Actu Santé Été 2020 - Spécial COVID-19

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COVID-19 : LES PERSONNELS DU SERVICE DE 06/02

04/03

16/03

21/03

24/03

27/03

Mise en place de la cellule coordination COVID-19 par la direction centrale du SSA

Lancement de la plate-forme Covid SSA

Le Président de la République annonce le déploiement d’un « hôpital militaire de campagne » dans le Grand Est.

Début de déploiement de l’EMR-SSA.

Prise en charge du premier patient au sein de l’EMR-SSA.

2e vol MORPHEE entre Mulhouse et Bordeaux (transfert de 6 patients vers le CHU de Bordeaux).

Extension du périmètre la plate-forme Ecoute-Défense au COVID-19.

4e vol MORPHEE réalisé entre le Grand Est vers Bordeaux (transfert de 6 patients vers CHU de Bordeaux et HIA RobertPicqué

FÉVRIER MAR À la demande de la ministre des armées, mise en alerte de MORPHEE

14/03 23/02 Passage au stade 1 de l’épidémie, les HIA sont pleinement impliqués

La circulation active du virus conduit au passage en stade épidémique de niveau 3. La France compte 2 281 cas et 48 décès

Évacuation sanitaire par le PHA TONNERRE de 6 patients de la Corse vers Marseille

18/03

23/03

1 vol MORPHEE entre Istres et Mulhouse (transfert de 6 patients vers les HIA Laveran et Sainte-Anne)

Déploiement complet de l’EMR-SSA à Mulhouse, stress test

er

3e vol MORPHEE entre Mulhouse et Brest (transfert de 6 patients vers les CHU de Brest et Quimper)

25/03 Lancement par le Président de la République de l’opération « RESLIENCE »

Lancement de la téléconsultation pour la communauté de défense

31/03

5e vol MORPHEE réalisé en le Grand Est et les hôpitau allemands de Lubeck et K


SANTÉ DES AR MÉES AU CŒUR DE L’ACTION 03/04

08/04

14/04

30/04

11/05

6 vol MORPHHE réalisé entre le Grand Est et le CHU de Toulouse

HIA DESGENETTES implantation d’une plateforme régionale dédiée au diagnostic du COVID

Etude clinique PLASCOSSA : prélèvement de plasma de patients guéris du COVID-19 sur site site de Toulon (débuté le 6 avril sur le site de Clamart)

Lancement de l’enquête sur le confinement et le bienêtre des militaires et de leur famille

Désengagement de l’EMR-SSA

e

Appareillage du PHA Dixmude en direction des Antilles

PA CDG : task force SSA pour mener les investigations de diagnostic et d’évaluation (2 épidémiologistes, 2 personnels de l’IRBA)

RS AVRIL MAI

ntre ux Kiel.

Transport de deux malades du COVID par Caracal sur la BA 705

07/04 Expérimentation de la médicalisation de l’A400M « ATLAS », module MEROPE « Modules d’Evacuation de Réanimation pour les OPErations »

10/04 Transfert TGV médicalisé Paris-Bordeaux de 4 patients Covid vers l’HIA Robert PICQUÉ

15/04 Début de désengagement de l’EMR-SSA IRBA Formation CARP (capacité de réanimation projetable) GAN = 1827 tests PCR réalisés

07/05 Le dernier patient quitte l’EMR-SSA


Maryline GYGAX GÉNÉRO

Directice centrale du service de santé des armées

J

DITO

e commencerai cet éditorial en adressant mes plus sincères pensées à la famille, aux camarades et aux proches de l’infirmier en soins généraux de deuxième grade Quentin Le Dillau. Agé de 25 ans à peine, Quentin est décédé des suites de ses blessures en s’entraînant pour une mission opérationnelle, destinée à soigner et sauver dans tous les environnements. Parce que son engagement sans faille était pour lui une source d’épanouissement, il incarne beaucoup de ce que nous partageons au sein du SSA : le don de soi, le sens de l’autre, et la volonté de se dépasser au service des armées. Aux côtés du général d’armée aérienne Philippe Lavigne, chef d’étatmajor de l’armée de l’air, nous lui avons rendu hommage le 4 mai dernier, ainsi qu’au sergent-chef Pierre Pougin, au cours d’une cérémonie militaire émouvante et singulière en période d’épidémie. Les mesures barrières, qu’il est de notre devoir de faire appliquer scrupuleusement, n’ont pas permis de réunir tous ceux qui auraient souhaité être présents. Par la pensée, vous étiez nombreux à participer à distance à ce moment intense. Vos témoignages de solidarité en attestent. Nous vivons un temps ô combien particulier pour notre pays. Pendant que de nombreux secteurs étaient mis à l’arrêt et les Français invités à rester confinés pour la protection de tous, notre Service a participé intensivement à la prise en charge des patients atteints de COVID-19 et a mis en œuvre son savoir-faire en capacités de réanimation sur tous les vecteurs (aériens, maritimes, ferroviaires) et sous toute forme (EMR-SSA). Le SSA s’est mobilisé dans toutes ses composantes, cette action synergique étant la clé de cette réussite collective. Car c’est sans doute ce que je retiens avant tout de cette crise : le dévouement sans faille de tous nos personnels, militaires comme civils, d’active comme de réserve, soignants comme non soignants, sans oublier nos élèves en renfort, ces réservistes fraîchement recrutés, et tous ces bénévoles qui ont répondu à l’appel. Ces sourires au plus fort de la crise, masquant la fatigue. Cette façon si professionnelle de braver la crainte de la contamination. Cette entraide, cette capacité à

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Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

trouver des solutions. L’appui des unités militaires, tout particulièrement le régiment médical. Je retiens aussi l’accélération, comme jamais, de certaines procédures « administratives », le formidable essor des téléconsultations, et tant d’autres éléments… Au moment d’un déconfinement progressif, le Service intervient encore dans la crise, avec la nouvelle projection de l’EMR-SSA à Mayotte, soutenue à la perfection par un ravitaillement sanitaire encore et toujours très mobilisé, la lourde charge de la médecine des forces et de nos laboratoires pour soutenir les armées dans un contexte Covid persistant, la vigilance très consommatrice d’énergie, au sein de nos HIA, pour reprendre une activité « non covid » tout en se tenant prêts à une remontée en puissance si l’évolution de l’épidémie le nécessitait à nouveau ; nos chercheurs et innovateurs très actifs, nos épidémiologistes sollicités de toutes parts… et tous les autres que je ne peux citer ici. La visibilité médiatique qui nous a été accordée vient reconnaitre une expertise dans la gestion des crises sanitaires et du risque biologique, forts d’une expérience de 3 siècles dans le domaine. Soyez fiers d’appartenir au SSA et de contribuer à ce qui aujourd’hui nous fait connaître. Nul doute que nous vivons une année de fort engagement et que l’évolution de la situation sanitaire, nous conduira à nous adapter de nouveau. Nous avons répondu présents, jusqu’au bout de nos possibilités, sans aucune défaillance dans notre mission première. Si ce numéro d’ActuSanté relate quelques faits majeurs dans lesquels vous vous êtes illustrés, c’est parce que ce ne sont pas des actions isolées mais une continuité de présence et d’investissement. Je vous renouvelle mes chaleureux remerciements et vous redis toute ma fierté devant votre sens aigu de la mission. Continuons ensemble. Bonne lecture !

MGA Maryline GYGAX GÉNÉRO

© Photo : E. Cherel / BCISSA

Médecin général des armées


Malgré leur peine, les français sont sensibles à l’action de leurs armées et du SSA en particulier. Lettre de remerciement d’une famille endeuillée.

“Je veux ici remercier l’ensemble de nos forces armées, et particulièrement le Service de santé des armées pour leur engagement et leur action exemplaire dans cette lutte inédite pour notre Nation”

IN MEMORIAM Infirmier en soins généraux de 1er grade Quentin LE DILLAU

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© Photo : E. Cherel / BCISSA

ans l’après-midi du mercredi 29 avril 2020 un accident en service aérien commandé se produit à environ 5 kilomètres de la commune de Biscarrosse lors d’une mission d’entraînement et de formation axée sur le treuillage aéroterrestre, effectuée sur hélicoptère Caracal. Le Service de santé des armées déplore le décès de l’infirmier en soins généraux de premier grade (ISG 1G) Quentin Le Dillau. L’ISG 1G Quentin Le Dillau s’engage le 23 janvier 2015 et entre à l’école de formation des sous-officiers de l’armée de l’air à Rochefort en qualité d’élève sous-officier. Il s’y investit pleinement et montre un esprit de camaraderie largement apprécié.

Il choisit la spécialité d’infirmier militaire et est admis à l’École des personnels paramédicaux des armées (EPPA) de Toulon le 24 août 2015. Diplômé d’État en juillet 2018, il rejoint le 12e centre médical des armées, et plus précisément la 186e antenne médicale de Cazaux. Infirmier efficace dans toutes les missions qui lui sont confiées et doté d’une grande motivation, il fait l’unanimité au sein de son équipe.

Il obtient le diplôme de mise en condition de survie du blessé de guerre en mars 2019, et son brevet militaire de parachutiste la même année. Il s’investit particulièrement dans la préparation aux opérations et réalise une mission de quatre mois au sein des FAZSOI à La Réunion en 2019. Son plein engagement, ses qualités techniques et humaines sont remarquées par ses chefs. Il intègre le corps des infirmiers en soins généraux et spécialisés le 1er juin 2019 en qualité de militaire infirmier et technicien des hôpitaux des armées. En mars 2020, il participe activement à la gestion de la crise COVID-19 en intégrant les équipes d’évacuations médicales de patients infectés depuis Villacoublay dans le cadre de l’opération Résilience. Titulaire de la médaille de bronze de la défense nationale avec agrafes service de santé et missions d’opérations intérieures, l’infirmier en soins généraux et spécialisés de 1er grade Quentin Le Dillau allait avoir 25 ans. Il était célibataire et sans enfant.

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OMMAIRE 6

DIRECTION CENTRALE

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- Développement capacitaire - Les évacuations et tranferts de patients en chiffres

- Avant-propos - Témoignages

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FOCUS ÉVACUATIONS

CONTEXTE ÉPIDÉMIOLOGIQUE - Les enjeux de la crise sanitaire

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FOCUS GAN - Expertise médicale et épidémiologique

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MOBILISATION DES CHAÎNES

- Témoignages

3 QUESTIONS À... TÉMOIGNAGES 12 - Direction de la médecine des Forces

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20 - Direction des hôpitaux

OPÉRATIONS EXTÉRIEURES - Moyens mis en œuve pour la prise en charge médicale

30 - Direction de la formation, de la recherche et de l’innovation

42 - Direction des approvisionnements en produits de santé des armées

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MÉDIAS

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REMERCIEMENTS

48 - Direction des systèmes

d’informations et du numérique

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FOCUS EMR-SSA - Développement capacitaire - L’EMR-SSA en chiffres

@santearmees

Service de santé des armées

Service de santé des armées

ACTU SANTE DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information : Tél. : 09 88 67 27 20 - dcssa-bcissa.contact.fct@intradef.gouv.fr www.defense.gouv.fr/sante Directeur de la publication : médecin général inspecteur Jean-Bernard Orthlieb Directeur de la rédaction : commissaire en chef Karine Sposini Graphiste - Maquettiste : Sophie Miellet Impression : Pôle graphique de Tulle CS 10290 - 19007 Tulle Cedex - 05 55 93 61 00 Édition : DICOD, 60 boulevard du général Valin PARIS Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine - routage-abonnement@ecpad.fr - Tél. : 01 49 60 52 44 Régie publicitaire : Karim Belguedour (ECPAD) - Tél. : 01 49 60 59 47 - régie-publicitaire@ecpad.fr Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 - Dépôt légal : Mai 2020 Tirage : 9 000 exemplaires - 4 numéros annuels

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DIRECTION CENTRALE

Médecin général Édouard HALBERT, adjoint Opérations

Q

ue ce soit au cœur des conflits armés, quel que soient le milieu, le territoire ou l’ambiance (NRBC), les conditions de prise en charge médicale des patients diffèrent souvent des standards habituels. De par notre mission, nous sommes formés et entraînés pour faire face à l’extraordinaire, au sens premier du terme. Or, qu’est-ce qu’une crise si ce n’est une situation de rupture avec le connu, l’habituel, l’ordinaire. Le Service présente de ce fait des aptitudes intrinsèques pour gérer les situations de crises. Son histoire ne le dément pas ! Il a su répondre à chaque fois aux nouvelles situations engendrées par les conflits armés, les crises humanitaires ou les catastrophes naturelles. Le système intégré que représente aujourd’hui le service de santé des armées s’est façonné au fil du temps et nous permet, hier comme aujourd’hui, une prise en charge optimale des malades et des blessés. On ne compte plus les innovations techniques et organisationnelles. La dernière décennie a été extrêmement riche au point d’utiliser des techniques de prise en charge des blessés de guerre sur le territoire national. Le Service est engagé, encore une fois, dans une guerre sanitaire. Confronté habituellement au traumatisme de guerre sur les théâtres d’opérations, cette guerre remet au premier plan les pathologies infectieuses. L’ensemble des témoignages et articles de cet Actu Santé détaillent cette contribution d’une envergure exceptionnelle tant quantitativement par le nombre d’actions menées que qualitativement par la plasticité qu’elle a nécessitée. C’est bien cette capacité du Service à faire face à l’extraordinaire, en opérant, entre autre, des transferts collectifs de patients réanimatoires lourds sur le territoire

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© Julien Chatellier

AVANT-PROPOS

national par voie aérienne, terrestre et maritime, en concevant et en déployant en quelques jours seulement une structure de réanimation sous tente qui en fait un acteur naturel et reconnu de la Résilience. Si nous ne sommes pas l’ultima ratio de la santé publique, nous y contribuons significativement à hauteur de nos moyens. Notre aptitude à combler le vide capacitaire généré par l’inconnu ne relève ni du hasard, ni de la chance ; elle s’appuie sur un facteur clef “l’anticipation”. Si la crise ne se décide pas, elle peut et doit s’anticiper. Si le Service a pu répondre avec succès aux demandes des pouvoirs publics, c’est bien parce qu’il disposait en entrée de crise d’un capital humain avec des compétences et des aptitudes spécifiques (NBC, infectiologie, développement capacitaire, organisation du soutien médical, etc.) ainsi que d’un certain nombre de ressources matérielles critiques (stock de masques, équipements du contrat opérationnel, etc.). Il dispose aussi de la capacité à agir tous ensemble pour le succès de la Mission, qualité militaire s’il en est. Ainsi, la plus-value du Service dans la crise COVID-19 n’a pas résulté de la mise à disposition de moyens dont il aurait été le seul détenteur mais de sa faculté à se réarticuler, à reconfigurer son organisation et à ré-agencer ses capacités avec la réactivité nécessaire. Cette réactivité dont nous avons fait preuve, élément clef dans la conduite d’une crise, n’a été permise que par l’anticipation, l’expérience acquise au gré des engagements opérationnels et la capacité à agir collectivement. Tous ces éléments fondent un grand service de santé des armées dont nous pouvons être fiers.


DIRECTION CENTRALE

EXEMPLES DE CETTE CAPACITÉ DE RÉORGANISATION DU SSA MC SAMUEL Je suis arrivé le 27 février 2020 à la création de la cellule de coordination COVID-19 de la DCSSA, placée sous la responsabilité de l’adjoint opérations à la directrice centrale du SSA. Issu de la médecine des forces comme médecin responsable de la 77e AM (7e CMA) et conseiller santé du commandant de la région de gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes, j’ai pris alors les fonctions d’officier synthèse dans cette cellule. Mon rôle était de « veiller » la messagerie, d’assurer le « dispatching » des informations et de préparer les compte-rendus. J’avais pour cela, à mes côtés, une équipe de « management de l’information restreinte » comprenant deux secrétaires administratifs. Je me trouvais donc au centre du dispositif et détenais toute l’information. La messagerie de la boîte fonctionnelle affichait plusieurs centaines de mails par jour qu’il fallait traiter avec efficience et professionnalisme. Le facteur temps imposait souvent des réponses rapides aux questionnements des différents interlocuteurs. Il s’agissait d’un vrai travail d’équipe et je fais mienne la citation d’Henry FORD : « Se réunir est un début, rester

ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite ». C’est tout naturellement que je suis devenu le « watchkeeper » de la cellule de coordination puis de la cellule de crise à compter du 16 mars 2020 suite au passage au stade 3 de l’épidémie. Le « watchkeeper » est un point d’entrée et de sortie de l’information provenant des chaines de l’échelon opératif du SSA (DMF, DHOP, DFRI, DAPSA, DSIN, DGRH) ainsi que des différents pôles de la cellule de crise dont les pôles : situation (cellule CRQ, cellule épidémiologie…), RAVMED, anticipation et personnel ; mais aussi de tous les autres acteurs intervenant

dans cette crise (DGS, CESPA, EM, DIRMED, Organismes institutionnels, particuliers…). Il a fallu aussi rapidement organiser l’archivage de l’information et sa traçabilité ; et mettre en place une FAQ (Foire aux questions). Je suis actuellement au pôle situation de la cellule de crise comme « officier situation » responsable de la préparation du CRQ (Compte-rendu quotidien). Je prépare donc « le point de situation SSA COVID-19 » pour la directrice centrale. Il s’agit d’une expérience particulièrement enrichissante sur le plan personnel et professionnel dans un environnement différent de celui dans lequel j’évolue habituellement au sein de la médecine des forces. C’était un « challenge » que de participer à la création d’une cellule de coordination puis de crise à l’échelon central dans ce contexte si particulier de crise sanitaire majeure. Cette expérience me permet aussi de mieux appréhender la complexité du service de santé des armées dans toutes ses composantes et « la richesse » du personnel qui le constitue.

