EDITO
N°179 Mars 2015
DAECH, UNE FATALITÉ ? Le Maroc est désormais dans le collimateur de Daech. Cette organisation, dite islamique, fait peur. Pas tant pour la terreur qu’elle s’efforce à diffuser à coups de vidéos meurtrières à la cruauté dépassant les capacités descriptives de la langue. Mais surtout par ses victoires sur le terrain face à des armées régulières, appartenant à des Etats, elle, le petit groupuscule sorti de nulle part! Le cas Daech n’est pas nouveau dans l’Histoire de l’Humanité. Des théoriciens de la chose politique, un certain Ibn Khaldoun, notamment, relatent que les cités sont souvent confisquées puis guidées par des groupes d’extrémistes, de puritains, voire de barbares. Les exemples ne manquent pas. Les Mongols, des paysans d’Asie de l’Est sans civilisation connue, ont fait tomber Bagdad, alors capitale du Monde. Ils se sont arrangés pour en détruire toute manifestation de développement jetant, au passage, les livres de sa bibliothèque légendaire dans les eux de l’Euphrate. Comme les Daech, les Mongols, conduits par un certain Gengis Khan, semaient la terreur là où ils passaient. Les Américains, peuple formé de rejetés de la société européenne du 17ème siècle, ont eu le dessus sur les armées de His Majesty, etc. Au Maroc, la majorité des dynasties régnantes sont parties de petits patelins reculés pour conquérir le centre. Elles sont souvent animées par le même idéal: réformer la religion. Quand les rapports de force basculeront du côté Nord de la Méditerranée, un deuxième crédo s’ajoutera: combattre le colon chrétien mécréant. L’Histoire nous apprend aussi qu’après la confiscation du pouvoir, l’extrémisme et la barbarie se transforment, par la magie du maillage, en civilisation. C’est ainsi que l’Humanité a pu avoir l’Andalousie des Almohades avec la tolérance et l’ouverture d’esprit exceptionnelles l’ayant marquée ou encore la splendeur actuelle des Etats-Unis, bien que ces deniers soient encore dans une logique guerrière. Daech, une fatalité? J’espère de tout mon cœur que non. Mais il serait en revanche suicidaire de prendre cette menace à la légère. Si Ibn Khaldoun & Co’, Machiavel entre autres, nous renseignent sur le processus de constitution et chute des Etats, ils sont, en revanche, peu bavards quant à la conservation du pouvoir. Comment éviter le pire? Cela se saurait si une quelconque formule pratique existait. Cela dit, étant donné que la préservation du socle social est un travail de tous les jours, l’évidence voudrait qu’il faille persister sur la voie de la réforme, de la démocratie et de la modernisation de façon à rendre les masses intégralement partie prenante du processus de gouvernance. Avec cela, les Européens ont vu la mortalité de leurs Etats diminuer significativement. En France, on change de Constitution mais pas de modèle, depuis plus de deux siècles. Idem en Grande Bretagne, aux USA, etc. A cela, il faut ajouter une meilleure création des richesses, une meilleure valorisation de l’individu et de l’utilité de son effort, une meilleure justice, sociale notamment, etc. Cela sachant que l’Histoire a sa propre logique. Espérons qu’elle sera du bon côté. E|E
Abdelkader Amara Le ministre a apporté à son département une touche particulière éprouvée durant des années de travail dans l’ombre.
036 Vous avez des commentaires sur les articles de cette édition, partagez-les avec les journalistes par mail, ou en écrivant à la rédaction sur ee@sp.ma
003 006 Confidentiel 011 Point de vue Hassan M. Alaoui, L’indicateur qui ne trompe pas
013 Décryptage 024 Enquête Maghreb Steel Un investissement titanesque mais complètement déconnecté du marché. Le tant sublimé champion national de la sidérurgie est en train de faire courir un réel risque systémique au système bancaire, voire à l’Etat. Impossible de le lâcher cependant. Serait-ce un «too big to fail!» ? 024 Un géant aux pieds d’argile 028 Mal ficelé mais politiquement correct 032 «Nous faisons face à une conjoncture inédite» 034 Après le naufrage, le mirage ?
036 Interview Abdelkader Amara, Ministre de l’Energie et des Mines
042 Economie 042 048 052 056
Agriculture, le Cannabis à l’ère des OGM Immobilier, le Fisc se mêle des prix Energie Éolienne, illusoire industrialisation? Investissements Publics 36 milliards misés sans visibilité
ntaoufik@sp.ma
Mars 2015 Economie|Entreprises
Le Cannabis à l’ère des OGM Alors que le Maroc est en plein débat sur la légalisation de la culture industrielle du cannabis, les agriculteurs du Rif sont déjà dans une logique de mondialisation de la demande.
056
36 milliards misés sans visibilité
042
060 004
Tunisie Toujours en salle d’attente 060 Dossier Tunisie Face aux défis, les solutions de sortie de crise sont limitées 060 Toujours en salle d’attente 064 Un modèle à réinventer 066 Essebsi dans le flou ! 068 «La révolution a révélé des courants passéistes» 070 Maroc/Tunisie: les 5 stéréotypes
078 Point de Vue 114
082 084
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L’ambition industrielle de l’OCP à la merci du marché Avoirs à l’Etranger, rien à craindre! Hydrocarbures, le trésor dormant des pétroliers
088 Finances
Abdelhamid Berrada De retour à Casazbelistan
Economie & Entreprises Mensuel édité par Success Publications sarl
073 Actualité Nationale 078 Entreprises 078
L’ambition industrielle de l’OCP à la merci du marché
Supplément BTP Mars 2015
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Attijariwafa Bank, Qui a le X-Factor? L’offensive de Disway donne ses fruits Maroc Telecom, 2ème d’Afrique!
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Economie|Entreprises Mars 2015
LA MACHINE REDÉMARRE
Supplément EIE Mars 2015
Les 500 Edition 2014
CONFIDENTIEL
Indiscrétions
Plan Solaire Tata et Midelt en lice
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Le Tramway de Tanger ne sera pas français C’est fait! La ville du Détroit aura son tramway et c’est la Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles (STIB) qui aurait présenté l’offre la plus convaincante à en croire un responsable à la Wilaya de Tanger. STIB, qui opère les 20 lignes du réseau de tramway de Bruxelles, a proposé le canadien Bombardier pour équiper l’infrastructure tangéroise. Tout comme le modèle emprunté par Casablanca et Rabat, STIB devrait s’associer à Tanger pour l’exploitation des deux lignes de la ville. L’entrée du canadien sur le champ des infrastructures de transport au Maroc apportera sans doute son lot de concurrence sur ces marchés publics.
Doing Business Le Maroc, c’est Casablanca Que vaut le rapport Doing Business de la Banque mondiale? Ce classement qui mobilise tout l’Exécutif, afin d’y gagner quelques précieuses places d’année en année, ne semble pas aussi «crédible» que cela. En effet, pour ce qui est du Maroc en tout cas, une source gouvernementale avance que la Banque mondiale se contente de sonder essentiellement les opérateurs du Grand Casablanca! Pourquoi faire compliqué? Economie|Entreprises Mars 2015
Juste après l’annonce de l’adjudicataire de Nour 2 et 3, Masen s’apprête à lancer les prochains appels d’offre concernant les autres centrales. Il s’agit de la centrale de Tata qui sera lancée en septembre 2015 et celle de Midelt prévue pour mars 2016. Les terrains des centrales seraient déjà sécurisés par l’Agence solaire. Dotées de capacité de 500 MW chacune, les centrales devront être financées, entre autres, par des prêts de la KfW. Des plans de développement local sont aussi en préparation, en partenariat avec l’agence de coopération allemande GIZ. Des ateliers de diagnostic ont déjà été réalisés pour garantir une implication des populations locales.
P
our attaquer l’Afrique, le groupe Akwa vient de créer une holding dédiée au nom d’Akwa Africa, dotée d’un
1
milliard d’euros, c’est le montant des aides que devrait accorder le gouvernement allemand via son ministère du Développement social aux pays de la région Mena. Particulièrement visés, le Maroc, la Tunisie, la Jordanie et l’Egypte. Ces dons devraient être échelonnés sur une période de trois ans et permettraient d’étendre l’influence de l’Allemagne sur le pourtour méditerranéen.
capital de 1 milliard de dirhams. En plus de la participation des filiales du groupe, le tour de table compte également quelques institutionnels de la place. Depuis plus de deux ans, le groupe Akwa sillonne l’Afrique francophone à la recherche d’opportunités dans la distribution d’hydrocarbures.
A
près le départ de Abdellatif Zaghnoun à la CDG et son remplacement par Omar Faraj aux Impots, le poste de directeur des domaines privés de l’Etat est resté vacant. C’est, selon nos sources, Samir Tazi, homme fort de la Direction des établissements et participations publics (DEPP) qui est pressenti à ce poste. Avant d’être à la tête de la DEPP, le très discret Tazi a été directeur du Budget au ministère des Finances.
Casablanca Le RER relancé
Electricité L’axe Maroc/Portugal/Mauritanie
Le projet du RER de Casablanca n’est pas totalement enterré. Selon une source d’E&E, il sera relancé mais sous la forme d’un train-tramway. C’est-àdire qu’il va rouler en train à l’extérieur de la ville et en tramway à l’intérieur. Ce mode en vogue actuellement en Europe a l’avantage de répondre mieux aux contraintes techniques et de coûts. Les études de faisabilité sont en cours. Elles devront être bouclées fin 2015. Suivront ensuite les montages financiers et institutionnels. Le financement sera supporté par l’ONCF et la ville de Casablanca. Pas de visibilité, en revanche, sur le démarrage effectif des travaux.
En plus d’une troisième connexion électrique avec l’Espagne relancée récemment, le Maroc entend en négocier une autre avec le Portugal et installer une cinquième avec la Mauritanie à partir de Dakhla. Si ce schéma aboutit, le Maroc devra constituer une sorte de pont électrique et plus généralement énergétique entre l’Europe et l’Afrique dans le cadre du programme Medgrid.
Lazrak choisit les Rotschild Le groupe Alliances vient de faire appel à Rotschild, afin d’apporter les touches nécessaires à sa restructuration financière. Pour établir une feuille de route dans ce sens, l’entreprise fera appel aux services de la banque française Rotschild pour finaliser un nouveau business plan et l’accompagner dans sa mise en place.
Après le scandale du gazon du stade Moulay Abdellah ayant coûté son poste à Mohamed Ouzzine, les autorités compétentes semblent finalement avoir tranché pour la solution la plus radicale: supprimer tous les gazons synthétiques des stades ne répondant pas aux normes FIFA. L’herbe artificielle sera en effet remplacée par du gazon naturel. Nos sources parlent d’un marché de 200 millions de dirhams. E|E
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FranklinCovey Mars 2015
Musa Al-Sadoon MD FC Middle East
La Culture, l’avantage compétitif ultime de l’entreprise Partant du principe que le capital humain est la clé de réussite de l’entreprise, FranklinCovey accompagne les entreprises marocaines dans les challenges qu’elles doivent relever.
Vanessa Hopwood Business Development Director FC Middle East
Notre vision est d’avoir un impact profond sur la façon dont les personnes vivent, travaillent et réalisent leurs objectifs
D
ans un contexte concurrentiel de plus en plus acharné, une entreprise aura beau investir dans son matériel, ses locaux, ses outils opérationnels… sans un capital humain efficace, capable d’offrir une grande valeur ajoutée, elle ne saura certainement pas s’imposer dans son environnement et faire la différence face à la concurrence. C’est dans ce sens que le cabinet international FranklinCovey a fait le choix de s’installer au Maroc pour offrir aux entreprises nationales la possibilité d’être accompagnées par des professionnels de la valorisation du capital humain et qui ont déjà fait leur preuve dans une centaine de pays. « Notre vision est d’avoir un impact profond sur la façon dont les personnes vivent, travaillent et réalisent leurs propres grands objectifs », explique Musa Al-Sadoon, directeur de FranklinCovey Middle-East. Notons que FranklinCovey Middle-East, représentant de FranklinCovey dans le Moyen-Orient depuis 1999, a choisi le Maroc pour y installer sa filiale en 2014 afin de couvrir la région Afrique du Nord. Pour ce faire, le cabinet capitalise sur une expérience acquise depuis plusieurs décennies, qui lui a permis de former plus
de 25 millions de personnes dans le monde. Reposant sur le chemin tracé par le fondateur Stephen R Covey auteur du best-seller « Les 7 Habitudes de ceux qui réussissent tout ce qu’ils entreprennent », FranklinCovey s’est imposé comme la référence mondiale du développement organisationnel. Il suffit de citer quelques références prestigieuses du cabinet pour mesurer l’importance qu’il occupe aujourd’hui dans le domaine de la gestion des ressources humaines. Se sont près de 90% des entreprises du classement Fortune 500, parmi lesquelles Marriott, Apple, Microsoft, Motorola… Au Maroc, l’accompagnement devrait se faire en se basant sur les mêmes valeurs du cabinet à l’international. Il s’agit de l’attachement aux principes, la recherche d’un impact durable sur le client, le respect de la personne, ainsi que la croissance rentable. Pour Vanessa Hopwood, Directrice du Développement « Le Maroc représente une formidable opportunité pour FranklinCovey dans le cadre de son expansion en Afrique du Nord, tant par sa position stratégique que par la maturité de ses leaders, qui cherchent aujourd’hui à faire la différence tant sur la place nationale qu’internationale ».
Publi- reportage
« Notre offre est globale et intégrée » L’offre de FranklinCovey concerne sept domaines stratégiques de l’organisation, allant du leadership jusqu’à la fidélisation des clients. Que représente le Maroc pour FranklinCovey ? La spécificité de notre installation au Maroc est qu’elle s’est faite dans l’optique Omar Fares de la création Business Development FC Maroc d’une filiale à part entière et non seulement d’un bureau de représentation. Cela dénote de la confiance du cabinet dans la stabilité politique, économique et sociale du pays, mais également dans la manière avec laquelle les entreprises et le gouvernement approchent les sujets de la gestion des ressources humaines. D’ailleurs, nous avons constaté que de plus en plus d’organisations au Maroc ont troqué leurs directions des ressources humaines au sens classique pour les remplacer par des directions du capital humain. Cela confirme la prise de conscience de l’importance de l’humain pour réussir les challenges que doit relever l’entreprise. Concrètement, comment se décline votre offre de formation? Les offres de formation classiques en matière de développement personnel agissent directement sur le changement de comportement. Cela donne effectivement certains résultats et une légère amélioration des performances. Chez FranklinCovey, nous agissons plutôt sur les paradigmes, qui définissent la façon de percevoir le monde de chaque individu. Et cela donne des résultats extraordinaires. Chez FranklinCovey, nous aidons les entreprises à développer des leaders à trois niveaux différents : s’autogérer, gérer une équipe, et gérer des leaders. Et, à chaque niveau, nous nous concentrons sur deux domaines essentiels : le caractère (la capacité à attein¬dre l’efficacité personnelle et interpersonnelle) et l’aptitude (la capacité à atteindre des résultats durables).
Notre offre ne doit pas être perçu comme une formation du personnel au sens propre. Elle est plutôt un processus d’accompagnement de l’entreprise qui peut s’étaler sur plusieurs mois et faire appel à des outils innovants. Globalement, nous partons du principe que la culture est l’avantage compétitif ultime de toute entreprise, et il faut lui donner les outils pour ressortir le potentiel dont il dispose. Quels sont les domaines que vous couvrez ? Nous couvrons plusieurs domaines à travers notre offre et qui ont une importance stratégique pour les organisations. Il s’agit, par exemple, du leadership où l’offre du cabinet consiste à développer, au sein de l’organisation, des leaders d’équipes efficaces gérant des collaborateurs en vue de l’atteinte des objectifs. Il y a ensuite le domaine de l’exécution. Grâce à l’accompagnement de FranklinCovey, l’entreprise pourra mener à bien son processus de changement de manière à permettre une exécution efficace de sa stratégie. C’est le cas aussi dans le domaine de la productivité où l’offre du cabinet consiste à permettre aux équipes de prendre les bonnes décisions à même d’assurer une excellence dans l’exécution, particulièrement dans un contexte fortement concurrentiel. A travers un processus dédié, l’organisation peut également s’attaquer au renforcement de la confiance des collaborateurs et leur engagement, de manière à rendre le travail plus rapide et réduire ainsi les coûts. C’est dire que FranklinCovey se présente aujourd’hui devant les organisations marocaines avec une offre d’accompagnement globale et intégrée qui devrait leur permettre de tirer le meilleur de leur capital humain. Afin que nos clients se fassent une idée de notre démarche, nous organisons régulièrement des demi-journées de présentation ainsi que des formations inter-entreprises. D’ailleurs, la prochaine se déroulera à Casablanca du 19 au 21 mai prochain.
Le Maroc, une formidable opportunité pour notre expansion en Afrique du Nord
FranklinCovey, c’est 25 millions de dirigeants formés dans le monde
www.franklincoveymaroc.com
POINT DE VUE
Hassan M. Alaoui
L’indicateur qui ne trompe pas La crise serait-elle derrière nous? A en croire l’Institution de Washington, le Maroc devrait connaître une croissance de 4,4% en 2015 et 5% en 2016 et ceci, après une année 2014 qualifiée de médiocre, plombée par une faible performance agricole. Le Fonds monétaire international avance même que la croissance restera robuste dans les années à venir, tant que «la demande extérieure et la confiance intérieure se redresseront». Même le Centre marocain de conjoncture, réputé pour ses jugements critiques de l’économie depuis quelques années, reste confiant. Pour ce dernier, tous les facteurs qui agissent sur la croissance affichent une amélioration
2011. La Monarchie, pour sa part, opère un retrait tactique et c’est ainsi qu’il faut lire les longs voyages récurrents du Souverain. Si ces déplacements peuvent inquiéter les élites qui s’empressent de gérer leurs affaires courantes dans l’urgence, la portée de
jeu magique, une machine viendra remonter le temps, afin de revenir à l’ambiance «folle» des 10 Glorieuses. La cascade de plaintes dans les milieux économiques et de contrôles fiscaux à l’encontre de certains secteurs phares, et plus précisément l’épilogue
de août 2014, qui soulignent la porosité entre immobilier et banque. Sauf que là ça vient de la bouche d’un étranger et que ça a été dit devant 1.000 officiels et dirigeants de grandes entreprises. Le secteur bancaire devra rendre des comptes sur les mauvaises décisions prises pendant les années folles. Cela est inévitable. Tout comme la bulle immobilière implosera un jour ou l’autre, même si le gouvernement veut réduire son impact en introduisant des «mesurettes», comme celle de la Direction Générale des Impôts. Il faut savoir que la loi du marché est plus forte que la volonté politique du gouvernement. La réunion qui s’est tenue
«Le secteur bancaire devra rendre des comptes sur les mauvaises décisions prises pendant les années folles. Cela est inévitable.» sensible, avançant par là même que la croissance, en 2015, se situerait autour de 5,1%. Grâce essentiellement à une pluviométrie abondante, les premiers signaux de reprise dans les pays partenaires, aux ajustements monétaires opérés par Bank Al-Maghrib, notamment en réduisant le taux directeur à deux reprises, en moins de trois mois. A cela s’ajoute une conjoncture politique nationale très positive, il faut le reconnaître. Le gouvernement Benkirane a réussi à bien jouer son rôle et à s’intégrer dans le sillage tracé par la Constitution de
ces séjours est à apprécier comme une volonté d’accroître la délégation des pouvoirs à l’exécutif. Ce constat est en soi un facteur de stabilité pour notre pays dans le contexte régional. Mais la vigilance est de mise. Certains indicateurs qui ne trompent pas, couplés d’une ambiance morose, animent les discussions de salon dans les milieux économiques. Les enquêtes et les scandales politico-financiers de certaines personnalités proches du pouvoir - il y a à peine quelques mois inquiètent les opérateurs qui espèrent toujours que, par un
de la SNEP, a été une douche froide pour tous ceux qui pensaient un jour faire appel à l’épargne publique, et ceux déjà en bourse actuellement. Le risque systémique sur les banques est aussi un des indicateurs à garder à l’œil. Lors du dernier Forum de Paris, organisé par notre confrère L’Economiste, l’éminent économiste français Christian de Boissieu a mis le doigt sur la plaie. «Après chaque crise immobilière, il s’en suit une crise bancaire». En réalité, De Boissieu ne nous apprend rien. Il n’a fait que rappeler les conclusions de l’enquête d’Economie & Entreprises
à Paris, fin février, et qui a regroupé autour d’une même table les trois plus grands promoteurs immobiliers du Royaume est la preuve que l’immobilier, qui a drainé 30% des engagements des banques, est en train de fragiliser notre économie. Il est grand temps d’améliorer la gouvernance bancaire et de l’isoler du politique, une bonne fois pour toute. C’est une condition sine qua non pour un secteur bancaire fort capable de financer l’économie dans ses hauts et ses bas. E|E halaoui@sp.ma
Mars 2015 Economie|Entreprises
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DÉCRYPTAGE
Economie|Entreprises|BUZZ DU MOIS
«La crise immobilière est toujours suivie d’une crise bancaire. C’est un classique»
Joaquin Almunia Guest Star de Benamour
Christian Deboissieu Professeur à la Sorbonne Une déclaration formulée au Forum de Paris-Casablanca Round, tenu, en février, dans la capitale économique. Au moment où les failles du secteur immobilier national éclatent au grand jour, il serait impératif de faire monter la vigilance dans le secteur bancaire à son plus haut niveau.
Retour aux sources à la CDG La nomination par le Souverain de Abdellatif Zaghnoun à la tête de la CDG tombe à point nommé au vu de l’état chaotique dans lequel se trouve le groupe, notamment en termes de gouvernance. Ceux qui connaissent de près l’ancien homme fort de la Direction des Impôts le disent compétent et discret. Sa nomination marque le retour de la CDG dans le giron des cadres du ministère des Finances. Il faut s’attendre à ce qu’elle sorte des radars pendant un certain temps avec tout ce que cela implique en recentrage stratégique.
Un président de Conseil de la concurrence à l’arrêt qui invite un ex-commissaire européen à la Concurrence. Joaquin Almunia, grande figure du PSOE espagnol sera, en effet, la star d’une conférence internationale organisée ce mois par le Conseil de Benamour sur l’impact des politiques industrielles et concurrentielles sur la croissance économique. Un thème tellement consistant qu’il vaut mieux pour en débattre d’être bien dans ses bottes.
Partenariat Deauville Une présidence Maroc risquée Le Maroc visiblement peu impliqué dans le partenariat de Deauville se verra, en mai prochain, hériter de sa co-présidence, la dernière de la vie du premier programme. Il aura en particulier à gérer un reliquat de 300 millions d’euros et la négociation de l’éventuelle reconduction du partenariat. Une tâche rude pour laquelle le pays est peu préparé. Le dossier devra atterrir chez Mohamed Boussaid, ministre des Finances, un monsieur qui aime les défis.
Mars 2015 Economie|Entreprises
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DÉCRYPTAGE Inventif
Ultra-actif
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La 3ème édition du salon Halieutis a été un succès. Organisé sous l’égide du département Akhannouch, dans sa région, à Agadir, l’évènement aura été l’occasion pour le ministre d’afficher un dynamisme sans précédent. «Entretien tous azimut pour Akhannouch», titrait ainsi L’Economiste dans l’une de ses dépêches. Les équipes du ministre ne devront pas lâcher prise de sitôt car, dans moins de deux mois, elles auront à gérer l’évènement de l’année pour leur département: le SIAM de Meknès.
Bousculé En quelques jours, Alami Lazrak a dû accorder plus d’interviews qu’il n’en a fait depuis qu’il a créé son groupe immobilier Alliances. Une offensive médiatique menée pour réparer le mal fait par l’annonce de la saisie de ses biens dans le cadre du règlement d’un litige judiciaire mais aussi et surtout pour réparer les dégâts causés par les déboires de son activité BTP.
Economie|Entreprises Mars 2015
Discret, mais déterminé. Une étiquette qui collerait bien à Rachid Talbi Alami, président du Parlement. Ce dernier vient de mettre en place ce que l’on peut appeler une fronde menée à l’encontre du SGG. Il s’agit d’un Bulletin Officiel propre à l’hémisphère. Une mesure simple d’apparence, mais dont les retombées seront considérables à plusieurs égards.
Ecoles Privées Murs en couleurs L’enseignement privé au Maroc n’a visiblement de privé que le nom. Face à la décision du gouvernement d’interdire à ses enseignants les vacations dans les écoles privées, celles-ci sont montées au créneau pour exprimer leur incapacité à se passer de ce corps de professeurs. Autrement dit, elles n’ont pas les moyens, humains du moins, de leur positionnement. Mieux, pour combler le manque, il leur faudra 6 ans de phase transitoire. Que vend le privé finalement au Maroc: des murs en couleurs ?!
Homogéneité Rif n’est pas Darâa Le découpage des 12 nouvelles régions a posé problème pour certains, mais a rendu justice à d’autres. Ainsi, les Rifains, qui se voyaient tous logés dans une même structure homogène, aussi bien ethniquement qu’historiquement, se sont retrouvés coupés entre Nord et Est. En revanche, la zone de DarâaTafilalet, présentant un degré d’homogénéité comparable, s’est vu rétablie devenant une région à part entière avec Er-Rachidia comme chef-lieu. Auparavant Darâa relevait du Souss-Massa.
Chorfas La fin d’une époque ! L’Intérieur fera désormais la chasse aux cartes dites des Chorfas. C’est une manière à peine voilée de limiter la prétention à ce titre jadis source de respect, voire de gloire. En agissant de la sorte, l’Etat fait le choix de couper avec un pan de la société ayant activement contribué à former le système makhzenien, dont la forme la plus aboutie a été formalisée par le Protectorat français. Une autre vraie étape de franchie sur la voie d’un Maroc moderne et démocratique.
RAM après Sénégal Airlines ? Une compagnie émiratie devrait reprendre 30% de Sénégal Airlines. Une information dont s’est fait écho la presse africaine en février. Si le deal est encore en discussion, il donne quand même à réfléchir quant à un scénario similaire pour la RAM. Les compagnies émiraties spécialisées dans les moyens et longs courriers et ne disposant pas de relais africains verraient bien le hub casablancais tomber dans leur giron. La compagnie nationale en aurait bien besoin, afin de voler encore plus haut.
Abdelilah Benkirane Maladroit ? Le chef du Gouvernement s’est attiré les foudres des supportes du WAC, et d’un certain public du foot, en accusant la Fédération de servir les intérêts du PAM et ce dernier de chercher à mettre la main sur plusieurs clubs sportifs.
«Les entreprises japonaises au Maroc créent plus de 30.000 emplois. Cela contribue beaucoup à l’essor du pays». Tsuneo Kurokawa Ambassadeur du Japon Les propos tenus par le chef de la diplomatie japonaise au Maroc, dans une interview accordée au Reporter, en dit long sur la volonté de son pays à avoir une place plus importante dans l’agenda économique du Maroc. Jusque-là discret, les Japonais ont visiblement décidé de prendre les devants.
DÉCRYPTAGE
Richbond en bourse ?
CNSS Plus de déclarés
Pour fêter ses 50 ans, Richbond a lancé en février une large campagne presse, affiche Engagement La famille Bensalah au complet lors de l’inauguration de la Galerie H à Casablanca. Mohammed publicitaire à l’appui. Hassan, Président de Holmarcom, à sa droite Madame Latifa Etrangement, c’est le Bensalah, épouse de Feu Abdelkader Bensalah, Miriem, Kenza type de campagnes (à gauche) et Fatima Zahra (à droite). Galerie H est un espace précédant généraledédié à l’artisanat et au design et qui confirme l’engagement du groupe Holmarcom depuis plus de 50 ans dans le mécénat, ment les introductions cette fois ci à travers une démarche artistique et socio en Bourse. Karim Hajji économique. l’avait annoncé: l’année 2015 sera celle de La revanche Le culte de la la reprise des introd’El Khalfi schizophrénie ductions. Richbond a Les émissions sur la crimiEst-ce qu’un fonctionnaire dans ce sens toutes nalité seront suspendues. peut exprimer des positions les chances d’être un Une mesure annoncée par politiques sur un média? Mustapha El Khalfi, ministre papier prisé. C’est la question que pose de la Communication. Mais que vaut une telle annonce alors que, on le sait, El Khalfi n’a pas vraiment la main sur le programme des chaînes publiques?
Textile Informel et fier ! Sur les 39.000 postes d’emplois perdus dans l’industrie en 2014, 37.000 l’ont été dans le textile, selon les chiffres du HCP! C’est pour le moins catastrophique pour ne pas dire apocalyptique! Interrogé par une radio de la place, Mustapha Sajid, président de l’Amith, rejette en bloc ces chiffres arguant que le secteur affiche une croissance de l’activité qui cadre mal avec autant de pertes. Pour régler le dilemme, il avance que celles-ci sont retombées dans l’informel. En clair, il s’agit d’une migration massive des textiliens du formel vers l’informel. Une manière de pincer le gouvernement. Mais c’est un piètre sort pour un secteur qui était à un moment sensé jouer les premiers rôles dans le développement du pays et sur lequel l’Etat a beaucoup misé.
l’affaire de la suspension du Docteur Chafik Chraibi de ses fonctions en tant que chef de service de la Maternité au CHU de Rabat, suite à des déclarations pro-légalisation de l’avortement, accordées à France 24. Le plus curieux dans cette affaire est que, interrogé sur Radio 2M, le ministre de la Santé Houcine Louardi s’est dit partager la position de Chraibi. Pourquoi l’avoir sanctionné alors? Pour faire plaisir à l’aile conservatrice du gouvernement? Mais une telle ambigüité ne fera que renforcer la crédibilité des revendications progressistes.
Le nombre de salariés déclarés à la CNSS atteint aujourd’hui les 3 millions. Ils sont quand même quelque 600.000 à travailler encore au noir, selon les estimations de la Caisse. En tout cas, sur ce total, ils ne sont que 3% à être syndiqués, selon les résultats d’une enquête HCP. C’est dire le faible niveau de la pression syndicale. Donc, en somme, l’amélioration du nombre des salariés déclarés émane davantage d’une volonté de transparence assumée par les entreprises que d’un acquis arraché par la lutte syndicale. Merci les patrons.
Pauvre classe moyenne ! Les ménages marocains dépensent aujourd’hui deux fois plus qu’il y a 10 ans. C’est le constat que fait une étude de l’ONDH. Une moyenne qui cache mal l’explosion de plusieurs dépenses classiquement supportées par l’Etat, comme l’enseignement. La Vie Eco, dans son édition du 6 février, annonce que le budget annuel d’un enfant de varie entre 50.000 dh pour les trois premières années pour atteindre 100.000 dh au lycée-collège. Au supérieur, c’est bien entendu autour du double. En somme, ces frais absorbent plus de 20% des revenus des ménages. D’où la limitation du nombre des naissances dans les ménages marocains. C’est pour dire que la défaillance du service public est venue annuler tous les progrès enregistrés en termes de niveau de vie. Mars 2015 Economie|Entreprises
015
DÉCRYPTAGE
Casa, l’iceberg !
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Casablanca vient de détailler son plan de travail 2015 pour améliorer le climat des affaires, aider à créer plus de valeur ajoutée et attirer davantage d’investissements, lors d’une réunion tenue au siège de la wilaya rassemblant autorités et acteurs économiques. Ce jour-là, les problèmes de stationnement autour de la Wilaya étaient criants, la veille, un SDF mourrait sous les décombres d’une partide de l’hôtel Lincoln. Cela sans parler de la mendicité ambiante au centre-ville. Des manifestations de malaise socioéconomique qui peuvent miner tout plan de relance, aussi bien pensé soit-il.
La fin du français ? L’Anglais comme première langue étrangère. C’est ce que semble suggérer le Conseil supérieur de l’Education présidé par Omar Azziman. Si ça passe, ce sera enfin une mesure qui colle aux attentes du marché du travail, là où les décisions touchant à l’enseignement ont souvent été dictées par des considérations politiques. Une telle mesure sera également un coup dur donné au modèle français. Espérons juste que cette insinuation n’a rien à voir avec l’escalade de ton dans la relation entre la France et le Maroc. Car si elle est menée à bout, elle peut avoir des conséquences très bénéfiques sur notre développement. Economie|Entreprises Mars 2015
Mohamed Hassad Sur tous les fronts
Petite banque, grandes idées Avec seulement 3% de parts de marché et un des plus petits réseaux bancaires, le Crédit immobilier et hôtelier (CIH) a préféré la carte de l’innovation pour améliorer sa pénétration du marché. Après le lancement de sa nouvelle plateforme bancaire, installée en mai 2014, qui a permis au CIH d’introduire des services à même de révolutionner le secteur et la notion même de relation client, notamment en supprimant les dates de valeur. Le tout dernier service annoncé permettra désormais aux clients du CIH de déposer et
surtout d’encaisser les chèques de la banque dans n’importe quelle agence, partout dans le Royaume. Cette simplification des opérations déplacées, qui paraît très simple pourtant, est dans le secteur une grande nouveauté. Elle permettra au CIH d’apporter une réponse à une des plus grandes revendications dans le secteur. On ne s’étonnera pas de voir les géants du secteur marcher sur les pas du CIH qui a misé à fond sur l’innovation. Bravo!
