3 minute read

Comment la profession tente d'économiser l'eau

Dans un contexte de sécheresse récurrente, les acteurs champenois sont, eux aussi, invités à être moins gourmands en eau.

Exemple avec la coopérative de Sermiers, dont les travaux menés en 2017 ont intégré cette donnée.

Advertisement

Cinq bassins hydrologiques de la Marne sont passés en seuil d’alerte, ce qui a poussé la préfecture à prendre tout récemment des mesures de restrictions sur l’usage de l’eau. D’année en année, la ressource devient de plus en plus rare et précieuse et les particuliers comme les professionnels sont incités à plus de vigilance.

À la coopérative viticole de Sermiers, qui regroupe 125 adhérents pour 115 hectares de vignes, le sujet a été intégré lors du grand chantier qui a été mené en 2017 et 2018. « Le quai de réception, l’atelier de pressurage et les bureaux ont été repris, soit les plus gros travaux de l’histoire de la coopérative. Ça a coûté 4,5 M€, ce qui n’est pas négligeable pour une structure comme la nôtre », a expliqué Vincent Jourdan, président de la coopérative, lorsqu'il a reçu, mercredi, la préfète du Grand Est, Josiane Chevalier, et son homologue marnais, Henri Prévost. Ces travaux ont permis certains aménagements discrets, mais qui font la différence en matière de consommation d’eau, laquelle est essentiellement utilisée pour le nettoyage. Sur les quais de réception, le sol, auparavant en ciment, a été remplacé par une résine, à l’entretien bien plus aisé. Au moment de la vendange, quand le jus de raisin colle un peu partout, une autolaveuse et une laveuse de caisses en circuit fermé tournent à plein régime.

« C'est bien plus économe que des tuyaux d'arrosage », affirme Tristan Leroy, responsable production. Dans la salle de pressurage, l’orientation des caniveaux a été pensée pour éviter les eaux stagnantes et les aignes (matières solides) sont récoltées dans un réceptacle non encastré, contrai- nées et ça donne ces prévisions : 314 millions de bouteilles pour 2023 et 315 millions pour les trois suivantes, détaille le patron de l’UMC. Ça peut paraître modeste, mais il y a une conjoncture économique assez incertaine. Maintenir les volumes paraît être un bon objectif. » Et Maxime Toubart de résumer : « On se doutait qu’il y aurait cette baisse, car il y a un ralentissement global de la consommation. La période post-covid était excessivement euphorique, on va vers un retour à une situation plus normale. » Une situation « normale » qui ne devrait pas empêcher l’interprofession de battre un nouveau record en matière de chiffre d’affaires, en 2023.

Simon Ksiazenicki

La plafond de la réserve à 10 000 kg/ha

La Champagne bénéficie d’un système unique, appelé réserve interprofessionnelle, qui autorise les vignerons et maisons à mettre de côté des vins en cas de mauvaise vendange future. Un cas qui s’est présenté pour de nombreux opérateurs, il y a deux ans. Pour la vendange 2023, le plafond de la réserve a été relevé, passant de 8 000 à 10 000 kg/ha, « pour une résilience solide face aux années futures et aux défis climatiques », a expliqué Maxime Toubart, président du SGV. « Ça ne sort pas du chapeau parce que la vendange s’annonce belle, précise David Chatillon, son homologue de l’UMC. C’est le fruit d’un travail interprofessionnel qui a duré tout l’hiver et a abouti à un consensus. L’objectif est de se donner les moyens d’atteindre chaque année le rendement fixé par l’interprofession afin d’assurer l’équilibre des marchés. » rement à ce qui se fait habituellement en Champagne. « On est allé à l’encontre de notre architecte, mais ça fait gagner du temps et de l’eau au nettoyage », assure Vincent Jourdan. En cuverie, le choix de l'inox facilite aussi le lavage qui s’effectue à l’aide de pistolets, fixés sur les points d’eau.

Quelques détails, parmi d’autres, qui ont permis à la coopérative d’obtenir la certification ISO 22000, relative à la sécurité des denrées alimentaires, et de viser, d’ici la fin de l’année, un nouveau label en matière de maîtrise de l’énergie.

« L’intérêt, explique l’ingénieur et œnologue Tristan Leroy, c’est de s’implanter dans le contexte actuel de maîtrise de l’eau et des énergies. » « Au fil des années, on a basculé d'une activité agricole premium à quelque chose de plus rationnel en matière de pratiques, estime le président de la coopérative. La certification nous a conduits à aller encore plus loin dans le management du personnel, en changeant simplement de petites habitudes. »

Difficile, en revanche, de savoir l’effet concret sur les consommations d’eau. « Entre une vendange à 6 000 hectolitres comme en 2021 et une à 12 000 en 2022, c’est difficile de quantifier », conclut Vincent Jourdan.

This article is from: