Mémoire de PFE : La vallée de la Canche, Un paysage rural en transition

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La vallée de la Canche Un paysage rural en transition

Projet de Fin d’Etude Kévin RODALLEC ENSAP Lille 2019 Sous l’encadrement de Yves Hubert et Bertrand Le Boudec

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Membre du jury Agnès Bochet Thomas Wattez Jean-luc Brisson Sabine Ehrmann Richard Klein Stephane Loosveldt 2


Remerciements

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Introduction

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Cadre de l’atelier

SOMMAIRE

I ) Portrait d’un territoire rural

A. Un déséquilibre territorial B. Histoire d’un paysage rural

C. L’arrière-pays, une identité à préserver

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II ) Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé 29 A. Évaluation des dynamiques actuelles 31

B. Évaluer le territoire dans une démarche participative

C. Quelle vision du territoire pour demain ?

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III ) L’eau : moteur de projet , vecteur de paysage

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A. Les enjeux d’un projet rural

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B. Une réponse par le chemin de la goutte d’eau

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C. Vers un projet fédérateur pour la vallée de la Canche

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Conclusion

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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier l’ensemble des encadrants de cet atelier. Je salue particulièrement Yves Hubert et Bertrand Le Boudec qui ont su me guider pour mener à bien ce projet de fin d’étude. Je remercie également l’ensemble des acteurs présents aux journées participatives . Leurs connaissances du territoire ont permis de mettre en avant les enjeux de la vallée de la Canche dans une vision partagée. Un grand merci aux camarades paysagistes passionnés, plein d’énergie et de bonne humeur. Ils ont fait de cette formation une expérience très enrichissante. Enfin je remercie évidement tous mes proches qui m’ont soutenu et aidé dans ce projet. Merci à Julie Souchay, fidèle correctrice de mémoire.

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INTRODUCTION Le sujet de l’atelier ‘‘ Matérialité ’’ fut selon moi, un moyen de découvrir et de mettre en application de nouvelles façons de faire le projet de paysage. Il devient aujourd’hui nécessaire de mettre en place de nouvelles méthodes afin de mieux comprendre la complexité d’un territoire et répondre à la demande sociale de nature et de paysage. La démarche participative permet à la fois de qualifier le paysage mais aussi de définir les enjeux du territoire. La participation organisée avec ceux qui agissent directement sur le territoire (agriculteurs, gestionnaires, forestiers... ) permet aussi d’identifier les outils pouvant rendre un projet opérationnel.

La méthode mise en place dans ce cadre universitaire s’exerce à titre expérimental. L’atelier doit donc pouvoir tirer les forces et les faiblesses des ateliers participatifs organisés dans une temporalité relativement courte.

Des points de vue pluriels ‘’Dans un processus de participation, le paysage ne peut pas se réduire à l’image unique d’une portion d’espace qui s’offre à la vue. Chaque personne, chaque catégorie de personnes porte un regard particulier selon ses pratiques sur cet espace et ses préoccupations ‘’

MICHELIN Yves, Fiche technique Participation et Paysage du programme Paysage et développement durable, 2013, p.2.

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CADRE DE L’ATELIER L’atelier ‘‘Matérialité’’ du semestre de printemps 2019 à la particularité d’être un ‘’Atelier public de paysage’’. Il s’agit du douzième atelier public mis en place au sein de l’ENSAPL. La Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) des Hauts-de-France est le commanditaire de cette mission. La commande est relativement ouverte. Elle fut d’abord orientée sur l’estuaire de la Canche entre la ville du Touquet-ParisPlage et Etaples. Au fur et à mesure des réunions et réflexions sur le territoire, nos problématiques se sont élargies vers la recherche d’un paysage symbolique et fédérateur dont la cohésion territoriale est au cœur de nos préoccupations. L’approche proposée par l’atelier pour répondre à ces problématiques cible la question des services écosystémiques. Il s’agit de comprendre comment les services que rendent la nature à l’Homme peuvent être un levier de projet. Cette vision anthropocentrée place l’Homme au cœur de la réflexion mais s’appuie sur les ressources et les dynamiques naturelles fondamentales.

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Une seconde approche du projet est instaurée dans cet atelier et que l’on pourrait qualifier de participative. Il s’agit de favoriser le débat et de laisser les acteurs du territoire prendre la parole afin d’identifier les points de tension et à l’inverse les points convergents. Cette implication de leur part est un moyen de comprendre la vision qu’ils portent sur leur territoire. Par ailleurs, il est question d’échanges et nous devons également en temps qu’étudiants paysagistes concepteurs, pouvoir leur proposer une vision commune et partagée.

Voici donc un atelier de paysage singulier, cherchant à faire le projet de paysage par le biais de la participation et au travers des services écosystémiques. L’évaluation du territoire, la capacité à se projeter en 2050 ou encore l’adhérence aux projets proposés sont autant d’étapes sollicitant l’implication des différents professionnels agissant sur le paysage de la vallée de la Canche.


Les services écosystémiques : une approche du projet de paysage La notion de services écosystémiques est apparue dans les années 1980. Elle se développe dans les années 90 puis prend de l’ampleur lors de la publication du Rapport sur l’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire (Millenium Ecosystem Assessment). ‘‘ La notion de service écosystémique est définie comme étant les biens et les services que les Hommes peuvent tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur bien-être (nourriture, qualité de l’eau, paysage...) ’’.1 Il y a donc à travers cette notion la volonté de faire prendre conscience aux Hommes que l’Humanité n’est rien sans des écosystèmes durables et de qualité. Comment intégrer le service écosystémique dans le projet ? Les services écosystémiques (SE) sont répartis en 4 catégories : Les services de support, les services de production, les services de régulation et les services culturels. 1 Dictionnaire écologie, ATELIER PARTICIPATIF DE PAYSAGE

‘Service écosystémique’ : ATELIER PARTICIPATIF DE PAYSAGE BAIE DE CANCHE DE mai CANCHE https://dicoagroecologie.fr (consultéBAIE le 15 2019).

Le projet développé cherche donc à palier les différents services écosystémiques jugés néfastes et à encourager ou maintenir les services jugés positifs mais pas assez présents. Ainsi, les problématiques d’érosion, de pollution ou encore de sédimentation apparaissent comme étant des dynamiques à corriger. La pollinisation, le maintien des habitats de reproduction ou encore la recherche d’un paysage à valeur culturelle s’imposent comme étant à renforcer.

La méthode proposée dans cet atelier reste ATELIER PARTICIPATIF DE PAYSAGE ATELIER PARTICIPATIF DE PAYSAGE expérimentale etBAIEreflète la vision d’un panel BAIE DE CANCHE DE CANCHE BAIE DE CANCHE d’acteurs non exhaustif.

ATELIER PARTICIPATIF DE PAYSAGE

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I. Portrait d’un territoire rural La campagne ! Ce mot si courant presque dénué de son sens, n’est pas simplement le territoire rural dont on parle avec nostalgie, c’est aussi un territoire d’avenir capable d’assumer les défis de demain.

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I. Portrait d’un territoire rural

Le territoire de la vallée de la Canche Le site d’étude prend place au bord de la Manche sur la côte d’Opale dans le Pasde-Calais. La vallée de la Canche s’étire des terres jusqu’à la mer de la même façon que les deux vallées de la côte picarde plus au sud ( vallée d’Autie et vallée de la Somme). La vallée de la Canche connaît un climat tempéré et océanique. Le réseau hydrologique repose sur un socle majoritairement limoneux. Les fonds de vallées sont occupés par des dépôts alluvionnaires, argilo-sableux et tourbeux.21 Le fleuve prend sa source à Gouy-enTernois à 132m au-dessus de la mer et se jette dans la Manche entre Etaples et Le Touquet-Paris-Plage. Le cours d’eau traverse le Pas-de-Calais sur plus de 100 kilomètres. Il est relativement court mais dispose de nombreuses ramifications. En aval de Montreuil-sur Mer, le dénivelé très faible génère un cours d’eau sinueux traversant des paysages humides où l’eau sort fréquemment de son lit mineur. A l’échelle nationale, la vallée est fortement concernée par les risques d’inondation et d’érosion. 2 https://www.contratbaie2canche.fr (Consulté le 14 avril 2019).

