J茅r么me
Karsenti
le mouvement intime des choses
le mouvement intime des choses
oh Lola
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fuyez avant qu’il ne soit trop tard fasse du bien qui sait
ou que je ne vous
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où que vous alliez je suis cet air qui vous sépare des choses
si seulement je n’étais qu’un corps étranger en vous vous useriez de la chirurgie pour m’extraire
il est trop tard pour rebrousser chemin
8
l’un autour de l’autre nous disparaîssons dans une présence colossale
9
trouvĂŠ
10
car
disparu
l’existence se pose 11
ha
12
vous voilĂ sur le chemin de la guĂŠrison
comme une hypnose qui doit s’achever lisez les moindres lettres avec l’index montez les marches menant vers vous-même en dernière page les chiffres après ISBN sont à prononcer à voix haute comme une formule pour vous délivrer
j’approche de vous
je suis vous
où vous n’osiez aller
13
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décollez l’encre du papier cet arrachement ressentez
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lisez lez pages compressée les unes contre les autres ces phrases liées de force et ressentez votre ouverture
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accedez à un pont urbain de plusieurs niveaux
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de mon coeur est tel que mon torse oscille vent dans les arbres
15
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là où il n’y a rien en suspend
mais là il n’y a rien rien 16
à part quelqu’un qui a marché sur le parquet 17
ce bruit qui reste
18
19
je caresse l’extérieur
20
et lĂ tout a disparu
21
au moment délicieux du réveil
je perçois un instant parfait de silence
une seconde tout au plus
le vide puis s’emballe
22
tout
je remplace vos mécanismes m’interesse qu’a ceux qui font mal
je ne
n’avez-vous vraiment rien d’autre à faire
pourquoi vous limiter à acheter gentiment votre pain à la boulangerie chaque soir alors que les étoiles crachent une matière bien plus puissante que le feu
23
on
s’égoutte
de la lumière
24
oÚ la lumière regarde dehors
25
ĂŠbloui par le soleil on sourit toujours un petit peu
une feuille de papier tombe en rayant parfaitement l’air
26
rbareune angine an n u s n o a sève ed quand a l e a gorg d t i quel est le bru ans l d live a s a de l
si près d’un son
au centre de ma rouge colère blanc est ma plus violente couleur
d’une couleur si blanche que ça en est sale
les feuilles de la forêt ont le hoquet il pleut averse
27
la peau des bolets et ceps est recouverte d’un vieux cuir preuve que la terre se bat avec des gants de boxe à elle
c’est peut-être encore plus beau quand l’herbe morte se brise s’agenouille devant moi imaginant que je suis de l’eau plante
ses mains dans ses poches trouvent
de l’eau
li i jo s de
t oig d s
ote p s
lés
ma t n rge o g é
e lign
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rizo o h ’
n
s’enfermer dans un pull
l’enlever les mêmes gestes de bailler
28
ressentir au plus près le dernier éveil d’une rose
il y a un tel silence que les branches se brisent
les seuls arbres sont le linge étendu aux fenêtres
en en faisant des tonnes l’armée des grammes a vaincu
29
une toute petite tortue aide un pétale à se retourner plusieurs jours durant la tortue regarde la peau du pétale se rider s’assécher reprendre vie pour elle elle est convaincue d’avoir sauvé une semblable
u n
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le hublot de ma main 30
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refermée sur le ciel est ma seule ouverture ce matin
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31
’onde levée trop tôt me regarde
avec un sourire
32
elle dit
un bruit
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de pinède cramÊe
33
sons transformés en eau qui restent
dans ses oreilles tout je sens
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elle me regarde de la même façon qu’un oiseau qui n’ose pas nt dans les couloirs les enfants s’amuse leurs rires m’inondent d air chau ’ l c e v a e diffé renc e d s a p le monde il n’y a e nd du m o e r t cen u a là
