Economie et entreprises janvier 2016

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Sommaire 82

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CONFIDENTIEL DÉCRYPTAGE INTERVIEW ENQUÊTE 2016, LA CROISSANCE ATTENDRA

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Entre échéances électorales et morosité économique, le moral des opérateurs est dans les chaussettes.

2017 INCHALLAH! Les banques en spectateurs L’annee de la contestation Les ressorts économiques grippés

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ECONOMIE 32

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Les effets de la crise financière ont eu raison du management. Au cœur de la tourmente, c’est la DRH qui doit trouver des solutions. Ce n’est pas gagné.

Le business d’abord Cauchemar dans le pré Le Maroc, ce pays touristique La presse dans l’expectative Le Sud à l’heure d’un développement durable L’aubaine des retraites complémentaires

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POINT DE VUE

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DOSSIER LE PRINTEMPS 63 du management

Le salarié, actif ou passif ? Fini le management autoritaire Réseaux sociaux et cooptation cohabitent - La GRH c’est la flexibilité - La proximité est de mise

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ENTREPRISES HPS fait le switch du GPBM Hors zone de turbulence DORONIN récupère AMANJENA FINEA deploie ses ailes Locatif, cette bouée de sauvetage Encore une année dans le flou ! Les garagistes donnent le la

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Hassan M. Alaoui Le Moqadem, victime du progrès Jawad Kerdoudi Baisse du pétrole, le Maroc en profite Hicham B. Alaoui COP 21, DU RÉCHAUFFÉ! Abdelhamid Berrada L’air du temps, bonne année...

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EDITO

NABIL TAOUFIK

CRISE SUBSISTANCIELLE

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’Etat marocain moderne commémore depuis 2012 son centenaire. Un siècle où les Marocains ont été pour la moitié de la période aux commandes directes de leurs affaires. Notre système de vie actuel est une œuvre française à plus de 100%: l’architecture administrative, politique, législative, économique, urbanistique et même sociale… on doit tout à la France. Mais quel bilan? Force est de constater que plus d’un siècle après, l’on soit encore otage de cette matrice coloniale. Au niveau économique, la rupture avec le fameux «gouverner c’est pleuvoir» du Maréchal Lyautey ne s’est toujours pas opérée. Au contraire, elle semble s’ancrer davantage. Les plus grandes entreprises publiques sont pratiquement les mêmes qu’il y a 100 ans. Quant aux autres secteurs, le pays a perdu bien de positions sur plusieurs segments industriels. Fautil rappeler l’ampleur sans précédent de la désindustrialisation au profit du gain facile, notamment côté promotion immobilière? Pour le tertiaire, le système bancaire, notre plus grande fierté au vu des conquêtes glorieuses outre-frontières, semble aujourd’hui calé annonçant une crise bien profonde qui risque de se prolonger à moyen terme. Au-delà des paramètres et ajustements techniques propres au secteur, l’explication de cette impasse réside davantage dans l’absence d’un idéal économique et de croissance endogène. Le modèle capitaliste étant hérité voire imposé par le protectorat français. Comment casser cette dépendance à des structures importées pour produire un modèle qui nous est propre, ayant davantage de chance de durabilité? Le début de la solution résiderait dans le fait de répondre à cette question fondamentale: pourquoi l’individu se lève-t-il

COURRIER ee@sp.ma Enquête Je tiens sincèrement à vous féliciter pour l’enquête que vous avez réalisée sur les médecins grévistes. Elle est très complète et nous explique les dessous d’une grève que nous avons pu suivre pendant des mois et dont on ne comprenait pas les rouages. Vous nous avez plus rapprochés de ce dossier épineux, alors qu’on pensait que ces médecins étaient des enfants gâtés qui cherchaient à avoir plus d’avantages. Ceci sans oublier votre entretien avec le ministre de la santé, qui a enfin montré sa vraie position sur le sujet. En tout cas, bravo ! FZ. Chlieh, Casablanca

de bon matin pour aller travailler? Dans des termes moins triviaux: quelle est la raison-d’être de l’activité économique du Marocain moyen? Quand on voit la vigueur avec laquelle les diplômés chômeurs défendent le droit à la fonction publique, on a un début de réponse: notre mentalité économique relève encore d’un idéal de subsistance quand les structures économiques modernes sont par définition expansionnistes et intensives. Une telle mentalité raisonne d’abord coût au lieu de réfléchir investissement et retombées à long terme. Elle est davantage sensible au concept de la bonne affaire qu’à celui de projet porteur. Une économie animée d’un tel esprit aura des cycles plus courts qu’une économie capitaliste de type occidental. Le pire est qu’elle crée infiniment moins de richesses. ’est exactement ce qu’on a pu constater sur la dernière décennie. Le pays a connu une dynamique sans précédent avec des taux de croissance exceptionnels à la clé. Exceptionnels mais pas tant que cela car il s’agissait tout de même de rattraper 50 ans d’immobilisme économique. Mais il aura suffi de 10 ans pour user tous les ressorts et gripper la machine pour replonger l’économie dans ce qui peut ressembler à cette pâle ambiance digne des années de PAS: chômage, pauvreté, manque de perspectives, dureté d’accès au crédit, services sociaux détériorés… Agir sur les mentalités pour produire ce Marocain capable de générer de la croissance est d’abord une affaire d’éducation. Une chose est sûre, dans ce domaine l’on est très loin d’identifier le modèle adéquat. Il paraît que l’école coloniale était meilleure! ntaoufik@sp.ma

C

Benjelloun, le visionnaire Avec 55 ans d’existence et 20 ans après sa privatisation, BMCE Bank rêve d’un nouveau monde. Son président Othmane Benjelloun est surréaliste! Pensez à la stratégie de sa banque, d’ici 2115, il n’y a que lui qui peut le faire. En tout cas, les informations que vous avez données sur la soirée sont croustillantes... comme à l’accoutumée. Bendahi, Rabat

lation entre les co-fondateurs de la société et connaître les intermédiaires qui ont facilité leur percée dans les métiers de la banque et la finance. Par contre, le marché bancaire national, étant saturé aujourd’hui a-t-il besoin de la création d’une nouvelle banque, même si CFG Bank apporte des solutions novatrices en termes de technologie, de transparence et de proximité? B.Rachid, Agadir

Décompensation CFG Bank, Success story Votre article sur la genèse de CFG Bank m’a permis d’avoir une rétrospective sur l’histoire de la banque. En fait, vous avez répondu à tous mes questionnements sur l’ascension de ce courtier devenu banque au bout de quelques années. C’est très enrichissant de pouvoir sentir la re-

On n’en finit pas avec cette histoire de décompensation! Même si les opérateurs améliorent la qualité de leur service, les risques de la libéralisation des prix de pétrole sont déjà apparents. Nous les consommateurs, sommes les premiers et seuls à en pâtir. A bon entendeur… Aziz, Casablanca

Directeur de Publication: Hassan M. Alaoui | Rédacteur en Chef: Nabil Taoufik | Directrice commerciale: Hind Sidqui | Bd Zerktouni, Casablanca, Maroc-Tél: 05 22 36 95 15 (LG) Fax: 05 22 36 95 13 | Site web: www.sp.ma | Dépôt légal: 55-1999-ISSN: 1114-0887 |

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CONFIDENTIEL INDISCRÉTIONS BENCHAÂBOUN CHEZ CASA MARINA

NAREVA CASSE LES PRIX 0,3 dirham le Kwh. C’est le prix qui a valu au consortium Nareva-Siemens-Enel de remporter le géant appel d’offres ONEE pour la réalisation de 850 MW en éolien. «C’est un des prix les plus bas au monde», affirme une source ayant assisté à l’ouverture des plis. A titre de comparaison, la centrale éolienne égyptienne Gbel Zeit de 200 MW, adjugée en novembre 2015, devrait vendre à 0,41 dirham/kWh. Comptant 5 parcs, c’est celui de Midelt qui sera réalisé en premier pour un démarrage des travaux en 2017. En plus de l’unité de construction de palles que prévoit Siemens qui sera montée dans la zone de Tanger Med, la construction des mats échoit à DLM.

LE DOGE BRADÉ

PAS D’USINE PHILIP MORRIS AU MAROC Philip Morris fournira le marché marocain à partir de l’usine d’Izmir en Turquie, dès ce mois. Il n’y aura donc pas d’usine de production en propre au Maroc comme largement annoncé par plusieurs médias de la place. «Nous n’avons pour le moment pas de projet d’usine pour le Maroc», confirme dans ce sens la communication Maroc de l’américain producteur de la marque emblématique Marlboro. Et pourtant, dans son dossier de demande de licence, l’opérateur avait mis l’accent sur ce projet industriel. Voulait-il accélérer le process?

Le Doge vient de changer de main. Le très bel hôtel Art Déco du centre-ville de Casablanca ne serait plus la propriété du groupe Comaner. Nos sources évoquent «une véritable braderie de l’établissement. Pour faire face à un besoin de désendettement pressant, il aurait été cédé pour une

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La passation du flambeau au niveau de la tête d’Al Manar Holding, développeur du projet Casa Marina s’est faite dans la discrétion totale. Après le départ de Mohamed Lamrini pour prendre la tête de la filiale marocaine de l’émirati Eagle Hills, le poste de DG est resté vacant pendant au moins trois mois. Aujourd’hui, la filiale CGI est dirigée par Rachid Benchaâboun qui était jusque-là DG délégué de CGI après un passage par la direction financière. Ce lauréat de l’Ecole nationale supérieure de l’aéronautique et de l’espace n’est autre que le frère du PDG du groupe Banque Centrale Populaire.

somme qui ne couvrirait même pas son coût de revient». Selon une déclaration du management, l’hôtel qui compte 16 chambres aurait nécessité un investissement de près de 30 millions de dirhams (hors foncier).


Confidentiel

La carte de distribution exclusive des articles de sport Nike vient d’être retirée à l’ancienne gloire de l’athlétisme marocain Hicham El Guerrouj. Le géant américain reprocherait à El Guerrouj le manque de performance de la marque et la forte pénétration de certains concurrents, notamment Adidas. Les revendeurs vont dorénavant placer commande auprès d’un distributeur maltais.

CARGILL QUITTE LE MAROC

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Le géant américain Cargill vient de se retirer du marché de négoce de céréales national. Présent au Maroc depuis 1997, le numéro 1 mondial du commerce de produits céréaliers a cédé ses silos de stockage de Casablanca activités à un minotier tangérois. Situés à Aïn Sebaâ, ils avaient nécessité un investissement de 120 millions de dirhams pour une capacité de stockage de 67.000 tonnes. Cargill tourne ainsi la page du marché marocain suite à une forte et soudaine dégradation des prix des céréales, nous explique un professionnel du secteur.

Le statut d’auto-entrepreneur, lancé par Poste Maroc, connait un succès inattendu, à en croire une source de de Barid Al Maghrib. Plusieurs grands acteurs du BTP, notamment dans la grande distribution, ont marqué leur intérêt pour inscrire des milliers de corps de métier dans ce programme. Un grand producteur de peinture a pour sa part déclaré vouloir inscrire 12.000 peintres dans l’objectif de les intégrer dans le circuit formel.

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POINT DE VUE

HASSAN M. ALAOUI

LE MOQADEM, VICTIME DU PROGRÈS

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es attentats du 13 novembre à Paris ont été une énième épreuve pour les services de sécurité marocains. Cette fois-ci, ils ont dû faire face à une avalanche médiatique d’un autre genre (...) Le travail de nos services a été salué par plusieurs pays européens pour la qualité de leur intelligence et leur collaboration dans le démantèlement de la cellule terroriste. Ce n’est pas la première fois que les services secrets marocains jouent un rôle décisif dans le combat contre le terrorisme en Europe. Mais que des Etats reconnaissent publiquement leur apport, c’est une première. En effet, cette fois-ci, plusieurs chefs d’Etat ont personnellement remercié le Maroc pour sa contribution. Lorsqu’on voit ce qui se passe un peu partout dans le monde et dans notre région, nous disons tous les jours Al Hamdoullah pour le niveau de sécurité qui protège notre quotidien. Mais, tout de même, nous nous posons des questions sur ce qui fait la force de notre sécurité, et surtout comment préserver cet atout lorsque l’on sait que 11% des recrus de Daech proviennent du Maroc (source: réunion Interpol tenue à Séville du 18 au 20 novembre 2016). C’est sans doute pour mieux renforcer notre sécurité qu’un parlementaire a posé une question au ministre de l’Intérieur sur le rôle des moqadems et leur avenir dans la fonction publique. Mais que Mohamed Hassad ait botté en touche renseigne sur la sensibilité du modèle sécuritaire marocain. Les yeux et les oreilles de l’Etat, comme ils aiment à se qualifier, ces auxiliaires d’autorités sont en effet le nerf intelligent de l’infrastructure sécuritaire de notre pays. Ils sont au total 25.000 (Moqadems et cheikhs) à occuper cette fonction au sein des communes. Bien qu’ils soient mal aimés des citoyens et peu valorisés par leur employeur, leur apport est pourtant considérable dans l’ingénierie sécuritaire de notre pays. Ils rapportent tout ce qui bouge dans chaque coin de rue permettant ainsi à l’administration centrale de tâter le pouls

de la rue et actionner les services concernés. Cette ingénierie est unique au Maroc et représente l’ADN de notre modèle sécuritaire. L’information rapportée quotidiennement par le moqadem est transmise au cheikh, puis au caïd qui la valide avant de la remettre à la Direction des Affaires Générales de la Wilaya. De là, l’information monte à la Direction centrale de la DAG au sein du ministère de l’Intérieur, qui en informe les corps d’actions concernés. ais il faut rendre à César ce qui appartient à César. C’est l’ancien homme fort de feu Hassan II qui reconfigurera cette organisation héritée du protectorat pour servir les intérêts suprêmes de l’Etat. Driss Basri avait en effet favorisé un maillage social intelligent qui permettait aux moqadems de se fondre dans leurs quartiers en s’appuyant sur d’autres acteurs incontournables du quotidien de ces agglomérations. Les gardiens de voitures, les concierges d’immeubles, les marchands ambulants et les épiciers deviendront les premiers informateurs des moqadems. Pour préserver leurs acquis, ils avaient compris qu’ils devaient «collaborer». Une architecture performante et unique au Maroc que plusieurs pays ont essayé de calquer, mais en vain. Par exemple, en Belgique, il existe ce qu’on appelle des agents de quartier, mais leur efficacité est limitée, dans l’absence d’un maillage social. Ce modèle qui fait la force de notre système sécuritaire connait malheureusement une profonde mutation à l’image du Maroc. L’évolution de notre société fait que le moqadem se retrouve de plus en plus seul, et ses anciens informateurs n’ont plus cette peur bleue de l’autorité. Aujourd’hui, même les gardiens de voitures sont remplacés par des horodateurs! Comment alors empêcher que ce schéma sécuritaire ne subisse les revers du progrès de notre société? Là est tout l’enjeu. halaoui@sp.ma

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DÉCRYPTAGE BUZZ DU MOIS «LE PROJET A ÉTÉ CONÇU AUTOUR DE L’IMPRIMERIE. C’EST CE QUI CONDITIONNERA LA RÉUSSITE DU GROUPE»

RIEN NE L’ARRÊTE

Presse du PAM?

La déclaration d’Ilias El Omari est une énième intrigue qui entoure le lancement de son groupe de presse. Tenez-vous bien, ce sont six publications lancées le même jour, en plus d’une imprimerie de dernière génération. Les professionnels du secteur qui ont perdu leurs dents dans ce métier se demandent comment il rentabilisera cet investissement de près de 60 millions de dirhams. La réponse, Ilyas El Omari l’a donné à Jeune Afrique. En somme, c’est en imprimant ses propres titres, sans doute à moindre coût, qu’il réussira à rentabiliser son projet médiatique. L’homme fort du PAM fait une allusion voilée à deux groupes de presse; Maroc Soir et Eco Media qui opèrent sous la même vision. Mais il oublie, au passage, que ces deux groupes ont déjà amorti leurs unités industrielles dans les années folles de la presse (…) Et le lecteur dans tout celà?

RECADRAGE ROYAL

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«Recadrage royal» titre le journal Les inspirations Eco en Une au lendemain des assises nationales du foncier. C’est en effet un véritable recadrage à plusieurs égards. D’un côté, le roi rappelle, à travers sa lettre, que c’est à l’institution monarchique que revient les grandes orientations impliquant des problématiques aussi transversales et sensibles. D’un autre côté, la lettre étant lue par son conseiller Abellatif Menouni et non par le chef du Gouvernement, pourtant présent, vient rappeler que ce dernier n’est pas comme avant 2011 le Premier ministre de Sa Majesté. Une cure de rappel qui semblait nécessaire au vu de la multiplication des références faites au roi par Abdelilah Benkirane, lors de ces dernières sorties, notamment au Parlement.

Les créances en souffrance dans le système financier national se montent à 55 milliards de dirhams, d’après les chiffres établis par le cabinet Marogest, dont le patron n’est que l’ancien ministre des Finances M’hamed Sagou. Ces créances ont en effet presque triplé en à peine trois ans!

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Même si Akhir Saâ ne fait aucune mention du positionnement de ses titres, la dure réalité des kiosques aura l’effet d’une douche froide sur son fondateur. Les ventes de la presse étant à un plus bas historique, l’on se demande si ce groupe trouvera son lectorat dans le marché, ou s’il puisera uniquement dans la base électorale du PAM?

Bras de fer Faits peu communs cette année, les mairies de deux grandes villes (Casablanca et Fès) ont été sommées par l’Intérieur de revoir leurs copies concernant les budgets annuels. Intervenant après les élections communales qui ont connu cette année l’entrée en vigueur de la régionalisation, de tels évènements pourraient être analysés à partir de l’angle des rapports de force entre différentes instances de gouvernance locale.


Décryptage

ADIEU MADAME ! ARRÊT SUR IMAGE ROI DE LA COP21 Le Petit Journal de Canal+ nous a habitué à son regard percutant sur l’actualité en images. Cette fois ci il jettera son regard sur la cérémonie d’accueil du roi Mohammed VI à la Cop 21. Le protocole royal qui a remarqué que l’accueil au Bourget se faisait par la Ministre de l’Ecologie, alertera l’Elysée pour annoncer l’arrivée du Souverain qui attendra dans sa voiture quelques minutes. Soudainement, François Hollande et Bank Ki Moon arrivent littéralement en courant pour recevoir le Roi du Maroc. Rappelons que Hollande et Ban Ki Moon n’ont reçu conjointement que les Président des Etats Unis et de la Chine. Tous les autres Chefs d’Etats ont été reçu par Ségolène Royale ou Harlem Désir.

«L’atteinte des objectifs dépendra de la réalisation d’une croissance soutenue» ANAS DOUKKALI Directeur Général - Anapec Contrairement à Kamal Hafid, ancien directeur général de l’Anapec, son successeur Anas Doukkali est un fin politicien. Cette déclaration faite au journal Les Ecos en livre un petit aperçu. Alors qu’il venait à peine d’annoncer en grandes pompes son intention d’insérer 445.000 chômeurs et de créer 30.000 emplois en 4 ans, il trouve le moyen de vite passer en mode échec et, mieux, de trouver le coupable désigné! Si la pirouette, un peu grosse, force l’admiration, elle n’empêche de poser la question de l’utilité de ce gros poste budgétaire appelé Anapec!

BOUTERGRAI, CE VISIONNAIRE Décidément, le groupe Anouar Invest est plus optimiste que l’ensemble des cimentiers du Maroc. A un moment où les ventes atteignent des plus bas historiques et où l’heure est au recentrage, le holding de Hachemi Boutergrai décide de faire sortir de terre sa propre cimenterie à Settat pour 1,8 milliard de dirhams, en contractant un financement auprès d’une banque chinoise. Sur quelle prévision de reprise s’est basée cette décision pour le moins courageuse, surtout que la région de Casablanca est en saturation?

Elle était connue des Marocains comme la dame de fer. Détectée par feu Hassan II, le Roi Mohammed VI nommera Zoulikha Nasri conseillère royale au lendemain de son intronisation pour donner une touche de féminité au Cabinet Royal. Reconnue pour son franc-parler, elle est l’exemple même de la femme marocaine qui s’est ouverte toutes les portes du pouvoir par la seule force de son travail et sa rigueur. Le Roi aurait vu en elle une dame qui délierait les langues au sein de l’institution monarchique en cette phase de transition. Ceux dont le parcours a croisé la défunte vous diront que c’est une dame de cœur qui s’est éteinte en décembre. Zoulikha Nasri était de tous les combats. Qu’il s’agisse d’un prisonnier en manque de reconnaissance ou d’une famille au fin fond du Maroc, victime du froid, elle était le maillon entre le peuple et le Roi sur les dossiers sensibles. Elle a consacré toute sa vie au service de l’Etat et de la Monarchie, sans jamais compter ni rien demander. C’est une dame d’une trompe unique qui nous a quittés.

MOHAMED BOUSSAID CONFIRMÉ Avec l’exercice 2016, le ministre des Finances fait passer sa 3ème loi des Finances. Un parcours sans faute à travers lequel il a fait preuve d’une intrigante sobriété. En plus de la technicité

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l’ayant ramené au gouvernement, il est aujourd’hui un politique confirmé. Une carte gagnante pour l’Etat.


Décryptage LA VIE EN BLEU

MOQADEM ET FIER DE L’ÊTRE Le moqadem est décidément l’homme de l’année par excellence. «Certains pays (NDLR. sans les citer) ont cherché à avoir l’équivalent des moqadems au Maroc et ont échoué», avait affirmé dans ce sens Mohamed Hassad, ministre de

l’Intérieur devant les parlementaires. Avec la réussite retentissante des dispositifs sécuritaires nationaux, l’Etat a aujourd’hui plus d’une raison d’en honorer toutes les composantes, à commencer par le bas de l’échelle.

UNE BOUTEILLE À LA MER !

Le rapport annuel 2014 de CDG Capital est porteur de messages qui suscitent un intérêt particulier. Venant du bras financier de la Caisse de Dépôt et de Gestion, l’on se demande à qui l’appel est lancé. De prime abord, en couverture, une accroche traduite en quatre langues dans laquelle on peut lire: «Pas une seule goutte d’eau ne s’estime responsable d’une inondation». Une citation qui

renseigne bien sur la santé du système financier et les menaces à venir. Quelques pages plus loin, dans sa préface, Hamid Tawfiki, directeur général de CDG Capital, pose le débat fondamental sur l’innovation financière. «Ici, au Maroc nous avons souvent affaire à de l’adaptation des idées et produits testés en Europe/US au contexte local et à nos besoins». La bouteille lancée par ce haut cadre financier, qui a passé 30 ans dans les marchés financiers en Europe et au MoyenOrient, renseigne sur la nécessité de repenser la gouvernance financière du pays, une condition pour semer les jalons d’un développement durable.

BAM SORT UNE PETITE MESURE A un moment où les banques sont devenues les premiers propriétaires fonciers du pays, Bank Al Maghrib a bien raison de s’inquiéter. Lors de sa dernière sortie médiatique le Gouverneur annonce que dorénavant tous les prêts qui sont supérieurs à 500 millions de Dirhams devront obtenir l’accord de la Banque Centrale. Une décision qui favorise un interventionnisme, et qui aura zéro effet sur la fragilité du secteur. Il faut savoir qu’en ces temps difficiles les crédits de cet ordre ne courent pas les rues. Abdellatif Jouahri devrait plutôt penser à repenser le contrôle des banques afin d’éviter les erreurs du passé!

UN AUTRE PATRON À MARJANE Le groupe SNI n’a plus de temps à perdre. Abdellah Tabat, le PDG sortant de Marjane, n’aura maintenu son poste que pour 12 mois. Il s’est avéré une erreur de casting que le groupe a assumée et corrigée dans la foulée. Il a été remplacé par le polytechnicien Ayoub Azami, qui a assumé, depuis 2011, le poste de directeur général de Sonasid. De l’industrie lourde à la grande distribution et commerce de proximité, Azami est appelé à faire preuve d’un dynamisme hors pair pour faire face à la concurrence qui pullule dans tous les coins de rue. Bon vent!

CHARAFAT AFAILAL DÉCRIÉE Jamais une femme ministre sous le mandat actuel n’aura fait un aussi bad buzz. En qualifiant les retraites de parlementaires de «deux sous» en direct sur la Une, elle aura fait preuve d’un

franc-parler qui frôle la naïveté. De plus, ses expressions faciales non maîtrisées la desservent totalement. Il y a du boulot!

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Le plan Azur n’en finit pas de faire des enfants et des heureux. Ainsi, après avoir cédé la place à la vision 2020, celle-ci semble bien partie pour enfanter d’une énième vision! Au passage, cela fait l’affaire des bureaux de conseil malgré le fait qu’aussi bien les constats, les conclusions que les pistes de sortie de crise soient largement débattus et connus de tous. En tout cas, ce n’est pas cela qui empêchera le ministère de tutelle de commanditer pour 7 millions de dirhams une réévaluation à mi-parcours de ladite vision au major américain Grant Thornton. Bon plan!

LE SAHARA ET L’ENSEIGNEMENT La claque infligée au Maroc par la Cour européenne a suscité nombre de commentaires. Celui formulé par Nadia Salah, co-fondatrice de L’Economiste, s’est distingué par son angle d’analyse bien particulier: la faillite de l’enseignement. «Aujourd’hui, nous ne sommes plus sûrs d’avoir à disposition les compétences juridiques qui existaient dans les années 70 pour faire face à la crise», affirme-t-elle en alertant que «l’immobilisme n’est plus admissible car il menace la souveraineté». A bon entendeur!


Décryptage LES ALLEMANDS, CES GÉNÉREUX ! L’Allemagne est un des plus grands bailleurs de fonds du plan EnR marocain. Mais ses entreprises ont jusque-là été absentes des marchés adjugés. Une donne qui est en passe de changer depuis que Siemens a remporté en décembre le grand programme éolien de 850 MW de l’ONEE. Ce programme compte, en effet, 5 fermes pour 1,24 milliard d’euros. Siemens, rappelons-le, est associé dans ce projet au marocain Nareva et au français Engie. L’allemand est si content de ce marché qu’il a annoncé son intention d’installer une usine de composants au Maroc. Un atout de plus à l’actif de l’Allemagne.

MERCURE

Le tramway sous perfusion

DÉCROISSANCE

Le tramway, aussi bien à Rabat qu’à Casablanca, semble séduire la population. Preuve à l’appui, les records de fréquentation: une moyenne annuelle qui dépasse les 30 millions. Mais le problème réside au niveau de l’identification d’un modèle économique équilibré et pérenne. A aujourd’hui, ce transport est encore largement tributaire des subventions publiques (à hauteur de 40% du prix du ticket). A Casablanca, la 2ème ligne (4,3 milliards de dirhams de coût) est pourtant bien partie pour une livraison en 2018. N’est-ce pas là un pari trop courageux?

C’est un fait rare, BAM est plus pessimiste que le HCP au sujet de la prévision de croissance pour 2016. La Banque centrale table sur 2,1% quand le HCP prévoit 2,6%.

3,7% Curieusement, c’est le FMI qui est le plus optimiste pour les prévisions de croissance au Maroc en 2016. Le Fonds table sur un taux de 3,7%, ce qui situerait tout de même la croissance en ralentissement par rapport à 2015.