Le ministre de l’Intérieur semble prendre du galon. Après la vague campagne d’assainissement au sein de son département, le voilà au chevet des promoteurs immobiliers et même à celui des acteurs du secteur des radios privées. Ça rappelle, relativement certes, l’étoffe qu’avait un certain Driss Basri. Serait-ce un impératif par le contexte spécial d’une année électorale ou une tendance de fond?
Régionalisation
Le X-Factor ?
A l’approche du déploiement de la régionalisation avancée, se pose avec acuité la question de la présidence des 12 régions identifiées. Au-delà de l’assise politique, il faudrait, pour remplir convenablement leur mission, que les prétendants aux commandes aient également un certain bagage académique, mais aussi en termes de gestion des affaires économiques. Une espèce croisée du politique vendeur de rêves et du technocrate austère à la tête bien faite. La liste risque d’être très courte!
DÉCRYPTAGE
MERCURE
L’Essentiel France-Maroc
Fini la tutelle
+86.000 Le chômage au zénith C’est le nombre de chômeurs qui sont venus s’ajouter au stock existant à fin 2014. Ainsi, le total des chômeurs s’élève à 1,17 million d’actifs portant le taux de chômage national à près de 10%, soit son plus haut niveau depuis 10 ans.
-2,7% 018
Une baisse historique Selon des données du secteur pharmaceutique, le chiffre d’affaires de ce marché aurait fléchi de 2,7% en 2014 et ce, pour la première fois depuis 15 ans pour s’établir à 8,7 milliards de dirhams. Cela bien que les volumes aient progressé de 1,2%. En cause, les révisions des prix à la baisse.
Pour Ali Benahmed, directeur de l’International à AWB, le Forum Afrique Développement a des retombées sur toute l’économie. Quelle valeur ajoutée pour votre forum comparé aux autres ? Depuis sa 1ère édition en 2010, le forum se singularise par une architecture unique autour de plusieurs temps forts. Un temps dédié au débat, au travers de panels sur des problématiques au cœur du développement du continent telles énergie, l’agro-industrie et les infrastructures. Il y a les rencontres BtoB entre Marocains et subsahariens. Dans ce sens, 4.500 RDV ont été enregistrés, touchant 9 secteurs. Les secteurs les plus sollicités concernent les industries manufacturières, BTP et services. La nouveauté de cette édition est sans conteste le temps dédié à l’investissement, d’où la thématique «le temps d’investir». Cette plateforme a suscité beaucoup d’engouement. Ainsi, dans un espace qui leur a été dédié, sept pays subsahariens (Côte d’Ivoire, Sénégal, Gabon, Mali, Bénin, Burkina-Faso, Cameroun) ont eu l’occasion de présenter leur stratégie de développement et les dispositifs d’attraction
des investissements. L’édition 2015 du forum a réuni 1.700 opérateurs de 18 pays du continent. Enfin, la dernière nouveauté est représentée par la co-organisation avec notre nouveau partenaire Maroc Export. Quelles retombées? Dès le lendemain de la 1ère édition, nous avions constaté un intérêt certain des opérateurs marocains pour les marchés subsahariens. Les transactions à l’international ont crû entre le Maroc et les zones UEMOA et CEMAC. Ainsi, les demandes qui étaient concentrées sur l’accompagnement et le conseil se sont transformées davantage en transactions commerciales touchant tous les secteurs d’activités et notamment les IMMEE, l’Agro-industrie et la Distribution. D’évidence, les retombées ne peuvent qu’être positives pour les banques, les exportateurs, les investisseurs, ainsi que pour la balance commerciale du Maroc. Attijariwafa bank propose ainsi un accompagnement sur mesure par le canal de ses filiales implantées dans nos différents pays de présence et participe activement au déploiement à l’international de sa clientèle entreprises.
Faut-il y voir une victoire pour le Maroc et sa diplomatie? La décision de la France de décorer Abdelatif El Hammouchi, patron de la DGST, est lourde de sens. Sa demande d’arrestation, il y a tout juste un an, a été à l’origine d’un froid sans précédent entre les deux pays.
Aujourd’hui, la coopération judiciaire et sécuritaire est reprise sur de nouvelles bases. Le Maroc est visiblement assuré de ne plus voir ses hauts responsables inquiétés. Quelque chose a donc changé à jamais dans les rapports FranceMaroc. C’est ce que résume bien la déclaration de Salaheddine Mezouar à Jeune Afrique: «Le temps de la tutelle française est révolu».
-3 Le revers du baril Pour 2015, la baisse des cours mondiaux du pétrole devra causer un manque à gagner de 3 milliards de dirhams au budget de l’Etat au titre des recettes de TVA. Il semble aussi que la suppression de la compensation ait diminué ces recettes (-7millards). Mais les économies en charge de la compensation sont, sans commune mesure, plus importantes: 23 milliards en 2015, contre 20 milliards en 2014.
Economie|Entreprises Mars 2015
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En Ha, la réserve foncière que s’engage à fournir l’Etat aux écosystèmes du secteur textile dans le cadre de contrats performance. Comme si la compétitivité était une question de foncier!
CSF Etat et gouvernement main dans la main pour relancer la formation continue. On le sait, la balle est davantage du côté de l’Etat.
DÉCRYPTAGE
À L’AFFICHE Chroniques de Banon Une compilation des chroniques de Gabriel Banon, économiste et expert en géopolitique, comme il se s définit. Elle donne un regard re profond sur les évènements é politiques de d ce monde de 2009 à 2014. Lues en 2015, 2 ces chroniques re renseignent bien sur la clairvoyance c de celui qui fut conseiller de plusieurs Chef d’Etats, dont Yasser Arafat.
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Sonnette d’alarme C’est sur un ton très alarmant que q Les Ecos préfère ouvrir o sa Une du 25 février fé 2015. On savait le secteur immobilier en crise. c Mais là, c’est limite la faillite qu’on annonce. «Ultime « tentative de sauvetage», s peut-on lire. Et si ça échouait?
Informatique
Edition cherche écrivains
Voilà une décision intelligente. Pour contrer le piratage, Kaspersky, le spécialiste russe de la sécurité informatique, préfère mettre le pied dans le plat et s’installer, via des revendeurs agréés, dans la zone de Derb Ghallef. Une réelle leçon de réalisme marketing.
L’édition 2015 du Salon de l’Edition et du Livre a encore apporté son lot de débats et d’idées pour venir au secours du livre marocain. Chaque année ce sont à peine 3.000 livres (hors enseignement) qui sont édités au Maroc, une production jugée trop faible lorsqu’elle est comparée à la France qui en compte 70.000. Si le modèle économique de l’édition n’est toujours pas très évident, certains éditeurs ont même fait du pied au gouvernement pour un abattement fiscal, l’on se demande surtout où sont ces écrivains et intellectuels qui osent penser et écrire de nos jours? Un débat qui concerne le microcosme des éditeurs certes, mais qui touche à la qualité de l’éveil et l’éducation de nos générations futures.
Derb Ghalef s’internationalise
Palmarès de L’âge de la raison l’endettement Hit Radio
Hit Radio, comme tous les autres, n’a pas encore totalement pérennisé ses investissements. Mais, à l’inverse de ses confrères, elle s’est donnée l’ambition d’étendre son réseau en Afrique. Elle couvre aujourd’hui 10 pays du contient, en plus du Maroc. Une situation intenable financièrement, d’où l’impératif aujourd’hui de chercher un partenaire financier prêt à jouer le jeu. Vu l’étroitesse du marché publicitaire, la tâche s’annonce rude.
Destins de Hajji
Retour de la momie L’Economiste puise dans le même registre alarmiste que les Ecos pour p sa Une parue le même jour. «CSF: la m réforme ré de la dernière chance», c lit-on en Une. La L caricature est, elle, plus p proche de la réalité de d ce dispositif agonisant. s Les CSF sont en effet davantage une momie qu’un malade en réanimation.
Economie|Entreprises Mars 2015
Un Hajji par-ci, un hajji par-là; l’un optimiste, l’autre en difficulté. Karim Hajji, DG de la Bourse de Casablanca, s’est en effet déclaré «optimiste» pour 2015, car «plusieurs éléments viennent alimenter les prévisions positives du marché». Quant au Hajji en difficulté, c’est Ahmed, ancien DG de l’Agence du Sud. Débarqué en catastrophe par un décret signé Abdelilah Benkirane, à la suite des inondations mortelles ayant touché le Sud du pays, il risque aujourd’hui la poursuite judiciaire. Et en cela, l’optimisme de son éponyme de la Bourse ne lui sera pas d’une grande utilité.
On le sait, le monde est surendetté par rapport à ce qu’il produit. Ce débat soulevé par une étude publiée par McKinsey Global Institute nous livre une perspective intéressante sur le niveau d’endettement du Maroc qui a augmenté de 20% entre 2007 et 2014 pour atteindre 136% de son produit intérieur brut. Ce qui classe le Maroc comme le 29ème pays le plus endetté au monde. Il nous apprend aussi que c’est l’Etat qui tire la croissance de l’endettement, devant les entreprises et les ménages.
AMATEURISME Après le scandale de la raclette, voilà celui de la corde. La police scientifique n’a décidément pas trouvé mieux pour désmarocer une supposée bombe à Casablanca. Heureusement que ce n’était qu’une fausse alerte.
LE BUZZ DU MOIS
C’est vraiment houleux! Le site d’informations suédois Sydvenskan a publié une vidéo d’une arrestation musclée de la police de la ville de Malmö à l’encontre d’un enfant marocain de neuf ans. Son crime? L’enfant aurait circulé dans la station de métro sans billets et ne comprend pas trop le suédois. Tandis qu’il a du mal à respirer, p l’agent g de sécurité appuie pp sur son visage et lui cogne la tête contre le sol. La locale deux police local le a indiqué que les d agents de sécurité sont soupçonnés d’agression et ont été mis sous enquête.
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UN CODE DE LA ROUTE À LA RAJA Lors d’un déplacement des supporters de l’équipe du Raja de Casablanca vers la capitale, lee conducteur d’un minibus faisait des zigzags avec le véhicule entrai-nant le renversement de l’engin. Tout le monde connait la ferveur de quelques supporters du Raja, mais quand
«LE MAROC N’A RIEN FAIT DE CRIMINEL !» La fédération internationale de football (FIFA) s’est allié au Maroc contre la Confédération africaine de Football (CAF). La nouvelle a eu l’effet d’une bombe! Sepp Blatter a annoncé qu’il ne va octroyer aucune place aux nations africaines pour le mondial de 2018. Rappelons qu’après avoir décidé du report de la CAN 2015 pour cause de force majeure (Ebola), la CAF a puni le Maroc. En détail, le Maroc ne pourra pas
participé aux CAN 2015, 2017 et 2019. En outre, le Maroc devra s’acquitter d’une amende de plusieurs millions d’euros.
ceux-là montent au-dessus de la camionnette pour encourager l’équipe… cela devient extrêmement dangereux! Heureusement que l’accident n’a fait aucun mort, seulement quelques égratignures chez les supporters qui ont dû sauter au moment de l’accident!
Un vrai combat de coqs Après un désaccord sur une loi anti-corruption, deux députés ukrainiens ont transformé mé le hall du Parlement en ring de boxe. La bagarre a été débutée par le députéé Vadim Ivchenko (veste et chemise bleu) du partii pro-européen é Patrie qui envoie deux coups de pieds à Yegor Sobolev (veston noir). Il a fallu l’engouement de plusieurs photographes et journalistes pour qu’un militaire intervienne mettant fin à l’embrouille. Les deux députés ont continué leur discussion sur la loi tout en essuyant leurs nez.
Contre l’islamophobie
Oui pour ObamaCare
Plus de 6 millions de vue !
La vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. un jeune musulman les yeux bandés fait des câlins aux passants.
Pour promouvoir le système de protection sociale aux USA, Barack Obama s’est engagé publie un buzzfeed amusant à propos de sa loi.
La parodie marocaine «Heklilinifi» du duo nigérian P-Square/Shekini a totalisé, au lancement, 200.000 vues en 2 jours.
Economie|Entreprises Mars 2015
ENQUÊTE
MAGHREB STEEL Un géant aux pieds d’argile Un investissement titanesque mais complètement déconnecté du marché. Le tant sublimé champion national de la sidérurgie est en train de faire courir un réel risque systémique au système bancaire, voire à l’Etat. Impossible de le lâcher cependant. Serait-ce un «too big to fail!» ? Par Nabil Taoufik et Adiba Raji
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Le complexe de Chellalate, un giga projet industriel qui a englouti à aujourd’hui au moins 5 milliards de dirhams d’investissements et presque autant en fonds de roulement.
Un jour inoubliable pour Fadel Sekkat. Ce jeudi 26 avril 2012, il est, avec sa famille, au sommet de leur carrière: le Roi Mohammed VI vient en personne inaugurer leur complexe sidérurgique de Chellalate, une localité située entre Casablanca et Mohammedia. Ce sera peut-être le seul jour de gloire de ce giga projet industriel ayant englouti Economie|Entreprises Mars 2015
à aujourd’hui au moins 5 milliards de dirhams d’investissements et presque autant en fonds de roulement. Car, depuis, Maghreb Steel va s’engouffrer dans une décente aux enfers sans précédent qui ne ralentit pas aujourd’hui. Le comble de la déchéance pour cette famille de grands industriels fassis, animés par un esprit nationaliste cer-
tain, est qu’aujourd’hui elle se retrouve quasiment dépossédée de son rêve titanesque. En effet, fin 2012, voyant l’aventure tourner au flop, les bailleurs de fonds et les plus grandes banques de la place se précipitent pour limiter la casse, priant les Sekkat de faire profil bas. L’homme de la situation n’est autre que Ammar Drissi, proche de
Aussi dans cette rubrique 028 Mal ficelé mais politiquement correct 032 «Nous faisons face à une conjoncture inédite» 034 Après le naufrage, le mirage ?
trochoc et c’est ce qui a été fait», nous explique-t-il, visiblement de l’étranger, car, comme nous le confirme Fadel Sekkat, Drissi, «ne vit pas au Maroc». «Il est parti pour des raisons personnelles, pour rejoindre sa famille. Cela n’a rien à voir avec nous», poursuit Sekkat. Pas si sûr! En effet, d’après nos sources, l’élu du consortium bancaire a préféré quitter le navire Maghreb Steel à cause du «caractère insupportable» de l’un des membres de la famille actionnaire. Drissi est remplacé par Saad Bennani, ancien de Cima Bois de l’Atlas. Ce dernier, paraît-il, aime répéter dans les apartés que «certes, Drissi l’a ramené», mais que «c’était lui l’homme du métier».
Dysfonctionnement
Mostafa Terrab, homme fort de l’OCP ayant longuement roulé sa bosse dans l’industrie, particulièrement dans la sidérurgie. Connu pour être fonceur, mais intègre, Drissi jettera l’éponge en janvier 2015, après seulement quatre mois de service. «Il fallait instaurer l’état l’urgence et mettre l’entreprise sous tension. C’était un mandat d’élec-
L’épisode Drissi révélera en tout cas que les Sekkat tiennent toujours à garder une certaine main sur leur usine. Naturel! Ce qui l’est en revanche moins, c’est l’aisance avec laquelle les banques ont pu convaincre les Sekkat de se retirer dans un premier temps. D’après plusieurs sources, dûment recoupées, il semblerait qu’il y ait eu «un dysfonctionnement majeur au moment de la préparation et présentation du business plan premier sur la base duquel les banques ont accédé à la requête de Maghreb Steel», comme l’affirme une source proche du dossier. Un dysfonctionnement que viendra confirmer un audit révélant, entre autres, que l’investissement a été sensiblement surestimé. «Certaines banques ont mal estimé les risques du projet et ont permis le surinvestissement qui est à l’origine des difficultés actuelles», explique Ismail Douiri, directeur général d’Attijariwafa bank, à la revue française Usine Nouvelle en juin 2014. Douiri ne fera plus aucune sortie similaire depuis. «Il est clair que le coût d’usine de la même envergure dans le monde est nettement inférieur à ce qui a été mis dans le laminoir à
Fin 2012, voyant l’aventure tourner au flop, les bailleurs de fonds se précipitent pour limiter la casse
chaud Maghreb Steel», confirme de son côté un expert du secteur. «Ce qui est fait est fait», comme aime à le répéter Sekkat, l’air défait et décidément installé dans la fatalité. «C’est trop facile de critiquer après coup», déplore-t-il. Critiquer après coup permet en tout cas de tirer les leçons de ce qui était sensé représenter un modèle et une locomotive pour tout un secteur. Mais qui est en train de devenir un gros boulet que trainent Etat et banques sans être en mesure d’entrevoir le bout du tunnel. Comment enest on arrivé là?
Au début, une dizaine d’employés Pour comprendre la situation actuelle de Maghreb Steel, il faut revenir 39 ans en arrière. En 1976, se retrouvant dépassés par leur investissement et préférant vendre plutôt que de faire faillite, les frères Samir (Moussa et Abdellah) proposent à la famille Sekkat, via Driss Sekkat, l’oncle à Fadel, le rachat de Maghreb Tubes. L’usine de 5.000 m² est constituée d’une ligne de production de tubes et d’une dizaine d’employés. Y sont produits des tubes en acier soudés, noirs et galvanisés. Le prix de vente est de 1 million de dirhams. Fadel suggère aux frères Samir de garder quelques parts dans la société et de continuer à y travailler, voulant profiter de leur expertise en la matière. Ainsi fut conclu le deal. Une partie est payée en cash et l’autre partie en cédant un immeuble – – – Mars 2015 Economie|Entreprises
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ENQUÊTE MAGHREB STEEL En 2009, Chami, alors ministre de l’Industrie, représente l’Etat dans la signature de convention d’investissement avec Maghreb Steel.
appartenant à Mohamed Sekkat. Les associés de Maghreb Tubes sont Haj Mohamed Sekkat (père de Fadel, Fouad et Rachid) à 50%, Abdelouhab Sekkat (frère de Mohamed) à 30%, Driss Sekkat (frère de Mohamed) à 10% et les 10% restants aux frères Samir. Fadel, quant à lui, est nommé directeur général-adjoint, puis président directeur général. Moussa Samir est lui le directeur technique de l’unité de production. En 1978, ce dernier décide de quitter la société tout en y gardant ses parts. Il faut dire qu’une année à peine après les avoir vendus, il s’est rendu compte que l’affaire prenait et bien. S’étant vu refuser le rachat de nouvelles parts par Fadel, il a préféré se lancer à son propre compte avec de nouveaux associés et concurrencer Maghreb Tubes. Décidant de se venger avec classe, Fadel décide de s’agrandir et se diversifier. La même année, il acquiert 1 hectare mitoyen à l’usine pour
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Economie|Entreprises Mars 2015
augmenter la production. En 1988, une nouvelle ligne de galvanisation en continu avec une capacité de 35.000 tonnes par an est installée. Les Sekkat achètent un nouveau terrain de 1,5 hectare portant ainsi la surface totale de Maghreb Tubes à 3 hectares. En 1995, la production de la ligne de galvanisation est portée à 60.000 tonnes par an et une ligne de pré-laquage est ajoutée. La même année, alors que l’entreprise est de plus en plus florissante, le besoin en matière première se fait ressentir. Les Sekkat pensent alors au laminage à froid. En 2000, le nouveau complexe de laminage à froid est édifié d’une capacité de 200.000 tonnes par an. Maghreb Tubes devient alors Maghreb Steel. Dans la fou-
L’aventure égyptienne Cherchant toujours la bonne affaire, Fadel va négocier deux lignes de laminage à froid avec le japonais Mitsubishi au lieu d’une seule. L’une pour Maghreb Steel et l’autre pour son ami égyptien, Mohamed Tabit. Ainsi, les prix d’investissement se sont vus réduits. La signature de contrat est organisée en grandes pompes à Tokyo. Entre temps, vu la crise économique qui a sévi en Egypte, le jumeau égyptien de Maghreb Steel s’est retrouvé à court de fonds pendant trois ans puisque les banques locales ont tout bonnement suspendu les financements. Tabit s’est retrouvé dans l’obligation d’identifier des partenaires pour redémarrer. L’Egyptien a ainsi proposé à Fadel d’investir dans son complexe. Ce dernier a plutôt proposé que ce soit Maghreb Steel qui prenne 10% des parts, avec une participation d’un milliard de dollars. Ainsi le jumeau égyptien a-t-il pu enfin démarrer la production. Cette entreprise est vendue, quelques années plus tard permettant aux actionnaires de multiplier par trois leur mise de départ, soit trois milliards de dollars pour les Marocains.
lée, les lignes à tubes sont vendues et toutes les activités sont transférées à la nouvelle unité de Tit Mellil. Le complexe est inauguré le 7 décembre par le Roi.
Gros appétit Maghreb Steel, ou ses actionnaires, s’est découvert un appétit insatiable. Ainsi, en 2004 sont installés un second laminoir à froid et une deuxième ligne de décapage, afin de doubler la capacité (400.000 tonne/ an). La même année Mohamed Sekkat est décédé. Deux années plus tard, en 2006, le projet de Steckel (complexe de laminage à chaud) est lancé. Il est décidé que cette nouvelle unité de production soit construite sur un terrain de 180 hectares nommé «Bled Solb» se situant entre Casablanca et Mohamme-
Drissi «Il fallait instaurer l’état l’urgence et mettre l’entreprise sous tension».
dia dans une zone appelée «Chellalate». Ce terrain appartient à 60% aux héritiers de Mohamed Sekkat et 40% à Abdelouhab Sekkat, leur oncle. A la base, il est prévu d’y construire une zone industrielle. Avant de signer le contrat définitif pour l’acquisition d’une ligne de laminage à chaud, Fadel s’est concerté avec le wali de Casablanca, qui lui a assuré son soutien et l’a encouragé à investir dans ce nouveau projet. Sauf qu’une fois les autorisations de construire demandées, l’agence urbaine n’est absolument pas pressée de délivrer les documents nécessaires au lancement des travaux. C’est à ce moment (en 2009) qu’est signée une convention d’investissement entre Maghreb Steel et l’Etat, représenté alors par Ahmed Réda Chami et Salaheddine Mezouar, respectivement ministres de l’Industrie et des Finances. Le complexe sera, une fois achevé, inauguré par le Roi en 2012. La suite est connue. E|E
ENQUÊTE MAGHREB STEEL
Mal ficelé mais politiquement correct La crise européenne de 2008 a précipité dans la déroute l’ambition de Maghreb Steel. Une analyse approfondie permet de conclure que le concept industriel était voué à l’échec. L’investissement devait, en effet, aussi répondre à des considérations politico-économiques.
laminé à chaud en laminé à froid et galvanisé pour le secteur métallurgique local. Ce positionnement est venu succéder à un premier métier de tubiste opéré entre 1976 et 1985 via la société Maghreb Tube. Durant les années 90, Maghreb Steel devient une entreprise des plus prospères du pays.
Erreur fatale
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Maghreb Steel est un beau projet. Il le serait resté s’il n’y avait pas eu la crise mondiale de 2008. Ce retournement de tendance Fadel Sekkat, son PDG, ne cesse de le marteler à qui veut bien l’entendre pour signifier que ce n’est pas un problème de concept ou de business model (voir interview Fadel Sekkat). Or, cela en a tout l’air. D’ailleurs, le méga projet Maghreb Steel de Chellalate a été établi sur la base d’un seul et unique business plan, se référant à des données d’avant crise Economie|Entreprises Mars 2015
mondiale. Un business plan «introuvable» d’après un ancien responsable politique, et n’a jamais été mis à jour pour intégrer le changement de conjoncture.
L’investissement Maghreb Steel a été effectué sur la base d’un business plan discutable
Fierté internationale, le complexe de Chellalate est inauguré par le Roi en 2012.
«Cela ne servait à rien de le mettre à jour puisque l’investissement était déjà fait», se défend Sekkat. Au-delà de cet aspect conjoncturel, le concept lui-même pose en effet problème, aussi bien en amont qu’à l’aval de la chaîne des valeurs. Initialement, Maghreb Steel est importateur et transformateur d’acier
Cela va attiser davantage l’appétit des Sekkat pour procéder à une intégration verticale en amont de leur métier. Celle-ci va leur être fatale. Ainsi, en 2007, Maghreb Steel engage l’extension de sa chaîne de transformation pour produire en propre de l’acier laminé à chaud auparavant importé. Aux 300.000 tonnes importées succède alors l’ambition de produire 1 million de tonnes annuelles. Un choix qui aurait dû être challengé par deux questions principales: 1- dispose-t-on au Maroc de suffisamment de ferraille, matière première nécessaire pour produire du laminé à chaud via aciérie électrique? 2- Le marché national est-il suffisamment gros pour absorber la totalité de la production de la nouvelle ligne Maghreb Steel? Pour la première question, il semble d’après les professionnels contactés que la production nationale en ferraille ne dépasse pas les 500.000 tonnes quand les be- – – –
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soins de l’usine des Chellalate tournent autour de 2,5 millions annuels. Aussi, pour les producteurs de ferraille, il est plus lucratif de l’exporter que de revendre localement. Le premier talon d’Achille de l’ambition Maghreb Steel semble donc être une insuffisance de la matière première produite localement d’où une dépendance qui peut être fatale aux importations et aux fluctuations des cours mondiaux. Cela rappelle la situation d’un autre géant aux pieds d’argiles, à savoir Cellulose du Maroc qui est dépendant d’une matière première (le bois), dont le pays n’est pas producteur. En 2013, ce dernier a mis la clé sous le paillasson. Mais quand bien même Maghreb Steel parviendrait à disposer d’une ferraille suffisante pour faire tourner son aciérie boulimique, il lui demeure très hypothétique d’en écouler le produit. D’où l’intérêt de la deuxième question: pour quel marché produire? D’après les estimations des professionnels, les besoins locaux en acier laminé à chaud ne dépassent pas les 400.000 tonnes. L’étroitesse du marché est d’ailleurs la raison pour laquelle Maghreb Steel projetait, dès le départ, de consacrer 60% de sa production à l’export, notamment vers l’Europe. Mais, manque de bol, le Vieux Continent tombera malade l’année même où le sidérurgiste national décide d’installer son aciérie High Tech.
Mauvais sort Comble du mauvais sort, l’UE sensée être la destination principale du laminé à chaud estampillé Maghreb Steel deEconomie|Entreprises Mars 2015
Souiri «Il faut qu’on puisse avoir le même niveau de prix pratiqué à international».
vient son premier concurrent. En 2008, le prix moyen mondial de l’acier passe de 1.200 dollars environ à moins de 300 dollars la tonne. Ainsi, les producteurs européens qui importaient habituellement du Maroc y voient un marché potentiel pour écouler leur production et ce, même à perte. D’ailleurs, parmi les critiques les plus acerbes faites aux Sekkat c’est qu’ils ont voulu agir dans un marché où il y a des majors, tels que Arcelor Mittal, capables de construire une usine par pays et produire pendant plusieurs années à perte. Face à ceux-là, Maghreb Steel n’a en effet aucune chance. En 2008, la machine Maroc tournait donc à plein régime notamment grâce aux plans Emergence et Azur mais aussi et surtout grâce à l’immobilier et aux grands chantiers. «Maghreb Steel aurait dû, vu le retournement de tendance, transformer la crise mondiale en opportunité», interpelle un professionnel sous couvert d’anonymat. «Au lieu de vouloir à tout prix substituer l’acier maison à la totalité des importations, il aurait pu garder sa logique première d’importer du laminé à chaud et le substituer petit à petit par de la production domestique. Les conditions d’import auraient été encore plus favorables à Maghreb Steel vu la crise. Cela lui aurait permis de limiter les dégâts, de conti-
nuer à gagner de l’argent et d’enclencher un processus d’apprentissage progressif de son nouveau métier», explique-t-il. Notre interlocuteur note au passage que «les premières livraisons Maghreb Steel du laminé à chaud souffraient de beaucoup de problèmes de qualité». «Le niveau semble s’être amélioré
Les premières livraisons Maghreb Steel du laminé à chaud souffraient de beaucoup de problèmes de qualité
depuis», précise-t-il. A cette problématique de marché, le cabinet McKinsey apporte une réponse. Appelé à la rescousse en 2013 après que les difficultés financières de Maghreb Steel aient alarmé les plus grandes banques de la place ayant misé pas moins de 5 milliards de dirhams sur le pari visiblement fou des Sekkat, le big américain du consulting ressort la carte de la demande intérieure qui devra croître annuellement de 12% pour atteindre 992.000 tonnes en 2017; soit passer du simple ou double en deux ans! Une projection tout sauf réaliste au vu de la conjoncture actuelle morose mais aussi au vu de la tendance de fond à la désindustrialisation de l’économie nationale (Voir Economie&Entreprises de novembre 2013). Mais
ENQUÊTE MAGHREB STEEL McKinsey a un joker dans son jeu: l’usine Renault Tanger Med. Celle-ci devra absorber 38% de la production Maghreb Steel en 2017 contre zéro tonne aujourd’hui. «Pas de business à ce jour», nous confirme le management de Renault Maroc. Mais, «nos deux groupes travaillent pour y parvenir. Tout dépendra de la capacité de Maghreb Steel à répondre au cahier des charges de Renault et à respecter les jalons et exigences liés à la filière automobile», étaye davantage le constructeur automobile. Aujourd’hui, Renault Tanger Med s’approvisionne à hauteur de 80% auprès d’Arcelor Espagne et du turc Erdemir pour 20%. Quant au volume prévisionnel des achats, le français préfère garder l’anonymat. Nos sources parlent de 100.000 tonnes, soit un marché d’à peine 200 millions de dirhams… Une goutte d’eau dans l’océan des dettes Maghreb Steel! Ce qui représente à peine 10% de la production totale de Maghreb Steel loin des 38% projetés par Mc Kinsey. Détenue à 48% par l’Etat marocain à travers Fipar Holding, filiale du mastodonte CDG, l’usine Tangéroise pourrait être la solution rêvée pour sortir tout de suite Maghreb Steel de son marasme et faire augmenter par là même le taux d’intégration locale tant miroité. Les effets positifs pourraient même atteindre le gouvernement qui sera ravi de mettre cette avancée dans son actif. Cela d’autant plus que le projet Maghreb Steel est d’abord une concrétisation de la vision officielle d l’Etat pour faire émerger
Prost «Pas de business à ce jour. Tout dépendra de la capacité de Maghreb Steel à répondre au cahier des charges de Renault».
des champions nationaux dans les différents domaines, notamment avec l’ambition de constituer une destination mondiale de l’industrie auto’ et aéronautique qui prenait à l’époque de la consistance à travers l’installation de majors tels que Renault, Bombardier, etc.
