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Les poids lourds en ligne de mire
Les radars pédagogiques et le compteur de véhicules installés par la ville de Châlons sur la pénétrante urbaine et l'avenue de Metz ne convainquent ni les élus, ni les riverains qui militent pour l'achèvement du boulevard périphérique.
Avec une pensée émue pour leur collègue Jean-Louis Devaux, disparu le 3 février à l'âge de 65 ans et fervent défenseur du boulevard périphérique, six élus départementaux ont de nouveau organisé une réunion publique pour fédérer les citoyens sur ce dossier. Leurs arguments sont inchangés. L'achèvement de cette infrastructure, en stand-by depuis 2016 et pour laquelle environ 30 M€ ont déjà été investis, permettrait de relier la route départementale 977 à la nationale 44 et donc de réduire la circulation en zones urbaines. En premier lieu, le secteur avenue de Metz/porte SainteCroix/route pénétrante, de plus en plus impacté par les excès de vitesse et les nuisances sonores et atmosphériques des véhicules. Elus et acteurs économiques font également valoir les perspectives qu'offrirait le boulevard en desservant plus facilement les zones d'activités de Fagnières, Recy, Saint-Gibrien, Saint-Martin-sur-le-Pré, Vatry, etc. Deux kilomètres restent à construire, moyennant un budget estimé entre 90 et 100 M€. Plusieurs fois, le président de Châlons Agglo, Jacques Jesson, s'est publiquement opposé à la poursuite du chantier, qu'il juge trop onéreux pour les finances de la collectivité. Mais l'abandon du projet n'a toujours pas été officiellement soumis au vote des conseillers communautaires. « Cette délibération n'interviendra pas avant juin », indique le cabinet de Jacques Jesson, sans plus de précisions quant à ce délai. Le maire de Châlons, Benoist Apparu, pointe lui aussi du doigt la somme astronomique que nécessiteraient ces travaux.
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Sensibiliser sans verbaliser
La ville a toutefois installé, fin février, deux radars pédagogiques dans l'axe de la porte Sainte-Croix, allées Paul-Doumer et avenue de Metz, ainsi qu'un appareil de comptage des véhicules le long de la pénétrante. Coût total de l'opération : 8 000 € TTC. « Les radars sont définitifs, mais n'ont pas vocation à verbaliser les conducteurs, prévient Emilie Mothé, adjointe en charge de la voirie. Il s'agit de les sensibiliser et d'apaiser la circulation. Le compteur est mobile. L'objectif, pour l'instant, c'est de collecter puis agréger des données fiables et actualisées sur le trafic du secteur, son évolution, les heures de pointe, etc. Sachant que ce dispositif est capable de distinguer les différents gabarits des véhicules, voitures ou camions. » Là non plus, pas de sanction. Pourtant, les poids lourds qui bravent l'interdiction de traverser Châlons - hors livraisons ou dérogations exceptionnelles - sont légion. En cas de contrôle, ils risquent une amende de 22 €. Ridicule, estiment certains.
« On a d'abord besoin de poser ce diagnostic, explique Emilie Mothé. C'est un outil d'aide à la décision, pour voir quelle stratégie et quelles alternatives au boulevard périphérique on peut envisager par la suite. » Frédérique Schulthess fait partie des élus marnais vent debout contre l'arrêt du chan- tier et dénonce une démarche aussi démagogique qu'inutile. « On ne résout pas le problème du nombre de camions qui empruntent l'avenue de Metz et les allées Doumer, déplore-t-elle. Ça devient invivable pour les Châlonnais. Pourquoi refaire des comptages alors que le conseil départemental en a déjà réalisé en 2021 ? C'est de l'enfumage, on connaît les chiffres : 12 530 véhicules par jour et 2 371 poids lourds. Il y en avait 931 en 2012 et ça ne cesse d'augmenter. La zone de Vatry va encore s'agrandir. Logiquement, les camions qui s'y rendront vont aussi se multiplier. » La mobilisation initiée en janvier par les élus se poursuit et se consolide. Trois groupes de travail ont été élaborés en ce sens : santé-sécurité, économie et cadre de vie. « Plus d'une centaine de personnes ont participé à la dernière réunion. Les gens nous recontactent, on sent qu'ils sont déterminés et que les choses avancent, même si la mairie et l'agglomération n'en tiennent absolument pas compte. » Prochaine étape : la création d'une association d'ici avril. « On travaille sur les statuts, assure l'élue. L'idée, c'est que les habitants de Châlons et des cantons alentour s'emparent de ces questions. »
Le boulevard périphérique, invité mystère de la Rive gauche ce vendredi ?
Il se murmure ici et là que le boulevard périphérique sera abordé lors de la prochaine réunion de quartier organisée par la mairie de Châlons, ce vendredi 17 mars à partir de 19 h à la Rive gauche (médiathèque Gulliver). Et contrairement aux autres réunions, aucun sujet à l'ordre du jour n'est annoncé dans les communications municipales. « Les aménagements prévus sur l'îlot des Corallines seront le sujet principal de cette réunion, précise-t-on au cabinet du maire. Le boulevard s'invitera forcément aux échanges. » D'autant que les riverains qui souhaitent le voir aboutir ont bien l'intention de l'évoquer à cette occasion. Retransmission en direct sur la page Facebook « Châlons & son agglo ».
Une association pour porter la voix des riverains
lancées à la fin des années 90 avenue de Metz et porte Sainte-Croix pour obtenir la construction de la première tranche du périphérique. « L'action de masse, quoi qu'on en dise, reste celle qui fonctionne le mieux, souligne-t-il. On a bloqué la circulation, y compris les camions. Et ce qui était alors impossible est devenu possible. D'expérience, la présence des politiques locaux est indispensable dans ce genre de combat. Mais seuls, ils ne peuvent rien faire. Avec les citoyens, c'est autre chose. » Ce militant et ancien médecin s'investira sur le volet « santé » du dossier. Il voit également d'un œil sceptique l'installation des radars et du compteur de véhicules. « La vitesse est un élément de dangerosité, certes. On a régulièrement des camions lancés à 70 km/h dans l'avenue, avec un chargement de 50 tonnes. C'est surtout le nombre de passages qu'on doit réduire. Sauf à aménager des chicanes pour leur imposer le 10 km/h, le contournement est la seule solution. On a déjà vu des poids lourds percuter un piéton ou prendre feu sur la pénétrante. Que fautil de plus ? » Le collectif n'exclut pas de mener des actions significatives dans les semaines à venir.
L'un d'entre eux, Jean-Michel Korach, a cofondé et présidé l'Association pour la protection des riverains de la pénétrante, dissoute en 2006. Il se souvient des manifestations
Sonia Legendre