3% De son côté, le gouvernement a retenu une prévision à la moyenne de l’ensemble, soit 3%. En tout cas, la réalité risque d’être pire que toutes ces prévisions au vu de la sécheresse qui s’annonce et de l’agenda politique 2016 qui prendra le dessus sur l’économique (voir enquête page 28).

LE MARTEAU FISCAL FRAPPE

Recettes redressement En milliards de dirham

28.550

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«SINCÈREMENT, C’EST UN FAUX PROBLÈME» Rachid Belmokhtar, ministre de l’Education nationale, a choisi de répondre au chef du Gouvernement via une longue interview accordée à TelQuel. Il affirme ainsi qu’enseigner en français deux branches sur 14 dans le lycée ne menace aucunement la sécurité éducative et linguistique des Marocains.

LE CHIFFRE

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Face à la diminution des recettes fiscales ordinaires, IS notamment car directement corrélées à la croissance, l’Etat active de façon plus manifeste les contrôles fiscaux. Ainsi, la manne permise par cet instrument n’a cessé d’augmenter depuis 2010 pour frôler les 10 milliards en 2013. Une tendance qui ne semble s’infléchir de sitôt et qui participe de la baisse du

6 4 2 0 2010 2011 2012 2013 2014 Source: DGI

moral des investisseurs et ébranle la confiance qui doit régner entre autorités financières publiques et monde des affaires.

RETRAITES STORY C’est officiel, le problème des retraites ne sera pas réglé sous le mandat gouvernemental actuel. La loi des Finances 2016 approuvée est vide de toute mesure concernant la réforme du système actuel. Le gouvernement Benkirane refile ainsi la patate chaude au gouvernement prochain. Aura-t-il plus de courage?

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Créations C’est le nombre de créations cumulées des entreprises depuis le 1er janvier 2015, d’après les chiffres du cabinet Inforisk. Un niveau relativement similaire à celui observé en 2014 (28.702). En revanche, les défaillances évoluent à un rythme beaucoup plus prononcé. On enregistre un nombre cumulé de 5.767 en décembre 2015, contre 5.039, il y a un an.



Décryptage

«Nous n’innovons pas, nous aidons à l’innovation».

SANS DÉTOUR Mehdi Kettani, président de Maroc Numeric Cluster, défend son bilan depuis 2010 en faveur de l’innovation digitale. Vous entamez la phase II de Maroc Numeric Cluster. Quel bilan de la phase I ? Cette phase a été davantage consacrée à l’installation d’un acteur institutionnel crédible pour nouer des partenariats au Maroc et à l’étranger.

Aujourd’hui commence donc votre mission de développer l’innovation ? On ne peut pas dire que ce volet était absent dans la phase I. Nous sommes en train d’atteindre notre vitesse de croisière pour mettre

l’accent sur l’encouragement de l’innovation.

ce qui est en relation avec l’infrastructure numérique.

Quels sont vos indicateurs de performance ? L’innovation c’est l’œuvre de l’entreprise. Notre vocation est de mettre les acteurs en réseau et d’orienter vers les créneaux porteurs.

Y a-t-il une innovation qui fait la fierté du cluster? Je cite l’expérience réussie de Media Mobility qui a créé une sorte de traducteur de langages informatiques permettant de programmer uniquement sur un seul type d’environnement (OS, Android…) et d’adapter automatiquement aux autres. L’entreprise s’apprête à lever des fonds aux Etats-Unis pour un développement sur ce marché.

Comme? Nous avons identifié 4 axes: 1-La digitalisation de la société et de l’entreprise. 2-La mobilité type voiture connectée. 3-Le multicanal type commerce électronique. Et 4-Tout

STEELCASE BOUCLE LA BOUCLE Notre confrère Challenge revient sur la désindustrialisation avec le cas d’école Steelcase présent au Maroc depuis 1948. Ce géant industriel américain, qui assemblait la marque de cuisines Arthur Martin, a cessé la production en 2006, face à l’importation sauvage provoquée par le démantèlement douanier. En 2012, il arrêtera la production de mobiliers de bureau qui réalisait près de 100 millions de dirhams de chiffre d’affaires. Au passage, 300 emplois sont partis en l’air. Et dernière décision de l’américain: aller jusqu’au bout de sa logique; il confie la distribution de la marque de bureaux à un distributeur marocain. Fin de l’épisode!

O.B. honore le Mali Le groupe BM BMCE Bank donne au Mali sa première entreprise cotée à la Bourse réprem mière entr gionale de la zone UEMOA. Le groupe banappartenant à la holding FinanceCom caire apparte vient à l’émission de 400.000 v ent de procéder vi procé actions de sa filiale BOA Mali pour un prix unitaire de 22.500 Francs CFA. Cela porte ll’augmentation de capital à 4 milliards de CFA, soit quelque 6,52 milliar millions m mi llio d’euros. Une initiative qui témoigne du rôle singulier que té émo m jjouent jo ue les grandes entreprises dans la dynamisation des mardan chés ch h de l’Afrique subsaharienne à un moment où les risques montent. m

THÉ À LA COP21 C’est une idée bien brillante que d’aller faire la promotion du tourisme marocain à l’occasion de la grand-messe de l’environnement qu’a été la Cop21 à Paris. Une idée à mettre à l’actif de l’ONMT. Elle est d’autant plus intéressante qu’elle intervient au lendemain des attentats du Bataclan et Sait-Denis pour montrer que le Maroc est un pays sûr et donner des idées de voyage pour des individus soifs de chaleur, de paix et de joie.

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Décryptage À L’AFFICHE

«Benkirane ne fait plus référence «au printemps arabe» pour justifier l’accès de son parti au pouvoir».

Le métier d’intellectuel Le métier d’intellectuel a récemment reçu le prix Grand Atlas. Co-écrit par notre confrère Driss Ksikes et l’universitaire Fadma Ait Mous, il est le résultat de cinq années de dialogue avec quinze penseurs du Maroc. Il «s’agit d’un travail destiné à aider les citoyens à comprendre les enjeux politiques, économiques, sociétaux, culturels et à mieux s’orienter dans la sphère publique».

L’âge de l’humour 2015 a été une année où Maroc Hebdo a fait sensation avec des couvertures pour le moins choc. Pour couronner ce choix, il attribue la palme de l’homme de l’année non pas à un politique ou homme d’affaires ou même un champion sportif mais plutôt à un humoriste: Hassan El Fad. Une distinction méritée, cela dit, vu le parcours exceptionnel de l’artiste et son audience exponentielle.

ALI BOUZERDA Ancien DG de la MAP

Printemps ou hiver Arabe ? Le Printemps arabe, déclenché en 2011 en Tunisie, a déferlé sur la quasi-totalité des pays arabes. Quatre ans plus tard, le bilan est mitigé. Les droits de l’homme, la citoyenneté, la liberté d’expression, la transparence des élections, ont progressé dans la plupart des pays arabes. Cependant, dans ces sociétés, un clivage est apparu entre les modernistes et les traditionalistes. Éclairage sur une époque charnière avec Jawad Kerdoudi, expert en relations internationales et chroniqueur de plusieurs médias dont Economie&Entreprises.

Sur son site article19.ma, l’ancien patron de la MAP a consacré toute une tribune à la communication du chef de gouvernement. Sous le titre «Le Roi, Benkirane et le barbier trop bavard», celle-ci décrypte l’évolution du discours de Benkirane tout au long de son mandat.

Une conclusion se dégage particulièrement: le chef du PJD «s’est «makhzenisé», use et abuse de cette clé magique «Le Roi» pour montrer qu’il reçoit ses instructions directement et exclusivement du haut de la pyramide et qu’il n’y a pas d’intermédiaires dans la hiérarchie du pouvoir».

IBN ROCHD RESSUSCITÉ Les lettres du Roi sont toujours des moments de grande importance car elles donnent une idée précise de la réflexion au niveau du sommet de l’Etat. Celle adressée à l’occasion de la remise du Prix de la liberté Martin Luther King Jr-Rabbin Abraham Joshua Heschel, décerné à titre posthume à Mohammed V, contient un élément neuf dans les messages royaux. En effet, il y est fait référence à un philosophe: Ibn Rochd en l’occurrence. En filigrane, il peut être entendu que la philosophie est aujourd’hui un moyen plébiscité pour agir sur l’imaginaire collectif dans le bon sens. Après plus de 15 ans d’investissements physiques, la phase actuelle est visiblement mise sous le signe de l’immatériel.

Accord Saham - Crédit du Maroc En phase avec sa stratégie de développement Cap 2018, Crédit du Maroc vient de retenir l’assureur Saham pour mettre un pied dans la bancassurance. C’est suite à un appel d’offres que cet accord a été conclu. Il permettra à Saham de pénétrer les 350 agences de la banque, filiale du Crédit Agricole français. Outre le potentiel commercial, les deux institutions financières ont fort à gagner de cet accord qui peut être appelé à évoluer dans le temps. La convergence capitalistique entre assurance et banque est aujourd’hui une évidence, voire une fatalité. Il s’avère qu’elles sont toutes les deux libres de tout engagement.

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Buzz du Mois

Afailal épinglée par les internautes Charafat Afilal, ministre déléguée chargée de l’Eau, a fait l’actualité des internautes marocains. La cause: ses propos tenus dans l’émission «Daif Al Aoula», mardi 15 décembre sur la première chaîne publique. A la question de savoir s’il

faut mettre fin aux avantages et privilèges des ministres et parlementaires, notamment leur retraite dorée, la ministre PPS a tenté maladroitement: «Le parlementaire ne touche que deux sous (jouj frank), le pauvre. Le ministre dispose d’un mandat de 5 ans, mais c’est comme s’il avait travaillé 25 ans. De toute façon, c’est l’héritage laissé par le roi Hassan II». Face à la polémique, la ministre n’a pas tardé à réagir sur son mur Facebook: «J’accepte les critiques, mais mes propos sur les retraites des ministres et parlementaires ont été sortis de leur contexte (…) Les parlementaires sont élus démocratiquement, et minimiser leurs rôles équivaut à nuire à la démocratie».

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Al Waleed bin Talal réagit aux propos de Trump

Accueil digne d’un Roi Alors que nombre de chefs d’Etat ont été reçus par Harlem Désir et Annick Girardin, à leur arrivée au site de la COP21, Mohammed VI a eu droit à un traitement royal. Le Souverain a été accueilli par Hollande et Ban Ki-moon, comme on peut le voir dans cet extrait du Petit Journal sur Canal +.

Le hooliganisme a encore frappé

Buzz mondial

Des scènes de violence ont de nouveau émaillé le célèbre derby casablancais. La 119ème rencontre entre le Wydad et le Raja s’est une fois encore terminée par de la casse et, surtout, par des blessés parmi les forces de l’ordre. Pourtant, le match nul (0-0) n’était pas susceptible d’attiser la violence de ces ultras qui sont devenus la bête noire des policiers, aussi bien que des commerçants et des gens habitant à proximité du stade Mohammed V.

Pour vivre son épisode 7 avant l’heure. Les fans de Star Wars se sont déchainés sur les réseaux sociaux. Chaque bout d’image, chaque morceau de costume, chaque clou du décor est étudié avec acuité, mauvaise foi, amusement, sérieux.

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Le milliardaire saoudien, le prince Al Waleed bin Talal, a affirmé que Donald Trump était une «honte» pour «toute l’Amérique» et qu’il devrait se retirer de la campagne pour la présidentielle américaine. Le prince Al Waleed, qui dirige le groupe Kingdom Holding Co, dont les intérêts s’étendent au géant bancaire américain Citigroup, réagissait aux déclarations controversées de Donald Trump qui a proposé d’interdire aux musulmans d’entrer aux Etats-Unis. «@realDonaldTrump Vous êtes une honte, non seulement pour le GOP (parti républicain), mais aussi pour toute l’Amérique», a-t-il déclaré sur son compte Twitter, @ Alwaleed_Talal. «Retirez-vous de la course pour l’élection présidentielle américaine, jamais vous ne l’emporterez», a ajouté le prince, neveu du roi Salmane d’Arabie saoudite, un royaume ultraconservateur qui applique une version rigoriste de l’Islam. Un communiqué envoyé par le bureau du prince Al Waleed a précisé que son tweet était une réponse à la «déclaration anti-Islam» de Donald Trump. Pour précision, la compagnie Kingdom Holding Co détient des parts dans des activités aussi diverses que l’Euro Disney, Four Seasons, Le milliardaire est en outre devenu le 2ème actionnaire de Twitter.



Interview

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Interview Executive Partner - Mazars

Nabil Bayahya Avec l’œil critique de praticien, l’associé Mazars apporte un éclairage précieux sur l’économie et la politique culturelles à l’âge du numérique. Son livre consacré à cette problématique est en passe de devenir un must. Nabil Taoufik

Est-il sensé de consacrer tout un livre à la culture aujourd’hui? Oui, largement! Cela d’autant plus qu’on compte un vide en la matière aujourd’hui surtout lorsqu’il s’agit de s’intéresser à la problématique des politiques culturelles en adoptant une approche multidisciplinaire et transversale mêlant à la fois économie, droit, philosophie, histoire de l’art, sociologie, sciences politiques…

Quelle est la grande conclusion à tirer de votre ouvrage «Les politiques culturelles à l’ère du numérique»? La grande conclusion est que l’Etat doit assurer une certaine démocratisation de la culture avec un idéal égalitaire en apportant son soutien à la création et à la diffusion de la culture. Avec le pouvoir de formatage extraordinaire qu’ont les nouvelles technologies, notamment l’Internet, ce rôle est pour le moins indispensable si l’on préserve une identité nationale et faire face aux prédations extérieurs de toute sorte.

C’est ce que l’Etat fait déjà en quelque sorte avec des dispositifs tels que les aides du CCM. Quelle appréciation faites-vous de cette expérience? 23 EconomieEntreprises Janvier 2016


Interview Avant de parler soutien financier à la création, il faut se poser deux questions fondamentales: avons-nous les artistes de qualité pour produire des œuvres de qualité? Si oui, avons-nous un public suffisamment éduqué et sensibilisé à la culture capable d’apprécier et de jouir de cette production culturelle? A ce niveau, le rôle de l’Etat doit consister à préparer les deux: l’artiste et le public à produire et consommer des œuvres de qualité. Ça ne peut être la mission d’un seul département ministériel. C’est tout un travail en profondeur et de longue haleine sur la société pour la doter du bon logiciel de valeurs. Car la culture est l’équivalent du système d’exploitation sur un ordinateur. En fonction du système installé s’établit la performance humaine, intellectuelle et économique de l’individu.

Pensez-vous qu’aujourd’hui l’on soit sur la bonne voie en la matière? Non. Je ne pense pas. On continue à marginaliser les disciplines culturelles et tout ce qui a trait à la constitution de l’éthos et de l’esprit sur une base de développement du sens critique.

C’était mieux avant?

à la culture aurait changé quelque chose à cela? Oui. Sans le moindre doute, un capital humain plus cultivé est un capital humain plus et mieux productif. Un ingénieur ouvert aux arts, à la philosophie et aux arts plastiques fera mieux son travail. De même pour un ouvrier sensibilisé à la musique et à la littérature et c’est également valable pour le top management. Je connais bon nombre d’ingénieurs, bien formés à leur métier, mais qui voient leur ascension sociale freinée par leur capital intellectuel et culturel réduit, ce qui les exclue de fait de certains cercles et centres de décision. En fait, ce que l’on constate aujourd’hui est que seule l’élite détentrice du capital, du moins une partie d’entre elle, est en mesure d’interagir avec une production culturelle d’un certain niveau soutenu. Nous sommes au Maroc dans un rapport de perpétuation de la domination économique et même politique par un processus de déculturation pour ne pas dire d’«abrutisation» des masses.

Vous faites partie de cette élite économique et pourtant vous semblez bien porté sur le partage de la connaissance culturelle au sein même de votre entreprise!

Je ne pense pas non plus.

Pourtant, le Maroc disposait d’une élite intellectuelle mondialement reconnue, tels que Abdellah Laroui ou Mohamed Abed El Jabri pour ne citer que ceux-là? Cette élite a été plutôt le produit du système éducatif du protectorat. La déconfiture actuelle de l’élite intellectuelle, il faut en chercher les origines dans les politiques éducatives et culturelles menées depuis 30, 40 ans. Ayez à l’esprit que l’impact des politiques dans ce domaine intervient toujours avec une génération de décalage.

Quel est le rôle de l’entreprise dans cette problématique de promotion de la culture et de formation des élites? Classiquement, les entreprises jouent le rôle de mécènes, soit au final une sorte de privatisation de la politique de subvention, mais en plus efficace que la subvention publique car plus portée sur une sélection du marché avec un souci plus prononcé de retour sur investissement.

Aujourd’hui, l’actualité des grandes entreprises fait monter en surface plusieurs difficultés en termes de performance économique. Pensez-vous que le fait d’avoir un capital humain mieux sensibilisé

Oui, mais moi je n’appartiens pas à la classe détentrice du capital mais plutôt à la classe moyenne. Je suis fils d’enseignant et n’ai pas reçu un capital ni une positon sociale que je dois fructifier, sauvegarder et transmettre. Ceci dit, je comprends tout à fait les personnes qui peuvent être dans cette posture. Il ne faut lire dans mes propos aucun jugement de valeur.

Il est réputé que la culture ne rapporte pas. Comment faire qu’un tel investissement soit rentable? En effet, la production culturelle -elle a cela en commun avec l’artisanat- obéit à la loi des coûts croissants. C’est-à-dire qu’il n’est pas possible, comme dans les industries classiques, de réaliser des économies d’échelle et réduire le coût unitaire en augmentant la quantité produite. Par exemple, un jean qui nécessitait pour sa production 10 personnes, il y a 100 ans, est fabriqué aujourd’hui avec 1 ressource de mobilisée, voire une portion quasi nulle de ressource. En revanche, une pièce de théâtre qui nécessitait pour sa production 10 artistes nécessite toujours autant de ressources aujourd’hui. Comment donc rendre rentable ou économiquement viable une production artistique? A cette réponse, il y a eu deux réponses: l’industrie culturelle et l’aide publique. L’industrie culturelle, dont les grands principes ont été esquissés depuis

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Interview déjà un siècle aux Etats-Unis, consiste à faire des grandes productions type Blockbusters. Ce modèle concentre les moyens sur un nombre limité d’œuvres culturelles à audience de masse. Si ce modèle permet une péréquation logique entre culture et retour financier, il n’est pas sans produire certains effets pervers. Il faut préciser en effet qu’avec les blockbusters on est quasi exclusivement dans du divertissement au détriment de l’éduction de la personnalité et l’élévation des mœurs. Mais le traves le plus important est la production d’un star-system avec le braquage des projecteurs sur une poignée de têtes d’affiche qui ne sont pas nécessairement les acteurs culturels les plus talentueux. En somme, l’industrie culturelle permet la promotion d’une sorte de système de culture pour tous mais porte un coup fatal à l’éducation et à la diversité.

«Mawazine a pu réussir l’équation entre culture de masse et culture pour chacun»

Au contraire. L’Etat doit plus que jamais être vigilant et s’impliquer dans le fait culturel car il y va de sa cohésion et de sa pérennité.

Nabil Bayahya ministre de la culture, c’est quelque chose qui vous tenterait? Ministre de la culture est une mission périlleuse. A ce titre, il est sans doute plus facile d’être juge que partie.

Et le système public? L’intervention publique est nécessaire pour rétablir l’équilibre entre culture de masse et diversité. A ce niveau, l’Etat doit assumer et assurer les moyens nécessaires pour former des artistes, de les produire et de les présenter au public. Mais, il faut faire attention à deux effets pervers: l’effet d’aubaine et le risque d’attitude totalitaire. Le premier attire en effet des professionnels de la subvention sans que ce soit nécessairement de vrais talents ou que leurs œuvres soient de qualité. Quant au risque totalitaire, il consiste à voir, au nom de la subvention, la création artistique orientée à des fins de propagande politique et idéologique.

Et les festivals où les situez-vous? Je pense que Mawazine a pu réussir l’équation entre culture de masse et culture pour chacun avec des programmations adaptées à chaque public.

Peut-on faire de la culture à travers une politique de grandes infrastructures culturelles? A mon avis, il faudrait en faire plusieurs et ne pas avoir peur de la concurrence que peut leur faire les espaces de diffusion numérique. Car les études ont démontré qu’au contraire, la fréquentation des lieux culturels augmente au fur et à mesure que leur visibilité sur Internet augmente. La personne qui fait la découverte d’une œuvre artistique sur internet et l’apprécie a naturellement envie de la voir en vrai.

Faut-il supprimer le ministère de la Culture vu que les majors de l’Internet, YouTube, Google, Wikipedia, s’occupent de la culture pour lui?

L’intello’ Nabil Bayahya est un personnage. Avec ses lunettes rondes, sa barbe et son costume aux couleurs sobres, il a tout l’air d’un lord anglais du 19ème siècle. Il lui manquerait peut-être la pipe pour que le déguisement soit complet. Déguisement car ce self made man ne se revendique aucunement de cette classe détentrice du capital. «Je suis un fils d’enseignant», martèle-t-il fièrement. Mieux, là où l’on s’attendrait à un consultant de son type d’être ultra-libéral, Bayahya est complètement favorable à l’intervention de l’Etat pour réguler, produire et faire de la culture, et pas qu’au Maroc. Sa richesse intellectuelle est quelque chose d’assez frappant. On aurait dit un chercheur universitaire. Son livre Politiques culturelles à l’âge du numérique, l’exemple du Maroc est confectionné dans cette trame bien typique des ouvrages académiques. Mais ce diplômé de Sciences Po Paris a un plus. Une capacité de synthèse et de vulgarisation tout autant étonnante que la fibre résolument transdisciplinaire du livre. Derrière cette carapace de bourgeois gentilhomme aux réactions faussement calculées se cache un artiste. «Je passe généralement 6 heures le week-end à faire des toiles», nous confie-t-il. L’art pour lui n’est pas une parure de plus pour compléter le décor de raffinement qu’exige un certain savoir vivre, il est un média pour faire passer des messages, pour ne pas dire militer en faveur d’un certain idéal égalitaire. Un béret à la Che lui irait d’ailleurs à merveille. Et ce ne serait pas un déguisement.

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ENQUÊTE Par Ghassan Waïl El Karmouni

Entre échéances électorales et morosité économique, le moral des opérateurs est dans les chaussettes. 2016, LA CROISSANCE ATTENDRA

2017 INCHALLAH!

LES BANQUES EN SPECTATEURS

L’ANNÉE DE LA CONTESTATION

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LES RESSORTS ÉCONOMIQUES GRIPPÉS


Enquête

Dans le domaine économique, la machine semble redémarrer de manière lente et insuffisante.

«Au Maroc, gouverner c’est pleuvoir», aurait dit le Maréchal Lyautey, résident général de France au Maroc entre 1912 et 1925. Cent ans plus tard, la donne reste plus que jamais valable. Si l’année 2015 devrait connaître une croissance finale de près de 4,5% grâce à l’année agricole exceptionnelle, 2016, elle, devrait voir l’activité se ralentir et ne pas dépasser les 2,6% de croissance du PIB, selon les chiffres du HCP. Un chiffre revu à la baisse par Bank Al-Maghrib (BAM) pour qui la croissance ne doit pas dépasser 2,1% en 2016, soit quasiment son niveau de 2012. Le gouvernement, lui, table sur 3%. Avec l’année de sécheresse qui s’annonce, le moral est aujourd’hui bien bas pour plusieurs acteurs économiques de la place. Avec un déficit de pluviométrie de 47% à la mi-décembre, une situation politique internationale instable, une année électorale, et aussi la fin de la mandature

du gouvernement, beaucoup de nos contacts tablent sur une stagnation de l’activité, voire de l’attentisme de la part de divers acteurs. «Il sera clairement question d’une année où le curseur sera mis de la part du gouvernement sur le politique plutôt que sur les grands dossiers économiques», prédit un ancien ministre ayant requis l’anonymat. «2016 va visiblement être une année difficile à tout point de vue», conclut-il sur un ton grave.

Le politique prime Et le chef du gouvernement en avait annoncé la couleur, lors de la cession de questionnement mensuelle

Le curseur sera mis sur le politique plutôt que sur les grands dossiers économiques

de décembre à la Chambre des conseillers. Il n’a pas hésité a tancer son ministre de l’Education Rachid Belmokhtar sur la question de l’enseignement des matières scientifiques en langue française au lycée. Quelques semaines plutôt, c’était le clash avec son ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch autour de la gestion et le droit d’ordonnancement du fonds de développement des zones rurales et montagneuses. Un état de fébrilité et de tension qui a même poussé certains observateurs à parler d’une dislocation du gouvernement. «C’est annonciateur du ton de la campagne électorale», croit savoir notre ex-ministre. «Ces gesticulations sont plus pour passer des messages à qui de droit. La réforme de l’éducation suit un calendrier fixé par la nouvelle stratégie de réforme du secteur 2015-2030 soumise par Omar Aziman, président du Conseil supérieur

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de l’Education, et approuvée par le Roi. De même que le statut d’ordonnateur du fonds rural qui a été préalablement discuté au sein du conseil de gouvernement», affirme le politologue Aziz Chahir. Benkirane, qui a adopté une stratégie cherchant à s’assurer la confiance de la Monarchie, a dû accepter plusieurs décisions auxquelles il n’était pas forcément favorable, veut montrer qu’il tient quand même les commandes auprès de ses sympathisants et montrer sa capacité de nuisance envers les grandes orientations stratégiques qui se sont faites loin de lui». En tout cas, le ton est ainsi donné et on risque de voir se multiplier les joutes oratoires et autres manœuvres politiciennes surtout que certains textes importants doivent être promulgués et des instances constitutionnelles voir le jour lors de ces derniers mois de l’actuelle législature, comme cela est prévu par la


Enquête Informel, en avant toute ! L’autre point qui peut être problématique concerne les nouvelles dispositions de la loi des Finances, notamment la progressivité de l’IS dépendant de la taille des entreprises et l’introduction du taux de 31% pour les entreprises, dont le bénéfice dépasse les 5 millions de dirhams. Cela en plus du raffermissement des mesures concernant la cotisation minimum qui est acquise au trésor quel que soit le chiffre d’affaires précédent. Ou encore le renforcement des mesures de contrôle fiscal et des sanctions pécuniaires ainsi que le rallongement des délais de prescription de 4 à 10 ans. En effet, si le but ultime est d’adapter l’impôt aux réalités de l’entreprise marocaine et de formaliser davantage l’économie, la pression que mène l’Etat en termes fiscal peut impliquer une réaction contraire surtout dans une conjoncture économique morose. On remarque ainsi dans le bulletin mensuel de la Trésorerie générale du Royaume pour le mois d’octobre une baisse de l’IS de 2,5% face à une explosion des revenus des pénalités de retard de 28%. Devant l’obligation de collecter toujours plus, l’Etat n’aurait décidément pas conscience que cela risque de faire basculer davantage d’opérateurs vers l’informel. Plusieurs informations recueillies auprès de nos contacts abondent dans ce sens.

Constitution. Ainsi, au terme de l’article 86 de la loi fondamentale, «les projets de Lois organiques prévus par la présente Constitution doivent avoir été soumis pour approbation au Parlement dans un délai n’excédant pas la durée de la première législature suivant la promulgation de ladite Constitution», soit d’ici les prochaines élections.