une rivière
je l’embrasse
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du fin fond de l’eau
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oui elle se rét ab li p eu àp eu
n pe p ha e l l rs e e v Ambre me regarde s urné o t ur na e a t v u a me sourit Nir ah e m t de ou r de l’entenoir u e s r e v j’éc s rouges ec uil lèvel dans le b i ns apparaissent depuis la cuisine i e a e eui gl ma es des eunmgla j d e gliss raté o n i son espace entre ses dents c c n capu u t n a ire en me serv a n i g a m i e p p i r g est une emet de sa r e s a r a b r a B profondeur supplémentaire
des profondeurs
dans un double mouvement elle s’approche de moi et s’éloigne de quelque part la lumière de sa peau en me regardant au lieu de se s’évanouir en moi s’est assise à Prague
se m ouch e r in ten sé
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e » ss a e ç r u r e eu tro oir ub e b d n mis tu ais i u a ’ o j ef jam ors l u a q s i e ce rra e crèm t s u u’e po lus d q t n e ais neait p tem r m a e v j « pp oi y’a ire » ns l’a a d m d a me enir ain t v «h e t b e le r bain l a de e s d i o le av alle fond s à je l t a s l e ns îne a a h d la c nt e e u q m lors a n ma k l wa on s ute o c é
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nous sommes sé parés une fois pour toutes
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s prè n io act r f à la
répond moi tu ne dis rien tu dois comprendre l’importance que tu as pour moi je regarde et regarde ouvre ton corps à moi pour couper ta tête te tronçonner te découper te mettre dans un sac poubelle te déposer sur les rails de chemin de fer je vais t’arracher et j’attendrais un vent monstrueux pour te disperser ne crois pas que je sois inhumain mais en moi se glisse sans arrêt enfin un tout petit peu le mal non je vais te mettre la tête en bas pour te faire sécher et te conserver en l’état ce ne sera pas douloureux tu trembles ça y est tu commences à être transparente de la fièvre comme une poussée de sève je sens ton parfum
41
nous dévalons les pentes sous une pluie qui ne mouille pas tu t’effondres mille fois par terre tes escarpins giclent un colosse tente de te relever mais en t’arrachant au goudron il t’ampute les deux jambes tu finis la soirée dans mes bras ta bouche collée à la mienne
immobile
42
le sol est à plat ventre pour boire l’ombre du verre à pastis
sans pouvoir fuir je bois le sang de ta hanche devenue cheville
43
i
44
manque elle
je suis ce qui la sĂŠpare des choses
ses yeux grands ouverts me disent combien elle est propriĂŠtaire de mes instants 45
son silence est tel que j’entends son sang couler dans ses veines
je joue un accord improvisé sur quatre de mes veines comme somnifère les taches d’huile sur la table basse me bluffent me reposent
un son m’entraîne vers mon flux sanguin
46
son sac à main est de la même couleur que la façade derrière elle il lui manque une partie de son corps l’alcoolique SDF boit une humeur jeux de ballons interdits le chien et son maître l’homme à la moustache écrase sa main sur son front coup de chiffon sur la table les ombres se déplacent bouche d’égout PAVA eaux 2 klaxonnes 12x1l oh un bébé contre la doudoune de sa mère grand il est vraiment grand des pièces sautent dans une main
carte blanche à mes muscles je défonce une porte blindée la peinture à éclaté sous la serrure et révèle la première couche antirouille un gris Giotto
chaque jour en passant devant cette porte j’arrache une écaille en tournant la page d’un livre d’art merveilleux 47
je trace avec l’ombre d’un de mes doigts un trait sur le mur
les murs sont particulièrement blancs je leur ai manqué la nicotine dans la fumée dans un surréaliste gling gling attrape la polio gicle un plein soleil sur les murs
des gens se pendent pour s’élever un moment des gens ont des enfants parce qu’ils ne savent pas quoi faire de leurs mains
48
laisse-toi guider par tes mains fluides qui me montrent le chemin
