PROCHAIN ARRÊT... «NOISY-CHAMPS»
KEVIN PLÉNEL TRAVAIL DE FIN D’ÉTUDES 2018/2019
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SOURCES :
En l’absence de mention de source, toute illustration, photographie, cartographie est un document personnel. 2
COMPOSITION DU JURY Président du jury Lolita VOISIN
Professeur et directrice du Département Paysage de l’INSA Centre-Val-de-Loire
Professeurs encadrants Jacqueline OSTY
Paysagiste DPLG et professeur en projet de paysage de 3ème année.
Vincent THIESSON
Architecte, concepteur lumière et professeur en cours de lumière de 3ème année.
Personnalités extérieures à l’école
Une personne représentant la maîtrise d’ouvrage Une personne reconnue pour ces compétences professionnelles Un ancien élève de l’école 3
MON FIL DE PENSÉES DE TFE
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La trame de mes réflexions durant cette année de Travail de Fin d’Étude se décompose en 4 étapes. À partir de mes interrogations personnelles, une première question se dessine : «Être habitant d’une banlieue de Paris, que cela représente-t-il ?». Liée à mon enfance, aux territoires dans lesquels j’ai vécu et grandi, cette question a mûri tout au long de ces 5 années à Blois. Alimenté de mes expériences, de me voyages quotidiens, de mes lectures, le TFE me semble être une opportunité pour répondre à mes interrogations et développer une réflexion sur les multiples enjeux des tissus périurbains.
Par la suite, une troisième question s’avère pertinente: «Être habitant à proximité du RER A «Noisy-Champs», que cela raconte-t-il ?». Il me faut choisir un site accueillant une gare du GPE et un chantier sur plus d’une décennie. La gare emblématique «NoisyChamps» présente une situation territoriale à forts enjeux. Le site est vaste et sa réserve foncière est préservée. Il recouvre de nombreuses problématiques actuelles sur des banlieues en difficulté. Le projet urbain est ambitieux.
Puis, une deuxième question se présente : «Être habitant à proximité d’une gare du Grand Paris Express, que cela signifie-t-il ?» Le projet pharaonique du Grand Paris, dans lequel s’investit l’État, engendre la construction d’un nouveau réseau ferré, le Grand Paris Express (GPE). Ce «Projet du siècle», est l’assise de vastes programmes de renouvellement urbain, et il me semble intéressant d’associer mon travail à cette dynamique urbaine. La question des identités locales, au coeur de ces banlieues soumises à de subites transformations, est centrale.
La question initiale de l’identité urbaine locale mêlée aux problématiques et enjeux du projet du Grand Paris ancrée sur le territoire de la gare de «Noisy-Champs» me mène à vous présenter mes intentions de projet. Il s’agit de révéler l’histoire du site, de rendre lisible les repères, de faciliter l’appropriation des lieux par les habitants afin que ces derniers puissent saisir leur territoire et le transformer à leur manière. Pour cela, il m’est important de réfléchir à la question des espaces publics, de leur statut, de leur usage, de leur temporalités et de leur écriture.
HABITER UNE BANLIEUE DE PARIS La question de l’identité locale dans la métropole
HABITER À PROXIMITÉ D’UNE GARE DU GRAND PARIS EXPRESS L’ancrage des nouvelles centralités aux territoires ( unité et singuralités )
HABITER À PROXIMITÉ DU RER A «NOISY-CHAMPS» L’histoire de noisy-champs étroitement liée à la campagne
MISE EN RÉCIT DES TENSIONS HISTORIQUES VILLECAMPAGNE À NOISY-CHAMPS PAR UNE ÉCRITURE AGRICOLE DES ESPACES PUBLICS DE LA NOUVELLE CENTRALITÉ Habiter le territoire de Noisy-Champs
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HABITER UNE BANLIEUE DE PARIS LA QUESTION DE L’IDENTITÉ LOCALE DANS LA MÉTROPOLE «COMMENT T’IDENTIFIES-TU ?»
LA TRAÇABILITÉ : s’identifier en fonction de ces voyages quotidiens. LE CENTRE-VILLE : s’organiser autour de noyaux urbains, de centralités. LA POSITION : se situer par rapport à Paris en utilisant des repères communs. LA PHYSIONOMIE : difficulté à appréhender la complexité des paysages urbains.
La notion d’IDENTITÉ URBAINE est complexe. Elle est la résultante de multiples processus à travers nos expériences urbaines. Dorothée MARCHAND et Karine WEISS chercheurs en psychologie sociale ont rédigé un article intéressant «La crise de l’identité urbaine : Stéréotypes spatiaux et mise au ban de la ville». Elles distinguent l’identité sociale et l’identité du lieu qui alimentent cette notion d’identité urbaine. L’identité du lieu se construit de «façon dynamique en relation avec les lieux qui jalonnent l’existence de l’individu», PROSHANSKY (1976). Elle se fabrique par la relation entre un individu et son cadre urbain, une expérience 6
corporelle quotidienne dans l’espace. L’identité sociale est une «composante de l’identité résultant des interactions entre l’individu et son environnement social» (TAJFEL, 1972), c’est le rapport d’une personne dans un groupe d’individus. Autrement formulée, la problématique n’est-elle pas la suivante ? L’identité, est-elle le lien entre l’organisation de l‘espace urbain et le sentiment d’appartenance à une communauté urbaine ? La notion d’identité engendre un processus mêlant les représentations collectives du territoire, les valeurs et les significations projetées dans cet espace, et l’appropriation des lieux qui peut engendrer un sentiment d’appartenance à une terre.
LE CENTRE-VILLE Dorothée MARCHAND et Karine WEISS
«La crise de l’identité urbaine : Stéréotypes spatiaux et mise au ban de la ville». 2006
Francis BEAUCIRE et Xavier DESJARDINS «Centralité, polarité, nodalité» sur le site internet «Cités, territoires et gouvernance» Décembre 2014
LA TRAÇABILITÉ Le terme est utilisé par Paul VIRILIO et Raymond DEPARDON, dans leur exposition intitulée «Terre Natale: Ailleurs commence ici» (en 2008). Ils introduisent la notion d’identité de mouvement en invoquant le rapport sédentaire/nomade dans lequel nous serions quotidiennement confrontés. «L’identité a fait place, aujourd’hui, à la traçabilité : l’individu devient son trajet». Leur propos explore principalement les migrations mondiales et les exodes causés par les bouleversements planétaires. Il semble intéressant de faire le parallèle avec le phénomène croissant des migrations pendulaires dans les milieux urbains. Ces identités de mouvement questionnent. Comment les explorer, les définir, les révéler ?
La notion de CENTRALITÉ urbaine me semble importante à déchiffrer. Elle rentre aussi dans le vocabulaire des deux écrivaines en psychologie sociale. Selon elles, «le centre-ville joue un rôle central et organisateur dans la représentation collective». La forte concentration de repères urbains, politiques, sociales dans les centres-villes permet de facilité l’appropriation du territoire par les habitants. La densité du bâti, des flux, des services mêlés à une mixité sociale et des espaces de convivialité permettent aux citadins d’organiser leur stabilité et leur mobilité. Les centres-villes, tels qu’on les perçoit, jouent ce rôle fondamental. Une question peut légitimement se poser : les attentes et les fonctions du centre-ville, telles qu’on les appréhende en Europe, peuvent-elles se dupliquer à travers l’émergence de nouvelles centralités ? Les termes POLARITÉ ET NODALITÉ semblent apporter des précisions sur la définition de la centralité. Le noeud est un point de rencontre entre des lignes de réseaux différents. Il a la capacité à organiser l’ensemble des mobilités et de combiner les échelles de connexion. Une nodalité articule les lignes de transports, absorbe et redistribue les flux de voyageurs. Le pôle est l’extrémité d’un aimant qui attire le pôle opposé. C’est un lieu qui attire et concentre les flux de personnes et de biens. La polarité peut se mesurer par une quantité de flux, alors que la centralité «repose sur la DIVERSITÉ et l’ABONDANCE des hommes qui font société et celles des fonctions qui font l’économie». 7
PAYSAGE URBAIN ENTRE MA MAISON ET LA GARE 8
LA POSITION ET LA PHYSIONOMIE
HABITANT D’UNE VILLE DE BANLIEUE PARISIENNE, QUI SUIS-JE ? Je suis né et j’ai vécu toute mon enfance à Fontenayaux-roses, une commune située dans la banlieue sud de Paris à 4 kilomètres de la capitale. Ma ville est accrochée à la petite branche «Robinson terminus» du RER B dans la zone 3. Elle est directement connectée au centre historique de l’agglomération parisienne. Vous remarquerez que dès les premières lignes je vous parle du Réseau Express Régional Île-de-France et du positionnement de ma ville par rapport à Paris. Cette courte description est révélatrice du processus d’ancrage territoriale des habitants de l’agglomération parisienne et de son langage. Pour que vous localisiez Fontenay-aux-roses, je mets en avant quelques repères forts, intériorisés par l’ensemble de la population francilienne. La lettre du RER en est un premier, le schéma radio-concentrique du réseau ferré et ses zones définies par rapport à la distance avec la capitale en est un autre. En effet, hormis les habitants ou les usagers quotidiens du territoire sud de Paris, peu de gens connaissent la ville de Fontenay-aux-roses. Intégrée dans un vaste tissu urbain à dominance pavillonnaire, ma ville se démarque peu des autres. En revanche, presque tout le monde emprunte le RER. À travers ces quelques mots, « 4 kilomètres à vol d’oiseau de Paris », mon père semblait affirmer l’importance d’habiter près de la capitale.
Je me considère habitant de la banlieue parisienne et non de la périphérie de Paris. Le premier terme est bien plus courant dans les paroles des citadins que celui de périphérie qui se rapproche plus du discours des urbanistes. Ce qui me semble différencier ces deux termes est la notion de proximité avec la capitale. La banlieue est l’ensemble des premières couronnes englobant Paris, tandis que la périphérie définit des territoires plus éloignés du centre urbain. Malgré la richesse des situations construites dans la vaste région habitée du Grand Paris, je vous parle de banlieue au singulier. J’ai sûrement tort de réduire le tissu urbain englobant Paris en une seule entité, mais la complexité des situations urbaines permet difficilement d’appréhender les territoires et de les identifier. Mon discours alimente peut être un phénomène de «lissage» identitaire. Mais qu’est-ce qui différencie ma ville des autres communes autour de Paris ? Certes, quelques villes se différencient plus aisément des autres de par les images qu’elles renvoient propres à elles et reconnues de toutes et tous (Saint-Denis et le stade de France, Nanterre derrière l’arche de la Défense etc). Quelles différences entre Fontenay-aux-roses et les villes adjacentes ? Châtillon ? Plessis-robinson ? Il y en a peu. Enfin, il en existe certaines, mais elles sont peu révélées, affirmées et intégrées par les habitants. 9
Fontenay-aux-roses
L’ARRIVÉE DU RER B EN GARE 10
MES VOYAGES QUOTIDIENS DANS LE RER Je suis resté une longue partie de mon enfance dans la ville de Fontenay-aux-roses. En avançant dans l’âge, mes excursions à Paris furent plus nombreuses et ma relation avec la capitale s’est forgée. La semaine et le weekend, je faisais partie de ces migrations pendulaires qui rythment la vie de la capitale. À l’inverse, je me déracinais petit à petit de ma ville d’enfance. J’ai rapidement pris conscience de la dépendance que j’avais avec Paris, ses activités, ses services et ses transports en commun. Je me sentais plongé dans cette masse humaine aimantée par la ville centre. Parallèlement, tout au long de ma jeunesse, je n’ai cessé de parcourir ces multiples territoires entourant la capitale française. Marcheur, explorateur et usager de la ville, j’observais ces lieux, ces diverses situations urbaines dans un état de curiosité, à la recherche d’indices, de petits détails pour appréhender ces innombrables banlieues aux paysages si embrouillés, parfois énigmatiques mais aussi mystérieux. Tout comme bon nombre de citadins, ma vie était animée par ces petits voyages quotidiens. C’est une drôle de sensation que de prendre le RER. Plutôt des sensations. A la fois inconfortable lorsque le wagon est bondé période canicule, le voyage peut prendre une forme agréable lorsque j’y trouve refuge l’hiver et que je contemple les nuits de l’agglomération parisienne. Aujourd’hui, la majorité des voyageurs ont
leurs yeux rivés sur leurs smartphones. Peu d’usagers s’observent. Certains ont le regard tourné vers les fenêtres. Transparence de la vitre sur l’extérieur et ses imaginaires, effet miroir sur l’intérieur et ses réalités. Je faisais partis de ces dernières personnes, j’observais les mêmes paysages tous les jours, les mêmes séquences défilées le long du RER. Ces voyages quotidiens peuvent évoquer un imaginaire. La banquette du RER peut devenir un espace-temps de rêverie, où l’anonymat et l’individualité priment sur la rencontre et la convivialité. Je peux alors flâner dans mes pensées, contempler les villes défilées ou rêver d’un ailleurs. C’est par le RER que j’entrais dans Paris. Mais quelle était la porte d’entrée ? Ma station de RER à Fontenayaux-roses ? La porte du wagon ? Les tourniquets de la RATP ? Les bouches du métro parisien ? Le discours de Richard SCOFFIER sur « la Porte » dans sa conférence au Pavillon de l’Arsenal est intéressante. Ce lieu de passage, d’entrée ou de sortie, pas forcément visible mais qui peut être intériorisé, je le traversais tous les jours. L’entrée n°2 de ma station de RER prend la forme d’une porte sur la métropole de Paris mais aussi sur le monde. À l’arrivée de ce voyage, je peux tout aussi bien être à Poissy RER dans les Yvelines, ou débarqué sur le parvis de l’aéroport de Tokyo-Haneda à l’autre bout de la planète. 11
Sommaire MISE EN RÉCIT DES TENSIONS HISTORIQUES VILLE-CAMPAGNE À NOISY-CHAMPS PAR UNE ÉCRITURE AGRICOLE DES ESPACES PUBLICS DE LA NOUVELLE CENTRALITÉ
Mon fil de pensée du TFE
p.04
Sommaire Introduction Postulat et démarche
p.06 p.12 p.14 p.16
Habiter une banlieue de Paris
1
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Une histoire métropolitaine
(p.18_p.43)
1. RETOUR HISTORIQUE - CERNER LA RELATION ENTRE PARIS ET SES BANLIEUES Paris et ses campagnes Paris et ses satellites
p.20 p.22
Habiter à proximité d’une gare du Grand Paris Express
p.26
2. CONVERGENCE - SAISIR LES ENJEUX DU PROJET DU GRAND PARIS
(p.28_p.37)
Noisy-Champs une porte sur la métropole Gouvernance étatique, le remaniement s’impose Casse-tête institutionnel sur une frontière de la MGP Deux villes et un destin commun Accompagner les transformations du territoire en orchestrant sa mise en récit La double hélice de la gare GPE de Noisy-Champs Densification sur la ceinture métropolitaine
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(p.20_p.25)
p.28 p.30 p.32 p.34 p.35 p.36 p.37
2
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Une histoire agricole oubliée
(p.38_p.91)
Habiter à proximité du RER de Noisy-Champs
1. LA SITUATION GÉOGRAPHIQUE DE NOISY-CHAMPS ET L’HISTOIRE DE SES LIEUX Un entre-deux géographique Un glissement vers la Marne Des villages agricoles L’arrivée du tramway à Noisy-le-Grand L’arrivée du RER et de la Ville Nouvelle Une association ville-campagne : à la recherche d’un idéal La figure des grands-ensembles 40 ans plus tard Des témoignages d’habitants de la Noiseraie
2. LA MORPHOLOGIE DE L’ENTRE-DEUX ET LA TRAME URBAINE DE NOISY-CHAMPS
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Un enchevêtrement des villes sur un territoire boisé Un couloir géographique et trois situations urbaines Séquence 1 - Grimper les courbes du coteau Séquence 2 - Remonter le couloir urbain Séquence 3 - Arpenter les boisements Des quartiers défavorisés et enclavés Une organisation urbaine autour d’un délaissé La générosité de la trame d’espaces publics et convergence vers la gare du RER A Le double visage des espaces publics à Champs-sur-Marne L’amorce d’une nouvelle centralité : un premier périmètre Une vie de quartier qui s’articule difficilement autour des gares de Noisy-Champs La composition de la frontière entre les quartiers
Une mise en lumière de l’histoire Habiter le territoire de Noisy-Champs
p.40 (p.42_p.57) p.42 p.44 p.46 p.48 p.50 p.52 p.54 p.56 (p.58_p.89) p.58 p.62 p.64 p.66 p.70 p.74 p.76 p.78 p.82 p.86 p.88 p.90
(p.92_p.107) p.94
La capacité de l’entre-deux à faciliter la lecture des lieux Horizon 2035 - une temporalité au service d’un système urbain Une ouverture des quartiers sur l’entre-deux et un étirement des espaces verts L’amorce d’une toile urbaine territoriale : la mise en réseau de 4 premières portes Entre la Place de la Cité et la Place de la Butte Verte Entre les Placettes de la Dalle et la Place des Étangs
p.96 p.98 p.100 p.102 p.104 p.106
Perspectives Biliographie
p.108 p.110 13
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UNE ARCHITECTURE DES GRANDS-ENSEMBLES Des silhouettes tremblantes s’élèvent, un étirement troublant Une volonté de s’extraire du sol dans une quête de hauteur Des pieds démesurés et pourtant un équilibre précaire Une relation à la terre qui s’aminscit. Jusqu’où irons nous ?
Alberto Giacometti «La Forêt»,
57 * 61 *47.3 cm 1950, bronze patiné
INTRODUCTION Habitant d’une banlieue de Paris, je vous ai fait part de mes curiosités, de mes interrogations, de mes affinités avec les territoires urbains autour de Paris. De nombreuses lectures sont venues alimenter mes réflexions sur une déclinaison de sujets qui me passionnent. Les préoccupations actuelles concernant le devenir des territoires périurbains sont nombreuses. Les villes ne cessent de s’étaler, l’artificialisation des sols augmente constamment, ces «villes génériques» se reproduisent de manière identique et systématisée posant la question de l’identité et de l’ancrage territorial. De plus, la qualité des formes urbaines produites interroge le devenir des liens sociaux... Dans ces tissus, de nouvelles formes d’espaces publics émergent. En partant de l’idée que l’espace public est le ciment de la ville, le lieu où le social s’articule sur le spatial, il me semble intéressant de requestionner le statut, la raison d’être et les modalités d’existence de l’espace public face aux nouveaux enjeux sociaux et environnementaux.
