Mémoire

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«Je suis très attiré par le mauvais goût, bien plus excitant que le prétendu bon goût, qui n’est qu’une normalisation du regard» Helmut Newton



I / L’inquiétante étrangeté des intérieurs kitsch II / Le kitsch dans la religion III / Les objets kitsch d’aujourd’hui



Le mot « kitsch » flirte avec les notions de beau et de laid, donc de l’esthétique. Celui ci apparaît au milieu du XIXe siècle, on l’associe dans un premier temps à la surcharge et au mauvais goût. Aujourd’hui rien de cela n’a vraiment changé, le kitsch reste un mot que l’on emploie plus facilement pour désigner un décor surchargé, au tape-à-l’oeil, souvenirs touristiques, des objets de mauvais goût, décalés ou même démodés. Il se complait dans le trop, la démesure, l’entassement,… Tout cela est relatif à chaque personne, il l’est pour certain mais peut être pas pour d’autre. Chacun à son idée du beau comme du laid, ce que l’on ne trouve pas kitsch à une époque, l’est peut être perçu comme tel aujourd’hui. Il s’écarte de l’utilitaire pour devenir décoratif, transmettre des émotions et des valeurs ; il est également constitué d’éléments appartenants à des univers sans rapport entre eux.



I / L’inquiétante étrangeté des intérieurs kitsch Dans cette première partie, je vais dresser différentes descriptions et analyses de plusieurs styles d’intérieurs kitsch. En commencent par un retour en enfance chez mes grands-parents, quelle vision ai-je aujourd’hui sur leur intérieur. Puis la visite d’une maison peu rassurante et pour finir par l’appartement d’un couple obnubilé par leur chien. Mon intérêt pour le kitsch a débuté il y a quelques années, en allant chez mes grands-parents, j’ai commencé à avoir un regard différent sur la décoration mais un regard extérieur à l’enfance passée chez eux. Je me suis intéressée à chaque objet de la maison mais surtout à leur disposition, j’ai constaté que rien n’avait changé de place malgré les années passées. On peut alors découvrir chez eux, des napperons en crochets posés sur le dessus des fauteuils, des tableaux aux canevas, des bibelots et des souvenirs de voyages tels que des masques de Venise, les pyramides d’Egypte ou même encore des assiettes en porcelaine représentant diverses pays. On trouve également beaucoup d’objet religieux dans les chambres, parfois dérangeants. Tous ces objets réunis forment un ensemble varié de styles de décoration, parfois peu harmonieux. Est-ce cela chez toutes les personnes âgées ? Pourquoi garde t-on ces objets ? On t-il une valeur sentimentale ? Sont-ils rassurants pour eux ? C’est après m’être posée différentes questions que je me suis intéressée de plus près à ces intérieurs qui dérangent mais surtout qui questionnent. Chaque personne organise son intérieur à son goût mais surtout dans l’idée de s’y sentir bien. Nous sommes tous différents face aux sentiments que l’on peut avoir pour un objet, qu’il soit un coup de coeur 9


ou une question de sentiment. C’est surtout l’accumulation de ces objets qui crée, pour une personne extérieure, une certaine curiosité mais parfois un sentiment de malaise. On ne s’y sent pas bien, que ce soit à cause d’une couleur trop prononcée sur un mur, un objet, une photographie,… Par exemple, étant petite, je dormais souvent chez mes grandsparents, la décoration ne me dérangeais pas, c’était une certaine habitude de la voir et plutôt rassurante pour moi. Aujourd’hui, ayant grandi et ne dormant plus chez eux, quand je retrouve cette chambre bleu plûtot petite, cela me rend un peu mélancoliquew. J’ai l’impression que chaque chose est restée figée dans le temps. Il y a de grandes armoires et vitrines en bois très imposantes de style rustique, à l’intérieur, des collections d’objets, de livres et de bibelots. Au dessus de celle-ci, on y trouve des poupées en porcelaine. Cette chambre appartenait à ma mère étant jeune, je lui ai donc demandé si il y avait eu du changement après son départ de la maison. Sa réponse ne m’a pas vraiment surprise. Rien n’avait changé de place, sa poupée est restée sur une chaise prés du lit fait au carré et son ours posé sur celuici. Est-ce rassurant de garder intact les chambres de nos enfants après qu’ils aient quitter le domicile familiale? Certaines choses changent mais, d’autres restent comme telles. A une certaine époque, plus particulièrement celle de mes grands-parents, on gardait les chambres des enfants partis comme si ils allaient revenir le lendemain. De nos jours, avec la société qui évolue, nous avons plutôt tendance à transformer ces chambres vides en espaces de détente, chambres d’amis en atelier, etc, afin de profiter de la vie. Ce n’est pas une généralité, juste une constatation et une hypothèse possible à l’environnement dans lequel je vis et les personnes qui m’entourent. Désormais, l’intérieur est devenu important, on passe de l’utilse à l’hesthétisme sans s’en rendre compte. Nous sommes beaucoup moins conservateurs qu’autrefois. La décoration est devenu éphémère. Nous achetons, remplaçon, et 10


nous jetons plus facilement. Elle reflète notre personnalité. Est-ce parce que nous vivons dans un monde ou la consommation à prit place? Mes grands-parents n’achètent plus d’objets de décoration, ou du moins très peu, quelques souvenirs de vacances mais rien de plus. Pas de nouveaux meubles, ni de nouvelles peintures ou papiers peints pour les murs. La seule possibilité pour que les grands-parents achètent ou changent un meuble, c’est que ce dernier soit cassé et inutilisable. De nos jours, nous remplaçons un meuble parce qu’il ne nous plait plus ou parce que la couleur et/ou les matériaux ne sont plus adaptés à notre intérieur. Pour ce qui est des pièces à vivre, c’est les détails apportés à l’environnement que l’on peut caractériser de kitsch. Dans un premier temps, on remarque les meubles imposants, un grand buffet sur la droite, une table recouverte d’une nappe en crochet et en face un deuxième buffet plus petit. Dans le salon, on peut découvrir un canapé en cuir bleu accompagné de ses deux fauteuils, une table basse en pierre et bois et une commode également en bois. Tout ce mobilier est un ensemble. A première vue, c’est un endroit associé à une maison de personne agées. Quand on y regarde d’un peu plus près, beaucoup d’objets nous échappent. Sur le premier buffet, on y trouve différents bibelots en porcelaine, sur la table un immense bouquet de fleurs en plastique et sur le meuble au fond de la pièce une lampe avec un abat jour à franges. Des objets qui ne trompent pas et que l’on retrouvent un peu partout dans ce genre d’habitation. Sur les murs, un pèle mêle avec des photos de la famille aux côtés d’assiettes en porcelaine à motifs floraux, de masques souvenirs d’un voyage à Venise et un cadre rempli de sables colorés que l’on peut moduler en foction du dessin représenté sur la vitre. Il y a beaucoup de souvenirs des endroits où ils ont été. Je pense que pour eux le fait de ramener ces objets, à quelque chose de rassurant. C’est un peu comme des trophées qu’ils ont gagnés au fur et à mesure de leur parcours à travers 11


tous ces pays. Trophées, qui sont souvent rapportés de boutiques souvenirs ce qui font d’eux des objets kitsch.

