Rapport La Caravane

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Synthèse de l’évaluation de la Caravane

Évaluation du dispositif d’action culturelle « La Caravane 2013 - 2014 » Nous avons voulu ce rapport dynamique et multimédia. Il prend la forme d’un pdf interactif avec un sommaire à partir duquel il est aisé de se déplacer d’un chapitre à l’autre. En bas de chaque page, des renvois permettent de revenir au sommaire. Des liens hypertexte orientent vers les sites et les supports (photos, vidéos ou autre), quand ceux-ci ne peuvent être intégrés directement au document.

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Sommaire 1- Introduction.....................3

2- Diagnostic partagé.....6

A- Contexte...................................3 B- Référentiel et methodologie...........................3 C- Sens des mots..........................5

A- Enjeu 1 : Favoriser un accès à la culture par et pour tous.......6 B- Enjeu 2 : Promouvoir une vision de l’action culturelle décloisonnée et territorialisée en plateforme.............................10 C- Enjeu 3 : Favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie.................13 D- Enjeu 4 : Transversalité interne entre social – culture – éducation.....................................17 E- Enjeu 5 : D’une expérimentation à une politique publique transverse et participative.........20

A- Sur les individus.....................25 B- Sur les organisations.............27 C- Sur les pratiques....................28

5- Étude prospective.....34

6- Conclusions.....................39

4- Matrice AFOM

Atouts Faiblesses Opportunités Menaces......................................29

3-Étude d’impacts...........25

A- Caravane d’aujourd’hui, caravanes du futur ?...................34 B- 10 préconisations pour l’action............................... 37 C- 4 Chantiers d’avenir..............38

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7- Annexes............................41 A- Tableau Enjeux – Hypothèses..................41 B- Grille d’entretien initiale.......42 C- Trames d’intervention...........44

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1- Introduction A- Contexte Avec le souci de répondre aux disparités de développement entre les territoires, le département de la Drôme met en œuvre une politique culturelle ambitieuse, s’engageant dans un soutien direct et indirect aux équipements et aux initiatives menées en Drôme. Définie alternativement comme une action expérimentale d’éducation artistique et culturelle ou comme un dispositif d’action culturelle de territoire itinérant, La Caravane est directement portée par le service de développement culturel du Département. Initiée en 2009, accueillie en 2011 sur le territoire de la Communauté de Communes du Diois, puis sur le Val de Drôme en 2012, en collaboration étroite avec la Compagnie Transe Express, la Caravane s’est installée à l’automne 2014 sur la communauté de communes Porte de DrômArdèche. Suivant la volonté départementale de territorialiser les politiques publiques et de décloisonner les champs de la culture, du social et de l’éducation, La Caravane, positionnée initialement dans le cadre de la Concertation Locale d’Action Culturelle (CLAC) en Nord Drôme, a rejoint la Concertation Locale d’Action Sociale (CLAS) portée par la Direction des Solidarités, et s’est inscrite dans le Plan National d’Education Artistique et Culturelle. Aujourd’hui, le Contrat Territorial d’Education Artistique et Culturelle (CTEAC) et la convention départementale qui en découle, sont le nouveau cadre d’évolution d’une Caravane redéfinie, s’implantant sur trois territoires distincts : Porte de DrômeArdèche, Nyonsais – Baronnies, et Pays de Dieulefit – Bourdeaux.

Rhône-Alpes et Auvergne, et alternance politique née des élections départementales de mars 2015, l’évaluation commanditée revêt un caractère particulièrement stratégique. Elle interroge une croyance dans le « potentiel de la pratique artistique collective pour créer des espaces d’expression citoyenne favorables à l’amélioration du vivre ensemble » et une volonté affichée de « favoriser la participation des usagers à la définition, à la mise en œuvre et à l’évaluation des actions qui les concernent » (axe 4 de la CLAS). Souhaitée qualitative et impliquante plutôt que quantitative et distante, articulant les temps d’échange individuels et collectifs et mobilisant des méthodes actives, l’évaluation vient relayer la volonté départementale de placer la participation au cœur de l’évolution des politiques publiques. L’exercice évaluatif n’est plus seulement l’action d’un prestataire externe, mais l’occasion d’une conscientisation par l’ensemble des partiesprenantes de La Caravane des enjeux actuels et futurs des politiques publiques.

B- Référentiel et methodologie Pour préparer et accompagner la problématisation, le recueil de données, l’analyse et la rédaction de ce rapport, nous avons créé un référentiel d’évaluation, sous forme d’un tableau à 5 colonnes permettant de construire progressivement notre réflexion pour mieux la partager.

Dans ce contexte institutionnel en recomposition, entre réforme des collectivités et redistribution des compétences aux différents échelons, fusion réalisée de communautés de communes (la Porte de DrômArdèche est née du regroupement de 4 EPCI), perspective de fusion des Régions

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1- Introduction 7 Entretiens collectifs (47 personnes)

L’évaluation de la Caravane, qualitative et participative, s’est constamment adaptée au calendrier de l’action sur le terrain : • Pendant le temps de l’action, entre ateliers de pratique artistique et festival, nous nous sommes consacrés à la compréhension du dispositif, à construire notre problématisation, à l’observation des ateliers et des temps de travail collectifs et à l’analyse de données (à partir des documents de présentation et de communication, des enquêtes). • Dès la fin de l’action, nous avons engagé le processus d’évaluation participative, basé sur des rencontres individuelles ou collectives avec les publics et les partie-prenantes de La Caravane. • Tout au long de l’action, nous avons effectué des points réguliers avec l’équipe du Service de Développement Culturel du Département, soucieux d’accorder la progression de la réflexion avec l’évolution des attentes et du contexte institutionnel. • En mars, nous avons partagé les 1ers éléments de diagnostic avec les équipes du Conseil Général puis avec les acteurs représentants les différents champs (Culture, Education, Social) • Ce rapport est mis définitivement en forme fin avril et restitué début mai.

13 entretiens individuels (14 personnes)

Pour étayer nos propos, nous avons rencontré collectivement ou individuellement les diverses parties-prenantes de la Caravane, à l’occasion d’observations, de temps de discussion en groupes thématiques (focus groupe), et d’échanges individuels en entretien physique ou, à défaut, par téléphone. Ces échanges nous ont amené à mobiliser des méthodes dynamiques et actives, facilitant la participation (des exemples de trames apparaissent en annexes).

Observations

• 1 Focus-groupe artistes-pédagogues (6) • 1 Focus-groupe élèves du collège de Saint-Rambert d’Albon (15) • 1 Focus-groupe enseignants du collège de Saint-Rambert d’Albon (6) • 1 Focus-groupe travailleurs sociaux (4) • 1 Focus-groupe habitants Hauterives (2) • 1 Focus-groupe habitants Saint-Vallier (10) • 1 Focus-groupe des directrices CG (4)

• Mme Simonet, principale du collège St-Rambert d’Albon • Elise Brenon, Chargée de mission des Enseignements artistiques au Service du Développement Culturel du Conseil Général • Xavier Lucas, Chef du Service du Développement Culturel du Conseil Général • Eve Claudy, Chargée de mission Pratiques et Publics au Service du Développement Culturel du Conseil Général • Emmanuel Pontal, Technicien au Service du Développement Culturel du Conseil Général • Corinne Turc, Cheffe de projet CLAS - Concertation Locale d’Action Sociale de la Direction des Solidarités du Conseil Général • Anne-Marie Reme-Pic, Vice Présidente Culture au Conseil Général jusqu’en mars 2015 • Alain Matheron, Vice Président à l’Enseignement au Conseil Général • Isabelle Cassel, Responsable des CMS - Centres Médico-sociaux de Saint Rambert d’Albon, Saint Vallier et Hauterive • Gibé, Artiste de rue de la Compagnie les Décatalogués • Emilie Chabanas, Danseuse • Frédérique Lemenant, Directrice du Ciné Galaure • Sylvette Rillet, Référente Accompagnement Global à Pôle Emploi • Gaëlle Frery, Chargée de mission Culture à la Communauté de Communes Porte de DromArdèche

• Un atelier de sensibilisation des travailleurs sociaux sur la thématique de l’Art et la Culture • Des ateliers au collège Saint-Rambert D’Albon, avec 4 classes de 4ème

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1- Introduction C- Sens des mots Sans chercher à élaborer un glossaire complet, nous proposons dans ce paragraphe quelques mots qu’il nous paraissait important de « colorer », pour clarifier nos propos et éviter les incompréhensions de lecture. Enjeu Nos enjeux sont les questions fondamentales qui se posent aux acteurs. En lien avec les objectifs affichés de la Caravane, ils en sont une interprétation subjective qui interroge le dispositif d’action culturelle dans ses diverses dimensions. Participation Nous entendons par participation un processus collectif qui implique et engage l’ensemble des parties-prenantes. Nous partons du principe qu’il n’y a pas un niveau optimal de participation, mais des niveaux de participation à adapter aux situations. Plateforme Par plateforme nous entendons une structure partenariale opérationnelle qui partage informations et décisions et qui, dans le cadre de la Caravane, peut être le support de mise en œuvre d’une action publique participative.

Pédagogie La pédagogie est pour nous l’art et la manière de transmettre quelque chose d’un individu vers d’autres individus. Elle implique de multiplier les relations entre individus et collectifs d’individus, et d’expliciter toujours plus ce qui est implicite. Public Nous considérons les publics comme les bénéficiaires ayant participé ou ayant été invités à participer aux ateliers de La Caravane. La mention de public « cible » employée parfois relève d’une volonté de s’adresser à des participants en fonction de leurs besoins spécifiques.

Territoire Les territoires dont nous parlons sont les bassins de vie concernés par l’action. Ils relèvent de l’échelle administrative des communautés de communes, à l’instar de la Porte de DrômArdèche.

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2. Diagnostic partagé A- Enjeu 1 : Favoriser un accès à la culture par et pour tous 1 Avis des évaluateurs : La Caravane peut favoriser l’accès à la culture par et pour tous à la condition qu’elle s’affirme à la fois comme une action artistique culturelle à visée sociale et éducative, et qu’elle mobilise des publics-cibles plus ou moins éloignés de la culture. Échelle de Hypothèse 1.1 : La Caravane diffuse le message d’une pratique vérification : artistique qui change le rapport au monde.

En communiquant sur le message « faire ensemble pour bien se sentir et se sentir bien », La Caravane se positionne au-delà de la seule pratique artistique. Pour le service de développement culturel du Conseil Général, la culture n’est pas une fin en soi, c’est un outil parfois sous-exploité auquel il faut donner les moyens nécessaires. En ce sens, La Caravane se conçoit comme un levier d’intégration, comme un accélérateur de changement sociétal, comme fédérateur de collectif, au gré des propositions de rencontres. Les artistes-pédagogues impliqués dans la Caravane parlent de pratiques artistiques à découvrir pour interroger le rapport des hommes et des femmes à la société et leur capacité à le transformer. Une principale de collège nous parle d’un système de représentation du monde, d’une vision à partager.

Entre manière de voir le monde et capacité à le changer, la grande majorité des participants à La Caravane, qu’ils soient jeunes ou adultes, sentent qu’ils ont vécu quelque chose d’important, interrogeant leur relation à l’environnement. Ils nous parlent « d’ouvrir les yeux à plusieurs », de « changer l’image qu’ont les autres sur nous et que nous avons sur les autres », de volonté de « faire passer un message », etc. Tous nous disent qu’à partir des propositions artistiques, ils ont vécu ces ateliers comme un moment unique qu’il ne s’agit pas seulement de consommer mais qu’ils ont pu s’approprier pour mieux agir et mieux être. « On apprend à partir des différences » « L’art c’est d’accepter tout le monde, et de savoir dire non au racisme. » Elèves du collège de Saint-Rambert d’Albon Pour aller plus loin: Le message humaniste de La Caravane est-il le bon message à adresser et est-il audible et compréhensible par tous ? S’adresse-t-il à tout un chacun ou seulement à ceux ayant l’ouverture d’esprit nécessaire ?

« J’aimerais qu’on fasse toujours la même chose, qui dise quelque chose, qui fasse passer un message. » Une habitante, atelier Saint-Vallier

La formulation de l’enjeu, et spécifiquement la notion de « culture par et pour tous » fait débat parmi les acteurs de la Caravane. Ce débat qui rejoint celui autour de la démocratisation de la culture ne nous paraît pas correspondre aux enjeux identifiés pour cette évaluation, mais peut se traiter dans d’autres cadres. Pour ce qui concerne ce travail, nous restreignons notre champ aux idées de participation et de diversification des publics. 1

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 1.2 : La pédagogie croisée (artistes/pédagogues) de la vérification : Caravane permet un accès à la culture par et pour tous

Transmettre, c’est faire passer un message. Le mot transmission est fréquemment utilisé à la fois par l’institution départementale et par les artistes-pédagogues. Parler de pédagogie dans le cadre de La Caravane, invite à s’accorder sur une approche éducative spécifique, en complémentarité avec l’approche des enseignants ou des travailleurs sociaux impliqués dans le dispositif. Dans le cas des interventions dans les collèges, l’accent a été mis sur le travail de co-construction des interventions, souhaité à la fois par le Conseil Général et par les équipes de direction des collèges. Les artistes relèvent qu’il a été passionnant de travailler avec les enseignants, chez qui ils ont trouvé une réelle volonté de travailler ensemble. Pourtant, plusieurs enseignants reconnaissent ne pas avoir été suffisamment force de proposition, regrettent de ne pas avoir plus pris l’initiative. Est-ce parce qu’ils reconnaissent dans les artistes une forte compétence de transmission, qui les incite à lâcher prise sur leur propre relation pédagogique ? L’observation de certains ateliers nous démontre qu’ils sont très intéressés par la démarche et convaincus de son impact. Elle laisse pourtant à penser qu’ils se reposent finalement trop sur le regard neuf et compétent de l’artiste intervenant dans la classe. La principale d’un collège nous dit que la co-construction n’a pas été facile, mais elle note un réel progrès depuis l’année précédente. Nommant l’ensemble des compétences des artistes (relationnelles, pédagogiques,..), elle fait la distinction entre intervenants artistiques de l’Education Nationale et artistes-pédagogues de la Caravane : tout en étant respectueux des « codes et normes » de l’établissement, ces derniers savent apporter une flexibilité et une liberté au sein du collège. Le terme « liberté » est d’ailleurs souvent repris par les élèves qui ont vécu les ateliers. « Artiste dans un établissement scolaire = eau et huile = discipline/horaires et flexibilité. » Principale d’un collège

La volonté de construire une approche pédagogique différenciée de ce que proposent les intervenants artistiques habituels, se jouer d’un cadre très normatif tout en respectant une déontologie propre et en permettant aux enseignants de jouer leur rôle, semble guider l’artiste-pédagogue. En se reconnaissant de ce double statut (artiste et pédagogue), ils revendiquent de créer des situations d’apprentissage sensibles, tout en appréciant de pouvoir continuer à « agir dans le flou ». « Moi je fais de la pédagogie mais c’est l’art qui m’intéresse. » Un artiste-pédagogue La reconnaissance de cette posture pédagogique particulière semble acquise sur le terrain, dans les établissements et auprès des équipes éducatives. C’est bien plus compliqué quand l’artiste s’adresse directement à l’institution académique. Le Conseil Général a là un rôle à jouer. Quoiqu’il en soit, les participants co-acteurs de La Caravane font systématiquement référence à la qualité d’enrichissement et d’apprentissage de connaissances et de techniques sur l’art et la culture. La pédagogie croisée entre disciplines, outils et langages, est amplifiée par les interventions systématiquement en binômes. La notion de « pédagogie inversée », se concevant depuis le désir des personnes, dans une dynamique participative a même été évoquée comme une prolongation possible du débat. Pour aller plus loin : Ne faudrait-il pas considérer La Caravane comme une approche pédagogique innovante plutôt qu’un simple dispositif d’action culturelle ? Comment intégrer les limites du statut d’artiste-pédagogue, reconnu par les institutions culturelles, mais pas dans le statut de l’intermittence ?