Carte du réseau hydrographique Français, SIG. Kévin RODALLEC

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12 0

1

2

3 km


I. Portrait d’un territoire rural

A. Un déséquilibre territorial Cadrage du territoire retenu Le cadrage du territoire fut déterminé par les grandes entités paysagères et par la nécessité d’intégrer Montreuil-sur-Mer dans une vision intercommunale. Il s’étend d’ouest en est du front de mer jusqu’à Montreuil-Sur-Mer et du nord au sud de Camiers jusqu’à Merlimont. Le périmètre d’étude couvre ainsi près de 300 km2. Le périmètre est relativement similaire à celui identifié par le contrat de baie de Canche. Ce périmètre dépasse les entités administratives et tente de se préoccuper davantage d’un paysage maritime dans toute sa profondeur car de nombreuses dynamiques sont indissociables. Le socle topographique de ce territoire permet à la fois de comprendre l’organisation de la vallée de la Canche et de tous ses affluents majoritairement concentrés sur la rive droite. La topographie de l’arrière-pays culmine à plus de 150 mètres d’altitude à de nombreuses reprises. Ainsi, de forts dénivelés se font ressentir et s’expriment à travers les coteaux, l’implantation de la ville fortifiée de Montreuil-sur mer ou encore les falaises mortes de Camiers. Carte IGN de la vallée de la Canche Source : Géoportail

Cinq grandes entités paysagères se distinguent sur ce territoire. L’usage du sol, la topographie ou encore la végétation sont les critères permettant d’identifier ces paysages. Le territoire est ainsi composé d’un estuaire et d’un front littoral qui forment un paysage maritime propre au lieu. Vient ensuite le cordon dunaire habité puis la vallée et son ensemble de vallons (la Canche et ses affluents).Le territoire est aussi composé de marais s’étirant aux pieds de Montreuil-sur-Mer et Qucq. Les espaces agricoles forment un cinquième type de paysage composé de grands plateaux notamment sur la rive droite de la Canche.

L’estuaire

Le cordon dunaire

Les marais

La vallée et les vallons Les plateaux agricoles

Carte des entités paysagères de la vallée de la Canche MOUGE Célestine et RODALLEC Kévin

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I. Portrait d’un territoire rural

Une dualité territoriale Le vaste territoire de la vallée de la Canche illustre une dualité forte entre front de mer et l’arrière-pays. Deux paysages se font face. L’arrière-pays est vallonné et ouvert car faiblement arboré. C’est aussi un paysage qui m’a semblé intemporel à l’écart du rythme balnéaire et des saisons touristiques. A l’inverse, le cordon dunaire est largement marqué par le tourisme. Bien qu’il soit fortement arboré, il accueille la majorité des espaces urbanisés du territoire. Ainsi, la plupart des équipements et des services se concentre à Camiers, Etaples ou Le Touquet-Paris-Plage. L’urbanisation et les aménagements n’ont cessé de rendre le front de mer toujours plus attractif, souvent au détriment de l’arrière-pays. L’absence d’interaction entre ces deux grandes entités se ressent à travers différents éléments du paysage. Tout d’abord, le relief marque une rupture physique. D’autre part les différentes routes départementales accentuent la fracture est-ouest. Enfin, le contraste est renforcé par la palette végétale. Alors que l’arrière-pays est essentiellement arboré de feuillus, le front de mer fut généreusement planté de conifères durant le XIXe siècle. Alphonse Daloz plante la forêt du Touquet de Pins Opposition arrière-pays / front de mer Avril 2019 Kévin RODALLEC

maritimes (Pinus maritima) mais aussi de chênes, de bouleaux, de trembles ou d’érables.3 1 Ainsi les milieux sont bien plus riches et diversifiés sur le cordon dunaire. Cet espace concentre d’ailleurs un nombre important de zones protégées (ZNIEFF, Natura 2000 ou encore Réserve Naturelle Nationale). D’autre part, le contraste entre l’arrière -pays et le cordon dunaire se ressent dans la manière dont ces espaces sont vécus. Il est important de noter que l’arrièrepays compte très peu d’aménagements ou d’espaces publics. L’espace privé est largement dominant, des parcelles agricoles aux jardins privés sans oublier les concessions de pêche individuelle. A l’inverse, le cordon dunaire témoigne de nombreux conflits d’usage car une pression forte s’exerce sur les espaces accessibles par tous. Malgré toutes ces disparités, un élément majeur du paysage permet un dialogue entre ces deux grandes entités paysagères. Le fil conducteur s’exprime finalement à travers la Canche et ses affluents. Le cheminement de l’eau, d’amont en aval, forme le lien indissociable entre les plateaux agricoles et l’estuaire. 3 https://www.letouquet-museevirtuel.com/le-pharede-la-canche/le-phare-et-sa-r%C3%A9gion/lafor%C3%AAt-du-touquet/ (Consulté le 30 mai 2019).

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I. Portrait d’un territoire rural

B. Histoire d’un paysage rural La vallée de la Canche et son estuaire reflètent ainsi deux grandes entités paysagères distinctes. Il est fondamental de retrouver une interaction entre l’arrière-pays et le front de mer.

Un territoire rural et agricole Le territoire de la vallée de la Canche est largement marqué par les paysages agricoles. L’intensification des cultures à généré de grandes parcelles en monoculture. Elles prennent place sur un socle topographique vallonné et majoritairement calcaire. Peu structuré par les haies bocagères, ces paysages sont traditionnellement ouverts. Aujourd’hui, environ 70 % du territoire est occupé par l’activité agricole.

nombreuses formes, l’arrière-pays ne comporte que quelques forêts de feuillus ponctuant les grands espaces agricoles. Aujourd’hui, le territoire attractif s’étire le long de la frange littorale mais il est essentiel de s’intéresser au territoire dans sa profondeur. Dépréssuriser le front de mer est un enjeu important. L’arrière-pays a la capacité d’accueillir une nouvelle forme de tourisme mais aussi une nouvelle façon d’habiter. Sur la carte IGN (p.12), le territoire rural est largement représenté en blanc, ce qui traduit une absence d’information. Pourtant, le paysage continue. C’est précisément à ce blanc de la carte que nous nous intéressons.

‘’ Tous les terrains pouvant être labourés ont été labourés ‘’ Guy FOURDINIER L’ensemble des bassins versants est également caractérisé par sa faible diversité d’habitats et de strates végétales. Alors que le cordon dunaire est composé d’une mosaïque d’habitats très diversifiés et d’une végétation déclinée sous de RODALLEC Kévin Structure paysagère du paysage rural de Camiers Camiers 2019

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Bréxent

Estréelles

Enocq Attin

Montreuil-sur-Mer

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Le bassin versant de la Canche s’organise en deux rives bien distinctes. La rive droite est fortement vallonnées et comporte tout un ensemble d’affluents. Les dénivelés sont très marqués sur les coteaux calcaires des vallons de la Dordonne et de la Course. La rive Gauche présente un profil topographique moins contrasté et aux altitudes plus basses. Outre ce socle topographique naturel, l’Homme a mis en place tout un ensemble de digues le long de la Canche. Cette micro-topographie à l’échelle du territoire modifie considérablement le paysage en canalisant l’eau. Ainsi, de nombreux espaces humides ont disparus au profit de surfaces agricoles. Cette modification de la topographie est aujourd’hui à requestionner car elle va à l’encontre des dynamique naturelles. L’eau et la topographie doivent être repensées dans une logique de résilience. Géologiquement, l’arrière-pays se caractérise par trois types de sol. Les plateaux reposent sur un sol brun particulièrement lessivé sur un marne et argile. Les coteaux sont également constitués d’un sol brun, davantage Maquette de la vallée de la Canche RODALLEC Kévin 2019

I. Portrait d’un territoire rural

Un socle topographique et géologique

calcaire et limoneux. Enfin les vallons et le fond de vallée de la Canche prennent place sur des sols alluviaux.4 1 Le sol et l’eau sont les facteurs déterminants de la végétation. Mais l’activité humaine joue un rôle fondamental sur la place et les formes qu’occupe la végétation de ce territoire. Ainsi, les plateaux et les coteaux calcaires sont faiblement arborés 4 FORESTIER Benoît, L’agriculture et la société rurale dans l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer depuis1850 : permanences et ruptures. Sous la direction de Bruno Béthouart. Université du Littoral Côte d’Opale, 2014, p13.