AMA CN PAULINE Affectée au sein de la direction centrale du service de santé des armées (DCSSA), je suis assistante administrative à la cellule d’appui au commandement de la division performance synthèse. Travailler avec les hautes autorités du Service, est une expérience très enrichissante qui me permets de me challenger professionnellement. Dans le cadre de la crise sanitaire, j’ai eu l’opportunité de mettre mon expérience d’assistante administrative au service de la cellule de coordination puis de crise, CC COVID-19 SSA, dès le début du mois de mars. Ma mission revêt trois aspects : l’appui au commandement, le conseil aux autorités sur les volets organisationnels et le suivi des correspondances stratégiques relatives au SSA. L’équipe de coordination dont je fais partie, assure

la synthèse et la mise en cohérence des différentes sollicitations qui impliquent le Service, ainsi qu’un rôle de soutien technique de la cellule de crise : organisation des points de situations quotidiens, suivi et dispatching des messages NEMO, suivi du présentiel... Une disponibilité, un savoir-faire et une réactivité à toute épreuve s’avèrent primordiaux. Grâce à l’équipe soudée dont je fais partie, j’ai pu, pendant toutes ces semaines, affronter le stress et la charge de travail plus sereinement. Aujourd’hui, je ressens beaucoup de fierté d’être impliquée dans le combat contre l’épidémie qui requiert des savoirfaire, mais surtout un savoir être. Mon métier de militaire y prend alors tout son sens. Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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CONTEXTE ÉPIDÉMIOLOGIQUE

COVID-19

LES ENJEUX D’UNE CRISE SANITAIRE COMPLEXE MCSCN Eric (DCSSA/DivESSD)

© Julien Chatellier

MC Jean-Nicolas (IRBA)

L

es premiers syndromes de pneumopathie d’origine inconnue à Wuhan, en Chine ont été officiellement notifiés à l’OMS le 31 décembre 2019, bien que l’épidémie ait vraisemblablement débutée à l’automne. L’agent pathogène en cause de la famille des coronavirus a été identifié le 7 janvier, et son génome rendu public le 11 janvier 2020. Il a été dénommé Severe Acute Respiratory Syndrome-coronavirus-2 du fait de sa proximité avec le virus du SARS-coronavirus isolé en 2003. La maladie a été dénommée de l’acronyme COVID-19 pour COronaVIrus Disease-19 (19 pour 2019, l’année de description du syndrome, bien que le virus ait été isolé en 2020). L’exportation de cas de COVID-19 dans d’autres pays d’Asie et puis d’Europe et d’Amérique s’est intensifiée depuis la mi-février 2020 et touche dé-

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sormais les cinq continents. Le 11 mars 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a qualifié l’épidémie de COVID-19 de pandémie. Au 18 mai 2020, ce sont plus de 4,7 millions de personnes qui avaient été infectées par le COVID-19 à travers le monde et plus de 470 000 en étaient décédées. En France, les premiers cas confirmés de COVID-19 ont été signalés le 25 janvier 2020, et la première souche de SARS-CoV-2 a été isolée par le centre national de référence (CNR) des maladies respiratoires le 31 janvier 2020. La diffusion du SARS-CoV-2 s’est rapidement intensifiée dans la population française, et à la mi-mars ce virus circulait dans toutes les régions, y compris, ultra-marines. Certaines régions ont été plus particu-


© En attente

CONTEXTE ÉPIDÉMIOLOGIQUE

Le mode de transmission respiratoire de ce virus a été rapidement identifié, avec des caractéristiques de l’infection qui favorisent sa dissémination, comme la contagiosité débutant entre 24 et 48 heures avant le début des symptômes, et une excrétion parfois prolongée du virus après la rémission. Par ailleurs, l’existence d’une forte proportion de patients asymptomatiques a aussi été un facteur important de dissémination de l’épidémie. La transmission se fait principalement par la voie aérienne notamment par les gouttelettes excrétées lors de la toux et par contact direct par manuportage. Le virus étant excrété dans les selles la contamination oro-fécale est possible. De plus la transmission par voie aérosol n’est pas à exclure notamment dans les environnements clos et confinés. En l’absence de moyens de prévention (vaccins, chimio-prophylaxie) et de traitement, le seul moyen de prévenir et de casser la courbe épidémique exponentielle a reposé, depuis le début,

sur la mise en place de procédure de biosécurité pour les soignants et des gestes barrières ainsi que de règles de distanciation pour la population générale. La biosécurité est la pierre d’angle sur laquelle repose la protection de tous les intervenants de cette crise sanitaire qui œuvrent dans l’ensemble des structures sanitaires du Service, dans les vecteurs terrestres, aériens et maritimes mais également au cours des différentes opérations militaires et sanitaires. Le SSA dispose ainsi d’une expertise dans le domaine de la biosécurité forgée notamment par les personnels des laboratoires impliqués dans le travail sur les agents hautement pathogènes à l’Institut de recherche biomédicale des armées surnommés les « biosécuritards ». Depuis le début de la crise, ils ont été impliqués dans différents opérations en collaboration étroite avec d’autres praticiens du Service notamment les biologistes, hygiénistes, infectiologues, réanimateur et médecins d’unité. Ils sont ainsi intervenus lors des rapatriements de nos premiers compatriotes depuis Wuhan et leur accueil sur le territoire français, lors des nombreuses évacuations médicales notamment par voies aérienne et maritime jusqu’aux interventions au profit de CMA, d’HIA, de l’EMR-SSA,

du porte-avions Charles de Gaulle ou de l’opération Barkhane. Au-delà de la biosécurité, compte tenu de l’ampleur et de la complexité de la crise liée à l’épidémie de COVID-19 toutes les composantes du SSA ont été fortement impliquées dans la réponse. De nombreux défis restent devant nous en termes de prévention et de traitement pour venir à bout de cette épidémie, mais le SSA peut être fier de la tâche déjà accomplie.

© Emma Le Rouzic

lièrement touchées : le Grand-Est, l’Ile-de-France, les Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. Au 18 mai 2020, plus de 180 051 cas ont été confirmés en France et plus de 28 242 décès sont survenus en lien direct avec le COVID-19.

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« A l’instar de tous leurs camarades des autres HIA, les personnels et renforts de l’HIA Bégin, civils et militaires, de carrière et réservistes, tous statuts et origine confondus, se sont entièrement mobilisés pour reconfigurer l’activité et faire de l’hôpital un infectio-center où la réanimation a vu sa capacité tripler.

© CRC2 (r) Carole RIVIÈRE

Chaque métier et fonction s’est adapté pour permettre la prise en charge de l’afflux important de tous les malades civils et militaires.

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© Frédéric Thouvenot

Transport de 4 patients atteints du COVID-19, vers les hôpitaux de la régions ouest. Vendredi 10 avril 2020, dans le cadre de l’opération « Résilience », un détachement du service de santé des armées (SSA) a pour la première fois médicalisé une voiture du train sanitaire Paris - Bordeaux.

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DIRECTION DE LA MÉDECINE DES FORCES

“La médecine des Forces s’est mise en ordre de bataille”

L

a médecine des forces s’est engagée autour de 3 priorités. Tout d’abord, assurer le soutien médical des missions stratégiques et des missions opérationnelles prioritaires. Ensuite, contribuer à la conception et à l’exécution des missions opérationnelles liées au COVID-19, telle que l’opération Résilience. La médecine des forces a largement contribué à l’armement de l’EMR-SSA ainsi qu’aux différentes évacuation aériennes, navales et terrestres de patients COVID-19 pour désengorger l’Est de la France et l’Ile-de-France. Enfin, garantir une offre de soins sécurisée à la communauté de défense via un maillage territorial suffisant et adapté à la crise avec la téléconsultation. Les psychologues du SSA participent également au soutien médico-psychologique, le périmètre de la plateforme Écoute Défense ayant été étendu au COVID-19.

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Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

© BCOM DMF

DMF


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MOBILISATION DES CHAÎNES

DMF

QUESTIONS À ...

MGI Jean-François Boin

© BCOM DMF

Quels ont été les grands axes d’efforts de votre chaine pour faire face à la crise COVID-19 ? Dès le début de cette crise sanitaire sans précédent, la médecine des forces, comme l’ensemble du service de santé des armées s’est mise en ordre de bataille pour répondre aux missions prioritaires des Armées, directions et services. Cette pandémie a eu des conséquences importantes sur le fonctionnement de la direction de la médecine des forces (DMF) et de ses établissements subordonnés, puisqu’il a fallu garantir la continuité de la permanence du commandement tout en adoptant des mesures de protection contre l’épidémie afin d’en limiter l’impact sur les missions opérationnelles. La permanence de commandement s’est traduite par la mise en place au sein de la DMF d’une cellule de crise dédiée, interface entre les établissements subordonnés et la direction centrale du SSA. Des choix ont été conduits afin d’assurer les soins et le suivi de tous les ayants droits tout en garantissant la protection du personnel et évitant la propagation de l’épidémie au sein des forces, de la composante et de leur famille. Le conseil au commandement dans la mise en œuvre des mesures barrières, la reconfiguration des antennes médicales avec la mise en place de circuits patients dédiés, le développement de la téléconsultation pour offrir une offre de soin élargie à l’ensemble de la communauté de défense, les renforts inter établissements et au profit de la santé publique sont autant de mesures participant à la dynamique du Service dans la gestion de cette crise. Pour information, c’est la grande majorité de la promotion sortante de médecins qui a été mise à la disposition de la direction des hôpitaux pendant un mois et demi là où les hôpitaux avaient un besoin important de renfort ! Mais la crise n’est pas terminée. Le risque de résurgence

est présent et la médecine des forces doit maintenant anticiper d’éventuelles répliques tout en reprenant les activités mises en sommeil pour faire face à l’acmé de la crise. Mon point d’attention majeur portera sur la régénération des équipes, la seule garantie permettant d’inscrire les actions à conduire sur la durée.

Quels sentiments vous inspire la mobilisation de vos personnels ? La préservation de la capacité des 26 établissements subordonnés à réaliser leurs missions essentielles, malgré la crise et les contraintes en termes de personnel et de fonctionnement, est un challenge qui a été relevé grâce à l’implication de tout le personnel militaire et civil de la composante. Je suis extrêmement fier de ce qui a été jusque-là réalisé et sais pouvoir compter sur l’implication et la mobilisation de chacun. Fierté exacerbée que de voir, jour après jour, de nombreux personnels de la médecine des forces acteurs de nombreux transports interrégionaux de patients hospitalisés et ce dans tous les vecteurs possibles : avions, hélicoptères, trains, bateaux… Il s’agit là d’une mission totalement nouvelle, pour laquelle nous ne sommes pas dimensionnés, mais l’ensemble du personnel a su y répondre avec solidarité et sens du devoir. C’est avec la plus profonde admiration que je les remercie de leur implication sans faille et ce malgré les difficultés parfois rencontrées.

Quels sont les premiers éléments de RETEX que vous retirez de cette crise pour vôtre chaine et pour l’avenir ? Il est encore trop tôt pour réaliser un RETEX de cette crise, car nous entrons dans une nouvelle phase de celle-ci avec le déconfinement progressif et la reprise Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DMF

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QUESTIONS À ...

MGI Jean-François Boin

d’activités qui avaient été mises en sommeil (expertises médicale initiale, réalisation des VMP, formations…). La médecine des forces se doit d’être au rendez-vous de la reprise d’activités des Armées. La mise en avant de la chaîne OTIAD a montré tout le bien fondé du choix de placer auprès des OGZDS les commandants de centres médicaux des armées (CMA) de proximité connaissant bien le terrain. La réactivité a été immédiate et les OGZDS n’ont pu que se louer d’avoir des conseillers

santé déjà connus et reconnus par les ARS. La somme des missions réalisées et des actions conduites fera l’objet d’une analyse dès que la situation le permettra et que des effectifs pourront y être alloués. Tout ce que je peux dire pour le moment, c’est que cette crise, inédite sur le théâtre national, a resserré les liens à la fois au sein du SSA et entre le Service et les Armées qui agissent de concert et dans un but commun au profit de la Nation.

“ Il s’agit là d’une mission totalement nouvelle, pour laquelle nous ne sommes pas dimensionnés, mais l’ensemble du personnel a su y répondre avec solidarité et sens du devoir ”.

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Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020


MOBILISATION DES CHAÎNES

DMF

ÉMOIGNAGES 42e AM PHALSBOURG

MC JEAN-PAUL

À la mi-mars, alors que la pandémie COVID-19 saturait les capacités régionales en réanimation dans le grand Est , la 42e antenne médicale Phalsbourg, appartenant au 5e CMA - Strasbourg et soutenant le 1er RHC, a été au cœur des missions de transferts de patients par hélicoptère NH90. Le médecin en chef JeanPaul, médecin responsable de l’antenne et l’ISG1G Ophélie, jeune infirmière sortie d’école, reviennent pour nous sur cette mobilisation du personnel de la 42e AM.

© 42e AM – PHALSBOURG

TRANSFERTS DE PATIENTS PAR NH90

Pouvez-vous présenter votre parcours au sein de l’institution ? MC JEAN-PAUL : à ma sortie d’École en 2005, j’ai choisi l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT) pour la synthèse entre l’univers aéronautique et la médecine d’urgence. Après deux postes en antennes soutenant l’ALAT, et de multiples opérations extérieures en poste HM MEDEVAC, j’ai eu la chance d’être affecté à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) pendant deux ans et de bénéficier de l’extraordinaire enseignement de cette unité d’élite. De retour dans l’Est, responsable d’antenne à Phalsbourg, je contribue à la forma-

tion via les stages MEDIC’HOS HM, et au lien avec le commandement de l’ALAT (COMALAT).

Comment avez-vous préparé ces évacuations ? MC JEAN-PAUL : faisant le lien avec le COMALAT et la direction de la médecine des forces (DMF), avec l’aide de l’ESSMA, un protocole pour le transport de réanimation par hélicoptère est élaboré. Il doit garantir à la fois la sécurité des patients, mais aussi protéger l’équipage de conduite et le chef de soute tout en limitant les contraintes pour le vol, liées aux tenues de protection.

Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DMF

ÉMOIGNAGES Quelles sont les particularités de cette nouvelle capacité d’aérotransport spécialement définie pour le transfert de patients ?

Votre impression générale sur la mission : en quoi vous a-t-elle marquée ?

MC JEAN-PAUL : la préparation de la mission fut réduite à la rédaction des procédures avec l’aide des spécialistes du SSA, et à l’instruction. Placés à la jonction entre le monde civil, le SSA et le commandement, nous avons été une interface au niveau stratégique, opératif et tactique, de l’élaboration des protocoles et des dérogations, à l’organisation des missions avec les Agences régionales de santé (ARS) et les SAMU, jusqu’à la liaison à bord des hélicoptères entre les médecins civils et les équipages militaires.

MC JEAN-PAUL : lors de cette période particulière, tout le personnel a été immédiatement et spontanément volontaire, sans se poser de question, malgré un stress légitime ; c’est une réelle fierté d’avoir la responsabilité d’une telle équipe. Par ailleurs, les relations construites au quotidien, en France ou en opérations extérieures, ont été déterminantes pour avoir la confiance du commandement, des équipages, et la légitimité auprès des partenaires civils.

© Julien CHATELLIER / armée de Terre / Défense

MC JEAN-PAUL : l’hélicoptère de manœuvre, malgré les contraintes de poids pour certaines hélistations hospitalières, couvre le segment intermédiaire entre le transport routier régional, et le transport longue distance type MORPHEE. Rapide, avec une allonge conséquente, accueillant deux patients et ses soignants dans d’excellentes conditions, le NH90 vole par tous les temps, et offre des surfaces facilement décontaminables : c’était le vecteur idéal pour cette mission.

Avez-vous suivi des formations spécifiques pour assurer cette mission ?

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MOBILISATION DES CHAÎNES

ISG1G OPHÉLIE : après 3 ans et demi d’études à l’École du personnel paramédical des armées (EPPA), promotion Joseph Puerta, j’ai rejoint la 42e antenne médicale de Phalsbourg (5e CMA) en janvier 2020. Les nombreuses formations sur l’hygiène hospitalière et le domaine NRBC m’ont été essentielles pour bien appréhender cette mission. Jeune sortie d’école, j’étais ainsi en période d’adaptation au sein de l’antenne médicale.

Quel fût votre rôle dans ces transferts de patients ? ISG1G OPHÉLIE : sans expérience sur hélicoptère, mon rôle a été en appui des équipes : préparation des équipements, et surtout aide à la décontamination du personnel en fin de mission. Après 4 à 6 heures de vol en tenue, je devais veiller au respect du retrait des éléments de protection individuelle (EPI) par les soignants et le chef de soute.

Hormis les soignants mobilisés pour le transfert : comment se constituait votre environnement proche dans le cadre de vos missions ? ISG1G OPHÉLIE : la 1ère classe Emylou, auxiliaire sanitaire de la 42e AM, m’accompagnait dans la mise en place des protocoles d’habillage / déshabillage nécessaires pour ces missions. Pour la partie « validation » : en plus de l’échelon de commandement du 5e CMA, nous étions en lien

© 42e AM – PHALSBOURG

Vous êtes arrivé au sein de la 42e AM en janvier 2020 : pouvez-vous nous présenter votre parcours récent dans l’institution jusqu’à cette mobilisation sans précédent ?

avec le 2e régiment de dragons, qui appliquait également les protocoles de désinfection sur les hélicoptères NH90. Les contacts avec la tour de contrôle avant chaque vol étaient également fondamentaux : en appui du 1er RHC, ceux-ci me permettaient de réceptionner l’ensemble des informations de vol tout au long des transferts.

Cette mission requiert une certaine adaptabilité et une réactivité face à l’urgence : comment percevezvous ceci ? ISG1G OPHÉLIE : une telle pandémie reste un évènement exceptionnel : il faut alors savoir rapidement s’adapter. Cela permet le dépassement de soi en faisant preuve d’initiative par exemple en préparant des protocoles d’hygiène pour l’antenne. Cela m’a permis d’en apprendre davantage sur le plan médical, ainsi que sur l’organisation du SSA pour la gestion de crise sanitaire.

© 42e AM – PHALSBOURG

ISG1G OPHÉLIE

DMF

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JOURS DE MOBILISATION POUR L’ENSEMBLE DE LA 42e AM.

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TRANSFERTS POUR LA 42e AM AVEC POUR CHACUN 2 PATIENTS À BORD.

7h 30

DURÉE MOYENNE POUR CHAQUE TRANSFERT DE PATIENTS.

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DMF

ÉMOIGNAGES

111e AM TOURS

Depuis le déclenchement de la crise sanitaire liée au COVID-19, les unités stationnées sur la Base Aérienne 705 revoient leur mode de fonctionnement, afin d’assurer la continuité de leurs activités et de préserver le personnel en confinement. La 111e antenne médicale, dirigée par la Médecin en chef (MC) Hélène depuis septembre 2017, n’échappe pas à la règle. La téléconsultation est en place, au bénéfice des militaires, du personnel civil de la Défense et de leurs familles.

MC HÉLÈNE

LA TÉLÉCONSULTATION SE MET EN PLACE À LA 111e AM

Quel est le rôle d’un chef d’antenne lors d’une telle crise ? MC HÉLÈNE : En tant que médecin responsable d’antenne, mon rôle est d’apporter le meilleur conseil au commandement possible, dans le cadre de la gestion locale de cette crise. De manière générale, toute l’équipe est impliquée dans la « Task Force » mise en place par le commandement. Nous nous relayons afin d’apporter notre expertise et de transmettre les informations/ directives qui nous parviennent par notre chaine hiérarchique.

Comment s’organise le travail de votre équipe ? MC HÉLÈNE : L’équipe prend en charge des patients malades en présentiel au sein de l’antenne, avec la mise en place de deux circuits de prise en charge (COVID-19 et non

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COVID-19). Ceci en respectant les mesures d’hygiène recommandées, mais aussi sous la forme de téléconsultation.