Spéculation foncière Cette importance stratégique aurait visiblement poussé le PDG d’Attijariwafa bank à assurer aux Sekkat qu’il est «prêt à financier l’intégralité de l’investissement». Mieux, il leur aurait fait miroiter une introduction en Bourse à la clé. A l’époque, en 2007, la banque ne cachait pas son ambition de favoriser l’émergence de champions nationaux dans les différents secteurs. Un ancien ministre confirme de son côté que «le projet ne répondait pas à
«Maghreb Steel aurait pu construire une centrale d’énergie renouvelable sur site» — Expert en énergie
une logique secteur mais on a quand même voulu privilégier l’approche acteur». Dit autrement, bien que le marché ne soit pas demandeur, on a tout de même tenu à créer l’usine titanesque qu’est Maghreb Steel. D’aucuns y voient aussi un projet de développement socio-économique plutôt qu’une simple usine de transformation. «On a voulu développer la zone de Chellalate et créer une dynamique urbaine et sociale autour de l’activité industrielle avec l’usine Maghreb Steel comme locomotive et fer de lance», analyse un expert du secteur. Ce dernier veut pour preuve la localisation tout sauf naturelle de l’usine. «De telles usines dans le monde, tournées export, sont installées sur les ports pour acheminer directement la production par bateaux et éviter les coûts logistiques. Le seul arbitrage industriel aurait dû la mener à être installée à Safi ou à Jorf Lasfar», argue-t-il. «Il ne s’agit pas de construire dans le port mais à proximité et nous sommes à 9 km du port de Casablanca», réfute Fadel Sekkat, PDG Maghreb Steel. Le coût logis-
tique n’est pas le seul inconvénient lié à l’actuelle localisation de l’usine Maghreb Steel, il y a aussi et surtout le problème de l’énergie. En effet, pour tourner, celle-ci consomme l’équivalent des besoins en électricité d’une ville moyenne d’un million d’habitants. Que faire alors des besoins domestiques des habitants de Mohammedia ou industriels d’unités comme Samir ou la Snep? «Pour gérer cette contrainte, Maghreb Steel n’a que le choix de baisser de régime en heures de pointe quand l’énergie appelée est à son niveau supérieur», explique une source sous couvert d’anonymat. Les connaisseurs jugent l’impact de tels ajustements néfastes sur la qualité du produit fini. «Maghreb Steel aurait pu construire une centrale d’énergie renouvelable sur site», estime de son côté un expert en énergie. Cela n’a pas été le cas. Ce qu’en revanche les Sekkat ont fait était de morceler les 130 ha dédiés au projet pour en faire une zone industrielle sous le nom de Bled Solb. Pour l’anecdote, la famille était en concurrence sur ce terrain avec les Chaabi. D’aucuns y voient une volonté de faire de la spéculation foncière à un moment où l’immobilier était à son comble. «C’est pour le développement du pays que nous l’avons fait», s’emporte Fadel Sekkat. En effet, la famille Sekkat y a mis tous ses billes, hypothéqué tout son patrimoine foncier y compris Bled Solb. C’est dire que le rêve est en train de devenir un réel cauchemar. Et pas que pour les Sekkat. E|E
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ENQUÊTE MAGHREB STEEL
«Nous faisons face à une conjoncture inédite» Pour Fadel Sekkat, il ne faut pas chercher midi à 14h. Ce qui a desservi son investissement des Chellalate n’est autre qu’un retournement de cycle qui semble se prolonger de façon exceptionnelle. Le soldat Rayan qu’il est semble aujourd’hui devoir sa survie à la demande intérieure. Un comble ! Comment se porte aujourd’hui Maghreb Steel ?
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En période de crise seulement. Sinon, lorsque la conjoncture est porteuse, nous n’en avons évidemment pas besoin.
On dit aussi que votre mode de management familial n’était plus adapté à la taille titanesque que prenait votre usine…
Les experts disent que les cycles étant connus à l’avance, une telle mésaventure aurait pu être évitée…
Economie|Entreprises Mars 2015
Ecoutez, il est question de plusieurs milliards de dirhams d’investissement que peu d’opérateurs au Maroc sont capables de mettre sur la table. Aussi, plusieurs acteurs en aval de la chaîne sont à la fois transformateur et négociants de produits intermédiaires. Donc, parfois ce sont des concurrents à Maghreb Steel qui ont intérêt à maintenir le marché ouvert faisant fi du dumping avéré, qui a risqué de nous faire couler!
Votre survie ne peut donc être envisageable en dehors d’un bouclier de protection antidumping ?
Tout est rentré dans l’ordre. Les banques ont repris la gestion, l’Etat a fait le nécessaire. La société tourne et produit. Nous sommes optimistes. Vous savez, notre problème est un problème de conjoncture internationale. Suite à la crise de 2008, seuls les plus grands, aux assises financières solides, ont pu tenir ou encore les entreprises opérant dans des marchés domestiques porteurs et protégés.
Ce qu’est en train de vivre le secteur dans le monde est quelque chose d’inédit que personne n’aurait pu prédire. Un cycle normal c’est généralement 2 à 3 ans. Cela fait plus de 6 ans que nous sommes dans une phase baissière. L’Europe, qui épongeait 60% de notre production, est aujourd’hui entrée dans une profonde phase de désindustrialisation. Qui entend aujourd’hui parler de majors de l’électroménager, tels
logique en ouvrant votre capital à vos clients finaux ?
que Philips, Grundig ou autres? Tout est parti en Chine.
Mais vous vous doutez bien que la Chine ne va pas acheter du laminé à chaud à Maghreb Steel ! Non bien sûr! La Chine représente, à elle seule, 50% du total d’acier produit dans le monde!
Donc, votre unique
issue de secours reste le marché intérieur ! Oui, mais pas seulement. Il y a aussi l’Afrique et l’Europe, avec la nouvelle donne en termes de cours de change euro/dollar, qui est aujourd’hui en notre faveur.
Votre modèle est basé sur une intégration verticale de la chaîne des valeurs. Pourquoi ne pas être allé jusqu’au bout de cette
Quand cela ne marche pas, les gens ont toujours besoin d’un bouc émissaire! Maghreb Steel n’est pas notre seule entreprise. Notre famille gère bien d’autres affaires qui prospèrent. C’est un problème de conjoncture, comme je vous ai expliqué au départ.
Et si c’était à refaire, Si Sekkat ? C’est encore trop tôt pour poser cette question. Personnellement, je reste très optimiste. Et les indicateurs de production positifs me réconfortent dans cette position. E|E
ENQUÊTE MAGHREB STEEL
Après le naufrage, le mirage ? Les créanciers de Maghreb Steel semblent désormais intégrer la fatalité du caractère irrécouvrable d’une partie de leur créance.
034 Attijariwafa bank
Et dire que les banques se bousculaient au portillon de Maghreb Steel pour avoir l’exclusivité du financement du projet! «C’était le meilleur dossier de la place», se souvient un banquier. Aujourd’hui, aucune banque ne daigne se prononcer publiquement sur sa situation ou sur le risque encouru, tellement le dossier est «sensible». Ainsi, quand Attijariwafa bank ne donne pas suite à nos multiples sollicitations, la BCP affirme «ne pas souhaiter commenter ce sujet, en raison du secret bancaire la liant à son client». Idem pour Bank Al-Maghrib: «Nos prérogatives légales se limitent au contrôle de Economie|Entreprises Mars 2015
BMCE Bank
la solvabilité et de la liquidité des établissements de crédit. La Banque centrale n’a pas vocation à se prononcer publiquement sur la situation financière d’une contrepartie ni émettre un avis la concernant, comme l’affaire Maghreb Steel, dont la restructuration financière est actuellement en phase
Banque Centrale Populaire
de bouclage». Ce qui n’a pas empêché le wali de BAM de formuler, en septembre 2014, un avis positif sur le modèle économique de l’usine: «Le modèle industriel et commercial est irréprochable, selon un cabinet international (McKinsey). Mais la conjoncture du marché est difficile».
CDG rejette l’offre des Sekkat
L’entreprise doit aux banques près de 3 milliards en crédit long terme et 2,3 milliards à court terme
Heureux donc est Fipar Holding qui a évité de justesse un engagement dans Maghreb Steel en 2007. D’après plusieurs sources, la filiale CDG était prête à entrer dans le capital de la société à hauteur de 50%, histoire d’accompagner
Sensible Aujourd’hu, les banques évitent de communiquer sur le dossier pour ne pas enfoncer le clou.
une entreprise qui avait été «tagguée» futur champion national. Elle l’aurait alors valorisé à 8 milliards de dirhams quand les Sekkat faisaient monter les enchères à 10 milliards. Ils fonceront finalement seuls. Mais est-ce que Maghreb Steel est aussi risquée que cela? «Nous allons réaliser un Ebitda positif dès cette année», se veut rassurant Fadel Sekkat. Mais une lecture, même sommaire, des data financières de Maghreb
ENQUÊTE MAGHREB STEEL Steel permet de se représenter l’ampleur des défaillances. Ainsi, son chiffre d’affaires oscillant entre 2,6 milliards de dirhams pour 2011 et 2012 et 2,4 milliards en 2013 couvre à peine les besoins en trésorerie, celleci affichant un déficit de 2,7 milliards pour 2011-2012, à 2,3 milliards en 2013. Donc, aucune richesse créée, alors que le compteur des crédits bancaires enfonce l’entreprise. Celle-ci doit aux banques pas moins de 5 milliards de dirhams: près de 3 milliards en crédit long terme et 2,3 milliards à court terme. Conscientes de la difficulté de récupérer leurs mises, les banques ont déjà provisionné une partie de cette créance pour lisser le risque dans le temps. Elles ont surtout préféré accorder un délai de répit à Maghreb Steel sur le paiement du principal avec révision à la baisse du taux d’intérêt
Jouahri «Le modèle industriel et commercial est irréprochable, selon un cabinet international (McKinsey). Mais la conjoncture du marché est difficile».
appliqué de 5,75% à 3,25%. Mais ce ne sera pas suffisant. En effet, le moratoire qui courrait depuis 2013, est finalement reconduit et pour une durée nettement plus importante. D’après nos sources, l’on parle d’un reprofiling, selon le principe du «pay when you can» assorti de deux échéances: 2025 pour la dette court terme et 2030 pour les crédits longs terme. Sekkat, de son côté, affirme que Maghreb Steel a négocié un délai de grâce de 15 ans mais que la première échéance devra tomber en 2020. En tout cas, les banques ont
Jamais sans la famille ! La condition sine qua non pour que les banques procèdent au sauvetage de Maghreb Steel était que tous les membres de la famille Sekkat, sans exception, quittent l’opérationnel. C’était la première conclusion du rapport McKinsey commandité par les banques pour la somme de 23 millions de dirhams. En fait, «elles n’en pouvaient plus des réunions familiales avec les Sekkat», nous confie une source bancaire. Dans cette famille, on fait tout, tous ensemble. De génération en génération, diplômés ou non, tous les membres de la famille se retrouvent au sein des différentes entreprises que compte le groupe. Car tout a commencé par l’association de deux des frères. Pourtant, une affaire familiale qui grandit autant, et qui engage autant le secteur bancaire, a besoin d’une stratégie opérationnelle en bonne et due forme, et non d’un organigramme mono-nom. Ainsi, cousins, oncles, neveux se partageaient les postes clés de Maghreb Steel, en plus des actions. Au-delà du choix d’un management familial qui a failli précipiter l’entreprise dans la faillite, pour une activité aussi énergivore, le choix des énergies renouvelables aurait dû se faire de lui-même, chose qui n’a jamais été soulevée par les managers Maghreb Steel. Par ailleurs, la création d’une salle de marché ainsi que d’une cellule de veille permettant de suivre le cours de l’acier à l’international est une autre décision qui aurait dû s’imposer d’elle-même.
visiblement intégré qu’une partie de leur dû est définitivement irrécouvrable.
Les garanties bancaires De quoi disposent-t-elles en contrepartie? D’«un nantissement de stocks, d’un autre nantissement d’actions de Maghreb Steel et d’hypothèques sur certains actifs de la société Bled Solb», peut-on lire dans un document CDVM. Rien de spectaculaire en définitive. Car le foncier, on le sait, est une garantie qu’il ne faut pas activer, au risque de donner un mauvais signal à un marché de l’immobilier déjà atterré et sur lequel les banques sont fortement exposées. Pour les stocks, ils auraient effectivement de la valeur sur le marché; ils n’hiberneraient pas dans les dépôts Maghreb Steel. Quant à la propriété de la société, que sert de récupérer une entreprise, dont la viabilité serait définitivement démentie? Mais pas question cependant de lâcher le «soldat
Maghreb Steel». «Laisser tomber l’entreprise reviendrait à donner un mauvais signal aux investisseurs qui seraient tentés d’avoir une ambition industrielle pour le pays», analyse un expert du secteur. C’est exactement ce discours que tient Fadel Sekkat visiblement pour avoir la conscience tranquille. «C’est de l’industrie industrialisante. Même si la société perd de l’argent aujourd’hui, il faut la maintenir car le pays en a besoin pour son développement industriel. Je l’ai fait pour le pays. L’entreprise saura survivre à ses créateurs», insiste le PDG. Quant aux banques, pas question de tout perdre. Nos sources évoquent en effet une redistribution des cartes. Ainsi, «AWB aurait minimisé son exposition pour passer à 2 milliards de dirhams, contre 3 milliards pour BCP, 1 milliard chez BMCE Bank et quelque 400 millions pour Crédit du Maroc», affirmet-on. Des chiffres à prendre toutefois avec des pincettes. Mais ce qui est sûr c’est que deux banques françaises de la place (BMCI et Société Générale) ont décliné le financement de l’investissement préférant celui du cycle d’exploitation. Faut-il y voir une meilleure appréciation du risque que les Marocaines? La réponse on la connaît: Maghreb Steel ne répondait pas seulement à une logique financière et économique mais aussi à un certain idéal de développement industriel et de création de champion national. Il aurait peut-être mieux valu le voir en film! E|E Mars 2015 Economie|Entreprises
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«Le Maroc disposera d’au moins deux centrales nucléaires d’ici 2025-2030»
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INTERVIEW
Abdelkader Amara|Ministre de l’Energie et des Mines
Abdelkader Amara semble très à l’aise avec le portefeuille de l’Energie. Il y a apporté une touche particulière éprouvée durant des années de travail acharné au parlement, dans l’ombre. Cela lui permet aujourd’hui de réussir des prouesses inespérées: accélération de la recherche pétrolière, libéralisation des prix des hydrocarbures et plan gazier, entre autres. Propos recueillis par Nabil Taoufik Comment la baisse extraordinaire des prix du pétrole impactet-elle votre stratégie énergétique ? Peut-on parler d’un chamboulement ?
La baisse actuelle ne peut être considérée comme une tendance de fond, durable. Ce n’est qu’un ajustement temporaire et qui ne peut en aucun cas nous pousser à revoir de fond en comble nos choix et orientations stratégiques. Ces derniers, faut-il le rappeler, sont basés sur la nécessité de diminuer notre vulnérabilité et dépendance énergétique en augmentant la part du renouvelable dans le mix énergétique. En 2008, nous étions à 95% de dépendance aux énergies fossiles. Nous sommes aujourd’hui à 84%. Cela prouve bien que nous sommes sur la bonne voie. Mais au-delà des considérations d’ordre énergétique, le Maroc a tenu à faire de l’investissement dans le renouvelable une opportunité pour développer également l’industrie et la R&D dans ce domaine. On parle de 35 à 36 milliards de dirhams d’investissements et il est inconcevable de laisser filer cette chance sans que l’on puisse en tirer profit pour amorcer un processus de développement global et équilibré. Néanmoins, du côté des industriels et détenteurs de capital marocains, il faut qu’ils puissent être prêts à s’inscrire dans cette nouvelle mouvance en intégrant la disparition irréversible de plusieurs branches industrielles dans lesquelles ils opèrent aujourd’hui et en se redéployant vers les niches porteuses telles que le renouvelable. Il est aussi question d’arriver, à terme, à exporter de l’électricité mais aussi à inciter les opérateurs industriels à en produire pour soi. Comment comptez-vous vous y prendre?
Nous allons, dès cette année, s’attaquer à l’ouverture de la production d’électricité moyenne tension pour qu’en 2016 on ouvre complètement le secteur, qu’on en déplafonne la production en invitant les opérateurs à tirer profit de ces nouvelles conditions de marché. L’investissement dans le renouvelable devra, en conséquence, devenir plus intéressant et plus incitatif. Mais pour ce faire, il faudra également disposer d’un organe de régulation et la loi permettant de créer une agence dédiée devra entrer dans le circuit parlementaire avant la fin de l’année. Pours rester dans le pétrole, une question qui intrigue les Marocains: dispose-t-on de pétrole en quantité suffisante ?
Il y a beaucoup d’indicateurs encourageants, et l’engouement
des majors mondiaux de l’exploration pétrolière le confirme. Ainsi, je pense qu’à force d’essayer, on finira par trouver du pétrole au Maroc en quantités suffisamment intéressantes pour une exploitation viable dans deux à trois ans. Il faut savoir que le Maroc suit en cela le même scénario vécu par plusieurs autres pays aujourd’hui grands producteurs. Ainsi, en mer du Nord, c’est au bout du forage du 238ème puits qu’on a pu découvrir le gisement qui a changé la donne. Nous, nous sommes à des taux de forage infiniment insignifiants par rapport à notre potentiel. Nous disposons au Maroc de 900.000 km2 de zones potentiellement explorables. Ce qui est effectivement exploré ne dépasse pas les 90.000 km2! Mais force est de constater qu’en termes de communication sur le sujet, le Maroc est très prudent. Faut-il y avoir la crainte d’un autre scénario à la Talsint ?
Je ne pense pas que l’on soit aujourd’hui dans une posture dictée par le syndrome de Talsint. Au contraire, je considère que depuis que je suis là nous essayons de communiquer de plus en plus, car il est important de rester présents dans les radars des investisseurs mondiaux et de susciter continuellement leur intérêt. Mais, comme vous le savez, la communication est une arme à double tranchant. Les communiqués bien ficelés des multinationales pétrolières parlant de signaux encourageants sont souvent amplifiés, voire déformés en bout de chaîne et l’on se retrouve avec des annonces complètement insensées, créant parfois de faux espoirs et beaucoup de frustration chez les individus. C’est la raison pour laquelle j’ai, dès mon arrivée au département de l’énergie, organisé une formation pour la presse sur les questions d’exploration pétrolière. Aussi, je suggère à l’Onhym d’opérer la même démarche mais aussi d’adopter une communication moins technique et plus ouverte à une large frange de la population. En parlant de l’Onhym, comment se passe la relation avec Madame Amina Benkhadra, ex-ministre à ce même portefeuille et symbolisant, à elle seule, la politique énergétique du Maroc?
Il n’y a pas que Madame Benkhadra qui soit sous ma tutelle; il y a aussi d’autres grands calibres comme Mostpaha Terrab ou encore Mustapha Bakkouri. Ce sont, en effet, de grands et de vrais commis d’Etat avec qui collaborer est plutôt facilité par leur sens aigu Mars 2015 Economie|Entreprises
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INTERVIEW|Abdelkader Amara du service public. A mon niveau, je pars du principe que chacun a ses prérogatives et qu’il doit agir dans ce cadre précis. A moi revient l’orientation politique, à eux la mise en œuvre opérationnelle et technique. Vous avez lancé un gigantesque plan pour le Gaz naturel liquéfié (GNL) avec 40 milliards de dirhams d’investissements à la clé. Comment ce plan va-t-il toucher le commun des consommateurs ?
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Vous faites bien de poser cette question à laquelle je ne peux répondre sans rappeler la genèse de ce plan. Vous le savez sans doute, ce dernier était dans le circuit il y a au moins une quinzaine d’années. Aucun responsable politique n’a pu le sortir. Quand j’ai demandé pourquoi, j’ai découvert que l’on attendait la promulgation du Code gazier. En y voyant de plus près, j’ai constaté que 60% des besoins en GNL concernaient la production de l’électricité, contre 30% pour l’industrie. Or, les 60% dédiés à l’électricité pouvaient très bien être assurés dans le cadre de la réglementation actuelle de l’ONEE, à savoir la loi 40-09, sans avoir besoin d’un code. D’où est venue l’idée de procéder par bloc: gas to power dans un premier temps et gas to industry dans un second temps. Grâce à cela, notre plan gazier est enfin en marche. J’ai déjà reçu plusieurs offres de partenariat qui portent sur au moins 3 milliards de mètres cubes. L’engouement suscité nous réconforte dans notre vision et nous pensons que les premières livraisons de GNL devront être reçues comme programmé à l’horizon 2020-2021. Entre temps, nous devons être en mesure de mettre en place l’infrastructure nécessaire pour sa réception et distribution. Il s’agit, à ce niveau de la construction, d’un quai méthanier, d’une usine de regazification et d’un pipeline d’une longueur de 400 km. Quel apport pour l’industrie nationale ?
Les gains permis par l’adoption du GNL sont d’une importance inestimable. Il faut savoir qu’il est beaucoup plus disponible dans le monde que le pétrole et à des cours plus intéressants et qu’il est infiniment moins polluant et se marie mieux avec les énergies renouvelables. Aussi, nous devront bénéficier de conditions de marché meilleures, d’ici le démarrage, car plusieurs contrats d’approvisionnement arriveront à terme vers 2020. Pour l’industrie, il permet des économies de coûts extraordinaires. Aujourd’hui, les entreprises situées dans le bassin du Gharb, ayant substitué le GNL au fuel, affichent des niveaux de coûts deux fois inférieurs suscitant la jalousie des concurrents. Il y a là donc un réel besoin d’accélérer l’adoption et la généralisation du GNL. L’implémentation de la phase gas to industry dépendra de l’adoption du Code gazier, mais ce sera, je l’espère, chose faite avant la fin de mon mandat. J’en viens enfin à votre question pour dire que l’introduction du gaz de vie interviendra à la troisième phase à l’horizon 2025 maximum. L’ONEE est, de manière générale, un acteur majeur de votre stratégie gazière et énergétique. L’office a fait récemment l’objet de plusieurs déboires. Quelle position adoptez-vous face à cela ?
Vous parlez de déboires, je dirais qu’il s’agit plutôt de diffiEconomie|Entreprises Mars 2015
Monsieur «bon sens» Le bon sens, c’est presque une religion chez Abdelkader Amara. Une formule qui revient comme une prière dans sa bouche. Pour lui, plusieurs grandes réformes, irréalisables d’apparence, peuvent être amorcées d’une manière fluide grâce à un minimum de bon sens. Sauf qu’avoir une telle faculté n’a rien d’inné. Elle intervient généralement après un long processus d’apprentissage, de traitement de dossiers et problématiques compliqués, en brassant des tonnes de chiffres, de détails, de dilemmes, etc. En somme, avoir du bon sens, c’est toute une formation. Amara l’a eue au Parlement où il est président de la Commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants entre 2002 et 2011. En effet, le ministre PJD est un vrai politique. Mais il est aussi un fin connaisseur de ses dossiers, à croire qu’il est, comme bon nombre de nos technocrates, un centralien expert de l’énergie. Or, il est un pur produit de l’école publique: baccalauréat scientifique au lycée Omar Ibn Abdelaziz à Oujda, en 1979, et diplôme d’ingénieur, puis doctorat à l’IAV de Rabat en 1986. Abdelkader Amara a aujourd’hui 52 ans, il est au sommet de sa carrière politique ayant été aux commandes de deux portefeuilles ministériels des plus stratégiques, avec succès jusque-là. Mais curieusement, jeune qu’il est encore, il se dit fatigué et ne pense pas briguer d’autres responsabilités exécutives dans de futurs gouvernements. C’est que Amara n’aime pas trop les projecteurs et penche plutôt pour la méditation. Sans cela, il n’aurait pas eu autant de bon sens.
cultés, dont l’ONEE n’est pas totalement responsable. J’ai, et je l’assume, défendu bec et ongles l’ONEE, car c’est un établissement stratégique riche en expertise et en savoir-faire accumulés sur 50 ans d’exercice au service du pays. Il faut aussi le reconnaître et l’admettre, l’ONEE atteint aujourd’hui une certaine maturité qui doit l’amener à opérer les changements qui s’imposent, notamment en termes de gouvernance, pour mieux accompagner les défis énergétiques qu’ambitionne de relever notre pays. A ce niveau, le contrat-programme signé en 2014 libère l’ONEE de plusieurs contraintes, notamment celle liée au prix. Aujourd’hui, seules les tranches sociales subissent un traitement en dehors de la logique du marché. Le reste a subi une augmentation dont le gouvernement a eu le courage d’assumer le risque politique. De son côté, l’ONEE doit donc en tirer profit pour réussir sa mue, notamment en améliorant ses rendements opérationnels. Dans ce sens, parmi ses engagements tenus vis-à-vis de l’Etat, il doit dégager 8 milliards
INTERVIEW|Abdelkader Amara d’économies. C’est pour dire que le challenge est considérable. Pensez-vous que, pour y arriver, il ne faille mieux articuler les synergies ONE-ONEP?
Je pense que ces synergies devront être, à terme, effectivement mieux développées. Mais, je tiens à rappeler que l’ONEE ne doit pas être perçue comme une entreprise privée animée par le seul idéal du profit, car il est aussi et surtout un outil au service de la politique économique et sociale du pays. Le plus important aujourd’hui est d’arrêter l’hémorragie, instaurer la bonne logique, enclencher le changement et le conduire avec la plus grande délicatesse qui soit pour préserver les acquis des différentes parties prenantes tout en permettant à l’office de remplir efficacement les nouvelles missions qui lui sont confiées. Dans ce sens, il va sans le dire que le processus de la libéralisation du secteur de l’électricité devra être mené à terme. Quel rôle devra jouer l’ONEE après la libéralisation ?
A mon avis, l’Office devra continuer à assumer la fonction de transport de l’énergie et cela d’autant plus que l’injection de plus en plus importante des énergies renouvelables dans le réseau, sa gestion revêtira un caractère davantage stratégique. Les fonctions de production-distribution devront en conséquence être soumises au jeu concurrentiel du marché.
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ONEE SA à l’image de l’OCP?
Je ne vous dis pas oui, je ne vous dis pas non; cela reste ouvert à toutes les possibilités.
La concurrence prix devra également toucher à la qualité du carburant importé. Comment verrouiller ce volet ?
C’est un souci dont nous avons conscience aujourd’hui. Nous sommes en train de refondre le Dahir de 1973 consacré à cet effet et entamons la mise à niveau des laboratoires et instances de contrôle relevant de notre département. Aussi, pour éviter que les pétroliers n’aient que le prix comme seul moyen de concurrence, il est important de recentrer la compétitivité sur des aspects à forte valeur ajoutée, notamment au niveau du service offert. C’est pourquoi nous sortirons bientôt une feuille de route pour le réseau de distribution, afin de l’amener à se hisser au niveau des standards de qualité qu’exige la nouvelle ère. La communication autour du nucléaire au Maroc a été sensiblement décomplexée depuis que vous êtes au département de l’Energie. Mais, en gros, vos interventions restent centrées sur le fait qu’une telle option n’est pas d’actualité, ce qui laisse, comme pour le pétrole, entrevoir une certaine ambigüité, voire du mystère dans ce dossier.
«L’ONEE ne doit pas être perçue comme une entreprise privée animée par le seul idéal du profit»
Revenons, si vous le permettez Monsieur le Ministre, aux hydrocarbures. Fin 2015, on aura une libéralisation totale des prix. Pensez-vous que les pétroliers aient aujourd’hui les moyens de suivre, notamment en termes de capacité de stockage ?
Il est certain que les plus petits auront du mal à tenir et qu’un large effet d’agrégation devra être opéré au sein du marché pour arriver à des tailles critiques permettant de répondre aux impératifs d’investissements et d’économies d’échelle que requière la nouvelle donne. Quant aux capacités de stockage plus spécifiquement, permettez-moi encore une fois de préciser que bon nombre des décisions stratégiques partent de simples appréciations de bon sens. Aujourd’hui, la réglementation oblige les pétroliers à constituer 90 jours environ de stocks de sécurité. Chose qui n’est jamais respectée dans les faits et les opérateurs ont plutôt tendance à raisonner en termes de stocks commerciaux. Mais, en les écoutant, je me suis rendu compte que leur argumentaire n’était pas sans fondements. En effet, étant à la croisée des chemins commerciaux internationaux, le Maroc a effectivement une importante capacité de réponse à un accroissement de la demande locale. Cela tout en permettant aux opérateurs une meilleure opportunité de tirer profit des différents arbitrages offerts en termes de cours. Il est donc aujourd’hui logique, voire indispensable de repenser la notion de stocks de Economie|Entreprises Mars 2015
sécurité pour la ramener à quelque chose de plus réaliste. Pour les investissements en entrepôts de stockage, les options définitives n’ont pas encore été arrêtées: est-ce que ce sera aux distributeurs de le faire ou à des opérateurs spécialisés? Ce qui est sûr aujourd’hui c’est que les pétroliers disposent, au titre de l’ancienne structure, des prix d’une cagnotte de 2,5 milliards de dirhams relative aux subventions pour stockage. Celle-ci devra naturellement aller au renforcement des capacités.
Aucun mystère. J’admets que la position du Maroc est entre le oui et le non et je pense que c’est un choix intelligent. Mais, il est certain que, tôt ou tard, notre pays devra se doter de centrales nucléaires. Attendre nous permet d’observer l’évolution du secteur qui est aujourd’hui en notre faveur, que ce soit en termes de coûts de la technologie ou en termes de faisabilité. En attendant de trancher, nous travaillons aujourd’hui à préparer l’environnement institutionnel pour implémenter la production et l’exploitation du nucléaire au Maroc. Cela passe par la promulgation d’une loi dédiée, par la préparation et la publication de ses décrets d’application et par la création d’une agence de régulation, etc. Pour quand donc une centrale nucléaire au Maroc ?
Nous projettons la mise en place d’au moins deux centrales nucléaires de 1.400 mW chacune à l’horizon 2025-2030. Et nous sommes en train de travailler sur l’élargissement de la liste des sites susceptibles d’accueillir une centrale de la sorte. Mais, sincèrement, un changement de donne géopolitique régionale nous aidera énergiquement à passer à une vitesse supérieure à ce niveau. E|E
ECONOMIE
Aussi dans cette rubrique 048 Immobilier, le Fisc se mêle des prix 052 Energie Éolienne, illusoire industrialisation? 056 Investissements Publics, 36 milliards misés sans visibilité
Agriculture
Le Cannabis à l’ère des OGM 042
Alors que le Maroc est en plein débat sur la légalisation de la culture industrielle du cannabis, les agriculteurs du Rif sont déjà dans une logique de mondialisation de la demande, avec la production de nouvelles variétés de plants plus productifs. E&E est allé à la rencontre des producteurs rifains pour décrire une culture qui façonne leur mode de vie. Reportage. Par Ghassan Waïl El Karmouni
En traversant le village de Kelaa, dans la région de Talambout, à une trentaine de kilomètres de la ville de Chefchaouen vers Oued Laou, à travers les montagnes du Rif, on est surpris par un bruit de tambourinement quasi incessant. «Ce sont les machines à laver», lance Hamid, notre guide, un sourire mystérieux aux lèvres. Une remarque étonnante dans cette région privée d’eau courante et d’électricité. Notre guide nous invite à entrer dans l’une des maisons en pierre. Dans la pénombre d’une chambre Economie|Entreprises Mars 2015
donnant sur une arrière-cour, un ouvrier bat à l’aide de deux bâtonnets en bois une dizaine de kilogrammes de cannabis entreposés sur un linge noir tendu sur une vasque, le tout couvert d’un grand sac en plastique. Autour de lui, plusieurs grands sacs transparents pleins à ras bord de cannabis effeuillé. Le but est d’extraire, grâce au battage sur le tamis en textile, la poudre de cannabis (chira) qui, une fois compressée à chaud, deviendra résine de cannabis ou haschich… Le principal produit de la région.