49
doucement doucement doucement
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xtérieur e s a p s i su où je ne e c a p s d’e ranche t e n u révéler
l’air est froid le bruit du jour les sons enserrent les arbres se pose sur le sol rendent les gens fatigués immobiles et se repose brouillard
qu’un papier photographique as si l’on n n ne sent p es o ’ l e u ’y ce q i nté r
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tiques il n e g r a s se révèle dans les bain at y ’ qu e c en s é pr e ett c ns da
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je réfléchis en pleine concertation avec moi-même comme les gens sérieux je connecte le bout de mes doigts je manipule des interrogations aériennes d’émergence des choses le sentiment
51
ces voix prennent mes battements de coeur pour m’embarquer oÚ elles veulent
52
je dois vous quitter pour un petit moment
53
un morceau de portail me ramène jusque dans la maison
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la surface du ciel voilÊ est mon seul crâne
55
j’achète un cadenas en titane inviolable mais rien à quoi attacher mon ouverture s’arrête où elle commence
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pourquoi j’oublie systématiquement s à je sui
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nous sommes double rappelle-toi s ce son reste dans sa bouche
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57
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je m’allonge et m’endors dans de l’eau froide je me réveille en me noyant dans les draps je crache de l’humidité pendant mon sommeil la fenêtre de cette chambre est devenue un poster je le décroche du mur l’enroule et le pose dans un coin les glaçons dansent la paranoïa de fondre
un spaghetti affolé l’égouttoir ce neurone
regarde moisissure
58
glisse à travers les trous de quelle est la fonction de
c’est très tendre un plat de pattes qui il va bientôt prendre vie dans une belle
il recroqueville la chaise autour de lui pour se protéger elle marche sur le sol recouvert d’une fine croûte de sueur
puis
polio
elle vient vers nous en attrapant la en traçant son malaise avec son pied
59
les trous noirs des tiroirs du bureau m’Êpient par ennui
60
le regard de la chambre me fouille
le sommeil me couvre la face
David rassemble alors ses affaires de plage dans ses deux mains deux livres imposants ses haltères le chemin qui mène à la plage à partir du kilomètre 2.5 ressemble à une longue allée de cour de promenade d’un asile de part et d’autre un marais
les moustiques maigres comme des vautours miniatures sont positionnés sur la partie supérieure du grillage agglutinés par endroits ils forment des barbelés
seuls les flamands roses empaillés clignotent au loin sous forme de néons ceux d’une baraque à frittes 61
ça me rappelle mon enfance un ex taulard avait monté son affaire de fast food dans un ancien panier à salade de flic il n’avait jamais plongé de frites dans de l’huile bouillante de sa vie dès la première fournée tout s’est embrasé les flammes je m’en souviendrais toujours un puit de pétrole en feu le gaillard s’est mis alors à incanter la pluie au final au milieu du cratère des bonbonnes de gaz on a juste retrouvé les éperons fondus de ses tiagues là j’en porte un autour de son cou comme une pépite d’or j’y vois simplement le logo de la marque de ses frites surgelées
de quelle cheminée d’usine peut provenir cet air iodé
la plage ce jour est encore sans large
somptueuse chorégraphie de la noyade
il plonge ses pieds dans le bord manicure en remuant les sédiments sous ses pieds 62
elle laisse
une trace derrière elle se dilue
une vague apprivoisée suit son nageur quand il plonge la vague plonge aussi au risque de mourir
alors que le nageur a rejoint le sol la vague s’arrime à l’anneau de la digue
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6h34 là vous glissez sur mes os qui ont disparus ce rien dans l’énorme
folle elle transperce une personne en elle boucles d’oreilles