Retards législatifs Au total, il s’agit de 40 textes qui concernent l’opérationnalisation de la Constitution (dont 16 lois organiques) et

et celle organisant le recours à la constitutionalité des lois (articles 131 et 133); en plus de la loi sur le conseil de la parité et la lutte contre les discriminations et la loi sur le haut conseil de sécurité nationale, les lois sur le conseil des jeunes et de la société civile, etc. Toutes sont des lois et des organes qui complètent l’édifice institutionnel mis en place en 2011. «La pression est grande sur le gouvernement pour faire passer toutes ces lois. Le Roi a d’ailleurs réitéré sa demande de respecter les délais constitutionnels, lors

Le gouvernement met l’accent sur le politique aux dépens de l’économique.

203 autres textes à élaborer par les différents départements. Plusieurs d’entre eux restent à faire passer dans le circuit législatif et pas des moindres. Il s’agit en fait de textes sensibles, comme la loi organique sur la langue amazighe et le Conseil national des langues et de la culture marocaine stipulée par l’article 5 de la constitution; les lois organiques organisant le droit de grève et la loi sur le conseil de régence, (articles 29 et 44), la loi organique organisant la cour constitutionnelle

de l’ouverture de la session d’automne du Parlement, en octobre dernier, après qu’il ait insisté là-dessus avant», affirme Chahir. Pression royale, mais aussi des autres acteurs politiques. Le groupe parlementaire de la CGEM a par exemple déposé une proposition de loi organique du droit de grève concurrente de celle du gouvernement. Une pression qui a contribué à instaurer le gouvernement lui-même. Ainsi, en proposant, en 2012, son plan législatif, il a fixé des objectifs qu’il

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est loin d’atteindre. Ainsi, lors du dernier Conseil de Gouvernement, tenu autour de l’état d’avancement de ce programme, le 26 février dernier, et de l’aveu même de Driss Dahak, secrétaire général du gouvernement, seuls «52% de ce plan ont été réalisés». Il est vrai qu’entre temps des textes importants ont été promulgués, comme les deux lois organiques relatives à la régionalisation, celle sur les partis politiques, celle traitant du rôle de la chambre des conseillers, les lois sur les pétitions et propositions des citoyens en matière législative, etc. Mais nombreuses sont les textes restant à faire passer. D’après nombre de nos contacts, «le calendrier est certes très chargé mais réalisable». Reste à savoir à quel prix? «Le gouvernement va sans doute s’embourber dans ce calendrier et aussi préparer les prochaines échéances électorales et mettre de côté les autres questions», affirme l’ancien ministre. L’autre question qui reste en suspens est, elle, relative aux décrets d’application qui, pour beaucoup, tardent à venir, encombrant encore plus les bureaux des ministres concernés. «Il y a à ce niveau à relever le manque d’expérience des ministres du gouvernement, essentiellement ceux issus du PJD qui ne disposent pas d’une élite administrative rodée aux rouages des textes et procédures à même d’expédier les lois», souligne Chahir.

Les locomotives en panne Au niveau économique, la machine semble redémarrer lentement et insuffisamment. Les chiffres sont pour la plupart au vert, un vert plutôt pâle. En plus de l’année agricole qui ne semble pas démarrer sous de bons auspices, les autres secteurs semblent dans



Enquête GHASSAN W. EL KARMOUNI

2017 INCHALLAH! En janvier 2015, nous avions titré «l’année du flou». En décembre 2014, en préparant le dossier, on voyait clairement que le manque de visibilité des perspectives économiques, politiques et sociales allaient être la grande tendance de l’année. Douze mois plus tard, on aurait pu reprendre ce titre, tellement 2016 semble une année charnière aux contours incertains. Dans ce qui semble devenir un marronnier, nous essayons chaque année d’analyser les grands événements d’actualité de l’année et les enjeux à venir pour se rapprocher du déroulement des évènements futurs. Cet exercice de prévision économique se base aussi bien sur le travail de prospection des institutions publiques que sur notre propre appréciation éditorialisée. Ce qui est curieux et parfois frustrant c’est que nous avons l’impression de déjà-vu, voire d’immobilisme; les mêmes thèmes ressortent chaque année, avec quelques variations plus liées aux polémiques ayant marqué l’année. Serait-ce à cause du slogan cher à notre chef du gouvernement «le changement dans la continuité» qu’on a l’impression de faire du surplace? Ou est-ce qu’on est réellement arrivé à la fin d’un modèle qu’on essaye de maintenir par des réformes parant au plus urgent et reléguant les vrais problèmes? Quoi qu’il en soit, nous nous attendons à une année 2016 d’expédition des dossiers courants les plus chauds en attendant le nouveau gouvernement et surtout 2017. Bonne année à tous.

un état davantage inquiétant. Il s’agit notamment du secteur du BTP. Ce dernier tarde à reprendre son envole de la décennie 2000. «Le secteur a l’air de reprendre avec un regain de confiance des opérateurs avec des projets publics», affirme Hamza Kab baj, directeur général de la SGTM. Bouchaib Benhamida, président de la FNBTP, est lui plus circonspect. «La loi des Finances à décidé de réserver 189 milliards destinés à l’investissement publique. Mais encore faut-il les réaliser en entier et non à 50%, comme cela se fait d’habitude en annonçant des projets qui ne sont pas réalisés. De plus, avec la loi sur les PPP, j’ai bien peur que ce ne soit une poignée de quelques opérateurs qui raflent toute la mise car ayant la taille pour le faire», affirme Benhamida. Son inquiétude n’est pas sans rappeler que, cette année, plus de 50 milliards de dirhams ont été ajoutés au budget d’investissement comme report de crédit. A cela il faut ajouter la tendance baissière des matières premières qui impacte déjà les prix des matières premières, notamment minières. Si cette tendance est favorable à la balance des échanges extérieurs en baissant les prix du blé et du pétrole importés, elle pourrait toutefois directement impacter les revenus de l’OCP engagé dans de grands programmes d’investissement. L’autre grand secteur malade est le tourisme. Face à une conjoncture difficile en Europe, principal marché émetteur de touristes vers le Maroc, et aux troubles sociaux et politiques dans les pays arabes auxquels est assimilé le Maroc, sans oublier les contrecoups des attentats de Paris, les annulations se multiplient dans les hôtels du pays. Ainsi, on peut relever une baisse de 1% des arrivées (MRE inclus)

et de 7% des nuitées et cela déjà en septembre selon le dernier bulletin de conjoncture du ministère des finances. Une situation ayant empiré depuis, selon les professionnels du secteur. A Marrakech, pour laquelle la haute saison a débuté, on accuse le coup. La Confédération nationale du tourisme n’hésite pas, via son président, à comparer la situation actuelle à la guerre du Golfe de 1991, le plus grand choc qu’a connu l’histoire du tourisme national. «Nous allons probablement assister à une baisse à deux chiffres du chiffre d’affaires cette année», estime, pour sa part, un opérateur. Des prévisions reflétées par les statistiques nationales qui ont relevé -7% en juin et -1% à fin novembre des revenus du secteur à près de 55 milliards de dirhams.

Fin de cycle Ce qui inquiète le plus, selon un haut cadre du HCP est que «nous ayons atteint les limites de notre modèle de croissance sans qu’il ne soit remplacé par un autre. L’économie est encore déterminée par des facteurs exogènes: les conditions climatiques, la croissance en Europe, la géopolitique internationale, etc.». Pour lui, la majorité des mesures qui sont prises par le gouvernement sont liées à des politiques budgétaires expansionnistes qui favorisent la consommation. Or, pour produire de la richesse il faut justement investir. C’est ce qui explique d’ailleurs la résurgence de la problématique du chômage dès que le secteur du BTP a subi les revers de la baisse des dépenses d’investissement de l’Etat et la crise immobilière. «Avec une année agricole basse, cette situation ne risque pas de changer. Au contraire, on risque plutôt de voir le taux de chômage grim-

70,5 C’est en MMDH le montant du crédit que le Trésor doit contracter pour boucler son budget

45 En MMDH le montant qui sera levé sur le marché domestique

81,2 Le niveau d’endettement public global devrait atteindre 81,2% du PIB en 2016

per davantage en 2016». Un sentiment partagé par le wali de BAM qui, lors de son point de presse trimestriel, a estimé que «le niveau de chômage doit être survéillé de près en 2016». Et cela malgré les efforts du gouvernement de flexibiliser le marché du travail via le statut d’auto-entrepreneur. Ce dernier risque au contraire d’entraîner une plus grande précarité des travailleurs actuels sans nécessairement pousser les entreprises à en recruter de nouveaux. Côté investissement toujours, l’un des constats qui risquent de s’ancrer encore plus dans le paysage économique en 2016 est la difficulté assez prononcée d’accéder au financement bancaire. Ainsi, l’encours global du secteur a baissé de 0,2% entre décembre 2014 et octobre 2015, selon les chiffres de BAM et cela malgré le rétablissement des matelas de liquidités des banques. Une tendance illogique au vu du taux de croissance de l’économie estimé à 4,3% au 3ème trimestre par le HCP. Une situation qui risque de durer avec la montée du coût du risque et des niveaux d’impayés.

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Enquête source bancaire affirme à ce niveau que les taux d’impayés par prélèvement à la source s’élèvent, en novembre, à près de 50% pour tout le secteur bancaire.

Tendance de fond

Les banques se sont tellement engluées dans de grosses opérations qu’elles sont aujourd’hui frileuses à lâcher du crédit.

LES BANQUES EN SPECTATEURS De part la restriction appliquée aujourd’hui sur les crédits, le secteur bancaire est partie prenante de la crise. En 2016, la désintoxication des banques risque de se poursuivre.

««Il y a un manque de liquidité dans le secteur des BTP» annonce Hamza Kabbaj, directeur général de la SGTM. En fait, c’est une une information récurrente reçue de la part de tous les opérateurs que nous avons contactés. «Aujourd’hui, les banques sont très vigilantes tout comme les sociétés de crédit à la consommation. Il y a beaucoup de gens qui sont en difficulté», confie Abdallah Benhamida, président de l’Association professionnelle des sociétés de financement (APSF). Le crédit tourne donc au ralenti même si les banques ont rétabli

leurs liquidités. «Les banques ont beaucoup de liquidités mais elles recherchent le bon risque», justifie un banquier de la place. Ainsi, si on prend les chiffres fournis par BAM on remarque que l’encours global à reculé de près de 2 milliards de dirhams durant les 10 premiers mois de 2015. Et ce ne sont pas des secteurs en particulier qui accusent le coup. En fait, toute l’économie est concernée. La première catégorie touchée est celle des comptes débiteurs et des crédits de trésorerie avec une baisse des encours de -6% jusqu’à la fin octobre. C’est-à-dire que

non seulement le niveau de crédit accordé était très faible, mais que les banques ont en sus récupéré près de 11 milliards de dirhams auprès des entreprises. Les crédits d’équipements ont, eux, baissé de 2,3%, soit l’équivalent de 3,250 milliards de dirhams. Pareil pour les crédits promotion qui ont baissé de 6% à 60,8 milliards de dirhams, soit une baisse de 3,8 milliards par rapport à décembre 2014. En parallèle, on relève une augmentation significative des créances en souffrance à 57,2 milliards de dirhams, soit une hausse de près de 9% en 10 mois. Une

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Il faut dire que depuis décembre 2011, la dynamique du crédit fait du yo-yo. En fait, dès 2012, on commence à enregistrer des taux de croissance négatifs des encours. Ainsi, on peut remarquer que sur une période longue de 16 trimestres entre décembre 2011 et septembre 2015, la croissance totale des encours n’a pas dépassé les 11%. Alors que sur la même durée, entre mars 2008 et décembre 2011, la croissance des encours a été de 56%. Si on inclut les périodes d’euphorie à partir de 2006, on tombe sur une croissance globale de 111%, entre décembre 2006 et décembre 2011. Une situation problématique pour l’économie, d’autant plus que la politique monétaire est aujourd’hui des plus accommodantes. Ainsi, on note dans ce sens une baisse substantielle du taux directeur à 2,5% et la baisse des réserves obligatoires, ainsi qu’une panoplie d’outils dits non conventionnels mis en place par la banque centrale. Une politique accommodante qui a plus servi à maintenir le niveau de rentabilité des banques qu’à relancer l’économie. De l’aveu même du wali de BAM, qui a déclaré que les banques n’ont transmis la baisse des taux que de 36 points de base au lieu des 50 consentis par la banque centrale. «Les banques se sont tellement engluées dans de grosses opérations, telles que la Samir, Alliances, Maghreb Steel, etc. qu’elles sont aujourd’hui frileuses à lâcher du crédit. Sans parler des autres casseroles qui trainent, comme dans le secteur de la distribution des céréales qui est aujourd’hui en crise», analyse pour sa part notre ancien ministre. Une cure de désintoxication qui ne risque pas de s’arrêter de sitôt.



Enquête

L’ANNÉE DE LA CONTESTATION Entre montée de la grogne sociale et faiblesse de la cohérence gouvernementale, l’année 2016 promet de connaître des rebondissements politiques et sociaux importants.

fait cavalier seul en essayant de donner de la visibilité à ses ministres ou carrément «en mettant les bâtons dans les roues du gouvernement, ce qui éclate sa cohésion». Il faut donc s’attendre à une année 2016 agitée politiquement. S’y ajoute la résurgence des mouvements sociaux, avec des médecins qui ont arrêté leur grève après 82 jours, contrairement aux 35.000 élèves-professeurs qui donnent du fil à retordre aux divers ministres avec des actions de visibilité de plus en plus spectaculaires, aussi bien à Rabat que dans le reste du pays.

Troubles sociaux

L’éventualité d’un remake du scénario du 20 février 2011 n’est pas exclue.

Accrochages entre chef du gouvernement et ministres, conflits avec l’opposition et les syndicats, montée de ton avec la CGEM, résurgence des conflits sociaux… Aujourd’hui, la situation politique n’est pas de tout repos et ne risque pas de s’améliorer avec l’année électorale qui s’annonce. D’autant plus que la plupart des observateurs relèvent un manque de cohérence au sein du gouvernement. «Il y a clairement des interférences qui parasitent la cohérence du gouverne-

ment», estime le politologue Aziz Chahir. Et d’ajouter: «La majorité est traversée par une double tension. La première est que certains ministres ne se sentent pas comptables de leurs actes devant le chef du gouvernement, ce qui donne des clashs du genre qu’on a suivi dernièrement. D’un autre côté, Benkirane applique la ruse du renard contre la force du lion, comme dirait De La Fontaine. Son discours est ambivalent et instaure le flou dans le jeu politique». Pour le poli-

tologue, cette situation était attendue dès le départ avec une coalition gouvernementale faite de partis aux ADN foncièrement différents. «Il est normal qu’en phase pré-électorale les futures alliances se préparent», analyse Chahir. Ainsi, selon lui, le RNI serait en train de préparer sa future alliance avec le PAM et

Le risque est réel de voir repartir les mouvements sociaux

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L’apparition de nouveaux mouvements n’est sont pas à ce niveau à exclure pour monter au créneau contre la cherté des services de base comme l’eau et l’électricité, comme cela s’est vu dans le Nord et partiellement à Casablanca ou encore les contestations contre la société de gestion de transport à Fès, etc. Le risque est ainsi réel de voir repartir les mouvements sociaux, d’autant plus que les syndicats se mettent de la partie avec une grève générale dans la fonction publique en décembre. Une sorte de tour de piste concernant la réforme des retraites que le gouvernement s’est engagé à réaliser durant cette mandature. Retraites mais surtout la loi sur le droit de grève qui risque de carrément tourner aux bras de fer entre gouvernement, CGEM et syndicats. Mis bout à bout, tous éléments annoncent une année 2016 chaude socialement et politiquement risquant de mettre à mal encore plus une fragile cohérence gouvernementale. Faut-il exclure le pire avec un remake du scénario du 20 février 2011?



Enquête

LES RESSORTS ÉCONOMIQUES GRIPPÉS Entre la baisse du moral des ménages et le scepticisme des patrons, 2016 s’annonce clairement sous les différentes nuances de la couleur grise.

grands soutiens à la croissance, la consommation des ménages risque d’accuser le coup et se rétracter en attendant que la crise passe. Si le moral des ménages semble dans les chaussettes, celui des patrons ne vole pas plus haut non plus. Ainsi, malgré les signes de reprise bien que timides publiés fin novembre par le HCP, la plupart des patrons sondés sont plutôt sceptiques.

Les patrons sceptiques

De nombreux opérateurs du BTP hésitent à s’associer avec l’Etat dans ses nouveaux projets.

Le moral ne plane pas haut pour ce début d’année. Selon les derniers chiffres de l’enquête nationale de la conjoncture auprès des ménages, réalisées par le HCP, 74% des ménages marocains s’attendent à une hausse du niveau de chômage pour les 12 mois à venir, contre 8,2% qui pensent le contraire. Aussi plus de la moitié des Marocains pensent qu’il n’est pas opportun de s’équiper en biens durables, alors que 21% pensent le contraire. 85% des personnes sondées pensent qu’il leur est impossible d’épargner cette année, contre seulement 14% qui pensent le contraire. De même que pour la perception de

l’évolution de leur niveau de vie. 85% des Marocains pensent que les prix ont augmenté durant l’année 2015 et 76% pensent que les prix vont continuer à augmenter en 2016, contre 23% qui pensent que les prix vont stagner. Cette déprime de la demande des ménages corrélée avec la montée du chômage à de quoi plomber les efforts de relance économique encore majoritairement construite sur la demande intérieure. Selon les derniers chiffres du HCP, le volume global du chômage s’est accru de 66.000 chômeurs pour le 3ème trimestre 2015 à 1,206 million à fin septembre, soit une augmentation de 5,8% en un an. Le

taux de chômage est ainsi passé de 9,6% à 10,1% pour cette période. Avec l’année de sécheresse qui s’annonce, les taux d’emploi dans le monde rural ont clairement pris un coup. Ainsi, si globalement la plupart des secteurs ont créé de l’emploi, le secteur agricole, lui, en a perdu près de 27.000 postes, lors du 3ème trimestre 2015, soit près de 0,6% de ses effectifs annonçant ainsi la couleur. En général, c’est le secteur des BTP qui absorbe les pertes d’emploi dans le rural. Or il se trouve que ce secteur est lui aussi en difficulté, ce qui limite la capacité à générer de l’activité et donc l’emploi. Etant un des plus

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Ainsi, la majorité des 400 entrepreneurs sondés par l’enquête de conjoncture de Bank Al-Maghrib affirment que le climat des affaires est jugé «défavorable» pour l’ensemble des branches d’activité. En cause, une augmentation des coûts unitaires mais surtout leur manque de liquidité. Il semble même que la SGTM, que l’Etat a boosté en champion national, a vu son CA chuter d’environ 50% du fait des impayés, d’où sa frilosité à se lancer dans de nouveaux chantiers. «D’une part, nous avons des problèmes pour reconduire nos lignes de crédits avec les banques et, d’autres part, je n’arrive pas à me faire payer par mes clients, notamment l’Etat», affirme un gros opérateur dans la construction. Une situation qui a poussé beaucoup d’opérateurs, notamment dans le BTP à se diversifier dans l’immobilier. C’est le cas par exemple de Bouygues ou de TGCC. D’autres se sont diversifiés dans leur amont. L’Etat, pour sa part, et c’est une première, a donné de la visibilité aux opérateurs en diffusant dans la presse tous les projets à réaliser cette année. Une posture venue en retard alors que beaucoup d’opérateurs hésitent à s’associer avec l’Etat dans ses nouveaux projets.



Entreprises

Le deal permet à CMI de se débarrasser du tollé autour de son contôle de fait sur le marché et à HPS de déployer ses ailes en Afrique.

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Entreprises

HPS FAIT LE SWITCH DU GPBM En cédant le switch du CMI au leader de la monétique, le groupement des banques se débarrasse d’une petite activité qui nuisait de plus en plus à son image.

20,9 En millions de dirhams le résultat net consolidé de HPS au 1er semestre 2015

70 C’est le nombre de pays où HPS est implanté

20 C’est en pourcentage la part du switch dans le chiffre d’affaires de CMI

Sanae Raqui

C’est une belle année qui vient de s’achever pour HPS. La multinationale marocaine, leader dans l’édition des solutions de paiement électronique, les processeurs, ainsi que les switchs nationaux et régionaux vient d’absorber l’activité switch du CMI, ce qui lui confère une position de «monopole» de fait sur le marché marocain. Mais aucun détail ne filtre sur le deal. Contacté par nos soins, le management de HPS nous a redirigés vers le communiqué officiel. Des sources anonymes évoquent «une clause d’exclusivité introduite dans le contrat signé entre HPS et le GPBM». «Par le biais de cette clause, l’entreprise s’assure un minimum de revenus sur une période donnée, afin de rentabiliser son achat». Cela expliquerait, en fait, le retard accusé dans l’obtention du visa de Bank AlMaghrib pour boucler cette opportunité de rachat. Nos sources expliquent dans ce sens qu’au vu de la position dominante qu’avait jusque-là CMI et dont hérite HPS, la banque centrale aurait saisi l’opportunité de cette transaction pour mettre à jour l’arsenal réglementaire régissant cette activité pour préserver les principes de libre concurrence sur ce marché». Le précieux sézame de BAM devra porter sur l’autorisation à exercer les activités de routage, de compensation et de règlement des flux monétiques. Une fois obtenu, HPS devrait alors partager un marché de quelques 450 millions de dirhams, avec les deux

mastodontes internationaux MasterCard Asie/Pacific et Visa International, déjà agréés par BAM, début 2015. Ces deux derniers utiliseront leurs propres infrastructures IT logées à l’étranger. Sauf que ces derniers ne sont pas encore en activité. En effet, le lancement de leurs activités serait attendu pour 2016. «Une fois la réglementation de l’activité du switch sera validée par la banque centrale, celle-ci validera l’opération CMI-HPS et donnera l’autorisation définitive à Visa et MasterCard, sachant que ces deux ne disposent que d’une autorisation provisoire de la part de BAM», déclarent nos sources. Passé ces étapes, le marché serait donc libre et purement concurrentiel. Et comme pratiqué à l’international, ce sont les émetteurs (les banques émettrices des cartes bancaires) qui devraient choisir le switch qui leur proposera le meilleur prix. Cependant, les banques nationales veulent vraisemblablement se détacher complètement de cette activité. Car, selon une source proche du dossier, «elles

HPS est aujourd’hui une véritable multinationale marocaine et peut se targuer d’être leader en Afrique et au Moyen-Orient 41 EconomieEntreprises Janvier 2016

auraient proposé à BAM de laisser directement les commerces faire le choix entre les trois opérateurs».

HPS la multinationale En tout cas, ce ne sera pas dificile pour HPS. Sa machine étant bien rodée, la multinationale ne devrait pas tarder à annoncer son nouveau plan de développement de la nouvelle filiale dédiée au switching sous le nom de HPS Switch. «Cette nouvelle filiale aura pour mission de mettre en place et d’opérer une plateforme de routage, de compensation et de règlement des flux monétiques ouverte à l’ensemble des opérateurs agréés par Bank Al-Maghrib», explique HPS dans son communiqué. Par ailleurs, selon nos sources, HPS souhaite développer le marché africain à partir de l’infrastructure de CMI et devenir ainsi un switch régional. En effet, déjà 70% des banques marocaines sont équipées de la solution Power-Card de HPS. Mais surtout, depuis 2002, HPS est le premier switch régional de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour la gestion complète des systèmes de paiements électroniques de plus de 14 pays. Il traite tout type de cartes (crédit, débit, prépayés, entreprise, fidélité et carburant) via tout canal (GAB, TPE, internet et mobile) et quelle que soit la catégorie de commerçants. Sa suite de solutions PowerCARD est utilisée par plus de


Entreprises

Mohamed Horani, un self made man qui a su faire de HPS un acteur mondial en moins de 20 ans.

320 émetteurs, acquéreurs et switchs. «Cela lui ouvrira les portes de switch régional africain, puisque déjà l’opérateur est partenaire de plusieurs banques marocaines présentes dans le continent», estime un opérateur de la place. Avec un résultat net consolidé annuel de plus de 32 millions de dirhams et une présence dans 70 pays, HPS est aujourd’hui une véritable multinationale marocaine et peut se targuer d’être leader en Afrique et au Moyen-Orient et un acteur reconnu en Europe et Amérique du Sud. La stratégie de développement de HPS repose en partie sur la création de nouvelles filiales, des acquisitions stratégiques ou la création de joint-ventures. L’entreprise a

développé une offre de Processing en créant des joint-ventures régionales dédiées en partenariat avec des acteurs de référence locaux. Global Payment Services (GPS) a été créée en 2004 pour desservir la région du Moyen-Orient, tandis qu’International Card Processing Services (ICPS) a été créée en 2007 pour desservir la région de l’Océan indien. HPS est déjà actionnaire dans deux centres de monétique, le premier au Bahreïn à hauteur de 20% et le second aux Iles Maurice avec 25% de participations. Pour rappel, HPS et CMI avaient signé, le 13 février 2015, un protocole d’accord préliminaire précisant les conditions de cession par le CMI de son activité de switching et de compensation.

CMI le recentrage

70% des banques marocaines sont équipées de la solution Power-Card de HPS

Quant à CMI, l’opération lui permet de se recentrer sur ce qui fait l’essentiel de son chiffre d’affaires, étant donné que le swtich n’y représente que 20%. «L’intérêt pour le CMI, et

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notamment le groupement des banques, est de s’alléger d’une activité qui ne représente que 15 à 20% du chiffre d’affaires du CMI», confirme dans ce sens un professionnel. En effet, c’est l’activité dite «acquisition commerçant» qui génère le plus gros des revenus du CMI. Dedans, on retrouve tout ce qui relève de la vente et gestion des terminaux de paiement électronique auprès des partenaires acceptant le paiement par carte bancaire et le marketing de sa propre carte. «Les deux activités (switch et acquisition commerçant) vont être séparées pour permettre au CMI de se concentrer sur l’activité d’acquisition commerçante. Cela nous permettra de toucher les banques au Maroc, les grands réseaux internationaux, ainsi que les banques étrangères. Nous voulons ainsi nous concentrer sur cette activité et être plus agiles». Les propos du directeur général du CMI Mikael Naciri commentant la transaction avec HPS sont ainsi on ne peut plus clairs. Aussi cette séparation entre activité bancaire et switch permet surtout au GBPM de se débarrasser d’un conflit d’intérêt qui lui a valu une mauvaise communication aux dimensions disproportionnées. L’on se rappelle encore du tollé soulevé par la situation de monopole de fait dont jouissait le CMI sur le swtich des transactions électroniques, notamment l’achat sur internet, à travers sa filiale Maroc Telecommerce. L’un des arguments avancés alors par ses détracteurs consistait à dire que les banques étant actionnaires du CMI auraient naturellement tendance à rendre l’offre CMI la plus compétitive possible, ce qui servirait in fine à ancrer davantage le monopole de fait. En tout cas, tout ce casse-tête semble désormais derrière le GBPM et CMI. De son côté, HPS pourra déployer ses ailes quasi librement sur le Maroc et se lancer dans une concurrence avec Visa et Mastercard, qui comptent bien agir sur les prix de traitement qui sont jugés élevés aujourd’hui. Voilà ce qu’on appelle un deal gagnant-gagnant! sraqui@sp.ma



Entreprises

Le taux du personnel issu de l’Afrique subsaharienne dans l’effectif de la RAM passera bientôt de 17 à 20%.