La téléconsultation ? Pouvezvous nous en dire plus ? MC HÉLÈNE : L’antenne médicale de Tours a été l’une des premières antennes médicales à bénéficier de la téléconsultation. Il s’agit d’un système de visioconférence qui nous permet d’évaluer à distance l’état du patient, et de l’orienter. Nous disposons d’une tablette, sur laquelle est installé le logiciel Tixeo.

Comment cette méthode estelle perçue par les bénéficiaires ? MC HÉLÈNE : Nous avons pour le moment un retour positif de cette offre de soins par le personnel soutenu. Elle nous permet de soulager


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DMF

le système de soins civil, tout en étant protégés du risque de contamination. Cette offre de soins est également un travail d’équipe. Elle nécessite l’appui de personnels pour la prise des rendez-vous, l’information aux patients, l’envoi de leurs documents et le suivi des demandes.

Précurseur dans le domaine de la téléconsultation, l’équipe de la 111e antenne médicale de Tours est un maillon indispensable de l’équipe constituée par le colonel Bourdeloux, commandant la BA 705 et la Base de Défense de Tours, pour une gestion calibrée de la crise sanitaire.

LE SSA ÉLARGIT LE MANDAT DU NUMÉRO VERT « ECOUTE DÉFENSE AU 08 08 800 321 » La crise sanitaire COVID-19 peut être une source de souffrance psychique pour les personnels du ministère des Armées et leur famille du fait du risque épidémique mais aussi des contraintes psychiques liées aux mesures de confinement exceptionnelles ou à l’incertitude quant à l’évolution de la crise. Ces contraintes exposent à des risques psychiques de différentes natures : réactions de stress importantes, épuisement des ressources psychiques, tableaux psycho-traumatiques, ou encore décompensation d’un trouble psychique. La directive du 24 mars 2020 relative à l’adaptation de l’offre de soutien et de soins médico-psychologiques au profit des militaires, des civils de la défense et de leur famille dans le cadre de la crise sanitaire COVID-19 a adapté le dispositif Ecoute Défense afin de prendre en compte en sus de son périmètre habituel les situations de souffrance psychique en lien avec la crise sanitaire COVID-19. Accessible 24h/24 et 7j/7, anonyme et gratuit, « Ecoute Défense » est armé par les psychologues cliniciens du SSA. Il offre un service psychologique d’accueil, d’écoute et d’orientation au profit des militaires, des anciens militaires, des civils de la défense et leur famille dans le cadre de la crise sanitaire.

APPELS ECOUTE DEFENSE DU 16 MARS AU 26 MAI

APPELS TOUS MOTIFS CONFONDUS APPELS EN LIEN AVEC UNE SOUFFRANCE PSYCHIQUE LIÉE À LA CRISE SANITAIRE

TOTAL

NÉCESSITANT UNE ORIENTATION VERS UN PARCOURS DE SOINS

366

202 (55%)

192

94 (49%) Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DIRECTION DES HÔPITAUX

“Face au virus et à la surmortalité qu’il induit (215 décès supplémentaires par COVID-19 dans nos HIA en 2 mois) ils n’ont jamais reculé”

L

’implication de la chaîne hospitalière a été totale et directe. Dès le déclenchement du stade 1, l’ensemble des hôpitaux d’instruction des armées (HIA) a été pleinement impliqué dans le dispositif de prise en charge des patients COVID-19. En parallèle, des personnels des HIA ont armé l’EMR et participer aux évacuation de patients COVID-19. Ils ont également continué à pleinement contribuer à la mission première du Service, le soutien des forces en opération en y maintenant des personnels. Enfin, les praticiens des hôpitaux et du centre d’études en santé publique des armées (CESPA) en lien avec les chercheurs de l’IRBA sont engagés dans de nombreux projets de recherches et d’innovations.

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© BARDENET Jérôme

DHOP


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DHOP

QUESTIONS À ...

MGI Jean-Claude Rigal-Sastourné Quels ont été les grands axes d’efforts de votre chaine pour faire face à la crise COVID-19 ?

nelle …) ont contribué à la fluidité de l’aval des soins critiques.

Il s’agissait avant tout de réorganiser l’offre de soins tout en maintenant nos capacités opérationnelles. Ce fût la principale action de manœuvre pilotée par la chaine hospitalière. Les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) se sont préparés en anticipant le potentiel passage au stade 2 annoncé le 29 février 2020 et ont configuré les scénarii possibles de réorganisation de leur offre de soins. Ils étaient ainsi prêts lorsque, jeudi 12 mars, il a été demandé à tous les établissements de santé publics et privés, de déprogrammer, immédiatement, toutes les interventions chirurgicales non urgentes nécessitant un recours à la réanimation post-opératoire ou à la surveillance continue, tout en maintenant une attention particulière aux patients suivis en cancérologie. Dès lors, le stade 3 du Plan ORSAN REB (organisation de la réponse du système de santé, risques épidémiques et biologiques) étant activé le 14 mars 2020, la chaîne hospitalière du SSA a été en mesure, en seulement quelques jours, d’augmenter considérablement le nombre de lits conventionnels et de réanimation dédiés au COVID-19. Au 24 février, nous avions 59 lits de réanimation répartis sur les 8 HIA. En 21 jours, nous avons pu atteindre un volume de 174 lits, soit le triple de nos capacités, et ce dans un même mouvement, où nous avions à la fois armé en médecins anesthésistes réanimateurs (MAR) et en infirmières d’anesthésie l’élément militaire de réanimation (EMR), participé aux opérations d’évacuation aérienne et maritime et maintenu nos personnels en soutien OPEX. Par ailleurs, nous avons également triplé nos lits conventionnels dédiés COVID-19 avec plus de 300 lits, soit 22.5% de notre capacité totale (hors psychiatrie et SSR). Les secteurs COVID-19 identifiés (activation d’unité d’hospitalisation de situation sanitaire exceptionnelle, réaffectation de service d’hospitalisation convention-

Depuis le début de la crise, nous avons reçu 9.300 patients dans nos HIA pour COVID-19 dont 475 ont été hospitalisés en réanimation. Dans nos services de réanimation militaires, nous avons absorbé 2% des patients COVID-19 hospitalisés en réanimation en France alors que nous représentons 1% de l’offre de soins nationale. Cela témoigne de l’effort important et significatif consenti par les HIA pour la participation à la gestion de la crise sanitaire. Le taux de létalité par COVID-19 chez les patients en réanimation dans les 5 HIA qui sont ESR de niveau 1 et 2, est comparable aux données de la Santé Publique. Nous avons donc été en mesure de garantir un niveau de qualité et de sécurité des soins très élevé dans ce contexte sanitaire exceptionnel nécessitant une augmentation inédite du nombre de lits de réanimation. Cela a pu se faire notamment par la conjugaison pertinente de plusieurs volets. Tout d’abord, la capacité d’hospitalisation et des respirateurs disponibles font l’objet d’un suivi pluriquotidien afin d’optimiser efficacement nos ressources au profit des armées et de la santé publique. Ensuite, un système de téléconsultation a été mis en place au profit des ressortissants MINARM mais également au profit des patients suivis habituellement dans les HIA, notamment pour les maladies chroniques, avec des créneaux spécifiques de téléconsultation en spécialité infectiologie/médecine interne ainsi que d’autres spécialités. De même, des moyens de visite virtuelle entre les patients et leurs familles ont été mis à disposition afin de maintenir le contact durant le confinement. Des étudiants et d’autres personnels ont à cet égard apporté une aide aux patients les plus âgés pour l’utilisation de ces moyens visio. Par ces actions en synergie au sein de la chaine hospitalière, ce sont donc Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DHOP

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QUESTIONS À ...

MGI Jean-Claude Rigal-Sastourné

près de 15.000 téléconsultations qui ont été réalisées dans nos 8 HIA, entre le 15 mars et le 7 mai. Enfin, nos hôpitaux ont conservé le niveau de leur activité de recherche en s’inscrivant dans la dynamique des essais cliniques centrés sur le COVID-19, notamment dans notre ESR 1, l’HIA Bégin, avec l’étude Discovery initiée par le consortium européen REACTing et coordonnée par l’Inserm.

Quels sentiments vous inspire la mobilisation de vos personnels ? Au cœur de la crise que nous vivons depuis plusieurs semaines, je veux témoigner ma fierté devant le dévouement sans faille des personnels de la chaine hospitalière dans la gestion de cette situation sanitaire exceptionnelle. Les personnels des HIA ont été magnifiques de courage et de résilience. Je souhaite témoigner ma très grande satisfaction de l’ensemble de nos acteurs, de sa direction et ses 8 HIA qui gèrent, en flux tendu, de manière très correcte cette crise COVID-19. Leur mobilisation, leur sens de l’anticipation, leur regard avisé dans l’aide à la décision lors de chaque élément nouveau, chaque donnée particulière, chaque changement inopiné : tout ce qu’ils font participe, avec ardeur et engagement, d’une posture responsable et d’une dextérité managériale salutaires. C’est cet esprit de responsabilité qui me permet d’avoir une lecture juste et instantanée de l’implication de nos HIA. Je suis donc fier de piloter avec mes personnels cette crise au plus près de nos patients, et je veux saluer leur irréprochable contribution, sans laquelle nous ne serions pas aussi efficaces devant cette situation complexe. Par leur activité, chacun dans son périmètre de responsabilité, dans sa spécialité, dans son expertise, ils garantissent la proactivité de nos HIA au service de la santé publique, au-delà même de nos premières obligations opérationnelles au profit des armées. C’est cette qualité singulière que je ressens en chacun d’eux, mesurant la complexité de notre activité, toujours difficile, mais jamais insurmontable. Je les remercie donc pour tout cela, bien que le combat continue, que les enjeux peuvent évoluer, que les attentes peuvent croître, que les issues peuvent être incertaines. L’incertitude, ils l’appréhendent avec pugnacité depuis le début de l’épidémie, devenue pandémie, et leur 22

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maintien en alerte était déjà une opération de résilience. Par une ténacité toujours au rendez-vous, nous avons réussi avec un attachement opiniâtre à armer l’élément militaire de réanimation, les rotations aériennes du dispositif MORPHEE, les traversées des bâtiments navals, les trains médicalisés, il est important de le rappeler. Nous avons répondu avec honneur à l’appel de notre mission et nous continuerons à le faire sans relâche. Pour toutes ces raisons, je mesure l’impact de leur implication, en leur adressant mon entière reconnaissance et ma pleine gratitude. Ils furent présents jour et nuit pendant plus de 8 semaines pour faire face à cette crise hors norme. Ils ont puisé en leurs ressources extraordinaires avec pugnacité durant toutes ces épreuves, faisant preuve d’une solidarité et d’un professionnalisme remarquables. Face au virus et à la surmortalité qu’il induit (215 décès supplémentaires par COVID-19 dans nos HIA en 2 mois) ils n’ont jamais reculé. Ils sont restés proactifs et en constante action, en déployant toujours un courage qui mérite notre plus grand respect. Je suis très fier d’avoir ces personnels exceptionnels dans la chaine hospitalière qui représentent pour moi l’exemplarité des soignants face à l’adversité de la maladie et de la mort. Elle inspirera tout le SSA.

Quels sont les premiers éléments de RETEX que vous tirez de cette crise pour votre chaine et pour l’avenir ? Les hôpitaux militaires ont fortement contribué à l’atteinte des 4 objectifs de conduite d’une crise sanitaire, déterminés dans le plan ORSAN REB : freiner l’introduction du virus sur le territoire, freiner la propagation du virus sur le territoire, atténuer les effets de la vague et revenir à la situation antérieure. Les premiers enseignements de la gestion de crise ont montré la nécessité de l’entraînement permanent aux scenarii potentiels et du développement de procédures pensées en amont pour l’accueil massif de patients. En dépit de moyens limités, les 8 HIA ont fait preuve de réactivité et d’adaptabilité face à la crise sanitaire, naturellement issue d’un savoir-faire acquis de longue date qu’on lui connait, à travers la médecine de guerre. Bien que confrontée à des défis inédits, la chaîne hospitalière militaire a été capable d’imaginer des solutions managériales pour réorganiser son offre de


MOBILISATION DES CHAÎNES

DHOP

“ Nous avons absorbé 2% des patients COVID-19 hospitalisés en réanimation en France alors que nous représentons 1% de l’offre de soins nationale ”.

© CRC2 (r) Sandrine LENOIR

soins et faire face à cette crise sanitaire en soutien de la Santé Publique, tout en maintenant la disponibilité opérationnelle au profit des forces armées. Face à l’incertitude présumée de toute crise sanitaire, entre ses compétences, ce qu’elle sait déjà faire, et ses capacités, ce qu’elle peut encore faire, c’est l’identité même de toute la chaine qui s’est affirmée. Cette crise COVID-19 montre avant tout l’importance d’un outil hospitalier bien dimensionné pour pouvoir faire face à un virus inconnu, capable de perturber le fonctionnement habituel des structures sanitaires. Dans ces conditions, il conviendra de poursuivre l’analyse, au regard de la durée de la crise, afin de mieux préparer nos hôpitaux à toute prochaine pandémie.

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MOBILISATION DES CHAÎNES

T DHOP

ÉMOIGNAGES

COVID-19 À L’HIA BÉGIN : UNE AIDE-SOIGNANTE

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ASP SYLVIE

Militaire infirmier et technicien des hôpitaux des armées, l’aide-soignante principale Sylvie exerce ses fonctions depuis 2015 à l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Bégin. D’abord en maladie infectieuse et tropicale (MIT) puis au sein de la clinique médicale. Lorsque l’hôpital, classé établissement de 1er niveau, accueille les premiers patients COVID-19, elle accepte d’être affectée au service des urgences, en unité d’hospitalisation de soins en situation exceptionnelle (UHSSE), puis en médecine interne. Elle témoigne de la façon dont elle a pu exercer son métier pendant la lutte contre le coronavirus.

© CRC2 (r) Carole RIVIÈRE

ASP SYLVIE, CLINIQUE MÉDICALE DE L’HIA BÉGIN Protection et continuité des soins La prise en charge massive de patients contagieux bouleverse les pratiques hospitalières. L’équipe opérationnelle d’hygiène hospitalière de Bégin forme régulièrement les professionnels de santé et leur permet d’ancrer de nouvelles pratiques. “ Les règles d’hygiènes on les connait, cependant celles-ci sont plus strictes. Il faut impérativement se protéger, protéger le patient, aseptiser l’environnement, intégrer de nouvelles mesures en matière d’habillage et de déshabillage. “ Anticiper, évaluer et contrôler : chaque action doit être réfléchie. “ Surtout ne pas agir de façon trop automatique pour ne rien négliger “ Parfaitement formés aux gestes barrières, les soignants appliquent

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les règles d’hygiène dans leur service et tout au long de la journée. Notamment avant de prendre les transports en commun et de rentrer chez eux. “ Le risque zéro n’existe pas. Mais les mesures de précaution sont suffisantes. Elles permettent aux soignants d’exercer dans des conditions optimales. Nous n’avons manqué de rien “

Mobilisation et adaptation Afin d’accueillir les patients atteints par le virus, l’hôpital est entièrement réorganisé. La capacité d’accueil des patients en réanimation a triplée. La clinique médicale a été transformée en unité d’hospitalisation de soins en situation exceptionnelle (UHSSE) avant d’être à son tour réaménagée. Les services “non-COVID-19” sont déplacés et mélangés entre eux afin de sécuriser


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DHOP

En raison des circonstances exceptionnelles, les professionnels de santé n’ont plus de poste attitré. Les équipes sont mélangées et flexibles. Les cycles de travail sont désormais tous de 12h, la semaine comme le week-end. Ce qui diminue le risque de croisement entre

les soignants et facilite le management des équipes. Nombreux sont les soignants qui se portent volontaires pour travailler en secteur COVID-19. Ceux qui n’ont pas pu, ont permis d’armer les unités non-COVID-19.

Humilité et confiance Les esprits restent marqués par la rapidité à laquelle les symptômes du COVID-19 s’aggravent et conduisent à une détérioration générale de l’état de certains patients. “ Le plus difficile reste pour les familles… C’est aux proches que je pense. À tous ceux qui n’ont pas pu faire leurs adieux, à ceux qui ne

© CRC2 (r) Carole RIVIÈRE

PPH CN ANAÏCK, MILITAIRE INFIRMIÈRE ET TECHNICIEN DES ARMÉES, PRÉPARATRICE EN PHARMACIE

pourront pas faire leur deuil dans des conditions décentes. Nous, nous ne sommes que soignants. C’est notre métier…” La crise n’est pas finie, mais elle a le mérite de révéler une multitude de potentiels. La qualité du travail des soignants est quotidiennement saluée. Les français font preuve de grands élans de solidarité. Les hôpitaux ont la capacité de se réorganiser. L’HIA Bégin, à lui seul, a réalisé 30% de l’activité de réanimation du service de santé des armées. “ Tout ceci nous permet d’aborder l’après crise avec optimisme et confiance. “

L’hôpital d’instruction des armées (HIA) Begin est l’hôpital militaire référent en infectiologie. Établissement de 1er niveau habilité pour le COVID-19, il a triplé sa capacité de lits de réanimation et a armé six lits d’unité de soins critiques. Il assure, depuis le début de la crise, la prise en charge des patients, civils et militaires, classés « cas confirmés » COVID-19. Préparatrice en pharmacie militaire, la PPh CN Anaïck revient sur cette période exceptionnelle pendant laquelle le service de pharmacie a été pleinement mobilisé.

LES FONCTIONS SUPPORTS DE L’HIA BÉGIN EN SOUTIEN DES SOIGNANTS PPH.CN ANAÏCK

© CRC2 (r) Carole RIVIÈRE

les unités COVID-19. Un étage est consacré à la médecine interne, à l’oncologie, à l’hépato-gastro-entérologie et aux maladies infectieuses et tropicales (MIT) non-COVID-19. Un autre regroupe les spécialités chirurgicales et accueille un service médical pluridisciplinaire. “ Nous avons pu nous adapter et nous réorganiser en très peu de temps “.

Comment le service de la pharmacie s’est-il adapté à la crise ? La pharmacie a pour mission de gérer les stocks de médicaments et les dispositifs médicaux, de préparer les piluliers des patients hospitalisés, de reconstituer les cytotoxiques pour les chimiothérapies… Les premières semaines de la crise,

il a fallu armer les nouvelles unités qui ont été créés : monter les dotations de médicaments dans les étages, équiper les services de dispositifs médicaux ad hoc… Tout en continuant de préparer les piluliers et les chimiothérapies des patients non COVID-19. Pour absorber cette charge de travail supplémentaire, de nombreux

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ÉMOIGNAGES volontaires sont venus travailler le samedi et le dimanche. Quatre préparateurs en pharmacie, sur les 14 que compte le service, ont dû être confinés en raison de problèmes médicaux ou de garde d’enfants. Mais nous avons pu compter sur la mobilisation d’externes en pharmacie, issus du civil ou des écoles militaires de santé de Lyon-Bron. Des militaires du groupement de soutien de la base de défense (GSBdD) de Vincennes sont venus par ailleurs renforcer le secteur des approvisionnements. La cohésion et la solidarité ont fait le reste.