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 1.3 : La Caravane permet une mobilisation décloisonnée vérification : de publics divers sur le territoire.

Nos différents entretiens avec les acteurs de la Caravane font clairement apparaître que, hors du cadre scolaire, la mobilisation sur les ateliers a été plus faible que prévue. Sans s’attarder sur la mobilisation du public des élèves « captifs » au sein du collège, il est intéressant de se demander en quoi le projet de l’artiste répond réellement aux besoins des élèves a priori. Les élèves s’expriment facilement a posteriori mais avouent aussi alors ne pas avoir tout compris de l’intention de départ. « Ces ateliers, on pense que c’est pour apprendre à travailler en groupe, pour avoir confiance en soi, pour s’initier à la culture, pour découvrir de nouveaux métiers,… » Des élèves de collège La mobilisation la plus problématique était celle des publics dits « en insertion ». Sur ce point, la stratégie envisagée de s’appuyer sur les travailleurs sociaux fait débat. Certains nous disent qu’ils sont des vecteurs incontournables, d’autres nous rappellent qu’ils ont aussi pu être facteurs de blocage et n’ont pas joué le jeu. Les travailleurs sociaux ont été sensibilisés par un atelier ayant l’objectif de leur faire comprendre l’intérêt de telles initiatives pour leurs publics, mais force est de constater que cela n’a pas suffi à être mobilisateur par la suite. Pour comprendre, il faut distinguer les différentes catégories de travailleurs sociaux : ceux « estampillés Conseil Général » qui font de l’accompagnement individuel, qui prescrivent et nous disent avoir du mal à être perçus autrement que « l’assistante sociale qui place et qui signale », et ceux qui ont plutôt une fonction d’animateur socio-culturel, travaillant avec des groupes au sein de structures externes. Les premiers ont eu du mal à la fois à comprendre

l’intérêt des ateliers en amont, mais aussi du mal à en saisir le message pour communiquer et mobiliser leurs publics. Les seconds semblent avoir plus de leviers de mobilisation. Tous disent « s’y être pris comme ils ont pu », évoquant aussi parfois le manque de temps ou des supports de communication qui arrivaient trop tard, ou encore la concurrence entre dispositifs sur le territoire. Ils disent enfin pouvoir s’y prendre autrement après avoir entendu des témoignages de vécus positifs ou après avoir bien compris l’intérêt de la démarche. « Si ma belle sœur n’avait pas été au conseil municipal, je n’aurais jamais entendu parler de la Caravane, et ç’aurait été dommage ! » Une habitante Enfin, avec l’évolution progressive (et par défaut) du ciblage, depuis les « publics en insertion » vers les « habitants », nous notons que la participation est restée faible et très aléatoire. Nos entretiens n’ont pas permis d’identifier une stratégie de communication de mobilisation particulière du Département. Pour aller plus loin : Faut-il cibler un public en particulier ? Certains publics sont-ils trop éloignés et à la marge pour être touchés par le message de La Caravane ? La mobilisation via les travailleurs sociaux est-elle nécessaire quand les artistes eux-mêmes sont les meilleurs mobilisateurs ? La mobilisation via l’institution départementale sur un message global « faire ensemble pour bien se sentir et se sentir bien » est elle cohérente et réellement en phase avec les contextes particuliers de chaque territoire ?

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 1.4 : La Caravane favorise la pratique artistique collective vérification : comme vecteur d’expression et de création d’un vivre ensemble plus harmonieux.

les publics et tous les niveaux de l’humain, ils agissent en pédagogues et proposent un accompagnement qui pousse au lâcher prise chaque participant sans distinction.

« Je ne connaissais pas les gens. Maintenant quand je les croise dans la rue, on se salue. » « Avec ces ateliers, on a touché à quelque chose de fort, on était en lien. » « Il y avait du mélange et j’aime bien le partage. Ca permet de comprendre qu’on est très intelligentes en groupe. » Des habitant(es)

« Même un musicien pourrait travailler avec les sourds ! » Un artiste

Les témoignages sont éloquents. Ils nous disent que les ateliers produisent du lien social, ont des effets sur la qualité de vie en société. En plus du concept de pédagogie croisée, les ateliers La Caravane peuvent aussi se revendiquer d’une forme d’action sociale spécifique, qui légitime d’autant plus le lien recherché entre la direction de la Culture et la direction des Solidarités. Le lien social qui se noue ne doit rien au hasard. Il peut par exemple découler du travail entre artistes et travailleurs sociaux, bien que dans la Caravane 2013 – 2014, ce dialogue ait finalement peu eu lieu. La volonté de décloisonnement n’a pas suffi, il est resté difficile de coconstruire la démarche à la fois avec les artistes et les travailleurs sociaux. « Et pourtant la responsabilité de l’artiste dans l’action sociale est prouvée depuis longtemps. » Un artiste Les artistes revendiquent le fait de travailler avec tous les publics sans distinction, sans catégoriser en fonction d’un quelconque niveau de précarité. Convaincus que l’art et les émotions permettent de toucher tous

Quand on demande aux artistes ce qui fait de ces ateliers un espacetemps de « vivre ensemble », ils évoquent le fait que chaque participant arrive en position d’ignorant dans la discipline, ce qui favoriserait un apprentissage à égalité. Ils ont aussi compris l’importance d’une production collective, d’un résultat tangible presque immédiat, qui apporte aux participants satisfaction et fierté. Ils traitent en équilibre le processus relationnel et le résultat qui en découle, sans se laisser prendre au piège des appétits de production. Quand on demande aux travailleurs sociaux et aux animateurs socio-culturels ce que les ateliers procurent en terme de « mieux-être » pour leurs publics, ils parlent de lutte contre l’isolement, de valorisation de la personne, de sentiment d’appartenance à un groupe et donc à la société. Ces professionnels y voient un intérêt en terme de parcours d’insertion des publics en difficultés, considérés comme habitants et non plus seulement comme usagers. L’impulsion du Conseil Général pour mettre en proximité artistes et professionnels de l’action sociale donne des résultats tangibles sur le « vivre ensemble » que nous avons pu vérifier. Pour aller plus loin : Est-il légitime d’afficher La Caravane comme un outil au service de l’action sociale si les professionnels de l’action sociale ne sont pas réellement impliqués ? La Caravane est-elle réellement en phase avec les contextes particuliers de chaque territoire ?

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2. Diagnostic partagé B- Enjeu 2 : Promouvoir une vision de l’action culturelle décloisonnée et territorialisée en plateforme Avis des évaluateurs : La Caravane adresse un message fort et sensible à ses publics, mais doit réussir à mailler les acteurs pour nourrir durablement le territoire d’accueil. Échelle de Hypothèse 2.1 : La Caravane facilite la coopération entre acteurs de vérification : l’action culturelle, de l’action sociale, de l’action éducative.

Par le message qu’elle adresse et les liens qu’elle suppose, la Caravane se positionne sur des valeurs qui transcendent les champs cloisonnés de la culture, du social et de l’éducatif, interpelant sur la capacité à améliorer le climat social sur les territoires. Pour autant, nous avons souvent entendu que La Caravane restait bloquée dans le langage de la culture, demeurant difficilement compréhensible par les acteurs du social notamment. Les relais sur les territoires manquent pour assurer les traductions nécessaires et intéresser les publics ciblés par le dispositif. Or nous entendons que les Centres Médico-Sociaux notamment s’appuient sur un réseau important d’acteurs. Ce réseau reste trop peu touché par la Caravane pour en traduire et en amplifier le message. Constatant le défaut de coopération et actant d’une capacité de mobilisation limitée des travailleurs sociaux, la décision initiale d’orienter le dispositif vers les publics en insertion, s’est ainsi progressivement transformée en une mobilisation élargie aux habitants. « Toucher des publics précaires ne se fait pas par décret, et on ne peut pas arriver comme des fleurs avec du tout fait. Il faut prendre le temps de construire… » Un agent du Département Concernant son pilotage technique au sein du Département, la Caravane s’est inscrite dans la Concertation Locale d’Action Sociale (CLAS). Elle y a trouvé un

levier de reconnaissance, un soutien institutionnel et politique incontestable, la Caravane amenant en contrepartie une matière concrète, un dynamisme réel et des questions utiles à son renouvellement. Sans comité de pilotage formalisé, sans faire l’objet d’une délibération spécifique de l’Assemblée Départementale, la Caravane apparaît comme un « morceau du puzzle de la CLAS ». Sur le terrain, le service de développement culturel est seul identifié auprès des acteurs des collèges, des équipements culturels et des associations. L’extension à la Concertation Locale d’Action Sociale s’est faite paradoxalement sans concertation : les CMS, CLIC, ML, PIJ, CIO, CAF, Pôle Emploi, services des communes et communautés de communes et autres2, ont peu été associés aux réflexions et à l’action. Les acteurs culturels vont jusqu’à faire le constat que la Caravane ne fait que passer, prétendant montrer une voie sans plus s’intéresser aux dynamiques existantes ni s’appuyer sur les réseaux déjà actifs sur les territoires. Si les collèges mobilisés se déclarent contents et satisfaits de la présence ponctuelle des artistes, les projets d’établissement ne sont pas impactés en profondeur. Entre logique de territoire ascendante et volonté partenariale du Département, la Caravane n’a pas su trouver la posture, se heurtant à une absence de portage politique précis et de message clair, à un défaut de pilotage technique croisé – au delà de l’organisation interne du service de développement culturel –, qui ne lui a pas permis de construire une dynamique coopérative pérenne sur les territoires d’accueil. Pour aller plus loin Quels sont les différents chemins pour passer des intentions de coopération proposées par le Département à une stratégie partagée avec toutes les parties-prenantes ? N’est-ce pas une affaire de responsabilité partagée que de se mobiliser quand c’est le moment et que l’occasion est là ? Ne pourrait-on pas moduler les partenariats en fonction des besoins réels des publics (dans une logique d’accompagnement de parcours)?

CLIC = Centres locaux d’information et de coordination gérontologique, CMS = Centres Médicaux Sociaux, ML = Missions Locales, CAF = Caisse d’Allocations Familiales, PIJ = Points Informations Jeunesse, CIO = Centre d’Information et d’Orientation. 2

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 2.2 : La Caravane s’appuie sur une structure partenariale vérification : diverse, solide et pérenne.

dans les projets d’établissement mobilisés. Elle ne donne pas lieu à des conventions d’objectifs avec les équipements culturels mobilisés.

Positionnée sur le territoire administratif de la communauté de communes Porte de DrômArdèche, nous constatons que ni techniquement, ni politiquement, la Caravane n’a su mobiliser à l’échelon de l’intercommunalité. Notamment par leur refus argumenté de s’exprimer dans nos entretiens, certains acteurs, pourtant jugés incontournables dès le lancement de la Caravane sur la Porte de DrômArdèche, témoignent de leur méconnaissance du dispositif et de leur non-implication. Nous relevons dans une note interne au département datée d’octobre 2013 que « la particularité de l’expérimentation est d’être co-construite avec les professionnels de l’insertion réunis au sein d’un comité technique3 garantissant la mise en œuvre des actions dans le respect des fonctionnements propres à chacun et assurant la plus grande réussite des actions ». De cette intention, et même si le cercle des parties-prenantes s’élargit, nous faisons le constat d’une absence de concertation collective, d’un pilotage technique imprécis et d’une information difficile à trouver.

En revanche, depuis sa création en 2009 et le portage par l’ADDIM (Association Départementale pour la Diffusion et l’Initiation Musicale), la Caravane s’est construite sur des relations interpersonnelles fortes. Nous avons pu constater la qualité des liens de confiance et de militance pour la question culturelle, qui rassemble certaines parties-prenantes de la Caravane. Chaque acteur ayant croisé la route de l’équipe de la Caravane s’en félicite et exprime le souhait de poursuivre la relation.

« Coupler logique de territoire et partenariats entre culture, social et insertion, éducation, c’est un métier. C’est ce que fait la politique de la Ville au quotidien. » Une directrice du département Notons enfin que la structure partenariale de la Caravane n’est que peu formalisée dans des relations contractualisées avec les parties-prenantes du territoire, que ce soit dans le domaine de la culture, du social ou de l’éducation. Elle ne s’est par exemple pas appuyée sur la culture et les outils des contrats urbains de cohésions sociales (CUCS) mis en œuvre dans le cadre de la politique de la ville. Elle n’est pas inscrite non plus

« Nous avons un très bon partenariat avec le Service du Développement Culturel, ce sont des gens sérieux. » Un agent de Pôle Emploi « C’était super de travailler avec l’équipe de la Caravane, on remet ça quand ils veulent. » Une responsable d’équipement culturel Pour aller plus loin: Quel est l’impact du débat actuel sur la territorialisation dans les départements ? Y a-t-il là un blocage réel qui viendrait compliquer tout exercice de construction participative de la politique publique portant la Caravane ? L’énergie d’une ou plusieurs personnes dédiées et investies, à la militance contagieuse, est-elle un frein ou un levier encore à amplifier pour permettre à la Caravane de perdurer sans se dénaturer ?

Le comité technique initial réunit : la CLAS, l’adjointe d’insertion territoriale, la responsable des CMS Nord Drôme, la coordinatrice du CLIC Nord Drôme, la responsable de la Médiathèque Départementale, Pôle Emploi, la CAF, la fédération des Centres Sociaux, la communauté de communes Porte de DrômArdèche la chargée de mission action sociale, des responsables de structures sociales et les chargés de mission du Développement Culturel 3

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 2.3 :La Caravane capitalise sur les pratiques coopératives vérification : pour les inscrire dans la durée.

Capitaliser, peut se concevoir comme relire une histoire pour en faire une mémoire partagée dans laquelle chacun vient se nourrir pour construire l’avenir. Quand nous entendons que la dernière réunion collective et réellement participative avec l’ensemble des acteurs culturels du Nord Drôme remonte à fin 2013, il est évident que la relation est restée distante et non maillée. Le lien initié entre le Conseil Général et les acteurs sur le territoire s’est limité à une intention positive que les difficultés de positionnement, les évolutions – à l’image de l’intégration de l’ADDIM Drôme dans le service de développement culturel – , et les rigidités d’agendas, n’ont pas permis de dépasser.

Sans résoudre la question d’une structuration en profondeur des pratiques coopératives et des relations partenariales, la démarche évaluative dont ce rapport est le reflet, vient contribuer à tirer les enseignements de La Caravane, mobilise les acteurs dans une logique participative assumée. Dans la même dynamique, la vidéo-dessinée sur la Caravane, commanditée par le service de développement culturel du Conseil Général par ailleurs, est un support équilibré entre témoignages de participants ayant vécu l’expérience des ateliers, et promotion du Département, instigateur du dispositif.