HORS ZONE DE TURBULENCE Par quel tour de magie Royal Air Maroc a-t-elle réussi à inverser la tendance? Il ne s’agit point de magie, mais d’une politique durement menée par le top management. Explications. Adiba Raji

Idem pour certains vols européens, tels que Venise, Turin, Bruxelles, Marseille, Montpellier, Londres et Madrid au départ de Rabat ou Casablanca à partir de 1.100 dirhams. De quoi séduire les habitués des compagnies low cost, tout en leur offrant un meilleur service.

Contrat-programme

Coup de maître pour Benhima! Alors que certaines analyses la donnait agonisante, la RAM semble être bien engagée pour redresser ses ailes. La méthode Benhima semble donc donner ses fruits. Forte d’une santé financière retrouvée depuis 2013, du moins côté exploitation, la compagnie offre de plus en plus de billets à tarifs réduits, en se positionnant comme compagnie plus généraliste avec des tarifs compétitifs mais un service à bord toujours de qualité.

Ainsi, sur le trajet Casa-Dakar, le billet est désormais à 4.200 dirhams, contre quelque 6.000 dirhams auparavant.

«Les coupes dans la masse salariale y sont pour beaucoup dans ce redressement de situation» 44 EconomieEntreprises Janvier 2016

A y voir de plus près, il y a eu du changement au niveau des frais financiers de la RAM. «Il y a cinq ans, le transporteur aérien national fonctionnait sur des découverts bancaires», déclare un analyste de la place. Or, aujourd’hui, «il a renforcé les banques avec les 9 milliards de dirhams que l’Etat lui a remis suite à la signature du contrat-programme», ajoute-t-il. Pour rappel, la feuille de route signée par la compagnie aérienne marocaine est assortie d’un plan d’investissement de l’ordre de 9,3 milliards de dirhams sur la période 2011-2016. Le principal objectif de ce



Entreprises Un top management qui a trouvé la clé du succès dans une profonde restructuration. De gauche à droite, Driss Benhima, PDG, et Abdelkrim Challot, directeur Communication

contrat-programme est la consolidation de la position de l’entreprise en tant que leader en Afrique et premier opérateur aérien dans le tourisme au Maroc. «Nous avons vécu une année difficile. Et le succès du contrat-programme nous a permis cette année de renouer avec un équilibre financier», a par ailleurs expliqué Benhima, lors d’une conférence de presse, mardi 22 décembre. «Mais si on est arrivé à ça, c’est surtout grâce à la politique du top management et à l’énorme effort fait au niveau de la restructuration», explique Abdelhakim Challot, directeur Communication de la compagnie nationale. Il y a en effet eu une profonde restructuration de la compagnie, avec révision de sa politique commerciale qui devient plus agressive, l’amélioration au niveau de la qualité du produit ainsi que la maîtrise des coûts. «Les coûts fixes sont devenus variables et nous nous sommes séparés de tous les métiers qui ne sont pas les nôtres», explique Challot. Dans ce sens, il faut noter la conjoncture actuelle favorable des cours de pétrole. «C’est certes un élément parmi d’autres, mais qui a été amorti par la hausse des cours du dollar», explique Challot. Le kérosène est en effet payé en dollars, ainsi que les différentes acquisitions de la compagnie. Or, 80% des recettes de la RAM à l’étranger sont en euro. «Tout ça nous pénalise en quelque sorte», affirme Challot. En pourcentage,

«le gain sur la chute des prix du pétrole est de 25% à peine à cause de la hausse des cours du dollar», calcule le directeur Communication. Selon un expert de l’analyse économique, «les coupes dans la masse salariale y sont pour beaucoup dans ce redressement de situation».

Effectif subsaharien C’est ce que confirme le management du transporteur aérien en déclarant que «l’effectif a été réduit de plus de la moitié». Celui-ci est passé de 5.352 en 2010 à 2.737, à fin avril 2014. «Même qu’on remarque de plus en plus de personnel navigant originaire de l’Afrique subsaharienne ces derniers temps, ce qui représenterait une importante économie pour la compagnie aérienne», ajoute notre expert. Certes, à la RAM, aujourd’hui 17% de l’effectif est issu de l’Afrique subsaharienne et ce taux arrivera bientôt à 20%. Sauf que «les salaires sont exactement les mêmes pour le personnel navigant commercial national et étranger», affirme Challot. Même que pour certains pays, les conditions d’emploi sont moindres qu’au Maroc. «Ça prouve que la RAM est impliquée dans ce processus qui est voulu par le Maroc d’appuyer l’ancrage dans son milieu naturel qui est l’Afrique et de se développer sur le continent», ajoute Challot.

Désengagement La compagnie s’est également

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délestée des coûts liés aux métiers en dehors du transport aérien, tels que l’hôtellerie ainsi que la formation des différents types de personnel. Désormais, ce sont des écoles spécialisées homologuées par le ministère de tutelle qui prennent en charge ce type de formation. Quant au catering, il a été confié au groupe français spécialisé Servair depuis 2013. La compagnie marocaine a ainsi confié la gestion opérationnelle à ce nouveau partenaire en lui vendant 49% du capital de la filiale RAM Catering. Autre changement dans les frais financiers, la location longue durée des appareils. Ainsi, les quatre Embraer brésiliens sont en location longue durée sur huit ans, «ce qui permet de se désengager et de les changer à la fin de la période», explique le management. «Mais, il n’est pas possible d’opérer selon le même mode avec toute la flotte», indique Challot. Pour les Boeing 787 Dreamliner qui, eux, réalisent les longs courriers, «cela n’a aucun sens que de les avoir en location. Ce sont de lourds investissements très intéressants à faire», ajoute le communicateur en chef de la compagnie. Pour l’avenir, la RAM enchaînera sur un nouveau contrat-programme dès que celui en cours arrivera à terme. Quant à une éventuelle ouverture du capital de la compagnie au secteur privé, Benhima affirme que «la question devrait être posée plutôt au propriétaire de l’entreprise, à savoir l’Etat». «Nous avons réalisé à notre niveau une étude d’évaluation du capital immatériel de la compagnie, ce qui contribuera à sa valorisation», a-til ajouté. Si la compagnie continue sur sa lancée, son avenir s’annonce plutôt prometteur. araji@sp.ma



Entreprises tionnaire du groupe, le magnat de l’immobilier a payé la modique somme de 350 millions de dollars le rachat de la chaîne hôtelière. En tant qu’Aman Junky, le milliardaire russe a une vision précise du développement du Resort à travers le monde.

Développement

Le magnat russe a une vision précise du développement du Resort à travers le monde.

DORONIN RÉCUPÈRE AMANJENA En prenant le contrôle du groupe Aman Resort, Vladislav Doronin vise le développement de ses activités en projet immobilier. Le Maroc fait désormais partie des projets de cet investisseur. Adiba Raji

Pour le milliardaire russe Vladislav Doronin c’est la pomme entière ou rien! A peine commence-t-il à prendre ses marques en tant que président du groupe Aman Resorts qu’il s’est empressé de monter à 100% dans le capital du resort marrakchi Amanjena. Une cérémonie a été organisée par Othman Benjelloun, en décembre à Marrakech, en l’honneur du milliardaire russe et à laquelle ont pris part une poignée de personnalités, dont le ministre des Finances Mohamed Boussaid et le ministre de l’Industrie et du Commerce Moulay Hafid Elalamay.

C’est en 1997 que l’indonésien Aman Resorts s’associe à deux groupes marocains, la holding HCO, filiale commune de CDG Gestion et ONA et RMA pour la construction d’un complexe hôtelier de haut standing à Amelkis à Marrakech. L’investissement s’élève à quelque 160 millions de dirhams pour un complexe d’une quarantaine de suites. A cette période, le groupe appartenait à son fondateur indonésien Adrian Zecha. Doronin est entré dans le tour de table en décembre 2013 via son groupe immobilier Capital Group. Aujourd’hui CEO et principal ac-

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Doronin compte en effet utiliser sa maîtrise et son expertise en immobilier pour développer les activités d’Aman Resorts en renforçant la construction et la gestion locative de villas, ainsi qu’en urbanisant la marque Aman à travers l’implantation d’Aman Resorts dans le monde entier avec des hôtels Aman dans les centres-villes mondiaux, comme Tokyo, Londres, New York, Paris, Hong-Kong et Singapour. Né en 1962 à Leningrad, actuelle Saint Petersburg, Doronin a commencé sa carrière en tant que trader à Genève. Ce n’est qu’au début des années 90 qu’il revient en Russie. En 25 ans, le Russe, qui fait partie des cinq plus grands promoteurs immobiliers de son pays, a amassé une considérable fortune évaluée à 2,5 milliards de dollars. Le portefeuille de Capital Group, dont Doronin est président et fondateur, comprend plus de 70 projets d’envergure d’une superficie totale de plus de 7 millions de m2, notamment à Moscou. Ce n’est pas pour autant qu’il a oublié de profiter de la vie et de sa fortune dûment gagnée! Pendant longtemps compagnon du top model anglaise d’origine jamaïcaine, Naomi Campbell, leur histoire a fait jaser à son démarrage en 2008, alors que le Russe était toujours marié à Ekaterina, la mère de sa fille unique Katia, dont il est divorcé depuis plusieurs années. Séparé en 2013 de Campbell, Doronin est, depuis, en couple avec un autre top model, Luo Zilin, ancienne Miss Chine. Fréquentant la jet set américaine, il y a fort à parier que son ami Leonardo di Caprio, autre Aman Junky, qui a déjà tourné plusieurs films au Maroc, élira souvent domicile à Amanjena, maintenant que son ami Doronin l’a pris en main. Ce qui contribuera à renforcer l’image d’un Marrakech encore et toujours ville de joie, plaisir et volupté. araji@sp.ma



Entreprises

La Finéa vise à accompagner la transition des PME de l’économie informelle à celle formelle.

FINÉA DÉPLOIE SES AILES En deux mois, la filiale de CDG a pu lever 350 millions d’euros de fonds qui viendront encourager l’accès des PME aux grands marchés publics. Inscrite sur une trajectoire de modernisation ascendante, elle entame 2016 sous le signe de la proximité, du digital et de la formation. Sanae Raqui Bon cru 2015 pour Finéa. La filiale CDG boucle l’année passée avec un montant avoisinant les 10 milliards de dirhams en matière de financement et de refinancement apporté aux PME. En gros, 800 entreprises ont été financées directement par Finéa, et quelque 2.100 entreprises ont bénéficjé du le refinancement via le secteur bancaire. Finéa, ex-caisse marocaine des marchés (CMM), a été lancée avec la première ligne de financement accordée par le kfW, à travers, l’adoption d’un nouveau plan de développement 2013-2017 visant à apporter davan-

tage d’inflexion dans le financement de la PME/TPE. Pas assez bien connu de la part des PME/TPE, l’entreprise veut ainsi accentuer sa contribution à la facilitation du financement de ces dernières. Ainsi, elle réussit à mettre

Finéa boucle l’année 2015 avec l’accompagnement et le financement de quelque 2.900 PME 50 EconomieEntreprises Janvier 2016

en place, en novembre, une deuxième ligne de financement de 150 millions d’euros, en faveur de la PME marocaine. C’est en effet une contribution de plus du groupe CDG, via Finéa visant principalement à améliorer l’accès des entreprises au financement, soutenir l’investissement et le développement économique du Maroc. Capitalisant sur la réussite d’une première opération avec le groupe allemand d’un montant de 200 millions d’euros, «le groupe CDG et la KfW consolident, à travers cette deuxième signature, leur relation dans le cadre d’un partenariat stratégique, durable et exemplaire au service du développement économique et social du Maroc», explique un communiqué de presse de l’institution au lendemain de la concrétisation de l’opération. Finéa devrait garder une partie de ce second financement, pour renforcer son projet «Finéa Imédia». Il s’agit, en effet, d’un produit qui a été lancé en 2014 et qui vise à accompagner l’investissement productif au Maroc, en apportant des liquidités aux PME, en attendant le déblocage de leur financement.

Une année prometteuse Finéa boucle 2015 en beauté en s’adjugeant, en décembre, une 3ème ligne de financement auprès de la BEI pour un montant de 200 millions d’euros. Côté perspective 2016, l’entreprise compte un programme bien ambitieux. Ainsi, elle a en ligne de mire le renforcement de sa proximité aux PME, via les services en ligne dans l’objectif de faciliter l’accès au financement des PME. Ceci en plus du réseau de six agences, déjà existantes, réparties sur le territoire national. 2016 sera aussi l’année de la création de l’institut de formation de Finéa, un institut qui devra être à la fois physique et digital. Inscrit dans le cadre de la coopération financière et le partenariat stratégique entre le Maroc et l’Allemagne, il vise à former des PME à des thématiques diversifiées et mettre à leur disposition les meilleures pratiques pédagogiques, leur apporter des recherches documentaires, accompagner leur transition de l’économie informelle à celle formelle. sraqui@sp.ma



Entreprises

Face à la stagnation des ventes, le locatif pourrait devenir un métier d’avenir.

LOCATIF, CETTE BOUÉE DE SAUVETAGE Dans un contexte de crise immobilière, le marché locatif serait le sauveur des promoteurs qui cumulent les stocks d’invendus. Une solution imposée par la conjoncture mais qui risque de se révéler un choix d’avenir. Sanae Raqui

Un revirement stratégique semble s’installer dans le marché de l’immobilier au profit du locatif et au détriment de l’achat du neuf. C’est ce que nous confirment en tout cas les experts immobiliers contactés. «Certains promoteurs considèrent de plus en plus le locatif pour contrer le problème du rythme

d’écoulement du neuf, un problème de plus en plus persistant chez les opérateurs», explique ainsi Imane Kabbaj, DG CBRE Maroc. En effet, les ventes du neuf ne se présentent pas sous les meilleurs auspices. Selon l’indice immobilier de Bank Al-Maghrib, les prix enregistrent une petite hausse de 0,8% au cours

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du deuxième trimestre 2015, après celle de 0,6%, un trimestre auparavant. Cette nouvelle hausse est liée à l’accroissement de 3,8% des prix des terrains urbains, alors que ceux des biens à usage professionnel et résidentiel ont régressé de 1,2% et 0,3% respectivement. Le nombre de transactions a accusé une baisse plus importante de 7,9%, après une hausse de 10,1% le trimestre précédent. Cette diminution reflète le recul des ventes de 11,2% pour les biens résidentiels et de 1% pour les actifs à usage professionnel. Il faut préciser que l’indice BAM s’intéresse uniquement aux biens en seconde main. La situation sur le neuf doit être davantage problématique. Les difficultés des majors du secteur sont là pour en apporter une démonstration irréfutable.


Entreprises Vente en panne Face à une telle situation, «le locatif représente une bouée de sauvetage pour les opérateurs», estime notre source. Mais, «il y a toujours une crainte chez les promoteurs de ne pas pouvoir récupérer leurs biens en les louant», atténue un opérateur. «La loi aujourd’hui est davantage favorable au locataire qu’au propriétaire. Ceci dit, les promoteurs y réfléchissent sans forcément passer à l’action», explique-t-il. Une contrainte dont le gouvernement semble être conscient. «Le gouvernement a initié une nouvelle dynamique du marché locatif, basée notamment sur le climat de confiance entre les bailleurs et les locataires, à travers l’amélioration du cadre juridique», affirme Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Politique de la ville. Ce denier met l’accent sur la loi relative à ce secteur, adoptée en février 2014, qui est censée apporter un assainissement des relations entre les parties prenantes et une accélération du développement du marché locatif tout en faisant attention aux écueils de la mise en œuvre. Au-delà de la réglementation, le gouvernement a aussi la possibilité de mettre du locatif bon marché à disposition des consommateurs, notamment via son bras armé dans l’immobilier, à savoir Al Omrane Holding. Pour ce dernier, «les stocks d’invendus s’élèvent à l’équivalent de 14 milliards de dirhams», selon des sources citées par nos confrères. Ce chiffre n’a pas été

«Al Omrane ne pense pas à la location, car il ne souhaite pas avoir à gérer le parc locatif»

confimé par le groupe qui considère que «les stocks d’apparetments ou immeubles sont comptabilisés comme étant en cours de commercialisation». En tout cas, Benabdellah a déjà dévoilé, courant 2015, son plan Ijar, qui vise à mettre sur le marché du neuf, type HLM, au prix de la location variant entre 1.200 et 2.000 dirhams par mois. Une option qui ne semble pas faire partie des priorités immédiates d’Al Omrane, d’après une source interne. «Al Omrane ne pense pas à la location, parce qu’il ne souhaite pas avoir à gérer le parc locatif, mais je pense qu’il faut y réfléchir sérieusement», insiste de son côté le ministre de tutelle. Hormis Al Omrane, il y a aussi tous ces logements vacants au niveau des villes nouvelles qui ressemblent aujourd’hui davantage à des villes fantômes. «Il est évident qu’il y a une part du locatif qu’il faut développer dans ces villes nouvelles. Mais il faut aussi avoir à l’esprit qu’une ville nouvelle ne se remplit pas en cinq ou six ans. Cela demande au moins 20 ans», rétorque Benabdellah. Si le locatif dans le résidentiel semble une piste de dépannage, il en est autrement dans l’immobilier

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professionnel. Ce dernier est même de plus en plus privilégié par les entreprises. Reda Baghdadi, directeur général de la Master Franchise Century21 au Maroc, affirme même qu’«il est quasiment impossible pour les professionnels de vendre des locaux commerciaux». Le constat est plus particulièrement accentué pour les magasins et centres commerciaux. En effet, le Maroc comptait trois centres commerciaux en 2012 et d’ici fin 2015, neuf seront en exploitation et 20 autres projets sont prévus à horizon 2020. Ceci reste également valable pour les bureaux. Sur Casablanca, capitale économique, l’offre est amenée à passer de 1,6 à 2,1 millions de mètres carrés à horizon 2020, estime CBRE. Au total, sur la période 20102020, le stock de bureaux dans la métropole aura presque doublé (+96%). Cependant, les opérateurs tirent la sonnette d’alarme par rapport à l’installation d’une suroffre dans l’immobilier professionnel, qui pourrait le faire tomber dans les mêmes problèmes que le résidentiel en termes d’invendus. Mais ce sera tout bénéf’ pour le locatif. En effet, ce marché pourrait devenir un métier d’avenir. Puisque tous les Marocains ne pourront être propriétaires de leur propre logement, l’immobilier locatif pourrait se créer son propre business model où l’argent investi dans la pierre serait orienté vers le bien-être de la population. sraqui@sp.ma


Entreprises

118 Le volume moyen quotidien échangé sur le marché central s’est établi à 118 millions de dirhams en 2015

7% Le Masi a accusé une baisse annuelle de 7%, contre 5,5% en 2014

5% La capitalisation boursière s’est contractée de 5% depuis le début de l’année 2015.

Alliances et Samir ont fortement contribué à la morosité du marché financier en 2015.

ENCORE UNE ANNÉE DANS LE FLOU ! On aurait cru que la Bourse de Casablanca aurait de beaux jours devant elle, mais tous les indicateurs laissent présager que l’année 2016 ne renouera pas avec la performance, sauf miracle! Sanae Raqui 54 EconomieEntreprises Janvier 2016

Pour la Bourse, 2016 ne sera pas l’année de la reprise. C’est en tout cas ce que projettent les analystes de sociétés de bourse sondées. En effet, rien ne laisse présager que cette nouvelle année soit de bon augure s’inscrivant ainsi dans la continuité de l’exercice écoulé. Attentisme et manque de visibilité sont décidément les maitres-mots en ce début d’année. Le marché boursier s’en trouve en conséquence en mal de croissance. «Le contexte actuel de la Bourse de Casablanca ne suit aucune logique. Les valeurs évoluent dans tout les sens, à la hausse comme à la baisse. Il n’y a aucune base de comportement sur laquelle nous pouvons nous fier pour analyser la profondeur du marché», confie un analyste. 2015 était pourtant pressentie comme étant l’année de la reprise. Mais les boursicoteurs ont été frappés par les déboires de quelques grosses capitalisations, Alliances et Samir, à titre d’exemple. Avec seulement une de plus que 2014, les introductions d’Afma et Total, seules opérées en 2015, n’ont pas vraiment aidé à rectifier le tir. «Ces deux introductions s’avèrent être insuffisantes pour redonner vie à une place qui marche au ralenti avec un volume de transactions moyen qui dépasse à peine les 100 millions de dirhams au terme du dernier trimestre de 2015», annonce un analyste. En fait, les statistiques le montrent,



Entreprises Les deux introductions réalisées en 2015 ont été insuffisantes pour redonner vie à une place boursière qui agonise.

en termes de capitalisation la place de Casablanca est revenue à 457,6 milliards de dirhams, à fin octobre 2015, contre 484,4 milliards, à fin décembre 2014, soit une contraction nette de 26,8 milliards de dirhams. Même le semblant de redressement qu’aurait pu sauver l’année 2015, notamment à travers les opérations d’allers-retours que les investisseurs institutionnels ont réalisées, n’a pas donné d’effets significatifs. Ce type de transactions est en effet connu, entre autres, pour dynamiser le marché et soutenir le cours de quelques valeurs en fin d’année. La preuve, en novembre, le volume moyen quotidien échangé sur le marché central s’est établi à 118 millions de dirhams, alors que sur les autres mois de l’année, il s’est situé à 97 millions. «Ce recul est en effet le résultat de la contraction massive de plusieurs cours de valeurs surtout celles qui représentaient les plus grosses capitalisations boursières quelques années plutôt. Parmi elles, on retrouve Addoha, Alliances, Samir, Centrale Laitière, SNEP…», se désole un analyste. A elle seule, Addoha a perdu 22% depuis le début de l’année et 73% depuis 2010. D’ailleurs, elle ne

représente plus que 2% de la capitalisation boursière globale, contre 4,5% auparavant. Il faudrait ajouter à ce climat de déprime, la radiation de la cote de la CGI dont la valeur avoisinait 8 milliards de dirhams. Ceci dit, d’autres sociétés cotées ont tout de même pu sauver la mise. En l’occurrence, Taqa Morocco, qui pèse 3% de la valeur globale du marché et dont le cours a réalisé une hausse de 33% cette année. Ou encore Ciment du Maroc, dont le cours a progressé de 32%, pesant ainsi 3,6% de la capitalisation boursière de 2015. De même pour Total Maroc qui a pu injecter à la capitalisation globale un surplus de 5,2 milliards de dirhams. Ainsi, de manière générale, le MASI représentant toutes les valeurs cotés à la Bourse de Casablanca a accusé approximativement une contre-performance annuelle de 7%. Un pourcentage semblable à celui réalisé en 2013, après une année 2014 marquée par un léger redressement.

Et la réforme de la Bourse? Loin encore d’entrer en vigueur, les réformes en cours concernant les statuts de la Bourse de Casablanca pourraient probablement participer de manière efficace à sortir le marché financier de sa léthargie. Notamment en réconciliant les investisseurs, aussi bien locaux qu’étrangers, avec ce marché. Le projet de loi 19-14, relatif à la Bourse des valeurs, aux sociétés de bourse et aux conseillers en investissement financier, est considéré par les professionnels comme étant

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Le Masi evolue en baisse sur les six derniers mois.

10.000

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Source: Bourse de Casablanca

révolutionnaire. Il vient en premier lieu dégraisser le mode de gouvernance de la société gestionnaire de la Bourse, dont la concession accordée par les pouvoirs publics en 1994 a déjà expiré en 2014. Ce projet de texte permet également la cotation des entreprises étrangères, mais aussi la création de ce second marché alternatif aux côtés du marché principal. Mais l’entrée des banques dans le capital de la Bourse actée en fin d’année risque de rendre inefficace toute tentative de relance. Celles-ci auraient naturellement tendance à favoriser le financement bancaire au détriment du marché financier. Un conflit d’intérêt flagrant qui ne semble pas interpeller outre mesure! sraqui@sp.ma



Entreprises

Flexibilité, disponibilité immédiate et bon rapport qualité-prix font, entre autres, l’attrait des garagistes.

LES GARAGISTES DONNENT LE LA Il semble qu’une voiture sur dix roulant sur nos boulevards soit achetée auprès des garagistes importateurs. Mais comment arrivent-ils à être plus compétitifs que les concessionnaires officiels? Adiba Raji

Les artères des grandes villes marocaines sont noyées de voitures de luxe! Range Rover, BMW, Mercedes et Audi…Pas n’importe lesquels des modèles, surtout les versions les plus chères de chacun de ces bolides! C’est à croire que

les voitures premiums ne se payent pas à leur prix fort. Et en réalité, ça peut être le cas. Car un réseau de vendeurs de véhicules de luxe à petits prix pillule d’une façon marquante pour prendre place dans le le paysage du secteur de l’auto-

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mobile. Ces vendeurs importent les derniers modèles, avec les options qui ne sont pas disponibles chez les concessionnaires et à des délais défiants toute concurrence. Ils vendent soit directement au consommateur, soit via des garages ayant pignon sur rue dans les grandes villes, notamment Casablanca, Rabat et Tanger. A voir le nombre de ces véhicules, il est aisé de croire que les parts de marché de ces vendeurs sont importantes et que les concessionnaires officiels peuvent être dérangés par cette concurrence. «Absolument pas», s’indigne Mohamed Amal Guedira, président de l’Association des importateurs des véhicules du Maroc (Aivam). «On parle de 2 à 3% des ventes de luxe», ajoute ce dernier. Le directeur marketing d’un distributeur dont la marque est particulièrement concernée par ce fléau estime les ventes des garagistes à «10 à 11% de parts de marché». «S’il y en a 100 au Maroc et que chacun vend deux



Entreprises voitures par semaine, ça fait 10.000 voitures par an. Ça fait 10% du parc roulant», rétorque un expert. Mais de quelle manière ces commerçants parviennent-ils à disposer de sommes aussi importantes en devises et en Europe pour mener leur business? «Ce sont majoritairement des réseaux de Marocains résidant à l’étranger qui financent ces acquisitions, alors que le commerçant leur paye leur argent en dirhams au Maroc», explique ce proche des revendeurs d’automobiles de luxe. Bien moins rocambolesque que ce qui peut être imaginé! Cependant, selon les études menées par l’Aivam, ces vendeurs, qui ne sont, pour elle, pas plus de 10 à 15 en tout et pour tout, ne représentent aucune menace pour leur business. Un constat qui semble exagérément sous-estimer l’ampleur du phénomène. Un simple tour dans les grandes artères de la métropole permet d’en recenser une bonne dizaine. Que dire du niveau national!

Même niveau de prix D’autant plus qu’ils n’offrent pas des prix spécialement plus bas que ceux des représentants officiels des marques. En effet, ces vendeurs font dans le très haut de gamme. Ceci signifie que quoi qu’il en soit, leur offre sera plus chère que celle du concessionnaire. Certes, niveau douanes, selon l’Aivam, c’est 0 dirham grâce aux Accords de libre-échange signés entre l’UE et le Maroc. De plus, «aujourd’hui, «nous sommes exactement au même niveau de prix qu’en Europe. Il n’y a donc aucune raison valable pour acheter un véhicule chez un garagiste», affirme le président de l’Aivam. Par contre, selon lui, «ça se joue au niveau de la taxe de luxe ainsi que sur la TVA». D’après lui, les vendeurs indépen-

Selon l’Aivam, les garagistes ne représentent aucune menace pour le business des concessionnaires

véhicules premium, pour commencer, alors que chez le concessionnaire une commande d’un véhicule de luxe peut prendre jusqu’à 4 mois.