63
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les semelles de ses tongs sont paranoïaques
les chaises sont alignées rangées elles ressemblent à un moi guéri peigné triste
assis comme vous aussi
cet instant
combien de coup de pierre sur le crâne faut-il pour le fendre y’a à peine mille ans les enfants apprenaient à compter comme ça
64
12 octobre le 11 octobre passé jaloux aux UV rouge résistance tague un mur d’air pour se signaler
20 octobre j’enfile mes patins blancs pour marcher sur la moquette blanche les arrêtes des murs imparfaites m’effraient cet appartement du rez de chaussée XVI ième siècle aux murs penchés me dégoûtte tourner m’est impossible j’ouvre la fenêtre pour partir demander de l’aide j’escalade un poteau droit je dois aller droit l’abris bus me gêne d’un coup de pied je brise la vitre me voici sur le quai de Seine le mouvement de l’eau me fait vomir
je n’ai d’yeux que pour l’autre côté de la rive je saute dans le fleuve je dérive sans nager je me noie enfin satisfait je coule à pic verticalement comme une pierre d’une tonne cette nuit je me suis réalisé
bruit de fond
le son d’une chaise qui se déplace sur un parquet ce son qui a gravit les étages comme du lierre est 65
monté jusqu’ici
je colle mon oreille à l’air et j’entends battre j’entends battre quel son parviendra ici le son des oiseaux le son des oiseaux mange les petits sons les gobes le monde a changé ils ne se nourrissent plus d’insectes mais de ces sons de la ville j’entends les oiseaux couper les sons affamés les insectes des sons se débattent s’éloignent sur les arbres proches de leurs victimes au dessus des rues les feuilles dans l’air provoquent des sons que les oiseaux ingèrent bobsleigh
en face
8 août Vitriol sur Seine deux rails de chemin de fer en travers guident un gigantesque portail à deux volets les arbres y sont industriels faits de poutres en métal tordues après un incendie peut-être ce rien c’est cet endroit mon nouveau chez moi situé dans la zone industrielle j’ouvre la porte blindée une bonne centaine de chaises de bureau pour le jour où je 66
transformerai l’atelier en théâtre ce volume rempli de vapeur de térébenthine ce plafond rempli d'amiante comme de coutume je frappe violemment le sol avec mes baskets pour inspecter la poussière qui est tombée du plafond depuis la veille il y a des moments comme ça fragiles fragiles entre désespoir et joie tout est si proche bascule de l’un à l’autre je regarde l’amiante au plafond se décomposer j’alimente le poil à bois au centre d’une place le sentiment de l’émergence des choses je ferme les portes de l’atelier je déambule la pluie tape dans l’amiante du toit une petite zone n’a pas été recouverte par le sombre de la pluie loupé la pluie mitraille pour être sûr mais quand même loupé de l’autre côté de la vitre une abeille saoule la pluie cesse je m’allonge sur deux fauteuils miteux l’atelier entier se referme sous mes yeux la lumière de l’usine de médicaments de l’autre côté de la voie ferrée est la seule lumière l’inox renvoit la moindre lumière les flashs des caténaires des trains sont capturés par mon oil ils somnolent à présent dans mon cerveau l’aluminium pare vapeur recouvre la laine de verre sous le toit ouvre l’oil un sifflement une fumée blanche sort d’une soupape d’un toit c’est l’unité anticancéreuse immunité totale les fumées que je reçois en pleine figure me requinquent je sais que j’aspire un cocktail d’Aspirine de Dépakine je m’endors dans ma boite de médicaments je vais bien je compte les plis de la couette je les parcours 67
je parfais les plis le silence est curieux poussiéreux ça pèse immensément à chaque moment tout peut s’écrouler s’affaisser la poubelle du ciel je suis allongé respire à plein poumon une mécanique de moulin à poivre elle recouvre mon visage
elle descend la nuit par de fins filins se nourrir de viandes
une angine s’approche
je contrôle en raclant la gorge tout est eau l’air est extérieur des bobards des bobards un bobardement