Mon mémoire de TFE s’organise en trois grandes parties. Dans un premier temps, par un retour historique, je cherche à comprendre la relation entre Paris et ses banlieues pour y trouver des clés de lecture de la situation métropolitaine actuelle en terme de gouvernance et d’intérêts politiques. Ce bref aperçu permet de mieux cerner les problématiques et enjeux actuels du projet Grand Paris. En fin de première partie, je vous présente la future gare «Noisy-Champs» du GPE et son projet de territoire autour desquels je souhaite réaliser mon projet de TFE. Dans un deuxième temps, je vous dresse un rapide portrait du territoire abritant le périmètre de mon projet de TFE. J’explore son histoire, j’examine sa situation métropolitaine puis j’avance dans les échelles d’observation pour visualiser mon périmètre de projet. Dans une dernière partie, je développe mes premières intentions de projet consistant à une écriture agricole des espaces publics de la nouvelle centralité et une mise en réseau des trames urbaines existantes supports de singularités. 15
POSTULAT ET DÉMARCHE Réaliser mon projet de TFE dans une banlieue parisienne me semblait complexe pour plusieurs raisons. Première difficulté, pour analyser un territoire urbain dans l’agglomération de Paris, il me fallait décortiquer sa situation métropolitaine et son influence en terme de gouvernance globale et locale. Deuxième difficulté, le contexte dans lequel baigne l’agglomération parisienne est une particularité nationale. Le «projet du siècle» du Grand Paris est remis au goût du jour depuis plus de 10 ans dans les discours politiques. La situation avance lentement de par la difficulté de la gestion d’un tel projet sur le long terme (2035), mais les travaux ont démarré. Le discours politique top-down portant ce «projet du siècle», pose la question de l’adhérence du Grand Paris Express sur les territoires qu’il traverse. Le projet étatique présente autant de risques que de potentiels capacités de développements urbains. Il peut à la fois s’inscrire dans la continuité des projets territoriaux qui s’appliquent depuis les années 1960. Lancés par des grandes et généreuses intentions, les transformations de territoires peuvent s’avérer décevantes dans leurs résultats. Partant d’un programme pour l’appliquer sur des sites, le projet du Grand Paris Express porte une volonté d’unité de l’ensemble des gares et de leur 16
parvis... Les programmes de construction de bureaux et logements aux abords des gares se ressemblent et répondent à une logique économique... Le projet peut au contraire faire rupture avec le schéma classique de la fabrique de la ville, en réinventant des alternatives en termes de gouvernance métropolitaine et de construction urbaine. Le devenir des parvis des gares du GPE, condisérés comme de nouvelles places urbaines, entre en résonance avec la question de l’espace public autour de ces architectures. Une réflexion sur les usages et leurs appropriations (adaptabilité), sur les différentes temporalités de ces lieux, leur accessibilité, leur lisibilité et leur matérialité doit être faite avec finesse et doit être confrontée aux diversités des contextes urbains. Les gares, «embarcadères porteurs d’imaginaires» telles que les décrivait Victor Hugo, et les nouvelles trames urbaines peuvent être les catalyseurs de territoires divers et singuliers porteurs d’identités plurielles et partagées.
J’ai tout d’abord douté dans mes capacités à intégrer un projet d’une telle envergure, qui se pense depuis des siècles et qui s’accélère cette dernière décennie. L’engagement du projet et son avancé aujourd’hui accentuaient mes hésitations. Les chantiers sont en activité, les maîtrises d’œuvres ont déjà répondu aux appels d’offres, quelques plans d’aménagement sont déjà validés. Je ne me positionne pas contre le Grand Paris Express. Je ne souhaite pas refaire le travail déjà effectué, et je n’en serai pas capable. Je désir plutôt apporter d’autres réponses, d’autres ouvertures ancrées au territoire de «Noisy-Champs» à travers mon regard étranger d’habitant d’une autre banlieue de Paris et étudiant paysagiste.
SCHÉMA 1 : LE PROGRAMME VERS LE SITE Les nouvelles centralités sont considérées comme des «pansements». Les programmes s’appliquent sur un site en fonction de sa réserve foncière. L’arrivée du projet sur le territoire peut être brutale si elle n’est dictée que par des intérêts économiques et politiques. Comment concilier l’intervention étatique et l’affirmation de la démocratie locale dans les transformations des territoires?
SCHÉMA 2 : LE SITE VERS LE PROGRAMME Les nouvelles centralités sont organisées comme des espaces de convergence des situations locales existantes. Elles affirment la volonté de faire avec l’existant, de révéler les singularités, d’apaiser les ruptures, et de fédérer les habitants sur leurs territoires. Dans ce schéma, les enjeux sociaux qui résultent des environnements urbains deviennent majeurs.
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Laurent KRONENTAL «les Yeux des tours»
2015-2017
Le photographe Laurent Kronental a réalisé une série de photographies des intérieurs d’appartements des tours Aillaud à Nanterre. Au coeur de la vie privée des habitants, il cadre ses photos sur les fenêtres, et à travers elles, sur le paysage fabriqué par les gratte-ciels. La série révèle la vision de la ville, de la vie dans les tours. Elle interroge sur l’héritage de l’urbanisme des Trente Glorieuses en France et de son vécu par les citadins.
1 UNE HISTOIRE MÉTROPOLITAINE .
Des régimes autoritaires aux nouvelles Républiques. L’histoire politique de la transformation des paysages des banlieues parisiennes et le projet de la gare du Grand Paris Express «Noisy-Champs». 18
19
Retour historique
ANCIEN REGIME 1784 -1789 Mur des fermiers généraux 1790 Création des départements 1790 Création du poste de Préfet de la Seine
Afin de saisir les enjeux actuels de la périphérie de Paris, il me semble intéressant de bien cerner la relation historique entre Paris et ses banlieues. S E C O N D
1.
E M P I R E
1840 Fortification de Thiers
Nomination du Préfet Haussmann
1851 Coût d’état, régime autoritaire
Soumission des municipalités Négation de la démocratie locale
REVOLUTION INDUSTRIELLE
1860 Développement industriel des banlieues Exode rural et classe ouvrière
1900 Exposition universelle à Paris
Inauguration du Métro parisien
SCHÉMA DE PARIS ET SES BANLIEUES AU DÉBUT DE LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE 20
.
PARIS ET SES CAMPAGNES La capitale a longtemps entretenu un rapport de domination sur ses banlieues. Sous les régimes autoritaires, Paris s’agrandit en annexant des morceaux de communes. Les limites de la capitale sont marquées physiquement par différentes enceintes. Le mur des Fermiers généraux, construit durant l’Ancien régime, côtoie brutalement les villages qui gravitent autour de la grande ville. Les fortifications de Thiers édifiées sous l’ère du Préfet Haussmann sont les limites étendues d’un Paris entièrement réorganiser. Sous le Consulat et l’Empire la particularité de la capitale est affirmée : le pouvoir est centralisé à Paris. Les instances étatiques jouent un rôle prépondérant dans la modernisation spatiale, technique et administrative du territoire au détriment des élus locaux. La municipalité parisienne devient une exception urbaine en France. L’appareil bureaucratique et technocratique de l’État ne donne que peu d’espaces aux structures de représentation locale.
L’ère industrielle a marqué une rupture dans la relation ville/banlieues. Les visages des périphéries sont bouleversés. Les premières infrastructures ferroviaires cisaillent des territoires urbains toujours plus étalées. Le monde horticole, champêtre se transforme en espaces industriels. Les corps de ferme se réhabilitent en usines, les maisons pittoresques dialoguent avec de nouvelles cités ouvrières. Le rapport de force s’est équilibré, la capitale ne peut plus nier l’importance de sa banlieue industrielle et ouvrière. Croissance démographique, exode rural, éclatement des banlieues, les structures des villes sont troublées. Les politiques prennent conscience, au début du XXème siècle, de l’importance de maîtriser la croissance de ces territoires. C’est les prémices de la planification territoriale.
J.-L. PALAISSEAU La Rotonde Ledoux aux portes de Paris Eau-forte aquarellée 22 x 31,5 cm 1819
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1920 Création syndicats intercommunaux. Banlieue rouge, parti politique PCF
1928 Loi Loucheur, construction Habitat Bon Marché 1934 Plan Prost, structuration de l’agglomération 1940-1950 Définition d’une idéologie urbaine 1950 Création du FNAT
PLANIFICATION TERRITORIALE
1950 Création des HLM 1961 Nomination de Paul DELOUVRIER 1965 Création de nouveaux départements (exception Paris)
1976 Création de la région Ile-de-France (IDF) SDAURIF Schéma d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région IDF Naissance de la municipalité parisienne
N IO
DEC EN TR AL IS AT
RIVALITES GEOPOLITIQUES 1977 Jacques Chirac, RPR, maire de Paris Basculement du contrôle policier de Paris au contrôle électoral Stratégies électorales, la banlieue passe progressivement à droite 2001 Bertrand DELANOE, PS, maire de Paris Confortation de son assise territoriale Reconquête politique de la banlieue 2014 Anne HIDALGO, PS, maire de Paris
SCHÉMA DE PARIS ET SES BANLIEUES À LA FIN DU XXÈME SIÈCLE 22
EPAMARNE
Vue aérienne du futur centre économique de Noisy-leGrand Mont-d’Est 1975
PARIS ET SES SATELLITES
Le début du XXème siècle et durant la période de l’entre-deux guerres, l’agglomération parisienne est soumise à une forte effervescence municipale. Dans les années 1920, de nombreux syndicats intercommunaux, soutenus par les municipalités, se mettent en place afin de rééquilibrer la différence de poids entre la capitale et ses banlieues, mais également avec les groupes privés actifs dans la reconstruction du pays. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, l’État entre dans une politique de nationalisation du territoire. Les désastres des deux guerres donnent légitimité au gouvernement pour contrôler la reconstruction du pays. Face à l’État, la banlieue rouge se constitue. Le parti communiste français, dans un contexte d’industrialisation a de nombreux fiefs en banlieue. Les politiques réfléchissent par ailleurs à l’aménagement de l’agglomération. Les premières lois d’urbanisme durant les années 1910 envisagent la fin de la rupture entre Paris et les banlieues. Le plan Prost de 1934 marque le début du temps des plans d’aménagements de la région parisienne. Une nouvelle idéologie urbaine se distingue, inspirée de la Charte d’Athènes, dans laquelle on observe une ambiguïté dans les frontières entre
l’appareil technique de l’État et la démocratie locale. Les compétences des gouvernements, s’orientent dans la prospective, la planification et la lecture technicienne du territoire. Le développement de l’agglomération parisienne, est marqué par un urbanisme de zoning. Le Fonds National d’Aménagement du Territoire (FNAT), créé en 1950 réserve une enveloppe financière dédiée à la construction des zones de grands ensembles. Les banlieues de Paris deviennent le support d’un fonctionnalisme à la française ancré au sein même des structures de décision. Le District de la région de Paris est créé entre 1950 et 1960. Paul Delouvrier est à la tête de cette institution. Le premier délégué est placé sous l’autorité directe du premier ministre. En coordonnant la politique de l’aménagement et de l’équipement du District, il devient le lien étroit entre l’État et la région de Paris. La capitale et ses périphéries restent sous tutelle étatique. 23
1. Photographe X
Réunion de travail en avec Paul Delouvrierles préfets des départements de la région d’Ile-de-France 1967
2. Yves LE ROUX
Chantier de la préfercture de Cergy-Pontoise 1969
3. Robert DOISNEAU
Environs de la gare Université, Créteil (Val-de-Marne) 1984
Face à la paralysie des structures institutionnelles, le District de Paris se charge d’appliquer le Plan d’Aménagement et d’Organisation Général (PADOG) afin de repenser la gouvernance territoriale de la région parisienne. En bénéficiant du soutien du président de la République, les attributions de Paul DELOUVRIER sont considérables. La politique de logement social de type HLM s’intensifie par la construction des grands ensembles répondant à la nécessité de loger d’anciens colons européens en Algérie dès l’Indépendance et la fin de l’occupation française en 1962. Le Schéma d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Île-deFrance (SDAURIF) est validé en 1976 (ancien SDAU de 1965). Il dessine une nouvelle charpente métropolitaine en organisant la création de 5 villes nouvelles reliées à la capitale par un réseau express régional (RER). Il donne le cadre de la structuration de l’agglomération parisienne pour quatre décennies. Dans les années 1980, l’État met en oeuvre une stratégie de décentralisation du pouvoir. La nouvelle délimitation des départements et de la région, et la nouvelle redistribution des compétences rééquilibrent les rapports institutionnels. La région devient un acteur majeur dans la gouvernance métropolitaine. Ses limites restent ambiguës car elle recouvre un territoire plus vaste que l’aire urbaine qui s’affirme comme les 24
prémices d’un Grand Paris. La municipalité parisienne retrouve, dès 1976, son image symbolique de pouvoir qu’elle avait perdue plus d’un siècle auparavant. La création de la charge de maire de Paris accentue sa visibilité. En 1977, Jacques Chirac devient le maire de Paris. Il se sert de cette position comme contre-pouvoir pour concrétiser son ascension politique nationale, en devenant président de la République en 1995. Les rivalités géopolitiques changent de nature. Le contrôle policier de la ville sous les régimes autoritaires décline en contrôle électoral. L’enjeu majeur pour les partis politiques est de contrôler la mairie de Paris. Sa visibilité et son influence sont une opportunité à saisir pour consolider son assise politique. La politique de décentralisation engendre la redistribution des compétences en terme de construction urbaine aux municipalités. Les conflits d’aménagement s’accentuent, ils deviennent les principaux enjeux électoraux. Depuis plus de dix ans, l’agglomération parisienne est soumise à de nouvelles rivalités concernant la gouvernance de la Métropole du Grand Paris. L’engagement de l’État dans ce projet, la force du pouvoir municipale de Paris, et la puissance des collectivités territoriales entraînent des crispations et des tensions politiques qui résident dans le «fait capitale» : Paris est un lieu de pouvoir.
1.
2. 3.
25
HABITER À PROXIMITÉ D’UNE GARE DU GRAND PARIS EXPRESS L’ANCRAGE DES NOUVELLES CENTRALITÉS AUX TERRITOIRES « NOUVELLE CENTRALITÉ, QUI ES TU ? QUELLE EST TA NATURE ET TA FORME ? » UN SCHÉMA CIRCULAIRE : le tracé GPE bouscule la relation historique Paris-Banlieues. UN RÉCIT DE BANLIEUES : Le tracé GPE devient un nouveau fil directeur d’une histoire métropolitaine. UNE STRUCTURE DE TRANSPORT : Le tracé GPE comme multiplication des mobilités. UNE GARE EMBLÉMATIQUE : La gare GPE comme le noyau d’une nouvelle centralité.
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UN SCHÉMA CIRCULAIRE
UN RÉCIT DE BANLIEUES
Le tracé des futures lignes du Grand Paris Express (G.P.E) semble dessiner un schéma territorial d’une périphérie moins dépendante de son centre-ville, plus organisée et optimisée. Le nouveau réseau ferré et ses 68 nouvelles gares portent la volonté de redynamiser les périphéries de Paris. Il favorise les déplacements de banlieue à banlieue afin de pallier au problème de congestion dans la capitale. Ces banlieues seront reliées les unes entre elles par un réseau de transport en commun circulaire, ne passant pas par Paris. Le projet du GPE est une opportunité pour ces territoires de retrouver une certaine autonomie en terme d’urbanité et d’identité locale.
Tout comme le Métro, puis le RER, le GPE deviendra un marqueur urbain commun. Ce futur repère est une nouvelle clé de lecture du Grand Paris. Le tracé du GPE, principalement souterrain, peut être le fil conducteur d’un récit métropolitain si les gares en deviennent les chapitres. Les territoires des gares doivent répondre à cette fonction, en saisissant la mémoire des villes et des habitants pour y redéployer l’histoire des lieux. D’autres supports de lecture territoriale sont en réalisation, comme le Sentier métropolitain du Très Grand Paris. Il me semble important de s’appuyer sur ces infrastructures pour dévoiler l’histoire de la construction urbaine de Paris et ses banlieues.
SCHÉMA DE LA REPRÉSENTATION RADIO-CONCENTRIQUE DE PARIS ET SES BANLIEUES, ET DU NOUVEAU TRACÉ GPE
UNE STRUCTURE DE TRANSPORT UNE GARE EMBLÉMATIQUE De quelle manière les comportements des habitants du Grand Paris vont-ils évoluer avec la construction du GPE ? Deux grandes orientations se dessinent. D’une part, les mobilités risquent de se multiplier. Les migrations pendulaires peuvent s’accentuer, et le phénomène de désancrage territorial peut également s’amplifier. En éclatant les limites des territoires, les déplacements quotidiens des citadins peuvent affirmer une identité de mouvement à une échelle métropolitaine. «Je suis usager quotidien de la ligne 15 du GPE «Pont de Sèvres Noisy-champs». Quelle image cet individu aura t-il des territoires qu’il traverse tous les jours ? D’autre part, les gares peuvent endiguer les déplacements quotidiens, et d’enraciner les habitants autour de nouveaux quartiers en concentrant une diversité de services et d’offres (commerces, emplois, équipements, administrations, etc). Ces nouvelles centralités seront le support de vies de quartiers stimulées, où règne un foisonnement d’identités locales tirant parti des singularités des territoires. L’association de ces deux échelles et de ces notions d’identités sur le territoire de la gare est primordial.
Trois types de futures gares du GPE sont prévues. Les gares en site contraint sont construites dans des tissus urbains denses, souvent proches de Paris. Les gares de nouvelles centralités se développent dans des territoires urbains et seront accompagnées de projets urbains plus ou moins vastes. Les gares emblématiques sont les pôles multi-modaux les plus attractifs en terme d’urbanisation, de flux de mobilité. La gare GPE de Noisy-Champs et son territoire sur lequel j’interviens dans mon TFE en est une. L’intermodalité de la gare sera forte, et le programme de renouvellement urbain associé à l’architecture centrale est ambitieux. Les intérêts politico-économique sont nombreux. Tout ces éléments déterminent l’importance de réfléchir à cette nouvelle centralité. 27
Convergence
Après avoir succinctement cerner l’histoire de la construction de Paris et ses banlieues et identifier les enjeux politiques en terme de gouvernance, je vous présente le contexte du projet du Grand Paris.
2.
GRAND PARIS EXPRESS
EPT GRAND PARIS - GRAND EST
MÉTROPOLE DU GRAND PARIS
MARNE-LA-VALLÉE
CA PARIS VALLÉE DE LA MARNE
NOISY-CHAMPS AIRE URBAINE DE L’AGGLOMÉRATION
N 0 28
5
10km
SCHÉMA DE LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS, DE SON NOUVEAU RÉSEAU FERRÉ ET DE SES NOUVELLES DÉLIMITATIONS INSTITUTIONNELLES
.