Qualité UE

«Les vendeurs indépendants sousdéclarent la valeur de leurs importations», Guedira

dants sous-déclarent la valeur réelle de leurs importations, d’autant plus que la Douane base ses barèmes sur les offres des distributeurs officiels des marques. La taxe de luxe se basant sur quatre paliers en fonction de la valeur de l’automobile, en sous-déclarant la valeur réelle, l’acheteur gagne facilement 5% sur le montant total à payer. Quand il s’agit de factures à plus d’un million de dirhams, cela fait une différence. Côté TVA, sa récupération sur le territoire européen fait l’attrait principal pour un tel business. Ces garagistes ont par ailleurs des astuces leur permettant de proposer des véhicules avec de bons rapports qualité/prix. Ces commerçants achètent en effet auprès de grossistes européens avec des remises bien considérables. Les véhicules sont proposés à des prix intéressants car, même s’ils sont neufs, ils sont restés en stock pendant assez longtemps pour que le revendeur préfère baisser sa marge plutôt que de les garder. Les véhicules d’exposition aussi sont généralement bradés à des prix intéressants. Or, au-delà des prix, les vendeurs ont des avantages certains recherchés par une clientèle connaisseuse. La disponibilité immédiate des

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Une qualité des véhicules certifiée Union européenne (UE), alors que le concessionnaire, lui, reçoit des véhicules destinés au marché africain. Une flexibilité quant aux options souhaitées, alors que chez le concessionnaire les packs sont définis à l’avance. Voilà comment l’informel peut mettre à plat tous les modèles économiques. Et pour la garantie, mis à part le cas de Range Rover, tous les concessionnaires prennent en charge les véhicules qui ne sont pas vendus chez eux. «A condition qu’ils soient aux normes marocaines», stipule cependant le président de l’Aivam. Car, selon ce dernier, «les concessionnaires n’ont pas obligation de prendre en charge ces véhicules». Cependant, en cas de pépin, selon notre source, le concessionnaire ne fait que transmettre le problème au constructeur qui, lui, prend en charge directement la réparation ou la pièce à changer. Sinon, Marbella, qui n’est qu’à cinq heures de route et une heure de bateau, fera tout aussi bien l’affaire. Pour le cas de Range Rover, c’est particulier, car le concessionnaire marocain dépend du distributeur basé à Dubaï qui, lui, a la main sur toute la région MENA. Et ce dernier en a décidé ainsi. Même si aucune action n’est entreprise directement pour contrer ce business parallèle, «l’Aivam tente de sensibiliser les services publiques ainsi que les consommateurs en cas de fraude», explique Guedira. «C’est notre devoir citoyen», ajoute ce dernier. Ceci dit, «les clients premiums cherchent une sécurité, un service et une garantie en achetant des véhicules haut de gamme», explique Guedira. Et il n’y a que chez les distributeurs officiels que cela se trouve. Le message est clair. Pour la sécurité, mieux vaut acheter chez la maison mère. araji@sp.ma




DOSSIER

Sanae Raqui

LE PRINTEMPS DU MANAGEMENT S’il y a un domaine d’activité qui a été bouleversé au cours de cette décennie de profonde crise financière c’est bien le management. Aujourd’hui, aucun acteur au sein de l’organisation n’est plus vraiment en position de force. Si la montée du chômage peut faire pencher la balance du côté du capital, l’avènement du tout virtuel et tout mobile fait émerger une génération de salariés hors de contrôle, difficile à motiver et fidéliser. Au cœur de la tourmente, c’est la DRH qui doit trouver des solutions. Ce n’est pas gagné.

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Dossier

Le contexte de récession économique insuffle une nouvelle dynamique de la gestion des ressources humaines.

Le monde a connu des bouleversements profonds: récession, printemps arabe, crise de la zone euro, guerres non conventionnelles… L’impact de ces évènements sur la gestion des ressources humaines a rarement été élucidé. Mais, en réalité, les pratiques managériales ont bel et bien changé.

L

a crise financière mondiale, amorcée en 2008, constitue un événement majeur qui a marqué un tournant dans la pratique de l’économie en général au point de remettre en cause le fondement même du capitalisme et du modèle libéral dans sa globalité. Mais on s’est très peu posé la question sur l’impact de cette crise sur le capital humain qui représente la vraie richesse de l’entreprise. Le management des ressources humaines a-t-il été affecté par la crise et comment les pratiques managériales ont-elles évolué depuis? En fait, durant cette dernière décennie, le monde a connu des bouleversements très profonds, en plus de la crise financière et économique, d’autres événements majeurs ont eu lieu, à commencer par le printemps arabe, la crise de la zone Euro, la montée du terrorisme et des guerres asymétriques… des événements qui continuent d’avoir des répercutions économiques et sociales et auxquelles les grandes entreprises doivent s’adapter d’une façon ou d’une autre. Dans ce sens, le DRH a été vigoureusement sollicité pour

trouver des solutions aux conséquences organisationnelles et sociales de la réduction des activités dans l’entreprise. «La GRH depuis une décennie se doit de répondre aux principaux enjeux de l’attractivité et de la rétention, le management de la performance, le développement de l’engagement et de la motivation, l’amélioration de l’ambiance sociale et le management des relations sociales» assure Mohamed Tassafout, directeur des ressources humaines du groupe DLM.

GRH en changement La recherche sur l’impact de la crise sur la GRH et sur le rôle et l’activité des DRH dans les entreprises a abouti à des résultats qui ont permis de mettre en évidence des tendances lourdes de l’évolution du rôle du DRH durant la crise et pour l’aprèscrise. En réalité, le service RH a dû redoubler d’efforts pour être efficace et légitime. Cela d’autant plus que, selon certains

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Dossier observateurs internationaux, les ressources humaines d’une entreprise sont considérées comme un avantage concurrentiel, particulièrement dans le modèle actuel de mondialisation. Les entreprises les plus performantes se démarqueraient ainsi des autres en fonction de la manière dont elles gèrent leurs RH. Plusieurs écoles de management, française, anglo-saxonne, ou encore asiatique, ont su donner leurs fruits dans le temps. Mais, dans le contexte de récession, certains ont montré leurs limites. Les grands principes de management ayant prospéré depuis le début du XXe siècle sont à bout de souffle, et la crise économique, avec ses conséquences, notamment au niveau du stress des salariés, des taux grandissants d’absentéisme, de dépression, de maladies professionnelles, voire de suicide, appelle de plus en plus à la rescousse de nouvelles méthodologies de gestion des ressources humaines. De Taylor, Fayol et Weber aux approches de l’économie industrielle ou de l’analyse stratégique des organisations en passant par les théories de la décision et de la contingence structurelle, les écoles de pensée managériale ont certainement bien prospéré. Mais, aujourd’hui, se développent de nouvelles règles du jeu économique, de nouveaux comportements tant des dirigeants que des salariés et, surtout, de nouvelles technologies. Autant d’éléments qui remettent en question les techniques de management en vigueur jusqu’à présent. Selon les plus grands experts en management, Henry Mintzberg ou encore Gary Hamel, les stratégies d’entreprise vont, à l’avenir, nécessiter, en plus de la collaboration hiérarchique plus étroite, de l’écoute mutuelle, de l’intelligence émotionnelle et, surtout, la capacité à motiver les autres et à donner du sens aux actions. D’ailleurs, si l’on compare le style de management en France et en Asie, il n’y a pas de différences très apparentes. Dans les deux cultures, le style de management est globalement plus autoritaire que démocratique. En revanche, ce qui fait la différence entre les deux modes de management c’est la réponse du collaborateur face au style

de management de son responsable hiérarchique. En France, le salarié ayant un caractère latin peut se permettre de contredire son supérieur hiérarchique; il peut même prendre une initiative. En Asie, c’est tout à fait le contraire puisque le collaborateur s’interdit formellement d’aller contre la volonté de son hiérarchie; sa réprobation est en effet très timide et surtout non verbale. Le modèle anglo-saxon, lui, souhaite avant tout instaurer une réelle cohésion d’équipe pour déboucher sur une synergie motivant les individus et l’ensemble des équipes.

Une nouvelle dynamique Les réponses jugées être les plus adaptées aux périodes de récession sont les mêmes: maximiser les bénéfices, réduire l’endettement, réduire les coûts, améliorer les performances. Ce sont autant d’actions qui bifurquent vers un mode de gestion «autoritaire». Un mode jugé comme étant inadapté au contexte socioéconomique actuel. Ceci en raison de l’arrivée sur le marché du travail de la «génération Y», du travail collaboratif induit par internet et du besoin de développer un esprit entrepreneurial pour susciter la créativité et l’innovation au sein des sociétés. Dans ce contexte, plusieurs nouvelles tendances ont en effet vu le jour et influencent systématiquement la gestion des RH, la planification des successions et la manière dont les entreprises recrutent et fidélisent les meilleurs talents. Des avancées technologiques, avec l’émergence des réseaux sociaux, l’analyse du Big data, en passant par les technologies mobiles et le Cloud sont parmi les éléments catalyseurs de ce changement. L’évaluation annuelle n’existe plus; la gestion des talents se fait en temps réel. Le recrutement est mobile, la fidélisation et la rétention des profils sont de plus en plus sophistiquées. Bref, la dynamique de la gestion des ressources humaines est bel et bien en marche.

AUJOURD’HUI, LA GESTION DES TALENTS SE FAIT EN TEMPS RÉEL

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Dossier

Fini la carrière longue et tranquille au sein d’une même entreprise. Aujourd’hui, les salariés occupent plusieurs postes.

LE SALARIÉ, ACTIF OU PASSIF ? Les entreprises, aujourd’hui, ont du mal à donner plus. Elles ont pourtant tout intérêt à retenir les talents stratégiques. Sacré dilemme!

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écession économique oblige, les ressources humaines sont souvent une variable d’ajustement des coûts: gel, voire baisse des rémunérations, limitation des embauches, hausse des départs,… Donc, de nouvelles tendances ont vu le jour, cette fois-ci du côté des salariés. Fini la carrière longue et tranquille au sein d’une même entreprise du début à la retraite avec promotion à l’ancienneté garantie. Aujourd’hui, les salariés occupent plusieurs postes dans leur vie professionnelle. Donc, le projet professionnel de tout un chacun deviendra un projet de vie. La dégradation progressive des CDI et du salariat au profit du statut de travailleurs indépendants va conduire indéniablement au développement des espaces de «coworking». En effet, la notion du bureau tel que nous le connaissons depuis des décennies est en voie de disparition. «Ce changement est la conséquence de l’«ubérisation», un concept qui change en profondeur plusieurs métiers autour de nous», assure un expert. Ainsi, le coworking est promis comme étant la réponse à cette mutation de l’activité qui pousse les entreprises à gaspiller moins tout en garantissant plus de souplesse et d’agilité à ses collaborateurs. C’est en fait la possibilité d’utiliser ensemble un même lieu de travail et partager ainsi ses ressources tout en mutualisant l’ensemble de son infrastructure. Le télétravail est aussi une nouvelle brèche qui accentue le changement apparu chez les collaborateurs. Et cela malgré les réticences des entreprises vis-à-vis de ce type de travail. Pour la France, 8 à 10% des salariés du tertiaire y auraient eu déjà recours. Avec l’expansion des nouvelles technologies, le travail à distance est en train de gagner du terrain. Au Maroc, le concept n’a pas encore vraiment pris.

Les entreprises sont encore très réticentes. Car la présence au bureau est encore jugée indispensable pour plusieurs d’entre elles. En fait, le télétravail requiert un management par objectif et une confiance entre l’employeur et l’employé, ce qui n’est pas encore gagné au Maroc. En tout cas, les entreprises ne font plus de cadeaux en matière de rémunération. «Si elles ne coupent pas dans les salaires, elles sont de plus en plus rares celles qui augmentent leurs salariés», explique Alexandra Montant, DGA du site spécialisé ReKrute. ma. Les grosses entreprises ne veulent plus subir les conséquences des parachutes dorés étant l’une des raisons de la crise financière. Pour le constructeur automobile français PSA, c’en est fini avec les parachutes dorés. L’entreprise a décidé récemment la fin des rémunérations complémentaires à tous les futurs patrons du groupe, l’argent sera redistribué aux salariés. «C’est un budget de 34 millions d’euros à l’année, l’équivalent de 400 euros reversés à chaque salarié», annonce le groupe. De son côté, le fondateur d’Auchan Gérard Mulliez déclare, dans une interview accordée à L’Obs, que le salaire du dirigeant ne doit pas dépasser 20 fois le SMIC, soit 350.000 euros bruts par an, «ce qui est déjà payé beaucoup», insiste-t-il car «vous êtes payés comme 20 employés de votre entreprise!». Une logique qui n’empêche pas la tendance de fond qui est à la réduction des petites rémunérations et à l’augmentation des hauts cadres, comme le souligne Montant. Et lorsqu’il y a des restructurations, ce sont les salariés qui sont en ligne de mire des partons. La donne ne risque pas de changer. Au lieu de perdre tout leur capital humain, des entreprises optent pour le management des talents: dénicher le capital humain stratégique et le fidéliser pour ne garder que les meilleurs profils.

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Dossier

Le management humaniste vise à créer un climat d’épanouissement, de performance et de collaboration.

FINI LE MANAGEMENT AUTORITAIRE Pour s’en sortir, les entreprises doivent se réinventer pour se différencier. Cette tâche passerait en premier par la fin d’un modèle archaïque autoritaire, et tend vers celui plus collaboratif et humain.

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érité du Taylorisme, le management pyramidal classique ne représente plus le seul et unique moyen de gestion d’une équipe de collaborateurs. Avec l’avènement de la crise, le modèle du chef d’entreprise, autoritaire et «ubiquiste» commence à montrer ses limites. «Pour répondre à la concurrence pure et parfaite et à notre type d’économie actuelle, une entreprise a tout intérêt à privilégier le management situationnel et transversal pour maîtriser les indicateurs de performance de sa chaîne de valeur», explique Jihane Benslimane, directrice Conseil et Formation à Hera Consulting. En effet, ce sont de nouveaux modes de management, dits «humanistes», qui apparaissent de nos jours. Ils sont en effet boostés par le développement de l’informatique et surtout celui de l’internet. La nouvelle vague des patrons d’entreprise a en fait échangé le mode hiérarchique autoritaire contre celui autonome et collaboratif. Le constat est que le poids de la hiérarchie est en train de s’alléger, mais les processus décisionnels restent inchangés, tout comme la stratégie. Pensé par une nouvelle génération de patrons d’entreprises, qui se basent sur des modes de pensée ou de comportements émergents, le management humaniste vise à créer un climat d’épanouissement, de performance et de collaboration. «Il est essentiel d’utiliser le management directif pour les nouvelles recrues, afin de les former dans un premier temps au savoir-faire de l’entreprise. Cette méthode permet de les faire gagner en compétence en s’appuyant sur leur motivation», développe Benslimane. Ensuite, une fois la transmission de savoir effectuée, il est judicieux de mettre en place un management par tâche grâce à des outils, comme la délégation, le coaching, le management participatif et le mentoring. Ce concept d’innovation managériale permet donc de recréer des rapports humains entre les collaborateurs. Ces derniers deviennent plus proches, ce qui facilite la mobilisation de leur

intelligence collective. Ils peuvent ainsi s’exprimer, donner leur point de vue sur un procédé ou une personne, etc. Toutes ces actions permettent en fin de compte de renforcer les liens entre entités et instaurer des moments de convivialité au sein d’un service, entre directions et au niveau de toute l’entreprise. Plusieurs nouveaux concepts ont été instaurés dans ce sens. Ainsi, les entreprises organisent ce qu’on appelle le «vis ma vie», l«’open innovation», le coaching d’équipe, ou encore les espaces collaboratifs, puisque la collaboration ne s’arrête plus à l’entreprise; elle s’étend à son environnement et à ses aux relations avec ses partenaires, ses clients, voire ses concurrents (concept de coopétition).

Le personnel véhicule l’image de l’entreprise L’image interne de l’entreprise est le fruit de l’ensemble des représentations qui existent dans l’esprit des personnels de cette dernière. C’est en effet une force qui pèse sur deux facteurs fondamentaux du développement de l’organisation: la motivation du personnel, la stratégie d’entreprise. La première trouve sa justification dans l’étroite relation entre la représentation qu’a le personnel de son entreprise et son degré d’implication et d’engagement. Tout salarié ayant une image négative de son entreprise mobilisera peu d’énergie pour œuvrer à la mission de la collectivité. D’où l’intérêt de «vendre» en premier lieu l’entreprise au personnel et qu’il faut segmenter le marché de l’emploi pour identifier les individus qui trouveront dans l’entreprise un minimum de convergence entre leurs attentes et celles de l’organisation.

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Dossier

Avec le recours aux réseaux sociaux, le CV maintient son rôle dans le processus de recrutement.

RÉSEAUX SOCIAUX ET COOPTATION COHABITENT Les recruteurs se tournent d’abord vers les moyens les moins chronophages et les moins coûteux. Toutefois, le CV reste le maitre du jeu.

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ans le recrutement, c’est la révolution du tout mobile. En effet, après la révolution des réseaux sociaux professionnels, ayant déjà bouleversé les techniques des recruteurs mais aussi des candidats, aujourd’hui l’objectif des DRH est d’optimiser les processus d’embauche puisque, d’après les DRH à l’international, la motivation du candidat décroit au fur et à mesure du temps qu’il passe à s’informer sur une offre d’emploi. C’est donc ainsi que les sites Web/Mobile de gestion de carrière et les plateformes communautaires, forums de recrutement virtuel, concourent pour gagner votre premier CDI, CV vidéo… où les candidats disposent de plus de réponses en un moindre temps. Linkedin est dans ce sens un site qui se dégage du lot comptant quelque 380 millions de membres qui ne sont a priori là que pour faire du connecting professionnel. Il est ainsi devenu le réseau social le plus prisé en matière de recrutement. Selon les statistiques d’une enquête récente d’un grand cabinet

de recrutement Robert Half (RH): 75% des DRH consultent désormais le profil des candidats sur Internet. «En tant que cabinet de recrutement, pour mieux répondre aux attentes de nos clients, nous passons de plus en plus par les réseaux sociaux pour trouver les meilleurs profils», assure Adil Lamrani, chasseur de têtes chez Best Profil. D’ailleurs, il va de soi que les sites de recrutement classiques, comme Monster, Indeed, cadreemploi… semblent avoir perdu de la vitesse face aux réseaux sociaux, vu qu’aujourd’hui l’offre et la demande d’emploi sont facilement et rapidement traités au niveau des réseaux sociaux. Donc, oubliez le vieux CV et familiarisez-vous avec ces pratiques originales. Mais, faut-il vraiment laisser tomber radicalement cette pratique quasi ancestrale? Le débat est loin d’être clos! Les avis des recruteurs divergent et vont dans tous les sens. Plusieurs aspects laissent apparaître des questions de génération, d’intégration des outils Internet par l’employeur, de niveau

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Dossier d’expertise des candidats recherchés, que le CV en papier gardera toujours sa place sur le marché du recrutement... Les grands cabinets de recrutement, eux, ne jurent que par les entretiens, ou plutôt les séries d’entretien. D’ailleurs, selon le cabinet Deloitte France: «le nombre de rendez-vous avant l’embauche a augmenté ces dernières années. Les professionnels du recrutement ne se passent ni du curriculum vitae ni de la lettre de motivation pour la première approche du candidat». Il y a d’autres recruteurs qui vont encore plus loin; ils confrontent les candidats sur la base de leurs compétences, et non de leur CV, c’est l’avantage des serious games et autres hackatons. Le recours à ces dispositifs ludiques s’est fortement développé après la crise. L’objectif est de détecter des talents, en testant les qualités de gestionnaires des joueurs. Le principal avantage de ces techniques c’est leur intérêt pédagogique. Ils sont adaptés aux modes d’apprentissage des jeunes générations. Reste que, quelle que soit la cible, le serious game ne saurait se suffire à lui-même; ce n’est qu’un outil parmi d’autres, plus attrayant peut-être, en tout cas, plus

que le test psychotechnique, duquel les recruteurs sont de moins en moins fans. A part le fait que ce test soit un moyen pour diriger l’entretien, Lamrani assure que «les entretiens du cabinet plus ceux du client avec le candidat, et le contrôle de référence suffiront pour réussir un recrutement». Aux Etats-Unis, c’est une autre tendance qui prend le dessus. Le recrutement sur les réseaux sociaux est certes très développé, mais il va de pair avec la pratique de la cooptation. Comment? En effet, la recommandation personnelle du candidat est en train de gagner du terrain à la faveur de la crise. En France, dans quatre recrutements sur dix, le candidat est connu de l’entreprise avant le début du processus de son recrutement. Si les entreprises, décident de se passer, pour des raisons économiques, des informations fournies par l’une ou l’autre méthode, elles courent aussi le risque de perdre des informations sur le candidat qui peuvent s’avérer importantes dans le processus de recrutement. Ceci dit, le CV a encore de beaux jours devant lui.

LA RECOMMANDATION DU CANDIDAT GAGNE DU TERRAIN À LA FAVEUR DE LA CRISE

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Dossier

LA PROXIMITÉ EST DE MISE Mohamed Tassafout, DRH du groupe DLM, dresse les nouvelles tendances du marché.

Quelles sont les tendances de GRH qui se dégagent de cette situation ?

LA GRH C’EST LA FLEXIBILITÉ

La GRH devient de plus en plus impliquée dans la prise de décision et non plus une simple entité à les exécuter. On est maintenant conscient que ses inputs sont très intéressants pour la prise de décision surtout en termes de remontée d’informations mais surtout de l’impact sur le capital humain que pourrait engendrer telle ou telle décision. Cette analyse au préalable qu’effectue la fonction RH pourrait épargner à l’entreprise des coûts et des problèmes très importants surtout au niveau social. Sur un autre volet, la GRH doit assurer la proximité terrain avec les collaborateurs, non seulement physique mais aussi virtuelle vue que les réseaux sociaux sont maintenant de plus en plus utilisés et comptent aujourd’hui parmi les principaux moyens de communication.

Jihane Benslimane, directrice Conseil et Formation chez Hera Consulting, explique les mutations du marché RH. Comment la GRH a-t-elle été influencée par les événements majeurs de cette décennie ? La crise économique de 2008 a installé l’ensemble des entreprises dans une situation délicate et inattendue. Dans les différentes structures, les différents maillons de la chaîne de valeur ont dû s’adapter et optimiser leur fonctionnement. Afin de faire face aux contraintes et à la concurrence, il est important d’avoir une flexibilité et un véritable contrôle des ressources humaines. Ceci a donné naissance à deux orientations dans la gestion des ressources humaines: sociale et économique. De nouvelles tendances émergent alors dans le domaine des RH, à savoir l’amélioration de la communication interne; la gestion des mobilités des salariés comprenant un pôle organisationnel (l’évaluation et les référentiels métiers, rémunération), un pôle «gestion des compétences» (fiches de poste, définition des missions, transmission de savoir, formation, mobilité); et un pôle «amélioration des conditions de travail».

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ACTUNATION

Gros contrat pour GEMADEC

BVLGARI ROMA FINISSIMO

PROJET INNOVANT DE RADIUS

C’est au cours de la 6ème édition du Forum Postal Africain, qui s’est tenu à Abidjan, qu’a eu lieu la signature du Projet de mise en place d’une plateforme de Courrier Hybride au profit de la Poste du Bénin, entre Gemadec représentée par son président directeur général, Touhami Rabii, et l’Agence béninoise du service universel des communications électroniques et de la poste, représentée par son directeur général Emile Kougbadi. C’est un contrat de 3 millions d’euros qui a pour objet la mise en place d’un système de courrier hybride au profit de la Poste du Benin. Après le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Sénégal, la Namibie, l’Arabie Saoudite, la Côte d’Ivoire, voici venu la Poste du Bénin. En effet, avec la montée des nouvelles technologies et la baisse du courrier, les postes sont face à une réalité qui les pousse à revoir leur stratégie et à adopter les nouvelles technologies comme levier de développement. Ainsi, en mettant en place le système du courrier hybride, la Poste du Bénin prend les devants et s’engage à offrir des services à forte valeur ajoutée, permettant de stimuler sa croissance et d’offrir des possibilités multiples et des perspectives d’expansion de ses activités. Grâce à la mise en place d’une plateforme de courrier hybride, Emile Kougbadi veut moderniser et redynamiser la poste du Benin en amenant une technologie mais aussi une expertise qui redonneront à la poste toutes ses lettres de noblesses.

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Suite au succès du projet Casa Impulse et à la récente publication du Livre Blanc «L’entreprise au cœur de la Métropole», Radius, think tank privé au Maroc, a donné naissance, sous l’égide de la Commune de Tanger et de la région, et avec l’appui institutionnel du ministère délégué auprès du ministre de l’Energie, à un nouveau projet innovant intitulé Tanger Horizons. Celui-ci a pour finalité d’accompagner la réflexion sur la place et la position de la ville de Tanger dans la nouvelle dynamique économique et institutionnelle du Royaume.


ActuNation LES VACANCES VUES AUTREMENT PAR PALMERAIE

TEA PREMIUM METTEZ-VOUS AU PARFUM Tea Premium ouvre son premier store de thé à Casablanca, au 246, boulevard Zerktouni. Les amateurs du thé pourraient y déguster de délicieux thés dans un décor magique et une atmosphère harmonieuse. La particularité des produits de Tea Premium est que les arômes naturels sont des extraits concentrés à partir des écorces ou de la chair des différents fruits. Tous les thés et infusions de Tea Premium sont donc aromatisés avec des arômes naturels. Le store propose également une gamme de produits bio.

PREMIER CENTRE AUTO AU MAROC

Palmeraie Développement, à travers son pôle hôtelier & Loisirs, introduit une nouvelle idée de vacances: le club «Palm World Vacation» (PWC). L’adhésion à ce programme permet de séjourner dans des résidences Palm World Vacation à Marrakech mais aussi de voyager dans de nombreuses autres destinations à travers le monde, via la bourse d’échange «Interval International». PWC s’inspire d’un concept très apprécié aux Etats-Unis. Ce programme vacances clé-en-main permet de voyager dans le monde entier en toute sérénité. Les personnes qui adhèrent au programme Palm World Vacation ont en effet accès au réseau Interval International composé de centaines de résidences dans plus de 80 pays à travers le monde (Asie, Nouvelle-Zélande, Italie, France, Irlande, Canada, Malte, Cap-Vert, Hawaï, Floride, Californie, Alaska...).

Pour la première fois au Maroc, Auto One propose un nouveau concept de centre automobile de proximité associant la vente, l’entretien, la réparation et le montage. Grâce à une offre complète de produits et de services, Auto One, répond aux attentes des automobilistes en matière d’équipement, d’entretien, de confort et de sécurité.

S2M LANCE CONTACTLESS S2M annonce avoir personnalisé la carte Contactless du groupe bancaire Attijariwafa bank. Baptisée Wajda Contactless, cette carte prépayée est la première du genre au Maroc dédiée pour les achats inférieurs à 200 dirhams. Aziz Daddane, président du directoire de S2M, déclare: «Nous sommes fiers qu’Attijariwafa bank ait fait confiance à S2M pour lancer sa première carte Contactless au Maroc. En tant qu’entreprise pionnière dans l’innovation, S2M se donne continuellement pour mot d’ordre d’être à la pointe de la technologie dans ses solutions et produits proposés. C’est dans cette optique que cette nouvelle carte a vu le jour».

