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Claude lelouch

fENTRETIEN

par Sandrine Houta Claude Lelouch

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Plus de 50 films, 2 Oscars, 3 Goldens globes, une palme d’or, une façon unique de filmer les acteurs , des films qui ont marqué le cinéma français… nous aurons la chance le 8 Décembre de passer une soirée privilégiée en compagnie de Claude Lelouch pour « Conversation avec » où il évoquera ses souvenirs, dévoilera ses passions et nous livrera anecdotes et confidences. En attendant, cet empereur dû 7ème art a répondu à nos questions.

Le mot du producteur

Je suis heureux et fier de redémarrer notre cycle de "Conversations avec" avec cet immense cinéaste qu'est Claude Lelouch. Malgré son actualité très chargée - la préparation de son spectacle symphonique retraçant ses 60 ans de films et ses 85 bougies, ainsi que la préparation de ses 2 prochains films - il nous fait l'honneur de venir en Israël, se prêter au jeu de cette soirée exceptionnelle qui promet d'être un moment unique !

Cette année, Live Stage va offrir une programmation incroyable. Le dernier festival d'Avignon a été riche de rencontres et de coups de cœur, et c'est justement cela que j'ai envie de transmettre. Des grands succès classiques, des pépites immanquables, des découvertes extraordinaires, des pièces ayant remporté tous les Molières...

Je nous souhaite du plaisir, et le goût du partage pour tous les spectacles que je vous ai préparés. Sans vous, sans vos retours et surtout votre joie à chaque spectacle, tout cela n'aurait pas le même sens... Car chez Live Stage, c'est encore et toujours la passion qui nous guide.

A l’affiche des prochains mois, de l’humour, du théâtre, des concerts mais également des « Conversation avec... ». Et enfin, parce qu'on pense toujours à votre confort, Live Stage vous propose une assurance annulation qui permet d'être intégralement remboursé de vos billets jusqu'à 10 jours avant le spectacle.

Qu’est-ce qui a déclenché en vous cette passion du cinéma ?

Claude Lelouch. Très vite, le cinéma est entré dans ma vie. J’ai toujours entendu le bruit de la caméra. Mon père possédait déjà une petite caméra d’amateur pour filmer mes premiers pas. Et c’est pendant la seconde guerre mondiale que le cinéma était devenu mon quotidien. Ma mère et moi étions recherchés par la Gestapo. Comme elle passait son temps à faire des démarches pour rejoindre mon père, ma mère a eu l’idée de me cacher dans des salles de cinéma. J’y allais tous les jours. Ma mère me confiait à une ouvreuse et je voyais 5 à 6 films chaque semaine… Ce fût le choc de ma vie. Les yeux émerveillés, je surveillais le moins geste, chaque mimique des acteurs pour voir si d’une séance à l’autre ils joueraient différemment. Pendant 5 ans, je suis allé au cinéma tous les jours. Le cinéma ne m’a plus quitté. Quelques années plus tard, après une scolarité très compliquée, l’année du bac est arrivée. Et j’ai surpris une conversation entre mes parents dans la cuisine de notre appartement. Ils parlaient de mon avenir, et je ne vous le cache pas, ils étaient complètement désespérés ! Ma mère disait à mon père « Qu’est ce qu’on va faire si jamais il n’est pas reçu au bac ? ». Mon père a répondu « Écoute, s’il rate son bac, je lui achète la caméra 16 mm qu’il me réclame sans cesse ! Et qu’il se démerde ! ». Évidemment, je n’ai fait aucun effort pour le décrocher ce foutu bac ! Et mon père a tenu sa promesse ! À ce moment-là, je souhaitais devenir cameraman d’actualité. Alors je suis f parti filmer à travers le monde… En ex-URSS avec mon premier reportage « Quand le rideau se lève », puis aux États-Unis. Mais c’est effectivement en Russie qu’il y eut un deuxième déclic ! Pendant que je tournais ce reportage, j’ai sympathisé avec un chauffeur de taxi qui m’a emmené aux Studio Mosfilms. On y tournait « Quand passent les cigognes » de Mikhaïl Kalatozov ! J’étais fasciné par le travail de la caméra. Elle devient l’acteur principal ! Finalement, ce fût peutêtre la journée la plus importante de toute mon existence car j’ai décidé de ne plus être reporter, mais metteur en scène. La caméra est une machine à recréer la vie.

Depuis votre premier long métrage, "Le propre de l'homme" (en 1961), vous régalez un public avide de romanesque. Auriez-vous imaginé réaliser plus de 50 films, sans compter les scopitones de nombreux chanteurs ?

C.L. Bien évidemment que non… Ce sont les hasards et les coïncidences. Je ne sais pas qui a rempli mon agenda à la naissance, mais je ne me suis jamais ennuyé une seule seconde.