« Je savais que La Caravane arrivait par chez nous depuis que j’avais croisé Jean-Louis Galy il y a 2 ans. Depuis rien. Puis ils sont venus. Peut-être parce qu’ils se sont dit qu’ils nous avaient oubliés et qu’il fallait rattraper le coup… » Une responsable d’équipement culturel Nous n’avons par ailleurs pas identifié de processus de capitalisation ou d’évaluation pertinents, au delà de la mémoire des techniciens en charge de l’accompagnement, des artistes intervenants et d’un bouche à oreille positif entre participants. Les questionnaires évaluatifs sur La Caravane 2013 – 2014, adressés aux élèves n’ont fait l’objet que d’une synthèse analytique interne non partagée avec l’ensemble des parties-prenantes, actant simplement d’une évolution des pratiques culturelles des jeunes, sans permettre de le traduire en levier stratégique ou pédagogique. « Pour dépasser l’expérimentation, il ne faut pas seulement avoir été bon, il faut réussir à le faire savoir et en tirer tous les enseignements… » Un conseiller général

Vidéo de présentation du projet La Caravane en dessin animé. Pour aller plus loin: Une information circulante et une mobilisation en continu des bons relais sur les territoires ne peuvent-ils devenir les clés de partenariats structurants et pérennes ? Toutes les relations ne sont certainement pas à formaliser, mais des cadres de conventionnements précis et des outils adaptés ne peuvent-ils contribuer à sécuriser les partenaires ?

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2. Diagnostic partagé C- Enjeu 3 : Favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie Avis des évaluateurs : La Caravane peut favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie, à condition qu’elle soit pensée et reconnue dans un parcours (d’éducation et d’insertion). Échelle de Hypothèse 3.1 : La Caravane permet l’acquisition d’apprentissages vérification : par la pratique artistique.

Les entretiens avec tous les participants aux ateliers révèlent la diversité et la richesse des apports. La Caravane se vit comme une expérience éducative sensible. Au sein du collège où élèves et enseignants baignent dans un cadre pédagogique permanent, ce qui ressort le plus est la notion de compétences sociales ou transversales, telles que la capacité à s’exprimer devant un groupe ou encore à exprimer ses émotions. Nous l’avons constaté, la Caravane permet de stimuler l’intelligence émotionnelle mais aussi l’intelligence sociale (capacité à être en groupe), en s’appuyant sur une pédagogie spécifique portée par les artistes et reconnue par les participants comme par les enseignants. Les enseignants parlent clairement d’une pédagogie expérientielle où « l’on apprend en faisant ». En revanche, les travailleurs sociaux qui n’ont pas vécu les ateliers et n’en ont pas entendu d’échos, se demandent encore si un atelier de pratique artistique n’est pas un simple bon moment partagé, se limitant à lutter contre l’isolement individuel. L’apport en terme de compétences, même sociales, n’est pas évident à leurs yeux.

« On n’a pas fait de la culture de bas niveau pour les pauvres. » Une conseillère Pôle Emploi Quand l’on demande aux élèves comme aux habitants ce qu’ils ont retenu de ces ateliers, le mot qui revient le plus souvent est celui de liberté. Comme si La Caravane permettait une émancipation des cadres habituels, autorisait à lâcher prise. La Caravane permet, autorise et par là-même libère, révélant des apprentissages qui ne seraient pas apparus autrement. Pour aller plus loin: Faut-il affirmer que la Caravane est un espace-temps d’apprentissage ou simplement permettre de vivre l’expérience artistique sans injonction éducative? Faut-il avoir vécu les ateliers pour réellement en saisir la dimension éducative ? Comment concilier notions de liberté et de capitalisation de l’expérience ?

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 3.2 : Il est prévu dans la Caravane un dispositif vérification : d’identification des acquis d’apprentissage.

L’évaluation aborde l’identification des acquis d’apprentissage dans une volonté de lire les impacts des ateliers de pratique artistique sur les individus. Cependant, La Caravane comme « outil » éducatif remobilisable, n’est pas une évidence pour les enseignants comme pour les travailleurs sociaux, dont c’est pourtant le métier. Pour certains enseignants, il n’y a aucun parti pris de réutiliser le vécu et le contenu des ateliers dans leurs cours, comme si La Caravane se limitait à n’être qu’une parenthèse agréable mais momentanée. Pour d’autres, la volonté est là mais il leur semble difficile « d’utiliser tout ça », comme si l’expérience était tellement riche et autre qu’il est difficile de la replacer dans le cadre rigide d’un programme scolaire. « Peut-on co-construire les ateliers et prendre une vraie place quand on n’est pas d’une discipline artistique ? » Un enseignant Les seuls liens évoqués avec le programme scolaire sont ceux avec le programme d’histoire des arts. Pour les enseignants, l’appréhension de leur rôle aux côtés des artistes est difficile avant, pendant et après l’atelier. La co-construction, voulue par le Conseil Général, mise en place par les artistes avec les enseignants semble ne pas suffire pour remobiliser tout ce qui relève de la compétence sociale, transversale, de l’apprentissage de techniques spécifiques. Pourtant la plupart des artistes ont finement travaillé un contenu thématique en lien avec le programme scolaire. A notre connaissance, le focus-groupe que nous avons mené avec les élèves est le seul moment qui a permis de faire émerger ce que les élèves ont retenu et appris de ces ateliers.

De la part des travailleurs sociaux, un seul exemple démontre qu’il y a un réel intérêt à suivre l’expérience dans sa dimension d’insertion. Une conseillère Pôle emploi, a pu cibler deux personnes en recherche d’emploi et participer avec eux aux ateliers habitants parce qu’ils cherchaient du travail dans l’artistique. Elle les a ensuite suivis, en les aidant à valoriser l’expérience vécue sur leur CV et à orienter leur recherche. « Ca permet de repérer des compétences … de vérifier des hypothèses d’orientation... » Une conseillère Pôle emploi Le suivi de parcours (éducatif, d’insertion ou personnel) qui apparait, ne relève pas de la responsabilité ni des artistes, ni de l’institution départementale mais dépend des intervenants socio-éducatifs autour de la Caravane. Identifier les acquis d’apprentissage de la Caravane relève donc d’une volonté ou d’une capacité à intégrer dans un cadre prédéfini une expérience différente et ponctuelle qui sort du cadre. Pour aller plus loin: La co-construction entre artistes, enseignants et travailleurs sociaux ne devrait-elle pas plus intégrer l’expérience artistique dans le parcours social, éducatif ou professionnel des individus ? Comment s’assurer que les ateliers de La Caravane sont reliés aux notions d’apprentissage et d’insertion? Et est-ce pertinent ?

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 3.3 : Les acquis d’apprentissage liés à la pratique artistique vérification : dans la Caravane sont reconnus dans le champ éducatif et social.

Le service de développement culturel du Conseil Général présente le dispositif La Caravane comme un dispositif d’action culturelle et pas comme un dispositif de formation ou d’insertion. En travaillant avec le service de l’éducation et en voulant coopérer avec le rectorat, en s’intégrant à la CLAS, La Caravane est identifiée comme un outil éducatif et social. La reconnaissance par les champs institutionnels de la dimension socioéducative d’un tel outil n’est pour autant pas assurée. La principale d’un collègue reconnaît clairement que les ateliers La Caravane améliore le climat scolaire, notamment pour le niveau 4ème. Dans ce sens, au niveau de l’équipe de direction, il y a une intentionnalité à proposer La Caravane au sein de l’institution scolaire, avec une volonté de changement. Une directrice de trois centres Médico-sociaux souhaite que les travailleurs sociaux se mobilisent pour faire de la Caravane une opportunité pour sortir les publics de leur précarité.

Dans les deux cas, nous notons un manque de lien entre les institutions et les acteurs de terrain (enseignants, travailleurs sociaux) dans leur utilisation de « l’outil Caravane ». La reconnaissance des acquis est perçue de manière « inversée » dans un champ par rapport à un autre : dans le champ de l’éducation, c’est sur le terrain (collège) que la notion d’acquis d’apprentissage commence à être évoquée alors qu’il n’y a aucun signal au niveau académique : dans le champ du social, les acteurs de la CLAS (la direction des CMS notamment) sont très convaincus de cet « outil social », alors que les travailleurs sociaux (accompagnement individuel) ne réussissent pas encore à en saisir la portée. Pour aller plus loin: S’il est souhaité collectivement que La Caravane soit reconnue dans sa dimension socio-éducative, ne faut-il pas assumer plus encore sa fonction de révélateur d’acquis d’apprentissage ? Comment garantir plus de liens entre les acteurs socio-éducatifs de terrain et leurs institutions de tutelle pour une Caravane reconnue comme outil d’éducation tout au long de la vie ?

« La Caravane permet un élan supplémentaire pour sortir de la précarité ; elle donne des outils. » Une directrice de CMS Nous relevons que la reconnaissance de La Caravane comme levier socio-éducatif est encore embryonnaire. Du côté de l’enseignement, rien ne semble avoir vraiment été reconnu par le rectorat (« la directrice académique est venue une fois voir les expos »), du côté du social c’est plutôt au niveau du terrain que la reconnaissance de la Caravane est encore faible.

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2. Diagnostic partagé Temps d’observation des ateliers « Photo et Danse » et « Réseau Social et Photo » avec les classes de 4ème du collège de Saint-Rambert d’Albon, le 7 novembre 2014 L’observation de ces ateliers a permis d’alimenter l’ensemble de la réflexion sur les pédagogies et l’enjeu d’éducation culturelle et artistique tout au long de la vie. A la manière d’un verbatim, la carte mentale produite permet de lire quelques processus et questionnements à l’œuvre, notamment sur les postures artistiques et pédagogiques ou sur le rapport entre art et institution scolaire.

regard sur son travail photo

Travail sur les qualités humaines

Prise de conscience monde réel/ monde virtuel

Sensibilisation au mot, à l’image Sensibilisation à la notion de relation (amis)

Il y a des matières et des façons d’enseigner

Comment les sortir du cadre scolaire?

Compatibilité pratique artistique et contrainte du cadre?

Manière de faire

acteur/spectateur/réalisateur = élève/citoyen/jeune/habitant,… ?

Développement de la capacité à s’auto-évaluer

Synchronisation temps vie scolaire/pratique artistique

Question finale: « ça donne envie de faire d’autres choses artistiques ?»

Liens et croisements entre pratiques

appréhension de la réalité

Atelier photo et Réseau Social

L’enseignant considère que la matière pourrait être scolaire

Développement d’une pensée critique

Gérer différents temporalités

Impression de désorganisation, de flottement créateur, mais grande structure

La créativité s’installe Des idées individuelles, singulières émergent l’esprit critique se développe

Lien avec La Caravane en autres endroits, autres moments Mouvement pendulaire: externe/ interne/externe

la danse nourrit la photo/vidéo et vice-versa

Réinvestir l’espace du collège Emancipation = pousser les murs de l’institution scolaire

Autorité et légitimité? L’artiste invite à se déplacer, l’enseignant court après eux pour assurer la discipline

Travail sur un réseau social réel

Ne cherche pas à les sortir

Atelier photo et danse

« C’est inexplicable, c’est pas possible, donc c’est magique? », Gibé Travail sur les illusions

Changement de postures

Remobilisable dans parcours scolaire?

Compétences sociales non développées dans l’enceinte scolaire?

« Dans le collège, on est sûr qu’il y’a pas de violeurs », un élève

Co-animation DocumentalisteEnseignant/Artiste-pédagogue

Equilibre entre cadre scolaire et liberté artistique

Tentative de contrôle permanent sur la discipline?

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2. Diagnostic partagé D- Enjeu 4 : Transversalité interne entre social – culture – éducation Avis des évaluateurs : sans portage politique partagé et sans pilotage technique organisé, la Caravane ne sort que difficilement de son histoire, de l’incantation et des relations interindividuelles. Échelle de Hypothèse 4.1 : La Caravane est identifiée comme un levier potentiel vérification : pour la coopération entre services.

Les injonctions à la transversalité sont la règle aujourd’hui dans les collectivités, mais rares sont celles qui en réussissent la mise en œuvre. Au sein du Département et de la direction de la culture, le service de développement culturel a une fonction singulière. S’il est soutien pour les acteurs du territoire, il se veut également ressource pour les autres services, croisant en interne les domaines de la culture, de l’éducation et du social dans un fonctionnement déhiérarchisé et matriciel (croisant approche projet et thématiques). Arguant d’une transversalité en interne, le service se pense comme l’interface pour les autres services de la Direction, chargé de recueillir, d’analyser, de synthétiser et de transmettre l’information. Dans les faits, la mise en place de cette transversalité est compliquée, même si les avancées sont notables et les perspectives ouvertes. Les personnes peinent à trouver leurs marques suite aux mouvements internes (qui ont notamment vu le départ et le remplacement de Jean-Louis Galy, porteur avec Eve Claudy de la Caravane, et l’arrivée de Xavier Lucas à la tête du service). Le lien avec l’Education est encore à construire en interne du Département, la directrice prenant seulement conscience de l’intérêt du dispositif et Elise Brenon, chargée de mission, s’installant. Eve Claudy, qui reste pour beaucoup l’incarnation unique de la Caravane, est cette courroie de transmission avec le social, mais ne peut porter partout le message.

« Il faudrait pouvoir passer d’une logique de relation de personnes à une logique de réponse aux besoins. » Un agent de la direction des solidarités Nous retenons de nos entretiens que la structure organisationnelle rigide du Département reste un frein à une coopération efficace entre les services, tout en laissant le champ libre pour expérimenter (à travers notamment La Caravane) de nouveaux modes de faire. La Caravane dans la pratique est le support aux bonnes questions et aux tests ; elle se traduit dans les évolutions positives soulignées et revendiquées par les agents. Encore faut-il qu’elle parte du bon diagnostic et qu’elle le partage, pour qu’une dynamique projet s’organise, en laissant s’exprimer toutes les composantes. « La culture de la transversalité est entrée depuis peu, et ne va plus sortir ! » Un agent du SDC Entre cadre imposé et liberté d’agir, il faut trouver les bons modes, pour que la Caravane soit ce levier de coopération, pour que les liens initiés entre la direction de la culture, la direction des solidarités et la direction de l’enseignement (au delà des relations entre personnes et entre services) puissent se renforcer. La culture professionnelle semble favorable et la volonté collective, mais nous n’avons pas constaté de pratiques facilitant concrètement ce renforcement, ni réunions systématiques, ni partage d’information fluide et constant, ni conventionnements ou cadre précis d’action croisée. Pour aller plus loin: Expérimenter une nouvelle organisation interne peut-elle se limiter à l’initiative d’un service ? Quel impact possible sans reconnaissance à un niveau plus global dans l’organisation départementale ? Le mode coopératif et les principes de management qu’ils supposent peuvent-il s’imposer dans l’organisation pyramidale du Département ? N’y a-t-il pas à chercher des clés dans d’autres pratiques métiers interne, à l’instar des outils et de la culture Politique de la Ville ?

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 4.2 : Les agents travaillant sur la Caravane ont appris à vérification : travailler ensemble.