A quelles difficultés la pharmacie a-t-elle été confrontée ?

Dans quel état d’esprit avez-vous traversé cette période ? Nous avions le sentiment que cette situation inédite était sans fin. Dans ce contexte anxiogène et épuisant, il était important que nous nous appuyions les uns sur les autres ; que nous prenions soin les uns des autres. Spontanément, nous avons mis en place des moments de partage et d’échange : petits déjeuners, attentions bienveillantes…. Le travail d’équipe et la cohésion ont été primordiaux. Nous avons tous fait preuve de ressources extraordinaires et d’une solidarité exemplaire. A titre personnel, j’ai pu m’appuyer sur mon expérience des opérations extérieures. J’y ai appris à gérer le stress et la fatigue, à m’adapter aux contraintes environnementales, à puiser dans mes propres ressources.

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L’activité en réanimation a diminué. La pression est moins forte. Le rythme de travail est moins élevé. Une certaine

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forme de soulagement s’installe. La fatigue prend le pas. À l’heure du déconfinement, nous devons néanmoins rester très vigilants.

Sur le plan personnel, comment avez-vous géré cette période inédite ? Afin de préserver mes proches, j’ai continué à cumuler travail et tâches domestiques. Mais la charge mentale est devenue trop importante. D’autant qu’au début de la troisième semaine de confinement, j’ai été agressée dans le métro. Cette tentative de vol de portable, m’a ébranlée. J’ai été choquée par un acte aussi lâche et méprisable dans les circonstances que nous traversions. Ma famille et mes collègues m’ont aidé à faire face. Le sport, le yoga et la méditation m’ont également été d’un grand secours. Je continue à prendre les transports en commun, mais j’ai remplacé le portable par un livre.

Quel bilan pourriez-vous dès à présent tirer de cette crise ?

Et maintenant ?

© CRC2 (r) Carole RIVIÈRE

La consommation de certains médicaments a été exponentielle ; les médicaments de réanimation notamment : les sédatifs, les antibiotiques… En l’absence d’informations scientifiques sur les besoins liés au COVID-19, les stocks n’étaient pas toujours adaptés. Certains laboratoires pharmaceutiques, qui devaient fournir l’ensemble des hôpitaux européens, ont rapidement été en rup-

ture de stocks. Il a fallu nous adapter, trouver des alternatives, échanger entre services de pharmacie…

Cela tient en un mot : Résilience. La résilience qui dénote la capacité du service de santé des armées à se réorganiser et s’adapter dans un contexte de crise ; qui désigne la réactivité du système de santé pour continuer à assurer une prise en charge optimale des patients ; qui témoigne de la disponibilité de tous les professionnels de santé ; qui est synonyme de solidarité et d’écoute. Ce fut une expérience riche d’enseignements. Peut-être nous faudra-t-il désormais apprendre à nous économiser, à gérer nos ressources pour être sûrs de tenir sur la longueur.


MOBILISATION DES CHAÎNES

DHOP

COVID-19 À L’HIA LAVERAN : CONTINUITÉ DES SOINS

MANON ET JUSTINE MASSEURSKINÉSITHÉRAPEUTES

Manon et Justine sont masseurs-kinésithérapeutes à l’hôpital d’instruction des armées (HIA) Laveran. Tandis que Manon œuvre dans le service de réanimation, Justine exerce dans le service d’hospitalisation COVID-19. Durant la crise, elles ont été fortement engagées dans la prise en charge des malades atteints du COVID-19. Elles ont effectué un travail indispensable afin que les patients puissent retrouver le plus tôt possible leur autonomie et leur qualité de vie.

Les patients atteints de COVID-19 admis dans les services de réanimation sont dans un état grave et en grande souffrance respiratoire. Dans le coma, intubés et sédatés pendant plusieurs jours, ils nécessitent une prise en charge afin de prévenir au maximum l’apparition d’amyotrophie et les complications du decubitus pendant cette période. “ Notre rôle est de mobiliser passivement les patients, de surveiller leur positionnement, d’éviter les escarres et les enraidissements articulaires. » déclare Manon. Ensuite, dès que les patients commencent à se réveiller et à être un peu plus présents, le masseur-kinésithérapeute les mobilise plus activement et tente de les faire bouger le plus tôt possible y compris pendant la période où ils sont encore intubés. “ Le but est de stimuler la récupération des volumes respiratoires, de limiter la fonte musculaire et d’essayer de les rééduquer le plus rapidement possible afin qu’ils puissent être autonomes dès l’extubation et accélérer la sortie de réanimation. “ ajoute Manon. Dès que leur état est assez stable,

les patients sont accueillis dans le secteur hospitalisation COVID-19 de l’HIA. Ces patients peuvent présenter une importante atteinte fonctionnelle et ont besoin de rééducation (musculaire, respiratoire, déglutition). “ En parfaite collaboration avec Manon, je suis informée du suivi et de l’évolution de l’état de santé des patients, de leurs difficultés et de leurs problèmes. Le rôle des kinés est de faire pratiquer des exercices fonctionnels afin que la verticalité et les gestes du quotidien soient (ré)acquis, comme par exemple les faire s’asseoir au bord du lit ou les mettre au fauteuil. Qu’il s’agisse de malades passés en réanimation ou pas, tous connaissent un état de grande fatigue. L’objectif pour nous est d’optimiser leur récupération. A leur sortie, ils repartent avec des conseils d’exercice à poursuivre. “ formule Justine. Manon et Justine sont fières d’avoir été utiles durant cette période en assurant de bonnes prises en charge des patients atteints du COVID-19. Il en est pour preuve ce message envoyé par un proche d’une malade de Mulhouse hospitalisée à l’HIA Laveran : “ Soyez tous (médecins, infirmier(ère)s, aides-soignants(e)s, secrétaires, agents hospitaliers divers, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, diététiciennes, psychologues, psychiatres, etc.) chaleureusement remerciés pour votre professionnalisme, votre dévouement, votre gentillesse et votre générosité à l’égard de Maria ! Elle s’est sentie tellement bien entourée par vos soins en tout genre. Elle en est profondément reconnaissante ainsi que nous, ses proches, tenus à distance pendant tout ce temps. C’était un baume sur notre cœur d’entendre chaque jour tout ce dont elle bénéficiait dans vos murs. “

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DHOP

ÉMOIGNAGES habituelle, avec du personnel paramédical n’exerçant, en temps normal, pas en réanimation, a représenté un véritable défi. Grâce au volontariat, à l’adaptabilité et à la coopération de tous, des fonctions supports aux services cliniques, cette réorganisation nous a permis de prendre en charge de façon optimale les patients. Eu égard à ces résultats, l’HIA Bégin fait partie des hôpitaux qui participent à l’essai thérapeutique européen Discovery. Coordonné par l’Inserm, cet essai a pour objectif d’évaluer l’efficacité et la sécurité de quatre traitements expérimentaux contre le COVID-19.

MP AUDREY, ADJOINT AU CHEF DU SERVICE D’ANESTHÉSIERÉANIMATION Médecin anesthésisteréanimateur pleinement engagée dans la lutte contre le coronavirus, le médecin principal Audrey revient sur cette période exceptionnelle.

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Comment le service de réanimation s’est-il adapté pour répondre à la crise ?

Comment décririez-vous l’expérience que vous avez vécue ?

En quelques jours, la capacité d’accueil en réanimation de l’HIA Bégin est passée de 12 à 32 lits. Une nouvelle unité a été créée au 3e étage en lieu et place du service de cardiologie. Cela a impliqué un transfert des ressources humaines (médecins, infirmiers) et des ressources matérielles (notamment les respirateurs et appareils de surveillance du bloc opératoire). Dans ce contexte exceptionnel, l’activité des praticiens s’est concentrée sur la réanimation. La prise en charge des patients atteints du COVID-19 présentant des formes sévères a nécessité une assistance respiratoire, cardiaque et souvent rénale et une surveillance permanente accrues. L’activité chirurgicale programmée au bloc opératoire a été en majeure partie reportée, ne laissant place qu’aux gestes urgents. Créer un nouveau service de pointe, ultra spécialisé, dans des locaux dont la configuration n’est pas celle

Cette expérience a été particulièrement éprouvante, physiquement et émotionnellement. Le service a été confronté à un afflux de patients nécessitant une prise en charge lourde en réanimation. Face à la sévérité des cas cliniques et l’intensité de leur niveau de soins, nous avons assuré une continuité de la prise en charge, nuit et jour. Les patients, souvent jeunes, présentaient des formes graves de COVID-19. Sans oxygène ou sans soin intensif, leur pronostic vital était engagé. Leur présence en réanimation était anormalement longue, de plusieurs jours à plusieurs semaines. Cela a représenté un poids émotionnel non négligeable, qui a été exacerbé par la fatigue ainsi que par la charge et le rythme de travail. À cela s’est ajoutée la tâche difficile, dans un contexte de fin de vie, de devoir refuser, pour des raisons sanitaires, aux familles de rendre visite à leur proche voire de leur faire leurs adieux. Les appels quotidiens aux

MP AUDREY

AU CŒUR DE LA BATAILLE CONTRE LE CORONAVIRUS

© CRC2 (r) Carole RIVIÈRE

LE SERVICE DE RÉANIMATION DE L’HIA BÉGIN

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DHOP

Quel est votre état d’esprit face à la crise ? Cohésion, bienveillance et implication, sont pour moi les maitres mots de cette période exceptionnelle. Nous avons eu la chance de travailler avec du personnel motivé et volontaire, désireux de rendre service et de se former rapidement aux spécificités de la réanimation. L’organisation du service a été exemplaire, ce qui a permis de faciliter les prises en charge, et de rassurer les soignants. Les services médico-techniques, administratifs et logistiques ont été très réactifs. Ils ont mis à notre disposition

tous les moyens adaptés, tant en termes de prévention (masques et surblouses) que de thérapeutiques. Nous avons pu compter sur le renfort de nos collègues réservistes, venus de province. De nombreux internes militaires et civils se sont également proposés, dans un bel élan de cohésion ! Nous bénéficions par ailleurs de l’écoute bienveillante des psychiatres et des psychologues, ainsi que du soutien moral des aumôniers et des moniteurs TOP (Techniques d’optimisation du potentiel). Enfin, plusieurs entreprises et bénévoles nous ont apporté leur soutien. Nous en sommes très flattés et reconnaissants.

Pensez-vous à l’après confinement ? À l’après crise ? Pour le moment, il paraît difficile de se projeter sur un retour à une situation normale. Le nombre de cas COVID-19 hospitalisés en réanimation décroît

progressivement. Nous avons ouvert depuis peu une unité non COVID-19 de quelques lits. Et la reprise croissante de l’activité chirurgicale au bloc opératoire est en cours de discussion. Mais en toute humilité, nous ne savons pas avec certitude quelle évolution épidémiologique va prendre cette crise liée au coronavirus. Nous devons donc rester très vigilants et garder une forte capacité d’adaptation pour pouvoir faire face aux prochaines semaines et mois qui nous attendent.

Quel bilan pouvez-vous d’ores et déjà tirer de cette expérience ? La grande adaptabilité du service de santé des armées. Le volontariat et la coopération de tous les acteurs de soin. Une expérience professionnelle riche autour d’une maladie nouvelle dont on ne connaît pas encore toutes les conséquences.

© Tânhao STADEL/armée de Terre/

familles, pour leur donner des nouvelles des malades, ont revêtu une importance toute particulière. L’image du premier patient guéri, qui est sorti du service de réanimation sous une haie d’honneur et les applaudissements des soignants, m’a quant à elle beaucoup marquée.

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DIRECTION DE LA FORMATION, DE LA RECHERCHE ET DE L’INNOVATION

“Quelles que soient les différences de milieu dans lequel évoluent les personnels de la chaîne FRI, le plus frappant a été le volontarisme avec lequel tous se sont impliqués”

P

our assurer ces missions dans ce contexte de crise exceptionnelle, le SSA a mobilisé l’ensemble de ses ressources humaines. La solidarité inter chaîne est une des forces du Service dans cette crise. Ainsi les écoles militaires de santé Lyon-Bron (EMSLB) se sont impliquées dans le dispositif. En tant que futurs acteurs de santé militaires, plus de 300 élèves volontaires ont été mobilisés en renfort au plus fort de la crise. L’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) a mobilisé toutes ses ressources pour contribuer à la lutte contre le COVID-19. La chaine diagnostic biomédicale a permis de réaliser les analyses des prélèvements du personnel du ministère des armées, en soutien des capacités de l’HIA Bégin. Les experts biosécurité ont été déployés pour assurer la biosécurité de nombreuses missions (Vol Wuhan, Creil, MORPHEE, GAN…). Les chercheurs de l’IRBA en lien avec ceux des hôpitaux et du centre d’études en santé publique des armées (CESPA) ont lancé de nombreux projets de recherches et d’innovations.

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© Jérémy BESSAT

DFRI


© Jérémy BESSAT

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QUESTIONS À ...

MGI Hervé Fœhrenbach Axes d’effort face à la crise La chaine formation, recherche et innovation est une construction récente qui a la particularité de réunir deux composantes du Service de santé des armées, la formation et la recherche. En raison de leurs spécificités respectives, ces deux composantes ont déployé leurs efforts au service des soignants du SSA directement impliqués dans la prise en charge des malades COVID-19 de façons différentes. Conformément aux directives présidentielles et gouvernementales, les établissements de formation ont suspendu toutes leurs activités de formation sur le mode présentiel. La plupart des élèves en formation ont vu leurs stages pratiques, soit interrompus, soit réorientés au profit des structures chargées de prendre en charge les malades. Il en a donc résulté une grande disponibilité des élèves des écoles militaires de santé de Lyon-Bron et de l’école du Val-de-Grâce. Dès la suspension des activités universitaires un dispositif de renforcement a été mis en place principalement au profit des hôpitaux d’instruction des armées (HIA), mais aussi d’autres formations comme l’élément militaire de réanimation installé à Mulhouse, la direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) à Orléans, le centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA) à Marseille ou encore des centres médicaux des armées (CMA). En dehors de ces périodes de mise à disposition, les élèves ont continué leur préparation aux examens afin de valider leur année universitaire car la plupart des établissements de formation civils ont mis à leur disposition des cours sous forme numérique. Si les formations ont été suspendues, l’école du Val de Grâce, du fait de l’action du centre de simulation en médecine opérationnelle (CESimMO), a développé une procédure de formation respectant les mesures barrières en vigueur. Dès lors, il lui a été possible de relancer

des stages de formation relevant de la préparation opérationnelle dès la mi-avril. A ce jour, plusieurs stages de formation à la mise en condition des blessés de guerre (MCSBG) et de médicalisation en milieu hostile (MEDICHOS) ont été réalisés, sans dissémination documentée du virus. De même, en utilisant le même protocole, le centre de formation opérationnelle santé de La Valbonne, relevant également de l’EVDG, a repris son activité de formation au sauvetage au combat de niveau 2 et au secourisme. Toutes les structures du SSA impliquées dans la recherche médicale, au premier plan desquelles l’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) se sont, pour leur part, engagées dans une activité intense de recherche et développement au service de la lutte contre le virus. Au total, ce sont plus d’une vingtaine de projets qui ont été initiés, touchant tous les domaines, du diagnostic de la maladie à sa prise en charge thérapeutique en passant par la connaissance de la réaction immunitaire. De nombreux établissements du SSA ont collaboré avec l’IRBA dans ce cadre, qu’il s’agisse des HIA, du centre de transfusion sanguine des armées (CTSA), du CESPA ou encore de la DAPSA. De même, certains travaux ont été menés en collaboration avec des structures extérieures au SSA. L’activité a été également intense dans le domaine de l’innovation avec le financement pour plus d’un million d’euros par l’agence pour l’innovation de défense (AID) de projets initiés par des personnels du SSA. L’IRBA s’est également illustré par la mise en œuvre très intense de ses compétences spécifiques en biologie et en biosécurité. Il est intervenu directement en soutien des HIA pour la réalisation de tests de dépistage PCR et a luimême assuré des milliers de tests au profit, notamment, des forces dans le cadre de la mise en condition en vue de missions opérationnelles ou pour la prise en charge des personnels du groupement aéronaval (GAN). Par Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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DFRI

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QUESTIONS À ...

ailleurs ses experts en biosécurité sont intervenus en de multiples occasions pour analyser les situations et mettre en place des mesures adaptées, allant de l’élément militaire de réanimation (EMR) à Mulhouse jusqu’à l’opération Barkhane au Mali en passant par l’optimisation des vecteurs aériens pour le transport de malades afin de soulager les établissements civils en dépassement de capacités. Enfin, l’IRBA a mis sur pied en très peu de temps une task-force très réactive qui a produit de nombreuses expertises tant techniques que scientifiques et bibliographiques. Elle a également, en un temps record, construit et effectué, en collaboration avec l’EVDG et en particulier sa chaire d’anesthésieréanimation, une formation destinée à des binômes médecin-infirmier de la médecine des forces afin de leur transmettre toutes les compétences nécessaires à la prise en charge de malades COVID-19 graves sur les théâtres d’opération extérieures.

Mobilisation des personnels Quelles que soient les différences de milieu dans lequel évoluent les personnels de la chaîne FRI, le plus frappant a été le volontarisme avec lequel tous se sont impliqués, qu’il s’agisse des chercheurs, des élèves des écoles ou encore des cadres de ces écoles. Dans ces dernières, la principale difficulté a été de sélectionner des élèves parmi les volontaires. De leur côté, les cadres ont organisé les circuits et les affectations des élèves, tant aux EMSLB qu’à l’EVDG. A Bron, ils ont aussi assuré la sécurité du site en limitant au maximum tout phénomène de dissémination du virus dans la collectivité rassemblée sur le site des EMSLB. Dans le monde de la recherche, le même engagement de tous les instants a pu être constaté. Ainsi, quelle que soit la tâche effectuée, travaux de recherche, expertise technique, procédurale ou environnementale, appui d’autres structures, hospitalières notamment, ou analyses biologiques, la même énergie a été déployée pour que les résultats soient obtenus en temps et en heure.