La beldya abandonnée Omar, notre hôte, la quarantaine, est agriculteur de père en fils. Il nous sort un sac plein de poudre verdâtre contenant plus d’un kilogramme de chira. C’est une partie de la production de la journée. Il met sa main dedans, en ressort une petite poignée qu’il chauffe au briquet et commence à en vanter les qualités: «Regarde comment elle boue et comment elle est bien élastique. Tiens, essaies toi-même…». Après lui avoir expliqué que nous cherchons la variété locale,
LES MIETTES D’UN GROS BUSINESS
114 C’est en milliards de dirhams le CA produit par le trafic de haschich.
200.000 Est le nombre d’agriculteurs vivant de la culture du cannabis.
21.000 En dirhams le montant du revenu annuel estimé par famille par an dans la zone.
Limitée Seuls les terrains les plus arides en haut de montagne sont consacrés à la variété locale, essentiellement pour être fumée.
la beldya, Omar répond étonné: «La marocaine? Vous n’allez pas la trouver, qui en fait encore?!». Entre deux taffes de son sebsi (longue pipe) en bois sculpté, il nous énumère: «Ici, on produit de la pakistana, de la mexicana, de la marijuana, de la khardala…». «Ce sont des variétés que l’on cultive dans la région depuis déjà quelques années», poursuit-il. Pas de kif alors. La plante nationale semble ainsi en voie d’extinction dans la région. «Il y a quelques années, Kelaa était célèbre pour la
qualité de son kif. Aujourd’hui, seuls les terrains les plus arides en haut de montagne sont consacrés à la variété locale et c’est essentiellement pour être fumée, ici, à la pipe. Elle n’est plus destinée à produire du haschich ni à la vente», témoigne notre guide en reprenant la route vers Chefchaouen. En cette matinée froide de janvier, la température ne dépasse pas les 2°C. Sur notre chemin vers la montagne, on peut nettement apercevoir de fins filets de vapeur
flottant au-dessus des nombreux barrages de rétention de la région, dans un décor surréaliste. L’air est sec et vif. Le terrain rocailleux. Les cimes des plus hautes montagnes sont blanches de neige. Au loin, deux mulets tirent un araire à soc en bois poussé par un paysan pour labourer quelques mètres carrés de terre. On se croirait revenir aux débuts de l’agriculture. Dans cette région montagneuse, on pratique l’agriculture en terrasse. «Ici, on mesure les terrains au sauts de grenouille», glisse, non sans humour, Hamid. Il n’y a pas suffisamment de terrains pour mécaniser ou utiliser des moyens modernes. «On peut s’estimer riche si on a deux terrains de 400 m² adjacents», explique notre guide. On travaille à l’ancienne, comme il y a des millénaires. Les seuls véhicules que l’on voit de temps en temps, noyés dans des – – – Mars 2015 Economie|Entreprises
043
ECONOMIE TOUT COMMENCE PAR LA GRAINE
044
Au fil des rencontres dans la montagne, nous avons pu recenser plus d’une dizaine de variétés produites. Des noms exotiques qui reprennent un peu les dénominations de plants importés hybridés voire génétiquement modifiés à la sauce marocaine. On a ainsi relevé le nom d’Amnésia, qui est probablement issu de l’Amnésia Haze, une graine à très fort potentiel en THC (plus de 20%) développée en hollande. Un autre agriculteur nous a parlé de requin blanc (lqirsh l’abiad), issu probablement de la great white shark haze, un hybride de graines d’origine brésilienne, hollandaise (super skank) et du sud de l’Inde très productif et réputé pour ses vertus thérapeutiques. Black domina, une variété afghane purifiée à 95%, devient «black domino», dans la bouche d’un des agriculteurs rencontrés… Cali orange Bud, une variété californienne hybride deviendrait «Limounia», en référence à sa couleur et son goût acidulé… Questionné sur les origines des graines, les agriculteurs restent vagues. «C’est quelqu’un qui me les a achetées d’Espagne, dans une foire aux graines à Barcelone», rapporte Mourad d’Azilane. C’est la même source pour l’Amnésia qui apparemment a été payée 5.000 dirhams le kilo de graine. Une révolution dans ces régions où on est habitué à échanger ou donner des graines plutôt qu’à les acheter. Concernant la mexicana et la pakistana, la plupart des sondés affirment que ce sont des graines qu’ils ont eues chez d’autres agriculteurs à Ketama… Quant à la kherdala, la variété vedette, elle serait issue d’un croisement local à partir des graines pakistanaise, mexicaine et du kif local. Mais, pour Kenza Afsahi, rien n’indique que les noms des nouvelles variétés renvoient vraiment aux régions auxquelles elles font référence… «On ne connaît pas les origines de ces variétés hybrides, il faut beaucoup de recherche pour pouvoir les déceler». En effet, avec la pollinisation, même les hybrides sont hybridées. De plus, ces plants doivent s’adapter au climat et au terrain marocains… Economie|Entreprises Mars 2015
Légalisation Le PAM, avec l’Istiqlal, sont les chantres d’une légalisaton de la culture du cannabis pour des usages industriels et pharmaceutiques. Un débat qui date du début des années 60..
nuages de poussière, sont les Land-rover et de vieilles Mercedes 307 diesel surchargées, qui parcourent de sinueuses pistes de montagne. Pour les automobilistes, le célèbre col de Tizintichka apparaîtrait ici comme une autoroute 5 étoiles. La région est enclavée et les gens méfiants. Grâce à notre guide, transporteur dans la région et agriculteur, nous sommes accueillis partout. «Sans moi, beaucoup de gens ne pourraient pas avoir les bouteilles de gaz», annonce fièrement Hamid.
–––
Au pays de la Khardala Après une heure et demie de route et de virages ininterrompus, nous arrivons dans une petite maison sur deux niveaux encastrée dans la montagne. Mourad est le maître des lieux. La trentaine, il est agriculteur du village d’Azilane dans la région de Talambout. Il vit avec sa jeune femme et quatre enfants en bas âge. Quelques poulets picorent dans la cour, alors qu’une petite fille de quatre ans aide sa sœur, à peine plus âgée, à faire le linge dans une eau qui descend directement de la source proche. La mère, la taille fine, séré dans son «mendil» traditionnel en laine rouge rayé de bleu, met du bois dans un grand four en terre, placé à côté de la maison... Autour d’un thé, et en compagnie de son frère et de deux ou-
vriers agricoles, ayant profité de notre visite pour se prendre une petite pause, Mourad confirme les dires de Omar l’agriculteur de Kelaa: «sur ces montagnes, vous allez plus trouver de la khardala qu’autre chose», affirme-t-il. Pour lui, les agriculteurs ont peu à peu abandonné la variété locale du kif pour d’autres plus productives, comme la Khardala. «Elle produit plus de haschich, plus dosée. De plus, elle est bien adaptée à notre climat», résume-t-il. Et d’ajouter: «Cette année, avec mon frère, on a essayé une autre variété appelée automatica. Celle-ci donne deux récoltes par an. Après la première récolte en juin, il suffit d’irriguer et, deux mois plus tard, on moissonne à nouveau. Par contre, je ne l’ai pas encore battue. Je ne sais pas encore combien elle donne de poudre, mais je suis confiant, on m’a assuré qu’elle rendait bien…». Ainsi, les agriculteurs de la province de Chefchaouen, principale source de production de Cannabis au Maroc, voire
La variété locale est cultivée en haut de montagne, où c’est aride, essentiellement pour être fumée
ECONOMIE
Production Le processus comprend le séchage des plantes en passant par l’effeuillage avant l’ultime étape de battage et de tamisage.
046
– – – dans le monde, avec plus de 50% des surfaces cultivées, semblent motivés par de meilleurs rendements et surtout une augmentation de la teneur en delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) l’une des principales substances actives du cannabis. Selon les témoignages que nous avons pu recueillir auprès des agriculteurs, les nouvelles variétés produisent au moins 50% de plus de poudre que le kif traditionnel. Ainsi, les rendements de 100 kg de plants séchés produiraient près de quatre kilogrammes de poudre de cannabis. Un article de recherche récent intitulé Haschich Revival in Morocco, publié en 2014 sur l’International Journal of Drug Policy, relève que «les nouveaux hybrides cultivés au Maroc donnent trois à cinq fois plus que la variété kif». Et les teneurs en THC ne sont pas en reste. Le même article relève que «la teneur en THC du haschich marocain saisi en France, en 2012, atteint en moyenne 16%, selon les tests réalisés par l’institut national de la police scientifique française». En comparaison, les tests réalisés en 2004 sur la poudre de kif, produite dans la région du Rif par le Laboratoire de recherche et d’analyses techniques et scientifiques de la Gendarmerie Royale relève une teneur moyenne de 8,3%. Ces mesures ont été publiées dans un rapport conjoint de l’Office des Nations-Unis contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Agence de Développement des provinces du Nord, sorti en 2005. Ce rapport note qu’«à partir de 100 kilos de cannabis brut séché, les agriculteurs extraient un total de 2,82 kg de résine répartie entre trois qualités». Un quasi double-
Economie|Entreprises Mars 2015
ment des teneurs en substance active et une augmentation massive des rendements en moins de 10 ans laissent ainsi soupçonner que ce qui est recherché par ce changement de variété parfois OGM (voir encadré) est bel et bien une plus forte productivité occasionnant l’abandon de la variété locale.
Une tendance mondiale «Ce n’est pas une tendance nouvelle», affirme Kenza Afsahi, économiste chercheuse de l’Université de Lille 1 et associée au Centre Jacques Berque, spécialiste de la problématique du cannabis (Maroc, France, Québec). «Ce sont des changements cycliques liés aux transformations de la demande internationale, puisque les agriculteurs du Rif produisent essentiellement pour l’export», poursuit-elle. En effet, de la production autoconsommée d’avant les années 60, le Maroc est peu à peu devenu le premier exportateur vers le marché européen puis le premier exportateur mondial de cannabis. Cette tendance a eu lieu dans les années 80 et 90, lors des guerres au Liban et en Afghanistan, les deux autres grands exportateurs vers le Vieux continent. «Je suppose que le premier changement
La kherdala produit plus de haschich plus dosé et s’est bien adaptée au climat local
de variété récent a été effectué quand les Marocains ont appris à produire du haschich avec les hippies des 60’s et surtout pendant les 80’s avec l’extenssion des cultures», assure Afsahi. Ainsi, on est passé du kif traditionnel qui se fumait naturellement à la pipe avec du tabac brut, à des variétés produisant plus de poudre pour la transformer en haschich. «Aujourd’hui, c’est une autre phase puisque toutes les études démontrent que les consommateurs européens cherchent des variété avec des teneurs en THC plus importantes», développe notre chercheuse. Le marché européen s’est en effet habitué à consommer de l’herbe de cannabis très forte produite indoor (à l’intérieur des maisons), ce qui incite les producteurs marocains à s’adapter. L’autre raison possible de cette tendance d’hybridation serait liée aux compagnes d’éradication massives de la moitié des années 2000 qui ont vu les autorités détruire les terrains de production de kif aux limites de la région du Rif. Des hélicoptères auraient même survolé la région en 2005 pour épandre des produits détruisant les cultures. Ainsi, selon divers rapports, entre 2003 et 2011, la surface occupée par le kif s’est réduite de 130.000 à 47.500 hectares. Par contre, en recourant massivement à des plants plus productifs, les agriculteurs du Rif continuent à répondre à la demande.
Pas de quoi faire fortune Ce rush pour le «shit» marocain n’empêche que ses revenus pour les agriculteurs restent assez faibles. Une densité de population (124 habitants/ km²) trois fois plus élevée que la moyenne nationale (37 habi-
tants/km²), des terrains très émiettés et de faibles tailles, des techniques traditionnelles de culture… des éléments qui font que les revenus par tête sont très faibles. Par ailleurs, les intrants dans ces régions sont assez chers. Il faut ainsi compter 100 dirhams la bombonne de gaz. Sachant que beaucoup de pompes à eau fonctionnent au gaz, la transformation du haschich nécessitant aussi de la chaleur. L’ouvrier agricole est payé 150 à 200 dirhams la journée. Pour le moindre trajet en montagne, il faut compter au minimum 50 dirhams. Les graines commencent de plus en plus à être achetées… A cette dépendance aux revenus monétaires, s’ajoutent d’autres conséquences, comme l’érosion et l’appauvrissement des sols apparaissant, condamnant ainsi les agriculteurs à dépenser beaucoup plus pour les produits phytosanitaires et les fertilisants. Sans compter les problématiques liées à la consommation d’eau pour des plants toujours plus productifs et plus gourmands nécessitant des systèmes d’arrosage de plus en plus importants. Selon le rapport de l’Onudc, publié en 2007, le revenu par famille d’agriculteur en 2005 était de
Ce sont les villageois qui traitent directement avec les trafiquants nationaux, voire internationaux
Survie Dans une zone rude et enclavée, ce sont la monoculture et l’intensification de la production qui guettent encore plus la région.
38.900 dirhams par an. Si l’on estime que ce revenu a été multiplié par deux en 10 ans, on arrive à des revenus par tête de l’ordre de 30 dirhams par jour dans une région rude et enclavée, où tout est plus cher. En conséquence, ce sont la monoculture et l’intensification de la production qui guettent encore plus la région. «Les conséquences en sont néfastes», résume Kenza Afsahi. Pour elle, déjà de grandes régions du Rif central ont perdu leur autosuffisance alimentaire. «En abandonnant de plus en plus les cultures vivrières, comme les cultures maraichères, au profit des champs de cannabis, les agriculteurs sont de plus en plus obligés d’aller au marché non pas pour vendre leurs surplus mais pour acheter leurs produits de base», analyse la chercheuse. La faiblesse des revenus, ainsi que la dépendance des trafiquants poussent les agriculteurs à revoir leurs stratégies. Que ce soit en changeant les semis ou en revoyant
le système de vente, toutes les manières sont bonnes pour augmenter les revenus. «Avant, c’étaient des trafiquants d’autres villes qui venaient faire la collecte chez les agriculteurs. Aujourd’hui, ce sont les enfants du pays qui le font», raconte Hamid. «Ils arrivaient de Tanger, Tetouan, Sebta ou Melilia, avec de gros 4x4 et des valises d’argent. C’était comme au marché, les agriculteurs descendaient leurs productions de la semaine (2, 3 ou 4 kilos chacun) et négociaient directement avec le trafiquant», se souvient Hamid. «Aujourd’hui, ce sont les enfants du pays qui traitent plusieurs centaines de kilos directement avec les trafiquants à Tétouan ou à Tanger, voire des Espagnols ou des Italiens. Certaines transactions se réalisent même contre d’autres drogues comme la cocaïne». Une manière d’intégrer la chaine de valeur et de supprimer les intermédiaires tout en valorisant autrement le haschich. E|E gelkarmouni@sp.ma
Édition juin 2015
Ecosystèmes Grande Entreprise/PME pour un développement solidaire
Un hors-série EconomieıEntreprises
Mars 2015 Economie|Entreprises
047
ECONOMIE
048 Immobilier
Le Fisc se mêle des prix Le nouveau référentiel des prix immobiliers de la DGI a soulevé un tollé. Une mesure mise en place pour éviter l’effondrement du marché? Décryptage. Par Ghassan Waïl El Karmouni
La dernière mesure de la Direction Générale des Impôts (DGI) semble faire beaucoup de mécontents dans le secteur de l’immobilier au Maroc. Ainsi, le nouveau référentiel des prix immobiliers, mis en place par Abdellatif Zaghnoun avant de mettre les voiles vers la CDG, a dors et déjà commencé à être contesté par certains opérateurs. Et les arguments pour l’attaquer ne manquent pas. Pour Driss Economie|Entreprises Mars 2015
Effina, économiste spécialisé dans l’immobilier, «ce référentiel n’a tout simplement pas lieu d’exister», car, argue l’expert, «cet outil va jouer contre les mécanismes du marché et contre le bon fonctionnement des prix». «Avec ce référentiel, nous allons tomber dans les prix réglementés. Or, nous sommes dans un marché de concurrence. Il faut que le conseil de la concurrence donne son avis sur cette mesure», tonne-t-il.
Anticoncurrentiel La DGI, premier concerné, ne semble de cet avis. Ainsi, pour Omar Raissouni, directeur du contrôle fiscal et l’un des architectes du référentiel contesté, «ce référentiel vise aussi bien à encadrer le pouvoir d’appréciation de l’administration fiscale qu’à consolider la transparence et l’équité fiscales». Il n’est donc pas question d’entraver le marché mais de «réduire les contentieux générés par les redressements des prix déclarés par les contribuables». En effet, «la publication du référentiel permet au citoyen d’être au même niveau d’information que l’administration fiscale et participe à la promotion de l’équité fiscale à travers, notamment, l’uniformisation des traitements en matière de révision des prix», explique Raissouni. Un avis nuancé par Abdelali Benamour, président du Conseil de la concurrence. Pour lui, «cette mesure peut être considérée comme anticoncurentielle si c’est un
Critères Le prix d’un logement vendu deux fois en une année s’apprécie de 12% du seul fait de l’impôt, sans que ni sa qualité ni sa situation n’entrent en jeux.
LA grille ne reflète pas la réalité du marché Dans une conjoncture de baisse, la grille des prix devra être révisée souvent pour ne pas influer sur les mécanismes du marché. Aïn Sbaa
Sidi Belyout
8.500 à 11.000
11.000 à 22.000
Maârif
13.000 à 27.000
Sidi Bernoussi 7.500 à 10.500
Anfa
15.000 à 35.000
Sidi Moumen 7.200 à 8.500
Hay Hassani 7.500 à 16.000
Hay Moulay Rachid 7.000 à 9.000
El Fida
9.000 à 12.500
Aïn Chock
Mers Sultan
Roches Noires
Hay Mohammedie
Sbata
Ben M’sik Sidi Othman 9.100 10.000 9.500 8.000 7.500 prix de référence qui détermine 7.500 7.500 à 19.000 à 16.000 à 15.000 à 9.000 à 9.000 le prix du marché. En général, toutes les mesures d’encadrement Source: Référentiel des prix des transactions immobilières de Casablanca, DGI, 2015 de ce genre ont démontré qu’elles ont des difficultés d’application». Mais la DGI a un alié de taille: la Fédération national des promoteurs immobiliers le noir. Nous avons d’ailleurs travaillé dessus en précisant des prix par rue, le fisc prend le (FNPI), qui réclamait cette mesure depuis avec les cadres de la DGI depuis plus d’un risque d’un nivellement des prix, soit par le plusieurs années. «Ce référentiel est l’abou- an et demi», affirme Youssef Iben Man- haut ou par le bas. Et dans une conjoncture tissement de notre plan d’action de lutte contre sour, président de la FNPI. Optimiste, il de stagnation, voire de baisse des prix, cette ajoute que «c’est un outil légal qui vient en mesure pourrait maintenir des prix artifirenforcement de nos efforts. Il va y avoir de la ciellement haut. De même, le référentiel contestation mais s’il permet de régler 80% des n’est pas suffisamment affiné pour prendre problèmes, ce sera le comble de la satisfaction». en considération les différences de prix au sein d’une même rue ou d’un même imDes prix plus hauts ? meuble. Par exemple, un immeuble orienté Mais tous les opérateurs immobiliers sud est estimé au même prix qu’un autre ne sont pas du même avis que la voix offi- moins ensoleillé, donc moins attractif à cielle de la FNPI. Certains promoteurs ou l’achat, de même que les terrains pollués agents immobiliers, ainsi que plusieurs no- par des équipements publics... taires sont récemment montés au créneau pour dénoncer la grille tarifaire de la DGI, Prix à réviser car elle ne répond pas toujours à la réalité C’est ce qui est illustré par le promodes prix et pourrait, à terme, aggraver le teur Saïd Sekkat, patron de l’entreprise 10 ralentissement des transactions en creusant Rajab: «c’est un outil qui comporte un certain le gap entre les prix de l’offre et les tarifs nombre d’inconvénients. C’est pourquoi il Zaghnoun Le père de la mesure que sont disposés à payer les acheteurs et doit être évolutif avec des révisions annuelles a tenu à la mettre en œuvre maintenir, de ce fait, les sous-déclarations, des prix, voire semestrielles», suggère-t-il. avant son départ pour la CDG. principal objectif de cette mesure. En fait, Une position confortée par la fédé- – – –
Mars 2015 Economie|Entreprises
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ECONOMIE
Iben Mansour Ce référentiel est l’aboutissement de notre plan d’action de lutte contre le noir. Effina Il faut une vraie réforme de la fiscalité immobilière et non des mesures anticoncurrentielles.
050
– – – ration qui, selon son président, a déjà demandé à l’administration que les prix soient révisés chaque six mois. «Ce référentiel ne donne pas les justes prix des transactions mais d’un prix moyen par rue», note Iben Mansour. Pour Raissouni, «les prix ont été déterminés sur la base de contrats et informations en possession de l’administration, des concertations avec les partenaires (la FNPI et la Conservation foncière (Ancfcc)), ainsi que des enquêtes menées sur le terrain. Ils tiennent compte de la réalité du marché et représentent des prix moyens observés sur une zone déterminée». Et d’ajouter: «Les prix du référentiel sont retenus par l’administration fiscale dans
le seul but de calculer les droits et taxes. Ils ne sont opposables qu’à l’administration fiscale et le contribuable est libre de les retenir ou pas pour les besoins de paiement des droits et taxes», insiste le fonctionnaire de la DGI. Donc, selon lui, pas moyen que le référentiel influence le marché.
Une mesure à généraliser Ainsi, «les prix seront toujours déterminés par l’offre et la demande conformément au libre jeu du marché», affirme-t-il clairement. Un idéal difficile à imaginer dans la pratique. L’autre point problématique est que cette mesure ne s’applique qu’à Casablanca, ce qui est, selon Driss Effina, anticonstitutionnel. En effet, pour l’économiste, «la constitution a consacré l’égalité des citoyens devant la loi, le fait d’imposer des
Supplément Entreprises & Établissements Publics
normes à Casablanca seulement est discriminatoire vis-à-vis des autres villes». En effet, selon l’article 6 de la Constitution «la loi est l’expression suprême de la volonté de la nation. Tous, personnes physiques ou morales, y compris les pouvoirs publics, sont égaux devant elle et tenus de s’y soumettre». Mais, selon Iben Mansour, l’entorse de l’exception casablancaise ne serait que partie remise puisque le référentiel devrait être élargi à d’autres villes. «Casablanca est une ville pilote. Normalement l’administration fiscale devrait sortir des référentiels de prix pour d’autres villes très prochainement», affirme le président de la FNPI. Quoi qu’il en soit, ce nouveau référentiel des prix, d’ailleurs une des recommandations des assises sur la fiscalité, n’est qu’un petit jalon dans la nécessaire réforme de la fiscalité de l’immobilier. Car, si l’objectif est l’équité fiscale, cette mesure n’est pas suffisante. Ce qu’il faut c’est une vraie réforme de la fiscalité immobilière puisqu’avec le foncier et la marge des promoteurs, une des principales sources de coût dans le prix final du logement est bien l’impôt. Ainsi, selon Effina, le total des taxes perçues par l’Etat atteint 37% du prix du logement fini. Une surcharge additionnelle supportée par l’acheteur final, sans compter les surcoûts liés à la transaction. En conséquence, le prix d’un logement vendu deux fois en une année s’apprécie de 12% du seul fait de l’impôt, sans que ni sa qualité ni sa situation n’entrent en jeux. Une situation ubuesque qui nécessite sûrement plus qu’un référentiel des prix… E|E gelkarmouni@sp.ma
Avril 2015
Economie|Entreprises
Vers une nouvelle gouvernance ?
Mme Lamiaa Bassim 05 22 36 95 15 ou lbassim@sp.ma
Economie|Entreprises Mars 2015
ECONOMIE
Energie Éolienne
au dépôt des offres financières de dernière étape avant l’annonce de l’adjucataire final.
Illusoire industrialisation ? L’annonce des short-listés du dernier appel d’offres de l’éolien devrait tomber bientôt. Le coût par kWh produit et l’industrialisation de la filière sont les principaux enjeux. Par Ghassan Waïl El Karmouni
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Après l’ouverture des plis en septembre 2014 des offres techniques de l’appel d’offres pour les 850 MW d’éolien, tout le microcosme de l’énergie renouvelable,
attend le nom des consortiums retenus pour ce marché. Les résultats devraient être connus ce mois-ci. C’est ainsi une étape nécessaire qui devrait ouvrir la voie
1.000 MW/an La particularité de cet appel d’offres, à part son gigantisme, est qu’il vise le développement d’une filière industrielle éolienne nationale qui «contribuera fortement à la dynamique de développement économique et social régionale, en termes de création d’emplois, de recours aux prestations, notamment des PME-PMI locales et de transfert de savoir-faire», selon les promoteurs du projet, à savoir, ONEE, le Fonds Hassan II et la Société d’investissement énergétique (SIE). D’après les premières fuites parues dans la presse, ce serait le consortium constitué du saoudien Acwa Power et de l’espagnol Gamesa, qui auraient présenté l’offre technique proposant le plus d’intégration locale avec près de 70% des composantes devant être fournies grâce à du sourcing local. Sur les 11,5 milliards d’investissement que devrait générer le projet, au moins 8 milliards seraient sensés rester sur place. Au programme, une usine de palles et une autre dédiée aux mats vont venir enrichir le tissu industriel local – – –
Industrie Le Maroc peut jouer un rôle de locomotive régionale s’il prend les bonnes décisions en industrialisation. Economie|Entreprises Mars 2015
ECONOMIE avec leur lot de transferts de technologies. D’autres composants, comme les systèmes électriques, pourraient aussi être fournis par des entreprises installées au Maroc. Le génie civil et les transports devraient aussi faire partie du lot. Bien qu’importantes, ces contributions restent encore faibles en termes de trans-
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UN MODÈLE RÉUSSI
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Les régions montagneuses du nord-ouest espagnol se sont en 20 ans transformées en un énorme champ d’éolien produisant une grande partie de l’énergie espagnol. Derrière ce succès la volonté combiné du politique, de l’économique et de l’industriel pour créer un leader, Gamesa. Fondée en 1976, la startup spécialisé dans la fabrication et la vente d’équipements industriels pour divers secteurs (automobile, aéronautique, robotique, microélectronique) Gamesa s’est en 20 ans transformée en un leader technologique global dans l’industrie éolienne. En effet, au profit d’une joint-venture dans les années 90 entre le gouvernement de Navare et Vestas (entreprise danoise de fabrication éolienne, leader mondial), et Gamesa, la PME décide de se spécialiser sur deux cœurs de métier: l’aéronautique et l’éolien. Proposant des solutions low-cost et adaptées aux spécificités espagnoles, et grâce à un soutien fort de l’Etat, l’entreprise à pu se développer et installer la plupart des capacités espagnoles en éolien. Mieux encore, elle a pu racheter les parts de Vestas et du gouvernement local et s’introduire en bourse. Après 21 ans d’expérience et 31.000 MW installés dans 50 pays Gamesa est devenue le leader mondial dans le développement et la vente de parcs éoliens, avec environ 6.400 MW installés dans le monde entier et 4ème en termes de capacités totales. Grâce à l’investissement dans la R&D, l’entreprise à aujourd’hui la capacité de développer des produits adaptés spécifiquement à chaque emplacement, voire pour des conditions polaires ou pour des zones arides, telles que le désert, l’objectif étant toujours de réduire le coût de l’énergie. Une success story qui peut facilement faire des émules au Maroc. Economie|Entreprises Mars 2015
fert de technologie. En effet, il est illusoire de s’attendre à l’implémentation d’une chaîne d’approvisionnement locale. Car simplement, «pour que cela soit rentable, il faut tabler sur une production équivalente à 1000 MW/an», affirme le directeur marketing de Gamesa Juan Diego Diaz. En dessous de ces capacités, les usines ne seraient donc pas rentables. L’annonce de l’usine de palles et celle des mats, si le marché est décerné à Gamesa, répond plus à une logique de rationalisation de coûts. En effet, la logistique représente entre 20 et 50% des coûts en moyenne en raison, soit des volumes, soit du poids des composants. Une palle, par exemple, peut faire jusqu’à 60 mètres de long en des matériaux composites légers, alors qu’une petite partie de mats peut atteindre plus de 10 tonnes d’acier. Des problèmes de transport et d’accès aux sites d’installation se posent, surtout que la plupart des sites sont sur des zones montagneuses difficiles d’accès.
Le dictat du coût Cette logique est propre au métier. «L’erreur à faire est de chercher à créer une industrie subventionnée, non compétitive qui finira par rendre plus cher le coût du MWH», renchéri Diaz. Et l’exemple brésilien est à ce point éloquent, où le coût du MWH éolien coûte jusqu’à 35% plus cher car le gouvernement souhaitait créer à tout prix une industrie locale. Bien que rentable en termes d’emplois et politiquement mais celle-ci n’est pas viable économiquement. «Il ne faut pas industrialiser pour industrialiser, affirme pour sa part Ricardo Chocarro, DG de Gamesa Europe/Afrique. «Nous cherchons à atteindre les coûts les plus compétitifs et c’est ce qui justifie l’implantation industrielle (près de 1 million d’euros/ MW installé). Si le sourcing local nous permet de réaliser des économies sur le prix du MWH, nous le ferons». Côté marocain, c’est déjà acté. D’ailleurs, la note accordée au projet industriel dans l’évaluation des offres soumises ne dépasse pas les 15%, contre 85% d’importance accordée à l’offre financière. L’argument du sourcing local serait-il purement démagogique? Il faut le croire. Car l’enjeu pour l’ONEE est de baisser au maximum le coût de l’électricité produite
Diaz «Nous visons les coûts les plus compétitifs et c’est ce qui justifie l’implantation industrielle».
pour qu’elle n’impacte pas négativement le coût du mix énergétique. Comparée au solaire, l’énergie éolienne est déjà très compétitives à 42 euros le MWH cette énergie ne coûte «que» le double du charbon en coût d’énergies nivelés. Et pourrait baisser à 40 euros/MWH. En outre, le choix de l’éolien permet de s’émanciper du marché international des énergies tout en étant propre et renouvelable. Le même schéma que le thermo-solaire (CSP), mais quatre fois moins cher. D’ailleurs, selon les prévisions de bloomberg, cette énergie devrait coûter encore moins cher dans les 10 prochaines années (-30% en 2023) contrairement au charbon et au fuel. Elle devrait baisser encore plus rapidement que le CSP. Des perspectives prometteuses pour cette énergie qui, si elle est correctement développée au Maroc, peut lui ouvrir un potentiel important pour le développement dans d’autres pays, notamment en Afrique. Le continent est ainsi le moins équipé dans le monde avec seulement 2.545 MW, dont près du tiers est installé au Maroc. Le pays est ainsi bien positionné pour jouer un rôle de locomotive régionale si les bonnes décisions en termes d’industrialisation sont prises. E|E gelkarmouni@sp.ma
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ECONOMIE
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Appel d’offres Il faut compter 30 mois entre le lancement et le démarrage effectif du chantier.
Investissements Publics
36 milliards misés sans visibilité Identifier un retour sur investissement prévisionnel n’est décidément pas le premier souci de l’administration. Au département de l’Equipement, l’heure est aux effets d’annonce. Par Sanae Raqui Economie|Entreprises Mars 2015
36 milliards de dirhams pour les marchés publics en 2015. Le chiffre a de quoi faire sauter de joie les opérateurs BTP du pays, en mal de croissance depuis quelques années. Redonner confiance est visiblement voulu par le gouvernement PJD surtout après le bad buzz qu’avait provoqué la coupe en 2013 de 15 milliards dans le budget d’investissement. «La décision de communiquer chaque année sur les différents appels d ’offres sera maintenue dans un souci de transparence, de compétitivité et de bonne gouvernance», explique à Economie&Entreprises Aziz Rabbah, ministre de l’Equipement et du
ÉQUIPEMENTS PUBLICS
SECTEUR ROUTIER
(maîtrise d’ouvrage g déléguée) g )
quence qu’il y a du réchauffé dans les 36 milliards de projets annoncés par Rabbah.
Des projets anciens
SECTEUR AÉRIEN
D
7,86 MMDH
7,38 MMDH
1,19 MMDH
1,87 MMDH
9,74 MMDH
MARCHÉS BTP AU TITRE DE L’ANNÉE 2015
SECTEUR TRANSPORT ET LOGISTIQUE
36,02 MMDH SECTEUR FERROVIAIRE
SECTEUR MARITIME ET PORTUAIRE
161 MDH
4,70 MMDH
8,70 MMDH
278 MDH
808 MDH
3,05 MMDH
12,84 MMDH Source: Ministère de l’équipement
Transport. Un coup de com’ qui vient peut-être aussi mieux faire passer la pilule de l’essoufflement manifeste de la politique des grands chantiers, arrivée en effet à un terme, aussi bien à cause de la politique d’austérité de l’Etat que de par l’atteinte d’une certaine maturité en termes d’équipement en grandes infrastructures. Une analyse que réfutent les responsables du département Rabbah. «Le Maroc n’a jamais abandonné la politique des grands chantiers. Certes,
il y a eu un essoufflement des ressources budgétaires ces dernières années, mais nous essayons de maintenir nos projets surtout dans le domaine des BTP. Car il faut admettre qu’il y a toujours un besoin au niveau des infrastructures», argue ainsi Jamal Ramdane, directeur de la Stratégie, des programmes et de la coordination. Il y a un besoin certes, mais identifié depuis plusieurs années et dont les réponses ont elles aussi été identifiées et programmées il y a un moment. Cela fait en consé-
Il y a par exemple le port Nador West Med, dont les travaux devront enfin démarrer au deuxième semestre 2015. Ce projet est inscrit au budget pour un montant de 8,7 milliards de dirhams. Il y a également le TGV, pour lequel plusieurs appels d’offres n’ont pas encore été lancés et qui accapare la coquette somme de 1,67 milliard sur les 36 milliards. Des redondances que l’on risque de retrouver les prochains exercices et qui naissent du système d’appels d’offres propres à l’Etat. En effet, «entre le lancement de l’appel, son attribution et le démarrage effectif du chantier, il faut compter une moyenne de 30 mois», explique un opérateur économique. Chose que confirme cette explication de Ramdane concernant Nador West Med: «L’appel d ’offre a été lancé en fin 2014, mais il sera attribué en 2015. C’est pour cette raison qu’il fait partie du budget de cette année». «Il y a des projets qui vont pendre du temps pour leur mise en place. Mais a priori, ce sont de nouveaux projets», ajoute pour sa part Mostafa Meftah, directeur délégué de la Fnbtp. Ce biais propre à la comptabilité nationale pourrait ouvrir la voie à toutes sortes d’effets d’annonce. En effet, le responsable politique pourrait à loisirs annoncer le même projet plusieurs années de suite pour gonfler artificiellement l’enveloppe des budgets alloués. «Les 36 milliards en ques- – – –
Les anciens projets, qui font partie de la consolidation, ne sont pas comptés dans les 36 milliards Mars 2015 Economie|Entreprises
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ECONOMIE tion concernent tous de nouveaux projets», martèlera Rabbah. «Les anciens projets, qui font partie de la consolidation, ne sont pas comptés dans les 36 milliards. Ce dernier montant est de l’argent nouveau que le ministère va allouer à l’année 2015», insiste-t-il.