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Il y a un an, je suis partie quelques jours dans la maison de vacances d’un ami, dans les Ardennes Belges. C’était une grande maison qui appartenait à ses grand-parents. Une fois la porte passée nous nous sommes retrouvés face à un grand hall. Pour seul objet, un crâne de cerf accroché au mur. Un escalier situé au milieu de la pièce donnait accès à une mezzanine. Alors que nous n’avions pas encore fait le tour du propriétaire, nous en avions déjà froid dans le dos et ne nous attendions pas à ce genre d’habitation. Je me suis intéressée de plus prés à cette maison qui dérangeait. J’ai commencé à faire des photos, m’intéresser à chaque détails dans chaque pièces. On avait l’impression que cette bâtisse n’avait pas été habité depuis des années. Pourquoi ai-je eu se ressenti en la découvrant? Comment devientelle inquiétante? Peut-on qualifier cet endroit de kitsch? La maison est pratiquement entièrement faite de bois, le planché grince. Les pièces sont sombres et très froides. De plus, un soir d’Halloween n’arrange rien à l’étrangeté de l’endroit. De quoi se croire dans un mauvais film d’horreur. Ici il n’est pas question d’accumulation, chaque détail est important, la couleur des murs, les meubles imposants, l’absence de bibelots,… Le kitsch est présent, mais de manière différente. Je me suis arrêtée sur une des salles de bains de la maison. Le sol et le plafond étaient jaune, seule une partie des murs était de couleur crème. Le sol et un pan de mur étaient recouverts de moquette, cette pièce aurait eu un côté seventies si seulement il n’y avait pas eu cet immense crucifie doré accroché au mur. On ne voyait que cette crois associée au motif floral d’un rideau entourant une fenêtre. Le rendu était assez déroutant. Le kitsch n’est pas représenté uniquement par les bibelots comme on peut le penser. On le retrouver aussi dans les matériaux, les motifs,

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les couleurs,… C’est pour cela que j’ai décidé de parler de cette maison, c’est un tout autre style de décoration kitsch que celle que j’ai connu chez mes grands-parents. Je n’avais jamais visité de maison inquiétante comme celle-ci. Dans une autre pièce, sombre et humide, seul un matelas été disposé contre un mur. Vous allez me dire : plutôt inquiétant, mais en quoi cela est kitsch? Dans cette description, j’ai volontairement oublié un détail, le plus important, le papier peint. Celui ci était à motif floral, plusieurs lianes de feuilles s’entrecroisent avec quelques grosses roses rouges, c’est la première chose que l’on remarque. Ce style de motif n’effraie pas, au contraire il peut avoir un côté rassurant, il peut nous faire penser à notre enfance et pour certaines personnes il nous aide à nous sentir mieux dans un environnement inconfortable. Pourquoi nous associons ces motifs floraux aux kitsch? Le plus souvent nous avons connu ça chez nos parent ou grandsparents, c’est donc à eux que nous les associons le plus souvent. De grossières fleurs et des couleurs vivent, voilà une première approche de ce papier peint qui est pourtant d’origine Anglaise. Les Anglais resteront les seuls en Europe1 à produire et exporter du papier peint jusqu’ai milieu du XVIIIe siècle. Les Français ne sont pas indifférents face à ces beaux papiers peints et décident d’en produire également. La fleur est l’un des motifs les plus utilisé, de façon stylisée ou tout simplement au naturel, elle réchauffe et apporte une certaine harmonie dans l’habitation. Quelle est la différence entre le papier peint Anglais et le papier peint Français? Celui de France, que l’on connait tous, est très champêtre, très lourd, mais, il rassure et est chaleureux, alors que celui d’Angleterre est beaucoup plus noble, plus aéré et plus frais. Il donne une certaine classe au lieu mais il est souvent beaucoup plus froid. Petit à petit

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L’ histoire du papier peint - www.neoDKo.com L’ âge d’or du papier peint est dans Gallica - www.peccadille.wordpress.com

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ces papiers peints floraux made in France se démodent, les goûts et les tendances changent, seules les personnes âgées gardent ce papier peint épais et résistant. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus que chez eux que l’on peut en trouver. C’est donc pour cela que bien souvent, ce papier mural à motifs floraux est associé au kitsch. Pour le mobilier, c’est un peu la même chose. Principalement les meubles que l’ont qualifie de kitsch sont les grandes armoires en bois imposantes ainsi que les buffets rustiques et robustes. Ici, il est plus question de matériaux que d’esthétisme. Ces meubles étaient autrefois achetés ou offerts quand un couple se mariait ou se mettait en lénage. Leur principale qualité été qu’ils résistaient au temps. Les modes de vie, les besoins et les techniques de production on changé, ces meubles devenus imposants ont disparus des magasins. L’esthétisme à pris place sur la longévité. Comme je le disais précédemment, la décoration est aujourd’hui éphémère. Nous remplaçons les objets ayant une longue durée de vie par de plus esthétiques et souvent moins résistants. Ces meubles sont connus pour être de nature brute, faits de bois durs tels que le noyer, le chêne ou encore l’acajou. L’essence de bois est majoritairement conservée, ce qui donne cette robustesse et cette massivité. De nos jours ils sont aux yeux de certains considérés comme grossiers et primitifs. C’est à partir du Second Empire2 que le métal prend de plus en plus d’importance dans la fabrication de mobilier. Ce style Napoleon III n’est qu’une réinterprétation très ostentatoire des styles tels que, Louis Philippe ou encore le style Gothique qui, est primitif par l’apparition de la menuiserie. Le bois reste le matériau le plus utilisé dans les différentes époques mais l’ornementation et la décoration de celui-ci changent, on incruste désormais des éléments extérieurs tels que le bronze, la porcelaire, le nacre en imitation de cordage, de

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Histoire du mobilier français - www.wikipedia.org


bambou, de fleurs,… De nos jours, avec l’arrivée des nouveaux polymères et autres matériaux, il est plus facile de réaliser du mobilier plus vite et donc en plus grande production mais avec une qualité moindre due au coût peu élevé de ces matériaux. C’est pour cela que la plupart d’entre nous concidèrent ce style de mobilier comme kitsch. Il ne rentre plus dans les normes d’esthétisme connues aujourd’hui. On ne le trouve pratiquement plus que chez des antiquaires. D’ailleurs, quand une personne âgée décède, les enfants et petits enfants ne gardent pratiquement jamais le mobilier. Cela prend beaucoup trop de place. Lors des années 50 et 70 les gens ont cédés leur meubles en bois pour un mobilier en Formica. A l’origine Formica3 est le nom d’une marque, elle est entrée dans le langage courant comme matériaux mais cette entreprise existe et produit toujours. Le Formica est le résultat obtenu de feuilles décorées et/ou stratifiées que l’on met sous pression avec des mélanges de résine. Ce nouveau matériau résiste très bien à la chaleur, à la lumière et au feu. Aujourd’hui ce type de meuble est devenu vintage et très recherché chez les antiquaires et brocanteurs. Ce mobilier est moins massif et plus épuré mais, cela reste tout de même le plus souvent des meubles imposants. Peu de personne de mon entourageen ont encore chez eux. Je pense que le mobilier en Formica a plutôt été une mode dans les années 60. Il en existe en diverses coloris, comparé au mobilier en bois. Comme je le disais, à l’époque, nous ne remplacions pas nos meubles. C’était alors les personnes emménageant durant cette période qui achetaient du mobilier en Formica.