je suis si rien que je vais chez les gens facilement avec mon regard comme une traînée
chez le voisin d’à côté je regarde à chaque fois d’un pot de terre posé au niveau de son estomac du lierre qui pousse sur de la vieille paille japonaise je suis horrifié de voir ses métastases se répandre sur les murs 68
je ne suis qu’un être au service d’une substance sombre qui connaît déjà son chemin son parcours
pourquoi chercher ce que j’aime pour faire aimer ce que j’aime
69
mon visage est rayé de coupures de sang coagulé j’ai du me manger un tout petit peu c’est tout
à chaque film du cinéaste Night Shyamalan je me rends compte combien je suis immobile Night Shyamalan est mon premier janvier ses films me plaisent moins cela me ravit
70
ne lisez pas les pages suivantes 71
je secrète un vagin entre mes cuisses
je suis entre mes jambes j’aspire toute mon odeur
je lèche les meilleures parties petits boutons les poils incarnés
j’aspire les
ma simplicité me fait un bien fou
10 août flottants
je suis fait de chiffres à virgules sans attache
l’absence que j’ai pour elle est la base de mon désir cette femme allongée me crée sa bouche bleu grifone quelques idées obscènes qui me plaisent
bon approche n’aie pas peur je ne te plais pas me dit-elle oh si
lui dis-je timidement
entre entre je suis Arial la 14 et toi me dit-elle en se calant au ton de ma voix Garamond
oh c’est très british que t’es timide tu rougis ça me plait oui ouais oh il est tout timide t’as les sous sous oh oui c’est combien
72
un Euro 10 kg tant que ça
son corps se gonfle pour se vendre elle tend son bras et du bout du doigt appuie sur un bouton d’une vieille caisse enregistreuse 1970 de supermarché le tiroir caisse s’ouvre avec un son de clochette sa matière ondule elle rit son chien à côté ondule
j’ai la monnaie si tu veux n’aie pas peur du chienchien Courrier hein tu restes sasage oui oui dis-je bêtement je n’ai pas pour habitude de jouer à la marchande
ne suis-je pas attirante oh oui
ouais
comment vérifier le poids
c’est deux cent kilos ou rien t’as pas les sous sous j’ai juste envie de me faire écraser me faire assommer par un de tes nichons je prendrais 50kg pas plus fais-moi un prix ca ne mérite pas autant d’argent fais-moi un prix de gros
je vais te faire bander et après t’auras envie du reste 73
10x1 ça fait 10 euros
100 kg tu me prends pour qui Black crie telle le mac déboule et tire un câble depuis le plafond l’attache à la combinaison cuir il appuie sans rien dire sur la télécommande du treuil il la soulève le plafond va céder un petit boîtier au niveau du câble indique 199,542 Kg ha mais c’est pas 200 kg comme elle le prétend et avez-vous pensé au poids de la tare dis-je au mac Black pose sa main sur sa grosse et le boîtier indique 200,2 kg je suis attiré par la poignée en inox du treuil toute la lumière du monde est aspirée par cette déformation Ha la tare le taré c’est toi combien pour la prendre en l’air
me dit-il comme ça lui dis-je
ca double le prix non 40 euros ca fait cher l’apesanteur redescends là combien pour se faire écraser dessous 100 euros comme c’est cher et oui y’a d’la maintenance et puis faut chercher du personnel pour évacuer ton corps après 74
on ne peut pas s’arranger pour le prix 20 euros somme quand même
c’est une
Black descend la pute avec précaution le lit s’écrase et le câble se détend donc ça fait 20x 1.5euros soit 30 euros c’est plus cher que tout à l’heure de la soulever on a usé de l’électricité y’a des frais j’ai rien demandé 30 euros hors taxe
soit 40 euros/40mn
la TVA oui on déclare tout ici les inspecteurs nous font des misères ok caisse
ok Black range ses gants dans son jean
je noie ma main dans un mur un morceau de nuit tombe sous mes yeux elle s’endort blasée
75
la grosse est sur le ventre et le chien Courrier veille à côté j’enduis son dos avec ma bave anesthésiante un de ses seins dépasse je caresse son cou à deux mains le chien me regarde faire et commence à avoir du désir pour elle il gémit un peu hé du calme fais-je avec mon regard mais il s’impatiente donne-moi un de tes doigts me dit-il je les lui fait lécher au regard du chien je sais que nous sommes désormais amis donne-la moi c’est un peu indécent devant moi lui réponds-je il hoche la tête