Sols limono-argileux

Sols alluviaux

Sols brun argileux

Sols tourbeux

Dunes Sols sols sableux Calcaires

Carte des types de sols de la vallée de la Canche ID. Forestier Benoît, p13.

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Historiquement, l’arrière-pays est un territoire avant tout agraire et fut très peu touché par la révolution industrielle du XIXe siècle. Le socle, particulièrement pentu à proximité des cours d’eau, rend difficile le travail de la terre. Ainsi, les paysans y ont davantage développé l’élevage.5 1 L’origine des villages et leur étymologie rappellent leur ancrage agricole. La commune de Bréxent-Énocq est formée en 1790 par la réunion de Bréxent et d’Enocq. Brexent appelée ‘’Brechelessen’’ en 1170 fait référence à l’enclos, le domaine, la demeure. Enocq ‘’hoek’’ se rapporte à l’idée de l’angle, de la pointe de terre, ou encore du tournant, du fait de son implantation par rapport au cours d’eau. Les cartes historiques nous montrent l’importance des cours d’eau dans le paysage. Ce sont des éléments repères et structurants dans le paysage. Ils ont également une importance considérable car c’est à partir de la ressource en eau que s’organisent les premiers hameaux et villages. 5 FORESTIER Benoît, L’agriculture et la société rurale dans l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer depuis1850 : permanences et ruptures. Sous la direction de Bruno Béthouart. Université du Littoral Côte d’Opale, 2014.

I. Portrait d’un territoire rural

L’héritage d’un territoire agricole

Il est important de souligner que les hameaux se sont très peu développés depuis le XIXe siècle. A l’inverse, le paysage agricole environnant s’est considérablement transformé par la main de l’Homme. Il est ainsi possible de voir la diminution des boisements, ainsi que des vergers et du maraîchage. Le remembrement du parcellaire agricole est la cause et la conséquence de ce nouveau paysage. Le XIXe siècle est aussi caractérisé par l’essor des manifestations commerciales, des marchés, des foires... ‘’Ils assurent l’écoulement de la production ordinaire et les achats courants. Ils s’intègrent dans la vie quotidienne ‘’62. Etymologiquement, le nom de la ville d’Etaples fait d’ailleurs référence à la notion de ‘’marché’’, ‘’lieu de passage’’, ‘’place ‘’. Par la suite, l’agriculture devient de plus en plus intensive et exportatrice. Ainsi, les parcelles s’agrandissent toujours plus et les derniers espaces cultivables sont labourés malgré les fortes pentes et les surfaces arborées. 6 ID : FORESTIER Benoît.

Carte représentant la région d’Etaples en l’an 800 (édition du XVIIe siècle source BNF) La Canche d’Etaples à Montreuil en 1558 ( source BNF)

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La vallée de la Canche

Paysage rural de la vallée de la Canche. 22 Aquarelle, RODALLEC Kévin


I. Portrait d’un territoire rural

C. L’arrière pays, une identité à préserver Un paysage ouvert L’arrière-pays de la vallée de la Canche dispose d’un paysage à l’identité bien marqués. En effet, les plateaux agricoles sont très vallonnés et particulièrement ouverts. Peu de boisements ou de haies bocagères structurent l’immensité des parcelles agricoles. D’autre part les trois vallons ont un profil très encaissé comme nous pouvons le voir sur la maquette (p.18). Les coteaux sont très abruptes et souvent cultivés ou pâturés. Le fond des vallons est davantage boisé où le paysage de l’eau se révèle à travers des zones humides, des peupleraies ou encore des étangs. Encore une fois, la palette arborée dominante est composée de feuillus aimant les sols humides et alluviaux. Le saule, l’aulne, le frêne, le peuplier ou l’érable sont particulièrement présents. L’arrière-pays est aussi constitué de différentes zones protégées pour son patrimoine faunistique et floristique. Une Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) englobe le vallon du Huitrepin et de la Dordonne ainsi que l’ensemble des plateaux agricoles aux abords de Frencq. Les espaces boisés principaux du territoire forment

également des cœurs de biodiversité et sont identifiés comme étant des zones d’intérêt faunistique et floristique (ZNIEFF) de type 1. Les environs du vallon de la Course et une majeure partie de la vallée de la Canche forment quant à eux une ZNIEFF de type 2. L’arrière6pays est donc composé des ces trois types d’espaces protégés. Par ailleurs, le cordon dunaire dispose de nombreux autres espaces protégés comme les réserves naturelles ou les sites Natura 2000 par exemple.

ZNIEFF type 1

ZNIEFF type 2

ZICO

Zone de protection dans l’arrière pays de la vallée de la Canche Source : Géoportail

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Un patrimoine vivant ... Equisetum arvense Prêle des champs

Erodium cicutarium Bec-de-grue

Plantago lanceolata Plantain lancéolé

Ranunculus repens Renoncule rampante

Achillea millefolium Achillée millefeuille

Chaenorrhinum minus Petite linaire

Glebionis segetum Kickxia spuria Chrysanthème des moissons Linaire bâtarde

Silene latifolia Compagnon blanc

Lamium album Ortie blanche

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Vicia hirsuta Vesce hérissée

Veronica arvensis Véronique des champs

Euphorbia exigua Euphorbe fluette

Rumex crispus Oseille crépue

Daucus carota Carotte sauvage

Geranium robertianum Herbe à Robert

Sherardia arvensis Rubéole des champs

Geranium sanguineum Geranium vivace sanguin

Papaver rhoeas Coquelicot

Matricaria recutita Camomille sauvage

Agrostis spica-venti Jouet du vent

Taraxacum dens leonis Pissenlit

Heracleum sphondylium Berce sphondyle

L’arrière-pays présente une diversité faunistique bien plus pauvre que le cordon dunaire car il y a une faible diversité d’habitats. En effet, plus de 480 espèces sont identifiées sur la frange littoral. La vallée de la Canche et son estuaire sont aussi des lieux de passage pour de nombreux oiseaux migrateurs (plus de 75 espèces). L’arrière-pays compte ainsi une faune commune parmi laquelle on retrouve la fauvette, la bécasse, le lapin, le chevreuil, le sanglier, le renard, le blaireau, la fouine ou encore l’écureuil. De plus le paysage agricole accueille des espèces domestiques comme le cheval ou différentes espèces bovines. La Dordonne est un affluent de la Canche, long de plus de 9 km. Ce cours d’eau présente une qualité médiocre mais la diversité d’habitats reste propice à la reproduction et au développement de certains poissons convoités par les pêcheurs.

Flore messicole des plateaux agricoles de la Canche


I. Portrait d’un territoire rural

... et bâti Les villages de l’arrière-pays reflètent une qualité paysagère et architecturale. Le nombre d’habitants a très peu évolué au cours du siècle précédent. Toutefois, les recensements enregistrent une légère hausse de la population à Brexent-Enocq et Cormont. La présence de gîtes ruraux laisse également penser que la population augmente légèrement en période estivale. Peu de nouvelles construction se sont ajoutées aux hameaux de l’arrière-pays. Les entités bâties sont composées d’anciens corps de ferme et de nombreuses habitations datant du XIXe siècle. Plusieurs monuments historiques, églises ou calvaires participent également à son patrimoine. Église Saint-Nicolas de Longvilliers Source : Mémoire d’Opale 2012

