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La Maison des musiciens dévoilée
Patrimoine 100 ans après, la Maison des musiciens renaît
Détruite lors de la Première Guerre mondiale, la Maison des musiciens a, en partie, été reconstruite. Depuis mercredi, Rémois et touristes peuvent désormais admirer la reconstitution de sa façade ornée de sa célèbre statuaire.
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C'est un rêve qui se réalise. » Les mots de Pierre-Emmanuel Taittinger, président d'honneur de la maison de champagne éponyme, raisonnent devant un parterre de personnalités rémoises, venues en nombre, ce mercredi 21 juillet, pour assister au dévoilement de la façade de la Maison des musiciens. Il faut dire que l'évé-
Le dévoilement de la façade s'est déroulé mercredi en présence de nombreuses personnalités. © l'Hebdo du Vendredi
nement est de taille. Après six ans d'un travail acharné, cet ensemble architectural remarquable du Moyen Âge a de nouveau pignon sur rue, à l'exact emplacement où il fut bâti il y a près de 800 ans, juste à côté de la Demeure des comtes de Champagne, rue de Tambour. « Au départ, ce projet était un engagement de mon grand-père, Pierre, quand il a racheté la demeure des Comtes de Champagne, raconte Pierre-Emmanuel Taittinger. Puis c'est devenu un peu une arlésienne, jusqu'à ce que je fasse la promesse de le faire à mon tour à mon père, Jean (ancien ministre d'Etat et ancien député-maire de Reims), comme je l'avais fait pour le monument aux héros de l'Armée noire qui était aussi cher à son cœur. » Effacé de la carte de la ville par les affres de la guerre, comme nombre de monuments rémois, la Maison des musiciens n'était plus qu'un souvenir immortalisé dans les livres et dont ils ne subsistaient que la statuaire, meurtrie, mais sauvée en 1917 du désastre, que l'ont peut admirer au musée Saint-Remi. Désormais, la façade ornée de magnifiques copies de sa célèbre statuaire illumine donc de nouveau la petite rue de Tambour. « Au Moyen Âge, la rue de Tambour était l'une des principales artères de la ville, raconte l'historien Patrick Demouy. Ceux qui avaient réussi se devaient d'y avoir pignon sur rue, comme un symbole de réussite. » La Maison des musiciens en est un exemple remarquable. « Il y a quatre musiciens, un joueur de flûte et tambourin, un joueur de chevrette, un joueur de harpe et un joueur de vielle, avec au centre l'auditeur, qui symbolise le propriétaire des lieux et son attrait pour la musique, détaille l'historien rémois. Cette statuaire illustre sa vie courtoise, affirmant son appartenance à l'élite de la ville bien que n'étant pas noble. Disons qu'il était juste un peu snob. » A l'époque, déjà, le monument impressionne, « car les éléments composant sa fa-
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Rue de Tambour, la reconstitution de cette façade datant du Moyen Âge est désormais visible de tous. © l'Hebdo du Vendredi
çade ne se trouvaient nulle part ailleurs, sauf sur certains grands édifices religieux. » Lors de sa construction, un autre chantier, d'une tout autre ampleur, bat en son plein, celui de la cathédrale. « Elle possède aussi ses musiciens, représentés sur ses vitraux et dans sa statuaire. Certaines possèdent même des traits très semblables à celle de la Maison des musiciens, si bien qu'il est fort probable que des sculpteurs aient pu œuvrer sur les deux monuments. » Cette reconstruction de l'une des plus belles façades de Reims a été rendue possible grâce au travail réalisé par l'association Renaissance de la Maison des musiciens, créée par Pierre-Emmanuel Taittinger. Portée par Jacques Douadi, son président, Patrick Demouy, son vice-président, et Christianne Willemin, sa trésorière, elle a su convaincre tous les amoureux du patrimoine rémois de participer à cette aventure unique au coût de plus d'un million d'euros, financé principalement par des mécènes, mais aussi le soutien des collectivités publiques.