j’ai des scrupules bon bé fait gaffe avec tes griffes
le chien lui monte dessus hé clebs, tu lui fait mal mais il faudrait que je la mordille un petit peu attention avec tes griffes je sens mon haleine
lui dis-je en m’assoupissant
ma langue est démesurée
elle se balade dans mon palais à la manière d’un Alien mon visage est contracté cocon sans pouvoir ouvrir les yeux empâté de glue
je ferme ma bouche énergétiquement 76
un hurlement quitte alors la chambre Courrier me roulait un patin avec mes doigts je découds mes yeux en séchant calcifiée sur mon visage
la bave s’est
un événement monte en moi mon ventre se contracte
mon vieux locataire fait encore parler de lui ma rage de dent
a quoi tu pense me dit la grosse en se réveillant brusquement a toi et toi gêné
lui dis-je après un long moment de silence
pfff dégage petit con me ditelle en quémandant un petit bisou à Courrier
77
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sur chacune des marches de l’escalier quelqu’un a tagué des lettres en rose nousvousremercionsdevotrevisiteetnousvoussouhaitons unebonnejournée
le marché aux esclaffes
78
un sac ouvre la bouche ça grouille l’attente un tchador la bouche d’un SDF broie cette chaleur inouïe une chemise orange un petit vieux et son chien la calvitie de ce black je crache en direction d’un type nous nous dévisageons là c’est vrai je l’ai cherché mais quelque part ça m’amuse mon coeur devient chaud c’est dilatant inondant je tente de dilater mon ventre je ne sais à quel moment le premier coup partira je dissimule mes envies frapper mon coeur se déplace dans mon coeur mes organes battent jouent ma peur triste devient subitement joyeuse mon attention se détourne vers le jus de pastèque collant de ma table une rafale de vent vient y poser son pouce les seules ombres sont les noyaux de pastèques collantes que j’ai craché ma bouche est un plein soleil
eux ils s’aiment sur un bout de rue ils s’embrassent étalent leurs langues puis se quittent je suis sûr qu’au moins un des deux n’ose pas avaler sa salive par amour
79
la durée de 45677 feux tricolores à Paris j’ai tout archivé dans un petit carnet je me tiens à la disposition des historiens urbanistes
de viens
je
fixe un à
80
un
ces
trottoir
moucherons le bruit des chaussures sur le ha eux
un homme en noir passe raide a tout moment il peut se briser en deux au dessous du panneau de signalisation STOP le bitume ronge la partie innervée du métal un type avec une pochette bleue regarde l’heure à son poignet une mémé se place dans l’ombre du panneau de signalisation un triangle 81
d’ombre se déplace sur son dos son vieux lui glisse son bras sous son coude ce couple à la tête penchée m’intrigue ils disparaissent pour toujours un couple plus jeune apparaît l’un est en survêtement et l’autre porte une veste jaune mauvais assemblage dans un pot en béton de l’herbe vorace mange une pousse de palmier c’est embêtant une femme aux cheveux fins frisés fume en buvant son café ça sent le feu de broussaille derrière elle un bonhomme lit le journal un habitué à en juger sa décontraction un camion bouche la vue numéro un de la location d’utilitaires 100T300 ce rideau de scène s’en va la Citroën dont le rétro est scotché une Mercedes Benz noire et un petit type moustachu à l’intérieur une femme se tenant le menton un autre moustachu dans une estafette une femme en T shirt bleu rentre dans le laboratoire d’analyse bonne nouvelle que des voitures blanches ou noires un type au t shirt vert sous le panneau de cédez le passage il enlève son cadenas un bruit de métal il démarre au Kick je ne veux regarder que la couleur un siège rouge l’enseigne du bar de la place bordeaux le rouge à lèvre de la femme dans sa Renault le bleu et rouge du panneau de signalisation interdit de stationner sauf transport de fond la pochette bleu claire du type beige une voiture rouge et son petit conducteur un ratatiné un rs rottoi t s e l 82 r înent su a r t i u q x que ceu ils n’ont jamais autant de personnalités
