leur dialogue naît un troisième rythme. Un rythme commun, un rythme durable, celui du vallon. Ainsi ce troisième rythme est à la fois double et uni, déterminant et indéterminé.

Dans le contexte actuel, la jonction piétonne de ces espaces est laborieuse et incite à l’usage du véhicule personnel. Il est alors essentiel de tirer partie de l’espace libre du vallon et de ses réservent foncières pour proposer une connexion alternative entre ces entités et par cela même de réduire leurs écarts temporels. Cette opération centrale doit alors se compléter d’un maillage annexe du territoire pour structurer identitairement l’espace autour du ruisseau. La mise en place de cette pratique piétonne alternative du territoire et son maillage, entrent en conflit avec les coupures qu’opèrent le boulevard du Puech d’Andan et la D809. C’est pourquoi ces espaces de contacts nécessitent une Régulation des rythmes piétons et motorisés afin de permettre leur franchissement et pouvoir alors «franchir ces murs invisibles».

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La poursuite de l’urbanisation et la mise en contrainte toujours plus du ruisseau nécessite la préservation d’espaces de respiration du ruisseau. Ces espaces permettent ainsi de libérer des territoires de décélération des crues pour préserver l’équilibre entre urbanisation et naturalisation. En ce sens il est également important de prévenir la détérioration des rives du vallon en amortissant le ruissellement des eaux affluant vers Saint Euzébit. Enfin, la canalisation du lit mineur et sa restriction, entraine d’importants risques d’accélération des flux en périodes de crues, amplifiant le délabrement des structures urbaines. Notamment voiries et chaussées. En cela, une restauration du lit mineur est justifiée.

Il établi alors des espaces habités, mais d’un «habiter» en son sens étymologique. C’est à dire d’avantage porté sur sa parenté avec «l’habitude». Il s’agit ainsi tant des espaces bâtis que des espaces libres, publics où peuvent se développer, s’exprimer et se perpétuer les habitudes. Ces espaces libres constituent donc au contact des logements, des espaces de rencontre et de mélange des habitudes. Des lieux de partages, de synchronisation en sorte des manières d’habiter de chacun. Des espaces propres à la constitution et à l’entretient des liens sociaux, structurant la société. Au plus proche du cours d’eau, calqué sur les espaces de décélération des crues, là où le courant s’accorde un temps de repos, s’offre une opportunité de respiration aux «habitants». Habitant le temps d’une promenade ou celui d’une vie, ces espaces de respiration proposent une décélération. Ces temps de latence sont alors des temps de conscience du territoire.


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0

100m

Nord


Entre ville et nature, la ville-nature en projet.

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0

100m

Nord


Secteur Cap du Cres, au contact du grand territoire.

Au contact du grand territoire, le secteur du Cap du Cres est un nœud problématique et stratégique. De par sa proximité avec les espaces naturels du Puech d’Andan et les fermes pédagogiques, il offre un rythme différent de l’intensité urbaine. En entrée de ville, il est alors inintéressant de profiter du potentiel de stationnement qu’offre l’actuel centre commercial.

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Au travers de cette mise en lien, les pâtures de la ferme de la Rode, au contact direct du Cap de Cres, tirent alors parti d’un gain de visibilité. L’installation d’un cheminement entre la fraicheur du ruisseau de Saint Euzébit et les prairies pâturées, permet le développement des fermes et accompagne une mutation possible de leur activité vers un modèle de fermes «urbaines» en adéquation avec leur emplacement. Le système initie alors une forme de durabilité du système de ferme, tant économique que social et environnemental.

Le cheminement qui ouvre sur un réseau de chemin de randonnées au sein du Puech d’Andan, propose au Millavois comme aux visiteurs, la découverte ou la redécouverte du grand paysage de proximité, alors desservi de manière douces, en alternative aux véhicules motorisés. Le contraste de rythme qui s’y opère, encourage notamment à la prise de conscience du territoire. Par cette sensibilisation, la connaissance des lieux favorise leur préservation et leur développement durable.

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Secteur Cap du Cres, au contact du grand territoire. ZAU

En prévision du développement futur du quartier que délimite la Zone A Urbaniser au nord, la modification du l’actuel giratoire est nécessaire pour permettre la mise en place d’une nouvelle centralité autour de l’espace commercial. En limite de la desserte piétonne de 45 minutes du centre, le centre commercial du Cap de Cres offre la potentialité d’une desserte piétonne de proximité de 6 minutes englobant les futures quartiers de la ZAU.