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Qu’est-ce que le Formica - www.deco.fr

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Dans le cadre de ma 3ème année, l’idée de faire un reportage vdéo sur un couple ayant une passion dévorante pour leur chihuahua m’a beaucoup attirée. Ce qui m’intéressait dans ce projet était la façon dont ils vivent mais surtout découvrir leur intérieur. Après avoir découvert à la télévision ces gens et leur chien dans plusieurs émissions de télé réalité telles que «confession intime», «tellement vrai» ou encore «un diner presque parfait», je les ai contactés. La réponse de Sylvana Sonzogni fut positive et me donna rendez-vous une semaine plus tard. Le lundi 3 février, un ami m’a accompagné à Tamines en Belgique, à la rencontre de ce chien star se prénommant Miss Chiwa. Une fois arrivés devant la maison, impossible de se tromper. La boîte aux lettres est ornée de différentes photos du chien en question. Nous nous sommes ensuite retrouvés face à des personnes très accueillantes et qui ont su directement nous mettre à l’aise. Nous avons découvert le chien en question. La visite de l’appartement à débuté par la chambre de Miss Chiwa. J’ai été surprise en la découvrant. Tout d’abord une chambre pour un chien c’est tout à fait surprenant! La pièce est entièrement rose et recouverte intégralement de photo du chihuahua. Sur la droite, une partie réservé au coin repos de l’animal avec différents coussins et peluches en formes de bateau, voiture, château etc. La chambre rêvé pour un enfant. En aucun cas l’on pourrait se douter que cet endroit appartient à un chien. Accrochées au plafond il y différentes suspensions en formes d’animaux. Miss Chiwa à également une commode pleine d’accessoires tels que des boucles d’oreilles, des colliers, des chapeaux, bref, une penderie entièrement remplie de vêtements en tout genre. De quoi rendre jalouse beaucoup d’entre nous. Au dessus d’un petit lit à baldaquin situé sur la gauche, se trouvait divers objets à l’effigie du chien ou en rapport avec le monde canin. Après avoir passé plus de 22


deux heures dans cette chambre, mes yeux avaient du mal à s’ajuster une fois sorti de celle-ci. Tout ce qui se trouve dans la chambre du chihuahua a été offert par des fans, des marques de vêtements pour chien ou encore par des concours remportés. Le but de ce couple n’est pas de gagner de l’argent avec leur animal, mais aider les refuges. Ayant eu des appréhensions avant cette rencontre, je me suis tout de suite sentie en confiance avec eux. C’est lors de l’interview avec Sylvana que j’ai pu découvrir leur quotidien ainsi que cette passion pour leur chien. Je respecte totalement leur choix et ne me permettrai pas de critiquer cette passion hors du commun car en dehors de chez eux, Sylvana, Josse et leur chihuahua sont le plus souvent jugés. Le reste de l’appartement n’es pas aussi surchargé que la chambre de Miss Chiwa. Le salon et la salle à manger sont en communs. La petite cuisine, elle, se situe tout au fond de la pièce. La première fois ou nous sommes allés à Tamines je n’ai pas vraiment fait attention, ou très peu, à l’ensemble de l’appartement. Nous n’avons pas quittés la chambre de l’après-midi. En quoi peut-on qualifier cette chambre de kitsch? Une fois la porte de la pièce passée, la couleur rose fushia saute directement aux yeux, il faut un certain temps pour s’y habituer. L’accumulation de cadre accrochés sur le mur rose en question rend la chambre oppressante. Cette fois, ce n’est pas la diversité des objets qui rend cet environnement kitsch mais justement, le manque de ceux-ci. Il n’y a que des objets en rapport avec le chien et cela surcharge la pièce. Pour moi, rien que le fait qu’un chien ait une chambre me parait décalé. Si cette pièce avait appartenu à un enfant, nous n’aurions pas eu le même regard. Nous passons de l’image que nous avons eu de la chambre mignonne et touchante à un sentiment plus inquiétant, surprenant et dérangeant.

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Nous sommes retournés une deuxième fois chez Sylvana et Josse pour connaître un peu plus leur mode de vie. Nous ne sommes pas allés, cette fois, dans la chambre de l’animal mais dans le salon. C’est alors que j’ai pu découvrir un peu plus leur habitation. Nous nous sommes assis autour de la table de la salle à manger pour nourrir le chien. J’ai été surprise de constater que Miss Chiwa a sa propre place à table. Le chihuahua est assis sur une chaise haute pour bébé. C’est tout de même dérisoire. C’est là que je me rend compte que beaucoup de choses telles que la façon de penser ou même de vivre peu influencer notre mode de vie et l’image qu’elle véhicule. Les murs de la pièce sont de couleurs crème. Beaucoup de boiseries sont apparentes comme le plafond qui est recouvert de lambris. Sur la gauche, un premier buffet recouvert de statuettes canines, quelques photos de Miss Chiwa en tout genre et même encore une peinture à l’effigie de l’animal. Il y a tout de même moins d’objets que dans la chambre. Ces derniers sont disposés sur des napperons en crochets posés eux-même sur le meuble. Sur un autre, deux vases, une gamelle en céramique, une orchidée et un livre ouvert. Dominant le tout, un immense portrait de Miss Chiwa en costume aux couleurs du drapeau Belge est accroché sur le mur. On pourrait penser qu’à part la gamelle, rien n’est vraiment en rapport avec le chien, sauf que l’orchidée et le livre sont des objets également offerts par les fans du chihuahua. En y regardant de plus prés il a un portrait du chien sur l’un des pétales, mais on peut également lire distinctement «Miss Chiwa» en relief sur le livre. Tout cela fait de ces reliques des objets peu communs et surprenants que l’on a pas l’habitude de voir. Ayant passer peu de temps avec eux, j’ai tout de même compris que ce chien est très important pour eux et qu’il est leur centre d’intérêt le plus important.

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Mais pouruoi afficher cet animal dans l’intérieur total? Dnas le salon, commun à la salle à manger, aucun objet en référence au chien. Un canapé imposant en velours vert également orné de boiserie est installé contre un des murs de la pièce. Deux cadres sont accrochés au dessus du divant. Une représentation d’un bouquet de fleurs et un paysage enneigé vu de nuit. Ces derniers sont de vieux cadres en bois brut. Sur l’autre partie du mur, il y a quatre assiettes en céramique peintes de motifs floraux. J’ai eu cette impression de déjà vu. Je connaissais ce genre de décoration, il me rappelait l’intérieur de chez mes grands-parents. L’objet que l’on retrouve le plus souvent dans ce style d’intérieur est l’abat jour à franges. C’est une lampe incontournable que l’on a tous déjà vu dans nos familles. Je dirai de cette pièce qu’elle est démodée, c’est un contraste total avec la chambre du chihuahua. Il y a dans cet appartement deux styles de décoration très différents voir extrémistes. D’un côté un style très rustique et lourd avec des couleurs tristes, alors que de l’autre côté c’est une pièce beaucoup plus pop et plus vivante aux couleurs dynamiques. Le style rustique reste tout de même dominant et se retrouve dans le reste de l’appartement. Dans la chambre du couple on y trouve également des meubles en bois massifs et pour seul rappel du chien, une immense photo de Sylvana et Miss Chiwa au dessus du lit. La pièce est plut^t vide et froide si ce n’est cette photo qui est très volumineuse et qui de fait devient le seul point sur lequel se porte notre regard.