Nous notons que l’investissement en temps et en énergie qu’exige La Caravane, est à mettre en regard avec la faible reconnaissance constatée en interne au Département. La Caravane reste incarnée aujourd’hui par la responsable du dispositif et seuls les agents du SDC ont des temps spécifiquement dédiés pour l’accompagnement du dispositif. La Caravane est vecteur d’engagement et de mobilisation des agents, mais est sous-utilisée au regard du potentiel constaté. Les moyens humains et financiers dépendent du pilotage exclusif de la direction de la Culture, ce qui ne favorise pas la structuration dans le temps d’une démarche coopérative de ressources humaines. « La Caravane est un dispositif institutionnel qui casse les codes ! » Un artiste Au delà des affinités personnelles, c’est à travers le faire ensemble et à force de rencontres et de pratiques, que les affinités professionnelles se construisent et que la transversalité se réalise. Il nous a été dit que la Caravane était « hyperpertinente » en ce qu’elle est une rencontre des 3 dynamiques du social, de la culture et de l’éducation susceptible de s’adapter aux spécificités des territoires. Mais c’est seulement à l’occasion de notre évaluation qu’a été organisée une première rencontre, ciblée sur les enjeux de La Caravane, entre les directrices de l’enseignement, de la culture du sport et de la jeunesse, et des solidarités. A cette occasion nous avons constaté les difficultés de la transversalité interne, et les écarts d’engagement dans le dispositif, entre une maîtrise du sens et des enjeux par la Culture, une méconnaissance du côté de l’Education qui déplore le manque d’information et une forte conscience du décalage entre ambition et réalité depuis le Social.

« C’est une grosse déception pour moi cette année de ne pas avoir eu suffisamment de temps dégagé pour la Caravane » Un agent du département (CLAS) Nous avons souvent entendu par ailleurs que le langage de la Caravane restait celui de la culture, ou que le message était trop complexe pour être compris pas les publics auxquels il s’adressait. Les artistes se revendiquent de l’expérience sensible, les travailleurs sociaux, eux, intellectualisent et répondent aux besoins réels. Si la traduction ne s’opère pas d’abord au niveau du pilotage technique départemental, pour que les discours s’adaptent et se rendent audibles pour les publics, l’action socio-culturelle La Caravane n’aura qu’un impact limité au regard de ses ambitions. Pour aller plus loin: Ne faudrait-il pas prendre le temps en amont d’identifier les relais de la Caravane en interne du département et sur les territoire (à part égale entre culture, social et éducation), pour en faire des traducteurs, pour les réunir et les (in)former, pour partager les représentations et s’accorder sur les façons de parler de la Caravane ?

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 4.3 : Une vision commune de la Caravane est partagée vérification : entre les élus et l’équipe de direction. De son histoire et des personnes qui l’ont initiée et conduite, la Caravane a su tirer un sens global très fort. Le message militant, reçus par des personnes investies pour « changer le monde », est souvent considéré en interne comme « capté » par la direction de la culture.

Nous regrettons de ne pas avoir pu rencontrer plus de conseillers généraux impliqués dans le suivi de l’initiative, et en tirons la conclusion d’un portage politique resté confidentiel. Nous le rappelons, mais seule la CLAS a fait l’objet d’une délibération cadre au sein du Département, ne faisant qu’intégrer la Caravane à la marge (dans son axe 4 sur la participation citoyenne). Pour diverses raisons liées principalement aux mouvements de personnels internes, l’action La Caravane 2013 - 2014 est considérée comme n’ayant pas trouvé son pilote, qu’il soit technique ou politique. Les récentes élections départementales sont l’occasion d’interroger la nouvelle équipe du département.

propos recueillis dans cette évaluation nous alertent enfin sur la pertinence de la Caravane comme dispositif d’action socio-culturelle territorialisé et sensible, soulignant qu’agir ensemble permet de se découvrir et de se connaître, mais que l’action reste insatisfaisante, si elle ne se traduit pas en une politique publique donnant sa dimension collective et sociétale à l’action. « Il y a une opportunité de moment sur le Nord-Drôme. » Une directrice Pour aller plus loin: Un comité de pilotage technique équilibré entre les 3 directions ne permettrait-il pas de construire la transversalité de la politique publique ? Comment assurer une juste répartition des moyens financiers et humains en interne du Département, en phase avec les enjeux de la Caravane ?

« L’expérimentation doit aller de pair avec la construction d’un cadre d’intervention partagé. » Un agent du SDC Dans la même logique, le Contrat Territorial d’Education Artistique et Culturel en préparation propose un cadre et pose aujourd’hui la question intéressante de l’adhésion des parties-prenantes à la démarche. En proposant ce cadre formalisé depuis l’Etat, en passant par la Région et le Département, et en s’adressant aux communautés de communes et à leurs acteurs, il oblige chacun à se positionner. Avoir à se positionner et à choisir ne doit pas pour autant effacer l’importance de poursuivre les débats sur la gouvernance de la Caravane. Tout restant à construire. Les

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2. Diagnostic partagé E- Enjeu 5 : D’une expérimentation à une politique publique transverse et participative Avis des évaluateurs : La Caravane est une action culturelle expérimentale de qualité qui peut s’affirmer comme une politique publique transverse, mais à la condition de répondre à la diversité des besoins des territoires. Échelle de Hypothèse 5.1 : La Caravane contribue à une politique culturelle vérification : renouvelée, incluante et co-construite avec les citoyens.

La Caravane ne se définit pas comme une politique mais comme une action culturelle portée par le Département. Un agent du service de développement culturel parle de l’art comme levier d’action politique et d’expression citoyenne. La Caravane accompagne ainsi la sortie d’une approche guichet et permet de casser les logiques descendantes. Evoquée comme une pédagogie coopérative ou comme un outil participatif, la Caravane revendique et transmet l’idée d’une action publique ascendante qui part des habitants des territoires, qu’elle associe à la démarche sans contraindre ni exclure, s’affirmant comme un dispositif d’expérimentation sociale. Pourtant, paradoxalement, la plupart des acteurs locaux associés à cette construction collective semblent regretter que l’institution départementale ne soit pas plus guidante. Autant la démarche est comprise et appréciée pour son caractère participatif, autant ce à quoi elle conduit reste peu évident aux yeux des acteurs.

La faiblesse de portage politique n’empêche pas les acteurs de l’éducation ou du social de prendre conscience de leur rôle et de leur responsabilité dans la construction d’une politique publique partagée. Dans la mesure de leurs moyens respectifs, leur marge de manœuvre est perçue comme un pouvoir d’agir qu’ils réclament, que ce soit au sein d’un collège ou dans un centre social. Tous disent qu’il faut plus de temps à l’expérimentation et « tester encore » pour mieux s’approprier toutes les dimensions de la Caravane. Nous avons également relevé le manque de diagnostic des besoins des habitants et des acteurs du territoire d’accueil de la Caravane. Co-construire avec les acteurs locaux une analyse plus fine des envies et des attentes contribuerait à améliorer l’appropriation par les acteurs et à mobiliser les publics, permettant à chacun de comprendre la globalité de l’action et de prendre la mesure de sa visée politique. « On m’avait présenté un projet qui s’adapterait à l’habitant et à ses besoins, qui intègrerait ses choix, mais on n’est même pas allé écouter ses envies... » Une travailleuse sociale Pour aller plus loin: Comment concilier une approche partant du terrain et de ses acteurs tout en affirmant une ligne politique départementale claire ?

« Il y a dans la Caravane un côté sparadrap, vite consommé, sans véritable portage politique. » un artiste

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 5.2 : La Caravane améliore la cohérence de l’action vérification : publique territoriale.

La Caravane est présentée comme un « dispositif extérieur qui vient interpeler les formes de culture existante » mais aussi comme une démarche permettant d’accéder à de moyens que les territoires n’ont pas. Sous cette double forme, on peut s’interroger sur la manière dont le territoire accueillant La Caravane en perçoit l’intérêt. De par son extériorité, la Caravane a joué son rôle de révélateur ou de consolidateur d’actions existantes, apportant cohérence et visibilité. Le rôle d’interface positive du Conseil Général est souvent pointé, la Caravane apparaissant comme un tiers, facilitant les relations entre institutions. Le terme « force de frappe » a même été employé, actant des moyens financiers importants mis au service d’une action collective globale (ateliers dans le collège et avec les habitants, spectacles et festival). Mais les moyens financiers créent également de la défiance. La Caravane est perçue avant tout comme « la grosse enveloppe de la culture » par certains acteurs du social, qui questionnent le fléchage budgétaire sans interroger la cohérence globale du dispositif. Pour « territorialiser son action » le Service de développement culturel a fait le pari de s’appuyer sur les collectivités locales, qui devraient être garantes de la cohérence entre les acteurs du social, de l’éducation, de la culture comme entre les différents niveaux de territoire. Là encore le manque de relais technique et de portage politique au niveau des intercommunalités a été souligné (certains agents nous disant d’ailleurs ne pas être concernés par notre évaluation). La Caravane s’adresse avant tout aux acteurs de terrain, aux publics ciblés, avec qui la mécanique fonctionne. Elle semble manquer le rendez-vous avec les acteurs institutionnels du territoire, par

manque de concertation. C’est aussi le cas avec certains acteurs culturels locaux qui regrettent de ne pas être plus impliqués dans la coordination en amont. Pour s’ancrer, relever les défis transversaux entre culture, social et éducation, et assurer la cohérence entre politiques et enjeux de territoire, il y aurait tout à gagner à s’inspirer des méthodes et des outils de la politique de la ville (diagnostic territorial participatif, analyse de situations,…). Car quoiqu’il en soit, le service de développement culturel est considéré comme un « bon coordinateur des actions ». Pour aller plus loin: Comment intéresser et mobiliser les collectivités locales au-delà de la logique de contractualisation ? Les Contrats Territoriaux d’Education Artistique et Culturel ne risquent-ils pas de faire perdre la main au département sur la méthodologie de travail aux différents niveaux?

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 5.3 : La Caravane est appropriée par des parties-prenantes vérification : qui s’autonomisent, et peut alors s’installer sur différents territoires. « Je suis bien ancrée sur le territoire, mais on n’arrive pas vraiment à définir La Caravane. » Un acteur culturel local

Cette phrase prononcée au cours d’un entretien renseigne sur le fait que les acteurs rencontrés, qu’ils soient culturels, sociaux ou éducatifs savent qu’ils sont les maillons d’une action qui fait trace sur le territoire où elle est accueillie. Mais souvent, c’est notamment dit par les enseignants, ils n’ont pas une vision intégrée de l’action. En revendiquant cette démarche participative, le service de développement culturel suscite une envie d’implication, et diffuse une culture de la co-construction. Pourtant on nous a souvent dit qu’une fois que La Caravane est passée, il en reste peu, ce qui démontre que sans l’accompagnement, les acteurs sont peu préparés à faire de l’expérience partagée un impact durable sur leur territoire. La Caravane s’en va donc sur d’autres territoires sans avoir vérifié que les acteurs ont capitalisé sur ce qu’elle a produit.

manque d’appui sur les réseaux existants, le manque de relais locaux et le manque de stratégie politique locale. C’est d’autant plus frustrant pour les acteurs que la manière de faire de la Caravane déstabilise et crée de fortes envies d’autonomisation, de faire autrement et de manière pérenne. « Comme c’était pas directif, il fallait auto-construire son parcours, c’était pas comme d’habitude, on a l’habitude de quelque chose de plus descendant. » Conseillère d’orientation professionnelle Pour aller plus loin: Faut-il confier la coordination de la Caravane à une compagnie d’artistes locaux, à un groupement d’acteurs du social, de l’éducation, de la culture ou conserver le portage départemental ?

« Ce qui manque c’est de donner des pistes pour continuer sur un même territoire avant de changer. Il faut permettre de perdurer. Une fois que la Caravane est passée, il ne reste rien. » Un artiste Il existe une conscience de la responsabilité de chacun dans le dispositif. Les travailleurs sociaux nous disent que c’est leur travail maintenant de saisir l’opportunité et de la faire exister au-delà. Et en même temps, la démarche expérimentale exige plus de temps, pour en comprendre l’intérêt. Les faiblesses pointées par les acteurs sont de trois ordres : le

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2. Diagnostic partagé Échelle de Hypothèse 5.4 : La Caravane est un dispositif visant l’équité vérification : territoriale et l’appropriation du territoire par ses habitants.

La Caravane cible des territoires de manière délibérée, investissant les moins bien dotés. Elle vise l’enracinement, étant très vigilante à la qualité de son lien au territoire. Mais les agents de la collectivité reconnaissent qu’intervenir depuis le département par une approche sensible, proche des gens, n’est pas aisé. La Caravane est pourtant perçue par certains travailleurs sociaux comme une manière pour des publics en rupture avec leur territoire, de se le réapproprier, en en (re)découvrant les lieux et les usages. Il semble donc bien que l’extériorité de ceux qui interviennent aide à faire émerger une culture commune et à rassembler les habitants autour d’un territoire désigné comme « déshérité culturellement » ou « dont le potentiel culturel devrait être renforcé ». L’usage de ces expressions par les élus ou par les agents du Département laisse à penser que des critères objectifs ont été définis. Or, sans en remettre en cause l’intérêt, le choix semble plutôt relever d’une opportunité ou d’une intuition. Il s’agit ainsi autant de répondre à un objectif de rééquilibrage entre territoires spécifiques (difficilement vérifiable aujourd’hui) que de favoriser l’appropriation du territoire par ses habitants. La Caravane comme outil de développement local, devient alors un levier dont on peut évaluer les effets.

La Caravane est extérieure, ce qui facilite globalement l’appropriation, mais pas la mobilisation des habitants : « il est difficile de mobiliser sur un territoire sans y être et impossible de communiquer de manière identique sur chaque territoire ». Les contextes culturels changent, et il faut évoluer dans les messages adressés. La Caravane 2013 – 2014 s’est adaptée en continu à son environnement et a modifié ses messages, mais peut encore mieux s’adapter en s’appuyant sur plus de relais locaux, représentant le territoire et en maîtrisant les codes. Cela revient à accepter que les actions de la Caravane soient impactées par les enjeux ou les besoins spécifiques du territoire. Pour aller plus loin: La question du territoire de la Caravane et de son périmètre se (re)pose. La Caravane est territorialisée mais comment faire le lien entre les compétences du Département et celles des communautés de communes ?

« Nous insistons sur le fait d’habiter un territoire avec ses histoires, et de se sentir habitant relié. » Un agent du Conseil Général

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2. Diagnostic partagé Relevé de contradictions avec les agents du Conseil Général, le 5 mars 2015 La confrontation aux 1ers résultats et aux problématiques soulevées par l’évaluation au cours d’un atelier de diagnostic partagé le 5 mars nous a permis d’enrichir la réflexion globale. A l’image d’un verbatim, la carte mentale produite en direct ce jour là permet de saisir quelques unes des contradictions découlant d’un processus vivant et itératif de questions-réactions.

Une action du CG vs. Des relais toute l’année (référents culture + CMS)

Enjeu 3: Education Artistique et Culturelle tout au long de la vie

Incitation à faire ensemble et pas de liens contractuels avec les partenaires (ex: conventions d’objectifs avec collèges) Proposer quelque chose ou co-construire? Enjeu 2 : Action territorialisée, en plateforme

Evolution relation élève - enseignant Action à l’instant T vs Stratégie interne

Enjeu 4: transversalité interne

Pilotage transverse et négociations budgétaires en conséquence

Partage-t-on le sens de ce qu’on veut coconstruire (ex. travailleurs sociaux)? Quelle ventilation des financements vers les acteurs, entre la culture, le social et l’éducation? Investir les profs en amont des ateliers, des liens avec projets d'établissement?