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Pour permettre ce raccord alternatif, une voie douce ( piétonne, cyclable, ... ) peut être proposée en entament le talus de rétention d’eau que forme l’actuel giratoire. Le niveau actuel est récupéré par la voie douce dans une pente progressive empruntant l’emplacement de l’actuel desserte du centre commercial. Cette desserte véhicule est alors remplacée en amont du complexe commercial, pour favoriser la connexion piétonne et l’institution d’une nouvelle identité de quartier.

L’espace connecte ainsi les nouveaux quartiers à urbaniser, les fermes pédagogiques, le grand territoire, le centre commercial et la zone d’activité. Le tout s’intègre ainsi dans un périmètre temporel de 6 minutes. Elle améliore notamment la mise en lien des enseignes commerciales de part et d’autre de l’avenue du Puech d’Andan. Au delà d’un réseau alternatif, la proposition constitue un point clef dans le développement de la trame verte et bleue Millavoise, en longeant le ruisseau de Saint Euzébit.

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Secteur Cap du Cres, au contact du grand territoire.

Dans son entrée sur la zone commerciale, le cheminement se détache quelque peu du cours d’eau de Saint Euzébit, alors busé par les remblais du complexe. La continuité écologique et psychologique de la trame verte et bleue est alors maintenue au travers de son évocation. Une ripisylve traverse ainsi l’espace commercial connectant les deux bouts du ruisseau.

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Le développement de la ripisylve, accompagnant la liaison douce, profite de l’allègement de la surface automobile, rendu possible par la mise en place du réseau alternatif.

Ormes, Peupliers noirs et Marronniers, qui bordent déjà le ruisseau de Saint Euzébit.

La strate arborée propose ainsi une déambulation ombragée au sein du complexe, atténuant de fait le caractère de l’espace aujourd’hui dédié au véhicule. Le choix des essences végétales est alors en lien avec la palette écologique locale de la ripisylve. On retrouvera ainsi, un mélange de Saules,

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Secteur Cap du Cres, au contact du grand territoire.

Aboutissant sur le belvédère du Cap de Cres, la liaison verte participe à un effet de révélation du grand paysage. Au croisement de la Côte 415 et de la voie douce de Saint Euzébit, le passage de la liaison verte au belvédère profite du contraste entre espace arboré et espace ouvert, entre un regard obstrue et un regard dégagé. L’ouverture sur les Grands Causses est alors saisissante, le regard est subjugué et l’esprit comme transporté. Le pas est alors marqué entre deux espaces aux rythmes différents. Ce belvédère par son caractère happant constitue en quelque sorte un sas dans les rythmes de pratique des lieux.

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A

B


L’espace profite alors des qualités existantes du site, le dégagement panoramique porté par le surplomb du remblais commercial. Il permet par son accès en palier d’escalier dans la pente, un accès piéton direct au belvédère et à la liaison verte qui dessert les surfaces commerciales, sans croiser ainsi les voies de circulation automobiles. Sa position au croisement de voies structurantes ( côte 415, chemin de la Rode,.. ) en fait un élément de repère dans le paysage urbain.

A

Les abords de l’élément s’ornent des essences locales, genêts d’espagne, thym et chèvre-feuille pour sublimer son intégration paysagère. En contre bas, la voie douce propose deux trajectoire, un accès cyclable qui rejoint l’actuel chemin de la Rode, ainsi qu’un trajet encore plus calme, descendant au contact de la «résurgence» du ruisseau de Saint Euzébit. Les ambiances de bosquet présentent sur ce dernier participent ainsi d’un rythme propice à la promenade.

B 119


Secteur du chemin de la Rode,

Depuis le boulevard du Puech d’Andan, l’installation de l’habitat en pente du vallon, préserve les vues sur les Grands Causses et la ville. Ce principe participe en entrée de ville, à la prise de conscience du lieu. Il détermine son emplacement, sa spatialisation, son identité. L’emplacement de l’habitat profite ainsi de la desserte automobile en amont, et d’un espace piéton en aval aux abords du ruisseau. Le bâtit distingue ainsi deux rythmes de pratique des lieux bien différents, les liant tout en les préservant l’un de l’autre. L’installation sur la partie supérieur permet notamment la conservation des lits du cours d’eau et son respect.