62ème L’AQUACULTURE ACCÉLÈRE L’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) lance un appel à manifestation d’intérêt «AMI» pour la mise en œuvre du plan d’aménagement aquacole de la région de Dakhla-Oued Eddahab. Ce plan d’aménagement, qui figure parmi les projets phares du nouveau modèle de développement pour les Provinces du Sud du Royaume (NMDPS), respecte parfaitement les directives internationales en matière de durabilité et de bonnes pratiques et s’inscrit en cohérence avec les orientations de la stratégie Halieutis ainsi qu’avec les autres plans de développement de la région, afin de mieux organiser la coexistence de l’aquaculture avec les autres activités économiques et se donne pour ambition de proposer de véritables opportunités d’investissement.

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Comme chaque année, Forbes publie son classement des pays où il fait bon faire des affaires. Sur les 144 pays recensés, le Maroc figure à la 62ème place. Une belle progression par rapport au classement 2014, où le royaume occupait la 79ème place sur 146 pays étudiés.


ActuNation SAHAM ASSURANCE A ÉTÉ RETENUE PARTENAIRE EXCLUSIF POUR ACCOMPAGNER L’ACTIVITÉ BANCASSURANCE DE CRÉDIT DU MAROC, DANS LE CADRE DE SON PROJET CAP 2018. LES PARTENAIRES METTRONS EN SYNERGIE LEUR SAVOIR-FAIRE RESPECTIF POUR SERVIR AU MIEUX LES CLIENTS.

LA BAD FINANCE MAROC VERT La Banque Africaine de Développement (BAD) a signé un financement de 132 millions de dollars au Maroc. Cette opération vise à appuyer la 2ème phase du Programme d’appui au Plan Maroc Vert, afin de renforcer la compétitivité du secteur agricole et promouvoir une croissance économique inclusive, sensible au genre et verte. Cet appui budgétaire sectoriel, en deux tranches, sera exécuté à partir d’octobre 2015 et s’achèvera fin décembre 2016.

51 MDH C’est en millions de dirhams le montant prévu par la Direction régionale des eaux et forêts et à la lutte contre la désertification du Haut Atlas pour lancer ses opérations de reboisement au titre de l’année 2015-2016. L’objectif est de planter 7.331 ha de terrain dans la région, soit une augmentation de 41,7% par rapport à la campagne 2014-2015.

MIM GROUP RELIE LE MAROC À L’ASIE

MIM Consulting Group accélère son développement. Le cabinet conseil 100% marocain, spécialisé dans l’accompagnement des entreprises et organismes sur les marchés asiatiques, envisage d’ouvrir deux nou-

UN CAMPUS POUR GARAN Garan, aménageur et développeur du nouveau pôle urbain à Bouskoura, est en pourparlers avec des partenaires identifiés pour accueillir les premiers élèves du Campus scolaire Victoria. Les familles pourront choisir entre le système français et anglo-saxon pour l’éducation de leurs enfants dès la rentrée 2018-2019. Bâti sur une superficie de terrain de plus de 30.000 m², le campus sera conçu pour accueillir, à terme, une capacité de plus de 1.000 élèves du préscolaire au lycée.

THE BANKER RÉCOMPENSE ATTIJARIWAFA BANK

veaux bureaux en 2016: l’un à Moscou et l’autre à Jakarta. Basée au Maroc et en Chine, la société, qui compte 10 experts conseils, dispose à ce jour de 4 bureaux: un à Casablanca (siège au Maroc), deux à Shanghai et un à Hong-Kong. «Notre objectif est de servir de plateforme pour les opportunités d’affaires entre le Maroc et l’Asie, notamment au profit des entreprises et industriels marocains, en facilitant leur entrée et leur développement sur les marchés asiatiques, particulièrement ceux qui enregistrent les plus fortes croissances au niveau mondial», a déclaré Tarik Bennouna, directeur général.

Lors de la cérémonie des Banker Awards organisée par le prestigieux magazine «The Banker» à Londres, le groupe Attijariwafa bank a remporté deux prix: celui de «Banque marocaine de l’année» pour Attijariwafa bank et celui de «Banque tunisienne de l’année» pour Attijari Bank Tunisie au titre de l’année 2015. Le prix est accordé à une seule banque par pays et met en avant les meilleures performances en termes de technologie, d’innovation et de commercialisation de l’année écoulée. Attijariwafa bank a été distinguée pour la 8ème fois pour ses innovations en matière de financement de la TPE, grâce à un système de notation interne robuste, de migrations de ses Systèmes d’Information vers une architecture moderne qui permet l’accélération de sa transformation numérique et de sa contribution au financement de l’économie verte.

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ActuNation

40 ANS D’HORLOGERIE DE LA MAISON BVLGARI Née en 1975, année de tous les changements, Bulgari Roma a survolé les décennies sans perdre un instant ses valeurs essentielles: contemporaine et moderniste. Nouveautés cette année: l’édition commémorative Bulgari Roma Finissimo, Bulgari Finissimo, Bulgari Bulgari Solotempo, et Bulgari Roma Tubogas - célèbrent le quarantième anniversaire d’une légende qui incarne un pan de l’histoire horlogère. Aujourd’hui, la génération née en 1975 est dans la plénitude de sa force et de son influence, de sa maturité et de son accomplissement. «Passé quarante ans, tout homme est responsable de son visage», jugeait Léonard de Vinci. Le grand génie italien exprimait ainsi sa vision de l’assurance qui se trouve dans une certaine maturité. Quarante ans est l’âge de tous les possibles. Celui de la sérénité et des nouveaux départs. Pour fêter ce bel anniversaire et ces quatre décennies d’un succès jamais démenti et toujours croissant, la famille Bulgari Bulgari s’agrandit avec le modèle Finissimo manuel, un tourbillon extraplat et de nouveaux cadrans aux dimensions plus mesurées. Pour entrer dans le détail, il faut découvrir d’abord Bulgari Roma Finissimo, trois créations dont l’une est éditée en série limitée pour le quarantième anniversaire: Bulgari Roma Finissimo en or jaune. Elle symbolise le retour aux sources du signe né en 1975, respectueuse des codes originels. Au raffinement et à la sobriété du dessin de sa montre emblématique, Bulgari ajoute la finesse d’un mouvement manufacture mécanique ultraplat à remontage manuel créé par ses horlogers. L’ouverture du cadran est de 41 mm et dispose d’une petite seconde à 7 Heures. L’indication de la réserve de marche de près de 65 heures est au dos. Le mouvement est le calibre mécanique à remontage manuel BVL 128 de seulement 2,23 mm d’épaisseur, ce qui permet à la montre dans son ensemble de n’en faire que 5,15. Une nouvelle prouesse horlogère pour Bulgari.

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41 mm Bvlgari Roma Finissimo au boitier de 41 mm en or jaune & rose.

BVL 128 Mécanique à remontage manuel extra plat avec calibre BVL 128

Verre saphir Cadran argenté opalin. Visible au dos par le fond en verre saphir: heure, minutes et petite seconde, indication de la réserve de marche à 65 heures


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INTEL, NOUVELLE GÉNÉRATION DE PROCESSEURS

Intel Corporation a lancé la 6ème génération de processeurs Intel® Core™ au Maroc, le meilleur processeur jamais produit par l’entreprise. Ce lancement marque un tournant dans la relation entre les

utilisateurs et leurs ordinateurs. Les processeurs Intel offrent une performance améliorée et de nouvelles expériences immersives, à des niveaux de consommation énergétique plus bas que jamais auparavant. Ils supportent une très large gamme de designs d’équipements, depuis les Compute Sticks ultra mobiles jusqu’aux 2-en-1 et ordinateurs grand-écran, en passant par les stations de travail mobiles.

DOMAINE DE DARB PHASE II

OPTORG ET ITOCHU S’ASSOCIENT Optorg, acteur majeur de la distribution en Afrique et Itochu, un éminent groupe commercial et industriel japonais, s’associent dans le cadre d’une joint-venture pour la distribution des camions Isuzu sur le marché marocain. L’accord prévoit que la JV entre Optorg et Itochu importe, assemble, commercialise et assure le service après-vente des véhicules Isuzu au Maroc. Filiale de la SNI, le groupe Optorg a une présence et expérience de près de 100 ans en Afrique.

LA FORD MUSTANG

Domaine de Darb est développé par TGCC Immobilier, marque du Groupe TGCC qui porte désormais l’ensemble des projets de promotion immobilière du groupe. Il fait partie des cinq projets actuellement commercialisés par TGCC Immobilier. A Dar Bouazza, il commercialise également Prestige Tamaris, une résidence d’appartements haut standing. Le promoteur propose, par ailleurs, deux lotissements de terrains pour villas à Bouskoura, Iris, Acacias et un troisième à Californie, Obrian. Les appartements et villas du Domaine de Darb ont été conçus avec le souci permanent du confort durable et bénéficient de chambres spacieuses et lumineuses, de cuisines haut de gamme équipées ainsi que de grands jardins et terrasses extérieurs. Un système de climatisation centralisé a également été mis en place, afin d’assurer chaleur l’hiver et fraicheur l’été. Par ailleurs, l’architecture contemporaine de Domaine de Darb est en harmonie avec la beauté naturelle de l’environnement de Dar Bouazza.

EST AU MAROC Après 50 ans de carrière, la toute dernière génération de la Ford Mustang est disponible au Maroc. Proposée en coupé et en cabriolet, elle reste fidèle à son héritage et à son statut d’icône mondiale et promet des performances et des sensations de conduite toujours aussi exceptionnelles. Plus de 9 millions de Mus-

tang ont été vendues depuis le lancement de la toute première génération en 1964. Star des réseaux sociaux et du cinéma et totalise plusieurs milliers d’apparitions dans des films, programmes télévisés, clips musicaux et jeux vidéo. «Cette nouvelle Mustang est particulièrement attendue et nous sommes somm ravis que les clients marocains puissent m désormais en profiter dé eux e aussi», affirme Ennaciri Abdelouahab, directeur général de la l SCAMA.

«OMRA 2016: LWALIDA FABOR» Pour cette fin d’année, Atlas Voyages offre un beau cadeau à ses clients. En effet, le 1er voyagiste du Royaume lance une campagne TV de grande envergure annonçant une promotion exceptionnelle sur ses séjours à destination de l’Omra. Chaque client acquérant, avant le 15 janvier 2016 un séjour pour les Terres Saintes, se verra offrir un package équivalent à sa mère. Atlas Voyages proposera autant de séjours gratuits que le permet son stock, adoptant ainsi le concept bien établi du «premier venu, premier servi». «Cette opération promotionnelle, outre la chance qu’elle procure à de nombreux clients de faire bénéficier leur maman de ce séjour hautement spirituel, répond à notre désir de rendre l’Omra accessible au plus grand nombre, dans les meilleures conditions tarifaires, de confort et de sécurité possibles», souligne Othman Cherif Alami, PDG d’Atlas Voyages.

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POINT DE VUE

JAWAD KERDOUDI

BAISSE DU PÉTROLE, LE MAROC EN PROFITE

L

e prix du pétrole a perdu deux tiers de sa valeur depuis la mi-2014. Aujourd’hui, le Light Sweet Crude se négocie à 34,53 dollars le baril, livraison janvier 2016, et le Brent à 36,55 dollars, livraison février 2016. Cette baisse considérable du prix du pétrole s’explique par l’augmentation de la production et la faiblesse de la demande. En effet, la production mondiale a beaucoup augmenté du fait du pétrole de schiste produit aux EtatsUnis, et par le refus de l’OPEP de diminuer sa production afin de ne pas perdre sa part de marché. Contrairement à ce qui était prévu, la baisse du prix du pétrole sur le marché mondial n’a pas eu d’incidence sur les puits de pétrole de schiste puisqu’on note l’ouverture de nouveaux puits chaque semaine aux EtatsUnis. Le stock de pétrole brut est très important aux Etats-Unis et le Congrès américain vient de lever l’interdiction de l’exportation de pétrole, décision qui avait été prise en 1975. Il n’est pas attendu d’augmentation du prix du pétrole en 2016 du fait du retour du pétrole iranien estimé à 500.000 barils/jour et à l’augmentation de la production en Libye. Il n’est pas prévu non plus d’augmentation de la croissance mondiale en 2016, et donc d’augmentation de la demande de pétrole. Les conséquences de cette situation du marché mondial du pétrole sont de plusieurs ordres. Concernant le secteur pétrolier lui-même, il est à craindre une baisse des investissements. Déjà en 2015, plusieurs grandes compagnies pétrolières internationales ont fait des coupes dans leurs investissements. Les conséquences pour les pays producteurs de pétrole seront importantes et dramatiques pour certains pays. Si les Etats-Unis et les pays du Golfe vont pouvoir s’en sortir du fait de la diversité de leur économie et des réserves financières accumulées, ce n’est pas le cas des pays africains et d’Amérique latine qui vont subir une grande perte dans leurs recettes. Beaucoup de ces pays vont enregistrer un déficit budgétaire et une baisse des investissements. En ce qui concerne notre pays le Maroc, la baisse du prix du pétrole est une bonne nouvelle. En effet, l’économie marocaine est largement dépendante de l’importation des hydrocarbures. Déjà à fin novembre 2015, la valeur des importations de

produits énergétiques a baissé de 29% par rapport à novembre 2014. La facture pétrolière s’est élevée à 61,69 milliards de dirhams contre 86,94 milliards et l’importation d’huile brute de pétrole a baissé de 58,7% (10,94 milliards contre 26,46 milliards). A part le pétrole brut, les importations de gaz oil et fuel oil ont baissé de 22,1% et le gaz de pétrole et autre hydrocarbures de 30,7%. La baisse de la facture pétrolière a impacté favorablement le taux de couverture du commerce extérieur qui est passé, fin novembre 2015, à 58,2% contre 51,1% à la même date de l’année dernière. L’impact également est perceptible sur le solde de la balance des paiements qui va être réduit à 3% du PIB fin 2015. a baisse du prix des produits énergétiques se répercute également au niveau des consommateurs particuliers et des entreprises. Le gouvernement marocain a d’ailleurs eu la bonne idée de supprimer les subventions (sauf le gaz butane) et de libérer les prix qui sont maintenant fixés par les compagnies pétrolières. Cette suppression a considérablement réduit le déficit de la Caisse de compensation. Le pouvoir d’achat des consommateurs particuliers va également augmenter, ce qui va booster l’activité économique en général. Quant aux entreprises, elles vont bénéficier d’une baisse du prix de revient de leurs produits et de leurs services, ce qui va augmenter leur compétitivité à la fois sur le marché intérieur et le marché extérieur. En conclusion, on ne peut que se réjouir de cette baisse du pétrole sur le marché mondial, et espérer que cela va durer le plus longtemps possible. Mais, il ne faut en aucun cas limiter notre effort pour la promotion des énergies renouvelables, notamment éolienne et solaire. En effet, rien ne peut empêcher à moyen et long termes un retour de prix élevés du pétrole sur le marché mondial. La baisse des investissements dans le secteur pétrolier entraînera une baisse de la production à moyen terme. De même, l’économie mondiale pourrait redémarrer, sans compter les événements géopolitiques graves qui pourraient perturber la production et le transport du pétrole. Le Maroc doit rester très vigilant sur cette question du pétrole. imri_secretariat@yahoo.fr

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Economie

Selon l’INSEE, le Nigeria sera le troisième pays le plus peuplé en 2050 avec 400 millions d’habitants.

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Economie

LE BUSINESS D’ABORD Les derniers mouvements échangés entres le Maroc et certains pays d’Afrique anglophone préfigurent de ballon d’essai pour une coopération plus sérieuse. Mais il semble que le gap creusé à coups d’erreurs diplomatiques est trop important pour être rattrapé sur un coup de baguette économique. Ghassan Waïl El Karmouni

Le Maroc serait-il en train de percer en Afrique australe et orientale? Une question qui a le mérite d’être posée au vu des dernières évolutions. On peut à cet égard citer une accélération d’événements durant 2015 allant vers les pays anglophones et lusophones d’Afrique. Ainsi, la forte présence du Maroc en Afrique du Sud au forum Chine-Afrique est un évènement marquant. Une grande délégation a fait le déplacement présidée par le chef du gouvernement en présence du ministre des Affaires étrangères mais aussi de la présidente de la CGEM et de plusieurs hommes d’affaires marocains, en début décembre dernier, à Johannesburg, alors que les relations étaient quasiment gelées depuis 2004. Côté business, plusieurs opérations concernant la région ont été réalisées dernièrement. En septembre 2015, le groupe Saham s’est illustré en acquérant une participation majoritaire dans la compagnie nigériane Continantal Reinsurance. L’activisme de la holding n’est pas nouveau. Avec la prise de participation, en 2010, de Colina et son réseau dans plus de 13 pays subsahariens, dont quatre anglophones, et de Mercantil insurance au Kenya en 2013, Saham a annoncé la couleur. Mais le groupe n’est pas le seul dans ce cas. Othmane Benjeloune était déjà positionné via Bank of Africa (BOA) dans cinq pays d’Afrique anglophone et Lusophone et va se renforcer au Rwanda. Ce regain d’intérêt ne doit toutefois pas

cacher la faible présence marocaine dans les pays d’Afrique australe et orientale.

Des VRP de haut niveau Hormis Saham et BMCE, seuls quelques groupes ont investi en dehors des zones CEMAC et UEMOA. On peut citer dans ce sens Managem, présente au Soudan et en Ethiopie, M2M en Ethiopie et Rwanda, en plus d’une présence timide des entreprises marocaines au Nigéria et au Ghana… En parallèle, le Maroc semble, à son tour, intéresser les gros opérateurs de la région. A ce niveau, on peut citer en exemple la prise de participation à hauteur de 30% du groupe d’assurance sud-africain Sanlam dans le groupe marocain Saham en novembre dernier. Cette opération montre que le groupe de Moulay Hafid Elalamy mais aussi le Maroc est monté dans le radar des gros opérateurs de l’Afrique anglophone. Tout comme l’investissement attendu du groupe nigerian Dangoté à El-Jadida en partenariat avec l’OCP (Voir confid Economie&Entreprises de novembre 2015). L’Office, en particulier, via son président Mustapha Terrab, jouerait d’ailleurs un rôle important dans ce mouvement. Mais il semblerait que l’intervention la plus déterminante dans ce dégel est à mettre à l’actif du ministre de l’Industrie. En effet, selon une source proche, ce serait Moulay Hafid Elalamy qui a été le premier à inviter le milliardaire et philanthrope soudanais Mo Ibrahim à la

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présentation de sa stratégie industrielle après qu’il l’ait rencontré dans les couloirs du Sommet de Davos en janvier 2014. Le Soudanais, décoré quelques mois plus tard par le Roi, aurait joué au VRP pour le Maroc en Afrique anglophone. Tout comme l’ancien Président nigérian Olusegun Obasanjo, aujourd’hui homme d’affaires. Ce dernier a récemment co-animé avec le président de l’OCP un des panels des quatrièmes Dialogues Atlantiques à Marrakech. Réputé ami proche de la femme du Président sud-africain Jacob Zuma, Obasanjo aurait plaidé la cause du Maroc auprès des dirigeants de la nation arc-en-ciel.

Prémices de stratégie Mais pouvons-nous pour autant parler de réchauffement des relations avec les pays d’Afrique anglophone? «Pour parler de réchauffement, il faut qu’il y ait une stratégie sous-jacente. Or, à mon sens, rien n’indique que c’est le cas», analyse Khalid Chegraoui, professeur d’études africaines, spécialiste de l’Afrique anglophone et Lusophone à l’université Mohammed V à Rabat. Pour lui, le Maroc a pris beaucoup

Faibles échanges Les Marocains sont loin d’être orientés Afrique. Si l’on prend les statistiques officielles, les Marocains ont investi en Afrique près de 16,6 milliards de dirhams entre 2003 et 2013, soit plus de 51% du stock d’IDE sortant, selon les derniers chiffres publiés par le ministère des Finances en juillet 2015. Le total des échanges, lui, ne dépasse pas 6% de l’ensemble des échanges du Maroc avec l’étranger à 37 milliards de dirhams en 2014 avec un taux de croissance annuel moyen de 14% depuis 2004. Si Abdou Diop insiste sur le fait qu’il y a beaucoup d’informel non comptabilisé, mais il est clair que tout comme la diplomatie l’économie reste euro-centrée. Et que le Maroc a tout interêt à aller vers les pays de l’Afrique anglophone où il accuse les plus grands déficits commerciaux, notamment avec l’Afrique du Sud et le Nigéria à qui nous ne vendons presque rien mais qui nous expportent près de la moitié de nos importations africaines.


Economie

Le Soudanais Mo Ibrahim, qui a joué au VRP pour le Maroc, a été décoré par le Roi.

de retard sur ces pays-là. Et pour cause, la plupart d’entre eux reconnaissent la RASD et traitent avec le Polisario. Or une des doctrines de la diplomatie marocaine est de ne pas traiter directement avec les pays qui soutiennent de telles positions. Ce qui est le cas aussi bien du Nigeria que de l’Afrique du Sud, pourtant deux locomotives africaines, notamment en zone anglophone. «Il n’y a pas d’ennemie éternel», tranche Chegraoui. «Ces pays ne considèrent pas le Maroc comme un ennemi; ils ont une mentalité anglo-saxonne très pragmatique axée sur l’économique plus que sur le politique», poursuit-il. Une approche différente de celle du Maroc qui met le politique et la cause nationale avant tout. D’ailleurs, le pays était absent de l’investiture du nouveau Président Nigerian Mohamed Buhari. Abdou Diop, associé du cabinet Mazars à Casablanca est, lui, beaucoup plus optimiste. «Même si elle n’est pas annoncée, il y a une vraie stratégie marocaine de sortie de sa zone de confort en Afrique francophone. Cela s’est vu au sommet de Delhi, à celui

On est loin d’un réchauffement, mais plus dans le développement d’affaires rentables

de Johanesbourg, mais aussi à travers plusieurs actions claires démontrant une volonté politique de s’ouvrir sur ces pays». Il cite en exemple le partenariat OCP-Dangote, 2ème plus grand groupe du Nigeria.

Des erreurs à gogo «Le Maroc est encore loin de se rapprocher de ces pays», estime pour sa part un ancien haut diplomate en Afrique du Sud, ayant requis l’anonymat. «Ce n’est pas demain la veille que ces pays changeront leurs positions vis-à-vis du Maroc et de sa cause nationale», explique-t-il. Le Nigeria a en effet reconnu la RASD en 1984, l’Afrique du Sud l’a fait en 2004, tout comme beaucoup de pays dans la région. «Le Maroc a accumulé trop d’erreurs diplomatiques et stratégiques pour pouvoir les rattraper en si peu de temps», estime notre ancien diplomate. Ainsi, il cite en exemple «la gestion catastrophique des relations Maroc-Afrique du Sud où le pays ne dispose jusqu’à présent pas d’ambassadeur». Même son de cloche de la part de Chegraoui: «Le Maroc a raté beaucoup de moments historiques avec l’Afrique du Sud, mais les signaux ne sont pas tout à fait négatifs. Le pays a d’ailleurs reçu beaucoup de signes politiques d’ouverture mais le gouvernement a raté ces occasions. La diplomatie marocaine est inscrite dans des conceptions dépassées et parfois non professionnelles», tonne-t-il. Plusieurs autres témoignages semblent confirmer

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cette opinion peu flatteuse de notre diplomatie. Ainsi, selon notre ancien diplomate au pays de Nelson Mandela, «le Maroc a par exemple très mal manœuvré dans sa bataille pour l’obtention de l’organisation de la Coupe du Monde. Alors qu’il était évident que l’Afrique du Sud était donnée pour favorite pour organiser la coupe ne serait-ce que de par l’envergure de Nelson Mandela, qui a mis tout son poids politique et symbolique pour la ramener vers son pays, les Marocains se sont entêtés à lui tenir tête, que ce soit en 2006 ou en 2010 et très maladroitement». «Au final, le Maroc a perdu sur au moins deux tableaux, premièrement en n’accueillant pas cette activité sportive et deuxièmement en donnant des arguments à l’aile gauche de l’ANC, le parti au pouvoir, pour mettre la reconnaissance de la RASD sur la table et cela alors même qu’aussi bien Thabo Mbeki que Nelson Mandela y étaient opposés», affirme l’ancien diplomate. Et d’ajouter: «Les services centraux du ministère des Affaires étrangères ont sérieusement sous-estimé le poids de l’Afrique du Sud dans la région, alors que ce pays a de très bonnes relations avec l’Algérie». Pour comprendre cela, il faut revenir à l’histoire.

Le poids de l’histoire Alors que le Maroc du temps de Mohammed V et le début de règne de Hassan II étaient la terre d’accueil des mouvements de libération africaine, c’est l’Algérie qui va tous les récupérer après son indépendance, et aussi à cause de l’alignement du Maroc sur le bloc Ouest et surtout les positions des USA qui considérait ces mouvements, notamment l’ANC, comme des organisations terroristes et traitait avec le gouvernement d’Apartheid. Or, il se trouve que ce sont ces anciens amis du Maroc et nouveaux amis de l’Algérie qui gouvernent aujourd’hui ces pays-là. «Dans les années 70 et 80, le quartier d’Hydra à Alger accueillait tous les leaders des mouvements de libérations d’Afrique sous la responsabilité de la sécurité militaire algérienne. Les leaders noirs d’Afrique du Sud, de l’Angola, du Botswana, du Zimbabwe, etc. étaient les voisins des leaders du Polisario. Leurs enfants allaient aux mêmes écoles; ils se côtoyaient tout le temps. C’est normal qu’ils soient aujourd’hui, alors qu’ils sont au pouvoir, plus proches des thèses du



Economie Polisario et reconnaissant à l’Algérie qui les a financés et équipés plutôt que du Maroc qui était un adversaire idéologique à l’époque», témoigne un ancien correspondant AFP dans la région. Le Maroc en adoptant la stratégie de la chaise vide à l’Union Africaine et en refusant d’avoir des relations diplomatiques avec les pays reconnaissant la RASD se met lui-même en position de faiblesse. Avec un passif aussi lourd, le pays n’a donc pas droit à l’erreur et doit mettre tous les atouts de son côté.

Le business avant tout «La stratégie de contournement que tente de mettre en place le Maroc aujourd’hui est intéressante, mais reste insuffisante au vu de la distance qui reste à parcourir», analyse notre journaliste. Un point de vue partagé par Chegraoui pour qui, «à part certains grands groupes, il n’y a pas une vraie présence marocaine dans les pays anglophones et lusophones. Il est vrai que beaucoup de barrières limitent le rapprochement avec le Maroc, notamment la langue, la distance, avec très peu de

La diplomatie marocaine ne prend pas en considération les spécificités des pays anglophones

vols de la RAM, la culture, etc. mais ce qui est dommage c’est de voir que rien ne se fait pour changer la donne. Notre diplomatie est encore euro-centrée. La majorité des diplomates considèrent, en effet, qu’être affecté en Afrique équivaut à une punition. Sans parler de l’approche diplomatique de l’étiquette encore en vigueur. La diplomatie économique, culturelle et parallèle est quasiment inexistante. Sinon comment expliquer que la plupart des attachés culturels des ambassades soient issus du ministère de l’Intérieur?», s’interroge Chegraoui. Et d’enchaîner: «La diplomatie marocaine ne prend pas en considération les spécificités des pays anglophones. Ils sont plus pragmatiques en affaires,

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les sociétés civiles sont très influentes et peuvent faire bouger les choses. Or rien n’est fait dans ce sens. On se contente des actions classiques et très mal d’ailleurs», insiste notre professeur universitaire. Diop est, lui, plus indulgent. Pour lui, «les Marocains ont eu besoin d’un temps d’apprentissage des réalités des pays d’Afrique de l’Ouest francophone, leur terrain naturel. Mais ils ont compris le potentiel qu’offre l’Afrique anglophone car les pays où se trouve le Maroc actuellement ne représentent pas plus de 10% de l’économie africaine. Après cet apprentissage, ils seront mieux outillés pour attaquer». Le virage doctrinal que semble négocier la diplomatie marocaine en sortant de la logique «ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous» est un pas positif pour le pays. On est donc encore loin d’un réchauffement mais plus dans une phase de mise en place des jalons de développement d’activités économiques rentables pour les divers opérateurs qui prennent ce pari. gelkarmouni@sp.ma



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Densité et insuffisance de l’espace vert mises à l’évidence par une prise de vue aérienne.