Premiers éléments de RETEX Un des premiers constats a été celui de l’accélération importante du traitement de dossiers relatifs à la recherche clinique ou biomédicale d’amont ainsi que d’innovation. Il sera particulièrement intéressant d’analyser les circuits mis en place pour en retenir les 32

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© IRBA

MGI Hervé Fœhrenbach

caractéristiques en fonctionnement normal afin que celui-ci puisse en bénéficier. Un autre constat est celui de la réactivité des personnels qui a permis la constitution de groupements ad hoc dont le rôle dans la prise en charge de la situation sanitaire s’est avéré précieux. Les modalités qui ont permis cette conjonction de compétences devront être étudiées car en cas de nouvelles crises d’autres configurations pourront être requises et bénéficieront de l’expérience de cet évènement qui peut être qualifié de fondateur. La nature même de la crise, relevant du risque biologique, a permis de révéler des axes qu’il va être nécessaire de développer dans l’avenir pour parer à la résurgence d’autres évènements de même nature. En raison même de l’expertise que le SSA doit détenir dans le domaine des risques NRBC, une relecture du plan d’orientation de la recherche et de l’innovation, à la lumière de l’expérience acquise, est indispensable. Enfin, l’arrêt de toute activité classique d’enseignement pendant la période de confinement, et même au cours de la période de déconfinement a montré le caractère non pas seulement utile mais réellement vital de l’enseignement numérique. Si besoin était, ce constat doit renforcer l’engagement de tous les acteurs de la formation dans le SSA à développer les moyens mis à disposition des apprenants qu’il s’agisse des élèves dans le cadre de leur formation initiale ou de l’ensemble des personnels pour leur formation continue. Cette ressource apparaît fondamentale pour préserver la continuité de la formation de l’ensemble des personnels.


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DFRI

ÉMOIGNAGES EN DÉTACHEMENT À L’EMR-SSA

L’EI Sandy, élève infirmière en 3 année à l’EPPA et détachée à l’EMR de Mulhouse, témoigne de sa participation et de son engagement face à la crise sanitaire.

EI SANDY

L’EI SANDY, ÉLÈVE INFIRMIÈRE

Quel a été votre rôle dans le déploiement de l’EMR ? J’ai tout d’abord aidé à la mise en place du matériel pour les chambres de réanimation (lits, matelas, respirateurs, aspirateur à mucosité, consommables…) Le respect des normes d’hygiène étant primordial pour les patients COVID-19, les infirmières hygiénistes m’ont indiqué comment adapter ma pratique pour l’accueil et la prise en charge de ces patients. J’ai également pu participer à la rédaction des protocoles (check-list d’ouverture des chambres et disposition du matériel dans le chariot d’urgence), aux tests des appareillages avant leur utilisation pour l’ouverture (par exemple sur les respi-

rateurs) et à la mise en place des consommables dans les armoires à pharmacie. Nous avons tous été formé par les infirmières hygiénistes à l’habillage et au déshabillage, au sens de circulation au sein de l’EMR ainsi qu’aux précautions particulières. L’équipe dont je fais partie a été responsable de l’accueil des 1ers patients. Comme vous pouvez le voir, la polyvalence était indispensable ! Dans nos esprits, l’objectif numéro un était d’ouvrir le plus rapidement possible afin de soulager nos collègues civils du CHU tout en nous assurant que les patients seraient accueillis en toute sécurité sur le plan sanitaire.

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ÉMOIGNAGES Quel est votre rôle dans la prise en charge des patients ?

EN RENFORT À LA PHARMACIE CENTRALE DES ARMÉES (PCA)

J’occupe un poste d’aide-soignante dans une équipe composée de 1 MAR, 1 IADE, 2 IDE et 1 AS. J’effectue des gestes infirmiers déjà acquis. Mon expérience acquise auparavant en tant qu’aide-soignante en réanimation, ainsi que tous mes stages infirmiers me permettent d’effectuer et d’apporter les soins nécessaires aux patients en préservant au maximum leur intimité dans les respects des règles d’hygiène et de sécurité tout en m’adaptant aux contraintes de cette nouvelle structure et au matériel présent.

ASP PH MARGAUX

Est-ce que vous pouvez vous présenter ? Cette expérience me permet surtout d’approfondir mes connaissances et la pratique de gestes de soins particulière à la réanimation sous la supervision des infirmiers de l’équipe. Toujours à l’écoute et bienveillants ils me confortent dans ma pratique et dans ma spécialité d’infirmière de réanimation.

Quel est votre sentiment face à votre mobilisation ? Je suis fière ! Je suis consciente de l’enrichissement professionnel que cela va m’apporter en débutant à peine ma carrière d’infirmière militaire. Je participe à une ouverture de théâtre opérationnel sur le sol Français avec une structure jamais mise en place auparavant. C’est une expérience unique et la concrétisation des valeurs que je cherchais lors de mon engagement au sein du service de santé des armées. Je suis également reconnaissante de représenter notre école au sein de cet EMR.

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Je suis l’ASP Pharmacien Margaux, engagée à l’école de santé des armées depuis 2016, en 3e année de Pharmacie.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager ? C’est mon intérêt pour la chimie au lycée qui m’a orienté vers le domaine pharmaceutique. Étant très sportive et ayant un intérêt pour l’esprit de groupe, ma mère m’a parlé de l’école de santé des armées (ESA) et c’est cette information qui m’a orienté.

Dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 : comment avezvous été mobilisée ? Nous étions à l’ESA en confinement lorsque j’ai été appelée afin de renforcer les effectifs de la PCA. Beaucoup d’autre camarades ont, comme moi, été sollicités pour prêter main forte aux différentes composantes du service de santé des armées (SSA) dans le cadre de l’opération Résilience, pour faire face au COVID-19. Le jour du départ, 4 bus ont été déployés pour aller à Metz, Marseille, Paris et Orléans ! Je ne pensais pas être appelée aussi tôt et j’étais impatiente de débuter cette nouvelle expérience. Comment s’est passé votre intégration au sein des effectifs en place ? Nous avons été extrêmement bien accueilli, comme si nous formions une grande famille, et tout a été mis en œuvre pour faciliter notre intégration. Nous sommes arrivés à la PCA le 24 mars au soir. Notre rôle était initialement de remplacer les opérateurs indisponibles pour différents motifs (garde d’enfants ou personnes à risques présentant des pathologies nécessitant un confinement) pour développer la Solution

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DFRI

Justement parlons-en : quelles ont été vos missions ? Les missions étaient variées : les matières premières nécessaires à la fabrication de SHA n’étant pas encore livrées, j’ai commencé avec l’équipe injectable pour fabriquer de l’InEurope® pendant que mes camarades participaient à la fabrication de sachets de réhydratation orale ou d’iodure de potassium. Lorsque les matières premières sont arrivées, nous avons pu lancer la ligne sur les chapeaux de roue ! Nous étions alors deux étudiants à aider l’opérateur sur la nouvelle ligne, motivés pour en fabriquer le plus possible. Au début, nous étions capables de fabriquer 4 lots par jour, et au summum de notre production nous avons réussis à atteindre 7 lots

HIA BÉGIN

en une journée, soit 700L de SHA. En parallèle, nous avons été pleinement intégrés dans des discussions sur des études de projet pour automatiser la ligne de production de SHA. J’ai été fière de voir que nos avis étaient pris en compte tant par les opérateurs que par le commandement. Mais ce qui m’a le plus étonné reste l’agilité dont peut faire preuve la pharmacie centrale des armées en modifiant son plan de production pour répondre à des besoins soudains. La veille de notre départ, le PG FAVARO, directeur de la DAPSA, nous a fait l’honneur de nous remettre une lettre de félicitation. Malgré mon statut d’étudiante, je suis très heureuse d’avoir pu contribuer à l’opération Résilience !

STANISLAS

hydro-alcoolique (SHA). Nous avons finalement été sollicités sur beaucoup d’autres sujets.

UN ÉLÈVE INFIRMIER EN RENFORT À L’HIA BÉGIN

Elève infirmier de 3e année au sein de l’Ecole du personnel paramédical des armées (EPPA) aux écoles militaires de santé de Lyon Bron (EMSLB), Stanislas a été affecté le 24 mars 2020 en renfort sur Bégin. Il revient pour nous sur l’expérience qui l’a plongé dans le grand bain en plein milieu de ses études.

Mon engagement en tant que futur soignant militaire a pris tout son sens. Je me devais moi aussi de participer activement à la lutte contre le COVID-19 et permettre au service de santé des armées (SSA) de poursuivre ses missions de soutien opérationnel tout en contribuant de manière optimale à la résilience de la Nation. Et c’est en qualité d’aidesoignant que j’ai été mobilisé. Affecté en première intention en service de réanimation COVID-19, j’ai participé à l’ouverture d’une unité de surveillance continue (USC). Cette unité était chargée d’assurer la transition entre la réanimation et les services de médecine infectieuse pour les patients en phase d’amélioration. À l’occasion de cette affectation, j’ai pu proposer et faire valider un protocole de matériovigilance ainsi qu’un outil de transmission. De retour en réanimation, j’ai sereinement intégré les équipes de soins. J’avais eu l’opportunité d’effectuer

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ÉMOIGNAGES

J’ai été marqué par le fait que, quel que soit leur état, les patients ne puissent pas recevoir la visite de leurs proches. Heureusement, des initiatives ont pu les aider à mieux surmonter cette difficulté : des tablettes par exemple ont été prêtées à l’HIA par un prestataire de téléphonie afin de pouvoir proposer aux patients des visioconférences avec leurs proches. Cette crise m’a ainsi rappelé à quel point les « soins relationnels » sont incontournables.

J’ai été touché par les nombreux élans de générosités envers les soignants : des mots de remerciements des patients et de leurs proches à leur sortie de l’hôpital ; des dons de particuliers, de sociétés ou d’associations. Ces gestes sont venus conforter mon sentiment d’utilité et ma vocation d’être au service de la santé des militaires et de mes compatriotes. Rien n’est plus précieux que la vie et c’est souvent lorsque celleci est menacée que l’on s’en rend le plus compte. En conclusion, je suis sûr que la lutte du système de santé contre le COVID-19 et la mobilisation exceptionnelle de l’armée française au sein de l’opération Résilience auront marqué les esprits. J’espère qu’elles contribueront à faire évoluer les mentalités et à améliorer les comportements sanitaires.

© CRC2 (r) Carole RIVIÈRE

Cette expérience m’a permis de perfectionner mes compétences et d’en acquérir de nouvelles. J’ai été directement confronté à la nécessité d’adapter nos pratiques et de réorganiser tout un service, parfois dans un environnement qui n’est pas toujours ergonomique. J’ai également découvert une dimension toute particulière du travail en équipe. Dans les services, se côtoyaient du personnel de l’hôpital et des renforts de tous horizons : étudiants, réservistes, professionnels des centres médicaux des armées. La prise en compte des expériences de chacun m’a permis de faire évoluer mes propres pratiques.

J’ai traversé comme tous les professionnels de santé une période peu commune avec un afflux massif de patients gravement atteints nécessitant un long temps de soins intensifs. J’ai apprécié la façon dont les médecins et les cadres de santé ont pris en compte cette spécificité. La mise en place de temps d’échanges informels a permis à chacun d’entre nous de verbaliser nos ressentis et ainsi de prendre soin de nous, de nous préserver.

© IRBA

deux stages en réanimation, l’un en hospitalier et l’autre en urgence pré-hospitalière. Enfin, grâce à la formation très complète aux règles d’hygiènes et de sécurité dispensée par l’HIA Bégin et aux équipements de protection individuelle nécessaires, j’ai rapidement pu être autonome.

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IRBA

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QUESTIONS

L’IRBA effectue-t-il des diagnostics sérologiques ?

AU DR OLIVIER

L’IRBA n’est pas impliqué directement dans le sérodiagnostic Elisa qui se réalise en HIA ou au CTSA mais développe des tests de confirmation en technique Elisa très spécifiques et par séro-neutralisation.

CHERCHEUR EN VIROLOGIE À L’INSTITUT DE RECHERCHE BIOMÉDICALE DES ARMÉES (IRBA) ET RESPONSABLE DE LA CHAINE DIAGNOSTIQUE

A quoi les tests de séro-neutralisation servent-ils ? Ces tests servent à déterminer l’activité de neutralisation des anticorps vis-à-vis du virus et donc la protection immunitaire que ceux-ci confèrent.

Dans quel cas ces tests sont-ils utiles ?

© IRBA

Les tests sérologiques Elisa et de séro-neutralisation sont complémentaires des tests PCR et visent à identifier les personnes ayant développé une immunité, supposée efficace, contre le SARS-Cov-2, qu’elles aient eu, ou non, un test PCR positif. Ces tests permettent d’étudier la diffusion de l’épidémie dans la population (séroprévalence) et pourraient guider la mise en œuvre du déconfinement. Toutefois, il reste encore beaucoup à apprendre du virus et de la réponse de l’hôte avant de pouvoir donner des recommandations sûres.

AU CONTACT De Creil à Toulon en passant par Niamey, ils sillonnent les armées depuis le début de la crise du COVID-19. Leur mission : évaluer les risques biologiques et permettre au personnel de travailler dans des conditions de sécurité optimales.

EN MISSION AVEC LES EXPERTS EN SÉCURITÉ BIOLOGIQUE DE L’IRBA L’épidémie à virus Ebola de 2014 et le déploiement du service de santé des armées en Guinée avaient fait apparaître une nouvelle fonction : expert en sécurité biologique de terrain. En effet, lorsque des structures et des personnels sont projetés pour faire face à un risque infectieux majeur, il est crucial d’assurer la sécurité des militaires, de la population et de l’environnement. Depuis le début de la crise COVID-19, l’IRBA a été en mesure de déployer

des experts en biosécurité, habitués à travailler sur des agents biologiques pathogènes dans des laboratoires confinés de haute sécurité, pour évaluer les risques biologiques sur le terrain et mettre en place les mesures de maîtrise nécessaires. Leur expertise a été également mise à profit lors de la formation à la projection avec le lot CApacité de Réanimation Projetable (CARP) des binômes médecin-infirmier.

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ÉMOIGNAGES Accueillie à l’IRBA, cette formation organisée par la chaire d’anesthésie réanimation et médecine d’urgence, en lien avec la chaire de recherche appliquée aux armées, a permis de former dix binômes au cours de deux jours d’activités essentiellement pratiques. C’est une illustration forte de la coopération entre la recherche et la formation au sein de la chaine DFRI, au profit des autres composantes du service.

> CREIL Le 1er mars 2020, alors que le COVID-19 semble être une lointaine menace pour la majorité des français, une équipe de deux experts de l’IRBA reçoit un ordre d’engagement sur l’antenne médicale de la base aérienne de Creil, confrontée à plusieurs cas d’infection au virus SARS-CoV-2. La mission consiste en un renfort des équipes du CESPA, déjà déployées sur place, afin d’organiser toutes les mesures de sécurité biologique à mettre en œuvre dans ce centre de prélèvements pour le diagnostic du COVID-19. L’équipe de l’IRBA est alors assistée d’une hygiéniste hospitalière de l’HIA Bégin et de plusieurs médecins du 1er CMA pour réaliser les prélèvements naso-pharyngés, organiser les téléconsultations et le tri des patients. La mission avait pour objectif de valider les protocoles d’habillage et de déshabillage, former les différents personnels (médecins, infirmiers et auxiliaires sanitaires) aux rudiments du travail en milieu infectieux, délimiter les différentes zones (rouge/orange/ verte) de sécurité dans le centre de prélèvements et mettre en place les protocoles de décontamination. Le centre de prélèvements a ainsi permis de réaliser le diagnostic des personnels de la base et de leurs proches. 38

> PARIS Dans la continuité de la mission à Creil, un nouveau besoin est apparu : mettre en place des centres de prélèvements pour les armées partout où des regroupements de cas ou « clusters » de COVID-19 apparaissaient. L’IRBA a ainsi envoyé des experts en biosécurité dans plusieurs unités pour adapter les procédures aux configurations locales (exiguïté, aéraulique particulière etc.) ou aux flux de patients, afin d’optimiser les conditions de sécurité pour les personnels soignants et les patients. Ont été particulièrement pris en compte les risques de transmission du SARS-CoV-2 par gouttelettes, aérosols, contacts directs et indirects. Des protocoles spécifiques de décontamination ont ainsi été validés pour chaque configuration.

> ISTRES, CAZAUX et VILLACOUBLAY Autre mission de l’IRBA : superviser la biosécurité des évacuations médicales par voie aérienne (MEDEVAC) pour désengorger les services de réanimation saturés en France métropolitaine. Les experts en sécurité biologique ont ainsi été déployés successivement à Istres, pour encadrer les transferts de patients par vols Morphée (A330 MRTT) et à Villacoublay pour les missions d’évacuations dans l’A400M. Dans l’A330, à la suite de l’évaluation des risques d’exposition au virus, l’aéronef a été compartimenté en différentes zones séparées les unes des autres par des films étanches en vinyle, autorisant les personnels à se déséquiper en cours de vol via

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un sas pour rejoindre une zone de moindre risque d’exposition. Des conseils sur l’usage des équipements de protection individuelle ont été prodigués à l’intention des équipes médicales en appui des personnels du Centre d’Expertise NRBC de Cazaux (responsables de la décontamination du personnel, des matériels et du transporteur). Au total, ces deux missions ont permis de transférer 52 patients du Grand Est et de la région parisienne vers le Sud-Est, le Sud-Ouest et l’Ouest de la France. A Istres, cinq personnels de l’IRBA se sont relayés à bord de l’aéronef pendant presque quatre semaines tandis que les missions de l’A400M ont impliqué un expert en biosécurité de l’IRBA pendant trois jours. Les conditions de transport de patients contagieux dans l’A400M continuent d’être étudiées dans le cadre du projet Mérope, en partenariat avec le personnel de l’IRBA.

> MULHOUSE À la fin du mois de mars a été déployé à Mulhouse l’Elément Militaire de Réanimation du Service des Santé des Armées (EMR-SSA) afin d’apporter 30 lits de réanimation supplémentaires à cette ville durement touchée par le COVID-19. Deux experts de l’IRBA ont été envoyés à deux reprises afin de compléter l’évaluation des risques biologiques en réalisant une campagne de prélèvements non seulement dans les zones de réanimation mais aussi en zone vie. Le centre DGA maitrise NRBC a assuré le support technique de cette opération en fournissant les appareils de prélèvement d’air et surfacique et en réalisant les analyses en laboratoire. Deux experts en thermophysiolo-


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DFRI

gie de l’IRBA ont également mené une étude complète sur la charge thermique au sein de la structure pendant une période particulièrement chaude, étude particulièrement utile à l’heure de la planification du déploiement de l’EMR-SSA Outremer.

> EN MER

© IRBA

Enfin, l’IRBA a été engagé sur deux missions majeures d’investigation épidémiologique du COVID-19. Une première équipe composée de deux médecins épidémiologistes de la DCSSA ainsi que deux chercheurs de l’IRBA du département de microbiologie et maladies infectieuses se sont rendus, début avril, sur le porte-avions Charles de Gaulle, alors au large de Lisbonne, afin de réaliser des prélèvements naso-pharyngés chez de nombreux personnels symptomatiques, mener une enquête épidémiologique et évaluer les risques de transmission de cette épidémie au sein du bâtiment. Après avoir organisé une zone de prélèvements, plus de soixante personnels ont pu être testés en quelques heures. Les échantillons ont été acheminés par voie aérienne le jour même (accompagnés de l’un des deux personnels de l’IRBA) et ont été analysés dans la nuit à Brétigny-sur-Orge. Ainsi les résultats des analyses PCR ont pu être communiqués vingt heures seulement après le départ initial de l’équipe de Villacoublay, confirmant la présence du SARS-Cov-2 à bord.