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C

D


La distinction de la route en deux voies séparées, permet une sécurisation tant de l’automobiliste que du riverain piéton. Vis à vis du conducteur, son attention peut d’avantage se tourner vers l’observation des qualités de l’environnement que sur la surveillance de la voie de circulation opposée. Le rétrécissement psychologique de l’empreinte routière peut participer également à la réduction de la vitesse de circulation. Ce ralentissement, favorise tant la sécurisation de la traversée piétonne de la voie que le processus de prise de conscience d’entrée de ville. Marquant de fait un changement d’identité avec l’autoroute en amont, il participe en y travaillant d’ores et

C

déjà à la réduction des rythmes de circulation dans l’espace urbain en aval. L’espace gagné entre les deux voies, rend possible la plantation d’une strate arborée, de part et d’autre de la voie «sortante» tournant alors le dos aux qualités visuelles des Causses. L’insertion paysagère de la voirie est ainsi gratifiée du confort qu’apporte l’ombrage des chênes et marronniers aux automobilistes. En fond de vallon, la densité de l’habitat est compensé par les qualités environnementales de l’espace public et des jardins partagés qui profitent de la proximité du cours d’eau.

D 121


Secteur du chemin de la Rode,

À la rencontre des rythmes urbains et des rythmes naturels, le projet construit un territoire où chacun d’eux serait préservé durablement. Des espaces de respiration le constituent ainsi de manière à permettre tant aux flux du ruisseau qu’aux flux sociaux de s’équilibrer. Dans un séquençage du rythme, entre resserrement et ouverture, où le premier produit un effet d’accélération, le second produit un ralentissement. L’espace ainsi pensé, se tourne vers l’arrêt, le repos, l’apaisement, incite à la rencontre, tant entre les individus, qu’avec la nature. Cette temporalité s’oriente alors vers cet «affinage» de la conscience environnementale. Entre autre, cet espace d’ouverture permet de se re-situer spatialement, d’apercevoir un temps les repères du territoire, mais aussi temporellement, de s’arrêter grignoter quelques cerises en traversant quelques vergers communaux, se

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retrouver quelques fois dans les prĂŠs ou sous les arbres en fleurs, ĂŠchanger un instant.

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Secteur du chemin de la Rode,

Ces espaces de respiration, sont formés par les prédispositions topographiques du vallon. Témoignant le long de celui ci de la succession de pincements et d’élargissement, le projet profite de la concordance des points de desserte du secteur pour opérer lors des croisements des accès transversaux une succession de bassins de rétention. Les déblais du projet servent la formation de «barrage» de retenue qu’empruntent les voies piétonnes. La plantation d’arbres le long de ces ouvrages participe à la stabilisation des remblais et marque visuellement les accès transversaux. Ces bosquets constituent ainsi un élément de repère que leur densité assimile à l’identité du flux, de la circulation, du passage.

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Secteur de la Victoire, une accroche au centre ville.

À proximité de l’école primaire, le cheminement se resserre. Passant dans un maillage urbain plus dense, le ruisseau de Saint Euzébit est fortement contraint. Il constitue en cet endroit un point de croisement en liaison avec le Tarn, le centre ville et les quartiers Est. L’espace actuellement dédié à l’entrepôt de fournitures de BTP, en remblais sur le lit mineur du ruisseau, est fréquemment soumis aux aléas des intempéries orageuses. Il serait alors judicieux, sur la rue des Cougouilles en amont, de libérer le lit mineur du ruisseau en déviant la voie carrossable 100m plus à l’Est sur un ensemble d’emprises foncières récupérables dans le pavillonnaire.

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Au delà de libérer le lit mineur du ruisseau sur lequel la surface d’entrepôt s’est installée, le déplacement de l’activité participerait à une structuration effective de la lecture urbaine du quartier. Point de croisement stratégique, la création d’un espace à coté de l’école, constituerait par son ouverture en un point de respiration et de rencontre. Le dégagement de la vue sur la Puncho d’Agast en fond, participe ainsi à marquer l’identité du lieu comme point de repère. Le déplacement des voiries et des activités d’entrepôt participe de fait à la sécurisation

des abords de l’école et au développement d’une identité de quartier. Passant d’un territoire nié à un territoire révélé, le ruisseau de Saint Euzébit est l’objet de rencontres, celle des enfant avec la biodiversité, celle des familles.