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D’après «L’Histoire de la laideur4» «La laideur est aussi un phénomène social. Depuis toujours, les membres des classes «élevées» jugent déplaisants ou ridicules les goûts des classes «basses». On pourrait certes dire que les facteurs économiques jouent un rôle dans ces discriminations, car l’élégance est toujours associée à l’utilisation de tissus, de couleurs et de pierres précieuses très coûteuses.» Dans la suite du paragraphe il est également dit que «le discriminant n’est pas économique, mais culturel». Pour ainsi dire, le mauvais goût est le plus souvent associé aux personnes ayant peu de moyen ou une culture moins évoluée. En y réfléchissant, c’est dans les habitations «dites populaires» que j’ai découvert le plus d’objets kitsch de ma vie. Plus jeune, j’ai exploré une maison il y a quelques années dans laquelle une des pièces était bondée d’objets en rapport avec le milieu des dauphins. J’ai choisi cet exemple car, pour moi, les dauphins sont vraiment le summun du mauvais goût, avec leurs couleurs pastels et leur monde féérique parfois trop bling-bling. On retrouve souvent des statuettes de mammifères dans les tombolas ou autres animations de ce genre. Ils font partie des choses que les gens donnent ou laisse au fond d’un carton. L’esthétique du mauvais goût est fixé généralement par les artistes ou les gens cultivés5, ils sont considérés comme experts «en belles choses». Aujourd’hui, il est moins catégorisé qu’avant. Une personne de classe sociale élevée peu également tomber dans le kitsch mais de façon différente. Cette catégorie de classe va mettre son intérieur en valeur avec des dorures, du mobilier coûteux et des oeuvres en tout genre. Parfois cela peu frôler le mauvais goût. Pour ces personnes, c’est mettre leur argent en valeur, le montrer, comme

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«L’Histoire de la laideur» sous la direction de Umberto Eco au édition flammarion. chapitre XIV page 394.


dans certains palais Hindous où les dorures prennent le dessus sur l’habitation. Rien n’empêche de trouver beau quelque chose de kitsch. Les célèbres chambres de l’hôtel «Madonna Inn6» en Californie sont très esthétiques par leurs couleurs et leurs motifs, elles sont très belles, mais restent tout de même placées sous la catégorie du kitsch par leurs caractéristiques qui ne trompent pas. «Toutefois, celui qui prend plaisir au kitsch pense jouir d’une expérience qualitative haute. Il suffirait de dire qu’il existe un art pour les incultes tout comme il existe un art pour les cultivés, et qu’il faut respecter la différence entre ces deux «goûts», de la même manière qu’on respecte les différences de croyances religieuses, ou les préférences sexuelles. Mais tandis que les amateurs d’un art «cultivé» jugent kitsch le Kitsch, les amateurs du Kitsch ne méprisent pas le grand art des musées. Mieux, is estiment que les oeuvres kitsch sont «semblables» à celle du grand art.7»

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Il y a plus d’une centaine de chambres pour tous les mauvais goûts. www.madonnainn.com/features.php «L’Histoire de la laideur» sous la direction de Umberto Eco au édition flammarion. chapitre XIV page 397.

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chambre «Caveman»

chambre «Jungle Rock»

chambre «Yahoo»


Le kitsch ne s’arrête pas, comme on pourrait le croire, à des choses ou des objets anciens. Il est encore présent , même aujourd’hui dans les nouvelles créations comme le mobilier, les vêtements, les objets design aux formes étonnantes etc… Un intérieur inquiétant n’est pas seulement une habitation ancienne ou vide comme j’ai pu visiter. Le sentiment que j’ai eu en découvrant la chambre de Miss Chiwa n’avait rien de rassurant. Je m’imagine encore moins dormir dans cet endroit. Le mauvais goût ne peut être classer dans différents styles, il est propre à chacun. C’est, trois expériences et ressentis différents que j’ai eu à chacune de mes visites. Aucune habitation ne se ressemblent, les objets et les meubles sont différents mais surtout, chaque personne n’a pas le meme vécu ni la même façon de penser et d’organiser son chez soi. J’ai constaté que sur les 3 habitations visitées, celle où je me sentais le mieux était la maison de mes grands-parents. Je dirai même que c’est logique. Même si aujourd’hui, avec un regard plus extérieur, j’y ai vécu beaucoup de choses, je reste attaché à cet endroit. C’est pour cela que le kitsch dans les intérieurs est très subjectif il est lié aux personnes qui y vivent. Les deux autres habitations que j’ai visité m’étaient inconnues. Il faut apprendre à connaître les lieux, et comprendre le passé de ceux-ci. Le mauvais goût à plus ou moins des codes, il y a certains objets qui lui sont directement reliés comme, les meubles en bois massif, les napperons et les bibelots. Pour le reste, tout dépend de l’organisation du lieu, de la disposition des objets et aussi de la cohérence de ceux-ci. L’incohérence joue énormément sur le mauvais goût. Tout comme chez Miss Chiwa avec le choix du papier peint mais également avec l’accumulation d’objets en tout genre. Pour ce qui est de cet intérieur, c’est aussi par le choix du «thème», qui donne un côté

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kitsch à cette pièce. Pourquoi relier le mobilier ou les objets au mauvais goût? Le temps passe et tout est une question de mode. Les goûts évoluent en fonction de cette dernière. Les choses démodées font par la suite (pas pour toutes) parties du kitsch, elles sont anciennes. Par exemple, pour moi, beaucoup de chose en rapport avec mon enfance ou mon adolescence sont aujourd’hui démodées, comme les vêtements, les accessoires et les jouets. Ce changement se fait également avec les nouvelles technologies et se perpétura dans les générations futures. D’aprés «L’inquiétante étrangeté8» (Das Unheimliche) de Sigmund FREUD : «Le mot allemand « unheimlich » est manifestement l’opposé de « heimlich, heimisch, vertraut » (ternies signifiant intime, « de la maison », familier), et on pour- rait en conclure que quelque chose est effrayant justement parce que pas connu, pas familier. Mais, bien entendu, n’est pas effrayant tout ce qui est nouveau, tout ce qui n’est pas familier; le rapport ne saurait être inversé. Tout ce que l’on peut dire, c’est que ce qui est nouveau devient facilement effrayant et étrangement inquiétant ; telle chose nouvelle est effrayante, toutes ne le sont certes pas. Il faut, à la chose nouvelle et non familière, quelque chose en plus pour lui donner le caractère de l’inquiétante étrangeté.»