La Caravane - relevé de contradictions sur quelques enjeux Enjeu 5: D’une expérimentation à une politique transverse

Une formulation qui fait débat Enjeu1 : Culture par et pour tous

Rester dans l’entre-deux: sur quel niveau de sensible on mobilise ? Mobilisation des travailleurs sociaux dès l’amont et via une autonomie dans l’action Injonction à intégrer le dispositif vs Volonté de co-construire Du dispositif d’action locale au droit commun (s’inspirer des méthodes politique de la ville) Elus CG vs Elus territoires?

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3. Etude d’impacts

Nous entendons par impact l’effet à long terme, positif et négatif, primaire et secondaire, induit par l’action. Les impacts peuvent être directs ou non, intentionnels ou non. Partant d’une méthodologie d’évaluation à la fois qualitative et participative, impliquant toute la diversité des parties-prenantes, nous avons distingué trois niveaux d’impact : Sur les individus : • Participants aux ateliers • Encadrants (artistes, enseignants, travailleurs sociaux) Sur les organisations : • Département • Collèges et équipements culturels • Structures d’insertion ou d’animation socio-culturelle • Dynamiques de coopération territoriales (réseaux d’acteurs, communautés de communes)

Nous avons relevé les effets qui nous étaient rapportés comme directement issus de l’action. En les confrontant à une compréhension de l’environnement et du contexte, nous avons aussi tenté de comprendre les effets indirects ou émergents, qui peuvent encore évoluer dans le temps. Les tailles de police différentes soulignent la fréquence où les impacts ont été mentionnés. Les (+) ou (-) distinguent les impacts considérés comme positifs des impacts jugés négatifs. Avis des évaluateurs : Sur 54 impacts relevés au total, seuls 4 ont été considérés comme négatifs (public ciblé, intérêt des structures d’insertion, place des intercommunalités, artiste et régime de l’intermittence). Cela révèle la pertinence globale de la Caravane et de ce qu’elle produit sur les territoires, les organisations et les publics.

Sur les pratiques : • Pédagogiques • D’accompagnement • Modes de faire

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3. Etude d’impacts A- Sur les individus Impacts constatés sur les participants : • ( +) Changement de l’image de soi et de l’image que les autres renvoient • ( +) Changement de représentations d’un groupe social sur un autre • ( +) Changement de regard sur les enseignants • ( +) Dépassement des postures (d’élève, de mère de famille, de personne en insertion,…) • ( +) Ouverture sur le monde • ( +) Confiance en ses aptitudes personnelles • ( +) Nouvelles connaissances • ( +) Capacité d’émancipation et sentiment de liberté • ( +) Capacitation / empowerment • ( +) Rupture de l’isolement • ( +) Création de réseaux sociaux • ( +) Confiance dans le groupe, capacité à évoluer en groupe • ( +) Développement de la créativité • ( +) Découverte et expression des émotions • ( +) Rapport au corps et au mouvement • ( +) Découverte de métiers, de techniques • ( +) Envie d’aller vers la culture • ( +) Implication dans les dynamiques locales Analyse L’impact des ateliers La Caravane sur les participants est le plus évident à mesurer. Sans même poser la question directement, la plupart des personnes interrogées expriment ce que les ateliers ont provoqué chez eux. La notion qui ressort le plus souvent et le plus fortement est l’impression de liberté, les ateliers donnant à chacun le sentiment de pouvoir faire, de changer de posture, de se sentir capable. Il semble que ce soit cette liberté accordée ou « que l’on s’accorde » qui a permis d’acquérir des compétences sociales ou comportementales, peut-être inattendues, des compétences tournées vers les autres mais aussi vers soi (compétences

émotionnelles, compétences relationnelles, compétence d’autocompréhension et d’auto-analyse). La Caravane favorise les conditions de la rencontre, de créer un réseau social, comme préalable à l’acquisition de ces compétences, même si elle ne se revendique pas comme une action éducative au sens propre. De manière minoritaire, l’impact de la Caravane sur « l’envie de culture » est mentionné, certaines personnes évoquant la découverte qu’ils ont fait de lieux de culture (par exemple la médiathèque) ou l’envie d’aller voir une exposition. Impacts constatés sur les encadrants : • (+) Interrogation des rôles et places (de pédagogue, d’accompagnateur, d’agent de collectivité,…) • (+) Enthousiasme des enseignants • (+) Changement de regard sur l’artiste • (+) Envie de changement (enseignants) • (+) Curiosité intellectuelle (enseignants) • (+) Volonté d’aller plus loin et de faire mieux (travailleurs sociaux, enseignants) • (-) Questionnement sur le statut de l’artiste (intermittence) Analyse La Caravane bouscule. Elle oblige chacun à se déplacer, à changer de regard et à ouvrir à d’autres son environnement professionnel. Les impacts liés à ce déplacement sont de l’ordre de la question : Quelle est ma juste place ? Comment collaborer ? Que me permet mon statut ? Mais La Caravane crée aussi une émulation, notamment chez les enseignants, à qui les ateliers donnent des envies de changement, une volonté de faire autrement. Pour ce qui est des artistes, le binôme et le croisement des disciplines sont vécus comme une expérience professionnelle et personnelle forte, invitant à revisiter les fondamentaux de chaque discipline en sortant des routines. La Caravane interroge enfin le statut de l’intermittence : Comment un artiste peut faire plus d’heures ou pratiquer son art autrement sans risquer de sortir du statut?

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3. Etude d’impacts B- Sur les organisations Impacts constatés sur le Département : • ( +) Renforcement du besoin de transversalité • (+) Décloisonnement entre services • ( +) Besoin de reconnaissance du travail effectué (par l’équipe du Service de développement culturel) • ( +) Reconnaissance des compétences du service de

développement culturel • ( +) Valorisation et renforcement de la CLAS

• (+) Renforcement du rôle du CG dans la mise en lien (éducation nationale) • (+)Leviers pour le dialogue état – région (CTEAC) • (-) Questionnement sur les publics-cibles Analyse L’impact le plus important de La Caravane pour ceux qui la portent réside dans sa transversalité, décidée et incarnée dans les faits. Mais le vécu de La Caravane 2013-14 en renforce le besoin. La décloisonnement entre les services Education-Social-Culture est un impact mais le travail en transversalité n’en est pas encore un. Cela reste au niveau du besoin renforcé. L’impact intéressant à noter est la valorisation externe et la reconnaissance du travail réalisé. Il est très souvent mentionné par les acteurs du social, de l’éducatif ou de l’artistique que le Service de Développement culturel fait un travail de qualité, facilitateur de dialogue, ou encore que la CLAS sécurise le cadre. L’institution s’en trouve globalement renforcée. L’équipe du SDC garde un besoin de voir ses engagements légitimés en interne du Département. La Caravane a aussi pour impact de remettre en cause les choix initiaux sur le public « à cibler » ou « touché ». Enfin, La Caravane pose les bases d’une coopération interinstitutionnelle plus poussée en phase avec les dynamiques et les attentes qu’elle génère sur les territoires.

Impacts constatés sur les collèges et les équipements culturels : • (+) Apaisement du climat scolaire • (+) Changement de relations entre élèves et enseignants • (+) Démonstration d’une autre utilisation possible des bâtiments scolaires • (+) Prise de conscience des inerties dans l’éducation nationale • (+) Désir d’investissement des réseaux locaux • (+) Interrogation sur les formes de l’offre culturelle (diversification) Impacts constatés sur les structures d’insertion : • (+) Sensibilisation à la culture comme levier d’action sociale • (+) Conscience de la difficulté de sortir des cadres normés de l’accompagnement individuel • (-) Incompréhension sur le rôle à jouer dans un tel dispositif Impacts constatés sur les dynamiques de coopération territoriale : • (+) Renforcement de partenariats existant sur le territoire • (-) Scepticisme sur le rôle et l’implication des Communautés de Communes Analyse Les impacts regroupés sur ces trois niveaux ne sont pas tous du même ordre. Ce qui apparaît en substance est que La Caravane prouve qu’il est possible de faire autrement, que la culture produit des effets potentiellement durables sur un établissement ou sur une organisation sociale. Le caractère souple et agile de la Caravane met en évidence la rigidité des cadres contraignants de l’éducation nationale, et des cadres normatifs du travail social. Nous notons que l’impact essentiel de La Caravane réside dans son rapport entre l’individu (le professionnel) et l’institution dans laquelle il évolue : l’accueil d’un atelier est l’occasion de tester la capacité qu’ont les professionnels (principal de collège, enseignant, travailleur social) à dépasser ou non les cadres qui les contraignent. Enfin, l’institution départementale est reconnue dans la mise en place de La Caravane alors que la Communauté de Communes Porte de DrômArdèche est plus absente : qu’une institution territoriale, même porteuse d’une compétence spécifique, soit vue comme plus efficace ou présente qu’une autre, alors qu’elle est plus lointaine, peut se révéler problématique à terme et créer du flou pour le citoyen dans son rapport au service public.

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3. Etude d’impacts C- Sur les pratiques Impacts constatés sur les pratiques pédagogiques : • ( +) Apprendre et enseigner autrement • ( +) Croisement entre disciplines artistiques et entre enseignements • ( +) Lien entre éducation formelle et non formelle • ( +) Co-construction d’une démarche pédagogique commune artistes – enseignants Impacts constatés sur les pratiques d’accompagnement : • ( +) Désir de sortir d’une logique exclusive de prescription (assistante sociale) • ( +) Volonté de travailler en mode-projet autour de la culture (travailleurs sociaux) Impacts constatés sur les pratiques artistiques : • ( +) Le binôme d’artistes comme source d’enrichissement mutuel Impacts constatés sur les modes de faire : • ( +) Renouvellement et actualisation des pratiques artistiques (hybridité) • ( +) Sensibilisation aux langages-métiers et à l’importance de la « traduction » • (+) Volonté de mieux se comprendre entre Education/Culture/Social • (+) Pratiques transversales • (+) Multiplication des canaux de communication • (+) Recentrage sur le relationnel comme base du partenariat • (+) Besoin de formalisation

Analyse Ce qui se dégage le plus fortement en terme d’impacts sur les pratiques relève de l’hybridité, du croisement. La Caravane incite à confronter sa pratique habituelle (d’accompagnement, pédagogique, artistique) à d’autres. C’est probablement ce croisement qui créée de l’émulation et qui impacte au final les publics, en donnant l’impression d’un objet rare, non normé (voire non identifié). Nous faisons l’hypothèse que cette même hybridité favorise ce sentiment de liberté exprimé par les participants, qui voient œuvrer devant eux des professionnels en binômes différents et complémentaires, dans un atelier structuré mais complètement adaptable. En revanche, le croisement des pratiques (artistiques – d’accompagnement – éducatives) génère aussi un autre impact : la prise de conscience des cultures métiers, des différences d’approche et donc de la nécessité de la traduction pour s’entendre sur un langage commun. Enfin, un impact qui nous semble essentiel pour la suite est celui d’un mode partenarial considéré comme différent, centré sur la relation humaine, sur la rencontre régulière, même si cela peut apparaître compliqué à porter depuis l’institution départementale ou à partager collectivement. Cette culture particulière du partenariat est recherchée par les acteurs de La Caravane.

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4. Matrice AFOM (Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces) La matrice AFOM (Atout-faiblesses-Opportunités-Menaces) est un outil qui permet de distinguer ce qui relève de l’interne et sur lequel on peut agir (Atouts/Faiblesses), de ce qui relève de l’externe et sur lequel nous ne pouvons influer qu’indirectement (Opportunités/Menaces). L’outil vient synthétiser les constats nés des entretiens et rencontres, que nous avons traduit dans la seconde partie du rapport sur le diagnostic partagé. Nous avons fait le choix d’une présentation qui débute par la partie haute de la matrice, distinguant les atouts et les faiblesses pour les 5 enjeux identifiés, avant de relever les influences extérieures (négatives = menaces, et positives = opportunités). Dans le contexte mouvant actuel, la partie basse de l’AFOM n’a pas la prétention de couvrir de manière exhaustive toutes les influences s’exerçant sur la Caravane. Inscrit tel quel dans ce rapport, la matrice AFOM invite chaque lecteur, partieprenante à différents niveaux de la Caravane, à interroger sa place et son implication pour mettre en œuvre ses propres stratégies : Que développer pour compenser une faiblesse ? Qu’amplifier pour valoriser un atout ? Il ouvre sur l’identification de pistes opérationnelles pour l’avenir de la Caravane, traduites dans la partie 5 de ce rapport.

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4. Matrice AFOM (Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces) Enjeu 1 : Favoriser un accès à la culture par et pour tous ATOUTS

FAIBLESSES

• Une commande précise passée aux artistes (cahier des charges et suivi) • Une volonté de co-construction des ateliers (avec enseignants et travailleurs sociaux) • Un décloisonnement des pratiques artistiques • Des interventions croisées en binômes • Une volonté de transmission de la part des artistes, s’appuyant sur une démarche pédagogique • Une affirmation du rôle de l’artiste dans l’action sociale • Des compétences et des qualités relationnelles reconnues des artistes • Une adaptation des artistes aux contextes et aux normes (collèges) • La reconnaissance de la culture comme levier d’action sociale ou éducative • Un outil de prise de conscience citoyenne • Des prestations de qualité dans des lieux de qualité • Une impulsion et une énergie forte dans les messages adressés par le CG • Des méthodes de conduite de réunion et de travail en atelier participatives et facilitantes • Une double démarche vers les publics (ateliers et spectacles)

• Une co-construction limitée dans la réalité, trop loin de l’enseignant ou du travailleur social • Une difficulté à sortir de ses cadres de référence professionnels et de ses postures (artiste, enseignant, travailleur social) • Une mobilisation difficile des travailleurs sociaux (temps, formes). Une difficile prise en compte de la diversité des attentes (accompagnement individuel vs. animation socio-culturelle) • Un manque de partage de l’initiative au sein des institutions sociales (à tous les étages) • Une stratégie de ciblage des publics peu claire (« publics en insertion » -> « habitants ») • Une insuffisance d’appui sur les dynamiques des acteurs locaux • Des messages de la Caravane perçus comme incantatoires • Une communication insuffisante et peu comprise (difficulté des travailleurs sociaux à mobiliser)

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4. Matrice AFOM (Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces) Enjeu 2 : Promouvoir une vision de l’action culturelle décloisonnée et territorialisée en plateforme ATOUTS

FAIBLESSES

• La CLAS est reconnue comme cadre de concertation et outil de formalisation des relations • La qualité relationnelle dans la coopération CG-acteurs (proximité et disponibilité du SDC, rôle de 1/3 facilitateur du département) • Une personne en charge alimente la dynamique • Des réseaux existants qui permettent de démultiplier les dynamiques • Une histoire de la Caravane qui repose sur des vécus positifs • Une adaptation aux contextes du territoire

• Une absence de portage politique local et de pilotage territorialisé • Peu de suivi et de formalisation des partenariats avec les acteurs locaux • Le Service de Développement Culturel du CG est seul porteur de la vision globale • Une personne incarne le dispositif • Le langage de la Caravane est celui de la culture • Un manque de mobilisation des niveaux intermédiaires en interne des structures • Un manque de clarté sur les modes de prise de décision • Une contradiction entre les messages transmis et leur traduction dans les faits (budgets, décisions, réunions…) • Les relais locaux sont trop peu mobilisés.