CAUCHEMAR DANS LE PRÉ Avec tout le succès dont peut se targuer aujourd’hui la nouvelle ville verte de Bouskoura, elle n’en reste pas moins un projet embryonnaire. Certes, l’engouement des acquéreurs est au rendez-vous, mais qu’adviendra-t-il de cette ville dans quelques années, sachant que sa pérennité dépend principalement de sa gestion future par ses habitants? Adiba Raji

Un doux rêve qui risque de se transformer en un réel cauchemar. A à peine 10 minutes de Casablanca, hors heure de pointe, Bouskoura est le paradis rêvé pour une génération de jeunes cadres lassés de la pollution

et de la circulation du centre de ville. A la recherche d’un grand bol d’air frais, plusieurs milliers de jeunes et de moins jeunes ont choisi d’investir dans cette ville nouvelle. «Je n’ai qu’une hâte chaque jour, c’est de rentrer chez

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40.000 Le nombre estimé d’habitants de la nouvelle ville de Bouskoura à terme

367 C’est le nombre d’hectares réservés pour le projet CGI, contre 220 pour Prestigia et 130 pour Palmeraie Développement

12.000 C’est en dirhams la cotisation annuelle moyenne payée par les résidents au syndic

moi», déclare enthousiasmé ce dentiste installé à Bouskoura depuis deux ans. Et il y a de quoi. En prenant la nouvelle extension double voie de la route de Taddart, cest une verdure foisonnante qui éclate au visage dès l’arrivé au premier rond point annonçant le début de la ville verte. Bienvenue à Bouskoura Green City. En plein jour ouvrable, des golfeurs jouent tranquillement leur partie de golf, tandis que le café



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Le rêve vert derrière lequel tout le monde court risque de tourner au cauchemar faute d’entretien.

du Club House géré par la prestigieuse enseigne La Table du Marché accueille visiblement une rencontre professionnelle. «C’est un bonheur de savoir ses enfants en sécurité au sein de la résidence (NDLR. Bouskoura Golf City d’Addoha)», déclare cette jeune directrice commerciale. «On se sent en vacances tous les jours», renchérit de son côté un cadre bancaire. Des agents de sécurité pullulent en effet sur les sites. Des sociétés de gardiennage privées assurent visiblement l’entretien

et la sécurité des résidences fermées. En contrebas, ce sont les automobiles des étudiants et professeurs de l’Université Internationale de Casablanca, ainsi que de l’American Academy Casablanca Green Town qui remplissent le parking du campus.

Ville verte C’est le rêve! Et on le croit aisément tant la nouvelle ville verte est loin de tous les tracas de la métropole. Pas d’embouteillage, pas de pollution,

Le voisinnage délabré de la ville verte qui n’a rien de vert.

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pas de stress, pas de vis-à-vis, que de la verdure à perte de vue. Entre le Club House de Casa Green Town et la Bavaroise ainsi que la Bodeguita de Bouskoura Golf City, les habitants de la nouvelle ville ainsi que les éventuels visiteurs ont de quoi s’occuper. Bientôt, un centre hippique de la SOREC (Société Royale d’Encouragement du Cheval) ouvrira ses portes à proximité de la forêt. «On dépose nos voitures vendredi en rentrant du travail pour ne les reprendre que le lundi matin», raconte un jeune promoteur qui habite la Green Town. Avec le café/pâtisserie qui a élu domicile dans le quartier, les grands espaces pour se dépenser et les restaurants pour se divertir, il serait en effet inutile d’aller chercher ailleurs. La ville verte a de quoi séduire. Mais l’étiquette ville verte est un bien grand mot car elle ne répond pas à toutes les promesses que porte son label. Certes, un centre de collecte et de traitement des eaux usées est mis en place. Avec les eaux pluviales récupérées, les eaux traitées serviront à arroser les golfs et espaces verts. Mais cela suffit-il pour être brandée ville verte? A titre comparatif, Copenhague, qui a été sacrée capitale verte de l’Europe 2014, se targue d’avoir un chauffage urbain desservant 98% des ménages et d’avoir réutilisé 90% des déchets de construction. Aussi, 36% des navetteurs et 55% des habitants de la ville se rendent à leur activité profes-



Economie sionnelle à vélo. Loin de ces considérations écologiques, un grand promoteur de la place offre aux nouveaux acquéreurs une Fiat 500! De toutes les manières, habiter Bouskoura rend la voiture plus que jamais indispensable. Car, à part dormir en semaine et vaguer en week-end, tout le reste des choses de la vie s’effectue et s’effectuera encore sur Casablanca. «Le chauffeur est indispensable quand les parents travaillent et que les enfants ont besoin d’être déposés à leur école», déclare une résidente. Prenons le simple exemple des établissements scolaires. On en dénombre une bonne petite dizaine installée dans la nouvelle ville, mais il s’agit exclusivement d’écoles de marque qui ne s’adressent pas nécessairement à tous les habitants de la ville, qui pourront à terme s’élever à 40.000 habitants. Ainsi, Massignon ouvre ses portes dès la rentrée scolaire 2016. Idem pour la Centrale de Casablanca qui s’installe en plein forêt! La Casa Green Town accueille déjà l’UIC ainsi que l’American Academy Casablanca Green Town. Pour régler ce souci, il y en a qui se sont mis au covoiturage, comme à la française! «Nous nous partageons les accompagnements scolaires avec des voisins dont les enfants sont scolarisés dans le même établissement que le nôtre. L’aller c’est eux, le retour c’est nous», explique un résident.

«Il faut 30 ans pour qu’une nouvelle ville vive», Benabdella

mieux vaut ne pas avoir à braver l’insécurité de la route! Car il n’y a pas que les sangliers qui peuvent faire peur dans les environs. Des bandes organisées ont développé une technique infaillible pour dépouiller les automobilistes: leur jetant des pierres sur les pare-brises pour les faire arrêter. Il y a même eu des morts! Hormis les équipements de base, la densité est un autre

aspect qui interpelle dans la structure de la nouvelle ville verte. Malgré l’impressionnante étendue d’hectares que forme la nouvelle ville, 367 hectares pour le projet CGI, 220 pour Prestigia et 130 pour Palmeraie Développement précisément, la densité d’habitat est très importante par rapport au haut standing. Pourtant, «la densité on ne la connait dans l’urbanisme que dans l’habitat précaire», précise Hamid Berrada, architecte et expert en urbanisme. «Plus on monte en standing, moins ça doit être dense. Et quand on est obligé à cause de la cherté du terrain de construire plus, on monte en hauteur, on fait des tours, mais on laisse toujours le sol dégagé», ajoute cet expert en la matière. En effet, un rapide coup d’œil sur Google Map montre à quel point les habitations sont collées les unes aux autres. Dès qu’on zoome sur le plan de masse, l’on se rend compte que les habitations sont tellement rapprochées que seuls quelques privilégiés peuvent se targuer de ne pas avoir de vue sur les piscines de leurs voisins! Pour la discrétion, il faudra repasser! Mais le plus grand risque que court la belle utopie de ville verte de Bouskoura risquerait de provenir de la rive droite, direction aéroport de Casablanca, l’autre Bouskoura faite pour le commun des mortels. Car, malgré l’exis-

Insécurité Pour ce qui est des soins médicaux, suite à un appel à manifestation d’intérêt, un collectif de médecins prend en charge la clinique du programme CGI baptisée Clinique du Golf. L’hôpital Cheikh Khalifa Ben Zaid de Casablanca ouvrira également une antenne sur place. Donc, pour ce qui est des soins, les Bouskoura men & women ne seront pas forcés d’aller jusqu’à Casablanca pour se soigner, ce qui est un bon point, car en cas d’urgence nocturne,

Bouskoura a la chance de se trouver au côté de Casablanca qui génère 25% du PIB national

Un rapide coup d’œil sur Google Map montre à quel point les habitations sont collées les unes aux autres.

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Economie tence de quelques projets d’un certain standing, le développement de cette zone semble échapper au contrôle. Ce qui n’est pas sans rappeler le cas de la grande sœur Casablanca. Epiceries délabrées et bidonvilles avoisinant les mûrs de villas, vendeurs de légumes ambulants jonchant les espaces... «Je vendais ma marchandise à l’entrée de la forêt. Mais j’ai été chassé quand les nouveaux sont arrivés», raconte l’un d’entre eux un joint entre les doigts! Cependant, le groupe «Mamans de Bouskoura» a été formé par les habitantes de Bouskoura Golf City, avec pour objectif d’entreprendre des actions caritatives au profit de la population pauvre de la rive droite. Les mamans des deux autres projets rejoindront bientôt le groupe.

La table de la Bavaroise, restaurant mythique de Casablanca implanté à Bouskoura, attire une clientèle de tous les horizons.

Utopie Faisant partie de ces zones élues pour accueillir des programmes de recasement, il semble que Bouskoura rive droite fasse l’objet d’une montée de l’insécurité bien significative. «Des clans se sont formés, et des batailles éclatent constamment dans les environs», se plaint un autre marchand ambulant. Malgré ces risques, les investisseurs des deux rives sont bien heureux de respirer de l’air pur, même pollué par certains inconvénients. Mais un bonheur cela s’entretient. Pour des projets qui ne sont pas à taille humaine, telles que les résidences de la ville verte, l’effort à fournir est pour le moins considérable. Considérées comme des domaines privés, même la collecte des ordures est effectuée par les sociétés de syndic qui en ont la gestion. Or, les nationaux ne sont pas connus pour être des réguliers par rapport au paiement de cotisations de syndic. Dans le cas de ces projets, on parle de cotisation dépassant les 12.000 dirhams par an.

Malgré l’existence de quelques projets d’un certain standing, le développement de cette zone semble échapper au contrôle

Après un rapide calcul estimatif des cotisations moyennes des 8.000 logements de la ville verte, le total des cotisations syndic seront d’à peu près 10 millions de dirhams mensuels. Ce montant est-il suffisant pour entretenir une ville verte de 40.000 habitants? Et encore faut-il que tout le monde paye! «Un tiers des copropriétaires refusent déjà de payer leur cotisation syndicale», avoue un habitant d’une résidence d’une quarantaine de villas de la rive droite. Et ce sont des gens qui ont investi au minimum 5 millions de dirhams pour être les heureux propriétaires de villas mitoyennes à la forêt! Ni le civisme ni la gestion collective ne semble ainsi être le fort des copropriétaires! Sans parler des déformations architecturales subies par les résidences. C’est en effet dans la cluture des marocains que de clôturer un balcon avec du vitrage ou carrément condamner une terasse jugée inutile en la transformant en chambre. A terme, ce laisser-aller risque de faire de la ville un grand conglomérat délabré, un de plus dans le Grand Casablanca. Par ailleurs, les acquéreurs ont eu la désagréable surprise de se voir facturer par l’ONEE «une redevance participation sur la puissance». Alors que cette charge incombe à la base aux promoteurs des projets dans le cahier de charges signé avec la commune, les heureux acquéreurs ont dû payer entre 6.300 et 9.000 dirhams HT à l’ONEE,

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lors de leur demande d’installation électrique. Autre bémol, les résidents de la ville verte se trouvent dans l’obligation de payer doublement les services communaux qui leur sont dûs! Car de sources proches du dossier, «la commune urbaine n’a qu’une hâte c’est de commencer à récolter les taxes urbaines et services communaux». Or, dans ces résidences fermées, les services communaux sont pris en charge par les syndics. Encore un prix à payer pour le bol d’air frais quotidien offert par Bouskoura. Bouskoura, un remake des fiasco Tamensa et Tamensourt? Difficile de répondre car, comme le confirme Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat, «il faut 30 ans pour qu’une nouvelle ville vive». Contrairement à un greffon, la réussite ou l’échec de l’extension de ville ou l’implantation d’une nouvelle ne peut se faire qu’à moyen et long termes. De plus, Bouskoura a une chance unique que n’ont pas les autres nouvelles villes: se trouver au côté de Casablanca, qui génère 25% du PIB national. Dans les plans, elle est censée devenir pour la capitale économique ce qu’est Antony ou Sait Germain En Lay pour Paris. Mais, elle est tout autant proche d’être un Saint-Denis, ou un Sarcelles… Il n’est pas encore trop tard pour mieux faire. araji@sp.ma


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Le Maroc doit focaliser sur la mise en place de politiques gouvernementales pour l’amélioration de l’accès aux services de base.

LE MAROC, CE PAYS TOURISTIQUE Un pays sympathique, c’est ce qui résumerait le mieux l’image du Maroc telle que perçue à l’étranger. Mais ça reste insuffisant pour construire une image forte à l’international. Analyse. Ghassan Waïl El Karmouni

«Que pèse réellement le Maroc?», c’est la question à laquelle nous avons essayé de répondre dans notre édition d’août-septembre 2015 en prévision de la sortie attendue du rapport de l’Institut Royale des Etudes Stratégiques (IRES) sur l’image du Maroc. C’est aujourd’hui fait. Le think tank dépendant du Cabinet royal a publié en décembre dernier un rapport sur «la réputation du Maroc dans

le monde». Résultat des sondages réalisés en partenariat avec le cabinet spécialisé Reputation Institute, le Maroc se classe en milieu du tableau au même niveau que l’Inde, Chili, Philippines et Malaisie et dépasse la réputation de l’Afrique du Sud et de la Turquie. Sa notation est tout de même inférieure à la moyenne globale (55 points) puisqu’il a obtenu un score de 53,7 points au sondage

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sur sa réputation dans le monde. «En comparant les résultats du Maroc, de l’Afrique du Sud et de la Turquie auprès des pays du G8, il y a lieu de remarquer que le Maroc est le pays qui jouit de la meilleure réputation», se réjouit le rapport. Pas un seul mot par contre sur la diplomatie ou les défis sécuritaire, malgré la prégnance de la question du Sahara sur tout l’agenda international du pays.

Sympathique mais… Ainsi, les principales forces du Maroc ressorties par l’étude après sondage de ressortissants et opérateurs des pays du G-8 sont liées à la dimension qualité de vie et sécurité. Par contre, ses faiblesses relèvent plutôt de son degrés de développement, du bien-être social et de l’environnement économique. En somme, un pays sympathique mais pas forcé-


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Notre dossier d’été souligne la nécessité d’une communication plus ciblée.

ment performant. «Le Maroc bénéficie d’une évaluation très positive sur des attributs associés à son attractivité touristique, mais dans une moindre mesure pour ce qui est de son positionnement dans le commerce mondial», note ainsi le rapport. Comme relevé durant le dossier de l’été dernier par un ancien VRP du Maroc, «parmi les principaux points noirs du pays sa lenteur administrative. Cette question est certes dépassée dans les grands projets qui sont soutenus en hauts lieux mais ce n’est pas généralisé. Les investisseurs le savent et il faut des actions correctrices dans ce sens». «Le deuxième point est la corruption, la petite, mais c’est un point qui revient souvent. Le troisième défi est celui de justice. Une réforme est entreprise dans ce sens, mais les investisseurs ne comprennent pas pourquoi ça prend autant de retard. Le quatrième point et non des moindres est celui des ressources humaines qui sont soit surqualifiées ou sous-qualifiées, ce

Lenteur administrative, corruption, justice... sont parmi les principaux points noirs du pays

qui pose le problème de la qualité de l’éducation. En corolaire un autre problème soulevé est celui du très fort taux turnover issu de la rareté des profils adaptés», développe notre interlocuteur. Des soucis des investisseurs qui résument très bien l’état de développement institutionnel du pays et qui se reflète forcement dans ses classements. En plus de cette étude dans les pays du G8, le rapport a analysé la réputation du Maroc dans 10 pays spécifiques. Il s’agit de l’Australie, l’Inde, le Mexique, la Chine, le Brésil, la Corée du Sud, l’Espagne, la Turquie, les Pays-Bas et l’Afrique du Sud. Il en ressort que l’Australie, l’Inde, le Mexique et la Chine ont une perception du pays supérieure à celle qui lui attribuée par les pays du G-8. Ainsi, plus on est loin du Maroc, mieux on le juge.

Je t’aime moi non plus Les opérateurs et ressortissants espagnols, tout comme les Italiens et les Hollandais, ont le plus sévèrement jugé le Maroc. Des pays abritant curieusement les plus grandes diasporas marocaines et qui se positionnent en haut des tableaux des échanges avec le Maroc. Sont-ils influencés par le comportement des MRE vivant là-bas? En tout cas, une des recommandations se dégageant de notre dossier réalisé l’été est la nécessité d’une communication plus ciblée. Notre ancien lobbyiste affirme ainsi que «nous avons aujourd’hui besoin d’unifier le message et d’une seule équipe de promotion du Maroc. Aujourd’hui, quasiment chaque plan sectoriel fait sa promotion avec des chiffres et des messages qui peuvent être contradictoires». Et d’ajouter: «Il faut un organisme de promotion puissant avec une vision claire; il n’est pas normal de trouver encore des gens qui ne maitrisent qu’une seule langue et qui font la promotion du Maroc en français dans des pays anglophones ou arabophones». Une position qui rejoint celle d’Abderrafii Zouitene, directeur général de l’ONMT qui, lui, insistait sur la nécessité d’un rajeunissement des outils de promotion du pays. «Il faut faire appel à une équipe de

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marketeurs jeunes et dynamiques qui pourra communiquer sur le Maroc avec des concepts novateurs et une image forte».

Réformes et com Une option sur laquelle semble travailler le ministère de l’Industrie qui cherche à unifier les organes de promotion du Maroc. C’est d’ailleurs une des recommandation du rapport qui note que «la bonne réputation interne et externe dont jouit le Maroc, notamment, en matière de sa stabilité politique et sociale, d’hospitalité et d’amabilité de sa population, d’attractivité de son environnement naturel, devrait être renforcée. Une stratégie de communication, dédiée à cet effet, mettant en évidence les atouts du pays pourrait, à l’avenir, améliorer la réputation du Royaume et la hisser, par ricochet, au rang de celle des pays développés». Cette recommandation est pourtant insuffisante puisqu’elle ne vise qu’à renforcer l’image des atouts existants du Maroc, car le déficit est beaucoup plus marqué que cela et les points négatifs en interne comme en externe restent liés à des problématiques de fonds. Ainsi, le rapport note bien que les principaux déficits du Maroc se situent ailleurs que dans l’image. «Les Marocains se montrent plus critiques que les citoyens du G8 quant aux autres attributs, à savoir Technologie/ innovation, Système éducatif, Usage efficace des ressources, Marques et entreprises reconnues, Ethique et transparence, Bien-être social, Environnement institutionnel et politique». Des points noirs qui impliquent la mise en place de politiques gouvernementales dans tout ce qui est amélioration d’accès aux services de base de santé, de transport et d’éducation, la promotion d’un tissu économique dynamique et compétitif, l’égalité des chances et l’équité social et aussi des réformes démocratiques et de droits humains. Finalement, la mise en place des fondamentaux d’un Etat démocratique fort et dynamique… gelkarmouni@sp.ma



POINT DE VUE E

HICHAM B. ALAOUI H

COP 21, DU RÉCHAUFFÉ!

A

u lendemain de la COP21, traiter d’un thème en rapport avec les sujets écologiques d’actualité s’imposait quasiment de lui-même. Basiquement, comment concilier développement économique et durabilité de ce développement? C’est la thématique traitée par nombre d’ouvrages récents, tels par exemple l’opus de Laurent Eloi et Jacques Le Cacheux, ‘Economie de l’environnement et économie écologique’, réédité en octobre 2015. En considérant le clivage susmentionné, deux camps distincts semblent naturellement s’opposer. D’un côté, les pays que l’on pourrait qualifier d’«ancienne aristocratie», dans lesquels nous pourrions ranger notamment la France, la Grande Bretagne ou encore le Canada. De l’autre, les «nouveaux riches», BRICS, CIVETS et autres pays émergents. Le premier camp, qui a profité à plein de décennies d’industrialisation et de post-industrialisation, durant lesquelles les considérations écologiques n’étaient l’apanage que d’une poignée de marginaux, ou du moins supposés tels, semble voir d’un bien mauvais œil les très fortes croissances réalisées depuis des années par la Chine ou l’Inde pour ne citer que ces deux pays. Dans ce contexte, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et de manière plus générale, la problématique d’appropriation des réserves naturelles sont bien au cœur du sujet dépassant largement de pures considérations d’«idéalistes écologistes». De fait, au-delà des considérations purement techniques autour de l’écologie, ressassées à l’envi depuis des mois par des experts plus ou moins pertinents... le vrai sujet sous-jacent est bien le suivant: est-il légitime que les règles du jeu se durcissent subitement, au moment précis où certains pays semblent en mesure de prendre leur envol et grignoter des parts de compétitivité sur ceux qui les avaient précédés à la croissance? Le clivage est loin d’être récent. Ainsi, sous l’Ancien Régime en France par exemple, le terme de roturier, du latin ruptura, «rupture», par affiliation à la roture (terre rompue), désignait un paysan possédant une terre au titre de laquelle il devait s’acquitter d’une redevance auprès du seigneur. Ce type de terrains était soumis à un impôt spé-

cifique (la taille), duquel étaient notamment exemptés l’aristocrate et le clergé. Par le biais de cette imposition spécifique, le décalage de richesse ne faisait que s’accroître entre ‘anciens’ et ‘nouveaux’ riches, contribuant à aggraver le fossé des inégalités. ’en est-il pas exactement de même en l’espèce? Les anciens pays industrialisés, têtes de pont de la COP, ne veulent-ils pas tout simplement tuer dans l’œuf toute velléité de croissance et de développement supplémentaire des pays émergents? Le débat serait par trop simpliste, car fruit d’un négationnisme primaire. Le réchauffement climatique, preuves à l’appui, semble bien une réalité objective et rationnelle, même si certaines voix s’élèvent pour dénoncer sinon des abus, du moins des exagérations. Il est à ce titre assez intéressant de relever le traitement réservé aux «climato sceptiques», qui sont loin de bénéficier des mêmes fenêtres d’expression dans les medias à grand public que les ‘carbo centristes’. Comment donc concilier réel danger écologique et nécessité impérieuse de conserver intactes les conditions de concurrence pure et parfaite entre pays? C’est dans cette logique que l’Accord ratifié à l’issue de la COP 21 vient confirmer la persistance du débat. Tout d’abord, toute référence à l’instauration d’un prix du carbone a été occultée, à l’initiative des pays de l’OPEP et de leurs principaux représentants. De plus, la question de l’enjeu du transport maritime et aérien a tout bonnement été occultée du texte final. Enfin, et surtout, l’Accord n’a pas enfanté de mécanismes de contraintes pour les signataires, du moins pas directement, en ce sens qu’il intime davantage «un mécanisme de transparence» qu’un réel engagement juridique, opposable devant une Cour par exemple. Que les pays émergents se rassurent donc, la marge de croissance est toujours là et ce ne sont pas les développements récents qui risquent de mettre à mal leurs ambitions futures… Rendez-vous donc à Marrakech pour des mesures sensiblement plus concrètes?

N

Directeur des Risques - Euler Hermès ACMAR

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Economie

LA PRESSE DANS L’EXPECTATIVE Longtemps attendue, la réforme du code de la presse laisse les opérateurs sur leur faim. Pourtant, la nouvelle loi passera malgré certains mécontents. Ghassan Waïl El Karmouni

«Soft révolution». C’est dans ces termes que Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, qualifie son code de la presse. Annoncé depuis 2012 et faisant partie du programme gouvernemental, le ministre n’a cessé de communiquer sur le nouveau code jusqu’à son adoption par le Conseil du gouvernement, fin décembre 2015. Trois ans donc pour élaborer ce qui doit être le nouveau cadre juridique encadrant la presse et son environnement. Trois ans durant lesquelles les discutions ont viré à la confrontation entre le ministère d’une part et d’autre part la fédération des éditeurs et le syndicat des journalistes retardant, du coup, la sortie du texte.

Un texte critiqué

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Ainsi, la FMEJ avait, dès novembre, exprimé, via un communiqué, son «rejet catégorique des régressions contenues dans le projet du code de la presse», notamment «l’instauration de nouvelles sanctions dangereuses», tels que «le retrait définitif de la carte de presse, la possibilité d’interdiction d’exercice de la profession pendant une période pouvant aller jusqu’à dix ans et l’interdiction de jouir des droits civiques et politiques, voire familiaux», ou encore la possibilité d’interdire des journaux avant même le début de leur procès, la qualification de certains délits de la presse de crimes de droit commun et la non prise en compte du principe de bonne foi en cas de diffamation. L’autre point noir de ce code est bien le fait qu’il ne contienne plus de peines privatives de liberté mais qu’il transfère vers la loi pénale. Ainsi, le même jour de sa validation par le gouvernement, le nouveau code pénal incluant des peines

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sévères pour les journalistes ne respectant pas les «constantes de la nation» a été approuvé par le Conseil du gouvernement. «C’est de l’histoire ancienne, se défend El Khalfi. Nous avons rencontré la FMEJ, début décembre, et nous avons incorporé toutes leurs remarques, sauf une ou deux». Si aucune version définitive du texte n’a été diffusée à fin décembre, le ministre n’hésite pas à égrener toutes «les avancées considérables du texte». Mustapha El Khalfi précise ainsi que qu’«en ce qui concerne le point de discorde avec le syndicat et la FMEJ sur la déchéance de la qualité de journaliste et le retrait de la carte de presse, ces éléments seront délégués au conseil de la presse et à la justice et il n’y a plus d’interdiction pendant 10 ans mais au maximum 1 ans. L’administration n’a plus aucun droit au chapitre et cela vaut aussi pour la censure des journaux et sites Web où il va falloir des décisions juridiques motivées. De même que les dispositions du code pénal, notamment en ce qui concerne les constantes de la nation, ont été amendées et précisées, les peines y afférentes ne dépassent pas aujourd’hui trois ans, alors qu’elles pouvaient atteindre 10 ans». Pour Mohammed El Aouni, ancien journaliste à la radio nationale mais aussi président de l’organisation pour les Libertés d’Information et d’Expression (OLIE), «le projet du code de la presse est une régression par rapport à l’esprit de la loi de 1958 qui organise la liberté d’expression. La loi n’est pas censée limiter les libertés mais plutôt les organiser en travaillant sur la régulation des relations entre les diverses parties prenantes et les publics. On a repris les mêmes erreurs que l’ancienne version en organi-


Economie sant le contrôle de la liberté d’expression et handicapant le travail des médias. C’est toujours l’approche sécuritaire qui prime dans ce texte», insiste-t-il. Une position toute tranchée, en porte à faux avec la position du ministère qui n’a cessé de marteler depuis 2013 que le code sera «moderne défendant la liberté de la presse et offrant des garanties nécessaires pour le libre exercice de la profession». Mais, pour El Aouni, le diable se cache dans les détails et les 40 nouvelles mesures proposées par le texte ne sont que de la rhétorique. «On a mis des grands mots et principes pour cacher ce qui est en réalité un renforcement de la fragilité des médias nationaux face à la puissance des médias internationaux qu’ils soient écrits ou audiovisuels». Une position que ne partage pas du tout le ministre, pour qui «le Maroc a adopté des critères basés sur les meilleurs benchmarks internationaux. Ce sont d’ailleurs les mêmes critères que ceux demandés depuis des années par reporters sans frontières. Je salue la fédération et le syndicat pour leurs remarques qui nous ont aidés à avoir un texte avancé en application de la nouvelle constitution».