NOISY-CHAMPS, UNE PORTE SUR LA MÉTROPOLE Dans le cadre de mon TFE, j’ai fais le choix de travailler sur la future gare GPE de Noisy-Champs, située sur la limite communale entre Noisy-leGrand et Champs-sur-Marne. Cette «frontière» est également une limite départementale depuis longtemps. Elle sépare la Seine-et-Marne (77), à la Seine-Saint-Denis (93). Récemment elle est devenue la limite entre le «dedans» de la métropole du Grand Paris et le «dehors». Le tracé du nouveau réseau ferré et des nouvelles institutions publiques n’est-il pas la future frontière entre Paris et ses périphéries toujours plus lointaines? Mon site trouve une résonance dans cette dernière problématique. La position de Noisy-Champs est une porte d’entrée sur la MGP. La gare GPE deviendra à terme le terminus de la ligne 15, 16 du GPE et de la ligne 11 du prolongement du métro parisien. La première phase de travaux doit s’achever pour la cérémonie des jeux olympiques en 2024 en France. En 2030, Noisy-Champs devra accueillir le terminus de la ligne 16 provenant du nord de Paris. L’intégralité de la ligne 16 a 5 ans de retard. Ce temps long pose la question de l’accompagnement du chantier sur de longues temporalités. En parallèle de l’avancement des tunneliers et de la mise en place des lignes GPE, la construction des quartiers gares se réalisera. L’ampleur du chantier rend difficile l’appréhension de ces phasages et la concrétisation dans le temps du projet. Il est important de penser à la globalité du projet tout en accordant de l’attention au temps du chantier. Comment accompagner les habitants de ces territoires en transformation sur plus d’une décennie ? De nombreuses animations,
qu’elles soient pérennes, éphémères ou évolutives, sont censées investir les chantiers (projets innovants sur les abords des chantiers, visites et ateliers avec les écoles, événements festifs et performances artistiques). Concrètement, le chantier de Noisy-Champs a accueilli sur plus d’un an, une oeuvre éphémère de l’artiste français Alain Bublex. Il s’agit d’une cabine métallique jouant le rôle d’un belvédère, un point d’observation de l’évolution du chantier. Malgré cette intervention, le chantier reste opaque sur ces limites et conforte le caractère d’entre-deux du site. Le contexte de la gare Noisy-Champs est complexe. Le bâtiment voyageur de la gare GPE entrera en fonction en 2024. Les chantiers des quartiers gare seront en pleine activité. Les travaux des deux terminus dans les souterrains du site s’annoncent colossaux. La quantité de déblais à venir est importante. Elle est estimée à 45 millions de tonnes. Les matériaux, inertes ou pollués, seront évacués principalement par voie fluviale. Des usines de traitement, de recyclage et des lieux de stockage sont prévues. La gestion de ces déblais présente un fort coût. Il semble important de parvenir à réutiliser ces déblais sur les sites de projet.
L.16
NOISY-CHAMPS L.15 DEUX GRANDES TEMPORALITÉS DE LA TRANSFORMATION DU TERRITOIRE DE NOISY-CHAMPS
2024-2025
2030 29
GOUVERNANCE ÉTATIQUE, LE REMANIEMENT S’IMPOSE La capitale française et sa périphérie sont des territoires à forts enjeux économiques et politiques. La question de la gouvernance d’une telle agglomération est complexe. Le MILLE-FEUILLE INSTITUTIONNEL ET ADMINISTRATIF, provoque de longues et interminables prises de décisions, où les intérêts d’innombrables acteurs du territoire rentrent en conflit.
SUFFRAGE DIRECT
ETAT
30
T
SYSTEME DE REPRESENTATION LOCALE
présidente du conseil régional d’Île-de-France, Valérie PÉCRESSE, et le président de la MGP, Patrick OLLIER, ont des désaccords sur l’application du Schéma Directeur Région Île-de-France (SDRIF). La métropole gère les grandes opérations d’aménagements et l’action foncière d’intérêt métropolitain. Aujourd’hui on compte 134 PLU communaux sur le territoire de la MGP, demain C’est en 2008 que le débat sur le «Grand Paris» est relancé, sous la il y en aura 12 correspondant aux 12 établissements présidence de Nicolas SARKOZY. Les stratégies électorales menées par publics territoriaux (EPT). Bertrand DELANOE depuis son premier mandat à la municipalité de Paris (2001-2007) ont solidifié l’assise politique du parti socialiste dans les banlieues. Face à une forte opposition, le projet étatique du «Grand Paris et ses clusters» sarkozyste est abandonné. En revanche, la Société du Grand Paris (SGP), créée en 2010 et chargée de concevoir et réaliser le réseau de transport public du Grand Paris est maintenue. En 2014, le projet refait SPHÈRE DÉCISIONNELLE surface, cette fois-ci soutenu par le gouvernement socialiste de François HOLLANDE. Le projet est difficilement validé. Deux lois nourrissent le projet. La Loi MAPTAM, votée en 2014, propose la création d’une grande MODIFICATION ETATIQUE DU intercommunalité centrale. Soumise à une forte opposition locale, cette loi rebat les cartes de majorités électorales. La loi NOTRE, votée en 2015 et dans la continuité de la loi précédente, permet la création d’une métropole confédérée plus soucieuse de l’autonomie de l’échelon intercommunale. REGION Sur les 1280 communes d’Île-de-France, 131 communes sont inscrites dans la périmètre de la Métropole du Grand Paris (MGP). Par l’intermédiaire des intercommunalités, structures qui ne sont pas en contact direct avec DEPARTEMEN la société civile, l’État semble vouloir ressaisir sa capitale et conforter son assise politique. En effet, la relation entre l’État, la région et la INTERCOMMUNALITES municipalité parisienne est particulièrement ambiguë. L’État, redessine les tracés institutionnels, il redistribue les compétences attribuées aux acteurs publiques. Au 1er janvier 2016, le Schéma Régional de Coopération COMMUNE Intercommunale, confirme la volonté étatique de diminuer le nombre d’acteurs sur le territoire francilien. Mais ce redécoupage institutionnel récent fragilise le plan opérationnel de ces structures aujourd’hui. La MGP Société civile récupère progressivement les compétences des départements (92, 93, 94). Pour de nombreux acteurs, la métropole risque, par le biais de ses 12 établissements publics territoriaux (EPT), d’avoir trop d’influence dans les décisions. Ils considèrent ce projet (et ses nouvelles lois) comme une remise en cause des pouvoirs communaux. Les tensions sont grandes. La
dans le poids décisionnel de la métropole. La question de la frontière entre la métropole du Grand Paris et les territoires en dehors me semble également importante à réfléchir en terme de gouvernance. La future gare Noisy-Champs intègre cette problématique. Cet entre-deux institutionnel entraîne de lourdes difficultés dans la transformation du territoire. Comment fédérer les multiples acteurs autour du projet de la nouvelle gare Noisy-champs et de ses futurs quartiers adjacents ?
Le schéma ci-dessous illustre les transformations de gouvernance à l’œuvre, à l’échelle métropolitaine. Il se divise en 3 parties (sphère décisionnelle, opérationnelle publique/privée et les habitants). Les éléments en jaune retiennent mon attention. Afin que les projets en cours puissent s’adapter aux territoires et répondre aux attentes et besoins des populations, la société civile et les communes doivent reprendre de l’importance SPHÈRE OPÉRATIONNELLE
HABITANTS USAGERS
CREATION NOUVELLE INSTANCE
MATRICE CITOYENNE
1.
11. 10.
Département 93
2.
9.
8.
FUSION D’EPCI EXISTANT
Département 77
3.
MGP
4.
12. EPT
5.
7. 6.
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CREATION NOUVEAU RESEAU DE TRANSPORT
iau x Aménageurs Promoteurs Investisseurs
Représentants de quartier
SGP
SCHÉMA DE GOUVERNANCE À L’ÉCHELLE MÉTROPOLITAINE 31
SCHÉMA DU JEU D’ACTEURS SUR LE TERRITOIRE DE NOISY-CHAMPS
MARNE-LA-VALLEE
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MAITRISE D’OEUVRE URBAINE (programmation) Côté Noisy-le-Grand à venir
SPLA-IN : EPAMARNE + COMMUNE Future ZAC du Grand Paris
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Côté Champs-sur-Marne
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40
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Anyoji Beltrando : architecte-urbaniste OLM : paysagiste Bruit du Frigo Studio Vicarini Filigrane Plateau Urbain Une Autre Ville Ingétec Amoès BIM In Motion
EPAMARNE Aménageur ZAC du Nesles ZAC des Hauts-Bâtons
CASSE-TÊTE INSTITUTIONNEL SUR UNE FRONTIÈRE DE LA MGP Le schéma de gauche tente de spatialiser les acteurs du territoire présents dans cet entre-deux institutionnel. Au centre, je situe mon territoire de projet et les habitants/usagers du site. Le schéma radio-concentrique dévoile les distances entretenues entre les acteurs du territoire et le projet. L’épaisseur des traits noirs indiquent le degré de relation entre acteurs. La largeur des cercles indiquent les degrés d’intervention des acteurs. Les éléments en jaune sont mes interprétations et mes intentions sur les jeux d’acteurs du projet.
Deux territoires avec leur sphère politique et adminitrative respective (2 départements) Positionnement des instances politiques qui intègrent le projet
Les relations entre les différentes instances politiques
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Champs-sur-Marne se situe dans la Communauté d’agglomération de Paris - Vallée de la Marne, qui se localise dans le département du SeineConsolider les relations entre les acteurs, et-Marne. Noisy-le-Grand fait partie du territoire de l’EPT Grand-Paris principalement des relations entre les Grand-Est, compris le département Seine-Saint-Denis (93) et dans le structures opérant à la même échelle tracé de la MGP. Parallèlement Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne font mais pour des départements différents partie respectivement du secteur 1 et 2 de la ville nouvelle de MarneRenforcer les compétences des municipalité la-Vallée. L’aménageur de ce périmètre d’aménagement est EPAMARNE. et leur poids dans les prises de décisions. C’est l’acteur principale du développement urbain du territoire. Les maires présentent le degré le plus fort Les deux communes ont signé un Contrat de Développement Territorial de représentation de la population rice citoyen at (CDT) en 2015 avec le préfet de la région IDF. Ce document est censé M faire le lien entre les objectifs métropolitains et les objectifs appliqués Faire intervenir des acteurs d’une autre nature dans le projet de territoire (Cité à une échelle locale. Le CDT s’inscrit dans la continuité du Grand Paris Descartes, bailleurs sociaux...) Express. Il est aujourd’hui obsolète notamment parce qu’il précède la création et la fusion des nouvelles instances publiques et car il ne Ancrer le projet dans son territoire par procure pas de subventions dans les grandes lignes d’aménagement. rapport aux caractéristiques du site. Les Mais le CDT permet au territoire d’échapper à la logique relationnelle limites du CDT, et l’emplacement des entre la SGP et les promoteurs/investisseurs. En effet, les communes nouvelles ou futures ZAC. conservent la propriété de leur terrain. La SGP a donc un rôle limité dans la transformation du territoire. Les contours de la gare sont définis. Son Fédérer les habitants du territoire autour du projet. Renforcer le poids dans la prise intégration aux territoires adjacents est en réflexion. Le territoire de Noisyde décision de la société civile. Dialoguer Champs présente d’importantes surfaces foncières libres. Il est fortement avec les Quartiers Politiques de la ville soumis aux marchés immobiliers d’envergure métropolitaine. De par les Insuffler la parole des habitants lors des prises contraintes financières, les acteurs locaux sont démunis face aux élus de territoires plus puissants. La démocratie locale est-elle bafouée dans le de décisions. Les maires se portent garant du respect de la volonté des usagers du territoire. projet du Grand Paris ? Ce projet révèle les confrontations entre les élites Renforcer la démocratie participative décisionnelles et les habitants usagers.
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33
DEUX VILLES ET UN DESTIN COMMUN Champs-sur-Marne a vendu l’intégralité de son foncier sur les périmètres des nouvelles ZAC de la HauteMaison et la ZAC Les Hauts de Nesles à l’aménageur EPAMARNE. En revanche, du côté de Noisy-le-Grand une société publique locale aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) a été créée. C’est une société de partage des risques et des bénéfices entre EPAMARNE et la commune. Alors que Champs-sur-Marne délègue les responsabilités à l’aménageur, Noisy-le-Grand prend part active à la transformation du territoire. Le tracé de la future ZAC côté Noisy-le-Grand sera défini dans les mois à venir. La Cité Descartes se situe à proximité de la future gare Noisy-Champs. De multiples acteurs se concentrent sur le site. La cité universitaire est le «Cluster de la Ville Durable» (pôle d’excellence et d’innovation) dans le cadre du Grand Paris. Je ne m’attarde pas sur l’intégration de la Cité Descartes dans la transformation du territoire, mais le projet FUTURE d’Université ParisEst, remporté en 2017, et le projet Descartes 21 par la suite, révèlent l’implication forte de ces multiples acteurs dans le projet avec une volonté d’innover. L’aménageur EPAMARNE entretien une étroite relation avec le pôle universitaire. Parallèlement à la réorganisation de la Cité Descartes et de ses multiples projets, outre la programmation d’une densification urbaine massive dans les interstices urbaines, de nombreux éléments existent déjà sur le site et composent le territoire. Des habitants vivent ici. Ces populations semblent enclavées, et bien éloignées du Cluster. Rêves et réalités se confrontent. Sur mon site de projet, le quartier du Champy et des Hauts34
Bâtons sont des Quartiers Politique de la Ville. Ce dispositif politique a pour objectif de mieux répondre aux besoins des habitants dans les zones socialement défavorisées. Le quartier de la Butte-Verte est quant à lui devenu un quartier dit de « veille active» (quartier non prioritaire, mais qui mérite une attention particulière). L’élaboration du Contrat de ville 2015-2020 de Noisy-le-Grand, permet la création du conseil citoyen dans une volonté de démocratie participative. CARTE DU TERRITOIRE DE PROJET 1. ZAC Les Hauts-de-Nesles, 25ha 2. ZAC de La Haute Maison, 140ha 3. Future ZAC Noisy Grand Est
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2
ACCOMPAGNER LES TRANSFORMATIONS DU TERRITOIRE EN ORCHESTRANT SA MISE EN RÉCIT Le rôle du paysagiste est de s’intégrer dans le processus de transformations du territoire, à travers sa capacité à appréhender les caractéristiques globales du lieu. Expert en rien, mais ouvert à de multiples compétences, le paysagiste révèle le territoire en dévoilant ses caractéristiques environnementales, urbaines, politiques, économiques et sociales. Il plonge dans l’analyse du site avec sensibilité, et il déploie toute la dimension poétique des lieux. Dans une volonté de «faire avec» TYPOLOGIES DES 4 QUARTIERS AUTOUR DE LA GARE DE NOISY-CHAMPS 1. Quartier du Champy 2. Quartier des Hauts-Bâtons 3. Quartier du Bois de Grâce 4. Quartier de la Butte Verte
2 1
4
3
Cité Descartes
l’existant, et de répondre au mieux aux besoins et envies des usagers «déjà-là», le paysagiste porte son regard sur le long terme, et conçoit le lien entre la situation actuelle à la situation espérée. Le paysagiste intervient à pas feutré. Pour coordonner l’ensemble de l’opération il lui faut jouer avec le temps. Il endosse le rôle de chef d’orchestre et bat la mesure. Dans le cas de mon territoire de projet, il est intéressant de réfléchir à cette nouvelle centralité, dans les grandes lignes, et les grandes masses de densification. Mais il est encore plus important de la lier avec ce qui existe déjà. Il est nécessaire d’apaiser les ruptures physiques et de réinvestir les grands ensembles notamment du côté de Noisy-le-Grand (quartier de la Butte-Verte, du Champy, et des Hauts-Bâtons). Le paysagiste pose la question de la qualité des formes urbaines dans les grands-ensembles, du rôle de l’espace public, des formes et usages des espaces verts souvent vastes et délaissés. Leur gestion représente un coût qui se répercute sur les charges des habitants. Et pourtant il existe des alternatives (la Caisse des Dépôts Biodiversité en partenariat avec les bailleurs I3F, Efidis...). Le paysagiste doit élargir le champ de possibilité d’actions afin de concevoir une fabrique de la ville alternative, plus souple, plus durable, plus intelligente. Le paysagiste oeuvre spatialement sur le terrain, mais également dès les prémices du projet, lors des prises de décisions et des montages financiers. En amont de la chaîne, le paysagiste doit également avoir des connaissances sur les modèles économiques dans les projets d’aménagements afin de pouvoir parler le même langage que les politiciens, et les entreprises privées. Le paysagiste est polyglotte. 35
LA DOUBLE HÉLICE DE LA GARE GPE NOISY-CHAMPS L’agence d’architecture Duthilleul est en charge de la construction de la gare emblématique de Noisy-Champs. Les travaux ont démarré en 2016 et se termineront en 2024. 150 000 voyageurs sont attendus au quotidien. La gare prendra place entre les deux bâtiments voyageurs du RER A. Jusqu’à présent, les quais du RER, encaissés mais ouverts au ciel, étaient le trait d’union entre les deux villes. Demain, la gare endossera ce rôle. L’architecture se positionne au centre d’un long no man’s land. L’armature du vide est perturbée par cette «soucoupe volante» ostentatoire. Pourtant, ce vide qui séparait les deux villes jusqu’à maintenant racontait également une histoire. Celle d’un entreStéphanie LEROUGE,
Photographie retouchée de la maquette de la gare GPE de Noisy-Champs Exposition au Mac Val, 2015
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deux géographique et institutionnel, révélateur des tensions urbaines depuis plus de 40 ans. La toiture de la gare se compose d’une double hélice en bois et zinc. L’une s’élance depuis Champs-sur-Marne, l’autre depuis Noisy-le-Grand, pour s’élever et fusionner au point culminant de l’architecture. La symbolique est intéressante. Mais sur les perspectives de projet, l’observateur semble être partout et nulle part. L’architecture moderne et le traitement de ses espaces extérieurs ne donnent aucun repère révélant les singularités du lieu, aucun signe nous indiquant que nous sommes bien à Noisy-Champs et non pas à Tokyo ou Dublin. Gare emblématique, nouvelle centralité, la question de la place urbaine est importante dans le cas de la gare de Noisy-Champs. Pourtant, en observant la maquette ci-dessous, tout nous semble indiquer que cette «place» prendra la forme d’un parvis de gare, d’une esplanade. Accessibilité, lisibilité, intermodalité... La volonté est de fluidifier les déplacements et de faciliter les correspondances. La forme du parvis et les contraintes en terme de domanialité (espace public, privé, privé mais ouvert au public, etc) et de fonction semblent nous éloigner du dessin d’une place urbaine forte, identitaire et fédératrice... Projet ambitieux, mêlé à la réalité des obligations, où serons-nous à la sortie de cette gare?