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DFRI

ÉMOIGNAGES

MEDEVAC TGV

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AM BAPTISTE

Le 1er avril 2020, le premier transfert de patients en réanimation atteints du COVID-19 par TGV est organisé à la demande de l’ARS (agence régionale de santé) sous la supervision du SAMU 75. Le but est de désengorger les hôpitaux d’Ile-de-France par le transport de patients vers des zones moins touchées. Deux TGV affrétés par la SNCF sont équipés pour accueillir respectivement 24 et 16 patients de réanimation, en direction de Saint Brieuc et Brest pour le premier TGV et Rennes pour le second, en collaboration avec les équipes du CHU de Brest, les SAMU 22-35-75, l’HIA Percy et l’HIA Bégin. L’Aspirant Médecin Baptiste, en 6e année de médecine, en renfort à l’HIA Bégin a participé à cette mission.

© Frédéric Thouvenot/EMA

1er AVRIL 2020, LE PREMIER TRANSFERT DE PATIENTS

Préparation d’un wagon médicalisé

Les voitures du TGV sont préparées par la SNCF au préalable : retrait des dossiers de sièges, préparation des rampes d’accès au train, mise à disposition de moyens considérables pour les soignants, dans le but d’avoir un espace de travail clair pour accueillir au mieux les patients et le matériel de monitorage de réanimation. Chaque patient sera transporté dans un matelas coquille (provenant en partie de la BSPP et du CHU de Brest) lors des différents transferts type brancardage pour les entrées/ sorties de VSAV et du wagon. Au sein du wagon, le matelas coquille repose sur des brancards de catastrophe type snogg, harnachés par des sangles, afin que le patient soit bien maintenu durant tout le trajet.

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Les lots de réanimation transportables par patient sont ensuite préparés. Ils comprennent un respirateur, un scope, un aspirateur à mucosités, une rampe de PSE (pousse-seringue électrique). La majorité du matériel est perçu auprès du CHU de Brest afin de limiter les échanges de matériels entre Paris et Brest lors des transferts. En parallèle, l’étage des voitures, « zone propre », est approvisionné avec le matériel consommable (draps, apsorbex, seringue, médicaments dont hypnotiques et curares, café, etc.) pour la prise en charge des patients.

Transfert/accueil des patients dans le wagon Une fois les wagons prêts à accueillir leurs patients, les ambulances et VSAV de Paris, escortés par des policiers motorisés, acheminent les malades depuis les centres hospita-


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DFRI

liers parisiens jusqu’en gare d’Austerlitz. À la gare, une armée de brancardiers secouristes attendent les patients. Il n’en faut pas moins de 6 en équipements de protection individuelle pour la manipulation du patient. Le transfert depuis le brancard du VSAV jusqu’à l’emplacement dans le wagon se fait à bout de bras dans le matelas d’immobilisation à dépression. Le matériel nécessaire à la vérification des constantes hémodynamiques et les PSE est déposé aux jambes du patient ou porté sur les côtés du brancard.

Médicalisation des patients Une fois les patients installés, c’est l’équipe soignante du wagon qui prend le relai. L’équipe de l’HIA Bégin se compose de : 2 médecins anesthésistes-réanimateurs (MAR), 1 aspirant médecin (AM) de l’ESA, 2 infirmiers anesthésistes (IADE), 2 infirmiers (IDE) et 1 aide-soignant (AS) pour la prise en charge de 4 patients. Il convient de mettre en place son poste de travail : suspendre les scopes, brancher les PSE, tout en vérifiant l’état du patient, qui peut se dégrader durant ces phases de transport très inconfortables. L’adaptation est le maitre mot quand il s’agit de transporter des patients sédatés, curarisés et intubés dans un TGV. Le riselan et le câble électrique deviennent les meilleurs amis du soignant pour accrocher aux barres supérieures des voitures tout le matériel de surveillance ainsi que les drogues qui sont administrées au patient durant le voyage. En plus de la difficulté de prise en charge que connaissent les équipes de réanimation, il faut dans ce cas précis, travailler en milieu exiguë, dans un train roulant à plus de 200

km/h, avec un stock limité de matériel et de personnels.

Extraction des patients Une fois arrivé à Saint Brieuc, chacune des voitures dépose un ou deux patients pour soulager toutes les équipes. La même manœuvre qu’au début est mise en place en sens inverse. L’accueil par les équipes briochines (habitants de Saint Brieuc) permet un transfert rapide des patients avec un calme, une rapidité et un professionnalisme hors pair. La même manipulation est réalisée au terminus de Brest, avec départ des patients dans les ambulances prévues au bout du quai, à destination du CHU de Brest et de l’HIA Clermont-Tonnerre entre autres. L’implication dans une telle opération représente une plus-value considérable dans la formation de futurs médecins des forces. Cela s’intègre dans l’idée d’une polyvalence du médecin militaire, déjà inculquée à l’école de santé des armées (ESA) puis à l’école du Valde-Grâce. Elle donne un avant-goût concret de ce que pourra être notre rôle lors d’une prochaine mission opérationnelle.

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DIRECTION DES APPROVISIONNEMENTS EN PRODUITS DE SANTÉ

“C’est une fierté d’avoir des personnels qui n’ont pas failli et ont travaillé avec abnégation pour répondre aux objectifs ambitieux assignés”

L

La mobilisation de la chaîne de ravitaillement médical, pilotée par la direction des approvisionnements et produits de santé (DAPSA) a été rapide et importante dès les premières alertes. Le ravitaillement médical (RAVMED) a assuré la constitution de l’élément militaire de réanimation (EMR-SSA). Structure n’existant pas en tant que telle, il a fallu la définir, la reconfigurer, la mettre en place et enfin, la tester. Également, le RAVMED assure depuis le début de la crise l’approvisionnement journalier en produits de santé des différents hôpitaux d’instruction des armées, des centres médicaux des armées (CMA) et de leurs antennes mais aussi de l’EMR-SSA et des aéronefs assurant les évacuations médicales. Par ailleurs, il a fourni des équipements de protection individuel au service du commissariat des armées (SCA), ils ont été réparti afin de protéger les personnels hors santé et pouvant être exposés au risque COVID-19. Il a également assuré la livraison de masques au profit du Ministère de la santé. Enfin, la pharmacie centrale des armées (PCA) a reconfiguré des chaînes de production afin de produire du gel hydro-alcoolique.

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© ADC Stéphane ROULET

DAPSA


© ADC Stéphane ROULET

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QUESTIONS À ...

PG Pascal Favaro Quels ont été les grands axes d’efforts de votre chaine pour faire face à la crise COVID-19 ? À l’appui des autres composantes du SSA, en charge de mettre à disposition des soignants tous les moyens nécessaires à leur exercice, la chaîne du ravitaillement médical (RAVMED) a été mobilisée dès le début de la crise COVID-19. Parmi les axes d’efforts, la constitution de l’élément militaire de réanimation du SSA (EMR-SSA) a particulièrement marqué la chaine RAVMED. À partir des unités médicales opérationnelles (UMO) pré-existantes et de son savoir-faire dans le domaine de la projection de moyens hospitaliers sur les théâtres d’opération, le RAVMED a participé en un temps très contraint à la création et au déploiement de l’EMR-SSA sur Mulhouse, structure médicale sous tente, dédiée à la prise en charge de patients COVID-19 avec une capacité de 30 lits de réanimation lourde. L’EMR-SSA est une structure qui n’existait pas en tant que telle dans les armées. Ses missions nécessitaient une configuration très différente de celles prévues pour les UMO détenues. Son élaboration a donc consisté dans un premier temps à le définir qualitativement et quantitativement, à récupérer le matériel stocké sur étagère ou au sein des UMO, le reconfigurer, mettre en place et tester la structure, pour une mission inhabituelle destinée à traiter des patients atteints d’une pathologie grave et extrêmement contagieuse. Pour donner un ordre de grandeur, cet EMR-SSA représente l’envoi d’environ 182 tonnes de matériel contenues dans 23 conteneurs KC20. Parmi les autres actions majeures de la chaîne RAVMED, la fourniture d’équipements de protection individuel aux personnels des autres composantes du SSA a été effectuée sous la forme de flux poussés, en s’appuyant notamment pour les masques sur les stocks stratégiques préalablement constitués. Audelà de l’approvisionnement pour le SSA, 5 millions de

masques ont été livrés dès le début de la crise au profit du ministère de la santé et depuis la mi-avril, environ 12 millions de masques ont été fournis au service du commissariat des armées (SCA). Ces masques sont ensuite répartis par le SCA sur les différents groupements de soutien de base de défense avec pour objectif la protection de personnels hors santé pouvant être particulièrement exposés au risque COVID-19 dans leur activité. Parallèlement aux missions liées à la crise, il faut également maintenir le traitement des demandes de ravitaillement classiques pour les établissements du SSA. Enfin, la mobilisation de la composante RAVMED a concerné l’approvisionnement des aéronefs ayant assuré les différentes évacuations médicales de patients COVID-19, permettant de rendre les vecteurs disponibles très rapidement pour une nouvelle intervention dès la fin de leur mission, mais aussi la définition de nouvelles entités comme les capacités de réanimation projetables (CaRP) à 2 lits de réanimation et les nouvelles capacités MEDEVAC sur A330 Phénix et A400M (MEROPE).

Quels sentiments vous inspire la mobilisation de vos personnels ? La mobilisation des personnels de la chaine RAVMED, qu’ils soient civils ou militaires, a été exemplaire. Cela m’a confirmé le sens élevé de la mission présent chez nos personnels. Travaillant généralement dans l’ombre, habitués à ce que leur action soit souvent occultée par celle du soignant en première ligne, ils savent néanmoins que de leur travail sont tributaires, la protection de nos soignants à travers l’envoi des équipements de protection individuelle et la qualité de prise en charge des patients. Nous pourrions reprendre la devise de corps de pompiers comme « altruisme, efficacité et discrétion ». Pour un directeur Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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DAPSA

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QUESTIONS À ...

PG Pascal Favaro

de composante, c’est une fierté d’avoir des personnels qui n’ont pas failli et ont travaillé avec abnégation pour répondre aux objectifs ambitieux assignés.

Quels sont les premiers éléments de RETEX que vous tirez de cette crise pour votre chaine et pour l’avenir ? De nombreux enseignements pourront être tirés de cette crise, notamment sur l’intérêt de disposer de stocks stratégiques, dont le dimensionnement doit être défini pour répondre aux ambitions du Service. En effet, la crise a illustré l’importance de détenir des ressources au sein de nos établissements, disponibles immédiatement et permettant de couvrir la crise dans la durée. La pandémie a montré la difficulté à mobiliser des ressources qui sont convoitées de façon simultanée par de nombreux acteurs y compris à l’étranger, de surcroît quand elles se trouvent majoritairement en provenance de Chine. Les efforts pour s’approvisionner en EPI prouvent tout l’intérêt de les posséder en amont. Cela impliquera nécessairement des efforts budgétaires,

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mais qui seuls permettront de répondre de la meilleure des manières à la prochaine crise sanitaire. Le corollaire est la nécessité pour la composante ravitaillement de retrouver des capacités de stockage suffisantes, ce qui passera par la consolidation de ses établissements et leur rénovation ou leur reconstruction, leur vétusté ne permettant pas de s’inscrire dans un avenir à long terme aujourd’hui. Cela deviendra donc un des enjeux de la transformation que le ravitaillement mènera à l’horizon 2030. Enfin, sur le domaine RH, même si je ne peux que me féliciter de l’engagement des personnels de la composante, la crise a montré la fragilité de certains pôles de compétence au sein de la chaîne, que nous allons devoir densifier car des limites ont été atteintes pour dégager des personnels sur des missions (armement de l’EMR-SSA), tout en garantissant la conduite quotidienne et celle générée par la crise, en y rajoutant des missions de planification.


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DAPSA

ÉMOIGNAGES ÉQUIPEMENTS BIOMÉDICAUX ET MATÉRIELS D’EXPLOITATION

CR2 AURÉLIEN Pouvez-vous vous présenter ? Je suis le CR2 Aurélien, et je travaille pour le service de santé des armées depuis janvier 2018. À la suite d’un premier contrat civil au sein de la plateforme achats finance santé, je me suis engagé en tant que commissaire des armées le mois de septembre de cette même année. J’ai un diplôme d’ingénieur biomédical obtenu à la suite de mes études à Nancy.

Dans le cadre de la lutte contre le COVID-19 : comment avezvous été mobilisé ? Mon bureau (« équipements biomédicaux et matériels d’exploitation ») a été impacté dès les tous premiers jours de la crise. Il a fallu que nous adaptions notre façon de travailler en ciblant des acheteurs spécialisés afin de répondre aux besoins croissants et soudains de nos établissements. Je travaille en temps normal sur l’acquisition des dispositifs médicaux / biomédicaux mais depuis le début de la crise, je suis pleinement dédié à la recherche de fournisseurs afin

de contractualiser des marchés portant sur la fourniture d’équipement de protection individuelle (EPI), plus particulièrement masques chirurgicaux et FFP2.

De façon générale, quel est votre ressenti vis-à-vis de votre mobilisation face à cette crise sanitaire ? C’est un sentiment un peu particulier de travailler « normalement » à l’heure où une grande partie de la population mondiale est confinée. Finalement, je vis le confinement à travers les échanges que j’ai avec ma famille/mes amis. J’ai la chance de ne pas le subir, sauf bien sûr le week-end. Même s’il y a des moments plus difficiles que d’autres, nous arrivons à être au rendez-vous et c’est tout ce qui compte.

Justement, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? En raison d’une pénurie mondiale et d’une concurrence internationale particulièrement intense, nous faisons

face à des augmentations de prix sans précédent sur les équipements que je dois sourcer. Ce n’est pas un contexte dans lequel nous avons l’habitude de travailler : il y a aujourd’hui une vraie difficulté à concilier l’immédiateté d’une solution à apporter à un problème, avec les processus « normaux » des marchés publiques (délais des systèmes d’information etc…) Il y a, de plus, une véritable pression venant de l’exigence du résultat : il est inconcevable d’avoir un personnel soignant non équipé. Nous sommes donc dans l’obligation de répondre au besoin.

Un mot pour la fin C’est une période à la fois compliquée et intéressante, même si l’avenir est bien sûr très incertain. Je retire une certaine fierté dans le fait de contribuer à équiper nos personnels soignants, et j’ai une pensée particulière, peu importe le domaine d’activité, à celles et ceux qui travaillent dans l’ombre mais dont la contribution est indispensable à l’effort collectif.

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DAPSA

ÉMOIGNAGES

ECMSSA ORLÉANS

TSH DE 1° CLASSE (MAJOR) HERVÉ CHEF DU SERVICE MAINTENANCE DE NIVEAU TECHNIQUE D’INTERVENTION (NTI) 2 AU SEIN DU DÉPARTEMENT MAINTENANCE DE L’ÉTABLISSEMENT CENTRAL DES MATÉRIELS DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES (ECMSSA) À ORLÉANS. Le TSH1C Hervé dirige une équipe de 9 personnels (7 techniciens militaires et deux opérateurs de maintenance civils). Le vendredi 13 mars, le chef du département maintenance de l’ECMSSA nous a informé que l’établissement allait être en charge de la préparation d’une nouvelle unité médicale opérationnelle (UMO), projetée dans l’est de la France : l’élément militaire de réanimation (EMR). Cette nouvelle structure, composée de 30 lits de réanimation intensive, nécessitait la vérification de tous les équipements médicaux la constituant sous un délai contraint. Le travail a été réparti entre les 3 services constitutifs du département maintenance : dès le lundi 16 mars, alors que le président de la République se préparait à annoncer l’état d’urgence sanitaire et le déploiement d’une structure d’hospitalisation à Mulhouse, les protocoles de maintenance préventive étaient mis en œuvre pour plus de 300 matériels biomédicaux. La dynamique au sein du département maintenance et plus particulièrement au sein de mon service, s’est mise en place. Tous les personnels présents dans le cadre de la mise en œuvre du plan de continuité des activités (PCA) se sont mobilisés spontanément avec 46

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DAPSA

beaucoup de professionnalisme. Le challenge était conséquent car ces 300 appareils devaient être révisés en moins de 4 jours, pour être colisés et palettisés en unités fonctionnelles cohérentes, prêtes à l’emploi par les personnels du département logistique de l’ECMSSA. Les 4 élèves techniciens du centre de formation du ravitaillement sanitaire ont été inclus dans ce dispositif, mettant en application les enseignements théoriques qui leurs ont été délivrés sans compter leur temps, ni leur énergie.

conception et à la réalisation d’une nouvelle UMO, qui s’étendent habituellement sur plusieurs mois, à aucun moment les personnels ne se sont découragés. Bien au contraire, l’ensemble des personnes présentes a eu pleinement conscience de participer à une aventure humaine au profit de notre Nation. Dans ce contexte particulier, les équipes se sont rapprochées avec volontarisme et enthousiasme, indépendamment des statuts, niveaux ou grades, dans l’objectif unique d’« aider nos concitoyens ».

Les services techniques et administratifs ont travaillé en totale synergie : l’approvisionnement et l’achat de pièces détachées s’est fait dans des temps records ne pénalisant pas le travail des ateliers.

Le jeudi 19 mars, le chargement de 15 conteneurs débutait. Enlevés le lendemain et déployés à partir du samedi 21 mars, la mission était accomplie.

Ce fut une semaine difficile mais très riche humainement. Malgré les nombreux ajustements inhérents à la

C’est avec fierté que nous avons pris connaissance de l’accueil du premier patient de l’EMR le 24 mars, avec le sentiment d’y avoir pris une part active.

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MOBILISATION DES CHAÎNES

DIRECTION DES SYSTÉMES D’INFORMATION ET DU NUMERIQUE

DSIN “Les personnels de la DSIN se sont investis d’une manière remarquable afin de pouvoir fournir les meilleures solutions techniques”

L

a direction des systèmes d’information et du numérique (DSIN) s’est assurée du déploiement en un temps record de la téléconsultation au sein de la médecine des forces au profit de la communauté de défense puis dans les HIA pour le suivi des patients atteints de maladie chronique. La DSIN s’est également assurée du fonctionnement optimal de l’ensemble des systèmes d’information des établissements et des personnels en télétravail. Notamment en facilitant les échanges, avec la création d’adresses contactes sécurisées et plus largement en sécurisant les différents réseaux d’éventuelles attaques cyber. Cette implication a permis à l’ensemble du personnel du Service de pouvoir poursuivre son travail dans les meilleures conditions malgré les situations exceptionnelles imposées par la crise sanitaire.