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Vos films sont représentatifs de la vie. Vous aimez d’ailleurs dire que la vie est le meilleur des scénaristes, en exposant face à votre caméra la fragilité humaine. Est-ce pour faire prendre conscience que le monde va mal ?

C.L. Je suis convaincu que la vie est la plus belle invention de l’humanité. C’est une course d’emmerdements au pays des merveilles, mais ça reste une magnifique course. Nous vivons au Paradis et nous ne nous en rendons même pas compte. J’en veux beaucoup à tous ceux qui essaient de nous faire croire que la vie est une saloperie.

Diriez-vous que « Tourner pour vivre » le documentaire réalisé par Philippe Azoulay, est en quelque sorte le microscope de votre vie ?

C.L. C’est un film de fou… fait par un cinglé… sur un autre fou ! Et la folie est la chose dont le monde a le plus besoin aujourd’hui.

Vous avez créé des couples incroyables. On a tous en mémoire ceux de Belmondo et Anconina ou encore Trintignant et Anouk Aimée. Des acteurs qui forment une grande famille. Quel recul avezvous aujourd’hui sur cette longévité au cinéma ?

C.L. C’est une grande famille effectivement. Il y a un fil invisible qui relie tous ces films. Mes films parlent de la vie… Et la vie a tout son temps devant elle.

Avez-vous parmi tous vos films un pour lequel vous avez une tendresse particulière et quels sont les acteurs et actrices qui vous ont le plus marqués ?

C.L. Je les aime tous… C’est comme si je devais choisir parmi mes 7 enfants celui que je préfère. C’est impossible. Et les films qui ont été des échecs m’ont appris beaucoup de choses. J’aime les acteurs parce que ce sont des enfants. De grands enfants peut-être, mais des enfants tout de même. Avec leur goût du jeu, leur goût de la cour de récréation.

Avez-vous un film culte, que vous regardez sans jamais vous lasser ?

C.L. « Quand passent les cigognes » et « Chantons sous la pluie »

Qu’est-ce qui vous fascine dans la vie ?

C.L. Le juste milieu. L’équilibre. Comme un funambule sur un fil. Il n’y a rien de plus difficile de trouver le juste milieu. Et l’art de combattre tous les extrêmes.

Ce n’est pas votre première fois que vous venez en Israël, qu’est-ce que vous aimez le plus ici et aimeriez vous y tourner un film ?

C.L. Une certaine forme de courage qu’on ne trouve pas ailleurs. Je suis déjà venu tourner à l’époque de « Toute une vie » mais aussi pour « La belle histoire ».

Que pensez-vous du cinéma Israélien et de l’explosion des séries vendues dans le monde entier ?

C.L. Le cinéma israélien est comme son pays, courageux.

Pensez-vous que les plateformes et les séries sont un danger pour l’avenir du cinéma ?

C.L. Oui, mais à la fin, c’est le cinéma qui gagnera. On voudra revenir dans les salles pour voir de grands films. J’ai du mal à voir des films ailleurs qu’au cinéma.

Regardez-vous des séries ? Et si oui quelle est celle qui vous a le plus plue ?

C.L. Le moins possible…

Diriez-vous que votre religion est le cinéma et les acteurs vos Dieux ?

C.L. Le cinéma est ma seule religion. Le présent, ma seule croyance. Et la musique, c’est le langage de Dieu !

Quelle importance revêt la musique dans vos films ?

C.L. La musique c'est, avec la caméra, l'acteur le plus important ! Celui qu'on ne voit pas. La musique c'est ce qui parle le plus à l’inconscient des spectateurs. Si j'enregistre la musique de mes films avant le tournage, c'est pour qu’elle soit véritablement un acteur fondamental de l'histoire ! Elle parle à notre part d’inconscient, d’irrationnel. C’est elle qui nous donne la chair de poule.

Vous n’avez jamais tourné de films de science fiction. Est-ce un genre que vous pourriez aborder ?

C.L. « Viva la vie » (1984) est le seul de mes films qui approche l’univers de la science fiction.

Où trouvez-vous l’énergie de tourner ?

C.L. Dans ma curiosité. Et Il faut être curieux dans la vie. C’est pour moi la plus grande qualité. C’est ce qui fait que l’on est émerveillé, que l’on apprend tous les jours de la vie, qu’elle nous fascine… J’ai souvent dit que j’étais une vraie concierge. Je me nourris de la vie pour construire mes histoires.

Tourner pour vivre 10 Dec 2022

Cinémathèque de Jérusalem Réservations : https://jer-cin.org.il

Le 08 Décembre 2022

Musée d’Art de Tel Aviv Sderot Sha'ul HaMelech 27, Tel Aviv

Billets de 140 à 190 Nis Possibilité de souscrire à l’Assurance Annulation

Réservations : https://LiveStage.show ou au 03.966.41.08

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