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Secteur de la Victoire, une accroche au centre ville.

S’orientant vers le centre ville, dans l’axe du Parc de la Victoire, le Passage des Cèdres draine le quartier vers la centralité urbaine. Il propose un tracé entièrement cyclable en faible pente, suivant les courbes de niveau naturelles du coteau. Il tire parti pour ce faire, d’une succession de réserves foncières dans le tissus pavillonnaire et apporte ainsi une solution aux dents creuses en cœurs d’îlots. En balcon sur la Puncho d’Agast, qui apparait alors entrecoupée par les verticales des cèdres présents, le cheminement crée une dynamique de rythme particulier, approprié à la traversée. La perception du temps par cette alternance de référentiel proche et lointain se veut accélérée.

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Secteur de la Victoire, une accroche au centre ville.

Au contact du parc de la Victoire, se trouve actuellement une vaste friche en coteau. S’étendant de la voie ferrée, en bas, à la rue du Cayrel, en haut, elle embrasse du regard, à la fois la Puncho d’Agast du Causse Noir, la vallée de la Dourbie et les parois du Causse du Larzac. Ce large panorama illustré tel quel en page opposée, surplombe discrètement la ville et s’offre en sorti du parc dans la continuité de son grand axe central, de manière soudaine.

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E

F


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Le prolongement de l’axe fort du Parc de la Victoire, permet le raccord au passage des Cèdres. Le projet offre ainsi une connexion en pente légère entièrement cyclable, entre le centre ville et l’extrémité urbaine du Cap de Cres. Il constitue alors une proposition de mobilité alternative viable et concurrentielle au réseau automobile sur cet axe de déplacement « domicile / travail ». Au Nord, l’ouverture d’une voie reliant directement la Côte 415 et les quartiers environnants, crée un axe traversant dans le sens de la pente et aboutissant sur une extension possible du bâti en bas de coteau. La construction en dessous de la rupture

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de pente, permet ainsi la préservation des qualités panoramiques en partie supérieure. Dans le prolongement du Parc, il est alors envisageable d’établir un espace public dédié à la contemplation, très peu présent dans l’actuel plan du Parc. Profitant des qualités panoramiques existantes le projet se pare de micro-belvédères disséminés au milieu d’un vignoble communal. Le terrain alors idéalement orienté Sud-Est pour le développement de vignes, s’y prête et entretient un élément de mémoire, tant social que culturel, dans le souvenir des vignobles ouvriers autrefois présents.

E

Alors, l’espace public devient un marqueur temporel social, structurant les temporalités de la ville. Et si les amandiers et cerisiers marquent le temps du printemps, les vignes sonnent le glas de l’été et le début de l’automne.

F 133


« Un tracé pur est négateur de l’espace et du temps. Il est une négociation de l’espace et du temps en ce sens que le tracé idéalement rectiligne est indifférent à l’espace qu’il traverse ; il n’établit aucune autre relation que celle qui relie les deux points qui le déterminent. Il est une négociation du temps dans la mesure où il est indifférent au sens, au rythme, et à toute durée de l’action à son origine. ...» Le mouvement et la forme Stéphane Gruet

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06. «Polytonie» 135


Polytonie

Rétrospectivement, le projet propose une alternative de déplacement sur cet axe «domicile/travail» dans un contexte où la demande de déplacements doux est avérée et ou la pratique n’en attend pas la réponse. Il encourage par le travail du rapport que nous avons au temps le développement d’une synergie urbaine tournée vers les identités naturelles du territoire. Ainsi dans ce rapport entre espace et temps, la réflexion paysagère vient interroger et esquisser le devenir de la frange urbaine en développement; dans l’optique de son entre deux à-venir. Entre centre urbain et territoire naturel, entre ville et nature. En opposition avec la monotonie contemporaine, la polytonie proposée ici, cherche à raccrocher ces territoires limitrophes au centre de vie Millavois. Dans un laps de temps similaire, une plus grande diversité de paysage est alors parcourue. L’attention est ainsi dans une stimulation dynamique, et l’esprit ne se préoccupe moins de la question du temps. Une alternance de référentiel courts et lointains influence la perception de la vitesse, et identitairement, le regard est porté sur l’ensemble des trois Causses. Par ces procédés, le trajet vise à encourager une forme de déplacement «subjectif». Favorisée face au déplacement objectif, elle accompagne une prise de conscience du territoire, dans l’optique de sa préservation durable.