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MOBILISATION DES CHAÎNES

QUESTIONS À ...

MG Didier Mennecier Quels ont été les grands axes d’efforts de votre chaine pour faire face à la crise COVID-19 ? La direction des systèmes d’information et du numérique (DSIN) a priorisé ses efforts pour aider au mieux les praticiens et les patients dans cette crise COVID-19 mais aussi l’ensemble du personnel du SSA. Le premier effort a été d’apporter des moyens de téléconsultation au sein des antennes médicales (AM) dans un premier temps puis dans les hôpitaux d’instruction des armées (HIA) dans un second temps. La solution de téléconsultation, dénommée TIXEO agrée par l’ANSII, a été mise en place très rapidement tout d’abord dans les antennes médicales afin de permettre aux praticiens de réaliser une téléconsultation sur une tablette numérique avec un patient. Une information a été diffusée à l’ensemble des personnels du ministère de armées et des ayants droits par une communication de la direction générale des finances publiques (DGFIP). Un tutoriel était ainsi disponible pour les patients désirant prendre contact. Cette solution est en cours de déploiement dans les 8 HIA pour permettre les consultations des patients chroniques. Le second effort a été de faciliter les échanges des patients COVID-19 isolés et leurs familles. Des tablettes ont été mises en place dans les services de réanimation et de médecine pour les patients isolés. Cette solution a été très appréciée par les patients et leurs familles. Le troisième effort a été de proposer un service de conciergerie pour tous les personnels des HIA. Afin d’aider dans leur vie de tous les jours les personnels des HIA, la DSIN leur a proposé, en collaboration avec la société Happytal qui est spécialisée dans les services de conciergerie dans les hôpitaux, un service de conciergerie spécifique. Ce service se présente sous la forme d’une

plateforme numérique, dénommée hia.happy-heros.fr et permet de mettre à la disposition de tous les personnels d’un hôpital un espace permettant une centralisation sécurisée d’un bouquet de services et uniquement accessible par des personnels des HIA. Le quatrième effort a été de proposer un service de télétravail spécifique. Les personnels du SSA ont du très rapidement s’isoler dans le contexte de la crise COVID-19 tout en continuant à pouvoir travailler à distance. Les services SMOBI de la DIRISI ne pouvant faire face à l’augmentation des demandes, la DSIN a proposé une solution dénommée Systancia. Cette solution déjà installée pour des praticiens désirant avoir accès à distance à leur système d’information hospitalier, a ainsi été proposée au début de la crise COVID-19 à de nombreux personnels du SSA, le nombre d’utilisateurs étant passé de 150 à 900. Le cinquième effort a été de faciliter les échanges de mails. Des adresses mail de type prenom.nom@def. gouv.fr ont été proposées par la DIRISI afin de remplacer les adresses privées et assurer aux personnels du SSA d’avoir une adresse sécurisée de contact en cette période particulière mais également tout au long de leur carrière.

Quels sentiments vous inspire la mobilisation de vos personnels ? Les personnels de la DSIN se sont investis d’une manière remarquable afin de pouvoir fournir les meilleures solutions techniques et le plus rapidement possible aux personnels des HIA et des Forces ainsi qu’à l’ensemble des personnels du SSA. Certains ont été contaminés par le virus nécessitant un séjour en réanimation mais la chaine a toujours fonctionné ce qui confirme l’efficience et la résilience de l’ensemble des personnels de la DSIN. Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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MOBILISATION DES CHAÎNES

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QUESTIONS À ...

MG Didier Mennecier

Quels sont les premiers éléments de RETEX que vous tirez de cette crise pour vôtre chaine et pour l’avenir ? Les premiers éléments de RETEX que nous pouvons tirer de cette crise pour notre chaine est que le télétravail n’est pas un frein à la poursuite de la mission et à un travail de qualité. Cette crise va certainement

contribuer à faire évoluer les mentalités sur la mobilité ou la nomadisation. Pour la DSIN, une réflexion s’engage pour intégrer ce mode de travail pour l’avenir. En effet, il faut d’une part améliorer notre organisation « à distance » qui reste tout de même perfectible et nous préparer à être toujours opérationnel en cas de nouvelle crise sanitaire lorsqu’une bascule en télétravail sera de nouveau nécessaire.

ÉMOIGNAGE ASC GERSENDE RESPONSABLE DU CENTRE DE COMPÉTENCE « HOPITAL » DE LA DIRECTION DES SYSTÈMES D’INFORMATION ET DU NUMÉRIQUE (DSIN) DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Le centre de compétence hôpital de la DSIN est composé d’une équipe basée à la DSIN et de 8 équipes (SIT – service informatique et télécommunications) réparties dans chaque hôpital d’instruction des armées (HIA). Les missions portent principalement sur la cohérence du système d’information hospitalier, le maintien en condition opérationnelle de l’infrastructure technique et logicielle, ainsi que le soutien aux 50

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utilisateurs. En effet, l’informatique est le système nerveux d’un hôpital permettant les échanges d’informations depuis les résultats d’examens de laboratoires et de radiologie, jusqu’à la gestion du dossier patient et la transmission de données vers d’autres structures. Durant la crise du COVID-19, de nombreuses réorganisations ont été nécessaires dans les services, impactant autant les systèmes d’information que les besoins en matériels informatiques et téléphoniques. En termes d’organisation, il était nécessaire de pouvoir réagir rapidement et de diffuser l’information en temps réel pour l’ensemble des acteurs. Une organisation appropriée du télétravail a été mise en place pour les membres de l’équipe du centre de compétence « HOPITAL ». L’équipe basée à la DSIN était en télétravail alors que les SIT étaient en équipe réduite sur site et en alter-


MOBILISATION DES CHAÎNES

nance. Dès le 13 mars, nous avons inclus Tchap dans nos, outils de communication et utilisé des salons virtuels. La coordination était également importante au sein de la DSIN et plus particulièrement avec le centre de compétence SOCLE qui soutient l’ensemble de l’infrastructure du SSA non prise en charge par la DIRISI. Certaines actions pouvant impacter les HIA, il était primordial que les SIT puissent être rapidement avertis de toute action réalisée au niveau central. Parallèlement, nous avions identifié les systèmes d’information (SI) critiques qui devaient être opérationnels en toute circonstance comme ceux de la réanimation, des laboratoires, de l’imagerie, afin que tout le monde puisse évaluer le degré d’urgence d’une intervention en cas de problème. Au niveau des SIT, la même caractérisation a été réalisée avec un spectre plus large, en considérant l’ensemble des activités inhérentes à l’environnement hospitalier. Les SIT étaient en première ligne et il était important pour moi de leur assurer un soutien efficace : ce contact constant permettait également la remontée des besoins des HIA et facilitait la coordination quotidienne avec la DHOP. Les visites virtuelles et la communication des patients avec leurs familles ont ainsi pu être réalisées dans des délais très contraints tout comme la téléconsultation qui a prouvé toute son efficacité en CMA comme en HIA. Une plateforme numérique hia.happy-heros.fr (entreprise Happytal) a également été dé-

ployée pour faciliter le quotidien du personnel des HIA. Lors de l’augmentation du nombre de lits de réanimation, nous avons été sollicités pour adapter le SI au triplement du nombre de lits de réanimation. Le dernier projet concerne l’alimentation de système d’information de DEPistage du ministère de la santé (SI-DEP) par nos SI des laboratoires. La mise en place de connexions parait toujours assez simple en soi, mais nécessite de nombreuses actions techniques pour lesquelles une coordination entre les différents acteurs (HIA, DSIN, DHOP, prestataires, équipe projet SI-DEP) est primordiale. Différentes mises à jour liées au COVID-19 ont été déployées, principalement pour le dossier patient informatisé. Des besoins plus importants en extraction de données ont émergé et des extractions spécifiques ont pu être été réalisées afin que la DHOP puisse disposer d’informations quotidiennes. Je tiens à souligner la mobilisation sans faille de toutes les équipes tant au niveau du travail accompli que de leur adaptation aux nouveaux modes de coordination ; et bien sûr, ceci n’aurait pas été possible sans le soutien appuyé de la direction de la DSIN, qui a facilité la coordination entre les autres acteurs du SSA.

L

a DSIN est en première ligne afin d’assurer le soutien informatique des diverses composantes du SSA. Elle s’appuie sur ses centres de compétences pour répondre de façon réactive et experte aux besoins de chaque métier.

Le centre de compétence médecine des forces a ainsi eu la responsabilité d’élaborer et mettre au point, un service de téléconsultation à disposition de la direction de la médecine des forces (DMF) pour répondre à la crise COVID-19. Le cas d’usage auquel la DSIN a dû répondre est constitué par une offre de service de consultation médicale en visioconférence entre un praticien et un militaire, présent à son domicile, via une connexion internet grand public. En deux semaines, il a donc été demandé aux équipes de la DSIN en lien étroit avec celles de la DMF, de rechercher, tester, comparer, et déployer une solution de téléconsultation sécurisée. De ce travail, SS@n-Tix est née. Cette solution s’appuie sur la société TIXEOCARE et a été déployée principalement sur des outils nomades (tablettes ou smartphones). Cette solution a permis une nouvelle offre de service du SSA au profit de la communauté de défense. Ce déploiement est le fruit d’une collaboration étroite entre les acteurs de la DSIN et de la DMF, en mode « Projet » dans un contexte de confinement et sur des délais extrêmement courts (2 semaines pour les premiers déploiements) afin de répondre à l’urgence sanitaire. Lors des pics, plusieurs dizaines de téléconsultations ont été réalisées par jour au profit de la communauté de défense. La chaîne hospitalière utilise depuis cette solution dans le cadre des téléconsultations entre les spécialistes hospitaliers et leurs patients militaires ou civils. La solution pourrait s’étendre en cible à la télémédecine et rejoindra le projet CMA numérique.

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FOCUS EMR-SSA

DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE PHC Gilles

Lors de la crise COVID-19, la mission du bureau Emploi de la DIVOPS, dans son rôle d’agitateur d’idées, de coordonnateur des compétences réparties dans les différentes chaînes du SSA mais aussi de gardien des échéances annoncées et de la doctrine d’un SSA agissant pour et avec les armées, a été mis en exergue dans le domaine du développement capacitaire. De cet épisode, la création de l’élément militaire de réanimation du SSA (EMR-SSA) restera la réalisation la plus emblématique du Service. À titre individuel, elle a été la plus enrichissante de par la nécessité de mobiliser de manière synchrone un maximum de compétences utiles au sein du bureau Emploi : conception de capacités, planification et conduite d’un déploiement d’envergure en relation avec les autorités militaires nationales et zonales (Est, zone sud de l’Océan Indien), négociation pour une intégration dans le système de santé local, etc. En genèse, il faut souligner que dès le 28 février, le bureau Emploi et la DAPSA avaient élaboré un concept de structure de réanimation, à 3 ou 6 lits, destiné à renforcer les ROLE 2 de N’djamena et de Gao. La vitesse de propagation du virus sur le territoire national et l’annonce d’un déploiement dans le Grand-Est d’un hôpital militaire de campagne, faite le 16 mars à 20h par le président de la République, ont généré de facto un nouveau défi. Seulement quelques minutes avant cette annonce, j’avais estimé à 12 jours le délai pour modéliser, concevoir et déployer cette structure… 22 heures plus tard, au vu des questionnements récurrents sur le délai de déploiement et du désarroi des soignants du Grand-Est, 12 jours apparaissaient une éternité. Une nouvelle planification visant à ouvrir l’EMR-SSA le lundi 23 mars à 06h, soit moins d’une semaine après l’annonce présidentielle, a été proposée et mise en œuvre immédiatement le 18 mars aux premières

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EMR-SSA

Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

heures. La suite est davantage connue et a largement été médiatisée et publiée. L’EMR-SSA de Mulhouse a bien ouvert le 23 mars et accueilli ses premiers patients le 24 mars. Dans ces moments de grand doute, toute avancée aussi infime soit-elle est un élément moteur. C’est anecdotique, mais je me souviens de l’effet dynamisant voire euphorisant qu’a eu l’annonce par le délégué militaire départemental du Haut-Rhin de la réquisition d’un hôtel à Mulhouse pour héberger l’équipe de l’EMR. Cela peut paraitre accessoire, mais se rendre compte à cette occasion de la mobilisation de tout l’Etat-Major de Zone de Défense Est derrière ce déploiement, a été essentiel. Ma plus grande satisfaction de cette expérience a été de ressentir pleinement le sens de mon engagement au sein des armées et de son service de santé, à savoir être au cœur de l’action et contribuer à sauver des vies. Le quotidien, rythmé par la comitologie et des tableaux de bords tous aussi improbables les uns que les autres, le font parfois oublier. Ma plus grande déception est de constater que les fragilités identifiées avant la crise n’étaient pas de la fiction, un contrat opérationnel sous-évalué, des moyens humains et matériels insuffisants, une logique marchande souvent incompatible avec un objectif de résilience, une structure robuste de développement capacitaire à créer. Ma motivation pour le futur : contribuer à mon modeste niveau à construire un SSA plus robuste pour 2030.


FOCUS EMR-SSA

90

PERSONNELS DU SSA ONT ARMÉ L’EMR-SSA AU QUOTIDIEN

30 LITS DE RÉANIMATION

PATIENTS PRIS EN CHARGE

6,5

JOURS

POUR CONCEVOIR ET DÉPLOYER L’EMR-SSA

182 TONNES DE MATÉRIEL

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FOCUS ÉVACUATIONS

DÉVELOPPEMENT CAPACITAIRE

D

urant cette période, la capacité MORPHEE sur A330Phénix résultant de neuf mois de travail acharné du bureau Emploi de la DIVOPS et de ses partenaires a été largement éprouvée : le programme de médicalisation de l’A400M a été accéléré et la capacité MEROPE mise en service, une capacité de réanimation projetable a été créée et déployée, la stratégie de remplissage des bouteilles d’oxygène a été entièrement repensée en OPEX et au sein des départements et territoires d’Outre-Mer pour répondre à la demande et, enfin, le système de télé-expertise CTM a été déployé en urgence sur le PHA Dixmude. À ces réalisations concrètes se rajoute la rédaction de mémentos d’emploi comme celui des unités de prélèvement. Ce document de travail qui jette les bases d’une future unité médicale opérationnelle, sera finalisé au vu du RETEX de la mise en œuvre actuelle.

© Arnaud.CHAMBERLIN/Armée de lair

ÉVACUATIONS, TRANSFERTS DES PATIENTS

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Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020


FOCUS ÉVACUATIONS

8

ROTATIONS CARACAL AA

16

PATIENTS

6

ROTATIONS MORPHÉE

36

PATIENTS

111 PATIENTS ÉVACUÉS PAR LA MÉDECINE DES FORCES

28

PATIENTS ÉVACUÉS PAR L’ESCADRILLE AÉROSANITAIRE DE VILLACOUBLAY

4

PATIENTS PRIS EN CHARGE PAR LE SSA LORS DES TRANSFERTS TGV

4

ROTATIONS PUMA AA

13

PATIENTS

23 ROTATIONS NH90 CAÏMAN

46

PATIENTS Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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FOCUS GAN

GROUPE AÉRONAVAL

EXPERTISE ÉPIDÉMIOLOGIQUE ET MÉDICALE ÉMOIGNAGES

L

e 7 avril 2020, face à l’augmentation rapide du nombre de marins présentant des signes évocateurs de COVID-19 à bord du porte-avions Charles de Gaulle, le centre de planification et de conduite des opérations ordonne l’envoi d’une équipe de deux spécialistes en santé publique de la direction centrale du service de santé des armées et de deux chercheurs de l’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) avec pour mission de réaliser des tests diagnostiques, d’évaluer le risque épidémique et de conseiller le commandement.

Le 11 avril, une autre séance de prélèvements est réalisée avec une équipe de l’hôpital d’instruction des armées Sainte Anne. Au final, sur les 187 marins prélevés au cours des 2 campagnes de prélèvement conduites à bord du PA, 159 étaient positifs vis-à-vis du SARS-COV-2.

Partie le 8 avril en Falcon 50-M de Villacoublay, l’équipe embarque à bord d’un Caïman à Lisbonne et rejoint le porte-avion qui croise alors au large du Portugal. Sur le porte-avions, en quatre heures, une zone de prélèvements conforme aux exigences de biosécurité est installée et 67 prélèvements sont réalisés chez les patients symptomatiques avec l’aide de l’équipe médicale du bord. Analysés dans la nuit à l’IRBA, 50 d’entre eux se révèlent positifs vis-à-vis du SARS-Cov-2, confirmant l’ampleur de l’épidémie.

Cette mission a été très intense sur les plans professionnel et humain. Face à une situation inédite, dans des circonstances éprouvantes avec de nombreux malades, un virus émergent pour lequel de nombreuses incertitudes persistent, le commandement et l’équipe médicale dont certains membres étaient eux-mêmes malades ont poursuivi leur travail jour et nuit pour gérer au mieux cette épidémie dans les contraintes très particulières liées à l’environnement du porte-avions. Ce dévouement, ce respect de l’engagement et de la parole donnée ont profondément marqué notre équipe.

Dès le lendemain, les zones à risque de transmission sont identifiées et les premières recommandations formulées à l’équipe médicale et au commandement. Un questionnaire d’enquête est élaboré en prenant en compte les particularités du porte-avions (zones de vie, zones de détente et activités particulières) et distribué aux malades. Dès le 10 avril, l’analyse épidémiologique met en évidence que les malades sont répartis dans tout le bâtiment, que l’on considère les postes de travail ou les postes de couchage et qu’il n’est déjà plus possible d’identifier des zones indemnes. Une information sanitaire est préparée par l’équipe d’investigation et retransmise sur la télévision du bord. 56

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Le 12 avril, le porte-avions arrive à Toulon ; l’équipe d’investigation quitte le bord le lendemain, passant le relai au centre d’épidémiologie et de santé publique des armées pour la poursuite des investigations.

Médecin en chef Lénaïck Médecin en chef Sandrine Médecin en chef Jean-Nicolas Pharmacien en chef Fabrice


FOCUS GAN

MOYENS MIS EN ŒUVRE ORGANISATION, PRÉLÈVEMENTS, TESTS, ENQUÊTE, PRISES EN CHARGE DES PATIENTS

LE VIRUS DU COVID-19 À BORD DU PORTE-AVION MCSCN Laurent MARTINEZ

L

e 6 avril au soir, ce que nous redoutions depuis la veille est plus qu’une simple hypothèse. L’augmentation substantielle du nombre de patients présentant des symptômes grippaux et respiratoires semble le confirmer : le SARS-CoV-2 est certainement à bord du porteavions Charles de Gaulle. Il faut immédiatement dépasser une

forme de sidération liée surtout à la prise de conscience des conséquences d’une telle maladie sur un si grand nombre de marins confinés.