Enjeu 3 : Favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie ATOUTS

FAIBLESSES

• Une visée sociale et éducative incarnée par les liens étroits avec la CLAS • Des artistes qui affirment et incarnent leur rôle de pédagogue • Des expériences positives et marquantes vécues dans les ateliers • Des ateliers mêlant qualité des processus et qualité des productions • Une offre culturelle globale de la Caravane • Une évaluation intégrée qui facilite l’analyse du vécu et la conscientisation

• Une difficulté pour les travailleurs sociaux à reconnaître le rôle levier de la culture alors que les artistes revendiquent leur rôle social • Absence de liens avec le rectorat • Un manque de discussion et de mise en commun des différents référentiels entre social et éducation. • Une difficulté pour les acteurs à comprendre La Caravane dans son hybridité Culture-Education-Social • Pas ou peu de travail de capitalisation des acquis de l’expérience vécue • La Caravane n’est pas pensée dans une logique de parcours • Pas d’inscription dans les projets d’établissement

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4. Matrice AFOM (Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces) Enjeu 4 : Agir au CG en transversalité entre social, culture et éducation ATOUTS

FAIBLESSES

• Une organisation transversale / matricielle au sein Service de Développement Culturel • Le caractère expérimental qui permet de tester des modes de faire, des méthodes de travail • Une cheffe de projet dédiée qui porte l’histoire • Une dynamique interne au CG pour plus de transversalité et une opportunité de moment • Un budget dédié et flexible pour la mise en œuvre La Caravane

• Un manque de portage politique de la Caravane • Des cultures métiers et des langages différents entre services (la culture parle au social et à l’éducation et pas l’inverse). • Un portage de la CLAS mais pas de la Caravane (délibération sur la CLAS uniquement) • Un pilotage technique déséquilibré entre les 3 directions (pas de lien entre social et éducation) • Une information qui circule peu entre les services du département • Une sous-utilisation des cofinancements possibles (uniquement budgets culture mobilisés) • Une sous-utilisation des méthodes et outils de la politique de la Ville • Une histoire forte de la Caravane (histoire de l’ADDIM)

Enjeu 5 : Passer d’une expérimentation à une politique publique transverse et participative ATOUTS

FAIBLESSES

• Le caractère expérimental permet de s’adapter aux contextes • Un choix de territoires d’accueil fondé sur des histoires et sur des critères d’égalité de traitement territorial • L’élaboration d’un cadre institutionnel commun à travers le CTEAC • Une démarche sensible et ascendante, partant des habitants

• Des liens faibles entre conseillers généraux et élus des territoires • Un débat actif sur les enjeux de territorialisation • Une absence de clarté sur les besoins de territoire auxquels répond La Caravane. • Un déséquilibre entre l’ambition des techniciens et la volonté générale des élus • La Caravane reste une action locale participative sans s’imposer comme une politique publique

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4. Matrice AFOM (Atouts-Faiblesses-Opportunités-Menaces) OPPORTUNITES

MENACES

•D es dynamiques entre acteurs socio-culturels pré-existantes, • Les tensions liées aux contractions budgétaires sur les territoires • Le « statut » de l’intermittence qui ne reconnaît pas tous les •D es réseaux d’artistes locaux organisés sur les territoires champs d’intervention •D es personnes-relais militantes dans les structures éducatives, • L’accélération des rythmes, des changements de génération et sociales et culturelles la sur-sollicitation (offres) • L es usages et outils numériques qui favorisent les connexions • La multiplicité des dispositifs locaux existants sur les territoires • Les changements politiques sur les territoires •D es instances départementales de concertation. • Les incertitudes sur l’avenir des départements • L a réforme des collèges et des pédagogies.

• La contractualisation Etat – Région – Département intercommunalité (CTEAC : risque de perte du pilotage et des • L a réforme des collectivités territoriales : redéfinition des acquis) compétences, montée en puissance des Communautés de • L’écart de représentations entre les mondes du social et de l’art Communes • Les tendances aux replis et à l’isolement • L e Plan Territorial d’Education Artistique et Culturel

•C ontractualisation avec l’Etat

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5. Etude prospective A- Caravane d’aujourd’hui, caravanes du futur ?

Le 26 mars, lors d’un atelier créatif et prospectif, nous avons demandé aux acteurs de La Caravane réunis (artistes, agents du Conseil Général, acteurs culturels, acteurs sociaux) de travailler sur une vision idéalisée de La Caravane, en s’appuyant sur la métaphore de l’objet « caravane », à partir de photos. Nous en livrons ici les restitutions et l’analyse que nous en faisons. Description par métaphore - Caravane 1

Description par métaphore - Caravane 2

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5. Etude prospective Description par métaphore - Caravane 1

Description par métaphore - Caravane 2

• L a Caravane roule sur 3 roues qui sont les 3 piliers qui lui permettent d’avancer : Culture / Social / Education •E lle a l’escargot comme symbole : - Il sait ralentir et porte sa culture singulière sur le dos • L a Caravane est tractée par un vélo : - Une vitesse adaptée pour la découverte du territoire - Pas besoin de permis, on la conduit comme on veut • L es personnes s’y croisent, se rencontrent : - Ca donne des idées aux autres - Fertilisation •E lle est rudimentaire mais pour la conduire il faut être habile : - Pilotage technique •E lle est en responsabilité partagée : - Département, artistes, acteurs sociaux, éducatifs et culturels - Définition des périmètres de chacun •V olonté politique et convictions partagées - Portage politique - Nécessité de connecter chaque espace •F ermée ou ouverte, elle reste vivante : - Fermée = elle attire l’œil - Ouverte = elle démultiplie •U ne fois entrés, on en sort : - déplacés (professionnellement et humainement) - Avec une expérience sensible

• La Caravane donne envie : - Elle est simple et accessible, pousse à retrouver l’essentiel - Elle est ouverte, rassurante et pour tous • Elle est prometteuse de rencontres, de découverte et de bien être • La Caravane est aisément identifiable : - Elle attire l’œil, - Elle attise la curiosité. • Elle comporte des entrées multiples : - Depuis des lieux divers, - A travers les artistes, - Par l’adresse à différents publics - En impliquant les acteurs sociaux • Elle comporte des sorties multiples - Outil culturel - Outil social - Outil éducatif • La Caravane est un outil de (re)création • La Caravane est un outil d’émancipation • La Caravane fonctionne avec plusieurs moteurs et pilotes : département, collectivités locales et intercommunalités • La Caravane s’installe sur un terrain de camping (le territoire) : - Avec « d’autres caravanes » - Multipliant les lieux d’accueil - En créant un système collaboratif vertueux avec les autres « résidents » • Slogan de la Caravane : « le plaisir des choses simples »

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5. Etude prospective Eléments d’analyse L’image de l’objet caravane a servi de métaphore pour inventer les nouvelles formes d’action à venir. Nous sommes partis du principe que quelle que soit l’évolution induite par la signature du Contrat Territorial d’Education Artistique et Culturel (CTEAC), les enjeux sont les mêmes. A cette étape, en restant encore dans le champ de la métaphore, nous proposons de penser le dispositif futur sous trois formes: son itinérance, son installation, son pilotage. Son pilotage Son Avant même d’arriver sur le territoire itinérance

d’accueil un pilotage partagé doit permettre de Trois nouveaux territoires ont d’ores manœuvrer à tout moment et de pouvoir continuer le et déjà été choisis. Le futur dispositif déplacement, même quand tout semble bien implanté. cheminera de l’un à l’autre. Retenons de Ce co-pilotage peut prendre plusieurs formes à plusieurs l’exercice prospectif que cette itinérance doit moments. En amont, un pilotage politique et technique dans continuer sans forcément s’accélérer. Il s’agit de trouver Son le cadre d’un contrat pré-établi (dans le cadre du CTEAC en le bon rythme permettant de s’adapter à la culture préfiguration) permettra de sécuriser l’arrivée sur les territoires. installation singulière du territoire, d’en découvrir les besoins et les A l’approche des territoires d’installation, le pilotage pourra se Le territoire d’installation a été richesses et d’en tirer le meilleur parti avant de le quitter en resserrer et se partager avec les acteurs du territoire pertinents, comparé au terrain de camping sur lequel on y laissant des traces visibles. L’itinérance pourra fonctionner toujours en respectant l’équilibre entre le technique et le politique. trouve toutes les commodités mais aussi sur lequel si elle s’appuie sur des lieux fixes, repérés et repérables, qui C’est au moment où il faut décrocher le dispositif de son attache on cohabite avec les autres résidents. S’installer sur un permettent de sédentariser l’action le temps qu’il faudra. de départ, où il faut manœuvrer de manière plus précise sans territoire quand on vient « d’ailleurs » nécessite de trouver L’itinérance signifie aussi créer la surprise sur le territoire heurter l’environnement existant, qu’il faut être sûr de trouver les relais en amont qui permette de parler et de faire parler par une arrivée remarquée et remarquable, qui pourrait les bons points d’ancrage. Une étape du pilotage à laquelle ceux qui y résident déjà, afin de partager les représentations, s’appuyer sur les artistes (eux-mêmes en itinérance de faire émerger les attentes et les craintes de chacun devant il aura fallu préparer en amont des co-pilotes locaux, fins sur le territoire) mais aussi sur des artistes locaux, connaisseurs de l’environnement d’implantation, l’arrivée de la nouveauté. La recherche de complémentarités préparant l’arrivée de la Caravane en lien légitimes et repérés par les acteurs locaux comme avec ce que proposent les artistes locaux, les acteurs sociaux ou avec les acteurs culturels, sociaux et pouvant accrocher le dispositif externe à éducatifs du territoire, les lieux et les acteurs culturels existants, éducatifs. une dynamique locale. permettra de démultiplier les opportunités en créant plusieurs portes d’entrées et de sorties du dispositif, pour répondre au mieux aux besoins des publics. Enfin, être bien installé sur le territoire signifie aussi pouvoir s’appuyer sur ceux qui en sont les référents légitimes. Il s’agira de trouver et d’impliquer en amont le bon niveau du territoire, tant sur le côté technique que sur le côté politique.

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5. Etude prospective B- 10 préconisations pour l’action

1

Diagnostic. La Caravane décloisonne les pratiques artistiques et rend transversale l’action, dans une dynamique participative. Elle peut aller plus loin encore en s’appliquant à identifier et à répondre aux besoins réels des partiesprenantes, depuis les individus participants jusqu’aux partenaires intéressés.

2

Mobilisation. Les artistes sont les mains sensibles d’un dispositif institutionnel qui leur offre un cadre pour construire et déployer leur projet. Ils interviennent de façon ponctuelle dans la vie de collégiens, de professionnels ou d’habitants. Pour implanter et ancrer le dispositif en facilitant la coconstruction, la Caravane doit permettre aux artistes d’agir à toutes les phases pour sensibiliser, mobiliser et susciter l’envie, en appui sur les réseaux structurés.

3

Participation. La Caravane mobilise quand elle arrive et se pose sur un territoire, intéressant les acteurs partenaires et les publics participants. Nulle expérience vécue n’est considérée comme négative. Si elle se veut participative, elle ne peut faire l’économie d’être présente sur le territoire dès l’amont (identification des besoins, connaissance des réseaux) et en aval (accompagnement, circulation d’informations).

4

Temporisation. La Caravane est soumise aux échéances politiques ; elle s’inscrit dans les calendriers scolaire, propose une programmation culturelle territorialisée, mobilise les individus dans leurs différents temps de vie. Pour favoriser une appropriation progressive et durable du dispositif par les acteurs et le territoire, elle ne peut éviter de synchroniser les rythmes et les agendas entre les trois différents champs (de la culture, du social, de l’éducation).

5

Personnification. La Caravane est le reflet d’engagements individuels. Elle est restée longtemps la voix incarnée de personnalités reconnues, historiquement investies via l’ADDIM dans une posture libre, à la fois interne et externe au Département. Les évolutions du dispositif imposent d’interroger cette personnification, ses intérêts et ses limites, de considérer la reconnaissance et les postures de leadership qu’elle implique, pour redéfinir les rôles et responsabilités, en conscience de la fragilité liée à la sensibilité et à la complexité du dispositif.

6

Décision.La Caravane s’appuie sur la culture comme levier, mais cherche un équilibre entre les 3 piliers de la culture, du social et de l’éducatif. Elle ne peut prétendre à l’équilibre sans un pilotage technique clair et un portage politique assumé, déclinés dans un partage de la décision, dans une juste répartition des budgets et des temps salariés dédiés, dans une communication adaptée et une circulation d’informations optimisée.

7

Contractualisation. Le Contrat Territorial d’Education Artistique et Culturelle (état, région, département, intercommunalités) s’impose comme le nouveau cadre de la Caravane. Il peut se combiner à d’autres formes de relations conventionnées pour garantir un cadre commun impliquant tous les niveaux d’acteurs sur les territoires. Pour préserver les acquis de la Caravane et renforcer l’ancrage du dispositif sur les territoires, la volonté politique doit être partagée avec les communautés de communes, et le Département doit garder la main sur la rédaction du cahier des charges proposé aux compagnies artistiques intervenant.

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8

Communication. La Caravane est décrite alternativement comme un dispositif d’action culturelle à visée sociétale, une action d’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie, ou encore un dispositif de territoire itinérant. Nous la concevons comme un dispositif de recherche-action socioculturelle, précieux car sensible, qui expérimente et renouvelle le fond et la forme de la politique publique. La Caravane doit choisir et clarifier les messages clés qu’elle adresse, pour ne pas rester difficile à appréhender car trop imprécise et complexe pour les parties-prenantes.

9

Traduction. La Caravane reste prioritairement présentée dans la langue de la culture et peine à s’établir sur un socle commun aux 3 champs qu’elle prétend couvrir. Pour s’entendre avec tous et réussir à construire ensemble, elle doit partager les langages et fabriquer un référentiel commun, à partir des besoins du public, des professionnels et des différents métiers qu’elle réunit.

10

Evaluation. Les ateliers de pratiques artistiques libèrent le potentiel des participants. La Caravane pose les bonnes questions, ose et permet d’oser, libère la parole et l’imagination, démultiplie le champ des possibles… Sans une démarche systématique d’analyse distanciée (évaluations régulières ou en continu, temps de capitalisation, témoignages et échanges de pratiques) elle ne peut valoriser les expériences vécues et bénéficier de leur digestion à tous les niveaux de l’action (de l’individu à la politique publique).

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5. Etude prospective C- 4 chantiers d’avenir Nous appuyant sur les enseignements de l’évaluation, de ce que nous connaissons des évolutions à venir du cadre support à la Caravane (à travers le CTEAC) et pour mettre en travail les préconisations formulées, nous identifions 4 chantiers prioritaires :

1

Ancrage territorial et participation : activer les réseaux et les relais

Un chantier qui : •p art d’un diagnostic des besoins du territoire et des publics concernés, • r éunit les directions de la culture, de l’éducation et du social et les différentes catégories d’acteurs partiesprenantes en amont et en aval du temps de présence sur le territoire, • i ntéresse des relais sur le terrain et traduit les langages (culture, social, éducation).

