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Le refuge de Fagnières souffle ses 50 bougies ce week-end

À l'occasion de son anniversaire, le refuge de Fagnières accueille le grand public et prévoit plusieurs animations ce week-end. Zoom sur cet établissement créé il y a un demi-siècle pour prendre soin des animaux errants, abandonnés et maltraités.

Eté 1973. Un groupe d'amies châlonnaises, amoureuses des bêtes, décide de fonder ce qui, au commencement, aurait dû être une maison de retraite pour les chiens. Un terrain en friche est mis à leur disposition par la municipalité. Le lieu se construit et s'ouvre rapidement à tous les animaux dans le besoin, avec l'arrivée d'une fourrière dans les années 80, puis d'une pension canine vers 1990. Et le refuge Charlotte Even – du nom d'une de ses instigatrices – fut. Son gardien historique, Denis Lalouette, profite désormais d'une retraite bien méritée. L'équipe de neuf salariés qui œuvre sur place, elle, ne chôme pas. « On peut aussi compter sur l'aide d'une cinquantaine de bénévoles, salue Luc Dehaudt, nommé directeur de l'Association châlonnaise de protection animale (ACPA) en 2021

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On en cherche tout le temps, pour différentes missions : l'entretien, les collectes de croquettes, les opérations « emballages-cadeaux », nos portes ouvertes, etc. » Pour faire partie de l'aventure depuis 15 ans, Luc Dehaudt connaît les pires facettes de l'humain vis-à-vis des animaux. « On voit des gens les abandonner sans aucun scrupule et on en récupère certains dans des états que la morale réprouve. Je pense par exemple à une chienne dogue allemand qui vivait sous une cage d'escalier. Elle pesait 15 kg alors qu'elle était adulte, contre 45 kg en moyenne pour cette race. Il a fallu huit mois pour la remettre en forme. Elle est partie d'une crise cardiaque, mais elle aura vécu heureuse deux ans dans sa famille d'adoption, loin de cet enfer. »

Dans la série des « insolites », le refuge s'est déjà vu accueillir des tortues d'eau géantes, un singe

Au programme ce week-end qui s'était échappé d'une ménagerie ou encore un mouton trouvé errant par des pompiers. « On l'a baptisé « Pin-Pon ». Il a ensuite été confié à la ferme pédagogique du foyer Burnay. Il y a deux ans, la police municipale nous a apporté une femelle serval. Cette espèce protégée de félins vit en Afrique, mais elle est victime de trafics. Elle était magnifique... et sauvage ! La seule chose qu'elle voulait bien manger, c'était une caille, tous les jours. Elle a rejoint le zoo de Beauval et depuis peu, les Pays-bas. »

De plus en plus, les animaux pris en charge sont malades, catégorisés, de très grande taille ou âgés. « Quand on veut s'en débarrasser, on leur trouve tous les défauts, déplore le directeur. La bonne nouvelle, c'est qu'on vient d'être agréé par la fondation 30 millions d'amis pour son programme national dédié aux « doyens ». Les adoptants de chiens de dix ans et plus pourront ainsi bénéficier d'une aide allant jusqu'à 600 € pour financer les frais

Les portes ouvertes du refuge pour célébrer son 50e anniversaire s'accompagneront d'une exposition de photos anciennes retraçant son histoire depuis sa création à aujourd'hui et de stands en tout genre : brocante, objets artisanaux, goodies, buvette et petite restauration, etc. Les visiteurs pourront tenter de remporter l'un des nombreux lots en jeu grâce à une tombola et des enveloppes cadeaux : entrées pour le cinéma, la discothèque et plusieurs parcs d’attraction, bouteilles de champagne, matériel informatique, etc. Rendez-vous samedi 3 juin de 14 h à 18 h et dimanche 4 juin de 10 h à 18 h (chemin du Platier à Fagnières).

Infos : 03 26 70 54 70, contact@refuge-acpa.fr.

Le refuge Charlotte Even en chiffres vétérinaires ou la nourriture spécifique à des pathologies. » Ces quinze dernières années, les courbes se sont inversées et le nombre de chats recueillis dépasse de loin celui des chiens.

- 9 salariés et une cinquantaine de bénévoles.

- 57 boxes pour la partie refuge et 23 pour la fourrière, 2 chatteries et 6 parcs de détente pour les chiens.

- 107 communes autour de Châlons font appel au service de fourrière (l'équivalent d'environ 110 000 habitants).

- 129 chats et 48 chiens sur place actuellement (refuge et fourrière confondus).

- 412 animaux accueillis par l'équipe en 2022, dont 274 chats et 138 chiens.

- 47 chiens et 14 chats ont retrouvé leurs propriétaires grâce à leur identification l'an passé.

- 241 adoptions (91 chiens et 150 chats) en 2022, soit une augmentation de 15 % comparé à 2021.

- 81 % de femmes parmi les adhérents à l'ACPA.

« Quand on avait 20 chats simultanément à l'époque, c'était beaucoup. Ils sont actuellement 129 au refuge. On est monté jusqu'à 160 l'an passé ! » Pourtant obligatoire depuis 2012, l'identification n'est clairement pas entrée dans les mœurs. Et sans elle, difficile de retrouver les propriétaires... « Sur 238 chats errants arrivés chez nous par le biais de la fourrière en 2022, seuls 14 ont pu être récupérés par leurs familles. » Au fil du temps, des aménagements ont permis d'optimiser les lieux. Plusieurs boxes disposent d'un système de chauffage pour les chiens les plus fragiles et l'ancienne maison du gardien se dote dorénavant de 21 boxes sanitaires dédiés aux chats. « On est aussi en train de créer une nurserie pour les chatons grâce au plan France Relance. On doit régulièrement les biberonner lorsqu'ils sont sans leurs mères. On développe le modèle de familles d'accueil pour prendre soin des chats jusqu'à leur adoption. » L'année dernière, 241 animaux ont trouvé un nouveau foyer. Mais parfois, les procédure judiciaires dont font l'objet leurs maîtres retardent leur adoption. Rover par exemple, un malinois croisé berger allemand, vit au refuge depuis plus de deux ans. Il attend toujours que la justice statue sur son sort.

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