1/ Confirmer – Evaluer - Protéger La première action est de confirmer la présence du virus et dans un même temps d’évaluer l’éten-

due de l’épidémie : la direction centrale du service de santé des armées (DCSSA) décide de projeter à bord une équipe de spécialistes afin de procéder au plus tôt à des prélèvements au profit des marins symptomatiques, qui seront acheminés vers la terre pour analyse par PCR, de commencer l’enquête épidémiologique, et de soutenir l’équipe médicale dans la conduite du renforcement de ses mesures de prévention et de ses prises en charge. Leur travail n’est pas facile mais indispensable : ils apporteront aussi cet œil neuf susceptible de percevoir les comportements qu‘il convient d’améliorer. Très rapidement, le service médical du bord décide de débarquer 3 marins présentant des facteurs de risque d’évolution possible de l’infection vers ses formes graves. En quelques heures le résultat des tests confirme la présence du virus, il se propage bien à bord. Des questions nous assaillent : depuis quand le virus est-il à bord ? Comment a-t-il pu être si longtemps ignoré ? Quels risques pour les marins du bord ? Comment communiquer cette information aux familles sans provoquer des inquiétudes irrationnelles ni banaliser les risques individuels d’évolution vers des formes graves ? Mais d’abord il faut prendre en

Actu Santé - NUMÉRO SPÉCIAL COVID-19 - juin 2020

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FOCUS GAN

compte et évaluer une possible circulation du virus à bord de l’escorte du porte-avions : un bâtiment toulonnais et deux bâtiments brestois. Les médecins major vont très vite, soutenus par le centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA), mener des enquêtes qui permettront d’appliquer des conduites rationnelles et cohérentes.

2/ Conseiller – Préparer La décision est prise, le porte-avions rentre à Toulon. 3 marins malades sont évacués au plus tôt, l’un d’entre eux connaîtra un long séjour en réanimation. Il faut surtout préparer l’accostage des bâtiments, et organiser un dépistage par prélèvement naso-pharingé au profit de l’ensemble des marins des bâtiments toulonnais. Il est décidé de proposer une classification par couleurs des différentes catégories de marin en fonction de

l’évolution de leur symptomatologie, et le résultat des tests PCR. L’objectif est de répartir plus de 2 000 marins sur les différents sites de la base navale de Toulon afin d’éviter les risques de contamination dans ces zones de confinements.

domicile par télémédecine, puis les visites de reprise doivent être préparés. C’est une organisation impressionnante qui se met en place afin de permettre à ces marins d’éviter une issue qui peut être fatale et aussi une contamination de leurs familles.

3/ Repérer-Surveiller – Suivre

4/ Conclusion

Une organisation logistique et médicale se met en place. Il s’agit de repérer parmi les cas symptomatiques ceux qui seront pris en charge dans les différents services de l’hôpital d’instruction des armées (HIA) St Anne dédiés à la prise en charge des patients COVID-19, de surveiller pluriquotidiennement les marins symptomatiques, de suivre au plus près ceux qui ne présentent pas de symptôme, sans oublier d’apporter un soutien médico-psychologique. Très vite le déconfinement, les tests PCR de fin de confinement, les examens médicaux de sortie, le suivi à

Cette épidémie est encore mystérieuse, et même si les différentes enquêtes conduites ont levé un coin du voile, des interrogations seront toujours présentes. La prise en charge de cette épidémie sur le porte-avions et son escorte a montré une mobilisation exemplaire de toutes les composantes du service de santé des armées et de ses directions. Cette crise sans précédent sera aussi un tournant pour la marine nationale qui apprend à se protéger et à lutter contre un ennemi intérieur.

HIA SAINTE-ANNE

MÉDECIN EN CHEF FRÉDÉRIC CHEF DU SERVICE DE MICROBIOLOGIE ET D’HYGIÈNE HOSPITALIÈRE À L’HIA SAINTE-ANNE

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Quel a été le rôle du laboratoire de biologie dans la gestion de la crise sanitaire liée au COVID-19 sur le porte-avions Charles De Gaulle ? Notre rôle a été d’intervenir au cours des différentes phases de la prise en charge des marins du porteavions Charles de Gaulle. La première phase a consisté à réaliser un dépistage virologique à bord avant l’accostage du bâtiment à Toulon. 5 médecins de l’HIA Sainte-Anne se sont rendus à bord pour prélever tous les marins symptomatiques. En moins de 24 heures, nous avons analysé en PCR (Polymerase Chain Reaction) tous les prélèvements afin de compléter la première évaluation réalisée par


FOCUS GAN

une équipe d’épidémiologistes de la direction centrale du service de santé des armées et de l’institut de recherche biomédicale des armées (IRBA), et permettre l’orientation des marins sur les différents sites de quatorzaine. La seconde phase de notre intervention a été d’organiser et de coordonner la campagne de prélèvement des 2 000 marins de la mission Foch en fin de quatorzaine. Une tâche inédite par son ampleur et par les délais impartis pour la réaliser. Pour relever ce défi, nous avons mis en place 3 unités exigeant la participation de toute la chaîne du SSA local. • Une unité logistique, constituée par les personnels du laboratoire qui préparaient chaque jour pour chacun des sites : le matériel de prélèvement nécessaire pour les PCR et les sérologies, les équipements de protection individuelle (EPI) pour les équipes, les listings et les étiquettes nécessaires à l’identification des échantillons ; • Cinq équipes mobiles de prélèvement (EMP) constituées chacune d’un médecin de l’HIA Ste Anne, d’un aspirant médecin de l’école de santé des armées (ESA) venu en renfort pendant la crise COVID-19 et d’un personnel paramédical de l’HIA ou du centre médical des armées (CMA) ; Il a fallu former ces personnels à l’utilisation des EPI, aux techniques de prélèvement et à la mise en place de la chaîne de prélèvement ; • Une équipe de diagnostic dédiée au sein du laboratoire. Réorganisé en urgences, le laboratoire s’est doté des capacités humaines et matérielles pour rechercher le virus par PCR et préparer la mise place des techniques de sérologie. Les résultats étaient communiqués aux

médecins des forces de chaque site pour adapter la prise en charge de chaque marin. Au plus fort de la campagne, une partie des prélèvements a été envoyée sur les HIA Laveran, Begin, Percy et sur l’IRBA.

Quels ont été les défis à relever ? • Mettre en place en 24heures toute la logistique de prélèvement ; • Avoir une capacité de diagnostic virologique permettant d’analyser jusqu’à 200 échantillons par jour, c’est-à-dire réunir en nombre suffisant les personnels techniques spécialisés et les automates de biologie moléculaire ; • Garantir l’approvisionnement en réactifs pour assurer l’ensemble de la campagne de diagnostic.

Quels sont les éléments qui vous ont permis de mener à bien cette mission ? • La motivation et la grande disponibilité du personnel du laboratoire pour faire tourner le service 24h/24 et 7j/7 ; • La polyvalence des équipes du laboratoire qui a permis une adaptation très rapide. • Les expériences acquises au cours des missions autour des épidémies

d’Ebola et de la grippe H1N1. Elles ont été déterminantes pour assurer le diagnostic virologique et la mise en place sécurisée des chaines de prélèvement sur site ; • La mobilisation du personnel de l’HIA qui est venu de tous les services pour constituer les EMP ; • L’anticipation de capacité en diagnostic moléculaire au travers de l’acquisition, de la location et même du prêt d’automates dès le début de la crise ; • Les relations avec les partenaires industriels et universitaires qui ont engendré le prêt spontané des automates ; • La mobilisation de tous les acteurs locaux du SSA ; • La qualité des relations hôpital-forces au quotidien qui a facilité la communication entre les professionnels de santé à tous les niveaux et assuré le succès de la coordination de tout le dispositif.

Quel enseignement retirez-vous de cette expérience ? La force du collectif, la plus-value des capacités d’adaptation des laboratoires hospitaliers militaires en raison de leur polyvalence et expérience de terrain pour faire face à la crise.

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FOCUS GAN

ENQUÊTE ÉPIDÉMIOLOGIQUE CESPA ASC Anne-Marie

A

u cours du mois d’avril, le centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA), désigné par la direction centrale du service de santé des armées (DCSSA), a mené l’investigation sur l’épidémie de COVID-19 qui a sévi au sein du groupe aéronaval (GAN). Le rapport remis à Madame la ministre des armées a été rendu public et mis en ligne le 12 mai. L’ensemble des bâtiments du GAN a fait l’objet d’investigations visant à identifier les voies possibles d’introduction du virus au sein du GAN, présenter les caractéristiques de l’épidémie COVID-19 et de décrire et modéliser la dynamique de diffusion de l’épidémie à bord des bâtiments. Alors qu’une équipe d’épidémiologistes était déployée le 11 avril 2020 au large de Brest, successivement à bord de la Frégate anti-sous-marine La Motte-Picquet puis du bâtiment de commandement et ravitaillement Somme, le porte-avions nucléaire Charles de Gaulle (PAN CDG) et la frégate de défense aérienne Chevalier Paul (FDA CHP), rentrés à Toulon le 13 avril 2020, ont fait l’objet d’une investigation du 23 au 30 avril. « Avant cette phase d’investigation, les épidémiologistes du CESPA ont

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visité l’ensemble des sites où les marins avaient été placés en quatorzaine (St Mandrier, l’arsenal de Toulon, l’Ilot Sainte Anne et la base navale de Hyères). Les observations et évaluations effectuées ont permis de conseiller les équipes médicales du 9ème centre médical des armées (CMA) et du service médical de la force d’action navale (FAN), d’optimiser les mesures visant à diminuer la circulation virale parmi les marins (distanciation sociale, mesures barrières et d’hygiène etc.) et de faire remonter les difficultés rencontrées dans l’application de ces mesures » déclare la MC Aïssata de l’unité de surveillance épidémiologique et investigations. L’investigation du 23 au 30 avril a débuté par une enquête téléphonique auprès de l’ensemble des marins du PAN CDG et du FDA CHP. Ainsi au cours de la semaine, 1568 personnels du PAN CDG, soit près de 90% de l’effectif total, et l’ensemble du personnel du FDA CHP ont accepté de répondre à un questionnaire contenant des variables telles que l’âge, le sexe, les symptômes, les lieux de travail et de couchage, les mesures barrières et de distanciation sociale appliquées à bord, les sorties à terre réalisées en escale, etc. Les données recueillies ont ali-

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menté un fichier qui regroupait des données collectées au préalable par le SSA (9e CMA, HIA Sainte-Anne, service médical de la FAN, IRBA) et des données externes issues notamment des laboratoires privés sollicités pour pratiquer des prélèvements. Dans un deuxième temps, des analyses descriptives et analytiques des données ont été réalisées et complétées par une analyse spatiale effectuée par d’autres équipes du CESPA. Une analyse du génome des souches virales a également été réalisée par l’IRBA. « Le défi a été de mener à bien cette investigation de grande ampleur dans un temps très contraint. Nous nous sommes tous mobilisés et avons pu bénéficier du renfort de marins de la frégate aérienne JeanBart, de réservistes, d’élèves et de personnels des écoles militaires de santé Lyon-Bron ainsi que de personnels de santé bénévoles (médecins, dentiste). Nous avons avancé groupé et travaillé de façon intense dans une ambiance studieuse et sereine. Cette mission, qui s’inscrit totalement dans notre cœur de métier, a été pour nous l’occasion de contribuer à la lutte contre le COVID-19 menée par le SSA et le ministère de Armées » conclue la MC Aïssata.


OPÉRATIONS EXTÉRIEURES

OPEX PRISE EN CHARGE MÉDICALE SUR LES THÉÂTRES D’OPÉRATIONS MP Mathieu

MOYENS MIS EN ŒUVRE CHAINE DE PRISE EN CHARGE SPÉCIFIQUE, CAPACITÉ DE DIAGNOSTIC, CRÉATION DE ZONES DÉDIÉES, CAPACITÉS DE RÉANIMATION PROJETABLES

L

’actuelle pandémie au COVID-19 a conduit le Service de santé de armées (SSA) à renforcer ses unités médicales opérationnelles en équipements de protection individuels, mais également à développer puis à déployer des capacités opérationnelles dédiées afin que puisse être menée à bien la mission principale de soutien des armées engagées sur les théâtres d’opérations extérieurs (OPEX) et au sein des forces de présence (FP). Dans le cadre de la stratégie globale de prise en compte du risque COVID-19 en OPEX et au sein des FP, des circuits spécifiques de prise en charge médicale des militaires atteints de COVID-19 ont ainsi été mis en place. À cette fin, chaque théâtre a identifié et créé des zones dédiées à l’accueil des patients COVID-19 destinées à endiguer, autant que possible, le processus épidémique sur les différentes emprises et à préserver l’indispensable capacité opérationnelle des forces déployées. Certains sites bénéficient par ailleurs de capacités propres de diagnostic par RT-PCR, de capacités de réanimation projetables (CaRP) armées par des binômes de médecins et infirmiers rompus à la médecine d’urgence et ayant bénéficié d’une formation spécifique préalable, et de capacités renforcées pour la production et la distribution d’oxygène. L’ensemble de ces mesures, associé au principe d’évacuations stratégiques précoces des patients oxygéno-requérants, vise à garantir une prise en charge médicale optimale des militaires déployés sur les théâtres, tout en permettant la poursuite des missions et des opérations.

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MÉDIAS

MÉDIAS/RÉSEAUX SOCIAUX www.defense.gouv.fr/sante @santearmees Service de santé des armées Service de santé des armées

4 interview de la directrice centrale : 19 mars 2020 « Mes moyens ne sont pas illimités » dans le Journal du Dimanche par François Clemenceau le 22 mars 2020. « Coronavirus : dans les hôpitaux militaires, « les patients déferlent » » dans le Monde par Nathalie Guibert le 21 mars 2020

FRANCE INFO « Dispositif Morphée : interview du médecin en chef Laurent » Le MC Laurent, de la médecine des forces présente en duplex le dispositif Morphée.

30 mars 2020

« Le service de santé des armées sur le front du coronavirus » dans le Figaro par Nicolas Barotte le 22 mai 2020 Une interview en trois parties par Guerric Poncet dans le Point parue entre le 29 avril et le 11 mai

1 podcast EN PREMIÈRE LIGNE Témoignage du médecin en chef Mathieu, directeur médical des 6 rotations MORPHEE

BFM TV

25 mars 2020

BFM TV « Covid-19 : Interview du MCSCN Jean-Pierre, chef du service de réanimation à l’hôpital d’instruction des armées Bégin » Témoignage sur la mobilisation de l’HIA et l’augmentation de ses capacités.

ELLE Magazine

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31 mars 2020

TF1 20H « Accueil de patients transférés : illustration à l’hôpital Robert Picqué » Immersion dans les services de réanimation de l’HIA de Bordeaux.

27 mars 2020

« Cœur d’armée, immersion au sein du déploiement du l’EMR-SSA » Ava Djamshidi : Récit et témoignage sur le déploiement de l’EMR-SSA.

« Coronavirus : itw du Colonel Emmanuel , anesthésiste-réanimateur » : témoignage d’un réserviste colonel mobilisé à l’EMR-SSA.

27 mars 2020

JT 20H FR2 « L’armée au secours de l’hôpital » Immersion à l’HIA Laveran après l’arrivée par Morphée de patients du Grand Est.

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MÉDIAS

125

SUJETS TÉLÉ

850

RETOMBÉES MÉDIAS

56

SUJETS RADIO

6 avril 2020

FR3 JT « Covid-19 : Nouveaux transferts » Immersion à Clermont-Tonnerre avec l’arrivée de patients transférés par TGV médicalisé.

1er avril 2020 Hospimedia « Le Service de santé des armées se met à la télémédecine »

4 avril 2020 Groupe de presse EBRA « Une médecin-chef raconte sa guerre contre le virus » Témoignage de la médecin en chef Sandrine, sur la mobilisation du SSA.

7 avril 2020

19 avril 2020 CNEWS

Le quotidien du médecin

« La plus grande pharmacie militaire au front » Immersion au sein de l’ERSA

« La médecine en situation de crise fait partie de notre ADN » Entretien avec le médecin chef des services Didier sur la mobilisation du SSA.

25 avril 2020 CNEWS 14 avril 2020

Ouest France

« Au cœur de l’hôpital militaire de Marseille » Reportage au sein de l’HIA marseillais.

11 avril 2020

Le Figaro Interview du général Escarment, Nicolas Barotte.

« Maryline, infirmière des Armées, a connu Ebola » Portrait de l’ISG2G Maryline, infirmière du secteur de soins critiques à l’hia ClermontTonnerre.

12 mai 2020 : FRANCE 5 Magazine de la santé « Coronavirus : des chiens sont dressés pour le dépistage » Récit de la recherche menée sur les chiens dépisteurs de covid-19 en lien avec l’HIA Bégin.

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MÉDIAS

MÉDIAS/RÉSEAUX SOCIAUX www.defense.gouv.fr/sante @santearmees Service de santé des armées Service de santé des armées

16 avril 2020

JT 20H FR2 SecoursMag « En première ligne : Portrait de l’infirmière Charline » Témoignage de l’IADE Charline sur son quotidien à l’EMR-SSA.

« La réanimation au cœur », numéro mai juin 2020 : Interview du médecin en chef Antoine, chef du service de réanimation à Bégin

29 avril 2020

22 300

ABONNÉS MARS Meilleure photo Morphée

MARS Meilleur visuel Consignes déplacements

Le Figaro « La jeune garde sur le front de l’épidémie », Nicolas Barotte : Retour sur la mobilisation des EMSLB avec les témoignage du cch Hugo, de l’aspirante médecin Clara et de l’aspirante pharmacienne Marine.

À venir : - Enquête exclusive M6 par Emmanuel Reau dédiée à la mobilisation du SSA & des armées pendant la crise. - 1 documentaire de Fabien Lemaire en immersion à Percy.

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MARS Meilleure vidéo IRBA - Sécurité Morphée


MÉDIAS

151

TWEETS

MARS/AVRIL/MAI

Rejoignez-nous ! Twitter@santearmees

MARS 7,5 K vues

AVRIL 10,8 K vues

Témoignage élève infirmière Sandy

Témoignage infirmière anesthésiste réserviste

AVRIL Meilleure vidéo /HIA Percy

MAI Meilleur tweet

Départ patient guéri du Covid-19

AVRIL Meilleur visuel / EVASAN Evacuations sanitaires aériennes

Départ dernier patient EMR-SSA

Mobilisation équipe médicale, PHA Tonnerre, HIA Toulon et Marseille 389

Train sanitaire, transfert HIA Robert Picqué 254

Désengagement EMR-SSA 343 HIA - Prise en charge patients Covid 277

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REMERCIEMENTS

POUR LEUR SOUTIEN, NOUS TENONS À LES REMERCIER...

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REMERCIEMENTS

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REMERCIEMENTS

© Lucie Moiny / SSA

... AINSI QUE TOUS CEUX QUE NOUS N’AVONS PAS PU CITER ICI

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