DENSIFICATION SUR LA CEINTURE MÉTROPOLITAINE En 2010, les Ateliers Lion Architectes remportent la maîtrise d’oeuvre du cluster Descartes. En janvier 2018, le groupement guidé par l’architecte-urbaniste Anyoji Beltrando remporte la maîtrise d’oeuvre de la Cité Descartes côté Champs-sur-Marne. Dans la continuité des réflexions menées depuis 10 ans, la maîtrise d’oeuvre doit concevoir un nouveau plan guide pour définir par la suite les îlots à aménager. Le programme urbain planifie 840 000m² de surfaces construites. La MGP impose la construction d’habitations pour répondre à la crise métropolitaine de logements. Les communes souhaitent développer les activités économiques, en favorisant la création d’emploi en corrélation avec le profil des habitants du territoire. Pour accompagner la centralité, des commerces, des services et des équipements sont prévus. Le projet se déployant sur deux communes sera pensé par deux groupements de maîtrise d’oeuvre. La délimitation de leur réflexion correspond aux frontières communales. Cela pose la question de la cohérence du projet dans sa globalité. Le territoire va se densifier dans la prochaine décennie. L’armature du vide existante aujourd’hui sera comblée par la construction de nombreux bâtiments. Les tracés de la D199 et de la N370 seront modifiés. Ils se transformeront en un boulevard urbain dans la volonté d’être plus facilement franchissable. L’urbanisation se développera le long des infrastructures de transport. Une section du RER A sera recouverte par des constructions sur dalle. Les échangeurs routiers seront également le support de nouveaux quartiers d’habitations, tout comme de nombreuses friches et terrains vagues au sein de la Cité Descartes. Sur ce plan, nous pouvons admirer l’étendue des surfaces perméables sur le territoire et la générosité des espaces publics existant dans les quartiers. Pourtant, rien ne nous indique leur prise en compte dans le projet et leur devenir sur ce plan guide...
Ateliers Lion Architectes,
Plan guide du projet territorial de développemet du Cluster Descartes 37
Laurent KRONENTAL «les Yeux des tours»
2015-2017
2 UNE HISTOIRE AGRICOLE OUBLIÉE .
De la campagne horticole, ses corps de fermes et riches villas bourgeoises, aux plantations de buildings au milieu de champs de betteraves. L’histoire de Noisychamps fait écho aux tensions entre le monde urbain et agricole. 38
39
HABITER À PROXIMITÉ DU RER A «NOISY-CHAMPS» L’HISTOIRE URBAINE DE NOISY-CHAMPS LIÉE À SA CAMPAGNE «TERRITOIRE, QUELLES SONT TES CONFIDENCES ?» UN PLATEAU AGRICOLE : sur le plateau de la Brie, Noisy-Champs se situe sur la première ceinture de forêt. UNE CONNECTIVITÉ ET FRAGMENTATION : territoire cisaillé par les infrastructures de transport. DES VILLAGES AGRICOLES : un passé lié à l’agriculture. DES QUARTIERS DE VILLES NOUVELLES : Une utopie de vivre en ville à la campagne. UNE POROSITÉ ET PERMÉABILITÉ : parcs, bois, pelouses, friches, espaces verts, accotements végétalisés. De nombreux éléments du diagnostic permettent d’entrevoir une tension palpable entre les villes de Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne ainsi que leurs campagnes aujourd’hui disparues. La situation métropolitaine donne de premiers indices. À 12 km de Paris, Noisy-Champs est l’une des gares les plus éloignées de la capitale. La proximité du territoire avec le monde rural est un fort potentiel. L’histoire du site révèle un grand nombre d’informations nécessaires à la compréhension du territoire actuel. Du monde agricole et ses villages, au monde urbain et ses friches, le profil du territoire a radicalement évolué. Et pourtant
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les grands principes environnementaux pensés dans l’urbanisme des Villes Nouvelles donnaient une grande part aux campagnes, aux forêts et à la «Nature»... Quarante ans plus tard, la situation urbaine ne semble pas aussi idyllique que les images de cette époque nous laissaient imaginer. Certains quartiers semblent en perte de vitesse, les liens sociaux entre habitants s’affaiblissent, la société tend à s’individualiser. À deux pas, de l’autre côté de la «frontière», se trouve le futur lieu de l’excellence et de l’innovation urbaine en terme de ville durable. Le contraste est fort, le fossé entre ces deux mondes semble plus large que l’entredeux d’aujourd’hui....
Catherine PONCIN
«Du champs des hommes, territoires» 2002
La photographe Catherine PONCIN fut chargée de réaliser une série de photographies pour la mairie de Bobigny. À travers son oeuvre, Catherine PONCIN tente de réanimer la mémoire des lieux à travers la masse des images déjà archivées. Le résultat est morcelé, stratifié, foisonnant… à l’image même de la mémoire. Le phénomène des Villes Nouvelles s’identifie particulièrement bien sur cette photo. Le passage des champs à la ville fut si rapide, si brutal. Et c’est aussi les lignes de transport et les migrations massives qui permirent dans un premier temps le succès de ces territoires.
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CARTE DE SITUATION GÉOGRAPHIQUE La Plaine de France La Marne
La situation géographique de Noisy-Champs et l’histoire de ses lieux
1.
Pour comprendre le contexte urbain du territoire de Noisy-Champs, il est nécessaire de commencer par appréhender sa situation géographique. Par la suite, le déroulé de la deuxième partie est une avancée dans les échelles toujours plus petites.
La Seine
Le Plateau de la Brie 5 000 km²
UN ENTRE-DEUX GÉOGRAPHIQUE Le territoire de Noisy-Champs se situe en bordure nord du plateau de la Brie. S’étendant sur 5000 km² cette entité géomorphologique est cernée au nord par la Marne et au sud par la Seine. L’histoire récente du plateau de la Brie est fortement liée à la fertilité des sols. Une couche superficielle de limons des plateaux reposant sur le calcaire de Brie explique l’utilisation des terres par l’agriculture. Le plateau de la Brie est entaillé par de nombreux cours d’eau. La planéité du plateau est altérée par le système hydrologique façonnant de nombreuses vallées.
La présence d’argile verte dans le sol, procure une forte capacité de rétention en eau à certains endroits. Cette particularité est à l’origine de la diversité des paysages sur le plateau. Le territoire de Noisy-Champs se positionne en belvédère sur la vallée de la Marne. Le relief incliné vers le nord permet une lecture sur le grand territoire. Depuis la gare du RER A, l’armature du vide permet de distinguer les boisements sur la côte de Beauzet située à 5 km au nord. Les 3 cartes sur la page de droite montrent le positionnement du futur tracé du GPE en fonction des grandes entités topographiques, des masses boisées, des parcelles agricoles et du réseau de mobilité.
COUPE GÉOLOGIQUE DE LA VALLÉE DE LA MARNE Fz, alluvions modernes
g1a, argile verte
Fy, alluvions anciens
g1b, calcaire de Brie
e7aC, calcaires
Lp, limon des plateaux, argileux
e7b, marnes Gare GPE de Clichy Monfermeil
42
côte de Beauzet
Gare GPE de Chelles
Canal de Chelles
La Marne
coteau de Noisy
Gare GPE de Noisy-Champs
.
Noisy-Champs se situe sur la première ceinture forestière du Grand Paris. La persistance du couvert forestier est due à la présence de terres marécageuses. Impropres à la culture, ces terres délaissées recouvrent une grande partie du plateau de la Brie. La principale vocation du plateau reste agricole. Les cultures de céréales s’étalent sur de vastes clairières limoneuses. Les paysages d’openfields sont morcelés par les forêts. La succession de plans occasionnée par les formes boisées amplifie l’impression de profondeur à l’horizon. Les chambres agricoles, parcelles cultivées et cernées par une strate arborescente, illustrent les paysages de plateau. Des exploitations maraîchères et d’élevages occupent les vallées de la Brie. Tout comme les paysages, les productions sont diversifiées. Le réseau de transport présente deux grandes caractéristiques. Orientées principalement sur un axe est-ouest, les infrastructures de transport connectent efficacement Paris, Marne-la-vallée et les territoires agricoles à l’est. Le centre tertiaire Mont d’Est, la Cité Descartes et Disneyland sont connectés à Paris par le RER A. En revanche, l’addition de ces linéaires infranchissables segmente le territoire sur un axe nord-sud. Les liaisons humaines et écologiques entre les massifs forestiers au sud de Marne-la-Vallée et la Marne au nord sont fragmentées. Entre Paris et les premiers champs agricoles, la position de Noisy-Champs confirme son caractère d’entre-deux et sa potentielle capacité à jouer le rôle d’une interface entre le monde urbain et le monde rural. Quelques structures agricoles exploitent au mieux cette proximité avec l’agglomération parisienne. C’est le cas de la Cueillette du Plessis. La ferme dispose d’un espace de production de 30 ha situé à 20km d’un espace de vente aux portes de Disneyland. La ferme urbaine baigne dans un potager urbain de 2 hectares intégré à la Ville Nouvelle. Ce cas de figure est encore trop rare. Pourtant les producteurs maraîchers sont aux portes du Grand Paris et le nombre de consommateurs soucieux de manger des produits locaux de qualité augmente.
CARTE DES RELIEFS ET DE L’HYDROLOGIE
La Marne
Paris
Noisy-Champs
Le Plateau de la Brie La Seine N
0
10km
Plateaux Plaines
CARTE DES MASSIFS ARBORÉS ET AGRICOLES
Champs agricoles Massifs forestiers
CARTE DES AXES DE CIRCULATIONS
Paris, Marne-la-Vallée Polarités fortes
43
UN GLISSEMENT VERS LA MARNE Le territoire de Noisy-Champs est en lisière de plateau. La gare du GPE se construit sur la ligne de crête du coteau de Noisy. Celui-ci est large et la pente est douce. En contre-bas, une large boucle de la Marne se rapproche du talweg. La rivière et ses méandres contournent des îles alluviales. La plaine alluviale est marquée par des grandes étendues d’eau dans le territoire. Elles correspondent à des équipements nautiques sportifs et des centres de loisirs. À ces lacs artificiels s’ajoutent les chapelets d’étangs sur le plateau. Ils s’insèrent dans les failles du plateau. Ces pièces d’eau ont été conçues pour accueillir les eaux de pluies sur les quartiers de la Ville Nouvelle. Les étangs permettent de contrôler le débit des rivières se jetant dans la Marne au nord. Trois siècles plus tôt, les agriculteurs construisaient de nombreux rus afin de drainer les terres humides. Proche de la gare de NoisyChamps, le ru du Nesles fut construit. Il est aujourd’hui canalisé sous terre. L’hydrologie est particulièrement importante sur le territoire. Mais elle est devenue impalpable à NoisyChamps. Les tracés alluviaux ont disparu sous les villes. Pourtant, l’hydrologie est une clé majeure de lecture sur les territoires, à révéler.
Les gares du Grand Paris Express et le tracé ferroviaire souterrain
Les 5 quartiers au contact de la gare GPE de Noisy-Champs
CHAMPIGNY-CENTRE
CARTE TOPOGRAPHIQUE DU GRAND TERRITOIRE DE NOISY-CHAMPS COURBE DE 5M 0 44
2 km
N
SAINT-MAUR-CRÉTEIL
CHELLES
-Pleyel
Canal de Che
Ligne 16 -
direction S
aint-Denis
rne
La Ma
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NOISY-CHAMPS
e Sè
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BRY-VILLIERS-CHAMPIGNY
45
0
1
CARTE D’ÉTAT MAJOR (1820-1866) 46
2 km
N
OUVRAGES HYDRAULIQUES
DES VILLAGES AGRICOLES
COUR DE FERME VINICOLE
CORPS DE FERMES
Une église en plein milieu des champs (Champs-surMarne) et une autre entourée d’une bourgade (Noisy-leGrand). Les deux se situent en ligne de crête, endroit idéal pour avoir une grande visibilité sur le territoire. Lorsque la Gaule fut conquise, la région fut la terre pour de nombreuses plantations romaines de noyers. Noisy est issue de la racine latine nux, nucis (noix). Le roi Henri Ier attribue le territoire aux moines de Saint-Martin-des-Champs en 1060. Pendant plusieurs siècles, les moines gouvernent un territoire de bois, de champs et de vignes. Ils y pratiquent l’essartage, et creusent des mares. La ferme de la Grenouillère et la ferme de la Haute Maison, sont visibles sur la carte de l’État Major. Leur architecture témoigne de toute une organisation tournée vers l’agriculture. Les fermes se composent d’une cour quadrangulaire ceinturée par les logis, la grange, l’étable. Une tour s’élève généralement au-dessus de la ferme. Des fossés humides extérieurs protègent l’architecture. Ces bâtiments se situent sur des intersections de routes et de chemins vicinaux. Le Moulin à farine de Chelles témoigne également de l’activité agricole en fond de vallée. Après la Révolution française, le pouvoir des moines est remis en cause. Les terres sont vendues. Le portrait des villages évolue rapidement. Les gracieuses demeures bourgeoises se construisent sur d’anciennes grandes propriétés éclatées. L’agriculture reste jusqu’au XXème siècle l’activité majeure de ces calmes villages ruraux.Les deux communes furent un temps des villages vinicoles, comme de nombreux autres autour de la capitale. Les cours de fermes présentes dans l’urbanisme de centreville ancien de Noisy-le-Grand confirment le propos. Les villages sont ceinturés de parcelles horticoles, les côteaux sont le support de productions fruitières. 47
L’ARRIVÉE DU TRAMWAY À NOISY-LE-GRAND La ligne du tramway Vincennes-Noisy-le-grand est inaugurée sur la Place de la mairie en 1901. C’est la compagnie des chemins de fer Nogentais qui réalise la construction du tracé ferroviaire. L’arrivée du tramway va transformer la ville. En effet, ce nouveau moyen de transport va permettre d’acheminer les ouvriers de banlieues travaillant à Paris. Dans l’autre sens, les Parisiens vont profiter de cette nouveauté pour venir se promener à la campagne le weekend. Le dimanche soir, après une longue journée de plaisir dans les dancings et les guinguettes sur les bords de la Marne, ou pour un rendez-vous de chasse dans les bois, les parisiens se retrouvent dans la file d’attente pour prendre le tramway direction la capitale. L’arrivée du tramway permet à la ville de Noisy de passer de village campagnard et ses 2 500 habitants, à petite ville de villégiature. La connexion avec Paris entraîne la sédentarisation d’une classe sociale aisée profitant du cadre champêtre et de son calme. Le territoire accueille peu d’industries lourdes au début du XXème siècle. Ces paysages sont préservés. Durant la période de l’Entredeux Guerres, mais surtout après la Seconde Guerre Mondiale, l’étalement des nappes pavillonnaires prend de l’ampleur. La population de la commune quadruple en 30 ans, atteignant les 10 000 habitants en 1950.
48
«"Les Parisiens arrivaient par le bus, et plusieurs commerçants s’installaient à proximité pour profiter, entre autre, de cette clientèle : avenue des Marronniers une épicerie/café, dépôt de pain et un billard y était installés ; un marchand proposait des frites ; il avait une baraque accolée au bar de la Pergola. Dès le matin il ouvrait son grand volet et commençait à faire chauffer sa friteuse remplie à ras bord de graisse de cheval. Il servait ses frites dans un cornet de papier et il fallait les manger bien chaudes, sinon la graisse figeait. Un restaurant, le «Chat Pêcheur», servait la friture de la Marne ; un autre restaurant – chez Siot- se situait à l’angle de la Rive Charmante et de la rue Suzanne … sans compter les petites buvettes. «Le Tourbillon» faisait bal dans une belle salle parquetée et, en face, sur une piste carrelée sous des arbres. Il louait aussi des canoës et, plus tard des pédalos. La Pergola organisait aussi son bal l’après-midi ; elle était encore en plein essor en 1956, date des dernières baignades dans la Marne".» Propos de Mme Yzeux CORDIN, recueillis par l’association Noisy-leGrand et son Histoire (NLGH)
LE TRAMWAY À NOISY-LE-GRAND
PLANÉITÉ DU PLATEAU ET CEINTURE HORTICOLE DES VILLES
49
1971
L’ARRIVÉE DU RER ET DE LA VILLE NOUVELLE Les cartes de droite illustrent le brusque développement urbain du secteur 1 de Marne-la-Vallée. La construction soudaine de la Ville Nouvelle correspond à la disparition complète des parcelles agricoles sur ce territoire. Les programmes de constructions du quartier Mont d’Est, à l’ouest sur les cartes (voirie en hexagone autour de la polarité) et les quartiers de grands-ensembles ont nécessité un foncier de grande dimension. Les parcelles de céréalicultures offrent de grandes surfaces. La planéité du plateau facilite l’étalement de la ville. Reprenant le tracé de la Marne, trois voies de chemins de fer, une nationale et une autoroute cisaillent le territoire d’est en ouest. Entre ces axes de transport, de nouveaux quartiers et zones d’activités se sont greffés au réseau viaire. Entre Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne, de nombreux logements sociaux s’adossent aux bois. En 1990, on discerne un couloir géographique persistant allant de l’autoroute de l’Est jusqu’au méandre de la Marne au nord. Les quartiers de grands-ensembles s’organisent autour de cet entre-deux toujours boisé.
Champs agricoles Massifs boisés
CARTE DE L’ÉVOLUTION URBAINE RÉCENTE, ENTRE 1971 ET 1990 0 50
1
2 km
N
1990
51
UNE ASSOCIATION VILLE-CAMPAGNE : À LA RECHERCHE D’UN IDÉAL La construction de Marne-la-Vallée marque une rupture dans l’histoire du territoire. Les paysages agricoles se referment radicalement, des barres et des tours d’habitations se multiplient sur le plateau. L’urbanisme des 30 Glorieuses et ses grands principes d’aménagements appliqués à l’agglomération de Marne-la-Vallée, révèlent des informations intéressantes qui alimentent la compréhension du territoire de Noisy-Champs. Le long de la vallée de la Marne, l’État tient un rôle moteur dans la création de la Ville Nouvelle. L’objectif était de rééquilibrer l’agglomération parisienne en direction de l’est, en terme d’emploi, d’enseignement, et de composition sociale. Les tracés de cette agglomération de plus de 300 000 habitants sont les témoignages des traditions des ingénieurs d’État, puis des Ponts -et Chaussées, considérés comme des jardiniers du territoire (écho au jardinier Le Nôtre). Depuis quarante ans, ce territoire de villes périurbaines est le socle de tension entre idéaux collectifs et modes de vie de plus en plus individualisés. « Les villes nouvelles ne correspondent plus aux exigences nouvelles de la fraction bourgeoise dominante, en conséquence elles sont largement rétrécies, quasi abandonnées, vidées de leur originalité, ce sont les cités-dortoirs de demain, avec la couleur en plus » (Thierry PAQUOT, 1977). Le constat est dur, quinze années après le Plan Delouvrier, mais il est vrai que ces territoires semblent en difficultés avec leurs 52
architectures datées parfois inadaptées. Vécus par des habitants, tous les récits ne s’apparentent pas à ce rejet de la modernité. Ces territoires «colonisés» par l’appareil de l’État sont également des espaces d’appropriation par les «pionniers». Espace de concentration, Marne-lavallée se dote paradoxalement de l’image d’une «ville à la campagne». La Ville Nouvelle recherche un idéal dans ses formes, sa composition et son agencement avec les entités naturelles du Plateau de la Brie. L’ancien Val Maubuée, dans lequel s’intégrait la commune de Champs-sur-Marne, fut une tentative de cité-jardin revisitée. C’est une recherche d’équilibre entre les formes construites et les entités naturelles, afin de sauvegarder le patrimoine paysager qui est à l’origine de la qualité du site. Les citésjardins ont pour objectif de fusionner la vigueur des villes et les bienfaits de la campagne. Le parc central, la ceinture verte, la ceinture agricole, une succession d’étangs, un ru, voilà autant d’espaces qui sont imaginés pour organiser le développement de la cité-jardin Val Maubuée.
