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Charles de Courson remet ça
Déjà très en vue, en mars dernier, lors de la motion de censure présentée contre le gouvernement au nom de son groupe parlementaire Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires), le député de la 5e circonscription de la Marne a encore fait parler de lui. Charles de Courson était cette semaine dans tous les médias pour faire la promotion de la proposition de loi déposée par son groupe visant à abroger le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. L’article 1er sur la mesure d’âge a beau avoir été torpillé par la majorité après cinq heures de discussions houleuses en commission des affaires sociales, le député marnais a promis qu’il redéposerait un amendement pour le rétablir. Une nouvelle journée de mobilisation intersyndicale est prévue mardi 6 juin, deux jours avant la possible discussion de la proposition de Charles de Courson dans l'Hémicycle.
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En politique, c’est ce qu’on appelle un recadrage. Dimanche dernier, lors d’un entretien donné sur Radio J, Elisabeth Borne a rappelé que le Rassemblement national était « l’héritier de Pétain », considérant le parti lepéniste comme porteur d’une « idéologie dangereuse ». Deux jours plus tard, à l'issue du Conseil des ministres, une pique d’Emmanuel Macron fuitait : « Le combat contre l'extrême droite ne passe plus par des arguments moraux et des mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus. On n’arrivera pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour elle (Marine Le Pen) que ce sont des fascistes. » Au-delà du énième recadrage du président envers sa cheffe de gouvernement, le propos fait le jeu de la fameuse dédiabolisation, à l’œuvre depuis que Jean-Marie Le Pen s’est invité dans le salon de millions de Français, lors de son passage à « L’Heure de vérité », en 1984. À l’époque, François Mitterrand avait ordonné à Antenne 2 d’accéder à la requête de l’ancien tortionnaire de la guerre d’Algérie, qui réclamait plus de visibilité médiatique alors que sa formation était ignorée, honnie. Ce parti, cofondé par Pierre Bousquet, Waffen-SS au sein de la Division Charlemagne à partir de 1943, a, dès ses origines, cherché à agréger la nébuleuse d’ultradroite : d'anciens nazis comme son fondateur, des néofascistes d’Ordre nouveau, des nostalgiques de l’OAS et de l’Algérie française ou encore des royalistes désireux d’abattre la République. Ne jamais oublier d’où l’on vient… Marine Le Pen a beau avoir changé le nom de sa formation, elle en a conservé les racines : « préférence nationale » rebaptisée « priorité nationale », valorisation du droit du sang pour une vision biologique de la nation, politique anti-immigration résumée aux « eux » contre « nous », promotion de la théorie raciste du grand remplacement… Emmanuel Macron a raison lorsqu’il dit que les 13 millions d’électeurs de Marine Le Pen ne sont pas tous des fascistes et que les arguments moraux ne suffisent plus. Il est parvenu à battre Marine Le Pen deux fois, dont acte. Mais quelle société va-t-il laisser après deux quinquennats marqués par des cadeaux aux plus riches, une surdité aux revendications populaires, un affaissement du pouvoir du Parlement, une confusion entretenue entre la gauche et l’extrême droite, et, en définitive, une montée du vote RN ? S’il convient de déconstruire l’extrême droite sur son discours très flou en matière d’économie, de social, d’environnement, de relations internationales, bref tout ce qui n’a pas trait à l’identité, l’immigration et la sécurité, il faut aussi appeler un chat, un chat. Bien nommer les choses, c’est ajouter de la clarté au monde. En désapprouvant Elisabeth Borne, Emmanuel Macron dit soit qu’il faut arrêter de dénoncer l’extrême droite pour ce qu’elle est vraiment, soit qu’il ne partage pas son analyse. Deux perspectives troublantes.
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