Habitation à Longvilliers LETODE Camille mai 2019

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Un territoire vivant

Carpinus betulus Charme commun

Salix viminalis Saule des vanniers

Anas crecca Sarcelle d’hiver

Acer platanoides Erable plane

Anas querquedula Sarcelle d’été

Prunus spinoza Prunellier

Alnus glutinosa Aulne glutineux

Rallus aquaticus Râle d’eau

Alnus incana Aulne blanc

Cornus sanguinea Cornouiller sanguin

Cornus mas Cornouiller mâle

Viburnum lantana Vione lantane

Euonymus europaeus Fusain d’Europe

Ligustrum vulgare Troène commun

Populus alba Peuplier blanc

Egretta garzetta Aigrette garzette

Anguilla anguilla Anguille

Salmo trutta trutta Truite de mer Petromyzon marinus Lamproie marine

Salmo salar Saumon

Lampetra fluviatilis La lamproie fluviatile

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Myotis myotis Grand murin

Myotis emarginatus Murin à oreilles échancrées


Cettia cetti Bouscarle de Cetti

Ulmus minor Orme champêtre

Salix caprea Saule marsault

Salix alba Saule blanc

Quercus robur Chêne pédonculé

Populus tremula Peuplier tremble

Fraxinus excelsion Acer campestre Frêne élevé Erable champêtre

flore ne et de la re-pays n de la fau Organisatio pographique de l’arriè to l sur un profi

Aricia agestis Collier-de-corail

Lumbricina Verre de terre

Libellula fulva Libellule fauve

Ischnura pumilio Agrion nain

Brachytron pratense Aeschne printanière

Celastrina argiolus Azuré des nerpruns

Chrysochraon dispar Criquet des clairières

Stethophyma grossum Criquet ensanglanté

Geophilomorpha Géophile

Cercion lindenii Naïade aux yeux bleus

Coenagrion mercuriale Agrion de Mercure

Vertigo moulinsiana Vertigo des Moulins

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I. Portrait d’un territoire rural

Acrocephalus schoenobaenus Phragmite des joncs

Circus cyaneus Busard Saint-Martin


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II. Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé Le diagnostic de territoire mis en place dans cet atelier est issu de deux méthodes. Un premier point met en évidence les dynamiques du site à travers des données objectives et concrètes issues de différentes études déjà réalisées. A ces données, s’ajoutent des informations plus sensibles issues d’ateliers participatifs. Les propos recueillis lors de ces journées permettent de comprendre plus en profondeur les dynamiques du site. C’est également l’occasion de parler de Paysage avec les acteurs qui le vivent et le façonnent.

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Carte des surfaces agricoles RODALLEC Kévin Données SIG


II. Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé

A. Évaluation des dynamiques actuelles Vivre le territoire rural Aujourd’hui, sur le territoire délimité par le comité de Baie de Canche, 72 % du sol est occupé par l’agriculture et 9 % par des prairies 7.1 Les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et de la construction représentent 28 % des emplois sur ce même périmètre.

Ainsi, le paysage presque hors d’échelle pour l’Homme caractérise ce territoire rural. Outre la diminution du nombre d’actifs agricoles, c’est aussi une perte de savoirfaire et un appauvrissement des milieux qui s’instaurent.

Le cas de la vallée de la Canche n’échappe pas aux dynamiques nationales. Le périmètre du contrat de baie à connu une diminution de 37 % des actifs agricoles entre 1988 et 2000. Cette dynamique décroissante se poursuit au XXIe siècle. En effet le nombre d’exploitations recensé en 2000 était de 588 tandis qu’en 2010 il n’en reste que 388 sur ce même périmètre.

Cet appauvrissement s’explique notamment par la diminution du pâturage et des surfaces toujours en herbe ( prairies permanentes). En 2000, 24 % des surfaces agricoles sont occupées par les prairies tandis que 76 % sont labourables8.2

Il en résulte un impact considérable sur le paysage. La taille des parcelles cultivées a ainsi augmentée, passant de 49 ha par exploitation à 80 ha en moyenne en 2010. Peu de haies bocagères ou surfaces arborées structurent le paysage des plateaux agricoles. L’agrandissement du parcellaire n’a fait que réduire les surfaces arborées et pâturées au profit d’une production plus rentable. 7 2019).

www.contratbaie2canche.fr (Consulté le 20 mai

Les surfaces labourées sont majoritairement des cultures céréalières. Les cultures de maïs, de colza ou de betterave sont également bien présentes. En outre, près de 7 exploitations sur 10 sont concernées par l’élevage bovin. Si le nombre de tête a augmenté, le nombre d’élevage a quant à lui diminué.

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www.contratbaie2canche.fr (Consulté le 20

mai 2019).

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Les dynamiques de l’eau A l’échelle régionale, la Canche traverse des territoires vallonnés et fortement exposés aux phénomènes d’érosion. La rive nord de la vallée de la Canche est particulièrement concernée par l’érosion et les coulées de boue. Les aléas sont classés ‘’très forts’’.

Cartographie des risques d’érosion, INRA 2001.

Si les premières mesures de lutte contre l’érosion commencent à se développer, le territoire a auparavant enregistré des chiffres records . En 1995, un inventaire IGN a comptabilisé le déplacement de 100 000 tonnes de terres emportées vers la Canche. 91 Les ruissellements importants favorisent également le lessivage des sols, ce qui entraîne une diminution des qualités agronomiques du sol. 9 http://www.hauts-de-france.developpement-durable. gouv.fr (consulté le 22 mai 2019).

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II. Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé

Les nitrates

Les nitrates

La qualité de l’eau est l’une des priorités actuelle. Le cas de la Dordonne ou de la Grande Tringue présente une qualité d’eau bien plus médiocre que les cours d’eau voisins. Les teneurs en nitrates et en pesticides sont davantage élevées dans cette rivière. De plus, à l’embouchure dans la Canche, les risques d’inondations sont classés forts à très forts. Les affluents de la Canche ont donc un impact direct sur la qualité des eaux saumâtres ainsi que sur la faune et la flore estuariennes.

Les nitrates

Les pesticides Les pesticides

Les pesticides

Le schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) a identifié quatre enjeux majeurs : - Sauvegarder et protéger la ressource en eau souterraine. - Reconquérir la qualité des eaux superficielles et des milieux aquatiques. - Maîtriser et prévenir les risques à l’échelle des bassins versants ruraux et urbains. - Protéger et mettre en valeur l’estuaire et la zone littorale. 10

http://www.contratbaie2canche.fr/contrat-de-baie-de-canche/etat-des-lieux/leau-et-sa-gestion/ http://www.contratbaie2canche.fr/contrat-de-baie-de-canche/etat-des-lieux/leau-et-sa-gestion/

http://www.contratbaie2canche.fr Comité de baie de Canche, 2012.

http://www.contratbaie2canche.fr/contrat-de-baie-de-canche/etat-des-lieux/leau-et-sa-gestion/

10 http://www.sagedelacanche.fr/ ( consulté le 05 mai 2019).

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34 000 tonnes, soit 10 hectares

de terres arables, ont transité en trois jours à Attin en 1999

10 tonnes / ha / an de matière en érosion en moyenne

46 % des communes ont été touchées

par les coulées boueuses, de 1985 à 2000 dans les Hauts -de- France

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Plateau agricole à Bréxent-Enocq RODALLEC Kévin Mai 2019


100 000

tonnes de terres emportées vers la Canche en 1995

1 année sur 2, la déclaration de catastrophe naturelle pour inondation est déposée.

12 m3/s,

soit le débit moyen de la Canche Affluent de la Dordonne chargé en algues vertes RODALLEC Kévin Mai 2019

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B.Evaluer le territoire dans une démarche participative ‘’ Les zones humides ont une grande influence positive sur le territoire et notamment sur la régulation du climat ‘’

‘’ La dégradation des milieux humide est provoquée par l’érosion ‘’

Philippe MASSET

Romain Brassart

‘’ L’ agriculture raisonnée, c’est nécessaire pour ne pas dégrader la qualité de l’eau ‘’ ‘’ Demain le tourisme peut permettre de dépressuriser le littoral pour encourager le tourisme rural ‘’

Philippe MASSET

Thomas WATTEZ

‘’ L’eau... On parle d’or bleu, ce n’est pas pour rien ‘’ Yannick Verez

‘’ L’ érosion c’est une obsession incessante ‘’ Guy FOURDINIER

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Voici ci-dessous le tableau résumant l’évaluation des services écosystémiques sur l’ensemble du territoire de projet dont le cadrage est illustré page 12. Cet état des lieux du territoire actuel a permis de mettre en évidence deux types d’informations. La

II. Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé

Evaluation par les services écosystémiques

moyenne est illustrée sur la courbe orange. Elle s’étire sur une valeur de -3 à 3 ( très négatif à très positif). La variance illustrée en bande grise permet de mettre en évidence les S.E faisant débat ou à l’inverse ceux sur lesquels tout le monde s’accorde. La variance s’échelonne de 0 à 6. Plus la variance est haute, plus les opinions sont contrastées.