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«L’inquiétante étrangeté» - FREUD (1919)

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II / Le kitsch dans la religion et dans la mort Il y a bien un sujet sensible, la religion. Le mauvais goût y est aussi présent à sa manière dans chacune d’elles. Je vais vous parler de trois analyses différentes sur le kitsch dans la religion et dans la mort. Les deux thèmes que je vais aborder peuvent déranger ou au contraire peuvent être complètement dérisoires tout comme dans une première partie sur la mort au sens propre. Je vais m’intéresser aux pierres tombales, épitaphes, que l’on peut trouver dans les cimetières. Pour la seconde partie je vais revenir sur les intérieurs pour vous parler des objets religieux et cérémonieux que tels que les statuettes, crucifie, bibles, que l’on peut avoir chez soi et ce qu’ils évoquent. A côté de ce kitsch plutôt «sobre» dans nos intérieurs, on peut également parler de celui qui dérange quand il traite de la mort. Tout à commencé il y a quelques mois lorsque j’ai perdue mon grandpère, je me suis retrouvée au coeur de ce sujet. Ma grand-mère, ma mère et mon oncle se sont occupés de tout. J’ai essayé de faire attention à chaque détail qui venaient à moi. En me rendant au cimetière, (cela faisait plusieurs années que je n’y avait pas mis les pieds) que je me suis rendu compte que celui-ci était très varié. Mon attention s’est alors portée sur une première tombe que j’ai toujours connue dans cet endroit. Je ne connaissais ni la personne défunte, ni la famille, juste cette tombe. La pierre tomba est de couleur noir. Sur la stèle, qui est très haute, est gravée une immense voiture grise. On se demande si la personne est décédée dans un accident de voiture ou si c’était sa passion. Par déduction, je pense qu’elle était «fan» de voiture. Je penche sur cette hypothèse

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car cela serait beaucoup trop douloureux pour une famille de se souvenir de la mort de leur proche. Dans ce même cimetière j’y ai également découvert la tombe d’un enfant. Celle-ci était recouverte de blanc avec diverses plaques en marbre en rapport à l’enfance. Ce qui rend kitsch cet espace est la surabondance. L’accumulation d’objets d’une même couleur. Est-ce parce que c’est un enfant que l’on a autant décoré sa tombe? En faisant des recherches un peu plus approfondies, j’ai découvert plusieurs sites traitant de la personnalisation de pierres tombalales, d’actualité ainsi que d’humour9 . J’ai été dans un premier temps saisi par les images que j’ai pu découvrir dans l’article. Les pierres tombales étaient beaucoup plus colorées mais surtout inappropriées, surchargée d’impressions photographiques, de couleurs vives. Par exemple, l’un des soubassements est entièrement rose et recouvert d’un coeur. Au centre, se trouve les inscriptions de la défunte et en dessous de celle-ci, unr photographie de bouche avec diverses accessoires de beautés. Et sur la stèle, une photo de la jeune fille accompagnée de son prénom. Dans un cimetière dit traditionnel, cette tombe n’est pas en harmonie et en accord avec l’ambiance qu’on y retrouve. En cherchant un peu plus, je me suis retrouvée sur le site des fabricants de ce genre de tombes10. Le site de Funeral Concept, est l’un d’eux. La page d’accueil est plutôt accueillante et en aucun cas on ne pense tomber sur un site traitant la mort de cette manière. Les couleurs sont vives, l’image d’accroche est une photos d’enfants souriants, on a l’impression de se retrouver sur un site de vente de vêtement. Le site à pour slogan11 : «Parce que nous ne sommes pas tous né triste et gris comme des pierres tombales…»

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Des pierres tombales cool? - www.petitpetitgamin.com www.majolietombe.fr www.funeral-concept.fr


Cette société à inventé un tout nouveau concept, le Fer tombale. Chaque individu peu personnaliser sa tombe avec des photographies, des petits mots et des objets. Les tombes sont en acier personnalisable avec peintures et vernissages, garanties 30ans et (maintenant, même le marché de la mort propose des garanties) comprenant la stèle et le soubassement. La mort est devenu un objet de consommation, on cherche à innover et rendre plus heureux les moments difficiles. Voici le petit paragraphe d’accroche du site précédemment visité: «Le monde change, le funéraire aussi, découvrez des articles funéraires origginaux de fabrication 100% Française. Du plus simple au plus personnalisé en passant par des monuments paysagers et des plaques funéraires, laissez-vous guider et faites confiance à notre équipe FUNERAL» Personnellement j’ai un peu de mal avec ce nouveau «concept». Chaque personne a sa propre vision de la tombe, mais je pense que tout d’abord elle doit rester un hommage, être sobre et être discrète dans ses couleurs. C’est quelque chose de personnel qui doit garder une certain sentiment d’intimité. Il faut garder en tête que la mort n’est pas quelque chose d’heureux. Pourquoi la mettre autant en valeur? Cela doit rester personnel et non devenir tape à l’oeil. Dans la galerie photo du site, une tombe m’a interpellée. Sur la stèle, une couronne de fleur avec les inscriptions «Le manège enchanté» avec en image, Pollux le célèbre chien du dessin animé. Si on s’approche de la tombe, on peut remarquer qu’il y a en petit, la photographie du défunt sur la stèle. N’est-ce pas un peu exagéré? Qui repose sous cette sépulture? Pollux ou le monsieur que l’on aperçois à peine sur son propre fer tombal?

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C’est une consommation à outrance. On ne sait plus quoi inventer pour plaire au gens mais surtout pour vendre. Pourquoi en faire toujours trop? Surtout dans des moments aussi difficiles qu’apporte le deuil. Pourquoi en faire toujours trop? Surtout dans des moments aussi difficiles qu’apporte le deuil. Quand il s’agit de la mort, il faut rester sobre. Le cimetière est un endroit où chacun vient se recueillir simplement en tout intimité.

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J’ai remarqué dans les différents endroits visités dans le chapitre I qu’il y avait beaucoup d’objets religieux comme des crucifies, des tableaux et des statuettes. En quoi ces objets sont inquiétant et pourquoi les qualifie t-on aujourd’hui de kitsch? Quand je dormais chez mes grands-parents, je me souviens bien de cette petite statuette phosphorescente de Marie sur la table de chevet. Je n’osais pas me retourner face à elle étant petite. Pourquoi avoir besoin de voir cette statuette dans le noir? Je trouvais ça plutôt inquiétant et ne voulais pas dormir face à elle alors qu’elle était censée être là pour me protéger. J’ai pu constater qu’il y a également quelques crucifies au dessus des portes. Ma famille est catholique non pratiquante, il y a donc peu d’objets en rapport à la religion. Chez mon autre grand-mère je suis tombée sur un immense crucifie doré mis sous globe qui m’a stupéfaite et sur lequel je suis restée en admiration. Je trouve cette croix magnifique. Pour moi, cela se rapproche plus du kitsch par sa dorure, ses détails mais aussi, sa mise sous globe. C’est la même chose pour le crucifie vu dans la salle de bain de la maison de vacance de mon ami. Il est impressionnant mais se rapproche également du kitsch. La différence est qu’il est plus inquiétant, peut-être par sa taille et l’endroit où il a été acceroché. Quand on regarde de plus prés, tout ces objets sont différents et apportent une histoire personnelle avec eux. Il y en a pour tous les goût, et, du fait de décliner ses reliques religieuses, ça les rend encore plus kitsch. Certaines sont en bois, d’autres en fer avec ou sans Jésus mais surtout, de toutes les couleurs.

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Les objets religieux attirent aujourd’hui plus de monde qu’avant. Le fait de mélanger des objets religieux, de les transformer pour les adapter à notre intérieur. Ils ont perdus avec le temps leur caractère religieux, on les possèdent désormais chez nous comme objets décoratifs. Ils sont de plus en plus une source d’inspiration artistique qu’une symbolique religieuse. Selon Milan Kundera, dans son roman «L’Insoutenable Légèreté de l’être12», «le kitsh est un paravent qui dissimule la mort». Le kitsch nie le drame de la condition humaine. Il se cache derrière des objets attrayants pour les croyants, et même des non-croyants qui les voient comme des statuettes réconfortantes par leurs couleurs souvent pastelles qui évoquent la douceur. Mais la mort est quand même là et ces objets en sont directement liés malgré eux.