camb rés ja u nes
je suis bien assis à la verticale des gens me déplaçant en eux à la limite de ma vision
bouffis creusés par une empreinte
fanion attaché au rétro d’un supporter de FC Barça une chemise bleue des lunettes pendouille devant bleu et jaune feux clignotants un sapin déodorisant dans la Clio chaussures marron C plaques d’immatriculation des deux scooters à gauche le doré des lettres du monument aux morts le trait du logo de la Caisse d’Epargne une écharpe verte la veste bordeau le soleil une vieille et son cabas une autre en contrebas partout RIE Charcuterie un homme essuie ses yeux avec un kleenex je désire du cobalt ce rouge coup de téléphone de mon ex idiote bruit de scooter à fond un utilitaire jaune la poste rouge aussi jaune il ne manque plus que le bleu le ciel ça ne compte pas le flux s’intensifie un utilitaire bleu Mercedes un flic sur son scooter un mec ouvre la porte de la caisse d’épargne
op ula ire
je vois mon passage
p
a
lés o uré
une rue que je ne reconnais plus
s ls cour û o s t debou par le se arqués b s m e r e b t ar les camions poubelles e les entô r i t n b o c s s a é l y ces encyclopédies du passage ate appu m ces 83
je suis le centre d’une infinité de centres sans périmètre tout ce que je vois émane de moi s’il me fallait définir un périmètre c’est seulement pour pisser dans la cuvette des toilettes
allumette fournie dans l’Edition De luxenum
érotée
érotée
num
84
de ur s s e ez po ca rè ur ch e n t at ap ra ag e e en n r ill ar p er t m le e r i u i le b tte la u qu fe n el ita ce éc la cra la ur ér at v us té e ez i n sa vo ssi t d ard ss er ce an g e au uv né av e r le ro s ai tt ée el et m me iss t t- e r llu fro fai e d v l’a r e i l ê r vo oi e l’a qu elle gn e ta os se ur u’ on ch is po e q m le fro rc u de se la pa ne e on aî un u’ ch qu’ q e un end re tt êt n’a le el
85
un calme cerné d’un enclos ’onde rides d’eaux
86
13 octobre « C’est inné je ne suis certain de rien pourquoi foncer tête la première bien mal m’en a pris et ne me prendra plus mon chemin est déjà tracé j’en suis intimement convaincu à quoi bon se morfondre dans de vaines certitudes je me sens balloté dans le courant d’un fleuve surtout surtout ne t’emporte pas me dis-je avant l’achat impulsif par correspondance d’une figurine en résine grandeur nature de lui 25 octobre livraison je le considère aussitôt comme un encombrant rival je suis dans la peau d’un meurtrier qu’aurait fait à ma place Guy Georges comment me débarrasser de cet imposant volume sans éveiller le soupçon de la concierge de l’immeuble je ne me fais pas à cet intrus impossible les personnages jouent avec moi c’est terriblement douloureux je veux me clore être simplement je sens un emballement
5 février lassé par mes tergiversations 4 h du matin en état de choc parce que reposé mon cerveau brusquement se connecte autrement j’entends des cliquetis je suis tordu espérant que ça s’arrête le noir de la chambre me prend pour me rétrécir dimanche matin 6 février
87
je constate qu’il prend une place démesurée dans mon petit salon dans ma vie oh oui je me sens cet autre je me suis fait un ami
10h ting
cr
mon cerveau fonctionne mal cr cr cr
le tuyau dans le coin gauche de ma chambre s’est comporté comme une corde de cithare il résonne encore de l’impulsion des sons de cloche de 10h à présent
je n’ai plus aucune colère
angoisse
calme papier toilette
88
tout est eau trempé refroidi j’ai peur du calme j’ai hâte de me refaire de puiser dans les Stooges
rien ne se fixe à moi ce rien rêvé des moines je me réveille brusquement autre
89
à 30 pas d’eux
soit 2000 fois la hauteur de cette feuillle
DNOG ! …… :
;,
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. ;;;;… DOGN ! …. !! ! .
?!.. .
…. ..
;.. ;;;… !? DGON ! 90
…
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DGNO ! ;;; … GDNO !