L’arme économique Une position partagée par Youssef Chehbi, juriste ayant plaidé dans plusieurs grands procès liés à la presse nationale. Dans un point de vue publié par le magazine français le Nouvel Observateur et repris par la presse nationale, il affirme que «le gouvernement semble chercher à limiter le développement de la presse indépendante» et d’ajouter: «L’architecture sibylline des futurs soutiens à la presse veut substituer au principe de libre marché, celui de la subvention faisant des titres de presse des alliés potentiels du gouvernement, puisque dépendants de ses subsides». Ce qui pose la question de l’objectif réel de la subvention quand elle va directement aux sites les mieux rémunérés par la publicité sur le Web. «Nous avons des critères comme la transparence et la rentabilité qui guident l’octroie des subventions», tranche le ministre. L’autre point concerne la publicité de l’alcool et des jeux. «Les dispositions prévues par le projet de texte portent en elle les germes d’une potentielle catastrophe industrielle pour les médias indépendants en interdisant, au passage, toute publicité considérée comme non «halal», ce qui inclut, entre autres, les loteries nationales», affirme l’avocat. Une position qui se

et la création du Conseil national de la presse. Deux textes de loi votés au parlement le 23 décembre 2015. Ledit conseil aura, entre autres, comme mission d’octroyer la carte de presse, d’assurer l’arbitrage et l’intermédiation et d’édifier un cadre de promotion d’éthique de la profession. Un Conseil vivement critiqué par Saïd Essoulami, président du Centre for Média Freedom, basé à Londres. Dans une note publiée avant le vote des députés, il pointe d’abord l’indépendance du Conseil.

Un Conseil cogéré

«Nous avons un texte avancé en application de la constitution», El Khalfi

recoupe avec la position du président de la FNEM, Nouredine Miftah qui a récemment déclaré au site électronique payant le Desk que «ce sont des dispositions qui visent à asphyxier économiquement les entreprises de presse déjà fragilisées et sous capitalisées». Et d’ajouter: «Le gouvernement manque de cohérence en prélevant l’impôt sur l’alcool et les jeux tout en refusant cette manne à la presse». Une réponse polémique à la quelle le ministre de la Communication a répondu que «ce genre de produits ne représente qu’une part marginale des revenus de la presse écrite. Les patrons de presse font rarement la publicité de ces produits». Sur les 10 premiers mois de 2015, le chiffre d’affaires hors taxe de la pub du jeu et de l’alcool a rapporté à la presse écrite, tous supports confondus, 11 millions de dirhams, selon les chiffres du cabinet spécialisé Impérium Media, pour un chiffre d’affaires global de 818 millions de dirhams. Un petit 1% donc du chiffre d’affaires de la période allant de janvier à octobre. Un argument massue en faveur d’une mesure le moins qu’on puisse dire d’elle est qu’elle tend vers la démagogie en ces temps de précampagne électorale. «Il faut une législation pour la publicité en général, pas seulement pour la presse, si on veut réellement protéger les citoyens des effets néfastes que peut avoir l’encouragement du consumérisme», soutient, pour sa part, le président de l’OLIE. L’autre nouveauté du code est la mise en place du statut de journaliste professionnel

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«Dans la plupart des modèles, le Conseil national est le produit d’un acte volontaire des journalistes et des éditeurs. Les pouvoirs publics n’interviennent à aucun moment dans leur conception, régulation juridique ou gestion». Et la critique ne s’arrête pas là puisqu’elle parle de co-régulation du métier au lieu de le laisser aux seuls professionnels: «ce texte peut être considéré comme un modèle de co-régulation coercitive joignant la contrainte de la loi à l’indépendance des membres du Conseil, à travers la formulation de leur propre code de déontologie, en plus de la gestion administrative et financière de cette instance». A cela s’ajoutent plusieurs points, notamment «la représentation égale des journalistes et patrons de presse et l’absence de la société civile et des représentants des citoyens», insiste El Aouni. Que nenni, rétorque le ministre. «Une commission présidée par un juge veillera aux élections du président et des membres de ce Conseil. Sur ses 21 membres, il n’est doté d’aucun représentant de l’administration, au contraire. Il est composé exclusivement de journalistes, d’éditeurs et de représentants de la justice et du CNDH. Il n’a même pas de directeur, c’est un délégué élu qui assurera la coordination avec l’administration. Nous avons en cela adopté les principes de Paris reconnus par l’ONU, comme cela a été recommandé par le CNDH». Bien que la FMEJ ait restée injoignable, il semble que le texte n’aura aucune peine à passer le test des deux chambres. Une occasion ratée pour ancrer le débat sur la liberté d’expression au cœur de la pratique démocratique nationale. Les discussions techniques ont pris le dessus, et ce qui devait constituer un moment de construction collective est resté cloisonné entre professionnels et ministère. gelkarmouni@sp.ma


Economie

D’un desert, la zone du sud s’est transformée en villes modernes en phase avec les normes environnementales et urbanistiques.

LE SUD À L’HEURE D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLE En 40 ans, les zones sud se sont totalement transformées affichant aujourd’hui les meilleurs indicateurs de développement humain au niveau national. Une belle prouesse minée aujourd’hui par la rente et le manque d’initiatives privées. Adiba Raji

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Aborder le développement en termes de durabilité, ce n’est pas nouveau. L’appliquer pour les zones sud du Royaume, est sensiblement assez novateur. Dans son dernier discours à l’occasion du 40ème anniversaire de la Marche Verte, le Roi a donné le coup d’envoi à cette nouvelle approche de développement territoriale fondé sur des bases saines en supprimant tout ce qui peut miner sa pérennité et durabilité, notamment tout le volet relatif à la rente. «Après quarante années et ce qu’on peut inscrire à leur actif comme à leur passif, nous voulons opérer une véritable rupture avec les méthodes adoptées jusque-là dans la prise en


Economie charge des affaires du Sahara: rupture avec l’économie de rente et des privilèges et la défaillance de l’initiative privée, et rupture avec la mentalité de la concentration administrative», déclare le Roi. «Partir de quasiment rien pour transformer un désert en villes modernes nécessitait certes des investissements colossaux mais avait le mérite de permettre l’incorporation des toutes dernières innovations en phase avec les normes environnementales et urbanistiques», explique Henri Védie, économiste professeur au Groupe HEC, invité en novembre par l’APD.

Développement durable «Sur plusieurs aspects, ces provinces se sont, en quatre décennies, érigées en modèles à l’échelle régionale, africaine et même internationale», insiste-t-il en fin connaisseur de la région. En effet, l’investissement est important. D’ailleurs, le souverain déclarait dans son discours du 6 novembre 2014 que «depuis la récupération du Sahara, pour chaque dirham des recettes de la région, le Maroc investit 7 dirhams dans son Sahara, dans le cadre de la solidarité entre ses régions et entre les citoyens du même pays». La mise à disposition d’eau potable et le choix de la pêche artisanale est pour Védie le meilleur exemple de mise en place d’un développement durable dans la région. En effet, «dans ces provinces, où tout était à faire -l’existant étant l’inexistant- les options prises ont été de veiller à la meilleure façon de répondre aux besoins d’eau potable des populations et de le faire parallèlement avec la mise en place d’un service d’assainisse-

La région connait un taux de chômage élevé malgré les lourds investissements de l’Etat

ment efficient, qui n’était pas présent sur l’ensemble des provinces du nord», explique cet expert. Et ce, malgré le coût très élevé des investissements nécessaires pour satisfaire cet objectif. «Même constat, avec le choix de la pêche artisanale et la construction des villages de pêche tout le long du littoral privilégiant la protection des ressources halieutiques et les conditions de vie des pêcheurs aux dépens d’une vision quantitative qui prévalait auparavant», ajoute l’expert français.

Diagnostic Et malgré tous les efforts qui ont été faits, les régions de la zone sud n’ont pas décollé économiquement parlant. Selon le diagnostic du rapport du CESE publié fin 2013, les provinces du Sud, qui représentent 59% du territoire national, avec un peu plus d’un million d’habitants, représentent 3,2% de la population du pays et le taux d’urbanisation y est plus élevé que dans le reste du pays (74% contre moins de 60% pour la moyenne nationale). Par ailleurs, les zones sud font mieux en termes d’éducation, de santé ou de recul de la pauvreté dépassant la moyenne nationale. Cependant, principal frein au développement, les opportunités d’emploi sont restées insuffisantes. Le

niveau élevé du chômage (15% contre 9% en moyenne nationale), en particulier des jeunes (28%), des diplômés du supérieur (41%), et des femmes (35%) est un des défis à la fois économique et social parmi les plus importants à relever. C’est d’ailleurs la conclusion du rapport du CESE qui dénonçait un taux de chômage élevé et ce, malgré les lourds investissements de l’Etat, les exonérations de taxes et les indicateurs de développement humains plus élevés que la moyenne nationale.

Performance Du reste, la CGEM a réagi en organisant le Forum de l’investissement dédié aux régions du sud en mars 2015 à Laâyoune pour booster les investissements dans ces zones du Maroc. Ainsi, c’est une enveloppe de 6 milliards de dirhams qui est annoncée. Concernant une soixantaine de projets, ces investissements devraient générer plus de 10.000 emplois directs dans la région. C’est le secteur des services qui enregistre le plus grand nombre de projets d’investissements (12), suivi de l’agroalimentaire (10). Le secteur immobilier/BTP/Tourisme enregistre, quant à lui, le plus gros investissement avec un montant de 2,7 milliards de dirhams, contre 1,8 milliard de dirhams pour le secteur de l’Energie. Sans omettre de préciser qu’à l’occasion des 40 ans de la Marche Verte du 6 novembre 2015, ce sont 77 milliards de dirhams qui seront alloués au financement de nouveaux projets de développement dans les provinces du sud. Industrie, agriculture, tourisme et santé, plusieurs secteurs sont concernés. araji@sp.ma

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L’AUBAINE DES RETRAITES COMPLÉMENTAIRES De par sa dénomination et même sa définition, une retraite complémentaire est optionnelle. Or, au vu de la crise du système des retraites au Maroc, elle semble devenir un choix inéluctable. Un marché d’avenir pour la bancassurance. Adiba Raji

Décidément, tout le monde devrait se mettre à la retraite complémentaire. «La retraite que je peux percevoir si je me limite au système actuel ne suffirait pas pour maintenir le niveau de vie que j’ai aujourd’hui et que je risque d’avoir encore jusqu’à l’âge de la retraite», affirme un cadre d’une grande entreprise, chose

que confirme un DRH d’une compagnie d’assurance: «Mon revenu est aujourd’hui au tour de 30.000 dirhams mensuels. La retraite CNSS au bout de 35 ans de cotisation ne dépasserait pas les 6.000 dans le meilleur des cas. Pensez-vous que cela me suffirait?». D’après un rapport de la Cour des comptes

La privatisation des retraites est visiblement une tendance irrévocable.

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sur le système de retraite au Maroc, le dispositif actuel couvre à peine un tiers de la population active, soit 3,4 millions d’actifs sur 10,5 millions. «Cette situation s’explique d’une part par l’absence de régimes de retraite obligatoire pour les professionnels indépendants et, d’autre part, par la faiblesse du taux de couverture du régime de la CNSS pour l’ensemble des salariés du secteur privé», déclare Hicham Abouayoub, directeur exécutif vie & bancassurance de RMA Watanya. «Nous constatons aujourd’hui une fragilité des équilibres financiers de nos régimes de retraite de base conjuguée à une faiblesse de la couverture de la population active», explique-t-il.

Nécessité Dans ce contexte, la retraite complémentaire est visiblement de plus en plus perçue comme étant une nécessité pour faire face à des régimes obligatoires peu rémunérateurs quand ils ne menacent pas faillite. «Les gens en raffolent, mais malheureusement ce sont surtout des initiés», explique un courtier. En effet, on compte en tout et pour tout aujourd’hui au plus 5 milliards de dirhams de primes émises sur le segment assurance vie et capitalisation. Ce qui représente à peine 31% du total des primes émises tous segments confondus (vie et non vie). Difficile d’avoir les chiffres exacts se rapportant exactement à la retraite complémentaire car, comme l’affirme Azzeddine Benali, chef de division assurances de personnes auprès de la DAPS, «ces chiffres ne concernent pas uniquement les produits de retraite, même s’ils en constituent l’essentiel. Ils comprennent également d’autres produits, comme l’épargne éducation par exemple». Conscient du rôle que devra jouer de plus en plus la retraite complémentaire pour épauler un régime obligatoire boiteux, l’Etat avait mis en place un produit des plus attrayants. Ainsi, en 1993, le gouvernement met en place l’épargne-retraite commercial-


Economie tions dans différents contrats du genre, provenant de divers revenus, contre 100% auparavant.

isée au niveau du réseau bancaire et assortie d’un certain nombre d’avantages fiscaux.

Revue à la baisse Il s’agissait d’une nouvelle déduction à caractère social se rapportant aux primes ou cotisations versées au titre de contrats d’assurance-retraite souscrits, individuellement ou collectivement sous forme de contrats d’assurance-groupe, auprès des sociétés d’assurances établies au Maroc, par les assujettis à l’I.G.R., quelle que soit la catégorie de revenus dont ils disposent. Mais, 22 ans après, l’Etat fera marche-arrière, rigueur budgétaire oblige. La loi des Finances 2015 viendra apporter ce qui peut être considéré comme le coup fatal à ce produit «miracle». En effet, l’exonération des cotisations relatives aux contrats d’assurance-retraite de l’Impôt sur le Revenu, en vue de la constitution d’une retraite complémentaire, a été revue à la baisse. La LF 2015 revient sur cet avantage fiscal en le limitant à la seule possibilité de constituer une retraite complémentaire à hauteur de 50% du

L’employeur a un rôle déterminant Hicham Abouayoub, directeur exécutif vie & bancassurance de RMA Watanya

Comment se comporte le marché des retraites complémentaires? Les fonctionnaires ainsi que les sa-

Pas de baisse

«Nous n’avons pas constaté de baisse des contrats de retraite complémentaire suite à la LF 2015», Boussaid

salaire net imposable, ou encore à hauteur de 10% de l’ensemble des cotisa-

lariés du privé manifestent un intérêt certain pour leur retraite et ont recours à des produits de retraite complémentaire sous forme de souscriptions individuelles, le plus souvent auprès des banques intermédiaires par souci de facilité de paiement des primes. Malheureusement, ils se heurtent à des difficultés administratives certaines pour faire valoir leur droit à la déductibilité des primes. A cet effet, les employeurs ont un rôle fondamental à jouer en aidant leurs collaborateurs à souscrire un complément de retraite par capitalisation en les faisant bénéficier de la déductibilité des primes à la source. Comment augmenter sa taille? Il est nécessaire de rendre obligatoire la souscription d’une retraite individuelle par capitalisation pour les professionnels indépendants. S’agissant des secteurs publics et privés, il faut inciter davantage les

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Mais, encore une fois l’absence de données exactes empêche de faire une appréciation scientifique et objective de l’impact des différentes décisions gouvernementales dans ce domaine. Ce qui est sûr, par ailleurs, c’est que la demande adressée à la retraite complémentaire est une demande inélastique par rapport au prix et avantages financiers. «Qu’il y ait des avantages fiscaux ou pas, ce n’est pas cela qui va m’empêcher de constituer une retraite complémentaire», assure ce jeune cadre auprès d’un promoteur immobilier de la place, chose que semble confirmer Mohamed Boussaid, ministre des Finances: «Nous n’avons pas constaté de baisse des contrats de retraite complémentaire suite à la LF 2015». La privatisation des retraites est visiblement une tendance irrévocable. A quand les fonds de pensions? araji@sp.ma

entreprises à recourir à des produits de retraite complémentaire par capitalisation. Quelle lecture faites-vous de notre système de retraite en général? Il y a des contraintes limitant l’efficacité du dispositif actuel. En effet, l’essentiel de nos régimes de retraite fonctionne selon le mécanisme de la répartition qui repose sur la solidarité entre génération des actifs et celle des retraités. Aussi, l’évolution des paramètres démographiques et économiques est de nature à peser lourdement sur l’équilibre financier de ces régimes. Nous constatons effectivement aujourd’hui une fragilité des équilibres financiers de nos régimes de retraite de base conjuguée à une faiblesse de la couverture de la population active, notamment les salariés du secteur privé et les professionnels indépendants qui ne disposent d’aucun régime de base.



ACTUMONDE

SANAE RAQUI

Compte tenu de son déficit démographique, l’Allemagne a compris le bénéfice économique qu’elle pouvait tirer de la vague migratoire actuelle.

LA FACE POSITIVE DE LA CRISE DES RÉFUGIÉS Alors que plusieurs pays de l’UE sont tétanisés par la vague de réfugiés aux portes de l’Europe, les économistes, eux, sont unanimes à estimer que l’immigration est très bénéfique pour l’économie européenne.

Dimanche 6 décembre, le Front National arrive en tête des élections régionales en France, avec 28,7% des suffrages exprimés. Un vote qui renvoie un message on ne peut plus

clair sur la peur de l’immigré que la crise des réfugiés n’a fait qu’exacerber davantage. Mais quel impact a-t-elle sur l’économie de l’UE? Une question à laquelle la Banque

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européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a répondu à travers un rapport publié récemment. En effet, si la crise des migrants affecte lourdement les économies des pays de transit du sud-est de l’Europe, notamment la Serbie et de l’Est méditerranéen (Turquie et Jordanie), elle aurait un impact «faible mais positif» sur la croissance de l’UE. «La Turquie accueille 2,5 millions de réfugiés et la Jordanie 1,5 million. Cet afflux massif impacte les services publics, les finances gouvernementales et les marchés du travail», explique l’institution dans son rapport sur les perspectives économiques des


ActuMonde régions qu’elle couvre (Europe centrale et orientale, rives méridionale et orientale de la Méditerranée, Russie et Asie centrale).

Faible impact Si l’immigration des réfugiés impacte les pays de transit, elle n’aurait pas autant d’effets négatifs sur le reste de l’Europe. D’ailleurs, les économistes européens sont unanimes sur ce fait. L’immigration actuelle n’est en rien un danger pour l’économie européenne, même en cette période de faible croissance et de chômage élevé. Mieux, à long terme, le processus d’immigration est considéré comme étant un facteur positif pour la croissance économique et les finances publiques, indépendamment de la situation démographique. Le même exercice a été effectué par les économistes de Citi Research. Le groupe affirme que l’impact budgétaire devrait rester faible sur les dépenses publiques des pays accueillant les réfugiés. La durée moyenne de traitement d’une demande d’asile est estimée à douze mois, période durant laquelle le demandeur est à la charge du pays d’accueil (pour un coût estimé à 1.000 euros par mois en moyenne). Toutefois, selon Citi Research, cet effort budgétaire devrait surtout concerner des pays comme la Hongrie, la Suède, la Finlande, l’Allemagne et l’Autriche… L’augmentation de dépenses publiques aurait, en fait, un effet plus tangible sur l’activité de la zone euro si une partie des réfugiés était redirigée vers des pays en plein emploi (Allemagne ou Suède) ou vers des pays à taux de chômage élevé (France, Espagne, Portugal).

Retombées positives Selon Citi Research, sur le marché de l’emploi de la zone Euro, la force de travail devrait croître de 900.000 individus à l’horizon de la fin 2017. Pour trouver du travail, les réfugiés trouveront des difficultés en matière de langue, de qualification et de bureaucratie, ce qui pourrait augmenter le chômage dans un premier temps. Une fois le droit d’asile

Si l’immigration des réfugiés impacte les pays de transit, elle n’aurait pas autant d’effets négatifs sur le reste de l’Europe.

délivré, le délai pour obtenir l’autorisation de travailler varie d’un pays à l’autre: immédiat en Grèce ou en Suède, trois mois en Allemagne ou en Autriche, six mois en Italie ou en Belgique, un an en France ou en Grande-Bretagne. En effet, à l’Hexagone, et malgré un taux de chômage supérieur à 10%, le Medef chiffrait, fin 2014, dans son étude annuelle, à 320.000 le nombre d’emplois non pourvus. Des postes dans tous les secteurs, de l’industrie aux services à la personne. Jean-Christophe Dumont, chef de la division migrations de

L’immigration actuelle n’est en rien un danger pour l’économie européenne 106 EconomieEntreprises Janvier 2016

l’OCDE, reconnaît qu’il est «plus compliqué d’accueillir des immigrés dans une économie dont le marché du travail est plus rigide». Pour les économistes, améliorer l’utilisation des compétences des réfugiés augmentera l’impact positif de l’immigration sur la fiscalité et la croissance. Selon les calculs de Natixis, l’arrivée des migrants pourrait représenter un surplus de croissance du PIB de 0,6% pour la zone euro et de 1% pour l’Allemagne dès l’année prochaine. Soit une croissance totale autour de 2,2% pour la zone Euro et de 3% pour l’Allemagne en 2016. L’opportunité économique est vue dans le sens où les pays de la zone Euro se retrouvent devant un essoufflement du progrès technique et à un vieillissement de la population pesant sur leur croissance économique potentielle à moyen terme. sraqui@sp.ma



MAUVAISE NOUVELLE La chute de Nhlanhla Nene, Premier ministre sud-africain, est interprétée comme une mauvaise nouvelle économique de plus pour le pays le plus développé d’Afrique. qui souffre d’une croissance anémique et des incohérences du gouvernement Zuma.

FRANCE Alors que le secteur du bâtiment entrevoit une embellie pour 2016, le nombre de Français mal logés atteint les 3,8 millions de personnes.

LEADER

GHOSN FACHÉ!

En cédant sa division de santé animale, Sanofi pourrait devenir leader mondial du médicament sans ordonnance.

Ça se corse entre l’Etat français et Carlos Ghosn, PDG de Renault et Nissan. L’Etat s’est assuré de l’obtention des droits de vote double, prévus par le législateur pour encourager l’actionnariat de long terme. Si l’Etat sortira sensiblement renforcé par l’opération, Nissan, actionnaire à 15% de Renault, demeurerait sans droits de vote. 108 EconomieEntreprises Janvier 2016


TURQUIE Daech, réfugiés... seize ans après avoir été officiellement reconnue candidate, l’Union Européenne relance l’adhésion de la Turquie, mais sous condition.

BRÉSIL

COP 21

VEOLIA SERRE LA CEINTURE

Accusée d’avoir falsifié les comptes de l’Etat pour faciliter sa réélection en 2014, la présidente Dilma Rousseff pourrait être destituée en février.

Après presque deux semaines de négociations, les 195 pays de la COP21 se sont engagés à réduire le réchauffement climatique à moins de deux degrés.

Le numéro un mondial du traitement de l’eau et des déchets va réduire ses coûts de plus de 600 millions d’euros d’ici à 2018.

CHARBON Selon les dernières prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, la croissance annuelle de la demande mondiale de charbon, qui était de 3,3% en 2010 et 2013, sera à peine de 0,8% à l’horizon 2020.

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POINT DE VUE

ABDELHAMID BERRADA

L’AIR DU TEMPS, BONNE ANNÉE...

A

défaut de me croire sur parole comme sur écrit, ce que je vais avancer est attesté, constaté et confirmé par la télé, les journaux, les réseaux sociaux, les réseaux occultes, les sources sûres comme les taries, les moins sûres comme les mal informés, les ceux qui savent tout avant les autres et qui pour appuyer leurs dires jettent la tête en arrière et les yeux très haut et en arrière façon certification sans recours, les qui ne savent rien et prétendent tout savoir, les généralement bien informés par des généralement anonymes, par discrétion ou par égo-centrisme (un syndrome en phase d’expansion pandémique exponentielle), je disais donc, c’est tout aussi confirmé par le bouche à oreille(s), que par les rumeurs non confirmées, l’année dernière a passé, bien passé, trépassé même, dans la rubrique des «has been». Ouf, quel élan de verbe, il fallait avoir du souffle! Une fin d’année prévisible, prédestinée, attendue depuis son avènement le premier jour de sa naissance, un premier janvier. Echéance patiemment attendue trois cent soixante cinq jours durant, un modèle d’endurance. Cette année, nous n’étions jamais impatients d’en finir, non, jamais! Qui oserait nous affubler de cette incongruité d’impatience. Alors qu’ en fait, pour information, nous sommes juste des hommes et des femmes pressés. Pressés de ne pas perdre de temps, pressés par civilité atavique, d’impairs en files, pressés d’arriver avant les autres pour leur libérer la place à ceux qui nous suivent, aux obligés de la queue, notre empressement est de pur altruisme, désintéressée empathie (faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui..., dictionnaire Larousse) et baratin. Que de la bienséance et de là «gentlemanie», faisant fi des invectives des suivants qui n’auront rien compris à la civilité. Cette bienséance qui nous est enviée par tous ceux qui ne sont pas les meilleurs du monde, a l’avantage de fonctionner partout, cinémas, aéroports, pâtisseries, hammams, bains douches et bains maures, arrondissements, en résumé, partout où la queue est de règle. Il faudrait remercier avec une reconnaissante déférence tous ceux qui nous doublent, ces

héros de la file, ces resquilleurs de la file, queue-jumpers en British, libérant de l’espace pour nous faire gagner un temps précieux! maginez qu’on attende chacun son tour, non seulement nous n’avancerions jamais mais nous ouvririons la brèche à la dictature de la queue. Revenons à notre année dernière, Voilà-t-il que par notre inépuisable patience, nous nous sommes vite projetés en l’an 2016 que nous espérons plus prodige en grâce que la précédente. Alors, bonne année, bonne santé, tous les meilleurs vœux etc. etc. etc. Et tant qu’on y est et pour le même prix, voilà en quelques aphorismes, par ordre d’importance, des postulats indispensables à la concrétisation de toutes nos attentes. • Plus de patience encore, pour le temps qu’elle nous fait gagner. • Un gros paquet de crédulité pour gober sans restriction les promesses promises par nos édiles. • Une attention détournée de ce qu’il ne faut pas voir. • Un sens critique émoussé. • Une ouïe moins fine. • Un œil moins perçant pour un regard moins regardant. • Une bonne dose d’imagination, postulat le plus important, mettant à contribution, la célébrissime méthode Coué, exprimée dans toute sa quintessence en ce qui suit: Si un souhait nous tient à cœur, nous nous imaginons que sa réalisation va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, nous obtiendrons le maximum du souhait qu’il est possible d’obtenir. Voilà en substance, la docte philosophie du sieur Coué, approximativement adaptée à notre entendement complaisamment versatile. L’imagination en tant qu’instrument de réalisation, fallait l’imaginer. Définitivement plus efficace que les promesses et assurément moins engageant! Encore une une fois, meilleurs vœux, de bonne année, de bonne santé, de grande patience et à février! 2016 bien évidemment.

I

Architecte DPLG

110 EconomieEntreprises Janvier 2016




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