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L’Insoutenable Légèreté de l’être - Milan Kundera, 1990

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III / Les objets kitsch d’aujourd’hui Le Kitsch est devenu populaire chez les artistes, ils revisitent de plus en plus les objets de décoration de nos grands-mères en les détournant et leur donnant une autre fonction ou tout simplement une nouvelle apparence; parfois plutôt surprenante. Dans cette dernière partie, je vais vous présenter différents artistes ayant revisité des objets kitsch en oeuvres d’arts. Je vais également traiter de l’impacter du kitsch dans nos intérieurs d’aujourd’hui mais aussi, le mélange de divers styles de décoration plus modernes. Comment intégrer ces objets de mauvais goût dans nos intérieurs?

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Click Mort13 est un artiste qui revisite différents bibelots en céramiques en les mélangeant entre eux. Il remplace et échange certains membres des personnages ou animaux pour en créer des chimères. On ne connait que très peu de choses sur cet artiste.

Centaur as Envisioned by Arthur Rankin, Jr. and Jules Bass 7.5’ x 5.5’ x 4.25’

Between Rounds 6.75’ x 4.5’ x 4’

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www.clickmort.com

Poodle Dumping Crud From a Boot 6.5’ x 4.5’ x 4.5’

Beantown Terrier Harpy 6.5’ x 5’ x 3.25’


Dans le même registre, nous avons le travail de Debra Broz14 qui travaille les objets en céramiques et plus particulièrement les animaux. Les objets prennent une toute autre dimension autour de la mutation génétique. Poule et renard échangent leur tête; des lapins avec leurs oreilles dans le dos… Son concept artistique remet en cause les manipulations de l’ADN.

Double Poodles. 2012 4’h

Twin Persians. 2013. 6 x 5.5 x 5’

Guardians (Winged Dogs). 2012 6’h

14

www.debrabroz.com

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Angela Rossi, plus connue sous le nom de Beat Up Creation15 est une artiste californienne qui détourne d’anciennes assiettes kitsch en y intégrant toutes sortes de personnages et animaux en impression. Elle travaille toujours avec d’anciens objets. Angela Rossi produit également des sculptures assez perturbées qui sont des assemblages de poupées, de trophées de chasses et autres céramiques. Grosse dose d’art kitsch avec cette artiste.

Lilith the Vampire Girl

Sir Odobenus Rosmarus Portrait

Cindy the Octopus 8’ x 10’

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www.beatupcreations.com


La taxidermie est quelque chose qui devient également populaire aujourd’hui. On trouve de moins en moins de taxidermiste mais les têtes d’animaux empaillés sont de plus en plus recherchées. C’est par le biais de mes recherches sur la taxidermie que j’ai pu découvrir deux artistes traitant le sujet, Peter Gronquist et Benoit Huot. Peter Gronquist16 est un artiste américain qui se sert de trophées de chasse comme base pour ses sculptures. Dans ses oeuvres sculptées il mélange des figures animales à des armes, des logos ou même des marques de luxe accompagnées de leurs dorures. La transformation est spectaculaire.

16

www.petergronquist.com

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L’artiste franco-comtois Benoit Huot17 met au centre de sa pratique artistiques des animaux naturalisés. Ce dernier crée des reliques animales. Il redonne en quelque sorte une seconde vie à ces créatures en les ornant d’apparats divers. On retrouve également un côté créatures-fétiches, inspirées de cultures de clans primitifs africains ou océaniens.

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Art kitsch et taxidermie avec les oeuvres de Benoit Huot http://www.leblogdukitsch.com


Ces deux artistes se rapproche de la rogue taxidermy. La rogue taxidermy ou la «taxidermie tordue» trouve ses bases à la Renaissance avec les cabinets de curiosités, où des artistes créant déjà des chimères pour refléter les croyances de l’époque en l’existence de créatures fanstasmagoriques. L’idée est de créer des genres de chimères en composant leurs propres créatures faites de morceaux d’animaux différents. Aujourd’hui cette taxidermie décalée part à l’assaut de l’art contemporain. Ces réalisations se vendent des fortunes comme le «Bestiaire hybride» de Maurizio Cattelan avec ses animaux placés dans des situations inattendues. C’est l’artiste anglais Damien Hirst qui a le plus choqué avec ces bêtes coupées en deux puis conservées dans du formol. Il atteint les sommets de l’art contemporain. Dans la rubrique «Rogue taxidermy18», sur le site art.tv, on trouve également les modes de travail de diffétents artistes tels que Nate Hill, Bonnie Wood et Liz McGrath. L’art aide de plus en plus le kitsch à intégrer, de façon différente, dans nos intérieurs. Nous mélangeons les styles en essayant de garder une certaine cohérence dans l’habitation. Les artistes cités plus haut, mais surtout leurs créations, sont des «objets» déjà répertorié dans le chapitre I (bibelots, assiettes en céramique et trophée de chasse). Les objets de décorations transformés gardent tout de même leur mauvais goût mais cette fois-ci de façon plus appropriée et créative. Le kitsch revient partout autour de nous, que ce soit dans les photos, la mode, la décoration,… Je pense que nous avons tous quelque chose de kitsch, qu’il soit volontaire ou non. Il n’y a pas de mal à aimer le mauvais goût, ce léger décalage dans un intérieur peu susciter la curiosité des visiteurs et le rendre intéressant. Mais attention, tout est question de dosage et d’harmonie. Il y a encore beaucoup d’artistes traitant le kitsch, mais ceux que je vous ai présentés sont pour moi les plus pertinents.

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http://www.arte.tv/fr/rogue-taxidermy/2336484,CmC=2335828.html

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Maurizio cattelan, “Novecento”, 1997 Cheval empaillé, sellerie en cuir, cordage, poulie.


Damien Hirst


Je vais présenter quatre styles d’intérieurs plus ou moins kitsch actuels. Premier exemple; L’univers des artistes Pierre et Gilles. Ce sont deux figures emblèmatiques du kitsch par leur célèbres photographies retouchées à la peinture19, qu’ils réalisent ensemble depuis leur rencontre. Même la presse qualifie leur travail de «mauvais goût». Leurs oeuvres abordent les thèmes de la culture pop, de la culture gay mais aussi, de la pornographie ou encore la religion qui est même un de leurs thèmes les plus importants. Je me suis intéressée de plus prés à leur intérieur. J’étais curieuse de connaître l’habitation kitsch d’artistes kitsch. Pierre et Gilles façonnent un monde mythique où la laideur et la vieillesse n’auraient plus court. Je suis tombée sur un site20 qui a pu me permettre de découvrir ces espaces si étranges. Sur une première image, une voûte de forme ovale en guise de passage de la salle à manger au salon. Deux immenses portraits des deux artistes intéressés surplombent un ensemble de cadres aux photos diverses. Dans le salon, on peut apercevoir un buste de Batman posé sur un buffet. Une réplique taille réelle du célèbre Goldorak domine cette pièce ainsi qu’une immense tour Eiffel posé sur un tapis. Un salon plutôt insolite. Des plantes sont suspendues un peu partout sur les murs. Dans l’atelier, les artistes ont installé une serre métallique qui permet de préserver les tableaux en cours de la poussière. La chambre est de style chinoise avec une peau de tigre au pied du lit.