Secteur N°1
Secteur N°2
Secteur N°3
LA M
ARNE
Secteur N°4
RER A NOISY-CHAMPS
FORÊT DOMANIALE D’ARMAINVILLIERS
A4
L’ESIEE de Dominique PERRAULT
2015-2017
Photographe David ABITTAN La noiseraie de Henri CIRIANI 2017
Source Flickr «mémoire2Cité» SCHÉMA DE PRINCIPE DU DÉVELOPPEMENT DE MARNE-LA-VALLÉE La ville nouvelle se développe de manière longitudinale. Elle se divise en 4 secteurs reliés les uns aux autres par de nouvelles infrastructures de transport. Les autoroutes, les nationales, et le RER, sont les vecteurs d’urbanisation de Marne-la-Vallée. La Marne au nord et les forêts aux sud délimitent la ville.
La noiseraie de Henri CIRIANI 2017
À Noisy-le-Grand, l’architecte Henri CIRIANI livre un ensemble 300 logements sur dalle en forme de T. La conception de l’architecture tente de proposer une alternative aux grands-ensembles tant critiqués de l’après-guerre. La Noiseraie est considérée aujourd’hui comme un manifeste du logement social de cette époque. Le quartier se compose d’une rue intérieure réservée aux piétons. Elle se situe 5 à 6 mètres au dessus du niveau de la ville. L’effet de décalage offert par les décrochements, et les jeux de prolongement sur les façades permet une appropriation de l’architecture par les habitants. On peut différencier de l’extérieur son logement d’un autre. Les balcons sont toujours bien fleuris. Les bâtiments sont moins longs, moins hauts et pas «lisses» (les façades donnent du rythme) contrairement aux Grands-Ensembles d’auparavant. Ce système architectural est avant tout pensé pour la voiture. 53
SOUS LE QUARTIER DE LA NOISERAIE 54
LA FIGURE DES GRANDSENSEMBLES 40 ANS PLUS TARD
La figure des grands-ensembles est omniprésente à Noisy-Champs. Ces quartiers populaires abritent une population cosmopolite. De nombreuses communautés ethniques partagent leur quotidien dans ces tours et ces barres. Ces populations souffrent aujourd’hui des clichés alimentés par la sphère politique et médiatique. Quartiers dits «sensibles», aux logements précaires, soumis à la délinquance, ces lieux sont, dans l’imaginaire collectif, perçus négativement. Cette stigmatisation peut être intériorisée par ces mêmes populations. Et pourtant, ces morceaux de villes hébergent une variété de richesses culturelles. Révélées, et assumées, elles peuvent être un foisonnement d’alternatives de vivre et d’habiter.
Les grands-ensembles sont la figure majeure sur laquelle reposaient des attentes ambitieuses en terme de vie collective et d’effervescence citoyenne. Composées de logements collectifs et de généreux espaces publics, les images de ces nouveaux quartiers semblaient idylliques. Mais l’urbanisme de la Ville Nouvelle était également le réceptacle d’espaces individualisés : les lieux pour la voiture. L’imbrication de l’échelle locale de quartier de vie et l’échelle métropolitaine liée aux infrastructures de transport peine à s’harmoniser. Vides le jour, et occupés le soir après le travail et les cours, les quartiers sont principalement des espaces dortoirs. Les aménagements des espaces verts sont nombreux. Ils accompagnent l’image de grandes tours. L’esthétique liée au végétal est pauvre. Les linéaires de clôtures, les parkings et les tristes massifs segmentent les espaces, parfois déserts, souvent peu investis par les habitants des quartiers. 55
AU BOUT DE L’AXE CENTRAL PIÉTON, UN NOUVEAU TYPE DE PLACE
56
DES TÉMOIGNAGES D’HABITANTS DE LA NOISERAIE L’étudiante architecte Léna TYACK expose, en 2016, quelques propos d’habitants de la Noiseraie éclairant la situation actuelle dans les grands-ensembles et la vie au sein de ces quartiers. Le président de la copropriété, monsieur FABRI, nous raconte son histoire. Dès 1979, les fonctionnaires représentent la majorité des acheteurs. Le quartier, très ouvert sur la ville, est le cadre d’une bonne cohabitation entre les résidents et les non-résidents. Mais 15 ans plus tard, la situation commence à se dégrader. La répétition des incendies dans le gymnase du quartier, les voitures régulièrement brûlées, et les perturbations dans la résidence provoquent de nombreux dégâts dans les espaces privés et ouverts. Les réparations étant aux frais de la copropriété, les habitants expriment leur mécontentement. Deux ans plus tard, le visage du quartier se modifie : les linéaires de grilles et les multiples interphones, digicodes sont installés. Les espaces se ferment, le «calme est revenu». Personne ne fréquente la place carrée, le square boisé en intérieur d’îlot est utilisé par peu d’enfants, mais les jardinières et les balcons restent bien fleuris... Les parkings étant positionnés sous les bâtiments ou en extérieur d’îlot, les résidents empruntent peu l’allée centrale. Les appartements sont directement connectés aux voitures. Le témoignage des résidents est partagé. Certains se réjouissent de cette tranquillité liée à une sécurité accrue, d’autres se plaignent de l’atmosphère de vide, de désert dans les espaces grillagés.
Sur l’illustration de gauche, l’observateur entre dans la place carrée, au bout de l’allée centrale piétonne. Aujourd’hui, la place est clôturée sur une grande surface. Une dizaine de plantes en pots est répartie dans ce carré minéral. Les gens circulent autour, ne font que passer. Dans le passé, la place accueillait de nombreux bancs, quelques arbres isolés dans des bacs de béton intégrés au sol. Les enfants jouaient au foot, à côté de leurs parents discutant à l’ombre d’un érable. Léna TYACK
La théorie des pièces urbaines dans l’ensemble résidentiel de Noisy II, 1975-1980 (HAL, archives ouvertes). 2018
57
A
C D
B
CARTE DES ZONES URBAINES N
58
0
500
1000m
La morphologie de l’entre-deux et la trame urbaine de Noisy-Champs
2.
L’appréhension de la physionomie du territoire de Noisy-Champs se réalise petit à petit en zoomant dans les échelles. Cette deuxième partie accentue les observations à l’échelle de territoire de l’entre-deux, puis des quartiers au contact de Noisy-Champs et enfin sur mon périmètre du projet correspondant à la nouvelle centralité. PARC DE LA HAUTE-ÎLE
Parc Départemental ouvert en 2008. Une partie restreinte de la zone humide est ouverte au public du côté de Neuilly-sur-Marne. Cette île alluviale est une niche écologique pour les oiseaux. Elle est inscrite dans le périmètre Natura 2000.
PARC DU CHÂTEAU DE CHAMPS-SUR-MARNE
La construction du domaine de 84ha date de 1707. Il est accolé avec le Parc de Noisiel. Les bois sont inscrits en ZNIEFF 1. Les milieux se composent de frênaies, de chênaies-charmaies et d’espaces plus ouverts comme les prairies du parc historique.
BOIS DE GRÂCE (100 ha) BOIS DE LA GRANGE (210 ha)
BOIS DE SAINT-MARTIN, BOIS RÉGIONAL DE CÉLIE
Inscrit en ZNIEFF de type 1, le bois marécageux accueillant un réseau de mares riches en amphibiens, est composé d’une grande prairie fauchée qui présente un autre type d’habitat. Des espèces acidiphiles comme certaines chênaies sont dues au substrat sableux. Des espèces d’intérêt écologique sont présentes dans les milieux humides, sur les berges dans les phragmitaies et les roselières. En effet, la proximité de la nappe phréatique à certains endroits permet le développement d’une végétation hydrophile. Additionnés au Parc de la Malnoue, les boisements représentent 520ha.
Mairies Centres-villes anciens Nappes pavillonnaires Quartiers de la Ville Nouvelle Zones d’activités et industrielles Bois sur le plateau Bois alluviale et ripisylve
UN ENCHEVÊTREMENT DES VILLES SUR UN TERRITOIRE BOISÉ La carte de gauche illustre les grandes «zones» urbaines et leur situation sur le territoire. La gare RER A de Noisy-Champs se situe au centre de la carte. Les époques d’urbanisation se différencient bien. Les centres-villes anciens sur le coteau ont une superficie modérée. La densité et l’irrégularité de l’implantation du bâti sont des caractéristiques des villes anciennes. Les maisons s’alignent sur les routes principales s’organisant autour de l’église et de la mairie. Les nappes pavillonnaires s’étalent sur de vastes surfaces. Les rues pavillonnaires s’étirent sur le plateau dans un schéma qui leur permet de se reproduire à l’infini. Les ronds-points de lotissements fleurissent sur tout le territoire. Les quartiers de villes nouvelles se déploient depuis les stations de RER. La gare de Noisy-Champs est éloignée des centre-villes, les quartiers semblent coincés entre les bois d’un côté, et la marée de pavillons de l’autre et quelques zones d’activités accrochées à l’autoroute et à la nationale. Les espaces entre ces entités urbaines et naturelles ne jouent pas le rôle d’interface. Les lisières des bois sont opaques. Le passage de la ville aux bois est brutal, et les cheminements jouant le rôle de liaison sont peu nombreux. Quelques promeneurs et coureurs investissent les lieux les jours de beau temps. Rares sont les habitants à étendre leur serviette sur les pelouses des étangs à 40 mètres d’une départementale. Des gens du voyage occupent les bois dans des installations précaires, à 100 mètres de la Cité Descartes. Les entités urbaines sont mises à l’écart les unes des autres. De larges avenues routières séparent les logements sociaux des zones d’activités. 59
RER E
LE PARADOXE D’UN TERRITOIRE CONNECTÉ MAIS ENCLAVÉ Sur un axe nord-sud, le territoire de Noisy-Champs est marqué par 3 grandes ruptures (l’A4, le RER A et la N370). Le habitants de Noisy-Champs peinent à se rendre à la Marne au nord, ou au bois Saint-Martin au sud. Les infrastructures de transport sont difficilement franchissables et les bords de la Marne et de bois de Saint-Martin ne sont pas des lieux source de loisirs, d’activités et de services. À la fois super connectés à la métropole (à 25min de Paris en voiture ou sans), les habitants semblent également coincés dans leur territoire sous-exploité. L’entre-deux géographique sur lequel est prévue la gare emblématique de NoisyChamps présente le potentiel d’être une liaison entre la Marne et le bois de Saint-Martin.
CANAL DE CHELLES
N370
RER A
A4
RE RE
CARTE DES INFRASTRUCTURES DE TRANSPORT SUR LE TERRITOIRE 0
1
2 km
N
A NORD OUEST Neuilly-sur-Marne
La MARNE
60
B SUD EST Noisy-le-Grand
La N370
Le RER A
Distance
0m
700 m
1 600 m
Altitude
37 m
80 m
96 m
L’autoroute de l’est A4
2 600 m 119 m
100 m
Gournay-sur-Marne
LOIN DES CENTRES-VILLES
Neuilly-sur-Marne
Situé à plus de 2km à vol d’oiseau des mairies de Noisyle-Grand, Champs-sur-Marne et Gournay-sur-Marne, les habitants semblent être en retrait des centresvilles. Les habitants de Noisy-Champs se déplacent en voiture pour rejoindre les centres urbains. Éloignés des espaces de concentrations de commerces, de services et d’activités, les quartiers en limites communales cohabitent depuis plus de 30 ans avec un entre-deux en latence. Réserve foncière pour la construction d’une autoroute, ce couloir boisé jouait le rôle de frontière. La gare emblématique de Noisy-Champs va rééquilibrer le territoire, en proposant une nouvelle centralité pour répondre aux besoins des habitants en terme de commerces, d’équipements, d’emplois.
Noisy-le-Grand
Bry-sur-Marne Villiers-sur-Marne
Le Plessis-trévise CARTE DES CENTRES-VILLES ET DES STATIONS DE RER ET GPE 0
C OUEST Noisy-le-Grand
0m 85 m
1
2 km
Pavillons 1900-1950
500 m
1 300 m
Émerainville
N
LIMITE COMMUNALE
Centre-ville
Champs-sur-Marne
D EST Champs-sur-Marne
Bois de Grâce
Grands-ensembles 1970-1990
1 850 m
3 000 m 90 m
61
SÉQUENCE 1
SÉQUENCE 2
SÉQUENCE 3
CARTE DU TERRITOIRE DE L’ENTRE-DEUX 0 62
250
500 m
N
UN COULOIR GÉOGRAPHIQUE ET TROIS SITUATIONS URBAINES Après avoir appréhendé le territoire à l’échelle des deux communes de projet, il me semble intéressant de bien cerner le couloir géographique allant de la Marne au Bois de Saint-Martin dans lequel s’intégrera la gare emblématique Noisy-Champs du GPE. Trois séquences se distinguent de par la topographie et la morphologie de l’entre-deux. L’autoroute, le RER et la nationale sont à l’origine de cette découpe. La première séquence partant de la Marne est la partie de la montée vers le plateau la plus pentue. Le bas du coteau s’incline plus fortement. Sur 1 km, le promeneur grimpe 38 m. Cette séquence se courbe en son milieu. En partie haute, des vues amples et lointaines sur la vallée s’offrent aux piétons. La deuxième séquence est comprise entre la nationale et le RER A. La pente est régulière sur 800 m, avec un dénivelé de 13 m. C’est
500
la partie de l’entre-deux la plus resserrée. Du côté de Champs-sur-Marne, le vide est tenu par un alignement de la ville avec des constructions de diverses hauteurs (R+1, R+6). Côté Noisy-le-Grand, la limite de la ville est plus floue, avec la présence d’un gymnase et de terrains de sports. La troisième séquence est cernée par l’autoroute et le RER A. Le parc urbain de la ButteVerte, et les résidus de boisements plaqués contre les architectures de la Cité Descartes composent une large séquence. La pente est plus faible. Le dénivelé est de 6 m sur une distance de 900 m. En bordure de plateau, le paysage se referme par les hauts reliefs artificiels (buttes à +20 m) et la densité végétale du parc.
94 M
78 M
M
37 M
119 M
800 M
M
75 M
900 M
500
67 M
100 M
91 M GARE GPE
100 M 78 M 37 M
67 M
91 M
94 M
75 M
63
TERRAIN VAGUE EN FOND DE VALLÉE
GOURNAY-SUR-MARNE
NEUILLY-SUR-MARNE
CHAMPS-SUR-MARNE
NOISY-LE-GRAND PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE 0 64
100
200 m
N
SÉQUENCE 1 - GRIMPER LES COURBES DU COTEAU
FRICHE SUR LE COTEAU
La première séquence présente l’atmosphère la plus «rurale». La globalité de sa surface est perméable. Une vaste pelouse s’étend en fond de vallée, entre la Marne, ses berges touffues et le talweg. Le terrain vague borde les espaces verts d’une tour de logement et de ses barres. La pente est forte. Le talus est le socle d’une strate arborescente. Derrière se trouve une école, sur une terrasse topographique. Plus haut sur le coteau, des sentiers spontanés se dessinent au coeur des friches. Les vues lointaines facilitent la lecture du grand territoire. La vallée de la Marne se découvre sur les hauteurs. Une partie de l’entre-deux est inaccessible. Une friche dense empêche le piéton de se frayer un passage. Des jardins partagés sont à proximité des lotissements. Ces parcelles agricoles sont enclavées par la végétation arbustive inextricable. Alors que dans un premier temps, la lisière avec les grands-ensembles est poreuse, les franges avec les pavillons dans la partie haute deviennent impraticables. Les maisons individuelles semblent tourner le dos à l’entre-deux. JARDINS PARTAGÉS
65
TERRAIN DE SPORT ET GYMNASE
ROUTE NATIONALE
NOISY-LE-GRAND CHAMPS-SUR-MARNE
PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE 0 66
100
200 m
N
SÉQUENCE 2 - REMONTER LE COULOIR URBAIN La deuxième séquence est un long linéaire dans une pente régulière. Il y a 5 ans, l’entre-deux se composait d’une relique de boisement. La strate arborescente s’étendait sur 700m de long et plus de 60m de large. Elle accueille dans sa partie nord un camp de caravanes plaqué contre l’échangeur routier de la nationale. Aujourd’hui la grande partie de ce linéaire dans cette séquence est en chantier (plus de 500m). Une ample nationale et une large rue résidentielle bordent le chantier. C’est la séquence de la voiture. Rare sont les piétons à parcourir les trottoirs de ces deux grosses artères. La topographie et le paysage de vide permet de discerner le coteau opposé de la vallée de la Marne. Côté Noisy-le-Grand, le réseau viaire connecte peu à l’entre-deux. Des vieux équipements sportifs, des terrains de sport peu entretenus, des friches et des jardins partagés composent la limite de la ville. Côté Champs-sur-Marne, les bâtiments s’alignent mais les fronts bâtis sont amples et vides. Des pelouses de 35m de large s’étendent aux pieds d’architectures R+1.
PARKING DU SUPER U 67
UNE MISE À DISTANCE DES QUARTIERS, UN ENTRE-DEUX Les 3 coupes illustrent l’écart entre les villes et plus localement les ruptures topographiques et architecturales. La plus grande largeur de l’entre-deux non bâti est de 300m. Du côté de Noisy-le-Grand, le quartier du Champy est sur dalle. Les tours délimitent l’esplanade, à moitié privée, moitié publique, et intégralement déserte. Quelques plantes en pots et des panneaux «interdiction de jouer au ballon» décorent le lieu. Les parkings sont derrières les bâtiments. Ils sont au niveau de la ville, 5m en dessous de la dalle. Ces impasses sont privées. Elles mènent à des parkings sous les bâtiments. La bordure du quartier avec le centre commercial est délaissée. Le parkings résidentiel, les talus arbustif et le parking du super U séquence la frontière entre les logements et les commerces. La dalle fait rupture avec la ville en de nombreux endroits. Malgré la continuité piétonne, la trame public est déconnectée de l’entredeux. Du côté de Champs-sur-Marne, le limite de la ville est claire. Les façades s’alignent et dévalent la pente naturelle. Les logements et les écoles sont cernés d’un côté par l’entre-deux et de l’autre parc une large coulée verte en intérieur de quartier composé d’un étangs.