2

Mobilisation des publics : adresser les bons messages aux bonnes personnes

Un chantier : • précise les critères de choix des publics cibles, •d éploie une stratégie d’information et de communication adaptée, en multipliant les canaux et en s’appuyant à la fois sur les relais locaux, sur les artistes, sur les structures et sur les réseaux existants du territoire.

3

4

Un chantier qui : • considère la nouvelle forme de la Caravane comme un dispositif d’action, mais aussi comme un levier d’insertion et d’éducation, • co-construit et répartit les rôles entre acteurs culturels, éducatifs et sociaux, • permet à chacun de prendre sa part de responsabilité en conscience dès le lancement de l’action, pour répondre aux besoins des publics et pour intégrer le vécu dans les parcours (d’éducation, d’insertion), • formalise les modes de suivi et les pratiques d’accompagnement d’une institution à l’autre.

Un chantier qui : •d ans le cadre imposé par le CTEAC, clarifie le rôle des communautés de communes et l’articulation entre les différentes compétences territoriales mobilisées, • s ’assure que la contractualisation préserve les acquis des Caravanes précédentes et n’éteint pas le côté humain et sensible du dispositif, •g arantit l’implication d’institutions et de professionnels motivés, reconnus par leurs équipes et par leurs hiérarchies, • i mpacte les projets des structures (Pôle Emploi, collèges, CMS, associations, …).

Parcours d’individus : articuler pratiques artistiques, pédagogiques et d’insertion

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Gouvernance : assurer le portage politique et technique

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6. Conclusions Le choix non neutre d’une évaluation participative

De l’expérimentation à l’innovation sociale

Cette évaluation a été voulue qualitative et participative. Nous nous sommes appliqués à incarner ces 2 principes à travers la rencontre de nombreux acteurs, la construction de nos enjeux d’évaluation ou la méthode de vérification de nos hypothèses. Focus-groupes, entretiens individuels, observations, ateliers de diagnostic partagé et atelier prospectif sont tout autant d’outils qui ont favorisé l’expression de chacun et ont permis de collecter des informations d’une grande richesse, attestant du côté sensible de l’objet de notre étude. C’est en avançant pas à pas avec les commanditaires, les acteurs et les publics, que nous avons travaillé, acceptant les questions quand elles arrivaient, et nous remettant en cause dès que nécessaire, pour nous adapter en continu à l’évolution de l’environnement.

La Caravane se conçoit comme une expérimentation sociale, étape d’un processus d’innovation sociale4 articulant une appropriation de proximité réelle avec un objectif d’appropriation étendue sur les territoires investis. Dans cette logique, notre évaluation participative est une étape incontournable de la démarche expérimentale. Avec ce qu’elle met à jour, et les questions qu’elle pose, l’évaluation contribue à ce que chaque participant ou acteur du dispositif prenne du recul sur ce qu’il a vécu, conscientise son rôle et sa responsabilité, s’engage et ainsi s’approprie tout ou partie du dispositif proposé. Encore faut-il que l’approche de départ soit centrée sur les besoins individuels et collectifs.

Nous avons ainsi interrogé la manière dont l’évaluation impacte l’objet évalué, considérant que notre travail a fait parler et mis en mots les réflexions des fabricants comme des participants de La Caravane. Il a traduit et critiqué ce qui a été réalisé et vécu pour proposer à chacun d’investir l’avenir avec un niveau de conscience approfondi. Ce travail doit servir autant le Département de la Drôme que l’ensemble des partieprenantes de la Caravane, qu’ils soient artistes, enseignants, travailleurs sociaux, acteurs culturels, habitants, élèves, ou autres.

Une innovation de politique sociale initiée dans un premier temps à petite échelle, compte tenu des incertitudes existantes sur ses effets et mise en œuvre dans des conditions qui permettent d’en évaluer les résultats, dans l’optique d’une généralisation si ces résultats s’avèrent probants. Rencontres de l’expérimentation sociale, Grenoble, novembre 2007 4

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6. Conclusions Pour aller plus loin : la pyramide des besoins en sablier

En fonction des publics qu’elle cible, la Caravane adresse des niveaux de besoins diversifiés, depuis le champ du social qui cherche la satisfaction des besoins fondamentaux, jusqu’au champ de la culture qui vise à influencer le rapport au monde. Individu

Collectif

Contribu:on au monde Partie ECO-­‐centrée

Cohérence, lien avec l'éco-­‐système cohérence interne TRANSORMATION en lien avec l’EVALUATION et ACCROISSEMENT du niveau de conscience

Partie EGO -­‐ centrée

Accomplissement es:me de soi

Rela:ons

Sécurité, besoins physiologiques

Comme piste possible d’approfondissement de ce travail évaluatif, nous vous proposons un outil inspiré de la pyramide de Maslow, reposant sur l’idée qu’on ne peut agir sur les motivations supérieures d’une personne, qu’elle soit adulte ou enfant, qu’à la condition expresse que ses motivations primaires (besoins physiologiques et de sécurité) soient satisfaites. Encore faut-il les identifier. La pyramide des besoins en sablier croise pour ce faire les logiques égo-centrées (relevant des besoins égoïstes) et éco-centrées (renvoyant aux systèmes organisés), avec les dynamiques individuelles et collectives. Elle propose de s’intéresser à chaque niveau de besoins, dans une approche intégrée. Elle invite à considérer la cohérence globale du système qui s’organise autour de la Caravane, illustrant la nécessité souvent entendue dans nos entretiens, d’inscrire la Caravane dans un écosystème ou dans un environnement vertueux. Elle doit permettre de dépasser la limite du choix des publics et des territoires d’accueil, aujourd’hui fondée sur l’expérience ou l’histoire des relations, les intuitions ou les impulsions institutionnelles, mais qui devrait se baser sur un réel diagnostic des besoins. La Caravane est un levier sensible qui s’alimente et nourrit un éco-système complexe et fragile. Reste à savoir quels sont les niveaux de besoins qu’elle saura adresser dans sa forme future !

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7. Annexes A- Tableau Enjeux – Hypothèses (exemple Enjeu 1)

Enjeux

1- Favoriser un accès à la culture par et pour tous (culture pour changer le monde)

Questions spécifiques aux institutions

Questions spécifiques aux acteurs

Questions spécifiques acteurs/institution

Hypothèses

Questions à poser

Indicateurs de vérification issus des entretiens et focus-groupes

Sources

Synthèse des réponses obtenues en entretiens

D’où vient la réponse ?

La Caravane diffuse le mes- • Votre rapport à la culture? sage d’une pratique artis- • Quel lien/distinction entre tique qui change le rapport au art et culture? monde • Consommation ou pratique culturelle/artistique?

Nécessité d’avoir les moyens de la culture. Un levier d’intégration des gens d’autres culture Effet fédérateur et accélérateur de changement. Culture comme base d’identité individuelle. Culture = rencontre proposée Par la découverte de la culture, on interroge le rapport de l’homme au monde et sa manière de la transformer La culture, un système de représentation, une vision du monde Ouvrir les yeux à plusieurs personnes Changer l’image de nous, changer l’image sur les autres Faire passer un message

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Entretiens interne CG

Entretien artiste (Gibé) Entretien principal collège Focus-groupe habitants

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7. Annexes B- Grille d’entretien initiale

CG26 La Caravane Grille d’entretien

Enjeu 1 : Favoriser un accès à la culture par et pour tous (la culture pour changer le monde) 1. Quel rapport entretenez-vous avec la culture? Quel lien/distinction faites vous entre art et culture? 2. Dans la présentation de la Caravane il est fait mention de « pédagogie croisée »: quels sont ces croisements pour vous ? En quoi la Caravane propose-t-elle de nouvelles formes de pédagogie? 3. Pourquoi parler d’« artiste/pédagogue » ? Est-ce un statut reconnu? Devrait-il le devenir ? Pourquoi ? 4. Vous proposez des ateliers pour sensibiliser les travailleurs sociaux à l’art et à la culture: en quoi les artistes sont-ils particulièrement sensibles au travail social et aux enjeux des publics en insertion ? 5. Comment mobilisez-vous pour les ateliers? Sur quels critères? A partir de quels listings ? Si vous en avez, quels sont vos publics prioritaires? 6. Quels messages utilisez-vous pour mobiliser le plus largement possible et pour sortir de l’entre-soi? 7. Considérez-vous la pratique artistique comme une forme d’action sociale? Dans quelle mesure ? 8. De votre point de vue, qu’est-ce qui, dans la pratique artistique est vecteur d’une amélioration du « vivre ensemble »? 9. Selon vous, comment la pratique artistique est-elle perçue par des publics précaires? En quoi est-ce vecteur de plus de bien être ? Enjeu 2 : Promouvoir une vision de l’action culturelle décloisonnée et territorialisée en plateforme 10. Comment définiriez-vous la forme partenariale autour de la Caravane? 11. Qui sont les acteurs essentiels d’une plateforme partenariale? Qui sont les acteurs secondaires ? 12. Quels sont les espaces et les modalités de coopération? Quel est le niveau de contractualisation (explicite ou tacite)? 13. Quelles sont les complémentarités entre les acteurs? Comment gérez-vous les cultures professionnelles différentes? 14. Quelles modalités mettez-vous en œuvre pour capitaliser sur la dynamique partenariale enclenchée? Quelle stratégie de moyen et long-terme? Enjeu 3 : Favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie (en lien avec le Plan Territoire Prioritaire) 15. Qu›est-ce qui dans les ateliers permet d’accompagner les parcours (scolaire, d’insertion)? 16. Pourquoi un chef d’établissement/enseignant/travailleur social s’inscrit dans La Caravane? Quel intérêt éducatif y voit-il selon vous? 17. Comment la Caravane est-elle valorisée au sein des institutions éducatives ou sociales?

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7. Annexes Enjeu 4 : De l’expérimentation vers une généralisation de la Caravane sur les territoires (cahier des charges pour accueil) 18. Comment est effectué le choix des territoires? Sur quels critères? 19. En quoi La Caravane a une valeur ajoutée par rapport à d’autres dispositifs? 20. Avez-vous eu des demandes, des occasions de présenter le dispositif ailleurs? 21. Comment résumeriez-vous le pourquoi et comment de la Caravane à d’autres? 22. Avez-vous la volonté d’élargir le dispositif à d’autres territoires? Dans quelle mesure ? Quelles conditions pour chaque territoire y ait accès? Enjeu 5 : Transversalité interne entre social – culture - éducation (au sein du SDC et avec autres directions). 23. Comment fonctionnez-vous en interne pour piloter la Caravane? Quelles instances avez-vous mis en place? Quelles modalités de travail ensemble? 24. Comment jugez-vous la qualité et de l’efficacité de la transversalité entre les services (social-culture et éducation)? Fonctionnements/ Dysfonctionnements? 25. Dans quelle mesure la Caravane permet-elle de déployer de nouvelles pratiques de coopération entre équipes? Quelles marges de progrès? 26. Au final, qui porte le sens? Avez-vous une vision partagée? Des visions? Convergences/Divergences? Enjeu 6 : Appuyer une politique publique transverse, territorialisée et participative (lien Caravane / CLAS) 27. Selon vous, quelle est la dimension réellement participative de la Caravane? 28. Selon vous, qu’est-ce qui dans la Caravane est exemplaire? 29. En quoi la Caravane permet-elle spécifiquement de réinventer l’action publique? Comment ? 30. Y a-t-il un risque lié au caractère institutionnel de la Caravane? Ce qui permet à la Caravane d’avancer / Ce qui la freine

ATOUTS

FAIBLESSES

OPPORTUNITES

MENACES

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7. Annexes C- Trames d’intervention (exemples) Évaluation La Caravane Trame Focus-groupe habitants

Samedi 10 janvier, 10h30 – 12h30 Hauterives, Palais idéal, Jeudi 23 Janvier Les questions qui nous guident: 1- Favoriser un accès à la culture par et pour tous (culture pour changer le monde) • Consommation ou pratique culturelle/artistique? • Les ateliers de La Caravane ont-ils permis de mieux vivre ? Comment? • Les ateliers de la Caravane ont-il permis de mieux être ensemble? Comment? 3- Favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie (en lien avec le Plan Territoire Prioritaire) • Que retient-on d’un atelier de pratique artistique quand on l’a vécu? • Qu’est-ce qu’un atelier artistique nous apprend pour la suite de son parcours (scolaire, d’insertion)? • La pratique artistique: juste une expérience parmi d’autres? Quelque chose de spécial? • La pratique artistique pour renforcer l’esprit critique?

Trame Temps 1 : Accueil, introduction (15’) • Pourquoi vous êtes là ? Comment avez-vous compris l’info ? • Rappel de l’intention, rôle de Kaléido’Scop, évaluation qualitative Temps 2 : Récit de l’expérience (40’) • En binôme : imaginez que votre interlocuteur est votre voisin, votre mari,… « Comment parlez-vous de ce que vous avez vécu ce jour là ? Choisissez les bons mots pour expliquer ce que vous avez vécu », inversez les rôles • Ensemble : Chacun dit en une phrase « pour Mr ou Mme X, l’atelier c’était… » Temps 3 : Réaction sur / débat (40’) 4 phrases : • Les ateliers de la Caravane, ce sont des artistes qui proposent un truc et nous on consomme ! • Dans l’atelier : on était des hommes/des femmes, des blancs/des noirs, des jeunes/des vieux,…et ça a marché! • Dans l’atelier je suis arrivé « avec une valise vide », je suis reparti avec un bagage plein mais je sais pas trop quoi en faire ! • Avec la pratique artistique, je comprends mieux le monde qui m’entoure Temps 4 : Argument photographique (20’) Une phrase à trouver pour convaincre quelqu’un de ce que va lui apporter un atelier La Caravane « Dans les ateliers de la Caravane, tu… »

Une photo avec un panneau A4 : Prénom et la phrase17. Comment la Caravane est-elle valorisée au sein des institutions éducatives ou sociales?