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? GDON ! ;
: ,,
…… ; GODN !......,,,,; GOND ! ; ; ;. : D!NGO
,,
;
;; . j’aspire une dernière bouffée à faire éclater mes poumons 91
j’éclate la vitre avec mes boots je sors comme si la caisse était au fond d’un lac je retiens mon air
l’air est anxieux
solide par endroit
un morceau est posé là pour se reposer
un vieillard son cou est fait de lianes toutes les dix secondes sa tête sur le côté sursaute un bûcheron attaque son cou inconscient anesthésié il sourit tendrement sans un mot nous nous regardons la machine à café antique balbutie des sons de nouveaux nés
92
j’aime ce type qui ne gomme pas mais qui détruit qui rature minutieusement les romans et verse des bouteilles de cocacola sur les plots en béton avec l’argent de la manche
je dois tout arrêter pour un moment
93
j’écoute Après la pluie d’Erik Satie beau j’en ai un mal de crâne inouï magnifique conflit 94
c’est si quel
écoutez Gymnopédie n°2, Après la pluie d’Erik Satie 95
tournez les pages avec votre souffle 96
afin d’inhaler le petit microbe que j’ai glissé entre chaque page 97
ressentez Ă prĂŠsent les petits picotements dans votre gorge 98
les mêmes que les miens à présent angine
99
je suis en vous
100
trois quatre jours savourez
reprenez la lecture demain 101
je m’allonge sur le lit me couvrir la face
je regarde son sommeil
je vois de quoi est constitué mon cerveau des milliards de fils étendoirs à linges sur lequels des éclairs électriques de différentes couleurs pendent
la poussière qui en sort m’habille je me rase ou pas
virgules mes doigts
je suis encore fait ce matin de chiffres à tu n’es qu’un silence au bout de
avec la cuillère je tourne et carillonne sur la tasse on est tous à l’usine au moins ces quelques secondes par jour en effectuant ces gestes
éclairé de l’intérieur feuilles 102
ouvert au mouvement des
20h je suis réveillé par le freinage en urgence d’un camion il y a la trace de pneu sur le plafond un camion a percuté la glissière de sécurité du mur droit sans un accro c’est bien plus beau qu’un ciel étoilé
un commencement ère le cercle devient anguleux
je ne suis qu’un outil affectif de la matière
103
au coeur de ce sentiment d’abandon
mon cerveau est autre j’entends des cliquetis je pourrais crever c’est violent je suis tordu espérant que ça s’arrête mon cerveau à la manière d’une vieille opératrice téléphonique se connecte d’un coup autrement a certains moments je ne sens plus la vie la mort la violence rien je connais le son de ces reconnexions dans le cerveau petits cliquetis dans une pièce insonorisée
le jour est encore une boule de poils remplie de minuscules bactéries
une grosse dame fait une lessive à l’ancienne dans mon estomac
104
elle est revenue bruit de fond dans ma tête je préfère en fin de compte ma tristesse cette humidité c’est beaucoup plus silencieux elle prend le soleil dans le jardin son sourire mange ses pommettes son front ridé se ferme et s’ouvre mâche quelque chose sûrement une pensée
a ce stade d’écriture j’ai mis le manuscrit dans différents sacs je les ai glissé dans le congélateur à la manière des gens qui tuent puis regrettent deux jours plus tard en le sortant je suis surpris du non effet de mon geste
en lisant un tel visage
tout devient possible 105
il dépose quand même la soucoupe à ma table je regarde ses doigts noirs crasseux cassées sont recouvertes de sourires
les olives
qu’était le premier son sans doute un arrachement de contraires
bruissement de silence la légère avancée perpétuelle des grains de sable d’une dune
Lola m’escalade dans un seul but celui de ’onde vibratoire fossile
septembre
éclairé de l’intérieur mon corps déambule en moimême
106
si seulement j’étais l’infini du solo de guitare du titre 10.15 Saturday Night de The Cure
j’suis un petit ballon crevé que les chiens attrapent avec leurs gueules et je suis aussi l’acharnement des chiens dévorant le ballon
quelles sont les limites de l’univers
ma peau plonge dans la peau
107
plié un million de fois
dispar-être air
dieu céleste je caresse la chevelure blonde des cieux je vais où bon me semble je sais à présent de quoi je suis fait une symphonie l’air me traverse je suis l’air au centre et là tout a disparu dans les particules j’entends les cils vibratoires de l’univers je baigne je vais vers vous vous venez vers moi mes amis je ne suis que la palpitation d’un coeur vous comprenez je sais ce qu’est le centre aimer ces particules transparentes au centre de la matière c’est délicieux bonjour messieurs et mesdames
minuit
y’a à peine une fraction de seconde
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j’étais au sommet de la tour Montparnasse sur la rambarde
à l’aise iguane
et je suis subitement redevenu homme lorsque des agents de sécurités affolés ont couru vers moi
ne savaient-ils pas ce que j’étais d’y’eux
j’ai perdu
l’équilibre
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je plonge dans l’infime surface de l’eau pour mourir
l’encre
dans le sol
m’ouvre au
tout cela n’est finalement que deux branches de noisetiers
mouvement intime des feuilles 110
t fr么len e s i qu
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d’oÚ je suis les visages qui me regardent sont moi
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sentikar@club-internet.fr