Évaluation du territoire actuel par les services écosystémiques Résultat de la journée participative du 14 mars 2019

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Les plateaux Retrouver un maillage de chemins ruraux

Maintenir les habitats de reproduction

Développement de la production d’énergie locale

Renforcer les haies bocagères pour lutter contre l’érosion

Diversifier les cultures

Favoriser l’élevage d’espèces locales

Les bas-champs Maintenir la stabilité des coteaux par la végétation

Réduire l’agriculture intensive sur les pentes fortes

Scénario : Les prémices du projet La phase de scénario a permis de mettre en place un échange entre les acteurs du territoire et les étudiants. En créant un support de discussions autour de scénarios de développement à l’horizon de 2050, nous avons tenté de leur faire prendre du recul sur l’espace qu’ils occupent. Énoncer des pistes d’actions fut un moyen de créer le débat et d’échanger sur les avantages, les inconvénients ou encore les limites des scénarios parfois volontairement caricaturés. Cette phase participe donc au diagnostic car elle permet de comprendre plus en détail les dynamiques du lieu. Comment mettre en place de nouvelles méthodes de production à la fois alimentaires et énergétiques ? Voici quelques pistes d’action proposées le 04 avril à une vingtaine d’acteurs du site.

‘’ C’est important de retrouver du pâturage en fond de vallée ‘’ ‘’ Surtout valoriser l’agro-foresterie ‘’

Renforcer les hameaux en les rendants productifs et attacritfs

Créer un maillage d’irrigation pour prévenir les risques d’inondation Retrouver un chemin le long des cours d’eau

LUCAS Germain et RODALLEC Kévin Un territoire en transition au service de la production ENSAPL 2019

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‘’ Oui, il faut renforcer la mosaïque de milieux ‘’ ‘’ L’élevage est de plus en plus difficile car il est moins rentable ! Il y a pourtant un intérêt de la pâture pour le bien commun ‘’.


II. Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé

Les vallons Retrouver un maillage de chemins ruraux

Bien que l’ensemble des actions proposées ne soit pas partagé de tous, les paroles recueillies ont fait mûrir des pistes de projet adaptées au site. La qualité de l’eau ou encore la réduction des risques d’inondation ou d’érosion se sont imposés comme étant les enjeux primordiaux pour les acteurs. La nécessité de retrouver des paysages et des habitats riches et diversifiés fut également vivement partagée. Les questions de production énergétique furent quant à elles peu évoqués par les acteurs.

‘’ Il n’y a pas assez de lutte contre l’érosion des plateaux, cela a pourtant un impact sur l’eau ‘’.

Développement des pôles d’attractivités ruraux

Pâturage en pré-salé Aménagement d’espaces submersibles

Les dunes habités

Développement du maraîchage

Développement de la production d’énergie à l’échelle locale

Rôle régulateur de la dune pour l’arrière-pays

‘’ Re-naturer plutôt que boiser c’est mieux, il ne faut pas étouffer les vallons, mais plutôt les laisser ouverts ‘’ ‘’ C’est essentiel d’aménager à grande échelle ‘’ ‘’ On a perdu tout un ensemble de chemins ruraux historiques ‘’

Reconversion de certaines voiries pour les mobilités douces

Renouvellement de la strate arborée

Développement de la conchyliculture

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Le socle :

Eaux / Milieux humides

DUNES

Sol / Fertilité

Biodiversité / Biomasse Identité paysagère

Un territoire attractif

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Structure végétale


II. Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé

C. Quelle vision du territoire pour demain ? Les valeurs du territoire / Le socle La vision commune proposée par l’atelier cherche à se baser sur le socle. Faire des éléments fondamentaux du paysage des leviers de projet est une démarche permettant de proposer un territoire en lien avec les dynamiques naturelles du site. La dune, l’eau, le sol ou encore la végétation sont vecteurs d’un territoire attractif. Les valeurs du territoire / Les postures En se basant sur ce socle, des postures communes sont mises en évidence pour que chaque projet individuel dialogue les uns les autres.

Bien que les politiques économiques dépassent les compétence du paysagiste, nous devons réfléchir dans une logique de développement d’économie sociale et cyclique en favorisant les circuits courts ou autres services de proximité. Une quatrième posture doit être abordée sur ce territoire touristique. Il s’agit de la saisonnalité qui doit être intégrée pour proposer un projet cohérent sur l’ensemble de l’année et à plus long terme encore. Enfin, l’ensemble des projets cherche à prioriser le développement de déplacement alternatif et des mobilités douces.

Ainsi, les réflexions guidant le projet sont les suivantes : Il est d’abord fondamental de penser et agir à l’échelle du bassin versant, en pensant la relation amont/aval. D’autre part, nous devons raisonner à l’échelle territoriale pour pouvoir aborder les notions de décentralisation, de solidarité, de complémentarité ou de connexion pour pouvoir porter une image commune.

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Reconnecter l’estuaire à l’arrière-pays Maillage du territoire via les liaisons douces Faciliter le franchissement de l’estuaire Pôle gare

Un territoire résilient Renaturation des coteaux et des plateaux pour limiter l’érosion et la pollution des eaux Mettre en place une politique de dépoldérisation, accepter l’entrée de l’eau dans les terres

Retrouver le statut de port de pêche et développer la base nautique pour la plaisance

Extension de la Canche, gestion des crues et redonner un contexte au fleuve sous forme de séquences

Valoriser la base nautique et l’insérer dans un contexte naturel et préservé

Accepter les dynamiques de l’estuaire et le risque de submersion

Créer des points de vues sur le grand paysage et les land-marks

Création de nouvelles zones naturelles, zones refuges

Inclure et mettre en valeur le patrimoine historique de la vallée

Une embouchure d’estuaire naturelle résiliente

Gîtes ruraux, chambre d’hôtes, fermes, intégrés au maillage du territoire

Un estran protégé

Retravailler les lieux, retrouver une identité

Un système dunaire naturel et résilient, espace de refuge pour la biodiversité.

Affirmer les séquences de la Canche Une nouvelle forme de « l’habiter» Maîtrise foncière et recherche de la qualité, prise en compte des risques littoraux Travail de l’interface habitat/dune, meilleure prise en compte du milieu au profit d’un cadre de vie de qualité. Maîtrise foncière et recherche de la qualité, éviter l’urbanisation galopante, prise en compte des risques d’inondation.

II. Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé

Un nouveau réseau territorial support de développement et d’attractivité

Schéma directeur Ce document illustre une vision partagée pour le développement du territoire de la vallée de la Canche. Ainsi, l’ensemble des projets de l’atelier s’inscrit dans cette orientation. Quelle réponse concrète le paysagiste concepteur peut maintenant apporter ?

Travail de l’interface habitat/vallée, meilleure prise en compte des risques d’inondation. Schéma directeur de la vallée de la Canche JEANVOINE Ambroise et RODALLEC Kévin

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III. L’eau : moteur de projet, vecteur de paysage Faire le projet par la matérialité c’est se saisir de ce qui fait matière à projet. Une lecture fine du paysage permet de comprendre certaines dynamiques du site mais c’est aussi et déjà une façon d’identifier la matière à projet. Ainsi, le sol, le sous-sol, l’eau, le végétal ou encore la lumière, constituent les bases d’un paysage à prendre en compte pour développer un projet indissociable du territoire qu’il occupe. Dans le projet proposé, l’eau est au coeur de la réfléxion. En effet, elle est vecteur de payage et entretient un lien très fort avec de nombreux services écosystémiques, qu’ils soient producteurs, régulateurs ou culturels.

