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Raphaël Enthoven parle « démocratie » avec les lycéens de Bayen
Deux heures durant, les lycéens de Bayen ont pu échanger avec l'écrivain et agrégé de philosophie Raphaël Enthoven, tout en croisant les regards de plusieurs penseurs sur la liberté et la démocratie. Ou comment éclairer la réflexion des jeunes acteurs de la société.
S'il crée régulièrement la polémique avec ses prises de position, l'écrivain et éditorialiste Raphaël Enthoven possède aussi, parce qu'il l'a enseignée, un talent certain pour vulgariser la philosophie. Invité au lycée PierreBayen par Xavier Desbrosse, professeur d'histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques, il a décrypté, devant près d'une centaine de jeunes, les visions de différents penseurs tels Alexis de Tocqueville, Albert Camus ou JeanPaul Sartre. Deux heures durant lesquelles il a été question de liberté d'expression, de démocratie, de justice sociale, autant de sujets débattus à l'époque et toujours - sinon plus - d'actualité.
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Au chapitre des réseaux sociaux, Raphaël Enthoven, dont le compte Twitter est suivi par quelque 242 000 personnes, a rappelé la dure réalité de ces places publiques, aussi virtuelles soient-elles.
« Les réseaux sont devenus une arme pour disqualifier votre pensée et la réduire à votre iden-
C INÉ - DÉBAT tité, votre appartenance religieuse, votre orientation sexuelle, etc. C'est là toute la violence de ces effets de meute : nos idées ne se réduisent pas à ce que nous sommes ! » Quant à la notion de blasphème, il est catégorique : « Ce mot n'existe pas en droit français. Vivre en république, c'est avoir le droit de se moquer de la religion. Mais si vous commettez un blasphème en ligne, vous allez vous faire massacrer par des gens qui auront, en vous attaquant, l'impression de défendre le respect. Cabu en est mort. Beaucoup lui ont reproché d'être irrespectueux. Il était insolent, pas irrespectueux ! Il n'avait pas l'intention de se taire, mais il aimait les gens. »
L'Adamant, une autre idée de la psychiatrie
Connu pour l'approche immersive et la justesse de ses travaux, le réalisateur Nicolas Philibert avait obtenu, en 2003, le César du meilleur montage avec le documentaire « Être et avoir ». Son nouvel opus, « Sur l'Adamant », est déjà couronné de l'Ours d'Or du dernier festival de Berlin, chose assez rare pour un documentaire. Fruit d'un tournage de sept mois à bord de cette péniche amarrée au cœur de Paris, un centre psychiatrique de jour, il lève le voile sur les soignants et les soignés qui y partagent leur quotidien. L'Adamant s'impose comme un lieu à part, unique en son genre, où l'on aborde différemment les troubles psychiques - de la dépression à la bipolarité, en passant par la schizophrénie ou la psychose - dont souffrent les patients adultes accueillis. Et où les arts, dans toute leur splendeur, sont autant de passerelles pour (re)tisser des liens humains, loin des préjugés. Certains, même, qui ont pu remonter la pente grâce à cette aventure collective, accompagnent à leur tour les résidents. Preuve, s'il en était besoin, que d'autres formes de psychiatrie existent pour prendre soin des patients. Ce documentaire fera l'objet d'une rencontre à Châlons,
Autre exemple choisi par l'essayiste pour illustrer les cheminements des auteurs d'antan : l'interdiction pour les joueurs de porter le brassard arc-enciel, en soutien à la communauté LGBT, lors du mondial de football au Qatar. « Renier les valeurs de la France et se voir imposer celles d'un autre pays, ce n'est pas respectueux. Si l'on tolère le port de la burqa dans les rues de Paris, on devrait aussi tolérer le port du string dans les rues de Téhéran. Ce n'est pas le cas. Le génie de Tocqueville, c'est justement de montrer que la liberté n'est jamais acquise. » Puis d'évoquer non pas l'idéologie et la dictature comme les pires ennemies de la démocratie, mais plutôt l'inaction et
É VÉNEMENTS l'indifférence. « Le renoncement, par peur d'avoir des ennuis ou pire, de perdre la vie, à investir l'agora pour dire ce qu'on a à dire, reste un véritable danger. La liberté est une œuvre collective. La conquérir est une chose, la maintenir, est plus difficile. »
La séquence de « questions-réponses » préparée par les lycéens s'est attardée sur le vote blanc, les élections en Turquie, la désobéissance citoyenne, etc. Et les Gilets jaunes n'ont pas été épargnés. « Il y avait de tout dans ce mouvement, dixit Raphaël Enthoven. Ils se sont révoltés, mais uniquement en disant « non ». Il n'ont pas su porter un projet. » Il pointe également du doigt « les gens qui hurlent à la dictature lorsqu'on se sert du 49-3, mais que Poutine ne dérange pas trop... » Le camp des pro-Macron a dû se frotter les mains.
Sonia Legendre
Morceaux choisis l « Platon a inventé Le seigneur des anneaux », en référence au personnage de Gygès. l « Les gens s'engueulent en démocratie, mais ils se parlent ! Faut-il vouloir à tout prix apaiser les choses et sortir du débat ? ». l « Je ne suis pas sûr qu'on fasse de la politique avec de la morale. On n'a pas besoin d'éthique, il existe la loi. Le meilleur antidote à la corruption, à mon sens, c'est le droit. ».
Boxe thaï et escrime, combo gagnant au Capitole
En février, la ville de Châlons décidait de créer des créneaux d'occupation au Capitole consacrés aux associations locales. La mesure commence à porter ses fruits puisque des compétitions sportives d'ampleur, organisées par lesdites associations, rejoignent la programmation de cette salle. Début juin, environ 700 escrimeurs participeront au championnat de France, parmi lesquels
Pour la première fois, le gala international de boxe thaï s'installera au Capitole. © Manu Da Luz
Romain Cannone, champion du monde d'épée 2022, ou encore la sabreuse Manon Brunet, médaille de bronze aux Jeux olympiques d'été 2020. Le Cercle d'escrime de Châlons engagera cinq de ses équipes, toutes catégories confondues. Dans un autre registre, le club Ataboxe chapeautera le gala international de muay-thaï (ou boxe thaï) pour la première fois au Capitole. « On l'organisait au gymnase Cabot ou à Coubertin jusqu'ici, rappelle le président et entraîneur Alain Tillot. C'est l'endroit idéal, mais c'est aussi un pari financier car le budget n'est pas le même. Ce gala est un véritable show, avec des lasers, des lance-flammes, des écrans géants, des speakers spécialistes des sports de combats, etc. » Environ 2 500 spectateurs sont attendus et plusieurs compétitions seront disputées sur le ring : le championnat du monde junior, le championnat d'Europe professionnel, des challenges nationaux et internationaux et la finale du championnat de France semi-pro. Parmi les têtes d'affiche annoncées : l'Irlandais Garrett Smylie, les rémois Zohir Remidi et Madhyson Klatt (championne de France cadette), ainsi qu'Olivia Varga de la team Ataboxe, championne de France junior à plusieurs reprises mais également d'Europe et du monde. Du lourd !
4 Championnat de France d'escrime, samedi 3 et dimanche 4 juin de 8 h 30 à 18 h (accès libre) Gala international de boxe thaï, samedi 1er juillet à partir de 19 h (tarifs : 22 € en prévente, 30 € sur place) - Infos : lecapitole-en-champagne.fr.