–––
Bien qu’il y ait eu un essoufflement budgétaire, le Maroc n’a jamais abandonné la politique des grands chantiers
chés de la SNTL vont nécessiter 161 millions de dirhams. 36 milliards de dirhams, une foultitude de projets et de ressources financières et humaines mobilisées, pour quel retour sur investissement?
L’impact non quantifié Le portuaire prime
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Dans le détail, le programme prévisionnel de Rabbah est réparti entre six secteurs. Sur la première marche du podium trône le secteur maritime et portuaire avec 12,8 milliards de dirhams dispatchés entre Nador West Med, l’ANP (3 milliards de dirhams), Marsa Maroc (808 millions de dirhams) et le ministère (278 millions de dirhams). Entre autres, cette grosse enveloppe servira à l’extension du port Jebha dans la province de Chefchaouen, à la construction du port de pêche de Lamhiriz dans la région de Dakhla, mais aussi au développement des infrastructures portuaires en général, et la maintenance et les entretiens des ouvrages portuaires nationaux… Le portuaire alors plus important que le reste? «Ce secteur se trouve en première place des investissements de cette année, simplement parce qu’il coûte très cher. Les ouvrages de protection accaparent, à eux seuls, les deux-tiers du montant de la construction d ’un port», rassure Ramdane précisant au passage que «tous les secteurs sont prioritaires».
Après le portuaire, arrive le routier avec 9,7 milliards de dirhams à raison de 7,8 milliards pour les projets propres au ministère et 1,8 milliard de dirhams pour ceux d’Autoroutes du Maroc. Il sera question de l’élargissement et du renforcement des routes nationales et de leur entretien et aménagement. En troisième position, on trouve les équipements publics (maîtrise d’ouvrage déléguée) du ministère avec 7,3 milliards de dirhams. Ce sont, en effet, 20 projets d’infrastructures qui concernent plusieurs départements ministériels, notamment ceux de l’Enseignement supérieur, la Santé, les Affaires islamiques, la Culture et le Commerce et industrie. Le secteur ferroviaire décroche, quant à lui, 4,7 milliards de dirhams au titre des projets de l’ONCF. Cela concerne les travaux de génie civil et les travaux de bâtiments de l’Office. Le secteur aérien nécessitera, quant à lui, 1,19 milliard de dirhams en 2015. Enfin, les mar-
La prévision de l’impact économique des investissements publics est un autre dysfonctionnement majeur de la machine administrative. «Il est difficile de le quantifier a priori. Mais a posteriori c’est tout à fait possible. Nous réalisons certes des études générales avant d ’entamer le chantier en question, comme celles d ’impact sur l’environnement, dictées par la loi. Ces études ne sont pas aussi approfondies que celles post-projet», se défend le directeur de la stratégie au ministère. Que de plus normal?! Mais, même des études pour mesurer le retour sur investissement a posteriori n’ont, semble-t-il, jamais été effectuées jusque-là! «Avec la nouvelle gestion des ressources, on est en train de progressivement systématiser les études d ’impact», nous assure Jamal Ramdane. Dans ce sens, le ministère est en train de finaliser l’évaluation de l’impact du programme des routes rurales. Il y a une première fois à tout et il vaudra toujours mieux tard que jamais. Sauf que lorsque cela engage les deniers de l’Etat, tard est, en soi, une tare. E|E sraqui@sp.ma
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Vincent Teulade Directeur PwC France
Guelpétchin Ouattara Directeur, Direction de l’Informatique et des Traces Technologiques, Ministère d’État, Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, Côte d’Ivoire
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DOSSIER TUNISIE
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La Révolution du Jasmin a mis à nu de nombreux maux économiques et sociaux: une économie défaillante, marquée par une dualité, un modèle de croissance qui a généré des exclus... La Tunisie se retrouve après quatre années de tiraillement entre plusieurs courants face à des défis qui imposent des mesures urgentes. Economie|Entreprises Mars 2015
Aussi dans cette rubrique 064 Un modèle à réinventer 066 Essebsi dans le flou ! | 068 «La révolution a révélé des courants passéistes» 070 Maroc/Tunisie: les 5 stéréotypes
Dégradation
Toujours en salle d’attente Face aux défis, les solutions de sortie de crise sont limitées.
Par Ghassan Waïl El Karmouni
«Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus dégradée qu’on ne peut l’imaginer», lance tout de go le député tunisien Adnen Hajji, issu des zones minières de Gafsa et Redeyef, berceau des contestations de 2010. En effet, les quatre années de transition ont surtout été des années de mouvements sociaux et de grèves entraînant une dégradation de tous les grands équilibres macroéconomiques et une quasi mise sous tutelle des institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale qui, en corolaire de leurs aides, ont imposé une série de conditionnalités. Hajji explique qu’à l’origine de ces mouvements protestataires, il y avait essentiellement des motivations socioéconomiques. «Les différents gouvernements qui se sont succédés depuis 2011 n’ont pas réussi à créer les bonnes alternatives pour relancer la machine. Ils ont en quelque sorte été la continuité de l’ancien régime», se désole-t-il. Alors que la majorité des Tunisiens s’attendaient à récolter rapidement les dividendes du renversement du chef de l’Etat et ses affidés qui accaparaient une bonne partie des richesses (voir encadré), la situation, social et politique a continué à se dégrader, notamment suite à la rupture du dialogue entre les différents partenaires sociaux. Ainsi, rien qu’en 2014, ce ne sont pas moins de 361.000 jours d’emplois perdus, suite à la multiplication des mouvements sociaux, qui ont mobilisé plus de 155.000 personnes pour un pays de 11 millions d’habitants. Un nombre en augmentation de près de 91% par rapport à 2013, selon l’institut de statistiques Sigma. «En tout, on peut estimer que la productivité a baissé de plus de 50%», C’est en milliers affirme Hajji. Le taux d’inles jours d’emploi vestissement est, lui, tombé perdus par la à 18%. Pis, c’est un mouvesuccession de ment de désinvestissement mouvements qu’a connu le pays avec le sociaux en 2014. départ de plusieurs entreprises nationales et multinationales, comme le japonais Yazaki, qui était un des C’est le taux grands investisseurs dans de chômage le secteur de l’équipement des diplômés automobile et qui a déserté supérieurs, dont ses principaux sites de pro40% de femmes. duction au centre du pays.
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Présentée durant des années comme un modèle de développement dans la région, voire comme un benchmark international, l’année 2010 et ses soulèvements populaires, ayant conduit à la chute du Président Zine Al Abidine Benali, le 14 janvier 2011, ont fini de lever le voile sur une économie tunisienne profondément défaillante. Celle-ci est, en effet, marquée par de nombreux dualismes: On shore/offshore, régions côtières-régions intérieures, économie libérale/secteurs réglementés, proximité du pouvoir ou pas, etc. Le modèle de croissance tunisien a généré beaucoup d’exclus du développement. Le soulèvement de 2010 est ainsi venu marquer le point d’arrêt à plusieurs années de Benalisme, érigé en symbole de l’économie de la rente et des privilèges. Quatre années plus tard, se pose le défi de reconstruction économique du pays qui a vu sa situation se dégrader, du fait des troubles sociaux et de l’instabilité politique. Un défi qui intervient après une transition démocratique pour le moins réussie ayant permis au pays de se doter d’une nouvelle Constitution unanimement saluée, d’avoir son premier Président de la République démocratiquement élu au suffrage universel et un nouveau gouvernement issu des urnes.
31,4%
Secteurs à l’arrêt Le phosphate, qui participait à près de 4% du PIB et 10% des exportations, a baissé de près de 50% ne
5% C’est le taux d’inflation en 2014, contre 6,2% en 2013. Mars 2015 Economie|Entreprises
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DOSSIER TUNISIE
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dépassant pas 4 millions de tonnes. Mise en cause principale de la détérioration: le règlement sécuritaire des questions sociales a en fait empiré les choses. «Le fait que la police intervienne massivement dans des questions d’ordre économique et sociale a maintenu le pays en ébullition permanente», témoigne Hajji. Et d’ajouter: «Alors que sous le régime Benali, l’intervention du ministère de l’Intérieur dans les questions de développement économique avait une raison du fait même du nom de ce département qui s’appelait ministère de l’Intérieur et du Développement local, après 2011, cette intervention n’avait plus lieu d’être puisqu’il y avait d’autres institutions sensées prendre le relais. Les gens n’ont pas accepté la continuation de ce paradigme, ce qui fait que les confrontations avec la police sont devenues la règle». A cela s’ajoute un taux d’inflation important qui s’accumule. Il est ainsi de 5% en 2014, après un 6,2% en 2013. Les finances publiques ne sont pas en reste. Le déficit courant a culminé à 8,3% en 2014, alors qu’il était de 7,3% en 2013. Le déficit commercial s’est, lui, apprécié de 50% entre 2013 et 2014 passant d’un peu plus de 3 milliards d’euros à 6,6 milliards en 2014. Les solutions apportées n’ont fait que dégrader la situation du dinar, qui a plongé face au dollar de 6,7% en 2013 et de 13,3 en 2014 alimentant ainsi le taux d’inflation, notamment avec la flambée des prix du pétrole durant les deux dernières années.
Les équilibres en berne
Main basse sur l’économie La part du Président déchu Ben Ali et de ses affidés a atteint près de 1% du PIB Tunisien avant 2010, selon un rapport de la Banque mondiale publié en 2014. Ainsi, plusieurs secteurs ont été visés par ce qui est désormais connu par le clan Ben Ali. Il s’agit du secteur immobilier, des terrains agricoles, des entreprises publiques, des marchés publics et l’attribution de concessions, des grands projets d’investissement public, des privatisations, des TIC, du secteur financier et bancaire, des douanes, de la fiscalité, et de la justice. L’ancien président a profité de la réglementation pour se positionner et prendre sa part du gâteau de chez les entrepreneurs souhaitant investir. Au final, la proximité du pouvoir a pu constituer en 24 ans un empire contrôlant la quasi-totalité des secteurs lucratifs. Le rapport relève que les entreprises contrôlées par la famille Ben Ali «se concentraient dans les secteurs qui offraient des marges de bénéfice assez élevées et où les relations étroites avec des homologues gouvernementaux constituaient un facteur déterminant de rentabilité, notamment dans les secteurs immobilier et des services (59 entreprises), les services du personnel (20), transport (16), commerce de gros (15), commerce des automobiles (11), construction/ bâtiment (9), les services financiers (8), l’agroalimentaire (7) les hôtels et restaurants (7), et 5 entreprises dans les activités médiatiques». La rentabilité moyenne des entreprises de cet empire serait, selon le rapport, 346 fois plus élevée que le reste des entreprises tunisiennes. De nombreux observateurs et opérateurs économiques soulignent le fait que le système de rente de corruption et de privilège n’a pas encore été démantelé.
Economie|Entreprises Mars 2015
«L’intervention massive de la police dans des questions d’ordre économique et sociale a maintenu le pays en ébullition», Adnen Hajji
Cette situation a mené vers une explosion du chômage qui a culminé à 15,6%. Le taux de chômage des diplômés supérieurs atteint, lui, les 31,4%, dont 40% de femmes. Avec le chômage c’est aussi la pauvreté qui a explosé puisque le taux de pauvreté est passé de 12,6% en 2010 à 15,5% en 2014, soit 1,6 million de Tunisiens avec une pauvreté extrême touchant près de 500.000 personnes. Ces chiffres sont toutefois moyens et les écarts régionaux en Tunisie sont beaucoup plus flagrants. Ce n’est donc pas un hasard si les régions les plus marginalisées du sud-ouest ont connu le début de la contestation. Ces divers éléments ont mené vers une embellie de l’informel et de la contrebande mettant à mal la production locale et les finances du pays. La croissance a ainsi accusé le coup, avec 2,4% en 2014, contre 2,6% en 2013. Devant toutes ces complications, le gouvernement a dû faire face en improvisant des recrutements massifs dans le rang des diplômés. Mais, face à la rareté des ressources publiques avec une explosion de l’évasion fiscale, le taux d’endettement est passé de 50% du PIB en 2013 à 51% en 2014. Depuis 2010, ce taux a augmenté de plus de 50%. Les défis sont ainsi nombreux devant la Startup Tunisie comme aimait à l’appeler le Premier ministre sortant Mehdi Jomâa. Ce qui pousse l’expert économique, et président de l’Observatoire social tunisien, Abdeljelil Bedoui (voir interview) à affirmer que «les défis sociaux et économiques qui se posent aujourd’hui nécessitent des mesures urgentes, à même de rétablir la confiance du citoyen vis-à-vis des institutions de l’Etat et de la classe politique, ainsi que des mesures qui permettront d’améliorer le niveau de vie du citoyen, à travers la baisse de l’inflation, la réduction des prix et la lutte contre le monopole et la contrebande». Pour lui, il faut surtout «revoir le modèle de développement tunisien qui a prouvé, au fil des années, son aptitude à favoriser les inégalités régionales et sociales». Le nouveau gouvernement devra prendre «des décisions dans le cadre de la Loi de Finances complémentaire pour l’année 2015 et de la Loi de Finance 2016 en faveur de plus d’équité fiscale», estime-t-il. E|E
DOSSIER TUNISIE
Un modèle à réinventer Le discours dominant va vers une large libéralisation des secteurs encore sous la coupole de l’Etat. encourager la mise en place d’un système de rente et de privilèges, dont a profité la famille du Président déchu. Il a aussi entravé la libre concurrence et maintenu l’économie, hors exportation, bloquée à l’investissement national et international. Une politique qui, bien qu’ayant rencontré certains succès, à entravé les opportunités au niveau local, d’où une explosion du taux de chômage et des inégalités.
Disparités régionales
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Plusieurs années durant, la Tunisie était classée par le Doing Business et le Forum économique mondial de Davos comme étant l’économie africaine la plus compétitive. Après la chute de Ben Ali, ce mythe est vite tombé laissant apparaître des lacunes importantes dans son modèle de développement.
La Loi de Finances complémentaire de 2015 donnera le ton quant aux priorités du nouveau ministre des Finances, Slim Chaker
Dualisme économique Ainsi, depuis les années 70, la Tunisie a réussi des pas énormes dans le développement économique sous l’impulsion de l’Etat central qui a un rôle actif dans des secteurs stratégiques et impose des barrières de protection pour le développement de larges pans de l’économie. Ce modèle boosté par l’ouverture de secteurs offshore a permis un développement industriel important dans de nombreux secteurs. Ainsi, grâce à des périodes de grâce de l’impôt sur les sociétés et une exonération des droits de douane sur les importations d’intrants intermédiaires, les entreprises produisant pour l’export ont constitué un puissant secteur «offshore». De même pour le secteur agricole (8% du PIB, 10% des exportations et 34% de la population rurale). Ce dernier s’est essentiellement développé autour de l’agro-industrie et des cultures méditerranéennes destinées à l’export (agrumes, tomate, huile d’olive) maintenant la marginalité économique des régions centrales où la seule activité économique conséquente s’est construite autour du secteur des mines, essentiellement le phosphate et d’une agriculture vivrière peu rentable. Le maintien de larges pans de l’économie, gérés par l’Etat, va Economie|Entreprises Mars 2015
L’autre conséquence de cette politique est un dualisme spatial: alors que l’économie offshore et l’agriculture d’exportation se développait le long des côtes, proche des infrastructures nécessaires pour l’export, le manque d’opportunités économiques à l’intérieur du pays engendrait des frustrations grandissantes. Les investissements publics ont, de ce fait, massivement soutenu cette politique dual en se déplaçant vers les côtes. Ainsi, la qualité des services publics et des infrastructures est restée plus basse dans les régions de l’intérieur du pays renforçant encore plus leur confinement et leur manque d’attractivité. Conséquence logique, de grandes disparités économiques et sociales se sont accrues entre le littoral et les régions de l’intérieur. Pour sortir de cette situation et assurer le rattrapage économique, le discours dominant semble aller vers une large libéralisation des secteurs encore sous la coupole de l’Etat et le renforcement des avantages accordés à l’entreprise privée tout en maîtrisant les déficits. Un diagnostic largement partagé par les institutions financières internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, qui ont accordé, en deux ans, des crédits de près de 3 milliards de dollars pour soutenir les finances publiques du pays. En tout cas, le plan qu’a tracé le gouvernement technocrate sortant, et qui semble en grande partie adopté par le nouveau gouvernement leadé par Nidaa Tounes, rejoint en gros les orientations du FMI (voir article suivant). Et c’est la recette habituelle du fonds qui est servie à la hrissa tunisienne. Ainsi, le FMI recommande à la Tunisie de poursuivre les réformes dans les finances publiques, particulièrement dans les secteurs bancaires et de fiscalité, ainsi qu’à préserver les équilibres macroéconomiques, notamment à travers la réforme du système de subventions et des caisses de retraite grandement en difficulté (le déficit de 2015 devrait se situer à plus de 300 millions d’euros). «L’actuel modèle de croissance fondé sur l’expansion des dépenses publiques n’est pas soutenable et c’est au tour du secteur privé de prendre sa place et d’être le moteur de l’économie», recommande ainsi le dernier rapport de l’institution de Bretton Woods. La messe est dite! E|E
DOSSIER TUNISIE
Essebsi dans le flou ! A défaut d’un plan d’attaque détaillé, son gouvernement fait dans le populisme.
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«Le gouvernement s’attellera à la mise en place d’un plan quinquennal de développement à partir de 2016», Habib Essid
Tout récemment nominé, le gouvernement tunisien n’a pas encore de feuille économique claire. On ne peut même pas se fier aux différents programmes électoraux puisque le gouvernement est issu d’une large coalition de quatre partis, dont Nidaa Tounes, majoritaire, les ultra-libéraux d’Afek Tounes, le parti islamiste Ennahda, bien que sous représenté dans le gouvernement, l’Union patriotique libre, le parti Slim Riahi, un riche homme d’affaires et quelques indépendants. Cette année à cheval (la Loi des Finances a déjà été mise en place par le gouvernement sortant) devra être consacrée plus au peaufinage du plan économique quinquennal 2016-2020, promis par le chef du Gouvernement Habib Essid, lors de la séance plénière à l’Assemblée des Représentants du Peuple, consacrée au vote de confiance au nouveau gouvernement. En attendant, celui-ci devra présenter une Loi de Finances rectificative pour annoncer des mesures d’urgence, comme la suppression des dettes des agriculteurs et marins à hauteur de 2.000 dinars tunisiens (870 euros) pour «relancer la saison agricole» visant 45.000 agriculteurs, qui devrait coûter près de 25 millions d’euros.
Sécurité, inclusion économique… Mais la grande priorité semble être la sécurité et la lutte contre le terrorisme, un thème de campagne récurent en Tunisie, du fait de la multiplication des foyers de terEconomie|Entreprises Mars 2015
rorisme sur ses frontières Est avec la Libye et Ouest avec l’Algérie qui ont connu les sanglants événements de Jbel Chaanbi. D’ailleurs, dès sa nomination, le nouveau gouvernement a lancé un large coup de filet dans tout le pays pour démanteler des réseaux terroristes à grand renfort de communication. Une nouvelle loi antiterroriste est aujourd’hui en discussion suscitant un grand débat entre ceux qui sont pour la modification de la loi datant de 2003 et ceux qui sont pour sa réforme. L’autre grande priorité du gouvernement Essid est la relance de l’inclusion économique, «afin de garantir les droits des plus nécessiteux», selon les termes du chef de Gouvernement, une des revendications les plus populaires chez les Tunisiens, notamment ceux issus des gouvernorats du centre du pays, longtemps exclus des politiques de développement du pays. Autre revendication populaire, intégrée dans la déclaration d’intention du gouvernement, est relative à la politique des prix. Le chef du Gouvernement a affirmé que la baisse des prix et l’application de la loi qui leur est relative pour contrer les hausses, geler et arrêter les augmentations exagérées sont les principaux défis que son gouvernement entend relever. Il faut souligner que les prix ont augmenté de près de 40% en quatre ans. Le programme du nouveau gouvernement a aussi pour objectif d’inclure les commerces parallèles et toutes les structures informelles dans le commerce formel. La rationalisation de la compensation et la mise en place du Code des investissements pour encourager de nouveaux investissements, ainsi que la réforme fiscale font partie du lot des mesures promises par le gouvernement pou relancer l’économie. Des mesures pour la plupart issues du programme de l’ancien gouvernement et qui ressemblent davantage à une feuille de route et des déclarations de bonnes intentions qu’un programme bien ficelé. Il faudra probablement attendre les cinq à six prochains mois pour voir une mouture mieux élaborée du plan de bataille du gouvernement de Nidaa Tounes. Un plan qui, selon le chef du Gouvernement, sera soumis à de larges consultations, afin d’assurer le consensus autour des priorités de développement des cinq prochaines années et les tendances pour un horizon de 10 ans. E|E
DOSSIER TUNISIE
«La révolution a révélé des courants passéistes» Absence de consensus sur le choix sociétal, échec du modèle de développement et terrorisme sont les défis post-révolution. qui ce se passe à côté de nous en Libye et en Algérie.
On parle en Tunisie de délocalisations massives vers le Maroc, qu’en est-il?
068
Quels sont les principaux défis auxquels fait face la Tunisie aujourd’hui ?
Abdeljelil Bedoui, président de l’Observatoire social tunisien.
Après la révolution, la société est affrontée, à mon avis, à trois défis majeurs. Le premier c’est qu’en fait, la révolution a révélé l’absence d’un consensus concernant le choix sociétal. Pendant longtemps, on a considéré qu’il y a un consensus autour d’une société moderne attachée aux valeurs universelles. Or la révolution avec la liberté d’expression qui s’en est suivie a révélé l’existence de beaucoup de courants qui relèvent d’une autre société, conservatrice, passéiste. Donc, c’est une fracture énorme qui va imprégner tous les débats, toutes les réformes et qui va rendre plus délicate et plus difficile la conduite de l’affaire publique. Le deuxième défi est l’échec d’un modèle de développement. Ce modèle n’a pu fonctionner et générer 5% de croissance en moyenne sur un long cycle que grâce à des politique de dumping, en premier lieu le dumping social au nom de la flexibilité de l’emploi, suivi du dumping commercial qui consiste à brader des secteurs comme le tourisme. C’est pratiquement des nuitées d’hôtels cinq étoiles qui sont vendues au prix d’une nuit d’un hôtel de trois étoiles. Dumping au niveau financier, fiscal en particulier, puisque pour attirer les IDE, l’Etat est appelé à renoncer à des recettes fiscales. Dumping monétaire aussi. Depuis le début de la révolution, le dinar a perdu 40% de sa valeur. Enfin, le troisième défi c’est le terrorisme parce qu’il y a eu noyautage de l’administration par des éléments extrémistes laxistes envers les djihadistes et parce qu’on est affectés par ce Economie|Entreprises Mars 2015
Je n’ai pas de chiffres officiels mais on parle de près de 1.200 entreprises. Je ne sais pas si elles se sont toutes orientées vers le Maroc, mais il en a certainement bénéficié. La Turquie également, aussi bien dans le tourisme que dans l’industrie. Ajoutons à cela la fuite des capitaux. Avec un dinard qui dégringole, les gens essayent de défendre la valeur de leurs capitaux et donc ils les placent ailleurs, évidemment de façon illicite. L’ampleur a atteint des niveaux élevés.
Quel poids du FMI et Cie dans l’orientation du politique aujourd’hui ? Le gouvernement fait plutôt de la gestion du quotidien sans vision stratégique. Et il est soumis aux instructions du FMI et à leurs conditions en contrepartie des ressources financières. La situation actuelle semble réellement difficile. Tant que le problème de sécurité n’est pas résolu, je crois qu’il va falloir s’attendre à des jours difficiles.
Quelles sont les possibilités de rapprochement et de complémentarité économique Maroc-Tunisie ? D’une façon générale dans le contexte de la mondialisation les pays du sud sont en général dans une logique de concurrence pour conquérir les marchés, vu qu’ils cherchent tous une plus grande insertion internationale. Ce n’est pas seulement propre à la Tunisie ou au Maroc. Donc, on est en concurrence pour attirer les capitaux pour qu’ils puissent mettre en œuvre le travail chez nous, à l’intérieur des frontières nationales d’une part. Et d’autre part la priorité a été donnée aux exportations parce que la plupart de ces pays sont endettés et donc pour rembourser leurs dettes il va falloir dégager un surplus destiné à l’exportation pour qu’ils soient compétitifs. C’est donc une logique de concurrence plutôt que de complémentarité. Et si on veut créer de la complémentarité il faudra adopter une démarche volontariste et aussi donner de l’importance au marché intérieur maghrébin. Mais malheureusement la situation au Maghreb n’est pas encourageante surtout avec ce qui se passe avec l’Algérie. E|E
DOSSIER TUNISIE
Maroc/Tunisie: stéréotypes croisés La méconnaissance de l’autre peut impliquer des erreurs de jugement en voici cinq exemples. une inflation soutenue.
Les Marocains ont bénéficié de la fuite des touristes de la Tunisie
070 Les Tunisiens copient les Marocains, (ou vice-versa)
Les deux pays ont beaucoup à gagner en mettant en commun leurs forces.
Offshoring, aéronautique, tourisme, industries mécaniques, électronique, textile, agroalimentaire infrastructures, énergies renouvelables… autant de programmes sur lesquels le Maroc et la Tunisie parient. Quand on voit le nombre de plans industriels, d’infrastructures ou de projets structurants au Maroc et en Tunisie, on pourrait se dire que chacun copie sur l’autre. Or, c’est faux. «C’est normal que les projets se ressemblent, les deux pays font appel aux mêmes bureaux d’études internationaux», glisse ce fin connaisseur des deux pays qui a requis l’anonymat. Pas de quoi en faire une salata machouya.
Après la désertion de la Tunisie par les touristes, des voix se sont élevées pour dire que le Maroc en a bénéficié. En fait, c’est faux. Il n’y a pas eu de déferlante. Les tours opérateurs orientant beaucoup plus leurs flux vers la Turquie, complètement épargnée par le printemps arabe. En outre, cette période, qui voyait l’approfondissement de la crise en Europe, n’a vraiment pas été favorable au tourisme. Le Maroc n’a ainsi pu drainer que 14.000 touristes en plus. Un petit 1% qui ne justifie en rien cette réputation de profiteur du printemps arabe. De même, pour les délocalisations. Certes, quelques investisseurs tunisiens ou internationaux ont délocalisé au Maroc, mais ça n’en fait pas non plus une tendance de fond.
Les deux pays sont condamnés à se faire la concurrence Cette prétendue concurrence fatale, assimilée à une donnée, les décideurs des deux pays n’ont jamais pris le temps de la remettre en cause. Or, les territoires de complémentarité bilatérale sont considérables. Une étude réalisée par Capital Consulting en 2010 estime le potentiel du Business en commun entre le Maroc et la Tunisie, si les deux pays mettaient en commun leurs forces, à 189 milliards d’euros sur leurs marchés européens traditionnels et 4.450 milliards d’euros sur les marchés américain et asiatique. Et cela en prenant en compte seulement les métiers traditionnels des deux pays.
Les Tunisiens font du dumping Cette assertion est assez courante au Maroc et finalement ce n’est pas faux. De par leurs politiques fiscale, monétaire, sociale et d’investissement, les pouvoirs publics tunisiens avaient une stratégie très agressive pour drainer les IDE vers leur pays. Une politique qui maintenant montre ses limites, que ce soit en termes de versatilité des investisseurs étrangers qui n’ont pas hésité à délocaliser hors de Tunisie quand les conditions de productivité et stabilité n’étaient plus réunies ou bien du fait de la plongée du dinar de près de 40% en 4 ans face au dollars et à l’euro pour maintenir une certaine compétitivité des exportations. Conséquence: Economie|Entreprises Mars 2015
Les Marocains profitent des accords préférentiels entre les deux pays Pas du tout. Seulement 2% des échanges des deux pays se font en bilatéral. Pis, une enquête réalisée par le ministère du Commerce et de l’industrie affirme qu’il y a une absence d’information des opérateurs. Ainsi, plus de 50% des entreprises sondées ne sont pas au courant des accords préférentiels, 30% sont au courant, mais n’ont réalisé aucune opération dans ce cadre. Un potentiel à développer. E|E
ACTUALITÉ
Nation|Régions Par Mustafa Yasser Feghar
Holcim Maroc Malgré le recul de la consommation du ciment sur le marché interne de 4% en 2014, la société semble tirer son épingle du jeu.
595
millions de dirhams C’est le résultat net réalisé par Holcim Maroc au titre de l’année 2014. Il s’inscrit en hausse de 33,02%.
924
millions de dirham le résultat d’exploitation réalisé par Holcim Maroc au titre de 2014, il ressort en hausse de 16%.
121
dirhams les dividendes à verser au titre de l’exercice 2014.
Maroc-UE
Marché du travail
Ports
La coopération boostée
Le chômage continue sa montée
Dumez Maroc confirme
2015 sera une année d’une multitude de programmes européens au Maroc. En effet, le plan d’action compte une enveloppe bilatérale de l’ordre de 198 millions d’euros. En détail, la réforme de la justice bénéficiera de 70 millions d’euros. La 2ème phase d’appui à la santé 90 millions d’euros et la centrale solaire d’Ouarzazate Noor III accapare 38 millions d’euros. En outre, 20 millions d’euros seront partagés équitablement entre l’Aleca et les instituts de formation dans le secteur des énergies renouvelables. Au total, les programmes de coopération présentent une enveloppe globale de 218 millions d’euros pour l’exercice 2015.
La situation économique au Maroc devient de plus en plus pesante sur l’emploi. Selon une dernière note du HCP, le taux de chômage était de 9,9% en 2014, contre 9,2% un an auparavant, avec une concentration en milieu urbain. L’année 2014 a été marquée également par une accentuation du chômage pour les diplômés du supérieur, qui a atteint 24,1%. L’étude révèle aussi que 3 chômeurs sur 10 se sont retrouvés au chômage suite à un licenciement ou par l’arrêt d’activité de l’établissement employeur. S’agissant des secteurs employeurs, les services arrivent en tête avec 42.000 postes; le secteur de l’agriculture et de la pêche a créé quelque 16.000 emplois en 2014. En revanche, l’industrie a réalisé une perte d’emploi estimée à 37.000 postes.
La filiale marocaine de Vinci Construction vient de décrocher un contrat de 56,2 millions d’euros pour la réalisation du port de pêche de Casablanca. Les travaux, qui devront être réalisés pour le compte de l’Agence Nationale des Ports, englobent une multitude de chantiers. Ainsi, la société Dumez Maroc construira en premier une digue principale de 715 mètres, puis une digue secondaire de 500 mètres. De plus, il est question de construire un quai principal de 325 mètres linéaires et un second quai de 145 mètres linéaires. Le chantier devra abriter également 11 hectares de terre-plein et 240 mètres linéaires d’appontements flottants. L’ensemble des travaux devra être bouclé fin janvier 2017.
Assurance
Saham lance Assur’ Santé Le leader marocain de l’assurance santé est prêt. Après les produits traditionnels d’assurance, Saham va sur le segment sanitaire en se joignant à NEXtCARE, leader de la gestion des services de soins dans la région Mena, pour lancer Assur’ Santé International (ASI). Lancé en début février, ce nouveau contrat propose à chaque souscripteur et à sa famille de bénéficier d’une couverture complète des frais d’hospitalisation au Maroc et dans le monde. Le nouveau contrat propose également des soins ambulatoires à l’étranger pour ses souscripteurs.
Mars 2015 Economie|Entreprises
073
ACTUALITÉ|Nation
Un protocole d’accord entre Financecom, Akwa Group La Fondation Lydec signe un partenariat avec l’Association et Sofinam a été signé, le 5 février, en présence du des enseignants des sciences de vie et de terre, le 11 ministre de l’Energie, pour la création de Green of Africa. février, pour sensibiliser les jeunes à l’environnement.
TÉLÉCOMS Maroc Telecom primée
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L’opérateur historique des télécoms du Maroc vient d’avoir une double consécration. C’est en marge de la cérémonie de remise des trophées du prix panafricain que l’ONG internationale Nouv Afrique a remis deux prix diamant à Maroc Telecom. Le premier prix est le premier Super Prix Diamant du meilleur promoteur du secteur des télécoms qui a été décerné au président du Directoire de Maroc Telecom, Abdessalam Ahizoune. Ce prix est le résultat de l’exportation du modèle marocain dans beaucoup de pays africains, traduisant les objectifs de coopération Sud-Sud. Le deuxième prix décerné cette fois-ci à Maroc Telecoms pour le meilleur promoteur des activités télécoms en Afrique.