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III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

Zoom sur les dynamiques du site de projet La rive droite de la Canche, en aval de Montreuil, est composée de trois affluents: la Course, la Dordonne et le Huitrepin. Tous, présentent un profil encaissé relativement similaire. Par ailleurs, chacun des cours d’eau entretient un rapport singulier avec les paysages qu’il traverse. La Dordonne s’écoule sur 4 communes et trouve sa source au lieu-dit Bout de Haut à Cormont à 55m d’altitude. Elle se jette dans la Canche au niveau de Enocq à seulement 6m au dessus du niveau de la mer. L’embouchure dans la canche est situé sur un nœud urbain où la rupture entre les deux cours d’eau est accentuée par le passage d’une ligne de chemin de fer ainsi que d’une route départementale. Le site de projet s’intéresse également à l’ensemble du bassin versant de la Dordogne et se préoccupe donc du dialogue entre la rivière et les plateaux agricoles environnants.

Carte du bassin versant de la Canche Source : OpenStreetMap.

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Perception du site de projet

Le long du vallon, un décalage important se fait ressentir entre les grandes parcelles agricoles des coteaux et le fond de vallée boisée. Deux rythmes et deux échelles se font face de part et d’autre de la route. Le fond de vallée se distingue également des plateaux à travers le paysage sonore. Le long de la Dordonne, une mélodie se compose mêlant le bruit du cours d’eau, le feuillage des peupliers, le chant des oiseaux ou encore le hennissement d’un cheval. Ce paysage sonore s’oppose radicalement au silence des plateaux où seul le vent se laisse entendre.

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Le long de la Dordonne, de petits étangs privés ponctuent le fond de vallée. Il s’agit de concessions de pêche ou chacun pratique sa passion sur sa parcelle privée. En parallèle du cours d’eau, la route départementale accueille les cyclistes, les joggeurs et quelques promeneurs cherchant leur place entre le fossé et le passage des voitures. Le vallon se pratique ainsi dans toute sa longueur. Il est cependant difficile de l’appréhender dans son épaisseur.


La palette végétale essentiellement constituée d’essences caducs participe à l’identité paysagère de l’arrière-pays et du vallon de la Dordonne. De plus, la topographie permet d’appréhender de grands horizons, ce qui semble particulièrement apprécié des locaux qui s’aventurent sur les hauteurs de la vallée de la Canche.

III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

Les différents villages ponctuent la vallée de la Dordonne. Le bâti constitue d’ailleurs un patrimoine qu’il est important de valoriser. En effet, les gîtes ruraux, les corps de ferme ou encore les édifices religieux présentent une qualité paysagère. La part urbanisée conserve un aspect typique, à l’abri des constructions de nouveaux lotissements. L’identité du paysage du vallon se révèle aussi par la végétation. Les nombreux saules parfois taillés en têtard, les aulnes ou encore les peupliers constituent le patrimoine arboré du fond de vallée.

Collage, perception du site Kévin RODALLEC

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La Dordonne à Maresville RODALLEC Kévin mai 2019

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III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

A. Les enjeux d’un projet rural Le vallon de la Dordonne, un paysage rural en transition. Ce cours d’eau, tout comme le Huitrepin, a fait l’objet d’un plan de gestion quinquennal afin de reconquérir la qualité de ces deux cours d’eau à l’état préoccupant.11 En effet, nous l’avons vu lors du diagnostic, la Dordonne est plus chargée en nitrates et en pesticides que la Course ou le Huitrepin. De plus, à son embouchure dans la Canche, les aléas d’inondation sont classés de moyens à très forts. La Dordonne a également un impact direct sur l’estuaire par sa proximité. Elle peut donc nuire à la qualité des eaux de baignade ou avoir un impact fort sur la diversité faunistique et floristique de l’estuaire. D’autre part, le plan de gestion vise à retrouver un bon état écologique mais il n’est pas un programme de lutte contre les inondations ou l’érosion. 11 http://www.pas-de-calais.gouv.fr/Publications/ Consultation-du-public/Enquetes-publiques/Eau/Plande-gestion-quinquennal-de-la-Dordonne-et-de-l-Huitrepin ( Consulté le 06 mai 2019).

Des aménagements plus en amont s’annoncent donc nécessaires pour mener les objectifs de ce plan de gestion à bien. La Dordonne soulève également d’autres enjeux. Souvent inaccessible, il semble fondamental pour les usagers de retrouver une proximité avec le cours d’eau et ses paysages. Cette rivière présente un potentiel considérable puisqu’elle est la colonne vertébrale du vallon. Elle constitue l’élément paysager mettant en relation les différents hameaux. Elle est aussi vecteur d’écosystèmes riches et diversifiés au sein d’un paysage agricole bien plus stérile en terme de diversité écologique. Le projet s’oriente donc vers des aménagement permettant de lutter contre l’érosion mais aussi faire de l’eau un élément paysager fédérateur pour l’arrière pays.

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Renforcer : - L’agriculture locale de proximité - Le maintien des habitats de reproduction - Le pâturage

Lutter contre : - L’érosion des plateaux agricoles - La sédimentation - La pollution des terres et des eaux

Favoriser : - L’approvisionnement des nappes phréatiques - Les ressources en eaux potables et non potables

Valoriser : - Le paysage à valeur symbolique - Le patrimoine historique et paysager - Les espèces animales et végétales symboliques

Développer : - La pratique de la randonnée, du cyclisme - Le déplacement équestre - Les espaces de vie et de loisirs 52


III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

Intentions de projet Le projet développé s’appuie sur le diagnostic de territoire via les services écosystémiques évoqués précédemment. Ainsi, 5 grandes familles de services sont identifiées et forment les enjeux du projet. Ils traitent à la fois des services de production, de régulation ainsi que des services culturels. Ces enjeux s’inscrivent tous dans une seule dynamique visant à instaurer une cohésion du territoire en s’appuyant sur le socle. Les objectifs du projet sont les suivants : . Maîtriser les dynamiques de l’eau .Instaurer de nouvelles méthodes de production et de gestion. .Réduire les d’inondation .Concevoir cheminer

de

risques nouvelles

d’érosion

et

façons

de

.Valoriser un patrimoine bâti et naturel

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1. Reconquérir les coteaux RETRAVAILLER LES LIEUX DEVELOPPER DE NOUVEAUX MODES DE PRODUCTION

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2. Cheminer dans le vallon

RETRAVAILLER LIEUX DEVELOPPER DE NOUVEAUX CHEMINER DANS LELES VALLON MODES DE PRODUCTION

3. Retravailler les lieux RETRAVAILLER LIEUX CHEMINERLES DANS LE VALLON

10 tonnes / ha / an

10 Km

4 communes

2/3 de l’érosion se produit sur l’axe du talweg

28 mn à vélo

9 hameaux

2 h à pied

1366 hab

C


III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

9 km

8 km

7 km

6 km

5 km

La Dordonne Les GR 4 km

Boisement de feuillus Liaison physique à développer vers les autres vallons 3 km

Pôles ruraux

Itinéraire structurant du vallon pour les mobilités douces 2 km

Développer de nouveaux modes de production 1

Retravailler les lieux autour de l’eau

1 km

0

0.5

1

1.5 km

Schéma directeur pour le vallon de la Dordonne RODALLEC Kévin Mai 2019

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9 km

8 km

7 km

Un paysage rural habité 6 km

5 km

4 km

Un paysage rural cultivé

3 km

2 km

1 km

Un paysage rural, support de biodiversité

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0

0.5

1

1.5 km

Carte du vallon de la Dordonne RODALLEC Kévin


III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

B. Une réponse par le chemin de l’eau Un cours d’eau à révéler Un paysage à façonner Le projet s’intéresse au chemin de l’eau. Il est fondamental de mettre en place une réflexion d’amont en aval. Ainsi, le projet cherche à comprendre comment façonner le paysage, des plateaux agricoles jusqu’à l’embouchure dans la Canche. Tout d’abord, l’ eau s’écoule le long des plateaux agricoles culminant entre 60 et 100 m en moyenne. L’eau, occupe alors une forme très diffuse, presque invisible où il est simplement possible de la deviner. Elle prend petit à petit corps lorsqu’elle ruisselle le long des fossés et dévale les coteaux où les fortes pentes accentuent les strilles et les traces d’érosion. Elle regagne ainsi directement le lit de la Dordonne longeant le fond du vallon. Le petit débit s’écoulant depuis Cormont, s’accentue au fil des kilomètres. Ce cours d’eau traverse alors trois types de paysage. Elle s’immisce au sein de petits villages et hameaux historiquement implantés en fond de vallée pour la proximité avec l’eau. Par la suite, la Dordonne coule entre les pâtures et les zones cultivés du fond de vallon. Enfin, avant son embouchure dans la Canche, l’eau trouve des formes variées,

créant ainsi des espaces humides, des étangs ou des zones submersibles. Ces lieux humides déterminent alors une palette végétale propre au fond de vallée parmi laquelle le saule, l’aulne, le chêne, le frêne ou l’érable y sont présents tout comme dans le reste du territoire. Si historiquement les habitants se sont tournés vers les cours d’eau, ce n’est plus le cas du vallon de la Dordonne aujourd’hui. L’ensemble des paysages précédemment évoqués sont des espaces privés. Il y a donc très peu d’interactions entre l’Homme et l’eau. C’est pourtant l’élément paysager permettant de faire le lien entre l’arrière pays et le front de mer. Il est fondamental de faire de l’eau un élément fédérateur vers lequel les habitants comme les touristes pourraient se mouvoir, se récréer, se poser...