PLAN DE SITUATION DES COUPES 0
100
300 m
N
A SUD OUEST Noisy-le-Grand
20 m
68
Parking privé
12 m
Rue
45 m
Nouvelles résidences parkings privés
55 m
Terrain de foot entouré de petits boisement
ts
F SUD EST Noisy-le-Grand
E NORD OUEST Noisy-le-Grand
12 m
26 m
Dalle public
14 m
Partie privée
15 m
30 m
Bâti R+8
Talus végétal
Parking résidentiel
17 m
Parking Super U
D NORD EST Noisy-le-Grand
C SUD OUEST Noisy-le-Grand
35 m
15 m
Parking privé
Bâti R+9
14 m
Partie privée
26 m
Dalle - Espace public, +5m au dessus du niveau naturel
8m
P.privée
15 m
Bâti R+9
B NORD EST Champs-sur-Marne
17 m
D370
55 m
260 m
Chantier de la gare GPE Noisy-Champs
19 m
34 m
Rue
Collège Jean Wiener
69
LES BUTTES DU PARC URBAIN
PASSERELLE PIÉTONNE
PHOTOGRAPHIE AÉRIENNE 0
70
100
200 m
N
SÉQUENCE 3 - ARPENTER LES BOISEMENTS La dernière séquence est la plus large et la plus dense des trois. Elle se raccroche principalement à Noisy-le-Grand. L’ESIEE de Dominique PERRAULT tourne le dos à l’entre-deux. Elle est orientée vers le plateau incliné en direction du ru de Merdereau et de l’étang de la HauteMaison. Plus au sud, des reliquats de boisements sont coincés entre les bureaux et la N370. Le chantier du GPE étant plaqué contre l’ESIEE, les promeneurs traversent cette séquence dans le parc des Buttes-Vertes. Le relief artificiel provient des remblais des constructions des quartiers adjacents. Les buttes montent de 20m. Recouvertes de prairies, de bosquets de conifères ou de chênaies, le parc réserve d’agréable vues et atmosphères. Tantôt ouvert, au vent sur les hauteurs, tantôt fermé, dans les milieux humides dans les creux, il est plaisant de parcourir les sentiers courbés. Une deuxième partie se rattache au parc par un passerelle piétonne. Elle enjambe une large voirie. Les vastes emprises de la chaussée s’accompagnent d’un lourd et rapide trafic automobile. EMPRISE ROUTIÈRE ET TALUS
71
DES BALCONS TOURNÉS VERS LA VILLE, UN DOS PLAQUÉ SUR LES BOIS Les deux coupes illustrent la relation de la résidence de la Noiseraie avec la ville de Noisy-le-Grand et le parc de la Butte-Verte. De par sa position en limite communale et à cause de sa lisière opaque avec la ville, le parc semble relativement délaissé. Les usagers de cet espace vert de 18,5 hectares sont principalement des habitants de la Noiseraie ou des quartiers adjacents. La limite ouest du parc est peu ouverte sur la ville. Des logements sociaux ou des écoles s’appuient contre les flancs des buttes. Il y a peu d’accès au parc. Depuis plus de 20 ans, quelques espaces privés et anciennement accessibles se sont refermés par l’implantation de clôtures. Le quartier de Noiseraie conçu comme une pièce architecturale ouverte, transparente et intégrée à la ville devient désormais une contrainte dans les déplacements. Les non résidents de la Noiseraie se déplacent très peu à la Butte-Verte. Le rôle du parc urbain est atténué par la présence de multiples espaces verts disséminés à l’intérieur des quartiers.
PLAN DE SITUATION DES COUPES 0
100
300 m
N
A NORD OUEST Noisy-le-Grand
115 m
Espaces verts intérieur d’îlot : 12 000 m² 72
25 m
8m
25 m
Bâtiments de la Noiseraie, R+7, allée centrale
C NORD EST Noisy-le-Grand
60 m
Gymnase
D SUD OUEST Noisy-le-Grand
29 m
R+8 sur dalle - privé
26 m
Rue et passerelle Michel Simon + 5m
26 m
R+8 sur dalle - privé
115 m
Intérieur d’îlot privé et accessible Espaces verts
B SUD EST Noisy-le-Grand
220 m
Parc des Buttes Vertes
350 m
73
N
74
0
100
500m
CARTE DES 5 QUARTIERS AU CONTACT DE LA GARE GPE DE NOISY-CHAMPS
DES QUARTIERS DÉFAVORISÉS ET ENCLAVÉS
N
Afin d’appréhender le territoire dans lequel s’intègre mon périmètre de projet, il est important de comprendre l’organisation des tissus urbains autour de la gare du RER A Noisy-Champs et future gare GPE, au centre de la carte de gauche. Trois grandes portes connectent les quartiers aux banlieues. Au nord et au sud, les échangeurs routiers sont les principaux accès au site par la voiture. Le réseau viaire s’accroche aux noeuds routiers et se ramifie dans les quartiers de grands ensembles desservant tous les parkings. Les déplacements piétons ont une direction inverse. Ils sont orientés vers la gare du RER. La trame des espaces publics convergent au centre du territoire. Cette centralité piétonne existe donc déjà, mais elle est éclatée en deux morceaux, sur les deux villes.
Les populations des quartiers aux abords de la gare Noisy-Champs sont en difficulté. Les chiffres de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques donnent quelques indications de comparaison à l’échelle de la commune et du nouvel EPT Grand Paris Grand Est. Le Champy est constitué de 65% de logements sociaux,. La population de jeunes est grande (41,3% de la population a moins de 25 ans). Les habitants sont peu diplomés (70% de la population dans diplômes ou diplôme inférieur au Baccalauréat). Ils occupent des emplois précaires (17.7%), des métiers d’ouvriers ou d’employés pas qualifiés principalement.
3 PORTES D’ENTRÉES, 2 TYPES DE FLUX
Environ 17 000 habitants se répartissent dans les 5 quartiers au contact de la gare. Tous les quartiers ne présentent pas le même visage. Le quartier de la ButteVerte est une ancienne zone urbaine sensible (Zus). Ces caractéristiques se sont à priori améliorées, le quartier n’entre plus dans le périmètre des quartiers prioritaires de la ville. Du côté de Champs-sur-Marne, les quartiers sont plus mixtes, certaines résidences semblent de plus haut-standing, les espaces verts sont plus fleuris.
0
250
500 m
Les vies quotidiennes tendent à s’individualiser toujours plus. La transformation de l’espace public (projet de l’espace vert dans le quartier des Hauts-Bâtons) tend à cloisonner les lieux et à délimiter l’espace privé de l’espace public. Certains habitants se plaisent à l’idée d’une tranquillité synonyme de sécurité. Mais quelques persistances gravitent encore dans les espaces publics. Les habitants vivent entre eux, se retrouvent, échangent sur certaines places, assis sur des bancs, dans l’aire de jeux pour les enfants. Il existe des vies de quartiers plus intimes au coeur de ces architectures. 75
SCHÉMA
A
SCHÉMA
B 2
Pôles bus
2
SCHÉMA
C
SCHÉMA
1
D
3 3
1 1
3 2
N
76
0
250
500 m
2
UNE ORGANISATION URBAINE AUTOUR D’UN DÉLAISSÉ Les cartes ci-dessous donnent la situation des polarités commerciales, des zones d’activités, de bureaux, des écoles et des universités sur le territoire. Les commerces et les bureaux gravitent principalement autour du RER A. La zone commerciale du Champy est la grande centralité locale. Mais elle se fait vieille, et les travaux de rénovation voire de réhabilitation sont nécessaires. Les zones d’activités s’étendent le long de l’autoroute et de la nationale. Elles sont en retrait des quartiers résidentiels mais elles sont rapidement connectées à la métropole. Les bureaux et entrepôts au sud de la Cité Descartes ne font que dialoguer avec les grandes universités du campus. Plaquées contre l’autoroute, les entreprises spécialisées ne demandent pas à communiquer avec les grands-ensembles. Parmi les grandes écoles, on retrouve l’ESIEE, l’École d’Architecture de la Ville & des Territoires, l’École d’Urbanisme de Paris. PLAN DU RÉSEAU VIAIRE ET DES LIGNES DE BUS EN JAUNE A
Plus le trait jaune est épais, plus le nombre de ligne de bus est grand
PLAN DE SITUATION DES ÉCOLES ET DES UNIVERSITÉS B 1. Le cluster de la Cité Descartes 2. Bordures de villes composées par les écoles
PLAN DE SITUATION DES POLARITÉS COMMERCIALES C 1. Zone commerciale du Champy 2. Linéaire de commerce sur une large rue 3. Concentration locale de commerce de proximité
PLAN DE SITUATION DES ESPACES D’ENTREPRISES ET DE BUREAUX D 1. ZAE des Richardets 2. ZA du ru du Nesles 3. Tours de bureaux
Mais il y a également de nombreux laboratoires de recherche, une pépinière d’entreprise et un incubateur pour l’émergence de projet entrepreneurial innovant. 15000 étudiants et 6000 salariés vivent au quotidien à la Cité Descartes. Le quartier compte seulement 1200 habitants. Fort de cette concentration d’acteurs en un seul lieu, le campus aspire à intégrer le groupe des 10 premiers centres universitaires au monde en terme d’excellence et d’innovation. Pour cela, la ZAC de la Cité Descartes prévoit la construction de logements étudiants, de commerces mais aussi de nouvelles universités. Cependant, j’ai pu observé sur le site un nombre étonnement important de pancartes «locaux à louer». Beaucoup de bureaux derrière la Cité Descartes semblent être vacants. Cela remet en doutes la tenacité des intentions si ambitieuses du projet universitaire et étatique. Aujourd’hui, la Cité Descartes est bien en rupture avec les quartiers adjacents. Et pourtant, sur la thématique «Ville Durable», en lien étroit avec le monde agricole et la question de la ville nourricière, la Cité Descartes peut trouver son terrain d’expérimentation juste à côté, dans les quartiers de Noisy-Champs. On remarque, notamment, l’implantation des écoles des grands-ensembles en bordure de quartier. Le système éducatif peut être un élément fédérateur dans le projet de territoire. 77
LA GÉNÉROSITÉ DE LA TRAME D’ESPACES PUBLICS ET LA CONVERGENCE VERS LA GARE DU RER A (CÔTÉ OUEST) Les quartiers de grands-ensembles à Noisy-le-grand présentent de vastes surfaces ouvertes et accessibles aux piétons. Les ambiances urbaines sont multiples. Elles naissent des différentes morphologies urbaines. L’agencement des architectures et des essences végétales avec la topographie est source de singularités dans chaque quartier. Les architectures s’organisent autour de coeurs d’îlots, de placettes ou de squares. Dans le quartier du Champy, la succession de placettes sur dalle depuis le centre commercial est tenue par une unité d’architectures de grandes hauteurs. L’espace public, entièrement minérale, est bien délimité. Les houppiers de quelques arbres plantés dans la rue, 5m sous la dalle, apportent un contraste dans les textures et les couleurs du paysage urbain. Les bâtiments ont de grandes façades blanches, ternies par le temps, l’enrobé rouge du sol se fissure rapidement, les espaces privés clôturés sur dalle sont enfermées par de hautes grilles métalliques vertes. Le chapelet de places dans le quartier du Champy est un parcours urbain dans les airs, très peu connecté avec le socle. Dans le quartier de la Noiseraie les atmosphères sont plus végétales, plus touffues, plus sombres et humides. La géométrie rigide des architectures, les jeux de façades et l’aspect brut du béton armée des lourdes passerelles piétonnes contrastent avec les lumières du sous-bois clairsemés, la verticalité tourmentée des troncs d’arbres et l’odeur de décomposition des feuilles au sol. 78
o ite c Lim
PLAN DE L’ARMATURE DES ESPACES PUBLICS DU CÔTÉ DE NOISY-LE-GRAND
una mm
Espaces accessibles aux piétons
le
Entrée de parkings sousterrains Bâtiments voyageurs RER A Noisy-Champs Périmètre de la dalle
0
100
200
300
N
LES ESPACES CLÔTURÉS SUR DALLES LE QUARTIER DES HAUTS BÂTONS
LE QUARTIER DU CHAMPY
LE PARVIS DE LA GARE DANS UN COIN DE RUE
SENTIER DANS LES SOUS-BOIS URBAINS
LE QUARTIER DE LA BUTTE VERTE
PARC DE LA BUTTE-VERTE 0m
90 m
79
LES ATMSOPHÈRES URBAINES Dans le quartier des Hauts-Bâtons, les architectures en cubes sont dispersées sur le plateau incliné vers le nord. À l’image des fermes entourées de champs, ces cubes sont encerclés de parkings. Depuis la route, les voitures garées sur de grandes emprises minérales sont camouflées par une strate arbustive en limite de propriété et quelques arbres isolés en intérieur de parcelle. La présence du végétal dissimule les logements en arrière-plan. Plus loin, un espace vert central accueille des cheminements piétons et des aires de jeux. La moitié des surfaces perméables sont clôturées et inaccessibles. Pour un rôle uniquement esthétique, ces espaces représentent un coût important en entretien pour le bailleur social et au final pour le locataire. Ils restent pourtant sous-exploités. Rares sont les résidents à se rencontrer, à bavarder et à s’allonger sur les pelouses privées. Les espaces verts grillagés «décor» la transition entre les appartements et le square central en apportant un camouflage végétal des architectures posées ici et là.
DESSIN DE LA LISIÈRE DU QUARTIER DES HAUTS-BÂTONS
80
DESSIN D’UNE ALLÉE PIÉTONNE RECTILIGNE ET CLÔTURÉE 81
LE DOUBLE VISAGE DES ESPACES PUBLICS À CHAMPS -SUR-MARNE La trame des espaces ouverts et accessibles aux piétons convergent vers la gare voyageur du RER A, comme c’est le cas à Noisy-le-Grand. Le contraste de la morphologie urbaine entre la Cité Descartes et le quartier du Bois de Grâce occasionne des atmosphères variées dans le parcours du territoire. Le vaste tissu urbain du campus est le fruit de la création de vastes bâtiments universitaires et de grandes étendues de parkings. Le réseau piéton se déploie le long des larges rues, dans des allées doublement plantées d’arbres et composées de plates bandes enherbées. Une vaste pelouse, une friche en attente de construction, les terrains vagues le long du RER et un carré de bois hermétique composent les grandes poches perméables. Le quartier est à l’échelle de la voiture et des bus. Les étudiants marchent un court trajet à pied les matins et les soirs pour se rendre à leur université. Peu d’activités et d’usages sur déploient sur les immenses parvis d’écoles. Quelques chemins mènent au ru du Merdereau. Un complexe sportif cohabite en fond de vallée avec l’étang, accroché à la départementale, entre la cité universitaire et le reste de la ville de Champssur-Marne. 82
ÉTANGS ET ESPACES VERTS
LE QUARTIER DU BOIS DE GRÂCE
ALLÉE PIÉTONNE AU CARACTÈRE MONUMENTAL
LA CITÉ DESCARTES PELOUSE PUBLIQUE 15 000M²
PLAN DE L’ARMATURE DES ESPACES PUBLICS DU CÔTÉ DE CHAMPS-SUR-MARNE Espaces accessibles aux piétons Entrée de parkings sousterrains Bâtiments voyageurs RER A Noisy-Champs
0
100
200
300
N
83
UNE CHAINE D’ÉTANGS EN DIRECTION DE LA MARNE Les espaces publics dans le quartier du Ru de Nesles offrent une continuité piétonne sur presque 500m de long. Les logements collectifs et les écoles s’organisent autour des espaces verts, en suivant les pentes du terrain naturel. À l’extrémité nord de la coulée verte, une pièce d’eau s’élargit aux abord de la route. C’est le premier d’une suite de trois étangs. Mais la connexion hydraulique entre le premier étang et le deuxième est souterraine. Le franchissement de la D199 est laborieux. Passé le tunnel routier, le piéton continue sa marche vers Gournay-sur-Marne en passant par de belles résidences en lignes de crêtes du coteau. Ces pièces d’eau sont artificielles, elles sont bétonnées. Mais elles sont des clés de lecture sur la topographie et le territoire.
SUR LA CHAÎNE DES ÉTANGS, AU COEUR DES GRANDS-ENSEMBLES
84
UNE COMPOSITION DE L’ESPACE ASSOCIANT LE VÉGÉTAL ET L’ARCHITECTURE
85
LE CADRE URBAIN AUX ABORDS DES BÂTIMENTS VOYAGEURS DU RER Pour terminer mon analyse urbaine du territoire de NoisyChamps, je propose un premier périmètre de réflexion d’une vingtaine d’hectares. Le territoire du projet s’inscrit au coeur de l’entre-deux territorial s’étendant des bords de la Marne jusqu’au Bois de Saint-Martin. Le périmètre se déploie autour des gares du RER, sur la limite entre deux séquences paysagères. Les contours sont dessinés de manière à intégrer les bordures des 4 quartiers adjacents. La densité architecturale est faible sur le site. Le territoire est cisaillé par le chantier du GPE. Les limites urbaines sont dispersées par une implantation architecturale irrégulière et un rapport déséquilibré dans les vides et les pleins. Les bâtiments de bureaux, de commerces ou de logements présentent des façades disparates. Le vide créé par le chantier et par l’étendue du parking du Champy éloigne les villes entre elles. Un carré boisé, composé de hauts chênes et d’une végétation arbustive dense et entremêlée met à distance les quartiers des grands-ensembles du campus universitaire. Le chantier cisaille le territoire. Un chemin, régulièrement déplacé, permet aux piétons de passer d’une ville à l’autre. L’espace central s’étendant sur un kilomètre reste fermé et clôturé. Aujourd’hui le lieu est une frontière entre deux villes. Demain il sera la centralité d’un territoire redynamisé.
PLAN DU PÉRIMÈTRE DE PROJET 0 86
50
100
150m
N
NOISY-LE-GRAND
CHAMPS-SUR-MARNE
RER A
RER A
E-D
NAL
OMU
TE C
LIMI
LE CHANTIER DU GPE
ÉPA LE
NTA
ME RTE 87
D C
0 100
UNE VIE DE QUARTIER QUI S’ARTICULE DIFFICILEMENT AUTOUR DES GARES DE NOISY-CHAMPS
A B
500
N
VUE AÉRIENNE DE LE GARE DE NOISY-CHAMPS CÔTÉ NOISY-LE-GRAND 88
Les deux bâtiments voyageurs jouent le rôle de pont enjambant les voies ferrées. Aujourd’hui les liaisons entre les quartiers se réalisent principalement sur un axe nord-sud. Pourtant le RER reste une infrastructure massive qui sépare les villes en deux. Les coupes illustrent les deux situations urbaines au contact des bâtiments du RER. Du côté de Champs-sur-Marne, de vastes surfaces minérales dans le prolongement du parvis sont des zones de bus ou de parking. Les bureaux sont juste en face de la gare. Les voies du RER sont camouflées derrière une végétation dense sur les talus. Du côté de Noisy-le-Grand, la vie de quartier semble plus intense au Champy. De nombreux piétons empruntent la passerelle reliant le centre commercial à la Noiseraie. Mais la rupture reste conséquente. Le RER est la rue des Hauts Châteaux (2*2 voies) ont une emprise large et profonde...