Julien debant
4 Infos : maisondesmusiciensdereims.com
Reims au chevet du maréchal Drouet d'Erlon
Personnage historique de la cité des sacres, Jean-Baptiste Drouet d'Erlon (1765-1844) a donné son nom à la plus grande place de la ville et a été immortalisé en 1849 par une statue colossale à son effigie qui trône aujourd'hui à l’angle des boulevards Victor-Hugo et Henry-Vasnier. A l'origine, elle était située du côté de la place d'Erlon, qu'on appelait alors place de la Couture, avant d'être déplacée en 1903 pour ne pas nuire à la perspective de la nouvelle fontaine Subé. Touché de longue date par les vicissitudes du temps et les événements historiques, ce colosse de bronze de 5 mètres, posé sur son piédestal d'une hauteur quasi identique, est actuellement en cours de restauration. Le travail a débuté le 15 juin dernier et doit durer jusqu'à la fin août. Sur le chantier, deux équipes distinctes s'attèlent, l'une sur le piédestal en pierre signé Narcisse Brunette, l'autre sur la statue réalisée par Louis Rochet. « Le chantier, qui a en fait commencé il y a deux ans par le diagnostic, se déroule en plusieurs grandes étapes, explique Jean-Christophe Stienne, des services de la ville de Reims. Il faut d'abord nettoyer le monument : le piédestal et la statue, via la technique de micro-gommage, afin d'enlever les saletés et notamment les traces de pollution, puis restaurer ce qui a été abimé, avant de patiner la partie en bronze, puis de terminer par la pose d'une couche de protection. »
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Touché par le temps et la pollution, le monument dédié au maréchal Drouet d'Erlon est actuellement en cours de restauration. © l'Hebdo du Vendredi
La cure de jouvence était, semble-t-il, très attendue par nombre d'amoureux de Reims et son histoire « La statue était en très mauvais état et j'étais souvent interpelé à ce sujet afin que la collectivité fasse quelque chose », raconte Catherine Coutant, conseillère municipale déléguée au Patrimoine rémois. « Ce bel engouement de la population », dixit l'élue, s'est traduit par une forte participation des mécènes dans cette opération au coût global de 120 000 €. Débutée en novembre dernier et toujours ouverte, la campagne de mécénat contribue à ce total à hauteur de 45 691 €, grâce aux dons de 57 particuliers, principalement via le concours de la Fondation du patrimoine. A cela s'ajoute 6 500 € versés par les entreprises rémoises Frey et Baussart Consultants et 28 132 € donnés par l'Etat, au titre de la dotation de soutien à l'investissement local. Les 40 000 € restants étant à la charge de la ville de Reims.
J.D
Qui était Jean-Baptiste Drouet d'Erlon ?
Natif de Reims, Jean-Baptiste Drouet d'Erlon, plus connu sous le nom de Maréchal Drouet d'Erlon, s'est illustré par ses hauts faits militaires, lors des guerres napoléoniennes. Fils d'un charpentier, ce serrurier de formation s'engage dans l'armée à l'âge de 17 ans. Participant aux plus grandes batailles napoléoniennes, comme Austerlitz ou Iéna. Promu comte d’Erlon sous l’Empire, il est élevé au rang de maréchal de France par Louis- Philippe bien plus tard, en 1843. Entre-temps, ce fidèle de Bonaparte a dû s'exiler après la défaite de Waterloo, trouvant refuge durant 10 ans à Bayreuth près de Munich, où il établit une brasserie. Gracié lors du sacre de Charles X, il rentre en France en 1825 et retrouve de hautes responsabilités militaires cinq ans plus tard. Mort dans son lit, à Paris, à l'âge de 79 ans, il est inhumé au cimetière du Nord à Reims. Moins de deux mois plus tard, l'idée d'une souscription afin de financer une statue à son effigie est lancée. Elle est inaugurée en 1849, soit cinq années après son décès.