57


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Carte illustrant les espaes à forte pente RODALLEC Kévin Données SIG


Le chemin de l’eau commence avant tout sur les plateaux agricoles et les vallons. Comment le paysagiste concepteur peut-il intervenir ? La carte ci-contre illustre les zones ayant une valeur de pente supérieure à 10%. Ce type d’information est pris en compte dans le cadre de la Politique Agricole Commune, notamment pour le respect des bonnes conditions agricoles et environnementales. Il est par exemple déconseillé voire parfois interdit de labourer dans le sens de la pente car les risques de ruissellement sont très élevés. Ainsi, se distinguent les espaces dont la reconversion paraît prioritaire. En effet, repenser l’usage des sols sur les espaces à forte pente semble essentiel pour réduire les problématiques d’érosion, de sédimentation et de pollution.

III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

1. Reconquérir les coteaux Ces fortes pentes constituent aussi les interfaces à retravailler entre les hameaux des fonds de vallons et les plateaux agricoles. Repenser ces parcelles privées doit se faire dans une logique de concertation en équipe avec la Chambre d’Agriculture, les exploitants mais aussi les sociétés en charge du foncier notamment. Ainsi, le paysagiste concepteur peut faire partie de ce travail pluridisciplinaire pour mettre en place des préconisations. Il est important de comprendre que dans un paysage agricole, c’est avant tout l’exploitant qui façonne ce paysage à grande échelle. Le paysagiste peut orienter le choix des espèces végétales ou encore l’organisation des strates sur un profil topographique.

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Chemin du GR sur les plateaux de Bréxent-Enocq Rodallec kévin

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Le deuxième élément sur lequel il est possible d’agir est la question du cheminement. C’est une façon de repenser la mobilité sur le territoire. Le diagnostic commun et les intentions directrices ont permis de mettre en évidence la volonté de favoriser le développement des mobilités douces. Requestionner le cheminement permet de mettre en relation les différents hameaux et villages le long de la Dordonne. Proposer un itinéraire structurant pour les mobilités douces est aussi une façon de valoriser ce paysage. Le fond du vallon de la Dordonne s’ étire sur une pente très douce. Il est donc possible de revoir les cheminements principaux pour les mobilités douces et requestionner les tracés de randonnées GR.

Chemin du GR à Bréxent-Enocq RODALLEC Kévin

III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

2. Cheminer dans le vallon Le paysagiste concepteur peut travailler de manière linéaire en prenant compte du tracé dans toute son épaisseur.

La Dordonne à proximité d’Enocq RODALLEC Kévin

Nous l’avons vu, peu de chemins longent ce cours d’eau. Il traverse des espaces agricoles ou pâturés et devient visible lorsqu’il traverse les villages. Le cours d’eau devient donc un support de promenade. Concevoir de nouveaux espaces de cheminement doit aussi s’accompagner de réflexions sur le reprofilage des berges et des ripisylves afin de favoriser la diversité floristique et faunistique.

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Projet de référence. Aménagement à Sermange. Architectes : Territoires. Crédit photo : Nicolas Waltefaugle.

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Comment le paysagiste peut-il intervenir concrètement sur l’ aménagement d’espaces ruraux ? L’eau a longtemps été considéré comme un problème. De ce fait, l’eau pluviale se rejette sur la voirie et sature régulièrement les réseaux. Peu de réflexions furent menées pour ‘‘mettre en scène’’ l’ eau. Pourtant, c’est un élément fondamental permettant d’éviter les phénomènes de crue. De plus, contenir l’eau en amont le plus possible peut participer à créer des espaces fédérateurs riches en diversité notamment dans les cœurs de villages. Outre les parcelles privées et la voirie, les villages comptent très peu d’espaces publics ou d’espaces de loisirs. Le troisième type d’action que le paysagiste peut mettre en œuvre est la conception d’aménagements ruraux faisant de la

III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

3. Retravailler les lieux gestion des eaux, des milieux fédérateurs pour les communes rurales. La gestion des eaux de ruissellement et des eaux pluviales sur le domaine privé peut être traitée de manière à collecter cette matière pour en faire un moteur de projet.

Parcelle vacante en coeur de village à Bréxent. RODALLEC Kévin

Récupération des eaux pluviales sur l'espace privé et public

Ecoulement de l'eau de ruissellement le long des haies ou fossés

Bassin de rétention pour désaturer les réseaux et cours d'eaux

Aménagement autour de l'eau pour créer un espace fédérateur et enrichie en biodiversité

.35 .30

.28

6m

80.00 m

PARCELLE 1

.40

6m

44.00 m

PARCELLE 2

80.00 m

PARCELLE 3

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Photomontage illustrant les intentions de projet KĂŠvin RODALLEC

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III. L’eau, moteur de projet, vecteur de paysage

C. Vers un projet fédérateur pour la vallée de la Canche En quoi le projet proposé est-il fédérateur pour la vallée de la Canche ? Ce projet répond au schéma directeur car il s’inscrit dans une démarche de dialogue avec le front de mer. Il cherche à rendre le territoire rural plus attractif. Développer une stratégie d’aménagement et de gestion du paysage dans l’arrière-pays est fondamentale pour différentes raisons. L’un des principes directeurs proposé par l’atelier est de retrouver une cohésion territoriale et donc un équilibre entre front de mer et arrière-pays. D’autre part l’aménagement et la gestion du vallon de la Dordonne a un impact bien plus large sur la vallée de la Canche. En effet, en suivant le chemin de l’eau, les actions menées en amont ont une répercussion sur l’aval. Tout d’abord, l’ensemble des eaux géré en amont pour éviter les crues, réduire la pollution ou encore l’érosion et la sédimentation sont des éléments bénéfiques pour la Canche et l’estuaire. Améliorer la qualité de l’eau de la Dordonne permet aussi de favoriser l’activité de la pêche en aval, et d’assurer la qualité des eaux de baignade pour le front de mer.

D’autre part, développer de nouvelles méthodes de production agricole peut devenir un support d’attractivité considérable. Cette transition agricole peut être vecteur de lien social pour les habitants mais elle peut aussi renforcer l’émergence d’un tourisme plus rural. Enfin, travailler l’accessibilité et surtout la continuité des cheminements du front de mer jusqu’au vallon participent au désenclavement des villages et renforcent la sensation de proximité géographique puisque le vallon est un paysage rural aux portes du littoral avec moins de 10 kilomètres qui les séparent. Si les différents types d’aménagements et de gestion peuvent se mettre en place sur différentes temporalités, il n’en reste pas moins possible d’envisager concrètement ce projet et cette vision du territoire à l’horizon 2050.

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Des étudiants paysagistes à l’oeuvre Mai 2019

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CONCLUSION Il est fondamental que le projet de paysage s’inscrive aujourd’hui dans une approche durable en s’appuyant sur le socle et les ressources du territoire. L’eau est l’or de demain. Cette ressource si précieuse doit être au cœur des préoccupations. Elle est vecteur de biodiversité, support de loisirs et constitue un élément de cohésion territoriale. Le sujet proposé par cet atelier public de paysage permet de comprendre de quelle façon le paysagiste concepteur peut agir à différentes échelles sur le paysage. En effet, il est important de se rendre compte que ce sont avant tout les acteurs économiques du territoire qui façonnent le paysage. Le travail interdisciplinaire avec ces acteurs prend donc tout son sens. L’autre particularité que je retiens de ce projet est la temporalité abordée. Ce projet montre comment proposer une vision partagée du paysage à l’horizon 2050 voire 2100 tout en donnant la possibilité au public de se projeter dès demain sur la transformation du territoire.