SECTION DES LIGNES DU RER ET DE SA GARE DU CÔTÉ DE CHAMPS-SUR-MARNE A NORD Quartier du Bois de Grâce 0 5 15m
8m
Trottoir
16 m
B SUD Cité Descartes
Chaussée bus
10 m
Parvis de la gare
38 m
Talus arboré du RER A et gare/pont
13 m
13 m
8m
Parking RER Chaussée bus Trottoir
SECTION DES LIGNES DU RER ET DE SA GARE DU CÔTÉ DE NOISY-LE-GRAND C SUD Quartier de la Butte Verte 0 5 15m
D NORD Quartier du Champy
16 m
Allée piétonne, parvis 150m des bureaux
17 m
Gare RER A Noisy-Champs
23 m
Rue des Hauts Châteaux 2*2 voies
82 m
Centre commercial du Champy et parking souterrain 89
A OUEST Quartier de la Butte Verte 0 10 30m
60 m
Espaces privés, jardins sur dalles et parvis arrière des buraux C OUEST Quartier du Champy 0 10
L’AMORCE D’UNE NOUVELLE CENTRALITÉ : UN PREMIER PÉRIMÈTRE
24 m
61 m
Rue de la Butte Verte
École primaire et maternelle Gavroche
42 m
Extremité nord du Parc de la Butte verte
16 m
N370
30m
60 m
Espaces mixtes sur dalle, logements, aire de jeux, place piétonne, station essence sous la dalle et parking sousterrain
67 m
Centre commercial du Champy sur dalle
70 m
Parking du Super U
Le centre comercial le Champy
D C
UN VIDE EN LATENCE ET DES FRANGES DISPERSÉES
B
A
Un vide et des distances Les espaces public piéton
0
90
50
100m
N
N École primaire de Gavroche
B EST Cité Descartes
80 m
120 m
Chantier de la gare GPE
Parcelle boisée, chênaie-charmaie D EST Quartier du Bois de Grâce
30 m
N370 et rond-point
80 m
Chantier de la gare GPE
13 m
Rue Jean Wiener
LA COMPOSITION DE LA FRONTIÈRE ENTRE LES QUARTIERS Le périmètre de projet se déploie autour d’un espace de contact entre les deux villes. Situé au nord du Parc de la Butte-Verte, cet espace de l’entre-deux se resserre. Mais la densité architecturale est faible. Les distances de vides sont vastes. L’implantation des bâtiments en retrait, du côté de Noisy-le-Grand, dessine une courbe tourné vers le RER. Les bureaux à Champs-sur-Marne se font face et s’organisent le long du RER. Ils sont proches de la zone en chantier, mais leur agencement ne s’articule pas autour de l’entre-deux. Ce dernier est composé de parcelles délaissées (le carré de bois à la Cité Descartes, le talus arboré du parking) et d’espaces inaccessibles (le chantier GPE, le périmètre de l’école Gavroche) ou désagréables pour les piétons
40 m
Avenue Ampère et ses larges allées piétonnes
(le parking du supermarché). La topographie plate du site amplifie l’impression de distance en les villes. À Champs-sur-Marne la topographie est naturelle. Le plateau s’affaisse légèrement à l’est pour rejoindre l’étang en fond de vallée. Au nord, le plateau commence à s’incliner dès le passage du RER A. La pente est plus forte. Plus loin, la chaîne d’étangs commence. À Noisyle-grand, la topographie est artificielle sur une vaste emprise. D’un côté, le quartier des Buttes Vertes est construit sur dalle au contact de nombreuses buttes artificielles devenues le support d’un parc urbain. De l’autre côté, le quartier du Champy est sur une vaste dalle qui s’étire plus étroitement au nord. Elle rejoint un coeur d’îlot résidentiel construit sur les premières courbures du plateau en direction de la vallée. Le périmètre de projet réuni ses différentes topographies sur ses quatre extrémités. Le projet actuel du Grand Paris et des ZAC autour de la gare de Noisy-Champs prévoit la rénovation du centre commercial du Champy. Les bâtiments de commerces seront détruits, le parking sera souterrain, et la dalle sera prolongée pour recouvrir la rue des Hauts Châteaux. Au sud, l’école Gavroche sera déplacée dans un autre secteur en retrait de la gare du GPE. Les parvis des bureaux et les limites de la dalle avec le terrain naturel seront retravailler. À Champs-surMarne, le développement de la Cité Descartes prévoit la construction de nombreux bâtiments, notamment sur le carré boisé entre l’ESIEE et les bâtiments de bureaux. Il est également envisagé de recouvrir intégralement les voies du RER A pour y aménager des espaces publics. 91
Laurent KRONENTAL «les Yeux des tours»
2015-2017
3 LA CENTRALITÉ DE NOISY-CHAMPS .
«Prochain arrêt... Noisy-Champs sur les contreforts du Plateau de la Brie !». Un espace de convergence du système urbain de Noisy-Champs, et un entremêlement des singularités des quartiers. 92
93
HABITER LE TERRITOIRE DE NOISY-CHAMPS UNE ÉCRITURE AGRICOLE DES ESPACES PUBLICS DE LA NOUVELLE CENTRALITÉ POUR UNE MISE EN RÉCIT DES TENSIONS HISTORIQUES VILLE-CAMPAGNE À NOISY-CHAMPS LA CENTRALITÉ COMME MIROIR : La gare et son quartier sont le reflet des singularités de quartier. UN SYSTÈME DE PLACE : La gare et son quartier endossent le rôle d’une mise en réseau de places/portes de quartiers. UN ÉTIREMENT DES TRAMES BOISÉES : Le Parc de la Butte Verte et le Bois de Grâce se déploient à travers les quartiers. LE VIDE COMME COLONNE VERTÉBRALE : Les jeux de vides et de pleins permettent préserver les vues sur le territoire. LE RELIEF COMME CLÉ DE LECTURE : Les typologies de reliefs, caractéristiques des quartiers, fusionnent dans la centralité. UNE ORIENTATION VERS LA MARNE : Le projet amorce la descente du coteau en s’appuyant sur l’hydrologie (ru du Nesle). La première question de mon fil de pensée réapparaît à la fin de ce mémoire, mais formulée autrement. Être habitant du territoire de Noisy-Champs en 2030, qu’estce que cela veut dire ? L’histoire du territoire et sa configuration actuelle nous amènent à entrevoir une relation historique entre les villes de Noisy-le-Grand, Champs-sur-Marne et leurs campagnes réduites ou disparues. Le nom du territoire «Noisy-Champs» en est révélateur. Il me semble important de m’appuyer sur cette tension urbaineagricole, sur l’idée d’un dedans et d’un dehors, sur le caractère de «porte» du territoire organisant un entredeux géographique. Le passé agricole du territoire et 94
ses récents bouleversements, la persistance de milieux boisés sur le site, la proximité avec la Marne et le plateau céréalier, la forte connectivité avec les champs à l’est et la capitale à l’ouest, sont autant d’indices permettant de définir des intentions de projet. La trame des espaces publics de la nouvelle centralité et son écriture peuvent être le support d’une identité agricole retrouvée, où les singularités territoriales sont révélées et associées. L’intégration de la centralité aux quartiers existants doit être source de lisibilité du territoire. Le projet de paysage s’inscrit dans la recherche d’une écriture agricole des espaces en cohérence avec les morphologies urbaines existantes.
LA CENTRALITÉ COMME MIROIR Dans mes intentions de projet, la nouvelle centralité de Noisy-Champs devient le miroir du territoire. La gare et ses quartiers sont un chapitre du récit métropolitain du GPE. Ils sont le reflet des lieux et ils condensent au sein de la nouvelle centralité des images évoquant l’identité, le genius loci de Noisy-Champs. La gare et les nouvelles architectures intégrées aux quartiers sont le support d’un agencement des singularités urbaines du territoire. Mes intentions consistent à mettre en lumière les tissus urbains existants ; la nouvelle centralité est un outils me permettant de travailler les liaisons et les espaces de convergence pour aménager des relations physiques durables entre les deux villes. La gare et ses quartiers ne sont emblématiques que s’ils jouent un rôle d’interface active, associant au sein de l’entre-deux l’ensemble des quartiers du territoire.
95
GP E
LA MARNE
LIG NE 1
6
LES ENJEUX À L’ÉCHELLE DU COULOIR GÉOGRAPHIQUE Dans une volonté de révéler le passé agricole du territoire et la tension ville-campagne dans l’histoire de Noisy-le-Grand et de Champs-sur-Marne, la persistance de cet entre-deux sur plusieurs décennies est une aubaine.
LE MOULIN DE NOISY-CHAMPS
LE COTEAU CULTIVÉ DE NOISY-CHAMPS
N370
LE CORPS DE FERME DE NOISY-CHAMPS
BOIS DE GRÂCE
GARE NOISY-CHAMPS RER A
CITÉ DESCARTES
A4
LES ÉCHANGEURS PÂTURÉS
BOIS DE CÉLIE IGNE
L GPE
15 LES ATELIERS DU BOIS DE SAINT-MARTIN
RER E
SCHÉMA DIRECTEUR 0 96
250
500 m
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BOIS DE SAINT-MARTIN
LA CAPACITÉ DE L’ENTRE-DEUX À FACILITER LA LECTURE DES LIEUX Les entités boisées sur le plateau et l’île naturelle dans le méandre de la Marne Les quartiers de la Ville Nouvelle au contact de la gare Noisy-Champs du RER A Le tracé du GPE souterrain et la gare emblématique de NoisyChamps prévue pour 2024 Les séquences composant l’entre-deux communal, aujourd’hui un couloir géographique ayant la capacité de lier les territoires et potentiel corridor écologique Enjeu n°1 5 nouvelles polarités locales émergent sur le couloir géographique. Situés sur les extrémités du linéaire et sur les points de rupture, ces espaces jouent le rôle de transition. Enjeu n°2 De multiples accroches urbaines telles que des places, des ouvertures dans les tissus urbains et leur mise en réseau permettent les liaisons urbaines. Enjeu n°3 Depuis les polarités, les infrastructures de transport sont le support d’espaces de mobilités partagées. Les liaisons douces avec les centre-villes et Montd’Est désenclavent les quartiers. Enjeu n°4 Aménager des espaces d’ouverture et des portes sur les bois. Repenser les usages en lisière de bois. Potentielle ceinture nourricière.
Potentiel corridor écologique reliant les bois marécageux sur le plateau à la Marne et ses bois alluviaux, potentielle coulée verte territoriale pour des mobilités douces renforcées, potentiel support d’activités et de nouveaux usages, il me semble nécessaire de réfléchir à l’intégration de la future gare emblématique de Noisy-Champs au coeur de cet entre-deux. Dans mon schéma directeur, Noisy-Champs accueille 5 nouvelles polarités locales s’étendant sur toute la longueur de l’entre-deux. Plusieurs scénarii s’imaginent dans ces lieux à l’horizon 2030 : -Le MOULIN DE NOISY-CHAMPS abrite les guinguettes et un dancing sur les bords de la Marne. Les activités culturelles, sportives et agricoles s’entremêlent dans ces nouvelles architectures et ces espaces en fond de vallée. -Le COTEAU CULTIVÉ DE NOISY-CHAMPS, accueille une mosaïque de jardins, de potagers, de vergers et de vignes. Ces espaces plantés, bêchés, soignés deviennent une interface végétale réinvestie par les habitants. -Le CORPS DE FERME DE NOISY-CHAMPS, est une centralité métropolitaine. La gare et ses quartiers reliés aux villes sont soumis à une intense urbanité (intermodalité, trafic, activité commerciale, activité tertiaire). La trame des espaces publics se déploie dans le territoire telle des chemins vicinaux reliant deux villages voisins. -Les ÉCHANGEURS PÂTURÉS, sont un emboîtement de prairies fauchées et bois clairsemés tels des champs en assolement. De par la proximité avec l’autoroute, l’espace accueille peu d’habitants et d’usagers des lieux. Sa qualité réside dans sa capacité à relier le territoire de Noisy-Champs à la zone d’activité au sud de l’A4. -Les ATELIERS DES BOIS DE SAINT-MARTIN regroupent une multitude d’artisans et d’activités en lisière de forêt. Les bordures de bois s’ouvrent, et des parcelles se cultivent dans les clairières. Des activités sportives et de loisirs tirent partis des qualités physiques du site. Les polarités portent avec elles l’histoire du territoire et la mémoire des lieux liée au monde agricole. Leurs formes s’inspirent du patrimoine architectural rural. L’intention majeure consiste à vouloir reconnecter les habitants à leur territoire, en favorisant les liaisons et l’ouverture des entités naturelles sur les quartiers. 97
HORIZON 2035 - UNE TEMPORALITÉ AU SERVICE D’UN SYSTÈME URBAIN Travailler les limites de la places - parvis de la gare et combiner les échelles en jouant sur les densités architecturales et les ouvertures.
TEMPS 1 : UN PREMIER TRAIT D’UNION Portes de quartiers Réseau de places Périmètre de projet Entrelacement du réseau viaire Accroches urbaines, Lieux de transition
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Je vous ai fais part d’un potentiel développement du territoire à l’échelle de l’entre-deux, tourné vers un enchevêtrement de vocabulaire agricole sur les tissus urbains. À présent, je concentre mes réfléxions sur mon périmètre de projet (schéma n°1). La construction de la nouvelle centralité de Noisy-Champs est décisive sur la réflexion globale de l’entre-deux. La nouvelle trame urbaine sur ces 20 premiers hectares dessine une amorce d’un projet bien plus vaste sur le long terme. La centralité de Noisy-Champs se déploie en fonction des territoires qu’elle connecte. Elle doit donc rester souple, évolutive. Les quatre plans illustrent les grandes orientations de développement. Le processus de projet se réalise sur un temps long : horizon 2035 pour la fin
Étirer la trame boisé, et prolonger les buttes vers Champs-surMarne. Trame piétonne au sein d’une coulée verte
TEMPS 2 : UNE PREMIÈRE INTÉGRATION DES ESPACES PUBLICS EXISTANTS 98
TEMPS 3 : LIAISON AVEC DEUX POLARITÉS LOCALES
de la construction de la nouvelle centralité de NoisyChamps, horizon 2050 pour l’aménagement du Grand Noisy-Champs (de la Marne au Bois de Saint-Martin). Je conçoie mon territoire de projet comme l’amorce de la construction du système urbain agricole de NoisyChamps. Je ne m’étend pas sur la définition, mais le système évoque une entité autonome et attractive qui s’auto-organise par une intensité de ces flux et de ces échanges. Tous les élements qui se trouvent dans le système fonctionnent en relation d’interdépendance. Si une pièce est défaillante, c’est la globalité du système qui est en alerte. De nombreux éléments dans le territoire de NoisyChamps permettent d’identifier une matrice urbaine potentiellement capable d’assumer une intense urbanité. À l’échelle de l’entre-deux, le territoire peut gagner en attractivité et optimiser les relations fonctionnelles entre quartiers, intensifier ses échanges et ses activités au sein de son territoire. L’entre-deux est alors conçu comme une unité territoriale engagée sur l’entrelacement de l’agriculture en milieu urbain. Pour tisser les liens entre les quartiers, de nombreuses places peuvent servir de points d’accroche autour desquelles les villes se développent. Ces ouvertures urbaines se positionnent sur des lieux qui me semblent pouvoir jouer le rôle de porte, c’est-à-dire, des espaces de passage, de transition et de seuil. Ces lieux offrent des temps de lenteur, ils invitent à voir, à se rencontrer, à échanger... Dans mon périmètre de projet, j’identifie 3 ou 4 places qui peuvent devenir des espaces publics centraux ouverts sur la Cité Descartes, le quartier de la Butte Verte, le quartier du Champy et éventuellement sur le quartier du Bois de Grâce. D’autres lieux clés sont identifiés en intérieur de résidence (cercles jaunes sur les cartes). Leurs typologies sont variées : intersections de cheminements, ouvertures des tissus urbains, aires commerciales, limites de quartiers et rond-points. Pour certains, ces lieux sont des lieux de vie locale, pour d’autres ce sont uniquement des espaces de transition voire des délaissés.
Un Un Un en
TEMPS 4 : UNE ACCROCHE AUX ENTITÉS TERRITORIALES 99
UNE OUVERTURE DES QUARTIERS SUR L’ENTRE-DEUX ET UN ÉTIREMENT DES ESPACES VERTS
PLAN DES 5 QUARTIERS DE NOISY-CHAMPS ET DE LEUR ORGANISATION Principaux espaces accessibles pour les piétons (pulics/privés) Portes d’entrée sur les quartiers, espaces à fort passage
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Les trames urbaines des quartiers de Noisy-Champs sont à la fois connectées avec les bâtiments voyageurs du RER A mais également repliées sur elles-mêmes au sein des résidences. Le projet de la nouvelle centralité de Noisy-Champs doit réinvestir ces lieux. Il est envisageable de repenser les espaces verts des grands-ensembles comme les champs du corps de ferme de Noisy-Champs (la gare GPE et ses quartiers). Cette image peut être révélée par une écriture agricole des espaces publics de la nouvelle centralité. L’image des champs et du corps de ferme évoque l’idée d’une relation interdépendante entre les espaces de la nouvelle centralité et les lieux de vie locale existants. Pour cela, il est nécessaire de repenser les limites de quartiers et de les ouvrir sur l’entre-deux. L’intervention sur les espaces verts soulève la question de leur statut privé/public. En concertation avec les résidents et les bailleurs sociaux (I3F et Emmaüs Habitat), il est envisageable d’imaginer de nouveaux usages occasionnant des réaménagements.