DOUANES Le statut Premium arrive C’est une nouvelle qui ne passera pas inaperçue chez les entreprises. Les services des douanes s’apprêtent à lancer le statut sûreté-sécurité pour davantage d’assouplissement des procédures pour les entreprises. Quant à la cible de cette mesure, il s’agit principalement des entreprises disposant du certificat «simplification douanières» de la catégorie «A». Cette catégorisation mise en place en 2005 compte près de 342 entreprises, dont 180 appartenant à la catégorie A. En pratique, le statut ne peut être accordé qu’après audit de toute la chaine de production pour vérifier la maîtrise par l’entreprise de tout le process logistique. Cette nouvelle marque de confiance accordée aux entreprises va leur permettre la simplification des procédures, la réduction des contrôles, le traitement prioritaire, ainsi que le dédouanement à domicile. Economie|Entreprises Mars 2015
Abdou Diouf et Felipe Gonzales distingués, lors de la 2ème édition du Prix Averroès tenue en février, à Marrakech.
Caisse Centrale de Garantie
Croissance des crédits garantie C’est plutôt un bon exercice 2014 que vient de clore la Caisse centrale de garantie (CCG). C’est ce qui ressort de la 29ème réunion de son conseil d’administration tenue en mi février. En effet, pour un volume d’engagements de près de 9 milliards de dirhams, la Caisse a totalisé 13 milliards de dirhams de crédits garantie en 2014. Ces chiffres affichent une progression de 22% pour 2014 par rapport à l’exercice 2013. D’après Hicham Zanati Serghini, DG, cette progression est essentiellement due aux prêts garantie accordés aux Très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) qui ont fait un bond de 41%, pour 7 milliards de dirhams. D’autre part, les activités liées aux garanties de prêts logements pour les ménages ont crû de 20% pour atteindre 6 milliards de dirhams.
Santé
Les labos affectés La baisse des prix opérée par le ministère de Houssine Louardi n’est visiblement pas la bienvenue chez tout le monde. Ainsi, les labos ont affiché la première baisse de leur chiffre d’affaires depuis 15 ans. En cause, le passage du prix public Maroc (PPM) au prix public de vente (PPV ) a permis la baisse de 1.700 médicaments en juin 2014, ce qui n’a pu être sans conséquence sur le chiffres d’affaires des labos pharmaceutiques. En chiffres, cette baisse est de 2% et établit le chiffre d’affaires des labos à 8,7 milliards de dirhams, contre 8,9 milliards de dirhams, un an auparavant. Parallèlement, les volumes de ventes ressortent en progression de 1,2%, à 311 millions d’unités vendues. Les opérateurs prévoient la continuité de ce mouvement pour l’exercice 2015, car d’autres médicaments sont sur la liste, dont les prix vont être bridés.
EN HAUSSE Chakib Ben El khadir Stockvis vient d’obtenir le statut de contribuable catégorisé A. Label des entreprises gérées de façon transparente.
Cheikh Biadillah Le président de la seconde chambre a commencé les retenues sur salaire pour cause d’absentéisme pour ses conseillers.
ACTUALITÉ|Nation
Hamid Bentahar, vice-président des opérations luxe d’Accor élu Personnalité de l’année 2014, catégorie Tourisme et Loisirs.
En marge d’une commission mixte, le Maroc et le Koweït signent 7 conventions dans l’énergie, l’industrie, l’éducation, et la promotion des exportations.
Gestion Déléguée
1 milliard pour les déchets C’est le quatrième prêt de la Banque mondiale pour accompagner les politiques publiques de gestion des déchets solides en milieu urbain. La banque annonce avoir approuvé un prêt de 130 M USD, soit 1,04 MM DH, pour permettre au Maroc d’atteindre ses objectifs à l’horizon 2022. Il s’agit de l’évacuation des déchets urbains solides dans des décharges contrôlées pour permettre également de recycler 20% de la totalité des déchets, mais aussi la création de 70.000 supplémentaires autour des métiers de collecte et recyclage des déchets. Voilà qui est bien ambitieux.
Raffinerie
Bousculade des opérateurs Deux opérateurs pétroliers seraient en course aux infrastructures pétrolières dans la zone de Jorf Lasfar. Akwa Group envisage d’investir près de 300 millions de dirhams pour une grande plateforme de stockage, alors que le groupe Winxo affiche des ambitions beaucoup plus importantes. En plus
de l’entité d’entreposage d’Akwa qui approvisionne les stations Afriquia et Total Maroc, Akwa Groupe compte créer une méga structure pour le stockage d’hydrocarbures liquides. Parallèlement, Winxo veut installer sa propre plateforme d’importation sur un terrain de 22 ha pour desservir le maximum de pays africains.
Migration
L’UE soutient le Maroc Après le projet Sharaka de septembre 2013, doté de 5 millions d’euros pour accompagner la politique du Maroc dans la migration, l’UE compte lancer un deuxième projet de 10 millions d’euros. Objectif: assurer aux migrants en situation régulière et aux réfugiés au Maroc l’accès aux services publics au même titre que les ressortissants marocains à l’étranger. C’est ce qui ressort d’une réponse de Dimitris Avramopoulos, Commissaire européen en charge de la migration, des affaires intérieures et de la citoyenneté, lors de la réunion de la Commission à la mi-février. Ce projet vise, en effet, à donner aux migrants légalement installés au Maroc un meilleur accès aux soins de santé et à la formation professionnelle.
EN BAISSE Miloud Chaabi La Snep, filiale du groupe Ynna Holding, a fait l’objet d’une saisie exécutoire à la suite d’un litige avec le français Fives FCB.
Rachid Benmokhtar Le ministre de l’Education nationale a choisi d’annoncer son plan de réformes pour le secteur au sein de la CFCIM en avantpremière. C’est en soi une première.
Aziz Akhennouch, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime inaugurant, le 16 février, le port de Tan Tan avec un investissement de 70 millions de dirhams.
ATTIJARIWAFA BANK Et de 3 pour Afrique Développement AWB, leader du marché bancaire marocain, s’est joint à Maroc Export pour l’organisation de la 3ème édition du Forum International Afrique Développement, en février dernier. Tenue sous le thème «Le temps d’investir», cette édition est un moyen pour promouvoir le commerce, les investissements et la coopération SudSud. En séance d’ouverture, le ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy et la présidente de la CGEM, Miriem Bensalah Chaqroun se sont joints pour souligner l’importance d’une canalisation des efforts pour une complémentarité des échanges entre le Maroc et ses partenaires africains. L’événement a rassemblé 1.700 opérateurs économiques et institutionnels de 18 pays africains, pour 4.500 rencontres B to B autour des thématiques de l’énergie, agroalimentaire et infrastructures.
ANPME Nouvelles ambitions Après une année 2014 très bonnes, l’agence dédiée aux PME a décliné sa feuille de route pour 20152020. Celle-ci s’articule autour de trois principaux objectifs que sont la création de l’emploi durable, le développement d’écosystèmes performants et la promotion d’un environnement favorable à l’entrepreneuriat. En 2004, l’Anpme a pu accompagner près de 4.800 entreprises en 2014, contre 1.600 en 2013. Quant au budget engagé, elle s’est engagée à près de 450 millions de dirhams en 2014, soit une hausse de 34% par rapport aux engagements de 2013. En matière de créations d’emplois, l’accompagnement par l’investissement en matériel a permis la création de 3.200 emplois directs. Mars 2015 Economie|Entreprises
075
ACTUALITÉ|Régions Casablanca
Oriental
Sais
L’accès sud réaménagé
Le cheptel sauvé
L’irrigation étendue
Le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime veut minimiser les dégâts causés par la neige. Après de fortes intempéries durant les mois de décembre 2014 et janvier 2015, il lance un programme d’urgence destiné aux éleveurs des régions de Fès-Boulemane, MeknèsTafilalet et Tadla-Azilal. Ce programme d’urgence est axé essentiellement sur la subvention des aliments de bétail et porte sur une quantité globale de 180.000 quintaux d’orge. Le budget de l’opération est évalué par le ministère à 25 millions de dirhams.
L’eau coulera à flot dans la plaie du Saïs. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a donné le coup d’envoi pour le lancement de projets hydro-agricoles dans la commune de Tazouta. Dotés d’une enveloppe totale de 5,5 milliards de dirhams, ces projets visent l’accompagnement du développement économique et social du bassin de Sebou et la plaine du Saïs. Le premier est le barrage M’dez sur Oued Sebou, d’une capacité de 700 millions de m3. Il devra permettre l’irrigation de la zone du Sais avec un coût de 1,5 milliard de dirhams. Quant au deuxième, il s’agit du projet de sauvegarde des zones irriguées de la plaine du Sais. Il portera l’irrigation à plus de 22.000 ha pour un budget de 3,8 milliards de dirhams. Le troisième est un programme d’aménagement du bassin de la plaine qui sera mis en œuvre par le Hautcommissariat des eaux et forêts et à la lutte contre la désertification. Son coût est évalué à 225 millions de dirhams.
Enfin les deux projets stratégiques du plan d’action de la métropole, annoncés en février 2014, vont devoir sortir des tiroirs. Les projets en question sont le réaménagement du carrefour Azbane (croisement de la route nationale 1 avec Boulevard Al Qods) et le Nœud A (sortie de l’autoroute du côté de l’OCP). C’est donc après une année que Casa Transports vient de lancer les appels d’offres pour l’actualisation des études, le suivi technique et la réalisation des chantiers pour un budget de 657 millions de dirhams. Selon Casa Transports, le réaménagement des infrastructures permettra l’amélioration d’accès au projet Casablanca-Anfa et particulièrement la place financière de Casablanca.
Agadir Tanger
076
Halieutis souffle sa 3ème bougie
L’artisanat boosté Les provinces du Nord seront dotées d’un appui financier important au développement de leurs activités artisanales. C’est en marge de l’inauguration de la foire de l’artisanat à Tanger qu’un programme de 50 millions de dirhams est débloqué pour le développement du secteur. Le gros du financement sera assuré par l’Agence de coopération espagnole (Aecid), à hauteur de 33 millions de dirhams. Le ministère de l’Artisanat s’est engagé pour près de 12 millions de dirhams et l’Agence du nord avec 5 millions de dirhams. Ce programme couvre les régions de Tanger-Tétouan et Al Hoceima-Taza-Taounate. Ce financement vient s’inscrire dans la vision 2015 pour le développement du secteur qui a pour objectif de doubler le chiffre d’affaires du secteur pour atteindre 24 milliards de dirhams à l’horizon 2017. Economie|Entreprises Mars 2015
100 C’est en millions de dirhams la dotation que va injecter le Conseil national de tourisme pour venir en aide aux opérateurs touristiques nationaux.
55
millions de dollars
Il s’agit du montant qu’a promis d’investir la société émiratie Tasweek dans la région d’Agadir dans le cadre d’un méga projet immobilier.
22,6 % Le taux de participation des femmes à l’emploi en 2014. Il ressort en stagnation par rapport à 2013.
Les professionnels de la pêche ont eu leur fête nationale, fin février à Agadir. Il s’agit de la tenue de la 3ème édition du salon Halieutis. Cette édition a réuni 30 pays exposants pour près de 6.000 visiteurs. Concernant les thématiques traitées, les discussions ont porté sur 6 axes: les flottes et engins, la valorisation des process, la problématique des ressources, le pôle international, la formation et le pôle institutionnel et sponsors.
Chefchaouen
Tourisme Dans le cadre du déploiement de la vision touristique Maroc 2020, la ville de Chefchaouen vient de créer son conseil provincial du tourisme. Il est composé de tous les acteurs du secteur des hôteliers jusqu’au bazaristes en passant par les propriétaires d’agences de voyages. Le conseil va élaborer sa propre stratégie de travail pour accroître la rentabilité du secteur touristique de la province et mettre la lumière sur le produit local. En pratique, il devra réaliser des études et rendre des avis aux investisseurs potentiels pour promouvoir l’activité touristique dans la région. E|E
ENTREPRISES
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Phosphates
L’ambition industrielle de l’OCP à la merci du marché 078
Son programme d’investissement très ambitieux a été établi en période de contre-choque sur les matières premières. Aujourd’hui, la donne ayant changé, son maintien semble moins évident. Par Ghassan Waïl El Karmouni
Economie|Entreprises Mars 2015
Que se passera-t-il pour l’OCP si les cours mondiaux des fertilisants restent à leur niveau actuel ou continuent de baisser? Une question légitime quand on sait que l’Office a un programme ambitieux d’investissement de plus de 145 milliards de dirhams sur la période 2008-2025 pour augmenter ses capacités et améliorer ses processus industriels. Rien que pour 2015, le groupe prévoit 24 milliards de dirhams d’investissements, contre 20 en 2014.
Un marché morne
Risque «Malgré sa politique d’investissement volontariste, l’OCP s’expose à un retournement de conjoncture».
Un programme qui s’accélère, en effet. Mais il s’avère que, depuis 2011, les prix des phosphates ne cessent de baisser, ce qui se répercute sur les performances et capacités financières du groupe. Ainsi, selon les résultats consolidés de juin 2014, OCP a vu son chiffre d’affaires reculer de 7%, à 2,35 milliards de dollars. Son bénéfice net a, lui, chuté de 35% à 292 millions de dollars. Un trimestre plus tard, l’entreprise a dû augmenter de 63% ses exportations d’engrais pour contrer cette tendance et inscrire ses résultats en croissance de 3,14% sur l’année, malgré la baisse des cours. Le programme d’investissement, établi en période d’euphorie, vise à stabiliser les revenus de l’OCP en augmentant la valeur ajoutée de ses produits et baisser ses coûts surtout que l’Office importe tous ses intrants. Il lui permettrait aussi de jouer un rôle de faiseur de marché grâce à l’augmentation de ses capacités d’extraction et de transformation de plus de 40% à l’horizon 2020. Si les différents rapports internationaux (FAO, IFA…) parlent d’une croissance modérée de la demande internationale ne dépassant pas les 2% à l’horizon 2018, l’OCP n’en a cure et table sur la croissance de nouveaux marchés en Amérique latine et en Afrique. Mais, malgré ses 28% de parts de marché, le champion national n’a pas le monopole mondial. Aussi d’autres pays comptent bien se positionner pour capter cette augmentation de la taille du marché, même si elle reste très limitée. Ainsi, toujours selon les divers rapports internationaux, l’augmentation des capacités de
production à l’horizon 2018 est de 18%, essentiellement du fait de la Chine (qui s’est remise à l’exportation), du Maroc et de l’Arabie Saoudite. Et même si les niveaux des prix et les diverses augmentations de capacités proposées limitent l’entrée de nouveaux concurrents, la surproduction et donc la baisse des prix continuent sur leur trend baissier. Ainsi, selon le rapport de la FAO: «le potentiel de production d’engrais minéraux étant supérieur à l’utilisation, le solde potentiel mondial - terme technique désignant le volume disponible par rapport à la demande réelle - devrait croître pour les trois principaux engrais: l’azote, le phosphate et la potasse». Les nouvelles capacités, ainsi produites, devront trouver leurs marchés. Et le dernier rebranding de l’une des unités de fertilisants récemment inaugurée, comme l’usine africaine de l’Office, suite à la dernière visite du Roi en Afrique subsaharienne, en dit long sur le défi de commercialisation devant lequel risque de se trouver l’OCP. D’ailleurs, les capacités actuelles du géant phosphatier sont déjà en sous-exploitation. Ainsi, la production tourne en moyenne à 80% de capacité pour la roche, 90% pour l’acide phosphorique et moins de 65% pour les engrais phosphatés. Cela alors que son programme d’investissement n’est pas encore terminé.
Le risque financier Par ailleurs, le programme d’investissement soulève la question de la rentabilisation mais aussi du financement. Ainsi, aux capacités propres de l’Office s’ajoute un endettement devenant de plus en plus important. Le groupe a levé 1,85 milliard de dollars en avril dernier, via sa première émission obligataire internationale, dont 600 millions de dollars, avec une maturité de 30 ans. L’OCP est ainsi passé d’un endettement net négatif de 230 millions de dollars en juin 2013 à une dette nette de 2,95 milliards de dollars en juin dernier. Une très forte hausse en moins de 2 ans du taux d’endettement aussi bien sur le marché local avec les principales banques de la place qu’avec des institutions financières de coopération (KfW, Mars 2015 Economie|Entreprises
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ENTREPRISES BID, AFD, BAD, BEI, etc.), avec la signature de plusieurs conventions de prêts à moyen et long termes portant sur plusieurs milliards de dirhams. Toutefois, les fondamentaux de l’entreprise restent stables avec un matelas de fonds propres conséquents de plus de 57 milliards de dirhams et une trésorerie positive de plus de 4 milliards de dirhams en septembre dernier. Ces multiples sorties, qui démontrent une gestion active des finances du groupe, ne doivent pas occulter les risques inhérents à la politique industrielle et commerciale. En effet, la principale inconnue reste aujourd’hui liée au marché international. Le contre-choc pétrolier enfonce tout le marché des matières premières, dont le phosphate. Une baisse des cours due à la conjoncture internationale, conjuguée à une stagnation de la demande et une augmentation de l’offre, risque de maintenir une pression sur les prix qui se répercute sur la rentabilité du groupe. Une limite relevée d’ailleurs par Standard & Poor’s, dans son
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Sevenin «Le programme d’investissement de l’OCP entraîne un abaissement de cash».
communiqué du 29 janvier 2015 où elle note que malgré que le risque opérationnel de l’OCP soit satisfaisant, la cyclicité de l’activité rend difficile toute prédiction des variations de profit. Ce qui implique
un risque financier avec un retour sur investissement incertain sur le moyen terme, du fait du risque commercial qui impacte les marges. «La note actuelle d’OCP est basée sur notre hypothèse que la société ne continuera ses investissements significatifs que si les conditions de marché sont favorables. Ceci inclut une forte hausse de la demande d’ici 2017-2018. Dans le cas contraire, nous pourrions être amenés à revoir la note à la baisse», affirme, dans ce sens, Lucas Sevenin, analyste crédit chez l’agence de notation. Contacté par nos soins, le département communication de l’Office a préféré ne pas répondre à nos multiples sollicitations suggérant d’attendre l’annonce officielle des résultats annuels, à fin mars. Un haut cadre de l’Office contacté en off a, lui, affirmé que «nous savons parfaitement ce que nous faisons avec une stratégie claire et assumée». Voilà qui est dit! Espérons que le marché suivra. E|E gelkarmouni@sp.ma
ENTREPRISES
Avoirs à l’Etranger
Rien à craindre!
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Entre la convention signée par le Maroc pour l’échange automatique de renseignements et la contribution libératoire, les Marocains détenant des actifs financiers à l’étranger n’auront plus que le choix de répondre à l’appel.
Hamri «L’Office des changes a décidé de maintenir la porte ouverte à la réconciliation et à la déclaration spontanée».
Par Yasser Mustafa Feghar
C’est une opération d’envergure lancée par l’Office des changes avec le ministère des Finances, qui vient d’être bouclée fin janvier 2015. Ce sont 28 milliards de dirhams d’avoirs détenus à l’étranger déclarés par des Marocains, dont 9,8 milliards d’actifs financiers. La contribution libératoire a permis ainsi de rapporter aux caisses de l’Etat un peu plus de 1,9 milliard de dirhams. Et d’après un document de l’Office des changes, les non déclarants risquent «l’isolement des contrevenants mondiaux sur des places offshores pour un Economie|Entreprises Mars 2015
traitement radical à partir de 2017 (amendes jusqu’à 100% du capital, gel des avoirs, etc.). Campagnes de clôture des comptes non déclarés sur des places historiques de gestion de fortune à partir du 1er trimestre 2015: Suisse, Luxembourg, France». Trop beau pour être vrai?! S’il est difficile de contester l’engagement du Maroc dans le processus de l’échange automatique de renseignements (EAR) des pays du G20 et de l’OCDE, la semonce ressemble à un bien gros coup de bluff d’une partie de poker. D’ailleurs, dans une récente sortie, Jawad El Hamri, directeur général de l’Office, tient des propos plus
conciliants en laissant la porte ouverte à de nouveaux rapatriements, post-ultimatum officiel. «Il faut rester humble et vigilant, car les 28 milliards de dirhams récoltés ne sont pas la totalité du patrimoine des Marocains à l’étranger; il est bien supérieur. C’est pourquoi nous avons décidé de maintenir la porte ouverte à la réconciliation et à la déclaration spontanée pour les personnes qui ne se sont pas conformées au délai prescrit pour la déclaration», a-t-il précisé. Une décision déjà mise en pratique par les banques, comme nous l’annoncions en avantpremière dans notre rubrique Confidentiel du mois de février.
28 C’est en milliards de dirhams le total des avoirs à l’étranger déclarés par des Marocains.
9,8 En milliards de dirhams les actifs financiers détenus par les Marocains à l’étranger.
1,9 En milliards de dirhams la somme rapportée aux caisses de l’Etat.
que la norme précise que les comptes dont le solde est inférieur ou égal à 250.000 dollars au 31/12/N ne sont pas déclarables. D’où la possibilité de détenir de grosses sommes courant l’année mais de ne pas les avoir déclarées en ne laissant que l’équivalent de 250.000 dollars à la fin de l’année. D’ailleurs, pour dissimuler leurs avoirs, les détenteurs ont trouvé un meilleur moyen que les comptes bancaires, à savoir les coffre-forts. Un bon mix entre les deux devra, en effet, faire l’affaire. La norme stipule, par ailleurs, qu’une seule personne ne peut détenir plusieurs comptes de 250.000 dollars, car elle impose l’agrégation des soldes des comptes appartenant à une même personne. Mais laisse à la banque le soin d’apprécier l’authenticité de l’identité de la personne détentrice des avoirs. Deuxièmement, le pays gérant la plus grande masse de fortune qu’est la Suisse avec 4.000 milliards d’euros de fortunes gérées, dont 2.000 en comptes offshore, ne partagera pas ses informations avec l’Office des changes.
Lutte anti blanchiment En effet, en vertu de la convention signée par le Maroc, le 21 mai 2013, concernant l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale avec les pays de l’OCDE, certains pays devront échanger des renseignements sur des Marocains détenant des actifs financiers à l’étranger. La convention qui se base sur la norme commune de déclaration, laisse aux Marocains détenant des comptes financiers dans des paradis fiscaux des marges de manœuvres assez importantes.
Partenaires importants Premièrement, la norme prévoit que l’échange d’informations communique les soldes de comptes le dernier jour de l’année civile. Sauf
Ainsi, selon une note du département des Finances suisse du 15 janvier 2015, «les accords bilatéraux en matière d ’échange automatique de renseignements se feront en premier lieu avec l’UE et ses pays membres ainsi qu’avec les Etats-Unis. La possibilité de négocier l’échange automatique des renseignements avec certains autres pays devra être examinée». Par «examinée», la Suisse veut insinuer
«La possibilité de négocier l’échange automatique des renseignements avec certains autres pays devra être examinée»
que le pays devra présenter un intérêt stratégique pour elle pour qu’un accord bilatéral stipulant l’échange automatique de renseignements soit signé. En d’autres termes, un pays qui pèse lourd sur la scène internationale comme les Etats-Unis peut obliger la Suisse à communiquer les listings des Américains détenant des actifs financiers en Suisse. C’est ainsi que «dans une première phase, on pourrait envisager en priorité que l’échange automatique avec des pays qui entretiennent d ’étroites relations économiques et politiques avec la Suisse, mettent à disposition suffisamment de possibilités de régularisation pour leurs contribuables et possèdent un potentiel commercial faisant d ’eux des partenaires importants et prometteurs pour le secteur financier suisse». Un enjeu de taille pour le pays, qui ne laissera pas au hasard la sélectivité des pays avec qui l’échange de renseignements sera opéré. A la Suisse, «il faudrait ajouter d ’autres pays comme les Etats-Unis et le Canada, qui ne sont même pas concernés par ces accords», explique Hassan Dabchy, directeur général de HD conseil et expert international en prévention et lutte antifraudes financières. Mais ce qui a été occulté tout au long de la contribution libératoire ce sont les risques inhérents à ce genre d’opérations. «La contribution libératoire pourrait être un signal d ’alarme pour les grosses fortunes, qui vont se mettre à déplacer leurs capitaux vers la liste noire des principaux paradis fiscaux», étaye Dabchy. Mais, peut-être plus grave, «l’opération de contribution libératoire entre en collusion avec la loi n°43-05 relative à la lutte anti blanchiment de 2007, obligeant les banques à demander la provenance des fonds», argue Dabchy. De là découle un vrai risque d’entrée de l’argent sale. Mais, vu la conjoncture, ce risque semble faire reléguer au second rang des priorités officielles. E|E yfeghar@sp.ma Mars 2015 Economie|Entreprises
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ENTREPRISES
Hydrocarbures
Le trésor dormant des pétroliers 084
C’est une réelle tendance: les compagnies pétrolières récupèrent les terrains des stations des centres-villes, surtout à Casablanca. Pure reconversion en foncier hors de prix ou pour mieux garantir la qualité du carburant distribué? Décryptage. Par Adiba Raji
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Chamboulement dans la sphère des pompes à essence! En centre ville, les pétroliers se démènent pour récupérer les terrains. Le foncier devenant de plus en plus cher et de plus en plus rare, ces terrains constituent aujourd’hui une manne financière non négligeable. De plus, décompensation et libéralisation des prix obligent, l’arbitrage semble plutôt pencher du côté de la pierre que du côté de la vente de carburant. Cela bien qu’a priori «les multinationales soient suffisamment riches pour ne pas lorgner sur les quelques millions
Désormais l’on sera davantage amené à partir à l’extérieur des villes pour s’approvisionner en carburant.
dormant sous les stations», comme l’affirme sous couvert d’anonymat un ancien employé de Vivo Energy. Et que selon les dires même des pétroliers, il n’est point question de se reconvertir dans la valorisation immobilière. «Vivo Energy ne compte pas convertir son foncier en cash, nous sommes plutôt dans une stratégie d’expansion de notre réseau», botte ainsi en touche
les responsables de la multinationale. Cela quand Total Maroc assure que «sa mission n’est pas de spéculer sur le prix du foncier ou de développer des programmes immobiliers». Des positions institutionnellement correctes qui ne matchent pas avec les décisions stratégiques des maisons-mères. Ainsi, la Royal Dutsh Shell a officiellement annoncé, le 29 janvier dernier, la réduction de ses dépenses d’investissement de 15 milliards de dollars sur les trois années à venir. Cela représente une baisse d’environ 16% par rapport aux investissements qui étaient prévus cette année. Justifiée par la baisse du baril du pétrole, qui est passée en dessous de la barre des 50 dollars depuis le retournement du marché, cette décision justifie le besoin de Vivo Energy de trouver des fonds pour financer les investissements de la branche marocaine de Shell. De son côté, Total a fait une annonce fracassante concernant son foncier africain. Le français réfléchit à la cession des murs et terrains de ses 3.900 stations-service installées sur le continent, selon Momar Nguer, le directeur Afrique de la branche marketing et services de Total, qui s’est confié à Jeune Afrique dans son édition du 6 février 2015. Total se dit prête à céder le foncier des stations-service à un fonds d’investissement et en devenir locataire. Ce qui permettrait de récupérer une manne financière bienvenue en ces temps de vache maigre où le prix du baril est bien bas. A l’instar de son concurrent anglo-néerlandais, le français prévoit aussi la réduction de plus de 10% de ses investissements organiques et même 30% pour les campagnes d’exploration qui passeront de
Winxo a procédé à l’expropriation de six stations services en 2014, rien que dans la métropole
Amara «Les prix de vente des produits hydrocarbures seront libéralisés à partir du 1er???»
26,4 milliards de dollars en 2014 à 2324 milliards de dollars en 2015. Aussi, l’analyse de la nouvelle donne sur le marché national renforce le besoin pressant des pétroliers de revoir leurs cartes en pensant plus que de par le passé a optimiser leurs ressources. En effet, la subvention des prix des hydrocarbures par l’Etat qui permettait aux pétroliers une marge fixe et prévisible sur toute l’année n’existe plus. De plus, avec la libéralisation totale du secteur, les opérateurs se doivent d’investir encore plus afin d’améliorer leurs capacités de stockage et élargir leur réseau. Il leur faudrait aussi installer un système qui permettrait de suivre en temps réel les évolutions des cours d’hydrocarbures sur le marché international. D’où un besoin immédiat d’argent frais. Avec autant de nouveaux paramètres, les petits ne feront pas long feu. D’ailleurs, il faudrait s’attendre à un certain nombre de fusions/acquisitions et à la disparition des moins bien préparés. Les premières prémices d’un tel revirement post-compensation étaient déjà perceptibles dans la cession de Total de 30% de sa filiale marocaine et de l’annonce de son introduction en bourse pour cette année (Voir Economie&Entreprises N° 171 de juin ––– 2014). Mars 2015 Economie|Entreprises
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ENTREPRISES –––
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Tour de passe-passe
Les pétroliers récupèrent donc les terrains leur appartenant en propre. Pis, ils font même main basse sur les terrains des gérants dès qu’ils en ont la possibilité. Les premiers cas de figure, communément appelés CODO (Company Owned, Dealer Operator) sont ceux que les compagnies récupèrent dans le but de revendre le foncier. Quant au deuxième, appelé DODO (Dealer Owned, Dealer Operator), les pétroliers s’arrangent pour s’approprier les terrains et en avoir la gestion en main propre. Un tour de passe-passe basic aisément réalisé lorsque le propriétaire du terrain donne en location son bien à la compagnie qui le lui sous-loue avec la gestion de la station services. Ce qui ressemble à louer un fonds de commerce… sauf que ce n’en est pas un. Des familles entières se retrouvent ainsi dépossédées de leurs unique gagne-pain que ce soit pour les gérants en CODO ou ceux en DODO! Le champion de l’expropriation semble être Winxo. L’ex-Compagnie marocaine des hydrocarbures (CMH) a en effet procédé à l’expropriation de six stations services en 2014, rien que dans la métropole. Depuis, ces stations ne sont ni rénovées, ni remises à de nouveaux gérants. Quant à Vivo Energy, elle en a récupéré trois cette année dont la station Shell qui se trouve sur le boulevard Kennedy, à proximité du golf d’Anfa à Casablanca. En janvier 2015, Economie&Entreprises annonçait dans la rubrique Confidentiel que pour récupérer ce terrain, il a fallu l’intervention de Khalid Safir, wali du Grand Casablanca, et des forces de l’ordre pour
Plusieurs gérants de stations se voient délester de ce qui a constitué leur gagnepain pendant des années Economie|Entreprises Mars 2015
Le Foll «Notre mission n’est pas de spéculer sur le prix du foncier».
forcer les exploitants à libérer les lieux. Le terrain de 1.300 m² environ est estimé à au moins 30.000 dirhams/m², soit 39 millions de dirhams, rien que pour le terrain nu. Selon une source interne, il est prévu d’y construire un café-restaurant sur deux étages, ainsi qu’une supérette en plus de la distribution du carburant. Ce site se trouve sur le chemin souvent emprunté par le Roi himself lorsqu’il réside dans sa villa d’Anfa. D’autres stations n’auront pas le privilège d’être reconduites et modernisées, des stations comme celle du boulevard Bir Anzarane (en bas de Romandie I) ou celle du croisement du boulevard Ziraoui et Moulay Youssef, toutes deux à Casablanca. Celles-ci ont bel et bien été vendues selon une source interne à Vivo Energy. Pour la première, la compagnie avance que « c’est à la demande du propriétaire du terrain» que ce dernier a été vendu. Or, selon une source requérant l’anonymat, « ce terrain a été vendu avant même que l’expropriation n’ait eu lieu ». En effet, le pétrolier a vendu légèrement moins cher que le prix du marché mais a laissé le soin au nouvel acquéreur de traîner l’affaire au tribunal pour récupérer son bien.
Cas sociaux Ce Mais les cas les plus compliqués
et aux conséquences sociales non négligeables sont bien ceux relevant de la méthode DODO. En effet, plusieurs gérants de stations se voient délester de ce qui a constitué leur gagne-pain pendant des années. C’est le cas par exemple de la station Winxo, sur le boulevard Kennedy toujours, en face de la clinique Val d’Anfa. Il semble que ce boulevard attire toutes les convoitises! Ou encore d’une station Petrom se situant à la fin du Boulevard Med VI direction Mediouna. Selon le bureau régional unifié des commerçants des stations du Grand Casablanca sous l’égide de la fédération nationale des commerçants du carburant au Maroc, le dossier de la station Shell du boulevard Kennedy était au tribunal de commerce depuis le décès de son gérant en 2001. Dans ces cas là, suite à un accord entre le groupement pétrolier du Maroc (GPM) et la Fédération national des commerçants du carburant, la compagnie pétrolière choisit un des héritiers pour succéder au défunt gérant. Il ne s’agit donc aucunement de résilier définitivement le contrat de gestion du point de vente, mais d’en changer le gérant. Sauf que, dans la plupart des cas, le pétrolier préfère récupérer son bien. Pour ce faire, une parade a été mise en place : faire signer au nouveau gérant héritier un contrat à durer déterminée (1 an dans ce cas). Une fois l’année écoulée, on met fin au contrat. Mais la seule motivation par le foncier ne peut expliquer le phénomène dans sa globalité. Il y a aussi le souci d’avoir une main sur la qualité du carburant distribué pour permettre une certaine unicité et homogénéité au niveau de l’ensemble du réseau. Mais une chose est sûre, c’est que désormais l’on sera davantage amené à partir à l’extérieur des villes pour s’approvisionner en carburant. Et le Maroc en cela ne fait que suivre le même schéma déjà mis en place dans les pays développés. Tout comme pour la liberté des prix. A quand donc le self service? E|E araji@sp.ma
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Affinités Le rapprochement le plus probable serait avec une grande banque arabe.