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GLOSSAIRE

A

Alluvions : dépots de sédiments souvent riches ( boues, sables, graviers, cailloux) abandonnés par un cours d’eau, quand le débit ou, le plus souvent la pente sont devenus insuffisants. Aquifère : qui contient de l’eau; une nappe aquifère.

B

Bassin versant : portion de territoire délimitée par des lignes de crêtes dont les eaux alimentent une rivière, un lac .

C

Crue : augmentation du débit moyen d’un cours d’eau.

Crue décennale : crue qui a une chance sur 10 de se produire dans l’année.

D

Digue : obstacle artificiel servant à contenir les eaux, à élever leur niveau ou à détourner leur cours.

E

Eaux d’infiltration : eaux de pluie qui pénétrent dans le sol par percolation. Ecoulement gravitaire : écoulement de l’eau d’une rivière, d’un canal, d’un ruisseau selon la pente. Endiguer : contenir un cours d’eau , un fleuve, etc...par des digues. Erosion pluviale : sous l’effet des eaux de pluie, altération et dégradation des reliefs, sur des roches d’inégale résistance.

F

Fascine: fagot; assemblage de branchages pour empêcher l’éboulement, l’érosion des berges d’une rivière.

H

Hydrographie : science qui étudie l’hydrosphère, c’est-à-dire les eaux marines, les rivières, les lacs.

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I Irrigation: apport d’eau sur un terrain cultivé ou une prairie en vue de compenser l’insuffisance des précipitations et de permettre le plein développement des plantes. L Lessivage : transport d’éléments composant un sol, sous l’effet de l’écoulement des eaux d’infiltration. Limon : terres ou fines particules entraînées par les eaux et déposées sur le lit ou les rives d’un fleuve. Lit majeur : étendue qu’occupe un cours d’eau lors des crues. Lit mineur : étendue occupée lors des étiages. M Méandre : sinuosité décrite par un cours d’eau. N Nappe alluviale : contenue dans les grands épandages de sables, graviers et galets des fleuves et des rivières, la nappe alluviale est le lieu privilégié des échanges avec les cours d’eaux et les zones humides. Nappe phréatique : ( en grec,’’ Phrear’’ qui veut dire’’ puit’’) nappe d’eau souterraine, formée par l’infiltration des eaux de pluie et alimentant des sources. Noue : fossé peu profond et large, végétalisé qui recueille provisoirement l’eau, soit pour l’évacuer vers un trop plein, soit pour l’évaporer ou l’infiltrer sur place. R Résilience : capacité d’un système à revenir à un état antérieur. Dans le cadre hydrologique, il s’agit de la faculté qu’a l’eau de revenir à son équilibre, après avoir subi des perturbations. Rétention : immobilisation de l’eau. Ripisylve: (Ripa : rive et sylva : forêt.) Ensemble de la végétation typique des bords de rivières utile au maintien des berges. Rive : Bande de terre qui borde une étendue d’eau douce ou marine.

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Ruissellement en nappe : écoulement rapide des eaux en une mince pellicule qui couvre toute la surface d’un versant, dans les régions où la couverture végétale est discontinue. Ruissellement urbain : l’eau reflue dans les rues, lorsque le réseau d’évacuation est engorgée. S Saumâtre : qui a le goût salé de l’eau de mer. Sédiment : Dépôt meuble laissé par les eaux, le vent et les autres agents d’érosion. Service écosystémique : sont définis comme étant les biens et les services que les Hommes peuvent tirer des écosystèmes, directement ou indirectement, pour assurer leur bien-être (nourriture, qualité de l’eau, paysage...). Z Zone humide : terrains exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre, de façon temporaire ou permanente.

Définitions issues de :

.Dictionnaire écologie : https://dicoagroecologie.fr (consulté le 15 mai 2019). .Glossaire eaux et milieux aquatiques : http://www.glossaire-eau.fr (consulté le 20 mai 2019). .Dictionnaire Larousse .La France, paradis de la nature , édition Reader Digest.

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BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages : . FARINELLI Bernard, L’avenir est à la campagne, Paris, Sang de la Terre, 2008.

. FORESTIER Benoît, L’agriculture et la société rurale dans l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer depuis 1850 : permanences et ruptures. Sous la direction de Bruno Béthouart, Université du Littoral Côte d’Opale, 2014. . GASCUEL Chantal, RUIZ Laurent, VERTES François, Comment réconcilier agriculture et littoral ?, Versailles, Quae, 2015.

. IZEMBART Hélène, LE BOUDEC Bertrand, Waterscapes, Barcelona, Gustavo Gili, 2003. . LAZARIN Aymeric, LAZARIN Guillaume, La phytoépuration. Assainissement collectif et individuel, dépollution, Terre vivante, 2017. . RECLUS Elisée, Histoire d’un ruisseau, Paris, Acte Sud, 2005. Documents en ligne : La basse vallée de la canche et ses versants en aval d’Hesdin : https://inpn.mnhn.fr/ zone/znieff/310013699 (Consulté le 20 mars 2019). Contrat de baie de Canche : http://www.contratbaie2canche.fr (Consulté de 07 mars 2019). Géoportail : https://www.geoportail.gouv.fr/carte

Patrimoine du Touquet-Paris-Plage : https://www.letouquet-museevirtuel.com (Consulté le 30 mai 2019). Plan de gestion quinquennal de la Dordonne et de l’Huitrepin: http://www.pas-decalais.gouv.fr/Publications/Consultation-du-public/Enquetes-publiques/Eau/Plan-degestion-quinquennal-de-la-Dordonne-et-de-l-Huitrepin ( Consulté le 06 mai 2019). 73


Table des matirèes 74

Remerciements......................................................................4

Introduction ..........................................................................5

Cadre de l’atelier ...................................................................6

I ) La vallée de la Canche, portrait d’un territoire rural ....................9

- Le territoire de la vallée de la Canche..........................................11

A. Un déséquilibre territorial ................................................13 - Cadrage du territoire retenu..........................................13

- Une dualité territoriale ..................................................15

- Un socle topographique et géologique ......................19

B. Histoire d’un paysage rural ..............................................17 - Un territoire rural et agricole ........................................17

C. L’arrière-pays, une identité à préserver .........................23

- Un paysage ouvert ........................................................23 - Un patrimoine vivant ....................................................24 - ... et bâti .........................................................................25

II ) Des dynamiques paysagères au diagnostic partagé ..................29 A. Évaluation des dynamiques actuelles .............................31 - Vivre le territoire rural ...................................................32

- Les dynamiques de l’eau ...............................................32

B. Evaluer le territoire dans une démarche participative...36 - Evaluation par les services écosystémiques ................37 - Scénario : Les prémices du projet.................................38

C. Quelle vision du territoire pour demain ? ........................41

- Les valeurs du territoire / Le socle et les postures .......41 - Schéma directeur............................................................42


III ) L’eau : moteur de projet , vecteur de paysage .........................45 - Zoom sur les dynamiques du site de projet ................47

- Perception du site de projet ........................................48

A. Les enjeux d’un projet rural ............................................51 - Un paysage rural en transition......................................51

- Intentions de projet......................................................53

- Cheminer dans le vallon ...............................................61 - Retravailler les lieux .....................................................63

B. Une réponse par le chemin de la goutte d’eau..............57 - Un cours d’eau à révéler, un paysage à façonner.......57 - Reconquérir les coteaux .............................................59

C. Vers un projet fédérateur pour la vallée de la Canche...65 - En quoi le projet proposé est-il fédérateur ................65

pour la vallée de la Canche ?

Conclusion ...........................................................................67

Glossaire ..............................................................................69

Bibliographie........................................................................71

Table des matières ..............................................................72

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