UNE ENTRELACEMENT DES VILLES SUR UNE OSSATURE VÉGÉTALE UNE COHÉRENCE SPATIALE DE LA CENTRALITÉ QUI SE PENSE À L’ÉCHELLE DE L’ENTRE-DEUX Ossature boisée, étirement du Parc de la Butte Verte Liaison douce territoriale Densification de l’entre-deux, parcelles bâties
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Afin d’imaginer les formes composant la nouvelle centralité de Noisy-Champs sur mon périmètre de projet, il est essentiel d’esquisser les grandes lignes du réseau viaire entre la D199 au nord et l’autoroute de l’Est au sud. Le plan de gauche est un premier scénario de grandes orientations d’aménagement. Comment investir l’entre-deux ? Comment concilier le développement urbain et la préservation du couloir géographique ? Comment saisir et travailler le caractère d’entre-deux, de frontière, de porte ? Faut-il jouer de cette rupture en l’amplifiant, ou bien l’apaiser en liant les villes ? Comment révéler les tensions urbainesagricoles ? Le réseau viaire peut dans sa morphologie générale serpenter sur la limite communale en s’accrochant à quelques places urbaines. Les travaux souterrains prévus pour les terminus peuvent être l’occasion d’enterrer une section de la N370, et de construire de vastes parkings souterrains même si l’objectif reste de réduire les déplacements en voiture. Cette première ébauche du réseau viaire tente de lier les voiries existantes par d’amples courbes qui s’entrecroisent. Les nouvelles rues composent une mosaïque d’espaces. Il est nécessaire de construire des logements, des bureaux, des commerces : l’intérêt économique de la proximité avec la gare GPE est considérable. Mais il semble également important de préserver une continuité piétonne à l’échelle de l’entredeux. Le Parc de la Butte Verte peut alors s’étirer au nord et à l’ouest pour devenir le support de continuité piétonne et de liaison urbaine végétale. De nombreuses liaisons transversales relient les villes entre elles. Les îlots à construire sont agencés de manière à tenir le tracé des nouvelles rues, et à offrir de multiples ouvertures et vues sur le territoire. 101
La gare GPE de Noisy-Champs et son parvis. La nouvelle place urbaine peut se décomposer et lier les deux bâtiments du RER A La place de la nouvelle centralité se définit à travers l’agencement de nouvelles architectures, et donc une densification de l’entre-deux.
L’AMORCE D’UNE TOILE URBAINE TERRITORIALE : LA MISE EN RÉSEAU DE 4 PREMIÈRES PORTES Il y a encore quarante ans, le territoire de Noisy-Champs était recouvert de champs céréaliers. Quelques corps de fermes comme celui de la Grenouillère organisaient le territoire en articulant les route rectilignes et les chemins vicinaux entre les parcelles cultivées. Demain, la gare du GPE Noisy-Champs doit à son tour endosser ce rôle central et organisateur. Mais le contexte est bien différent. Les champs ont disparus. Les bois ont persisté. Il me semble intéressant d’évoquer le passé pour façonner l’image du territoire. La gare du GPE devient le nouveau corps de ferme de Noisy-Champs. Le parvis de la gare est la cour intérieure, les logis sont les quartiers de la Ville Nouvelle, les bâtiments logistiques comme le hangar et l’étable sont au contact du parvis, etc... Ces métaphores peuvent être visibles dans l’écriture des espaces publics. Elles peuvent également prendre forme en terme d’usages et d’activités tournés vers le monde agricole. La tension ville-campagne du territoire, historique mais peu palpable dans ses paysages urbains, peut faire écho au pari étatique du projet de Cluster «Ville Durable» à la Cité Descartes. Le système urbain de Noisy-Champs peut alors devenir le territoire d’expérimentations en terme d’innovation et de recherche en agriculture urbaine. Les populations ouvrières dans les grands ensembles, ou bien les nombreuses écoles doivent être associées au projet de territoire. 102
Le tracé de la N370 ondule sur la limite communale pour lier les villes et rompre la rupture rectiligne de l’actuelle 2*2 voies Nouvelles liaisons entre les villes et nouveaux axes principaux en rayonnement depuis la gare Prolongement des buttes vers la Cité Descartes et le Bois de SaintMartin. Les remblais des terminus souterrains sont réutilisés. De nouvelles architectures s’intègrent au buttes en ayant le rôle de mur de soutènement. Le réamanégement d’espaces publics, et semi-privés est à prévoir pour des lieux clés permettant une transition vers les espaces verts des résidences Étirement de la trame boisée du territoire et connection entre le Bois de Grâce et le Parc de la Butte Verte. Les coulées boisées deviennent le support de cheminements piétons Nouvelles places correspondant à des portes urbaines sur les quartiers. Le parvis de la gare n’est pas la place centrale, mais il est le liant d’un ensemble de places singuilères.
La Grenouillère
L’ORGANISATION DU CORPS DE FERME DE LA GRENOUILLÈRE AVEC SON TERRITOIRE AGRICOLE
Gare GPE
L’ORGANISATION DU CORPS DE FERME DE LA GARE DE NOISY-CHAMPS AVEC SON TERRITOIRE URBAIN
PLAN D’INTENTION SUR LE PÉRIMÈTRE DE PROJET N 0
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AXONOMÉTRIE DE LE NOUVELLE TRAME URBAINE AU SUD DE LA GARE GPE
GARE GPE NOISY- CHAMPS
Parc de la Butte Verte
PLACE DE LA BUTTE VERTE
La noiseraie Henri Ciriani
PLACE DE LA CITÉ RER A
RER A
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L’ESIEE
ENTRE LA PLACE DE LA CITÉ ET LA PLACE DE LA BUTTE VERTE L’axonométrie de gauche illustre l’esquisse d’une nouvelle organisation urbaine au sud de la gare GPE de Noisy-Champs. Cette nouvelle trame urbaine s’appuie sur la création de 2 nouvelles places : la Place de la Butte Verte et la Place de la Cité. Elles se situent au contact de la Noiserie du côté Noisy-le-Grand, et aux abords de l’ESIEE dans la Cité Descartes. LA PLACE DE LA BUTTE VERTE
LA PLACE DE LA CITÉ
La place se localise à l’extrémité nord-est de la résidence en forme de T de Henri Ciriani. Elle prend place sur l’actuelle école Gavroche, relocalisée. L’association des architectures massives et hautes avec les buttes boisés marque l’atmosphère du lieu. Les pentes du Parc glissent vers la place d’un côté. Sa frange nord est ouverte, les talus sont cultivés par les habitants de la Noiseraie. Ce haut et long talus de potagers et de vergers fait office d’arrière plan végétal de la place. Sur un autre flanc, la place est cernée par des bâtiments intégrés aux buttes. Ces derniers se composent d’une façade plaine et deux deux façades triangulaires disparaissant dans le talus. Le parc se prolonge ainsi sur les toits du quartier. Les passerelles relient l’ensemble des architectures en caressant le houppier des arbres. Ce jeu d’étagement des cheminements piétons fait écho à l’axe central piéton de la Noiseraie. Ce dernier est en quelques sorte prolongé vers la gare du GPE tout en s’insérant dans les buttes. Les bâtiments qui font office de mur de soutènement accueillent des commerces et de locaux d’activités en rez-de-chaussée.
La place se déploie sur le carré de bois coincé entre l’ESIEE et un bâtiment de bureau. La position semble stratégique. Elle se situe entre les universités et la gare GPE de Noisy-Champs. Elle est donc un fort lieu de passage étant donné que la majorité des étudiants ne vivent pas sur le campus. C’est également une actuelle poche boisée entre le Parc de la Butte Verte et le Bois de Grâce. Les surfaces perméables n’ont jamais été artificialisées. La topographie marque une douce transition entre les reliefs bossus du parc urbain et la planéité du plateau sur lequel repose la Cité Descartes. La Place de la Cité devient un lieu de convivialité, de rassemblement et d’échanges autour de nouvelles structures agricoles et culturelles. Un tissu associatif mêlant les étudiants et les habitants des quartiers peut s’approprier la place et animer des nombreuses manifestations au coeur des serres urbaines, de l’étables et du hangar. Ces trois bâtiments organisent la place en se mêlant aux bois et en s’intégrant à l’Avenue Ampère. 105
AXONOMÉTRIE DE LE NOUVELLE TRAME URBAINE AU NORD DE LA GARE GPE
Le quartier du Champy
PLACE DES ÉTANGS Le quartier des Hauts-Bâtons
PLACES DE LA DALLE GARE GPE NOISY- CHAMPS
RER A
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ENTRE LES PLACES DE LA DALLE ET LA PLACE DES ÉTANGS L’axonométrie de gauche illustre l’ébauche de la trame urbaine sur le flanc nord et ouest de la gare GPE de Noisy-Champs. Le nouveau tissu urbain s’articulent entre les Places de la Dalle dans le quartier du Champy, et la Place des étangs à proximité du quartier du Bois de Grâce. LES PLACES DE LA DALLE
LA PLACE DES ÉTANGS
Le dédale de nouvelles placettes marque la transition entre la dalle existante du Champy et la gare GPE. Les espaces publics se déploient sur l’ancienne zone commerciale du Champy. Les bâtiments ont été détruits au profit de programmes architecturaux mixtes. Le caractère commercial du site est amplifié par le développement d’une diversité et d’une abondance d’activités aux abords de la gare.
Plus loin au nord, la Place des Étangs est une surprise pour le piéton. Depuis la gare, le voyageur marche sur une vaste dalle se prolongeant au nord et à l’ouest. Soudain la dalle s’arrête, elle façonne une terrasse orientée sur le prolongement de l’entre-deux au nord. La topographie du site permet aisément la rupture de niveau et l’effet belvédère. À Champs-sur-Marne, l’extension urbaine reste faible. Il ne faut pas obstruer les vues sur la vallée de la Marne. La surprise en arrivant sur la Place des Étangs est l’apparition soudaine d’une pièce d’eau au pied du mur de soutènement. L’étang est le premier d’une chaîne de pièces d’eau reliées par le ru du Nesles. Ce dernier est rouvert et devient le support d’une trame piétonne s’orientant vers le nord en direction de Gournay-sur-Marne.
L’extension du quartier du Champy s’ouvre sur l’entre-deux et dialogue avec la gare. La trame des espaces publics est sur deux niveaux : la dalle et son dessous. La tracé des placettes reprend les formes actuelles des espaces publics. La dalle est irrégulière et éclatée. Elle se propage sur une vaste surface en prenant l’apparence d’une toile tortueuse de carrés et rectangles reliés par des cheminements plus étroits. En revanche, la dalle est fortement liée à son socle. Les transitions entre les niveaux sont parfois brutales avec des ruptures de niveau, ou bien adoucies en jouant avec les pentes. En bas, à l’étage de la ville, les surfaces perméables deviennent des jardins, le verger et le potager d’agréments d’un point de vente d’une ferme. La production des fruits et légumes se réalise en bas, les transformations de produits et les ventes se réalisent sur les Places de la Dalle.
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PERSPECTIVE Dans mon analyse territoriale, je me suis appliqué à croiser les échelles pour identifier les particularités du territoire de Noisy-Champs, toujours cette question en tête, «Habiter Noisy-Champs, qu’est-ce que cela signifie?». La suite du Travail de Fin d’Étude s’appuie sur les singularités des lieux identifiés dans mon diagnostic. Comment le projet de paysage peut-il accompagner les transformations sur le territoire de Noisy-Champs ? Mes intentions de projet tentent de dresser un potentiel «plateau de jeu». Mon travail consiste à composer la nouvelle centralité, en agençant la trame des espaces publics en cohérence avec le territoire. Je dessine les formes du plateau de jeu à travers une écriture agricole des lieux évoquant l’histoire du site. Les règles sont à imaginer. Différents scénarii sont envisageables. À quelle échelle se conçoit le système urbain agricole de Noisy-Champs ?
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Dans un premier scénario, l’écriture agricole se déploie dans le design des espaces publics, le mobilier urbain, les matériaux, les compositions végétales et sur quelques usages proposés. Dans ce scénario, le territoire se compose d’un nouveau quartier mixte entremêlé à de nombreuses surfaces perméables. Ces lieux sont multiples : jardins partagés, potagers de résidences, serres étudiantes, etc. Le quartier fonctionne en circuit court, en associant en un même lieu quelques parcelles de faibles productions avec des points de ventes de productions maraîchères du Plateau de la Brie. Le territoire de Noisy-Champs devient le réceptacle d’une vie de quartier animée dans un décor champêtre. Un deuxième scénario est concevable. L’intervention étatique sur le projet du Grand Paris, sur le chantier du GPE et sur le développement de clusters démontre une grande ambition en terme d’innovations et de nombreuses attentes concernant les retombés économiques. Forte de sa position, Noisy-Champs devient une porte agricole de la Métropole du Grand Paris, située entre la capitale et les champs. Le territoire devient un lieu d’urbanité intense qui tend à devenir une plateforme condensant en un même lieu des circuits courts sur le territoire et des circuits de redistributions à l’échelle de l’agglomération. Les espaces verts des grands ensembles se transforment en parcelles agricoles d’expérimentations. étudiants, chercheurs, entreprises et ouvriers jardiniers travaillent collectivement sur ces lieux. Le territoire de NoisyChamps devient le réceptacle d’une forte polarité agricole métropolitaine.
Photographe TOMM www.20minutes.fr
Grand concours photo Ma citĂŠ, Mon histoire 109
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«Prospective périurbaine et autres fabriques de territoires, Territoires 2040» 2010
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«Gouvernance territoriale et enjeux du Grand Paris : la métropole capitale entre inerties et réformes» janvier 2010
Dorothée MARCHAND et Karine WEISS
«La crise de l’identité urbaine : Stéréotypes spatiaux et mise au ban de la ville» 2006
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«Le centre-ville est-il le noyau central de la représentation sociale de la ville ?» 2005
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«Le droit à la ville de Henri Lefebvre : quel héritage politique et scientifique ?» 2010
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«Gares et dynamiques urbaines - les enjeux de la grande vitesse»
«Introduction. Grand Paris : projet pour une métropole globale»
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«Un projet pour le Grand Paris et la métropole de l’après-Kyoto - la ville poreuse» 2011
Revue SUR-MESURE
«Natures urbaines et citoyennetés» 2017
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«Poétique du paysage urbain», Métropolitiques 2013
Émline BAILLY et Dorothée MARCHAND «La ville sensible au coeur de la qualité urbaine», Métropolitiques 2016
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«Du bon usage de la lenteur» 2000
Rémie JANIN
«La ville agricole» 2017
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Lucie SCHEIDER
«La Ferme du Bonheur, une réponse au contexte urbain de Nanterre» 2014
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La théorie des pièces urbaines dans l’ensemble résidentiel de Noisy II, 1975-1980 (HAL, archives ouvertes). 2018
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SITES INTERNET citego.org
«Centralité, polarité, nodalité - Francis BEAUCIRE et Xavier DESJARDINS»
r-urban.net
Note rapide «Articulation entre gares et quartiers de gare : la méthode node-place» 2017
Institut d’Aménagement et d’Urbanisme
Note rapide «La mobilité dans le périurbain : désir d’ancrage et nouvelles priximités» 2014
Stratégie de résilience urbaine et réflexion sur l’agriculture urbaine
Atelier Parisien d’Urbanisme APUR
insee.fr sig.ville.gouv.fr
Atelier Parisien d’Urbanisme APUR
Données et chiffres sur la démographie des quartiers et leur composition
nlghistoire.fr
Bulletin retraçant de l’histoire du territoire au travers de thématiques précises
epamarne-epafrance.fr societedugrandparisexpress.fr lemoniteur.fr
Source d’actualités sur l’avancement du projet du Grand Paris Express
noisylegrand.fr ville-champssurmarne.fr
Obtention des PLU en ligne, liste des tissus associatifs des communes et rapport de réunion publique de concetration sur le projet de Noisy-Champs
Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris ligne 15 et 16 décembre 2014
Monographie du quartier de gare Noisy-Champs juillet 2014
Rémi BABUT, Julie BOUCCARA, Constantin FÉRONCATOURGIDÈS, Arthur HUTIN, Gaëlle RENONCET
«La cité Descartes, vers un espace public en 3 dimensions», Projet de fin d’étude - Ecole Nationole des Ponts et Chaussées 2015
RAPPORTS ET PRÉSENTATIONS Amandine ROBINET, CAUE de Seine-et-Marne Diagnostic patrimonial de Noisy-le-Grand 2015
Agence SEURA dans le cadre de l’Atelier International du Grand Paris
Le logement en Île-de-France, une «bombe à retardement» 2015
CONTRAT DE VILLE de Noisy-le-Grand 2015-2020 REPÈRES aménagements, urbanisme
Guide pour la prise en compte de la biodiversité dans les métiers du logement social 2015
Associaion «les Amis Naturalistes des Coteaux d’Avron Inventaires faunistiques et floristiques de la commune de Noisy-le-Grand 2016-2017
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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont accompagné et soutenue tout au long de ces 6 derniers mois. Tout d’abord un grand merci à Lou CARTET-DUPUY pour son aide précieuse quotidiennes. Ses conseils et remarques ont mis en lumière de nombreuses réflexions durant mon travail de mémoire. Je remercie également mes professeurs encadrants, Jacqueline OSTY et Vincent THIESSON, pour m’avoir écouté et guidé. Nos rendez-vous dans leur ateliers furent autant agréables qu’enrichissants. Merci à ma grand-mère Anne-Marie LOYER pour ses relectures attentives. Enfin, je remercie tous mes ami.e.s de la Promotion Albizia pour ces 5 belles années à Blois, et notamment mes deux chers colocs, Monsieur Guy et Miss VDB qui ont su me supporter au quotidien ces dernières années.
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ATMOSPHÈRES NOCTURNES DE LA ZONE COMMERCIALE DU CHAMPY
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NOISY-CHAMPS UNE ÉCRITURE AGRICOLE DES ESPACES PUBLICS DE LA NOUVELLE CENTRALITÉ POUR UNE MISE EN RÉCIT DES TENSIONS HISTORIQUES VILLE-CAMPAGNE À NOISY-CHAMPS
Un territoire de campagne dans le passé, étroitement lié à l’agriculture, où les habitants s’appliquent à cultiver les terres... Puis un territoire urbanisé de Ville Nouvelle, où des principes d’urbanisme soutenant une association ville campagne orientent son développement. Un territoire vécu sur les côtés, dans des quartiers de grands-ensembles... Et un territoire délaissé au centre, espace de frontière et de mise à l’écart des villes. Un territoire urbanisé, aux architectures massives de béton et aux vastes voiries enrobées... Et un territoire encore perméable, aux nombreuses friches, espaces verts, pelouses et bois. Un territoire d’excellence universitaire, se déployant sur la thématique de Ville Durable et concentrant une grande diversité d’acteurs dans les domaines de la fabrique de la ville et de son orientation environnementale... Et un territoire composé de quartiers en difficulté, enclavés, présentant un fort taux de chômage, une population ouvrière, un taux de scolarisation assez faible, et un affaiblissement des liens sociaux. Un territoire de projet, ambitieux, métropolitain soumis à des chantiers de grandes envergures sur un temps long... Et un territoire de gouvernance, où les rivalités géopolitiques et les intérêts économiques sont forts. Kevin PLÉNEL
Mémoire de fin d’étude 2018/2019
Département École de la Nature et du Paysage - INSA CVL 9 rue de la chocolaterie, 41000 Blois 114