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Point de vue 01

Point de vue 04

Point de vue 02

Point de vue 05

Point de vue 03

Ci joint: Schéma de densité arborée et notion de rythme.


Point de vue 01

Point de vue 02

Point de vue 03 Point de vue 05 Point de vue 04 Point de vue 03

Point de vue 04

Point de vue 02 Point de vue 01

Point de vue 05

0

1000m Nord

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En conclusion... Je ne saurais trouver, quelques mots aussi beaux, Qu’un instant égaré, aux archives de Milhau, Tomber sur cet extrait, d’un certain jacques Laclau Un poème de Juillet, pour conclure ces travaux.

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LE PETIT MATIN Avez vous quelquefois dans le petit matin Cheminé au hasard des sentiers de campagne Le bâton à la main, musette pour compagne Et le cœur chaviré par les senteurs de thym. Aperçu l’épervier figé sur une branche Impassible guetteur d’une imprudente proie Imaginant sans fin quelque cheval de troie Pour avoir au menu un festin de dimanche. Avez vous vu surgir de la brume légère Les fantômes du temps où vous étiez gamin Sortis de leur néant pour vous tendre la main Et mettre au coin de l’œil une rosée amère. Souri aux souvenirs qui semblent prendre forme Chaque arbre rappelant un être disparu Tout prêt à s’effacer aussitôt qu’apparu Et redonner leur place aux chênes et aux ormes. Avez vous observé à l’orée de la lande Les garennes jouant comme font les cabris Au moindre craquement regagner leur abri Et puis s’en revenir finir leur sarabande. Sorti de votre sac, le cul sur une pierre Un morceau de jambon et un quignon de pain Et dégusté le tout sans penser que demain

L’heure sera venue de votre mise en bière. Avez vous rappelé votre chien qui s’entête A débusquer la taupe ou le vaillant mulot Avez vous entendu comme un bruit de grelot Vu poindre les brebis avec la chèvre en tête. Sorti votre paquet de bon vieux caporal Et roulé une «tige» un peu grosse peut-être Tiré une bouffée et senti un bien-être Vous envahir d’un coup, et physique et moral. Si vous n’avez connu ces petits jours tranquilles Vous laissez de côté un immense bonheur Si rester en troupeau vous paraît un honneur Alors je n’ai rien dit et demeurez en ville.

Jacques LACLAU. Extrait du journal de Millau, rubrique «Le coin du poête» daté de juillet 1977 Archives du journal de Millau 139


Bibliographie

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Le développement effréné des métropoles ces dernières décennies, témoigne de l’évolution de notre rapport au temps. Expression consumériste d’un urbanisme reflet de notre société ; les villes s’étendent de plus en plus à perte de vue, progressivement à perte de lien. Alors paradoxalement, nous cherchons les moyens de relier toujours plus vite, toujours plus loin, natures et centres urbains, qui s’éloignent. Dans cette expansion réglée sur mesure, le décompte urbain laisse trop souvent derrière lui le souvenir des temps passés. Alors, qu’est ce qu’on attend pour ne plus suivre les règles ? Pour re-questionner ce modèle, inversons le regard. Les villes moyennes observant leurs grandes sœurs, apparaissent alors comme un objet d’étude aux proportions idéales. Parmi elles, Millau se distingue. Seule ville de plus de 20 000 habitants dans un PNR, elle alimente pleinement les problématiques ville/nature. Présentée comme ville porte de Parc par l’A75, elle constitue aussi un cœur de Parc par son emplacement au croisement des Causses. Son urbanisation parcourue par un système de vallons, est en lien direct avec ce grand territoire. Alors comment habiter durablement ces lieux? L’habité, cet endroit où vivent nos habitudes, parle d’une relation que nous tissons avec le territoire. Parle d’une histoire entre deux êtres: l’être humain, l’être naturel. Ainsi, prendre le temps d’étudier les rythmes du territoire, c’est prendre le temps de se connaitre avant de vivre ensemble. Prendre le temps de s’accorder. De fait, penser l’espace en mouvement est essentiel et le paysagiste ainsi expert du vivant, se doit de ménager tant l’espace que le temps. Dans la relativité de leur perception, il met en avant la subjectivité de l’être face à une objectivité mécanique. C’est pourquoi dans une société tentée par l’objectivité des probabilités, je décide de croire en l’improbable.

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