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Pierre et Gilles - www.fr.wikipedia.org l’appartement intime de Pierre et Gilles - www.cotemaison.fr


Une cuisine et une salle de bain orientales faites de mosaïques. L’endroit que je qualifierai le plus kitsch chez eux est la salle à manger. Un autel bouddhiste sert de support à la télévision et est surplombé d’une multitude de cadres et de souvenirs de voyages. On peut apercevoir une guitare, beaucoup de portraits, de statuettes religieuses,… Au sommet de tout, la trilogie Sheila, Sylvie, Cloclo. Il y a trop de choses pour pouvoir tout distinguer parfaitement. Il y a dans leur maison, un éclectisme qui tient véritablement de la caverne d’Ali Baba. Leur cocon est à l’image de Pierre et Gilles, c’est à dire coloré, extravagant, avec des influences asiatiques et orientales. Toute cette accumulation crée LE Kitsch. Cet intérieur est agréable à regarder, il a une certaine harmonie et une curiosité s’installe. On a envie de fouiller, de réussir à tout voir dans les moindres détails. Il n’y a ici, aucun ressenti négatif. Je pense que l’on pourrait s’y sentir bien.

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Je vais maintenant vous présenter deux intérieurs de styles différents avec des objets phares du kitsch que l’on peut retrouver ou amener dans son intérieur. Dans la maison de Jess Wright21, graphiste australien, on trouve une incroyable collection de Jésus, de meubles anciens retapés, de vieux jouets récupérés dans les vides greniers ainsi que d’imprimés colorés au visuel de nos grands-parents. Un mélange de couleurs (à petite dose) avec des tons neutres pour permettre à la piècee de respirer pour ne pas être trop étouffée.

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Melbourne Home - Jess Wright and family - www.thedesignfiles.net



Dans le Colorado, liée à des cerfs, des oiseaux et des lapins, Kirsten Coplans22 trouve du réconfort dans le partage de sa maison avec des figurines et des illustrations d’animaux. Elle a une étrange capacité à mélanger les couleurs, les époques et les textures d’une manière qui ne semble pas possible autrement. Sa palette et sons sens du style sont authentiques, il est d’ailleurs très agréable. On a l’impression que c’est une maison miniature, qu’elle a été dessiné par un enfant. De plus en plus, aujourd’hui nous avons recourt au Do It Yourself, le fait de créer permet d’apprécier encore plus son intérieur et parfois même à moindre coup. C’est ce qu’a fait Kristen dans son intérieur.

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Kirsten’s Bluebird of happiness house www.apartmenttherapy.com



Il faut trouver une cohérence visuelle alliant un ou plusieurs styles. Nous ne sommes pas obligés d’aimer un style plus qu’un autre. Dans nos intérieurs, nous pouvons créer et faire ce que l’on veut en mariant tels ou tels objets. Le résultat de cette fusion peut parfois surprendre et plaire. Elle crée un certain équilibre au sein de l’habitation. Mon univers se lie avec les artistes que je vous ai présentés dans ce début de chapitre. Le kitsch, chez moi, commence par une collection de certains objets en particulier, tels que les mugs et les licornes. Cette curiosité pour ce style a débuté par l’intérêt que j’ai pour les mugs en achetant le premier à Londres peu de temps après le mariage de Kate et Willian. Il représente pour moi un emblème du kitsch anglais. Tout le monde dans ce pays s’arrache les objets dérivés des mariages royaux. C’est sans m’en rendre compte que ma collection à débutée à ce moment là. Dans mon intérieur, j’ai également apporter une touche de kitsch avec différents objets de mauvais goût. On peut trouver dans le salon au dessus de la fausse cheminé, un trophée de chasse accompagné de fleurs en tissu et de vieille lampes à huiles en verre transparent. Sur la gauche, une étagère en parpaings de béton sur laquelle est disposée une serre entourée de livre d’art, de boites de thé d’horizons différents. Dans la serre, il y a un corps de poupée en plastique avec pour tête un cactus. Sur le haut de l’étagère est posée une collection de figurine de licornes au couleurs pastels. Les canapés ont été récupérés chez un brocanteur, ils sont en velours de couleur vert. Sur la table basse en Formica qui vient du mariage de ma grand-mère, il y a deux bougies religieuses et pour finir à côté de la télé il y a également un pouf recouvert de peau de vache.

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Dans ce paragraphe j’ai énuméré les objets liés au kitsch que j’ai pu rassembler. Même le chat à le droit à une petite folie kitsch avec son bol aux princesses Disney. Un mélange d’enfance et d’étrangeté de cabinet de curiosité. Mais tout ces objets sont accompagnés de meuble plus sobres, plus modernes, simples et épurés. Un meuble en Formica de couleur crème domine le couloir d’entrée.

Pour ma chambre, c’est un peu plus d’objets personnels qui ont plus d’histoire pour moi, que ceux que j’ai récupérés. Cette chambre est très petite, deux mètres par trois, il n’y a donc la place que pour un lit et deux petites commodes. C’est sur les murs que j’ai pu décorer cette pièce à mon goût mais surtout avec les objets que j’aime. On peut alors découvrir des cornes de chevreuils et des bras de poupons en guises de portes bijoux (ornées d’un bijoux avec le portrait de Leonardo Dicaprio à l’époque du film Titanic. Je l’avais acheté pendant mon enfance sur un marché. Il y a aussi des dessins de crânes d’animaux, quelques photographies ainsi que deux flamants roses de jardin, en plastique, créés par Don Featherstone. En face de ce mur, un paysage en hologramme représentant les quatres saisons est accroché. Sur une des deux commodes, une horloge à fleurs sous globe et une tête de poupon, qui est d’ailleurs celle du corps que l’on retrouve dans la serre du salon. J’y ai aussi posé un porte bougie en forme de poisson aux couleurs pastelles et brillantes à shait ainsin qu’une boîte à bijoux en nacre offert par mes grands-parents au retour d’un voyage. Sur la tête de lit, j’ai plié deux plaids en patchwork dont l’un est réalisé au crochet et l’autre par ma grand-mère. Il n’y a pas vraiment d’accumulation dans cette pièce, du fait de sa taille, l’oppression serait insoutenable. Pour des personnes extérieures au monde de l’art, ma chambre pourrait passer pour enfantine ou décalée alors que pour celles qui le

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fréquente, elle peut paraître créative et originale. Hier, on aimait le kitsch pour le regard qu’il véhiculait. Mais l’ironie esthétique s’est tellement démocratisée qu’il est désormais de bon ton de dire qu’on aime le kitsch pour de vrai.

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On a tous notre vision de l’art, qui est d’ailleurs très subjective et différente pour chacun. C’est toutes ces exprériences visuelles, morales et artistiques, que l’on rencontre au cours de notre vie qui nous permet d’affuter notre oeil et notre personne. Pour nous diriger par la suite vers différentes études, vie sociale, passions,… Il y a tellement de styles d’art de vivre différents, que nous pouvons les personnaliser et les moduler à notre guise en fonction de notre goût. Qu’il soit de bon ou mauvais goût chacun a le droit de s’exprimer par le biais du kitsch, du traditionnel, de l’accumulation ou son contraire, de souvenirs. Ce mémoire est l’aboutissement de mon regard sur le monde qui m’entoure depuis que j’ai commencé mon cursus. Il m’a permit de rencontrer des gens différents de moi et avec des goûts parfois à mon opposé. J’ai pu partager et recevoir leur témoignage et ainsi pu mieux comprendre leur art de vivre. J’ai passé beaucoup de temps a faire des recherches sur internet et dans les livres pour que je puisse avoir une ouverture plus grande sur le monde du kitsch et même si parfois, je ne suis d’accord avec tout, ce mémoire m’a convertie au fait que tous les goûts sont dans la nature et qu’il faut laisser à chacun la liberté de vivre comme il le veut.