Attijariwafa Bank
Qui a le X-Factor? SNI devrait tôt ou tard céder des participations dans sa filiale bancaire Attijartiwafa Bank sans en perdre le contrôle. Le repreneur doit remplir un certain nombre de critères qui font de lui une vraie perle rare. Par Sanae Raqui
AWB à vendre. L’information a fait le buzz surtout annoncée sur les colonnes du très sérieux Jeune Afrique. «SNI aurait mandaté deux banques d’affaires Goldman Sachs et Rothschild Economie|Entreprises Mars 2015
pour finaliser l’opération sur Attijariwafa bank (AWB), qui ferait passer la SNI sous la barre des 30% du capital de la banque avant la fin de cette année», pouvait-on y lire. Vite démentie par la
holding qui détient 48% d’AWB, elle a néanmoins semé un sérieux doute chez les observateurs, cela d’autant plus que Jeune Afrique cite une source interne à la SNI. Parailleurs, cette information est intervenue dans un contexte particulier où SNI est effectivement engagée sur la voie d’un recentrage considérable. En effet, après le débarquement d’Hassan Bouhamou, la Holding a déroulé une nouvelle feuille de route devant le mener vers un nouveau statut de fonds d’investissement à participations minoritaires et avec une prédilection pour les métiers à forte valeur ajoutée et pour l’investissement en Afrique. La logique va ainsi dans le sens d’un désengagement imminent de SNI d’AWB, sachant qu’il est annoncé depuis déjà 2010. «Avec ses nouvelles orientations stratégiques, SNI devrait impérativement vendre des participations dans Attijariwafa bank. Mais elle
Heureux élu
Hénin Les banques européennes sont contraintes à réduire les risques pondérés de leurs bilans.
gardera certainement un pourcentage de participations qui lui permet au moins le contrôle de la banque», professe dans ce sens Farid Mezouar, directeur de la plateforme d’analyses boursières flmarket.ma. Si un tel désengagement paraît aujourd’hui une évidence, il n’en est rien quant au processus à privilégier ou à l’identité du repreneur potentiel. Ainsi, plusieurs scénarios sont envisageables. SNI pourrait, en effet, procéder par palier en cédant, en 2015, une première tranche, ce qui lui permettra, au passage, de sonder le marché et, en conséquence, mieux apprivoiser les futures cessions. Il est également possible de réduire les participations tout en restant actionnaire de référence. Cette dernière éventualité devrait fortement être prise en compte puisqu’un professionnel du secteur bancaire assure qu’«il est impossible que la SNI se désengage définitivement de sa filiale bancaire. Elle compte néanmoins bien rester actionnaire de référence dans AWB, sans pour autant que cela ne soit confondu avec le montant de l’endettement de SNI». Rappelons que la SNI, endettée à hauteur de 28 milliards de dirhams en 2010, a vu sa dette passer à 17 milliards de dirhams en octobre 2014.
Ce n’est donc qu’une question de temps pour voir annoncer le nouvel arrivant dans le tour de table d’Attijariwafa bank. Qui serait l’heureux élu? Si l’on ne peut pas se prononcer avec exactitude sur son identité, l’on sait au moins qu’il devra remplir un certain nombre de critères. Il devra, en effet, accepter de co-piloter AWB avec SNI car celle-ci, comme l’explique une source bancaire, «ne se délaissera jamais la totalité de ses participations dans la banque, surtout quand elle est aussi développée et rayonne sur le contient». «Même dans 20 ans, SNI aura toujours besoin d’une banque pour financer l’économie et gérer ses relations avec les gouvernements africains», insiste notre source. Aussi le repreneur potentiel devra partager la vision africaine de SNI et si ce n’est pas le cas être prêt à injecter des fonds dans la banque dans une stratégie de diversification du risque et non dans le cadre de l’implémentation d’une vision industrielle qui lui est propre. Les analystes ont pendant plusieurs années présenté Banco Santander comme le repreneur indiqué en cas de désengagement de la SNI. Cela d’autant plus que la banque espagnole est actionnaire à hauteur de 5,5% dans AWB via sa filiale Santusa holding. Mais cette éventualité n’a plus aujourd’hui aucun crédit vu le contexte de crise en Europe. En effet, récemment Banco Santander a été rappelée à l’ordre par la BCE pour le renforcement des capitaux propres C’est ainsi qu’elle a procédé à une augmentation de 7,5 milliards d’euros de son capital. La consigne européenne est claire à ce niveau: rapatrier les fonds sur le continent et renforcer les assises du système bancaire. Le cas Banco Santander est va-
Exit les européennes vu la crise dans la zone euro, qui d’autre pour les remplacer?
LES BONNES PERFORMANCES DE 2014 Le groupe Attijariwafa bank vient de publier ses résultats financiers pour l’année écoulée. En 2014, le numéro un du secteur bancaire marocain a enregistré un produit net bancaire de 19,44 milliards de dirhams, en hausse de 8,8%. Son résultat net progresse également de 5,2% à 4,35 milliards de dirhams, après une chute de 8% l’an dernier. Toutefois, le groupe voit ses profits baisser fortement dans le reste de l’Afrique, zone dans laquelle le groupe bancaire a enregistré une croissance solide. En effet, le produit net bancaire de la banque de détail à l’international (BDI, incluant la Tunisie et les opérations subsahariennes) a progressé de 8,3%, à 5,18 milliards de dirhams, contre 11,1% de hausse en 2013. De plus, durant l’année écoulée, le groupe a enregistré une hausse significative du coût du risque dont la charge a crû de 62,6%, à 3,03 milliards de dirhams. Une évolution due à la percée des créances en souffrance, dont le taux a grimpé de 50 points de base, à 6,8%.
lable pour l’ensemble des européennes. Pour durcir encore plus la réglementation, la BCE ne permet aux banques de consolider leurs fonds propres qu’à partir de 20% de participations dans leurs filiales. Quant à la consolidation des résultats des filiales, elle ne peut intervenir que si les banques en détiennent un minimum de 50%. «Les durcissements réglementaires successifs incitent les banques européennes à concentrer leurs activités sur des métiers moins consommateurs de fonds propres et à réduire les risques pondérés de leurs bilans», explique ainsi Sébastien Hénin, Head of Asset Management chez The National Investor (TNI) basé ––– à Abu Dhabi. Mars 2015 Economie|Entreprises
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Paiement par Renminbi
Exit les européennes, qui d’autre alors? Des banques asiatiques? L’éventualité peut présenter un certain degré de réalisme dans la mesure où SNI a déjà collaboré avec le singapourien Wilmar dans le cadre de la cession de ses parts dans Cosumar. Elle pourrait tout à fait renouveler cette expérience asiatique avec une banque cette fois-ci. D’ailleurs, AWB a mis un pied dans le continent jaune en étant la première banque marocaine, et deuxième en Afrique après l’Afrique du Sud, à adopter le paiement par Renminbi, la monnaie chinoise, pour les transactions commerciales. Ceci à travers la signature d’un partenariat avec Bank Of China signé en grandes pompes, en décembre 2014, à Pékin, lors d’une visite officielle d’une délégation ministérielle marocaine menée par le chef du Gouvernement Abdelilah Benkirane, dans le cadre du Forum économique Maroc-Chine. De leurs côtés, les asiatiques semblent de plus en plus enclins à dealer avec le modèle économique marocain pour décrocher une place en ce territoire unique du contient donnant accès, à la fois à l’Afrique, au Monde arabe et à l’Europe. Ainsi, le Japon et la Chine affichent clairement leurs intérêts pour le continent et se sont des pays qui ne connaissent pas de crise bancaire. Leurs banques se voient exemptées des limitations sur les fonds propres auxquelles sont soumises leurs rivales occidentales. La Chine, par
Les asiatiques semblent de plus en plus enclins à dealer avec le modèle économique marocain
exemple, est probablement encore le meilleur foyer de croissance mondiale. Même si l’économie ralentit, la croissance y est encore de 7% par an. Dans le même temps, les grandes banques chinoises devancent leurs concurrents mondiaux. ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) dispose actuellement de trois trillions de dollars d’actifs. Et, en termes de valeur de marché, ICBC et trois autres banques chinoises figurent parmi les dix premières mondiales. Donc, le fait de prendre des participations dans une banque marocaine pourrait leur permettre d’être présentes dans toutes ses filiales africaines. Qu’en sera-t-il de la co-gouvernance? En juin 2013, Sun Shuzhong, ambassadeur de Chine au Maroc avait clairement expliqué sur nos colonnes que «c’est un rapport gagnant-gagnant que la Chine veut développer avec ses partenaires». Mieux, il avait indiqué que la Chine n’entendait nullement agir de façon hégémonique mais opte plutôt pour des rapports basés sur de la considération mutuelle et sur le respect des valeurs de chacun. Des formules diplo-
Supplément Agri - Agro
matiques qui rappellent le légendaire pragmatisme chinois. Mais, vu les expériences du passé récent, le repreneur idéal serait une banque arabe, du Golfe de préférence. «Le volet politique joue un rôle déterminant dans la conclusion d’alliances similaires. Les relations privilégiées qu’entretient le Maroc avec les pays du Golfe devra faire augmenter leur cote en cas de course au rachat d’AWB», estime ainsi Mezouar. SNI a dans ce sens déjà vendu 31% de sa filiale télécoms Inwi au koweitien Zain tout en restant maître à bord. Dans les télécoms toujours, il y a le cas d’école Etissalat-Maroc Telecoms. Mieux, AWB elle-même compte déjà, dans son tour de table, une banque arabe dont le nom est souvent revenu quant à l’éventualité d’un rachat. Il s’agit de QNB (Qatar National Bank). Celle-ci est présente dans AWB à travers sa maison-mère QIA (Qatar Investment Authority), qui la contrôle à 50% et détient 10% de la banque marocaine. Le rachat, en 2013, par QNB de 23,5% du capital de la banque panafricaine Ecobank Transnational Incorporated (ETI), présente dans 35 pays de l’Afrique, avait jeté le froid sur un éventuel approfondissement du partenariat mais sans fermer définitivement la porte devant une telle possibilité. Le rapprochement sera de plus en plus probable au fur et à mesure que la finance islamique, encore balbutiante au Maroc, s’enracine dans le paysage bancaire. A suivre. E|E sraqui@sp.ma
Mai 2015 Economie|Entreprises
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Economie|Entreprises Mars 2015
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ENTREPRISES
Bourse
L’offensive de Disway donne ses fruits 092 Avec une croissance significative de son résultat net, à fin juin 2014, le distributeur informatique a vu juste en lançant Yooz, en décembre 2013. Par Sanae Raqui
Comme la plupart des titres cotés au niveau de la Bourse de Casablanca, Disway est une valeur peu liquide, «mais elle reflète assez bien le comportement en bourse du secteur de Matériel, Logiciels et Services Informatiques, qui conmprend d’autres entreprises, comme M2M, HPS…», nous explique un analyste boursier. «Disway dispose de fondamentaux assez solides, bien qu’elle ait été un peu déstabilisée il y a de cela quelques années», assure un autre analyste. Cette idée est confortée par Karim Radi Benjelloun, directeur général de Disway. Il assure ainsi que le comportement de la valeur est quelque peu décevant. «Nous Economie|Entreprises Mars 2015
estimons que le titre Disway est encore largement sous coté. L’entreprise est saine, sans endettement, gérée de manière transparente dans le souci permanent de la profitabilité pour ses actionnaires et la valeur ajoutée pour ses clients et fournisseurs», martèlet-il. En effet, ces dernières années, le grossiste marocain du matériel informatique a dû faire face à une conjoncture assez délicate qui s’est reflétée sur ses résultats mais aussi sur son cours en bourse. Ainsi, Disway a été affectée par la baisse des commandes de l’Etat en matière de produits informatiques, mais pas de manière directe, car c’est un grossiste qui vend à des revendeurs qui
eux-mêmes vendent à l’utilisateur final. L’utilisateur final peut être un particulier adressé par un revendeur retailer comme Marjane, Microchoix…comme il peut être une TPE/PME desservie par des revendeurs. Il peut également être une grande entreprise ou une administration adressée par des revendeurs plus grands, dont certains sont cotés en bourse, comme Microdata ou IB Maroc. Donc, pour expliquer la baisse des commandes, Benjelloun assure que «tous ces revendeurs sont des clients de Disway. Pas le particulier ni la TPE/PME ni l’Etat marocain». «Lorsque l’Etat réduit ses investissements, ces revendeurs gagnent moins de marchés et passent donc moins de commandes à Disway. C’était le cas ces deux dernières années, mais, depuis quelques mois, la tendance s’est inversée et plusieurs appels d’offres ont été lancés. L’Etat représente environ 30% de l’investissement national en produit informatiques», explique-t-il. En effet, le secteur de la distribution de matériel informatique était en perte de vitesse, avec des ventes en chute, notam-
678 En millions de dirhams le CA au 1er semestre 2014.
19 C’est en millions de dirhams le RNPG du groupe en hausse de 7,5% par rapport à 2013.
25 En millions de dirhams le résultat d’exploitation qui ressort bénéficiaire contre 27 millions un an plus tard.
Stockage érigé sur 8.000 m² l’entrepôt de Disway est plus efficace que le multi dépôts.
ment sur les PC. Ces derniers ont chuté de 20%, à 158.000 unités au premier semestre 2014.
de 20.000 unités vendues au Maroc», insiste le DG. Le secret de cette réussite, assure un analyste, «réside dans la politique de prix bien pensée de Disway qui répond à un réel besoin chez le consommateur». Mais mieux, aujourd’hui, Disway exporte sa marque sur le marché africain, notamment en Tunisie, à travers sa filiale Disway Tunisie, et se cherche des opportunités dans les pays francophones du continent. L’informaticien marocain a également restructuré ses filiales. «La performance est au rendez-vous puisque la filiale tunisienne connait une croissance de plus de 80% et celle du Middle East adresse l’Afrique avec un potentiel prometteur». Blueway Technologie, ancien B’ware Maroc et 100% filiale de Disway, se renforce aussi dans la distribution de produits technologiques à forte valeur ajoutée. Le grossiste a également procédé à la restructuration de la Supply Chain après un investissement de plus de 60 millions de dirhams, dans une plateforme logistique des plus modernes. «Nous mettons à jour ou développons sans cesse des outils de gestion de cette plateforme à la fois pour tous les produits que nous distribuons mais aussi pour offrir en prestation externe nos services à des entreprises qui nous délèguent leur logistique», assure Benjelloun.
Concrétisation Adaptation En réaction, Disway a dû explorer de nouvelles sources de croissance. L’entreprise a ainsi élargi sa gamme de produits. «Nous sommes en permanence en veille technologique. En plus des nouvelles marques internationales que nous distribuons, nous avons créé notre propre marque Yooz et avons lancé des tablettes et des Smartphones Yooz à la fois performants et innovants», se réjouit Benjelloun. Le management revendique fièrement la 3ème position pour sa marque Yooz sur le marché des tablettes au Maroc, avec une part de 14% derrière les deux grands leaders Samsung et Apple, ceci seulement un an après sa mise sur le marché des Smartphones et tablettes. Un miracle presque! «Nous sommes aujourd’hui à plus
Cette stratégie de diversification a porté ses fruits, puisqu’à la fin du premier semestre 2014, Disway a su se maintenir avec un chiffre d’affaires en progression de 3% au premier semestre 2014. Sur cette période, le résultat net part du groupe ressort en appréciation de 7,5%, à près de 19 millions de
«Avec Yooz, Disway revendique 14% de part de marché sur les tablettes»
CHAMPION DE LA SUPLY CHAIN Disway se présente aujourd’hui comme un exemple en termes de gestion de la supply chain au Maroc avec sa plateforme du Parc Sapino érigée en un entrepôt sur mesure de 8.000 m2 couverts. La qualité de sa logistique et la capacité de sa plateforme lui offrent une plus grande efficacité opérationnelle et de nouvelles opportunités. L’entreprise propose ainsi ses propres prestations logistiques. En effet, la distribution de matériel informatique et technologique exige une gestion des entrées et sorties d’importants volumes de produits informatiques dans la durée de vie commerciale est assez courte. C’est dans ce sens que Disway a fait le parti de construire un entrepôt unique, ceci pour fait face au au grand nombre de kilomètres parcourus, mais aussi au faible taux de remplissage des véhicules. Ces différentes anomalies dans la gestion coutaient du temps et de l’argent pour le distributeur informatique à cause de la multiplicité des dépôts et du nombre de ressources affectées uniquement en interne pour travailler entre les dépôts.
dirhams, contre 17,6 millions, à fin juin 2013. Côté chiffre d’affaires consolidé, ce dernier ressort en augmentation de 2,7% à 678 millions de dirhams, contre 661 millions de dirhams, à fin juin 2013. Sur le plan conjoncturel, la reprise économique reste impactée par le manque de liquidité affectant plus particulièrement le segment Retail, ce qui affecte indirectement l’activité de grossiste de Disway. Toutefois, le résultat d’exploitation ressort bénéficiaire à 25 millions de dirhams, contre 27 millions durant la même période de l’année dernière. La maîtrise des charges d’intérêts combinée à la bonne gestion du risque de change ont permis la bonification du résultat financier de près de 2,9 millions de dirhams. Ce dernier est passé de -0,7 millions de dirhams en juin 2013, à 2,1 millions de dirhams, à fin juin 2014. E|E sraqui@sp.ma Mars 2015 Economie|Entreprises
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ENTREPRISES
Maroc Telecom
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Maroc Telecom, 2ème d’Afrique! Quand d’autres secteurs peinent à trouver une place au soleil dans le continent, Maroc Telecom tire son épingle du jeu avec des ambitions illimitées. Décryptage. Par Yasser Mustafa Feghar L’opérateur historique confirme son mouvement d’expansion en Afrique subsaharienne. «Avec l’acquisition de six nouveaux opérateurs africains, Maroc Telecom renforce le positionnement stratégique de ses activités à l’international dans des zones en forte croissance où la poursuite d’importants programmes d’investissement dans les infrastructures et les services vient soutenir la plateforme de Maroc Telecom», a indiqué Abdeslam Ahizoune, président du directoire de l’opérateur, fin février, lors de la présentation des résultats annuels. Cette déclaration vient appuyer les résultats du groupe, réalisés à l’international. Ainsi, le chiffre d’affaires consolidé a frôlé 29,2 milliards de dirhams en 2014 en hausse de 2,1% par rapport à 2013. Une performance qui Economie|Entreprises Mars 2015
s’explique par la croissance du chiffre d’affaires de 11,3%, à 8,6 milliards de dirhams en 2014, réalisé à l’international. En chiffres, la contribution des filiales au chiffre d’affaires a doublé en l’espace de cinq ans, passant de 15% en 2009 à 30% en 2014. En parcourant le
Le bond du CA à l’international est dû en grande partie à la progression du parc mobile de 17% en Afrique subsaharienne
périmètre de consolidation, le bond du chiffre d’affaires à l’international est dû en grande partie à la progression du parc mobile de 17% dans les pays d’Afrique subsaharienne pour atteindre 20 millions de clients. Ces derniers sont partagés entre la Mauritanie, le Burkina-Faso, le Gabon et le Mali. En plus de ces pays, Maroc Telecom a finalisé, le 26 janvier 2015, l’acquisition auprès d’Etisalat de six nouveaux opérateurs au Bénin, Côte d’Ivoire, Togo, Niger, République centre-africaine et un deuxième opérateur au Gabon. Le prix de la transaction est de 474 millions d’euros payables en cinq tranches et sans intérêts. Etisalat a fait un apport de 200 millions de dollars remboursables en quatre ans. Après le financement, la course à l’investissement! L’opérateur a confirmé dans ce sens la mise en place d’un câble à fibre optique reliant Rabat à Nouakchott, Bamako et Ouagadougou. En dehors du désenclavement de l’ensemble de la région d’implantation du câble, le projet se veut être un nœud de communication et d’intégration régionale. E|E yfeghar@sp.ma
ACTUALITÉ
Maghreb|Monde|Afrique Par Yasser Mustafa Feghar
Algérie Les médicaments en hausse Le marché algérien des médicaments semble s’inscrire dans une tendance haussière à court et moyen termes. D’après les prévisions de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), le niveau de consommation des médicaments devra croître annuellement pour atteindre 5,7 milliards de dollars en 2018. Rappelons qu’en 2014, le marché a consommé près de 2,6 milliards de dollars de médicaments.
Tunisie Les IDE en berne
Mauritanie La croissance s’accélère
Libye Le déficit s’envole
La conjoncture en Tunisie commence à devenir de plus en plus morose. Le pays a attiré près de 1,8 milliard de dinars d’investissements étrangers en 2014, soit une baisse de 5,8%. En détail, le pays a drainé 1,7 milliard de dinars tunisiens en IDE et le reste, soit près de 160 millions de dinars est sous forme d’investissements en portefeuille. Le pic des investissements étrangers en Tunisie a été atteint en 2010, avec 2,4 milliards de dinars. La partie la plus colossale de ces investissements a été drainée par le secteur pétrolier et gazier pour 930 millions de dinars tunisiens, soit 54,1% du total des IDE.
Avec une progression moyenne de 4,9% de 2003 à 2013, la croissance en Mauritanie s’inscrit doucement dans une cadence de plus en plus rapide. Ainsi, le pays compte sur une croissance de 6,8% pour 2014, grâce au bon comportement de l’agriculture, le secteur minier et les services. L’évolution positive de ces secteurs permettrait au pays de compenser le recul de ses activités de pêche. C’est d’ailleurs pourquoi le pays négocie avec l’Union européenne de meilleures conditions de pêche des navires européens dans les eaux mauritaniennes.
Le fléchissement des cours du pétrole sur les marchés internationaux et l’instabilité politique de la Libye pèseraient certainement sur le commerce extérieur du pays. En effet, le déficit commercial pourrait atteindre 37,1% du PIB en 2015, d’après un rapport du FMI du début février 2015. Sous le règne de Kaddhafi, la Libye produisait 1,5 million de barils par jour. Aujourd’hui, le pays peine à dépasser le niveau des 350.000 barils par jour. Rappelons que la banque centrale libyenne a tiré la sonnette d’alarme à la mi-janvier pour instaurer des mesures d’austérité urgentes et douloureuses pour continuer de subvenir aux besoins de la population.
Algérie La Chine positionnée Sur l’année 2014, la Chine est le premier fournisseur de l’Algérie. C’est ce que révèlent les chiffres du Centre algérien national de l’Informatique et des statistiques des Douanes. La Chine devance ainsi la France, fournisseur traditionnel du pays maghrébin. En chiffres, l’Algérie a importé près de 8,2 milliards d’euros de Chine, sur un total de 58,33 milliards de dollars. Côté export, c’est l’Espagne qui vient en tête des clients de l’Algérie avec un total de 9,71 milliards de dollars sur les 63 milliards de dollars d’exportation. Mars 2015 Economie|Entreprises
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ACTUALITÉ|Monde
Au Caire, la France signe un contrat d’exportation de 24 avions rafales et une frégate multi missions à l’Egypte pour un montant de 5,2 milliards d’euros.
Le 8ème round du traité transatlantique réunit le négociateur américain, Dan Mullaney, et son homologue européen, Ignacio Garcia Bercero.
V erba tim ALEXIS TSIPRAS Premier ministre grec
«Le problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un Etat!» C’est le message du nouveau Premier ministre grec adressé au journal Handelsblatt, expliquant les origines de l’explosion de la dette grec.
BARACK OBAMA Président des Etats-Unis
098
«Nous devons faire des choix fondamentaux sur le pays que nous voulons devenir» C’est la formule choisi par Barack Obama pour qualifier la politique économique en faveur de la classe moyenne «Middle class economics» et de la réduction des inégalités
CHRISTINE LAGARDE Présidente du FMI
«Les objectifs du PSE sont en effet ambitieux, mais ils sont réalisables s’il y a une rupture radicale avec le passé!» En marge de sa visite au Sénégal, début février, la présidente du FMI met en exergue l’importance de rompre avec l’ancien modèle économique du pays et de renforcer les réformes en cours.
VLADIMIR POUTINE Président russe
«On a réussi à trouver un accord sur l’essentiel» C’est la première déclaration du tsar après la fin des négociations à propos du cessez-le-feu en Ukraine.
ABDALLAH II Roi de la Jordanie
«Nous frapperons cette organisation terroriste dans ses fiefs!» C’est la réplique du roi furieux, après la publication d’une vidéo montrant l’armée de l’Etat Islamique brulant vif le pilote jordanien Moad Al Kassasbeh.
Economie|Entreprises Mars 2015
Des centaines de manifestants ont défilé, le 14 février, à Rome, pour soutenir les plans anti austérité du gouvernement grec.
Venezuela Retour du change libre C’est une bonne nouvelle chez la population vénézuélienne. Le gouvernement du pays a annoncé, début février, que les Vénézuéliens pourront acheter jusqu’à 10.000 dollars par an via le nouveau système de change libre. Ce dernier, appelé Simadi (Système marginal de devises), devra attendre l’adaptation des système informatiques des établissements financiers. Après que Hugo Chavez ait interdit les maisons de change ou encore la conversion dans les banques en 2003 pour contrer la fuite des capitaux, désormais, ces établissements devront reprendre service. Quant au cours de change qui va être pratiqué, il sera bien au-delà de la parité officielle 6,3 bolivars pour un dollar. En détail, les plafonds d’achat de devises s’établissent à 300 dollars par jour, 2.000 dollars par mois et 10.000 dollars par an.
Energie Les ambitions des pays Mena D’après une étude de la banque d’investissement Arab Petroleum Investment Corp (Apicorp), les pays du Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) vont investir jusqu’à 755 milliards de dollars en énergie. Malgré la chute historique des prix de pétrole, ce projet à coup de milliards s’étalera sur les cinq prochaines années. Selon la banque saoudienne, 42% de ces investissements, soit 316 milliards de dollars, seront alloués à l’électricité, 31% au pétrole et 27% au gaz. En quote-part, plus de 75% de ces investissements proviendront de 8 pays: Algérie, Emirats Arabes Unis, Irak, Iran, Qatar, Arabie Saoudite, Koweït, et la Libye.
CHIFFRES
Portugal Après un recul d’activité depuis le début de 2014, le pays poursuit une reprise modérée grâce à la consommation privée qui est, quant à elle, tirée par la hausse des salaires et le recul du chômage.
1,5% C’est le taux de croissance prévu pour l’année 2015, après une croissance d’environ 0,9% en 2014.
605 C’est en euros, le smic portugais en vigueur depuis le 1er mars 2015. Il sera en hausse de 20 euros chaque mois jusqu’à fin décembre 2015, d’après un accord conclu entre le gouvernement et le patronat.
127,8% Le pays demeure parmi les pays de la zone euro les plus endettés. Ce taux aurait gagné 3 points depuis 2012.
ACTUALITÉ|Monde
Stefan Ingves, président de la banque centrale suédoise, indique le passage à un taux directeur négatif de 0,1%.
La directrice du FMI Christine Lagarde annonce à Bruxelles, le 12 février, un prêt pour l’Ukraine de 17,5 MM USD, sur 4 ans en échanges de réformes sérieuses.
Le président de la Bundsbank annonce la récupération de sa créance de Lehman Brothers, 6 ans et demi après l’effondrement de la banque américaine.
Chine La liquidité titillée
Pétrole Les stocks US vont crescendo
La banque centrale chinoise ne cesse d’envoyer des messages pour donner un bon élan à l’année 2015. Ainsi, la banque des banques de la deuxième économie mondiale a décidé de baisser d’un demi-point le taux de réserve obligatoire alloué à chaque banque. En Chine, le taux de réserve obligatoire diffère d’un établissement à un autre. Rappelons que cette mesure vient en réponse à une activité économique morose qui pèse sur la croissance. Cette dernière se chiffre à +7,4% en 2014, un niveau jamais atteint depuis un quart de siècle, selon les chiffres officiels.
Selon le département américain de l’Energie, les stocks de pétrole seront à leur plus haut depuis 75 ans. En effet, les réserves de pétrole brut ont cru de 6,3 millions de barils, contre une hausse de 3,9 millions prévus. Ces réserves se sont établies à 413,1 millions, à fin janvier 2015. En variation annuelle, il s’agit d’une hausse de 1,2% par rapport à janvier 2015. Quant aux réserves de produits distillés (dont le gasoil et le fioul de chauffage), elles s’inscrivent en hausse de 1,8 million de barils pour atteindre 134,5 millions, à fin janvier 2015. Alors que les prévisions tablaient sur une baisse de ces dernières, elles ont fait un bond de 1,3% par rapport à la même période de 2014.
UBS Une nouvelle enquête
Pharmaceutique Pfizer rachète Hospira
Les banques suisses n’en finissent pas avec les affaires fiscales. Selon le Wall Street Journal, les autorités américaines auront ouvert une enquête pour aide à l’évasion fiscale contre la banque suisse UBS. Les investigations en cours cherchent à savoir si celle-ci a aidé de riches citoyens américains à échapper au fisc via des produits financiers interdits. Les produits en question auraient été supprimés du système financier américain depuis 1982, car ils étaient une forme déguisée de fraude fiscale et de transfert illégal de fonds à l’étranger. Ce ne sera pas la première enquête pour fraude fiscale contre UBS, puisque la banque a déjà accepté de payer une amende de 780 millions de dollars en 2009 dans une autre affaire.
Les ambitions de Pfizer, le géant américain des produits pharmaceutiques, ne semblent pas avoir de limites. En effet, Pfizer a annoncé, début février, vouloir s’emparer de son concurrent le groupe Hospira, spécialisé dans les médicaments injectables. Le montant de l’opération est estimé à 17 milliards de dollars. Selon l’accord auquel sont parvenus les deux groupes, l’action Hospira devra être échangée à 90 dollars, alors que les modalités finales de l’opération devront être bouclées dans la deuxième moitié de 2015. Suite à cette opération, Pfizer projette d’économiser 800 millions de dollars par an d’ici 2018. Pour les perspectives, le groupe table sur des recettes oscillant entre 44,5 et 46,5 milliards de dollars pour 2015.
Alstom Des avoirs gelés Le groupe français de l’énergie et du transport s’est vu geler 90,2 millions d’euros par la justice brésilienne. En effet, le procureur du patrimoine public de Sao Paulo soupçonne le groupe français d’avoir versé des pots de vin à des fonctionnaires brésiliens pour la construction d’une usine électrique. Ce ne sera pas la première affaire dans laquelle Alstom est accusée de corruption. Ainsi, la justice brésilienne affirme que le groupe français aurait également versé des dessous de table à des fonctionnaires brésiliens pour le projet du métro brésilien.
France Recul du déficit commercial En attendant la reprise de la croissance, l’économie française peut toujours se réjouir de voir son déficit commercial reculer. En effet, d’après les services des douanes de l’Hexagone, ce déficit s’établit à 53,8 milliards d’euros en 2014, soit une baisse de 11,5% par rapport à l’année précédente. En détail, les importations ont diminué de 1,6% à 493,1 milliards d’euros, tandis que les exportations ont quasi stagné avec +0,1% à 437,3 milliards d’euros. L’amélioration de 2014 serait, en grande partie, liée au recul des prix de pétrole et des quantités importées au cours de l’année. Depuis l’été dernier, les prix du pétrole ont en effet fondu de près de 60% allégeant considérablement le coût des importations. Mars 2015 Economie|Entreprises
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ACTUALITÉ|Afrique Afrique du Sud L’inflation au plus haut Selon les dernières données de Statistics South Africa (Office national des statistiques d’Afrique du Sud), l’inflation a fini l’année 2014 à 6,1%. Ce taux s’inscrit en hausse par rapport à l’année dernière où le pays a enregistré une inflation de 5,7%. La banque centrale sud-africaine, qui prévoyait une inflation comprise entre 3% et 6% a dû revoir ses prévisions en novembre 2014 pour un taux d’inflation de 6% pour toute l’année. Cette inflation aurait était bien plus importante si les cours du pétrole n’ont pas plongé de près de 50% depuis la deuxième moitié de 2014. Pour la contrer, l’institut d’émission du pays a relevé son taux directeur de 0,25 point pour atteindre 5,75%. Cette hausse serait la deuxième en 2014. La première était de 0,5 point et visait à soutenir le rand (monnaie nationale) contre une dépréciation face à l’euro et le dollar.