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7. Annexes Trame d’intervention Kaléido’Scop - 5 mars 2015 Atelier de diagnostic partagé autour de la Caravane (en interne CG) Principe : • Co-élaboration du diagnostic avec confrontation de points de vue. • Mise en débat des premières conclusions de Kaléido’Scop Déroulé : Temps 0 : présentation de la démarche, des rencontres et des outils (sur la base du tableau et des hypothèses)

Sur la table : les hypothèses sur feuilles A4. Individuellement : « vous vous en saisissez d’une et donnez-nous une ou 2 valeurs auxquelles vous la rattachée » Temps 1 : réaction sur la base de verbatims

Méthodologie : la controverse de la Caravane Fresque circulante silencieuse avec des phrases « verbatims » par enjeu. • Qu’est-ce que nous disent les acteurs sur la Caravane ? • Invitation à connecter les verbatims entre eux (nn quoi les paroles se parlent ?) Lecture de la fresque : relevé des « contradictions de la Caravane entre les intentions du CG et ce qu’en disent les acteurs » Prise de note en carte mentale. Temps 2 : 6 enjeux, et nous on pense que… Méthode : Par enjeu : présentation d’une phrase problématique ciblée Méthode : Abaque de Rénier : • rouge : pas d’accord sur le fond • rose : question de clarification • jaune : pas d’accord mais je laisse courir • bleu : je veux reformuler • vert : je suis pleinement d’accord Temps 3 : lecture d’impact En métaplan par les 3 niveaux d’impact et collecte des informations

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7. Annexes Evaluation La Caravane. Ateliers du 26 mars 2015 : diagnostic partagé et prospective Trame d’intervention Kaléido’Scop Objectifs : •p artager le diagnostic né du travail évaluatif • r ecueillir les réactions et les éléments à débattre • s e projeter sur l’avenir •p roduire des recommandations pour la suite / l’évolution de l’action Posture : •a ffirmations des premières conclusions de l’évaluation (sur le mode : nous avons senti que…) •ê tre dans une dynamique participative, interactive (pas uniquement descendante) •m ettre en débat ce qui est produit quitte à accepter l’erreur Matin (9h30 – 12h30) - Déroulé atelier diagnostic partagé Temps 1 (9h30 – 11h15) : référentiel d’évaluation et diagnostic •1 0’ - Présentation de la démarche, des rencontres et des outils (sur la base du tableau et des hypothèses) •5 ’- Nos mots clés - le glossaire de Kaléido’Scop (plateforme, pédagogie, culture, participation, territoire, enjeu) •1 h30 - Présentation et discussion sur le diagnostic Méthode : -p résentation vidéo-projetée de l’AFOM de synthèse -E tape 1 : Opportunités et Menaces et mise en discussion -E tape 2 : les niveaux de l’AFOM -2 gommettes par personnes pour chaque dimension de l’AFOM. Consigne : quels sont pour vous les 2 points essentiels / enjeux prioritaires ? Débat autour des enjeux prioritaires à considérer pour la suite. Pause Temps 2 (11h30 – 12h) : la controverse de la Caravane (réaction sur la base de verbatims) • « La Caravane, voilà ce que vous en dites : … » •E njeu 1 : Favoriser un accès à la culture par et pour tous •E njeu 2 : Promouvoir une vision de l’action culturelle décloisonnée et territorialisée en plateforme

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7. Annexes •E njeu 3 : Favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie •E njeu 4 : Agir au CG en transversalité entre social, culture et éducation •E njeu 5 : D’une expérimentation vers une politique publique transverse et participative

Méthode : world Café : -4 tables avec des chevalets présentant tous les enjeux ; -D es verbatims sont proposés par enjeu (choix de verbatims qui se correspondent); - I nvitation à partir des verbatims à exprimer des paroles interpelantes et libres Restitution : mesure d’écarts entre l’intention de départ de la Caravane et l’expérience vécue par les acteurs = le relevé des controverses avec collecte en carte mentale Temps 4 (12h – 12h30) : lecture d’impacts (en work in progress) Présentation par les évaluateurs de l’état des réflexions Après-midi - Déroulé atelier prospectif Temps 1 (14h – 14h45) : retour sur les réflexions du matin •V idéo dessinée •E njeux prioritaires •R elevé des controverses •T our des tables des présents : « un point saillant de ce que vous retenez des discussions du matin » Temps 2 (14h45 – 16h) : description créative et prospective de la Caravane •E tape 1 : choix individuels d’une caravane parmi une vingtaine de photos – qu’est-ce que représente cette caravane pour moi ? » •E tape 2 : en 2 groupes : discussion choix d’une photo de caravane qui pour le groupe représente la Caravane départementale CG26 de demain. •E tape 3 : décrire notre caravane comme si c’était La Caravane (dispositif d’action cultiurelle) du futur, à partir : - c e qu’on y trouve, - à quoi elle s’accroche, - c omment elle roule, -q uel confort intérieur ? etc. A travers la métaphore, émergence des : « conditions pour que ça marche » Pause Temps 3 (15h45 – 17h) : présentation du CTEAC par le CG (prezi) Mise en débat autour des vigilances

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Synthèse de l’évaluation de la Caravane Action publique mouvante ou dispositif expérimental itinérant aux croisements de la culture, du social et de l’éducation, La Caravane s’est révélée comme une opportunité précieuse offerte à des acteurs et à des publics des territoires drômois, de vivre une expérience sensible, d’oser explorer, de pratiquer en liberté une activité artistique, de questionner et de contribuer à construire une politique publique départementale. Complexe à déployer, compliquée à transmettre et difficile à pérenniser, La Caravane reste un dispositif confidentiel qui n’a pas su mobiliser ses cibles ni les relais nécessaires à sa mise en œuvre, un dispositif sans vrai pilote, qui doit assortir ses ambitions à la réalité des moyens humains et financiers qu’il déploie.

Diagnostic partagé L’évaluation de La Caravane repose sur 5 enjeux, 5 problématiques et 17 hypothèses que nous avons validées ou invalidées. Cette synthèse reprend les problématiques enjeu par enjeu : Enjeu 1 : Favoriser un accès à la culture par et pour tous Avis des évaluateurs : La Caravane peut favoriser l’accès à la culture par et pour tous à la condition qu’elle s’affirme à la fois comme une action artistique culturelle à visée sociale et éducative, et qu’elle mobilise des publics-cibles plus ou moins éloignés de la culture. Enjeu 2 : Promouvoir une vision de l’action culturelle décloisonnée et territorialisée en plateforme Avis des évaluateurs : La Caravane adresse un message fort et sensible à ses publics, mais doit réussir à mailler les acteurs pour nourrir durablement le territoire d’accueil. Enjeu 3 : Favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie Avis des évaluateurs : La Caravane peut favoriser une éducation artistique et culturelle tout au long de la vie, à condition qu’elle soit pensée et reconnue dans un parcours (d’éducation et d’insertion).

Enjeu 4 : Transversalité interne entre social – culture – éducation Avis des évaluateurs : sans portage politique partagé et sans pilotage technique organisé, la Caravane ne sort que difficilement de son histoire, de l’incantation et des relations interindividuelles. Enjeu 5 : D’une expérimentation à une politique publique transverse et participative Avis des évaluateurs : La Caravane est une action culturelle expérimentale de qualité qui peut s’affirmer comme une politique publique transverse, mais à la condition de répondre à la diversité des besoins des territoires.

Lecture d’impacts

Avis des évaluateurs : Sur 54 impacts relevés au total, seuls 4 ont été considérés comme négatifs (public ciblé, intérêt des structures d’insertion, place des intercommunalités, artiste et régime de l’intermittence). Cela révèle la pertinence globale de la Caravane et de ce qu’elle produit sur les territoires et les publics. Nous avons relevé et classé les impacts en trois niveaux distincts : Impacts sur les individus • Sur les publics : l’impression de liberté et l’acquisition de compétences sociales. •S ur les acteurs : la juste posture (de l’artiste, de l’enseignant, du travailleur social, de l’agent départemental) à trouver et le bousculement lié au croisement des pratiques. Impacts sur les organisations • Pour l’institution départementale : décloisonnement, recherche de transversalité, renforcement de légitimité de l’institution, relation de l’individu à son institution. • Pour les collèges, structures sociales, dynamiques d’acteurs : volonté de faire autrement, réflexion sur les cadres plus ou moins contraignants. Impacts sur les pratiques Hybridité, croisement, conscience de différentes « culture-métiers »

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Synthèse de l’évaluation de la Caravane Etude prospective

La Caravane se vit comme un laboratoire d’action publique transverse dont les leviers sont réels et nombreux pour contribuer à un mieux vivre ensemble sur les territoires. Dans son évolution actuelle à travers le Contrat Territorial d’Education Artistique et Culturelle (CTEAC), La Caravane se modélise et réaffirme ses principes d’action (participation, pouvoir d’agir, diversité artistique et culturelle) et ses objectifs (favoriser

Préconisations pour l’action

1

Diagnostic. La Caravane décloisonne les pratiques artistiques et rend transversale l’action, dans une dynamique participative. Elle peut aller plus loin encore en s’appliquant à identifier et à répondre aux besoins réels des parties-prenantes, depuis les individus participants jusqu’aux partenaires intéressés.

2

Mobilisation. Les artistes sont les mains sensibles d’un dispositif institutionnel qui leur offre un cadre pour construire et déployer leur projet. Ils interviennent de façon ponctuelle dans la vie de collégiens, de professionnels ou d’habitants. Pour implanter et ancrer le dispositif en facilitant la co-construction, la Caravane doit permettre aux artistes d’agir à toutes les phases pour sensibiliser, mobiliser et susciter l’envie, en appui sur les réseaux structurés.

3

Participation. La Caravane mobilise quand elle arrive et se pose sur un territoire, intéressant les acteurs partenaires et les publics participants. Nulle expérience vécue n’est considérée comme négative. Si elle se veut participative, elle ne peut faire l’économie d’être présente sur le territoire dès l’amont (identification des besoins, connaissance des réseaux) et en aval (accompagnement, circulation d’informations).

4

Temporisation. La Caravane est soumise aux échéances politiques ; elle s’inscrit dans les calendriers scolaire, propose une programmation culturelle territorialisée, mobilise les individus dans leurs différents temps de vie. Pour favoriser une appropriation progressive et durable du dispositif par les acteurs et le territoire, elle ne peut éviter de synchroniser les rythmes et les agendas entre les trois différents champs (de la culture, du social, de l’éducation).

les coopérations, faciliter l’accès aux ressources culturelles, rendre visible et permettre l’appropriation, sensibiliser et développer les compétences). Entre intentions exprimées et réalité de l’action, La Caravane doit rester vigilante à avancer à la bonne vitesse, respectueuse des rythmes spécifiques de chacun des acteurs impliqués.

5

Personnification. La Caravane est le reflet d’engagements individuels. Elle est restée longtemps la voix incarnée de personnalités reconnues, historiquement investies via l’ADDIM dans une posture libre, à la fois interne et externe au Département. Les évolutions du dispositif imposent d’interroger cette personnification, ses intérêts et ses limites, de considérer la reconnaissance et les postures de leadership qu’elle implique, pour redéfinir les rôles et responsabilités, en conscience de la fragilité liée à la sensibilité et à la complexité du dispositif.

6

Décision. La Caravane s’appuie sur la culture comme levier, mais cherche un équilibre entre les 3 piliers de la culture, du social et de l’éducatif. Elle ne peut prétendre à l’équilibre sans un pilotage technique clair et un portage politique assumé, déclinés dans un partage de la décision, dans une juste répartition des budgets et des temps salariés dédiés, dans une communication adaptée et une circulation d’informations optimisée.

7

Contractualisation. Le Contrat Territorial d’Education Artistique et Culturelle (état, région, département, intercommunalités) s’impose comme le nouveau cadre de la Caravane. Il peut se combiner à d’autres formes de relations conventionnées pour garantir un cadre commun impliquant tous les niveaux d’acteurs sur les territoires. Pour préserver les acquis de la Caravane et renforcer l’ancrage du dispositif sur les territoires, la volonté politique doit être partagée avec les communautés de communes, et le Département doit garder la main sur la rédaction du cahier des charges proposé aux compagnies artistiques intervenant.

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8

Communication. La Caravane est décrite alternativement comme un dispositif d’action culturelle à visée sociétale, une action d’éducation artistique et culturelle tout au long de la vie, ou encore un dispositif de territoire itinérant. Nous la concevons comme un dispositif de recherche-action socio-culturelle, précieux car sensible, qui expérimente et renouvelle le fond et la forme de la politique publique. La Caravane doit choisir et clarifier les messages clés qu’elle adresse, pour ne pas rester difficile à appréhender car trop imprécise et complexe pour les parties-prenantes.

9

Traduction. La Caravane reste prioritairement présentée dans la langue de la culture et peine à s’établir sur un socle commun aux 3 champs qu’elle prétend couvrir. Pour s’entendre avec tous et réussir à construire ensemble, elle doit partager les langages et fabriquer un référentiel commun, à partir des besoins du public, des professionnels et des différents métiers qu’elle réunit.

10

Evaluation. Les ateliers de pratiques artistiques libèrent le potentiel des participants. La Caravane pose les bonnes questions, ose et permet d’oser, libère la parole et l’imagination, démultiplie le champ des possibles… Sans une démarche systématique d’analyse distanciée (évaluations régulières ou en continu, temps de capitalisation, témoignages et échanges de pratiques) elle ne peut valoriser les expériences vécues et bénéficier de leur digestion à tous les niveaux de l’action (de l’individu à la politique publique).

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Synthèse de l’évaluation de la Caravane Chantiers d’avenir

Pour mettre en œuvre ces préconisations, nous imaginons 4 chantiers d’avenir : 1 - Ancrage territorial et participation : activer les réseaux et les relais Un chantier qui : • part d’un diagnostic des besoins du territoire et des publics concernés, • réunit les directions de la culture, de l’éducation et du social et les différentes catégories d’acteurs parties-prenantes en amont et en aval du temps de présence sur le territoire, • intéresse des relais sur le terrain et traduit les langages (culture, social, éducation). 2 - Mobilisation des publics : adresser les bons messages aux bonnes personnes Un chantier qui : • précise les critères de choix des publics cibles, • déploie une stratégie d’information et de communication adaptée, en multipliant les canaux et en s’appuyant à la fois sur les relais locaux, sur les artistes, sur les structures et sur les réseaux existants du territoire. 3 - Parcours d’individus : articuler pratiques artistiques, pédagogiques et d’insertion Un chantier qui : • considère la nouvelle forme de la Caravane comme un dispositif d’action, mais aussi comme un levier d’insertion et d’éducation, • co-construit et répartit les rôles entre acteurs culturels, éducatifs et sociaux, • permet à chacun de prendre sa part de responsabilité en conscience dès le lancement de l’action, pour répondre aux besoins des publics et pour intégrer le vécu dans les parcours (d’éducation, d’insertion), • formalise les modes de suivi et les pratiques d’accompagnement d’une institution à l’autre.

4 - Gouvernance : assurer le portage politique et technique Un chantier qui : •d ans le cadre imposé par le CTEAC, clarifie le rôle des communautés de communes et l’articulation entre les différentes compétences territoriales mobilisées, • s ’assure que la contractualisation préserve les acquis des Caravanes précédentes et n’éteint pas le côté humain et sensible du dispositif, •g arantit l’implication d’institutions et de professionnels motivés, reconnus par leurs équipes et par leurs hiérarchies, • i mpacte les projets des structures (Pôle Emploi, collèges, CMS, associations, …).

La Caravane nous est apparue comme précurseur d’une nécessaire évolution de l’action publique qui intéresse les individus et les collectifs d’individus, qui pose question autant qu’elle apporte des réponses aux besoins identifiés. Elle contribue à structurer des éco-systèmes locaux vertueux dans lesquels chacun peut trouver sa place, et exercer sa responsabilité citoyenne. Nous avons vécu cette évaluation comme pleinement contributrice de cet écosystème. Elle renforce notre perception que la Caravane dans son caractère expérimental, est un laboratoire fragile d’innovation sociale, qui ne peut faire l’économie d’une approche centrée sur les besoins des territoires et de leurs habitants.

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Liens site internet : Département de la Drôme : http://www.ladrome.fr/nos-actions-culture/musiques-arts-spectacles Kaléido’Scop : http://www.kaleido-scop.com/Action-trans-culturelle,126

Pour toute question, n’hésitez pas à contacter l’équipe de Kaléido’Scop. Mél : administration@kaleido-scop.eu Tél. : +33 (0)9.54.91.85.08

Réalisation : Sébastien Pierrefeux - easynoteasy.com

Un travail réalisé par Sylvain Abrial (06.80.47.95.92) et Yann Crespel (06.11.87.72.38).

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