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Daniel Auteuil, d’acteur à chanteur
Interview - Daniel Auteuil « J'ai eu envie de chanter mes émotions »
Le célèbre comédien aux deux César présentera, sur les planches du théâtre Gabrielle-Dorziat d'Épernay, son premier spectacle musical, « Déjeuner en l'air ». D'Arles, où Daniel Auteuil réside, l'acteur nous raconte comment il s'est transformé en chanteur.
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Racontez-nous la genèse de ce spectacle musical, « Déjeuner en l’air »…
Il y a trois ou quatre ans, j’ai retrouvé tout à fait par hasard un recueil de poèmes de Paul-Jean Toulet que ma mère m’avait dédicacé. « Pour Dany, mon fils chéri », avait-elle écrit, il y a très longtemps. Je ne l’avais jamais lu. En découvrant ces poèmes et en redécouvrant cet auteur que je connaissais à peine, j’ai eu envie de chanter mes émotions au lieu de les dire. Au fond, la poésie est souvent mise en musique : Léo Ferret et Jean Ferrat ont chanté Apollinaire, Aragon ou Baudelaire. C’est d’ailleurs par cette forme-là que j’ai été initié à la poésie, par la chanson. Après tout ce temps, c’était là, en moi.
Vous aviez déjà sorti deux 45 tours en 1985. Avez-vous toujours rêvé d’être chanteur ?
Je suis né dans ce milieu-là, mes parents étaient chanteurs d’opéra, à chaque fois qu’il fallait un enfant pour chanter, on me choisissait. Quand j’étais jeune acteur, j’ai aussi fait des comédies musicales. Mais avec ce spectacle, je me suis plus mis à la musique qu’à la chanson. Je n’aurais pas fait un disque si quelqu’un m’avait apporté des chansons écrites, je n’aurais pas été légitime. Le fait que ce soit mes textes et mes musiques et l’opportunité de faire découvrir un auteur peu connu, tout ça m’a porté. Je suis quelqu’un qui, dans la limite de ses possibilités, met en pratique ses rêves.
Daniel Auteuil ouvre la saison du Salmanazar en chanson avec « Déjeuner en l’air ». © Stéphane Kerrad
Comment avez-vous écrit ce spectacle ? Quel a été l’accueil jusqu’ici ?
Ces dernières années, sur les tournages, entre deux prises, j’écrivais des textes. Un, puis deux, puis une vingtaine et tout à coup, j’ai eu envie d’en faire un spectacle. Au départ, c’était un exercice personnel et puis, j’ai mêlé mes propres écrits à ceux de Paul-Jean Toulet, d’Apollinaire, de Victor Hugo, de Musset pour raconter quelque chose qui mêle mon histoire personnelle à celle de ces auteurs. Un jour, j’ai eu le culot de le présenter sur scène. C’était il y a 2 ans et tout a été stoppé par le covid…
Je l’ai présenté en juillet dernier, aux Francofolies, et l’accueil a été très bon. Cette tournée aurait dû avoir lieu l’an dernier, mais voilà, la première a lieu cette année. Il y aura d’autres versions. Je vais me promener en « Je suis né dans le milieu de la chanson » France et ce qui est bien avec ce spectacle, c’est qu’il est évolutif. Tant que ça plaira et tant que ça me plaira, je me baladerai avec.
Quel regard portez-vous sur l’avenir du cinéma ?
musiques, théâtre et patrimoine dans la Marne
• samedi 9 octobre 16h • Blancs-Coteaux, Salle Wogner
THÉÂTRE DE MARIONNETTES
tout public à partir de 6 ans
La Ferme des animaux
Cie Pipasol Après avoir chassé le fermier, les animaux de la ferme réorganisent le quotidien dans l’espoir d’une vie meilleure. L’utopie du partage semble alors possible dans cette ferme. Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.
• dimanche 10 octobre 11h et 16h • Fagnières, Maison de la Chasse et de la Nature
THÉÂTRE DE MARIONNETTES
tout public à partir de 3 ans
Vous Voulez rire ? Cie Les Frères Duchoc
Et si chaque espèce pouvait plaider sa cause ? De l’asticot au loup, en passant par l’homme, le constat est sans appel : l’herbe semble décidément toujours plus verte dans le pré du voisin ! Un spectacle de marionnettes qui nous embarque avec humour à la recherche du bonheur.
Comment avez-vous vécu le début de la pandémie ?
C’est peut-être à cause de mon caractère dramatique, mais il y avait une espèce de sentiment de se dire que peut-être plus jamais nous ne pourrions revivre comme avant. Rappelez-vous, au départ, on n’avait aucune perspective ! C’est assez rare d’être confronté à cela quand on a une vie à peu près normale et heureuse. Professionnellement, j’ai attendu que ça se passe, tout en travaillant chez moi, à écrire des textes, des musiques. J’étais avec ma famille, j’étais bien. J’ai redécouvert des priorités, au fond, comme beaucoup de personnes, je pense. Le cinéma continuera à vivre, car on aura toujours besoin et envie d’aller ensemble dans une salle, de rire ou de pleurer coude à coude, de voir sur grand écran la vision de metteurs en scène talentueux. Pour nous, les acteurs, quoi qu’il arrive, il y aura toujours du travail, car il faut nourrir les chaines et les plateformes. J’ai récemment fait un téléfilm qui s’appelle « Le Mensonge », diffusé sur France 2, et il n’y avait pas de différence avec le cinéma. On exerce notre métier avec des gens compétents, c’est juste le format qui change. Pour vivre, il faut s’adapter.
Faire ce spectacle musical, est-ce un nouveau défi après votre riche carrière cinématographique ?
Comment a été composée la partie musicale de votre spectacle ?
Le fait que ce spectacle soit devenu très abouti, c’est ma rencontre, par hasard, avec Gaëtan Roussel. Je lui ai montré une première version filmée, à deux guitares, et je lui ai ensuite demandé qu’il fasse les orchestrations, ce qui a donné la version sur scène actuelle avec un guitariste et un pianiste. Malheureusement, quand j’ai senti que le spectacle était prêt, on a été arrêté par le covid. Comme une frustration, j’ai demandé à en faire un album (« Si vous m'aviez connu »), ce qui fait qu’on a fait un peu les choses à l’envers, le disque est sorti avant le spectacle, la version filmée est née avant d’être jouée en public. Au départ, mon désir était de promener ce spectacle en France et je suis ravi de pouvoir enfin le faire et de revoir des gens dans des fauteuils, comme ce sera le cas à Épernay.
J’ai fait du théâtre toute ma vie, je jouais encore « Le Malade imaginaire » récemment (à partir de 2019, dont il est également le metteur en scène), je n’ai jamais arrêté de côtoyer les planches. C’est cette rencontre avec un Il reste des places ! auteur qui m’a donné envie d’écrire ces textes. C’est ce que j’avais déjà envie de faire étant jeune homme. Ce qui est nouveau, c'est la musique. Je ne sais pas si c’était un rêve de chanter, en tout cas, c’est un rêve de le vivre.
Propos recueillis par Simon Ksiazenicki
4 « Déjeuner en l'air », dimanche 10 octobre, à 17 h, théâtre Gabrielle-Dorziat, place MendèsFrance, Épernay. Durée : 1 h 30. Tarifs : 14 à 36 €. Place encore disponible au 03 26 51 15 99. Infos : lesalmanazar.fr