100
Côte d’Ivoire Sénégal Les ambitions de Randgold JSPL s’installe Randgold, le groupe britannique d’exploration aurifère compte renforcer sa présence dans la Côte d’Ivoire, pays du cacao. Selon le management de l’entreprise, qui exploite la mine de Tongon (40% de la production nationale), le groupe a émis 10 candidatures pour l’obtention de permis d’exploration auprès d’autorités ivoiriennes. Le coût total de ces investissements avoisine les 6 millions de dollars pour multiplier la recherche et l’exploration. En termes de production, ces permis permettront de porter la production à 300.000 onces d’ici 2018. Et ce même si en 2014, sa mine d’or de Tongon – 40 % de la production ivoirienne – a raté de peu son objectif de 250 000 onces extraites, en raison de graves problèmes techniques surmontés depuis, selon le top management de la multinationale. Economie|Entreprises Mars 2015
Le Sénégal veut franchir un cap en matière de production d’électricité. Pour ce faire, le conglomérat indien Jindal Steel and Power vient de signer, en février, un contrat avec l’Etat sénégalais pour la construction d’une centrale électrique thermique de près de 300 mégawatts. C’est une capacité encore jamais atteinte au Sénégal. Ce projet, qui nécessite une enveloppe de 900 millions de dollars, se situera dans la région de Kayar, au nord-est de Dakar. C’est en raison de la hausse de la consommation de 10% par an que le pays s’est engagé dans les projets électriques avec des partenaires internationaux. Quant à Jindal Steel and Power, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 3,3 milliards de dollars en 2014.
Tanzanie Le graphite d’Epanko boosté Kibara Ressources vient de dévoiler sa stratégie de croissance. La société d’exploration du graphite et du nickel en Tanzanie envisage de porter la production à 100.000 tonnes par an de concentré. Par phase, la première étape sera amorcée par une production de 40.000 tonnes pour les deux à quatre ans. La deuxième étape aura comme objectif d’atteindre 75.000 tonnes pour une durée de quatre à cinq ans. La dernière étape permettra d’atteindre l’objectif total d’une production de 100.000 tonnes par an. Ce projet va générer un retour sur investissement de 250 millions de shilling (137.000 dollars).
Cameroun Le pétrole roi Pour 2015, le Trésor camerounais tablait sur des recettes pétrolières de près de 775 milliards de F CFA (1,18 milliard d’euros) en retenant l’hypothèse d’un baril à près de 90 dollars. Mais, au vue de la dégringolade des cours de pétrole (un baril autour de 50 dollars), l’équation ne semble pas aussi simple. Selon le ministère des Finances, l’éventualité d’une Loi des Finances rectificative demeure probable et sera négociée pour le troisième trimestre de cette année. Le ministère évoque également l’option de compensation des prix par un accroissement de la production. Ainsi, le pays projette de produire 31,1 millions de barils dans la moitié de cette année.
Congo S&P sanctionne La chute des cours du pétrole continue de détériorer le profil risque des pays producteurs. Dans ce sens, Standard&Poor’s a baissé la note du Congo Brazzaville de «B+» à «B» avec des perspectives stables. Pour cause, la chute des cours du pétrole et les effets colossaux sur l’économie congolaise. En chiffre, le pétrole présente 60% du PIB, 75% des recettes budgétaires et 80% des exportations.
Sahel ARC indemnise
Guinée IFC soutient la PME
Le Sénégal, la Mauritanie et le Niger vont être indemnisés en compensation aux dégâts subis par la sécheresse. L’ARC (African Risk Capacity), qui est la mutuelle panafricaine de la gestion des risques, va ainsi débourser près de 25 millions de dollars pour les trois pays du Sahel. Ceux-ci avaient souscrit une prime d’assurance de 8 millions de dollars. Les trois pays comptent sur cette prime pour intervenir rapidement dans les régions concernées par des plans d’urgence préétablis.
La Banque mondiale semble convaincue par l’entrepreneuriat en Guinée Conakry. La société financière internationale (IFC), filiale de celle-ci, envisage en effet d’investir 30 millions de dollars en faveur de la PME en 2015. L’objectif de ce programme est de faciliter l’accès au financement à près de 600 entreprises guinéennes. Dans le communiqué de l’IFC, ce financement sera orienté en premier lieu aux femmes et aux projets relevant du secteur agroalimentaire. E|E
ACTUALITÉ MONDE|Indicateurs ZONE EURO
Le chômage ralentit C’est plutôt une bonne nouvelle pour la zone euro. Selon les dernières statistiques de l’Eurostat, le taux de chômage, à fin 2014, s’est établi à 11,4%, soit une petite baisse par rapport au taux de 11,5% de novembre. En chiffres, le nombre de chômeurs ressort à 24,05 millions de personnes dans l’UE, dont 18,1 millions dans la zone euro. Par pays, l’Allemagne (4,8%) et l’Autriche (4,9%) affichent les taux de chômage les plus faibles. Alors que la Grèce et l’Espagne battent des records, avec respectivement 25,8% et 23,7%. En termes de perspectives, l’UE reste confiante avec 2,1 millions nouveaux postes qui pourraient être créés d’ici mi 2018. Ces emplois vont être générés dans le cadre du plan d’investissement de 300 milliards d’euros de Jean Claude Juncker, président de la Commission européenne.
Le chômage ralentit 15 En pourcentage
Zone euro France
Italie Allemagne
sept-14
déc-14
12
9
6
3
0
déc-13
mars-14
juin-14
Source: Eurostat
102
ETATS-UNIS
GRÈCE
PÉTROLE
Le déficit se rétracte
La dette ingérable
Le pays de l’oncle Sam semble réussir sa marche pour endiguer le déficit budgétaire. Si les Etats-Unis avaient conservé, durant la période 2009-2012, des déficits budgétaires insoutenables, l’année 2013
L’arrivée d’un nouveau pouvoir en Grèce fait peur aux créanciers d’Athènes. En effet, la dette du pays, qui atteint 316 milliards d’euros, soit 176% du PIB, alimente plusieurs spéculations de la part de la troïka (BCE, FMI, Commission européenne) au sujet de la réduction de la dette. En plus de la troïka, des voix s’élèvent au niveau du Fonds d’entraide et de la stabilité financière (FESF), dont le principal pourvoyeur est l’Allemagne, pour exprimer leurs inquiétudes face à la capacité du pays à rembourser sa dette. Au fait, l’Allemagne considère que la Grèce, comme d’autres pays de la zone, ne fournissent pas assez d’efforts pour s’ajuster. La France, l’Italie et l’Espagne sont les autres Etats les plus exposés au risque grec.
Une chute pas que profitable
Le déficit se rétracte En pourcentage
0
2009
2010
2011
2012
2013
2014
-2
-4
-6
-8
-10 Source: Office of Management and Budget, 2015
Economie|Entreprises Mars 2015
Une chute profitable 5 Gain en % du PIB
4
3
2
1
0
Répartition dette grecque
Liban
120
90
60
30
0
BCE
FMI
Source: Ministère grec des finances
Mauritanie
Tunisie
Jordanie
Egypte
Maroc
Source: FMI
150 Part en milliards d’euros
a enregistré un déficit de 4,1% du PIB. A l’origine de cette performance, le redémarrage de la croissance qui devra contenir les dépenses fédérales. Une croissance tirée par la consommation des ménages et les investissements des entreprises. Ainsi, la consommation des ménages, qui compte 70% de l’activité économique américaine, a fait un bond de 3,3%, la meilleure depuis 2010. De plus, l’investissement des entreprises a progressé de 3,8%, un rythme élevé mais qui reste inférieur à la moyenne de 2013 estimé à 4%.
Les gains extérieurs attribuables à la baisse des cours de pétrole au niveau international ne fait pas que des contents. En effet, si le Maroc peut gagner jusqu’à près de 5% de croissance, la profitabilité d’un pays comme l’Egypte est quasiment nulle. Selon les
Prêts bilatéraux
FESF
Banque de Grèce, obligations, autres prêts
experts du FMI, l’allègement des factures pétrolières se traduit par un relâchement des tensions sur les budgets. Celui-ci est le corollaire de la diminution des coûts de subventionnement des prix énergétiques. D’autre part, la détérioration de la demande dans la zone euro et du CCG va également influencer les cours des autres matières premières. Ces pays devront voir leurs exportations de matières premières se rétracter, ce qui va éroder les gains exceptionnels liés à l’allègement de la facture pétrolière.
ACTUALITÉ|Monde
Grèce
L’UE face à la menace Syriza
104
Economie|Entreprises Mars 2015
Lassés de l’austérité qui a pesé sur le pays depuis 2010, et pour renouer avec la croissance, les Grecs choisissent le virage politique vers la gauche radicale incarnée par le parti Syriza. Zoom. Par Yasser Mustafa Feghar
«L’espoir est en marche», tel est le slogan qui a rassemblé des milliers de partisans de Syriza, place Khlaftomonos, en plein centre d’Athènes, le 25 janvier dernier. L’évènement est la victoire aux législatives du parti Syriza avec près de 36,3% des voix. Ce qui lui procure 149 sièges sur les 300 du parlement, soit à deux sièges d’une majorité absolue! Si les Grecques ont choisi de voter pour ce parti d’extrême gauche, c’est en raison de leur rejet des élites traditionnelles incarnées par les deux partis qui se sont partagés le pouvoir depuis 1974. Le premier est le parti Nouvelle Démocratie (droite conservatrice), dont est issu Antonis Samaras, le Premier ministre sortant. Et le deuxième est Pasok, parti socialiste. Ce rejet n’est en fait que la conséquence naturelle d’une détérioration continue du niveau de vie des Grecs, notamment depuis la mise en œuvre du programme d’austérité exigé par les créanciers internationaux du pays. En effet, le niveau de vie de plus en plus précaire de la population a motivé davantage ce vote. Ainsi, le vote massif du Syriza est un message clair des Grecs pour dire Non au traitement choc imposé par la Troïka (BCE, FMI, UE). Le gouvernement sortant d’Antonis Samaras a été sanctionné pour avoir essayé de satisfaire au maximum les exigences de celle-ci, sans trop se soucier de la situation économique qui pesait sur le quotidien des citoyens.
Cure d’austérité
Modus operandi «Mettre fin à l’austérité, renégocier la dette et relancer la croissance».
En effet, les créanciers de la Grèce lui réclament une dette de 320 milliards d’euros à fin 2014. Elle devait être remboursée moyennant une cure d’austérité imposée au pays depuis 2010, mais dont les conséquences sur la population grecque sont trop lourdes. Ainsi, le chômage touche 25% de la population, les revenus sont en recul de 40% et la croissance du PIB a fléchi de 25% depuis 2009. En plus d’être inefficace, cette cure d’austérité est contreproductive. Le pays plonge dans la récession et la situation sociale empire. Les pensions et les salaires sont en baisse quasi continue, les emplois – – – Mars 2015 Economie|Entreprises
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ACTUALITÉ|Monde
Angela Merkel Chancelière allemande
«Les obligations doivent être respectées».
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– – – publics diminuent, les magasins ferment et les files de chômeurs ne cessent de s’allonger. Dans ce même contexte social catastrophique, la croissance n’est jamais revenue (0,8% à fin 2014) et la dette publique continue d’exploser (176,1% du PIB à fin 2014). C’est pourquoi Syriza a trois mots d’ordre pour le redressement de la situation économique que son leader Alexis Tsipras résume ainsi: «mettre fin à l’austérité, renégocier la dette et relancer la croissance».
Barack Obama Président des Etats-Unis
«La Grèce a un terrible besoin de réformes, mais difficile d’y arriver si le niveau de vie a chuté de 25%».
Programme social ambitieux Si, durant toute la campagne, Tsipras n’a cessé de ressasser le mot «austérité», c’est que le nouveau premier ministre a un programme social ambitieux. En effet, la première décision est le relèvement des salaires minimums de 580 euros à 750 euros, un 13ème mois pour les retraites à moins de 700 euros, et le relèvement des revenus imposables de 5.000 euros aujourd’hui à 12.000 euros. En outre,
PODEMOS, SUR LES TRACES DE SYRIZA Le vent anti-austérité soufflant sur la Grèce semble atteindre l’Espagne. Des dizaines de milliers de membres et de sympathisants du parti Podemos se sont rassemblés, fin janvier, dans les rues de Madrid, pour manifester. L’occasion pour son leader, Pablo Iglesias, d’affirmer que son parti va remporter les prochaines élections face au parti populaire au pouvoir. La jeune formation politique née du mouvement indigné de 2011 et organisée en parti, en janvier 2014, a surpris en remportant 8% des voix aux élections européennes de mai dernier. Et, depuis, le parti accueille tous les citoyens souffrant des retombées de la cure de l’austérité imposée au pays par la Troïka (BCE, FMI et Commission européenne). Sa remontée dans les sondages fait qu’il dépasse régulièrement le parti socialiste et parfois même le parti populaire de droite. Ses objectifs: en finir avec la haute finance, l’austérité et les élites traditionnelles accusées de corruption. Sauf que les autres formations politiques et des politologues accusent ce parti d’avoir un programme électoral très flou et de faire dans la radicalisation et le populisme là où la dynamique de l’histoire s’oriente vers plus d’intégration régionale et globale. Podemos est également accusé d’être pro-mouvements radicaux sud-américains. Economie|Entreprises Mars 2015
Georges Osbourne Ministre britannique des Finances
«J’ai dit au ministre grec des Finances d’agir de façon responsable».
le programme propose d’offrir l’accès gratuit aux soins, augmenter les bénéficiaires de l’assurance chômage et protéger les habitations principales des saisies. Le coût est estimé à un peu moins de 12 milliards d’euros. D’où proviendra le financement? Pas de réponses claires des responsables de Syriza, sauf que ce programme permettra de rapporter 12 milliards de bénéfices, une fois les réformes passées. Un optimisme que ne partagent pas les experts d’Eurobank. Pour eux, «la marge permettant de s’écarter des objectifs budgétaires est très étroite et exposerait le pays à une dégradation sévère de sa trésorerie ainsi qu’à une hausse de ses besoins d’emprunts». Quant à Syriza, le parti au pouvoir projette l’effacement d’une grande partie de sa dette de près de 200 milliards d’euros, soit deux tiers de la dette grecque. Toujours pour la dette, Syriza propose également un «moratorium», un délai dans le paiement de la dette pour relancer la croissance. Une croissance qui devra permettre la création de 300.000 emplois à moyen et long termes. Un plan tout beau qui rappelle le romantisme socialiste de la première moitié du 20ème siècle. Sauf qu’aujourd’hui, les Etats européens ayant fondu au profit de l’Union, la concrétisation de l’ambition Syriza se jouera davantage à Bruxelles et non à Athènes. E|E yfeghar@sp.ma
BLOC-NOTES
Perso Par Feghar Mustafa Yasser
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Mercedes joue l’agressivité Le nouveau bébé de Mercedes est un coupé de la série S, qui était connu sous la série CL. La marque à l’étoile veut par ce nouveau modèle titiller d’autres marques aussi luxueuses, comme Aston Martin Vanquish, Bentley Continental GT ou encore la Rolls Royce Wraith. Avec un style dynamique et des surfaces généreuses, le coupé grand luxe dispose aussi de larges épaules et des lignes accentuées renforçant sa ligne sportive. La sportive bourgeoise de la Mercedes est remarquable par des joncs de chrome entre les deux feux arrière et la rampe de Leds en cristaux. A l’intérieur, c’est une finition de haut vol au moindre détail: cuir surpiqué ou capitonné à profusion, inserts en lacs ou aluminium…
De plus, cette version dispose d’un volant trois branches et jonction entre planche de bord et contreportes. Quant aux équipements de confort, ce modèle n’en manque pas avec un massage chauffant, sièges multi contours ventilés, hi-fi haut de gamme, parfum d’ambiance. La version sportive de la classe S dispose d’une fonction d’inclinaison dans les virages lui permettant de se pencher dans les courbes à la manière d’un deux roues. En matière de motorisation, les puissances s’échelonnent de 455 chevaux pour la S500 à 630 chevaux pour la S65 AMG, avec la puissance d’un V12. Même avec un poids de 2.092 kg, la classe S peut s’affranchir de 0 à 100 km/h en 4,6 secondes seulement.
Hyundai 3ème prix pour ix35 C’est avec fierté que Hyundai a annoncé, début février, l’élection de son modèle ix35 comme voiture de l’année 2014 dans la catégorie 4x4. Il s’agit, en effet, du 3ème modèle à recevoir le prix après l’Accent et l’i10, lors de l’édition 2015 des trophées de l’automobile. D’après la direction marketing Hyundai, ces trophées reflètent le succès que connait la marque sur le marché marocain. Un succès que les commerciaux expliquent par la qualité et les services offerts par la maison Hyundai pour fidéliser les clients. Après avoir remplacé le modèle Tucson en 2009, l’ix35 a marqué un virage stratégique de la marque. En plus du design avec des allures dynamiques, le modèle offre des motorisations robustes et des prestations routières impressionnantes. Cela s’est traduit par quelque 6.000 clients marocains du modèle ix35. Mars 2015 Economie|Entreprises
BLOC-NOTES|Perso HAVAIANAS, BUTHAN ET SNOOPY
LG présente au CES 2015
Ce sont les deux marques de tongs en liaison avec le bonheur de Havaianas. La première porte le nom du pays de l’Asie du Sud-Est, où le bonheur ne se mesure pas par le PIB mais par le BNB (Bonheur national brut). La deuxième marque est créée à l’occasion du 65ème anniversaire de la BD Peanuts où apparaissait pour la première fois Snoopy et son incroyable ami l’oiseau Woodstock. Ces nouvelles tongs s’adressent à tous les âges, depuis la version baby pour les tout-petits, ornée d’un charmant Snoopy sur la bride, jusqu’au modèle pour adultes.
LUMIA 535 DÉBARQUE
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La marque sud-coréenne a cartonné dans le CES 2015 tenu à Las Vegas. En effet, LG Electronics a remporté 41 récompenses, lors de l’international CES 2015, grâce à trois produits novateurs. Il s’agit du premier smartphone 100% incurvé LG G Flex 2, puis les téléviseurs 4K Oled, ainsi que le révolutionnaire mini lave-linge Twin Wash System. LG a reçu notamment les distinctions d’Engadget,
USA Today/Reviewed.com et Digital Trends, parmi beaucoup d’autres, ainsi que 10 CES Innovation Awards de la Consumer Electronics Association (CEA) ® dans de nombreuses catégories comme le divertissement à domicile, les appareils électroménagers et les appareils mobiles. La CEA a également nommé LG, Partenaire 4K Ultra HD de l’International CES 2015.
Maison Ruinart, l’intemporel contemporain La marque fondée au siècle des lumières poursuit sa percée dans le marché marocain. C’est un vin connu chez les restaurateurs par le Blanc des Blancs et aussi un produit emblématique de la maison. Assemblage de 100% Chardonnay des meilleurs crus, il se caractérise par une grande fraîcheur, une pureté exceptionnelle et une vraie richesse aromatique. D’une couleur dorée et lumineuse, ses qualités sont vues par la transparence de son flacon iconique. De plus, l’ensemble des cuvées Ruinart reflète le savoir-faire de la maison dans l’art difficile d’assemblage. C’est ainsi qu’elles se déclinent en «R» de Ruinart et Ruinart Rosé. Chacune représente un signe distinctif de la maison et chacune déploie la richesse aromatique d’une personnalité à part. Rappelons que Ruinart est partenaire de plusieurs établissements hôteliers de luxe dans le monde, tels les Mandarin Oriental Hong-Kong, Grand Hyatt Tokyo, Saint Regis Utah. Au Maroc, Ruinart est partenaire de la Mamounia où il est proposé comme «House Champagne» de référence. Economie|Entreprises Mars 2015
Microsoft a annoncé l’entrée sur le marché marocain du nouveau Lumia 535 Single et Dual Sim. Cette nouveauté présente cinq caractéristiques puissantes et intégrées, qui illustrent toute l’expérience de Microsoft, mais aussi une caméra frontale grand angle de 5 mégapixels et un vaste écran de 5 pouces, le tout pour un prix abordable. La caméra frontale grand angle de 5 mégapixels fixe ainsi plus intensément vos souvenirs et augmente les capacités de conférences vidéo Skype, ainsi que les selfies. Les utilisateurs peuvent accéder, éditer et partager des documents Word, Excel et PowerPoint, ainsi que les notebooks OneNote avec le pack Office préinstallé. Avec 30 Go gratuits sur le cloud OneDrive, les photos, vidéos et documents Office sont synchronisés en toute sécurité et sauvegardés pour des partages plus simples et plus faciles.
BLOC-NOTES|Perso Expositions «Passage» de Boujemaoui
Ça promet d’être dans le même esprit des anciens travaux de l’artiste. Cette nouvelle exposition, qui tient lieu à L’Atelier 21, présente près d’une trentaine de tableaux de différents formats et différentes techniques de l’artiste-peintre Mustapha Boujemaoui. Selon ce dernier, «Passage» s’inscrit dans la continuité et le renouvellement du travail de 2008. Il explique que l’exposition est une inspiration puisée dans son parcours depuis ses débuts à l’Ecole nationale des beaux-arts de Tétouan, à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles et à l’Ecole nationale des beaux-arts de Paris. «Passage» serait l’ode à la paix, en liaison avec le passage du temps et à la spiritualité qui respire dans chacune de ses entreprises. L’artiste a choisi le verre de thé comme étant une matière signe de générosité et d’hospitalité. Boujemaoui veut accentuer le principal de son travail sur le côté spirituel du verre, en marquant dans ses œuvres le critère de transparence des verres. La quintessence de «Passage» veut donner le maximum de lumière au milieu de chacune de ses œuvres, en voulant passer le message que chacun interprète à sa façon ce qu’il y voit. Selon Boujemaoui, un artiste-peintre et chercheur doit prendre le temps nécessaire pour développer ses démarches plastiques. Ainsi, cinq années pour des œuvres d’art ce n’est pas beaucoup. Pour lui, une œuvre plastique devrait refléter la sincérité et l’engagement de son auteur. C’est pourquoi il n’est pas acceptable pour un artiste de travailler dans la rapidité pour exposer à tout moment.
SELMA
CENDRILLON
Réalisé par Ava Duvernay, avec David Oyelowo, Tom Wilkinson et Carmen Ejogo La lutte historique du Dr Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens. Une dangereuse et terrifiante campagne qui s’est achevée par une longue marche, depuis la ville de Selma jusqu’à celle de Montgomery, en Alabama, et qui a conduit le Président Jonhson à signer la loi sur le droit de vote en 1965. Le film est nommé dans la catégorie Meilleur Film, Meilleure chanson originale aux Oscars 2015. Selma retrace la lutte historique de Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens.
Réalisé par Kenneth Branagh, avec Lily James, Cate Blanchett et Richard Madden Le père de la jeune Ella, un marchand, s’est remarié après la mort tragique de la mère de la jeune fille. Pour l’amour de son père, Ella accueille à bras ouverts sa nouvelle belle-mère, Lady Tremaine, et ses filles Anastasia et Drisella. Mais lorsque le père d’Ella disparaît à son tour d’une manière aussi soudaine qu’inattendue, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle, qui en font leur servante, et la surnomment avec mépris Cendrillon.
CHAPPIE Réalisé par Neill Blomkamp, avec Hugh Jackman, Sharlto Copley et Sigourney Weaver Chaque enfant qui vient au monde est une promesse d’avenir, et c’est encore plus vrai pour Chappie. Pour faire son chemin dans le monde e, il devra se fier à son instinct et à son cœur. Mais Chappie c’est un robot. Le premier robot doué de la faculté de penser et de ressentir par lui-même. C’est une idée dangereuse et un défi que Chappie va devoir relever face à ceux qui sont prêts à tout pour qu’il soit le premier et le dernier de son espèce…
SNOW IN PARADISE Réalisé par Andrew Hulme, avec AymenHamdouchi, Martin Askew et Fréderic Schmidt Les Bélier, agriculteurs en Normandie, sont sourds, à l’exception de Paula, la fille lycéenne, qui a pris l’habitude de régler au téléphone de nombreux soucis familiaux. Emue par l’arrivée au lycée d’un beau parisien bouclé, Gabriel, Paula persuade sa meilleure amie Mathilde de s’inscrire à sa suite dans la chorale du professeur de musique, Monsieur Thomasson. Celui-ci détecte le talent de Paula et la presse de présenter le concours de la maîtrise de Radio-France. Mathilde hésite. Peut-elle abandonner sa famille pour suivre sa voie?...
MAZAGAN INVITE AJRAM A l’occasion de la 20ème édition du «Mazagan Nights», Mazagan Beach Resorts demeure fidèle à sa clientèle en conviant la star libanaise Nancy Ajram le 14 mars 2015. Mazagan Beach & Golf Resort promet donc, comme à son habitude, une soirée mémorable en compagnie de l’une des plus grandes étoiles de la constellation de la chanson arabe. Nancy Ajram est l’une des artistes les plus connues dans le monde arabe. Au fil des années, elle a remporté de nombreux prix et récompenses prestigieuses, dont trois fois de suite le titre de chanteuse la plus populaire du monde arabe, successivement en 2004, 2005 et 2006. E|E
Mars 2015 Economie|Entreprises
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COURRIER
ee@sp.ma
LES HOLDINGS SOUS L’ŒIL DE BANK AL-MAGHRIB
RESPONSABILITÉ SOCIALE
Très intéressant l’article sur la nouvelle loi bancaire et surtout la portée du nouveau texte. C’est vrai que le renforcement de la supervision de la banque centrale obéit à une obligation de Bâle III, mais Bank Al-Maghrib est aussi obligée de gérer au mieux le risque systémique. L’autre élément crucial de la loi, c’est qu’elle permet d’établir des scénarios de défaillances d’un groupe qui entrainera l’intervention de l’autorité publique pour sauver une banque.
La question de savoir si le privé peut se substituer à l’Etat est du genre à créer la polémique, la responsabilité sociale des entreprises est devenue un phénomène de mode. Je ne pense pas que le phénomène de RSE soit aussi important pour supplanter le rôle de l’Etat. J’estime que c’est juste pour la frime et non un engagement à long terme avec des headlines précis. Du coup, je trouve prématuré de parler d’entreprises labélisées RSE qui remplacent le rôle de l’Etat.
Chaimae Ahram. El Jadida
«Je ne suis pas Charlie»
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Je trouve votre analyse des attentats de Charlie Hebdo assez perspicace, car la condamnation a été planétaire mais l’hypocrisie des médias français doit aussi être pointée du doigt. De plus, l’usage qu’ont fait les politiques de l’événement tragique est devenu coutume dans les sphères de pouvoir. L’autre point essentiel que vous avez soulevé c’est la sélectivité du support lui-même de s’attaquer à l’Islam comme religion particulière, faisant au passage fi des sentiments de plus d’un milliard de Musulmans de par le monde. Mounir Faouz, PhD economics, Marrakech
Le Dilemme Mutandis J’ai apprécié votre enquête sur le groupe Mutandis. Vous êtes partis de l’information de l’introduction en bourse de la société d’investissement de Douiri jusqu’au personnage pour donner le maximum d’informations sur la holding. L’initiative est bonne et louable, mais malheureusement la réalité du marché est tout autre. Merci d’avoir tiré au clair la fuite en avant de la société et le fait que des actionnaires commencent à quitter le navire.
Amal S, Rabat
La course au cash est lancée L’article immobilier concernant une éventuelle course des immobilières au cash, n’informe pas clairement sur l’impact sur les prix. Au fait, si vous dites que ces sociétés sont endettées et qu’elles doivent faire face à un cumul des stocks, pourquoi le consommateur final n’est pas vraiment affecté par la baisse des prix? D’autre part, les banques ont semble-t-il aussi participé au jeu dangereux des immobilières, mais vont-elles pour autant être indulgentes vis-à-vis des rallongements de délais ?
Kenza M, Rabat
Moussaad Boukourizia, Berrechid
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Economie|Entreprises Mars 2015
...dans les faubourgs de Casablanca
DE RETOUR A CASAZBELISTAN
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Avant de revenir, il faut d’abord partir Départ Casablanca Noirceur, aéroport de prétention internationale, pour de vrai, aérogare du moyen-âge pour de plus vrai, qui n’honore pas le nom prestigieux qu’il porte pour de sûr. Terminal 1 (dédié en exclusivité à toutes les compagnies qui ne RAMent pas). Niveau départ, 6h30 du matin, extérieur jour pas encore levé, responsables toutes catégories confondues, toujours dans les bras de Morphée, au pieux pour les privilégiés, sur une chaise bancale pour le reste. Rassurant de la part de ceux censés rassurer par leur présence. Ambiance de film d’horreur, style Hitchcock casazbelistané. Sous la lumière glauque de quelques malheureux lampadaires s’auto-éclairant péniblement, trois pseudo-porteurs improvisés à la mine louche, limite menaçante et peu
Question pseudo-porteurs du Terminal 1, ce sont des imposteurs de haut vol, des pirates spécialisés en terminal lève-tard. Ils sont connus et tolérés, pour la sacrosainte raison qu’ils ont tous les droits de gagner leur vie par la grâce de Dieu! Manque plus qu’ils s’organisent en syndicat comme les
travaille en joint-venture avec quelqu’un de l’intérieur, de l’aéroport bien entendu, et plus si nécessité et affinité… Question du gendarme du Terminal 2 Les problèmes de sécurité du terminal 1, il n’en avait que faire, s’arguant du fait qu’il n’a aucune compétence en extra territorialité, bien qu’il en ait quelques notions nébuleuses. Condensé de l’aventure Pour embarquer du terminal 1, il faut partir du terminal 2! Le hall d’enregistrement, un souk à ciel couvert, des hôtesses somnolentes derrière des comptoirs en état de décomposition avancée, un plastificateur de bagages matinalement surexcité. Ambiance d’enfer à quitter au plus tôt. Arrivée Un chemin de croix de fer croix de bois! N’en pouvant plus, je vais faire court, en style télégraphique, dans l’intérêt de tous, essentiel-
«Le hall d’enregistrement, un souk à ciel couvert, des hôtesses somnolentes derrière des comptoirs en état de décomposition avancée, un plastificateur de bagages matinalement surexcité.» amène me font quitter les lieux par instinct de conservation pour d’autres, j’espère plus secoures. Terminal 2, un vieux «porteur» en tenue de fonction accourt, s’empare de mes bagages, court vers l’entrée, stoppe net au niveau du scanner et, d’un geste convenu, passe le relai à un autre porteur. Quelle organisation! Pousser la division du travail à ce niveau de détail relève du diabolique. Abasourdi, je m’empresse à me renseigner auprès de chacun des acteurs des curiosités constatées alentour. Je vous livre les réponses par ordre d’importance subjective: Question sécurité extérieure Terminal 1, les deux policiers commis à la scanérisation de nos effets, l’un assis et l’autre debout comme la justice, me déclarent à l’unanimité que leur territoire de compétence se limite à l’intra muros. Economie|Entreprises Mars 2015
ferrachas du boulevard Mohammed VI. Le dévolu des pseudo-porteurs sur ce terminal majoritairement emprunté par des gaouris n’est pas fortuit. Ils sont rackettables à souhait. Question porteurs du Terminal 2 Le premier, fidèle au poste depuis trente ans, a porté toutes les valises du monde. A leur dimension, à leur poids, à leur couleur, à leur matière et à leur texture, il peut vous dire la nationalité et la destination du voyageur! Du porteur, il a l’uniforme officiel, la dégaine, les stigmates, la fatigue, mais pas l’accréditation ni le badge ni la relation rotulienne indispensable pour obtenir tout ce qui précède. Conséquence, pas de franchissement de la ligne de démarcation matérialisée par le postérieur du scanner posé à l’entrée. Qu’à cela ne tienne. Au royaume de la débrouille, à tout problème, il y a une solution. Notre interdit de reconnaissance et de badge
lement la gente aéroportuaire: Eclairage de piste, libidineux. Tarmac graisseux comme si on y vidangeait les avions. Policiers qui s’interpellent publiquement en gueulant à propos de leurs sandwichs. Zone de police des passeports, au nouvel aménagement illogique. File de convives de marque et VIP, encombrée par des squatteurs de tout genre. Espace livraison des bagages, cour des miracles. A l’extérieur, taxis qui vocifèrent et s’engueulent à la manière des flics suscités. Petits mineurs qui mendient. Que pensent les étrangers qui débarquent dans ce lieu étrange? Pauvres ceux qui veillent sur cette ville. E|E Par Abdelhamid Berrada Architecte DPLG. courrier@sp.ma