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Solidarité Ils s'organisent pour les Ukrainiens et leurs animaux
Grâce à la logistique et aux dons de nombreux citoyens, associations et entrepreneurs du bassin rémois, Catherine Frau a pu rejoindre, avec d'autres éleveurs canins, un convoi humanitaire pour aider les Ukrainiens et leurs animaux.
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Impossible pour Catherine Frau, ancienne éleveuse canin à Hermonville, de rester passive face à la guerre qui sévit en Ukraine depuis le 24 février. D'autant qu'elle a tissé des liens d'amitié avec plusieurs confrères qui y vivent. « J'étais encore là-bas il y a quelques semaines, explique-t-elle. Je ne pouvais pas fermer les yeux et abandonner mes amis. L'une d'entre eux a quitté Kharkiv et se trouve en Roumanie avec ses chiens. Elle me les apportera bientôt en France, mais elle rejoindra ensuite l'Ukraine pour rester auprès de sa famille. Ces femmes font preuve d'une telle bravoure. Il fallait que je me rende utile, pour les humains et pour les animaux. » L'appel aux dons qu'elle a lancé sur les réseaux sociaux s'est très vite transformé en une véritable chaîne de solidarité. « Pauline Paillard, qui préside l'association de protection animale L'Espoir de Fusain, a été d'une grande aide. Elle a mobilisé l'ensemble de son réseau pour organiser des collectes et stocker les dons. » En seulement
A Reims comme ailleurs, la mobilisation citoyenne ne faiblit pas face au conflit qui touche l'Ukraine. © l'Hebdo du Vendredi
24 heures, l'équivalent de deux fourgons, comprenant notamment deux tonnes de croquettes, est réuni. Et cet élan de générosité n'en finit pas de s'élargir. Citoyens, entrepreneurs, acteurs associatifs, vétérinaires, pharmaciens et autres commerçants du territoire rémois apportent leur pierre à l'édifice. « Les gens ont été extraordi-
naires, s'émeut Catherine. Si on pouvait les cloner, il n'y aurait pas de guerre ! On a récupéré des couvertures et des vêLes dons réceptionnés tements chauds, des méà Kharkiv et à Kiev dicaments, des boîtes de conserve, des pastilles pour purifier l'eau, etc. » Le jeudi 3 mars, un convoi humanitaire initié par l'éleveuse Anne Dytrych, également juge internationale canin, se lance en direction de l'Ukraine. « Nous étions en contact, elle m'a confirmé leur départ le jour même. J'ai rejoint le convoi en Allemagne avec mon camion bondé. Nous sommes restés bloqués deux heures en Pologne à cause d'un accident sur la route, puis nous avons roulé jusqu'à la frontière ukrainienne, le vendredi. On a chargé les camions qui nous attendaient sur place avec l'aide de plusieurs jeunes femmes bénévoles et d'éleveurs ukrainiens. On sait que les dons ont bien été réceptionnés, principalement à Kharkiv, mais aussi à Kiev. » Faute de pouvoir atteindre ces deux villes pour retrouver d'autres amis éleveurs et les rapatrier, le groupe leur a laissé ses messages de soutien avant de rentrer en France, dans la nuit du 5 mars. Aussi difficile soit-elle sur le plan émotionnel, cette expérience conforte Catherine dans sa démarche. « Tant qu'on pourra passer la frontière, on continuera. La collecte s'est poursuivie à Reims, dans le hangar de la société Floca-Rem, spécialement mis à disposition. On a trié les dons et conditionné 45 palettes filmées, prêtes à être acheminées. Mais on ne peut pas mobiliser indéfiniment cet espace. La Protection civile a donc repris la main. On va désormais se consacrer à l'accueil des gens et des élevages. » Car il y a aussi beaucoup à faire pour eux ici.
Sonia Legendre
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Agriculture La guerre en Ukraine, vue des exploitations marnaises
En 2014, déjà, l'agriculture se heurtait à l'embargo alimentaire mis en place par la Russie. La guerre qu'elle mène aujourd'hui contre l'Ukraine entraîne d'autres conséquences, toutes filières confondues. « Mais le premier message qu'on passe, c'est celui de la solidarité, dixit Hervé Lapie, président des fédérations des syndicats d'exploitants agricoles de la Marne et du Grand Est. On doit aider les Ukrainiens, tant sur l'alimentation que sur l'accueil. On a aussi interpellé le ministre de l'Agriculture pour qu'il reste aux commandes jusqu'à Les agriculteurs craignent une nouvelle envolée de leurs coûts de production. © l'Hebdo du Vendredi l'élection présidentielle. » Depuis le début de cette crise, les prix du blé et du maïs se rapprochent dangereusement des 400 euros la tonne et déstabilisent les marchés mondiaux. De quoi craindre des pénuries ? « L'agriculture française est capable d'assurer l'autosuffisance, relativise le porte-parole. Même si l'élevage, en particulier les porcs et les volailles,souffrira davantage du manque de céréales. Des pays de l'Afrique du Nord comme la Tunisie, le Liban ou l'Egypte en ont aussi grandement besoin. On peut agir sur le positionnement des producteurs de blé, mais les filières végétales et animales doivent travailler ensemble. » L'Ukraine représente également 50 % des exportations d'huile de tournesol. « On ne sait pas si elle pourra produire cette année, sachant que les maïs et les tournesols se sèment en avril. » Autre inquiétude soulevée par la profession : le sucre, très présent dans la Marne, et surtout l'accès aux ressources en énergie pour le transformer. « On a misé sur le gaz pour se passer des énergies fossiles. Plus globalement, le coût de production dans nos fermes va exploser. » A suivre.
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