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«Le kitsch fait partie du baroque narcissique étant donné qu’il mêle l’amour du beau et de la merde, de la démocratie et du totalitarisme. Tous les régimes politiques, religieux, artistiques, qui jadis se sont caractérisés par leur volonté de détruire l’Homme et sa liberté, en sont les plus gros producteurs. Comme le souligne José Amicola, «le kitsch relie tous les éléments les plus réactionnaires sous une forme artistiques». Nos sociétés actuelles attribuent à cet art «tape-à-l’oeil» ou «pacotille» une légèreté qu’il n’a pourtant pas, puisque le kitsch est l’attrait pour le maquillage des systèmes despotiques. S’appuyant généralement sur le folklore et le divertissement bon marché pour amortir sa réelle violence, il est le vernis esthétique appliqué par les dictatures quand celles-ci cherchent à occulter l’absence totale de culture. Milan Kundera lui a probablement donné la meilleure définition qui soit : «Le kitsch, par essence, est la négation absolue de la merde. (…) Il est un paravent qui dissimule la mort.» Les défenseurs du kitsch se proposent de sauver ce qui destiné à la poubelle, à la fois pour dire que tout est artistique et que rien ne l’est si l’élite bourgeoise qui définit le bon du mauvais goût ne décide pas d’y investir son argent et son idéal de vie. La différence entre le kitsch et l’art de qualité a l’air très mince. Sur la photo instantanée, ils semblent quasiment identiques. C’est sur la durée que le kitsch jaunit, car il privilégie l’image (autrement dit l’intention) à la Réalité. Le kitsch surgit de ce qui est humain et du regard amer que portent les Hommes sur leurs propres actes (pensez aux reactions que nous pouvons parfois avoir face aux photos de mariés exposées dans les magasins des photographes, condamnées au kitsch ou sauvées de lui selon notre clémence et notre paix intérieure). Tout est kitsch. On pourrait même dire qu’il y a du «kitsch presque objectif», selon la formule de l’éminent Jean-François Frackowiak, celui qui touche à la naïveté, à l’innocence touchante, à la bonté : il suscitera parfois le même rejet que les «bons sentiments». Mais une chose devient «plus kitsch que les autres» quand l’Homme rentre à l’excès dans le paraitre, le narcissisme, ou la jalousie. Lz kitsch est étroitement lié à la haine de la contrefaçon matérialiste, exprimée paradoxalement par un surinvestissement dans le paraitre. En ce sens, «les filles et les garçons sans contrefaçon», autrement dit les


personnes homosexuelles, méritent tout à fait leur titre d’»enfants du kitsch». Ce n’est pas sans raison que Severo Sarduy allie homosexualité et kitsch quand il qualifie le mouvement artistique néo-baroque de «kitsch, camp et gay». On retrouve le kitsch dans la naïveté paradisiaque des photos-peintures de Pierre et Gilles, dans l’accoutrement outrancier de Marianne James en cantatrice allemande, chez les artistes du Pop Art, dans les décors psychédéliques de Pedo Almodovar, dans le dépouillement grunge et misanthrope du bob underground, dans les «mises en scène-masturbation-intellectuelle» de Marcial Di Fonzo Bo, ou bien encore dans l’esthétique de JeanPaul Gaultier. Les personnes homosexuelles sont souvent des grands amateurs de cet épate-bourgeois facile qu’est le kitsch. Arthur Rimbaud, par exemple, avoue sa passion pour les «peintures idiotes» et les «refrais niais»; Paul Verlaine revendique les «images d’un sou» et les bibelots d’une culture de masse en désuétude. Beaucoup de sujet homosexuels se désignent eux-mêmes comme des consommateurs incultes, des «enfants gâtés du capitalisme», des «dandy déliquescents» assumant avec fierté des goûts minables qui n’iraient pas avec leur rang. Leurs personnages (et parfois eux-mêmes) regardent les mauvais feuilletons de début d’après-midi pour mamies-gâteau, adulent les chanteurs-paillettes, et se montrent assez peu cultivés derrière leurs faux airs de premiers de la classe. Leurs goûts oscillent entre les extrêmes : elles peuvent aimer à la fois la mauvaise variet’ musicale et l’opéra classique, se forcer à consommer ce qui leur est présent comme «de qualité» ou de se laisser aller à apprécier de la merde commerciale. Dans les deux cas, c’est souvent le paraître qui l’emporte sur le goût. Le kitsch attire l’oeil et lui seulement, alors que l’art se prétend plus cérébral et veut aussi parler davantage au coeur.»


D’aprés un extrait du livre Homosexualité Intime Le couple homosexuel par-delà le bien et le mal de Philippe Arino, edition L’Harmattan, 2008.

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Bibliographie 1. Ouvrages - L’Histoire de la laideur, sous la direction de Umberto Eco, Flammarion, 2007. - FREUD Sigmund L’inquiétante étrangeté / Das Unheimliche, 1919, trad. Marie Bonaparte et Mme E. Marty 1933. - ARINO Philippe Homosexualité Intime Le couple homosexuel par-delà le bien et le mal, L’Harmattan, 2008. - KUNDERA Milan L’Insoutenable Légèreté de l’être, Gallimard, 1990. 2. Site internet - www.lagazettedumauvaisgout.com/original/fan-de-johnny/ - www.neodko.com/neodko-createur-papier-peint/histoire-du-papier-peint.html - www.peccadille.wordpress.com/2014/01/27/papier-peint-xviiie-siecle-gallica/ - www.fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_mobilier_français - www.alienor.org/ARTICLES/mobilier/texte.htm - www.deco.fr/astuces-deco/deco-style/decoration-style-retro/qu-est-ce-que-leformica-23518.html - www.madonnainn.com/features.php - www.mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-beaute/ENSbeaute.html - www.petitpetitgamin.com/2013/11/19/des-pierres-tombales-cool/ - www.majolietombe.fr - www.funeral-concept.fr - www.davidchancellor.com/docs/photos.php?id=2:36 - www.clickmort.com - www.debrabroz.com - www.beatupcreations.com - www.petergronquist.com - www.arte.tv/fr/rogue-taxidermy/2336484,CmC=2335828.html - www.fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_et_Gilles - www.ladepeche.fr/article/2013/04/30/1617054-pierre-et-gilles-cote-coulisses. html

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- www.cotemaison.fr/chaine-d/deco-design/diaporama/exclusif-l-appartementintime-de-pierre-et-gilles_15628.html?p=3#diaporama - www.nadjavilenne.com/wordpress/?p=2826 - www.thedesignfiles.net/2011/08/melbourne-home-jess-wright-and-family/ - www.apartmenttherapy.com/kirstens-bluebird-of-happiness-house-housetour-188472

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