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Nathalie Arthaud, en meeting à Reims
Interview - Nathalie Arthaud « Contre Poutine, je ne marche pas dans l’union sacrée »
Candidate pour la troisième fois à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud sera en meeting à Reims, ce vendredi 4 mars. La porte-parole de Lutte ouvrière assume de ne choisir aucun camp dans la guerre en Ukraine.
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Entre la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, est-ce compliqué de faire campagne ?
C’est vrai que le débat est difficile et en même temps, la situation montre l’urgence qu’il y a pour les travailleurs et ceux qui subissent cette situation de se mêler absolument de politique. Si nous laissons nos dirigeants faire ce qu’ils veulent, nous avons droit à la guerre, la crise économique, la flambée des prix, les salaires de misère. Le monde du travail et tous ceux qui n’ont jamais leur voix au chapitre doivent s’exprimer aussi sur la marche de la société.
Comment se déroule votre campagne par rapport à 2017 ?
Elle n’est pas forcément différente, car nous menons avant tout une campagne militante de terrain, avec beaucoup de rencontres, de réunions publiques, de meetings, relayée par mes camarades dans les entreprises. Avec la guerre en Ukraine, l’inflation va encore bondir. Il va falloir se battre pour l’augmentation des salaires, des minima sociaux et des retraites, afin qu’ils soient indexés sur l’inflation. C’est une revendication qu’il faut avoir en tête sinon, on est condamné à s’appauvrir.
Nathalie Arthaud, ici lors de sa venue à Reims en 2017, donnera un meeting vendredi. © l'Hebdo du Vendredi
Votre discours trouve-t-il de l'écho ?
Ce que je vois, c’est qu’il y a des grèves dans beaucoup d’entreprises pour réclamer des augmentations de salaire. C’est encore localisé, il y a des négociations, c’est ce qui fait qu’il n’y a pas un rapport de force d’ampleur qui s’installe, mais ça montre que se battre pour les salaires est une nécessité. Car c’est un problème du quotidien, dès qu’on fait son plein d’essence, qu’on reçoit sa facture d’électricité, qu’on fait ses courses. Même s’il y a le bruit des bottes et que la menace de la guerre nous angoisse, ces problèmes-là sont aussi des situations d’urgence.
Quelle est votre position sur la guerre en Ukraine ?
Je condamne évidemment l’invasion de l’Ukraine par Poutine. Mais je ne fais pas partie de ceux qui disent que l’OTAN et l’impérialisme représentent la blanche colombe, qu’ils n'y sont pour rien dans cette guerre et qu’ils seraient une force de paix. Contre Poutine, je ne marche pas dans l’union sacrée derrière l’Europe, Macron ou Biden. Aujourd’hui, tous les va-t-en-guerre nous expliquent sur les plateaux télé qu’il faut livrer des armes aux Ukrainiens, mais qu’est-ce qu’ils disent au fond ? Battez-vous, allez mourir. Ils les mènent au bain de sang et pour quoi ? Pour que l’Ukraine bascule dans le giron des puissances impérialistes. On veut nous embrigader dans un camp pour soutenir une politique belliqueuse.
Vous ne faites donc pas de différence entre l'Occident et la Russie ?
Je ne me range ni dans un camp ni dans l’autre. Je condamne la bureaucratie russe qui est criminelle et persécute son peuple. Nous sommes trotskistes, nous avons toujours combattu le stalinisme, dont Poutine est l’héritier revendiqué. Nous n’avons aucune espèce de sympathie pour ce régime. Mais de l’autre côté, qu’est-ce que nous propose le camp impérialiste ? Des trusts capitalistes qui dominent le monde et qui affament les peuples. Si on veut en finir avec les guerres, il faut renverser cet ordre capitaliste mondial.
Pourquoi avez-vous refusé de rencontrer le Premier ministre pour échanger sur la guerre en Ukraine ?
C’était inutile. Je ne veux pas laisser croire une seconde qu’une quelconque solution peut venir du gouvernement français, de l’Europe ou des ÉtatsUnis. La solution viendra des peuples eux-mêmes. Des Russes qui sont prisonniers des décisions de Poutine et des Ukrainiens qui auront conscience que c’est une guerre fratricide dans laquelle Poutine et leur gouvernement veulent les faire s’entretuer. L’intérêt du chômeur, du travailleur, du retraité ukrainien, c'est que les armes se taisent. Ils ne doivent pas marcher dans la guerre, car c’est à l’opposé de leurs intérêts.
Propos recueillis par Simon Ksiazenicki
4 Réunion publique de Nathalie Arthaud, vendredi 4 mars, 20 h, Centre des congrès, Reims. Entrée libre.
Solidarité Reims s'organise pour l'Ukraine
Alors que la guerre en Ukraine suscite l'émotion à travers l'ensemble du monde, la ville de Reims assure dans un communiqué « être pleinement touchée par cette actualité dramatique ». Au lendemain du début des hostilités, le maire de Reims avait fait hisser le drapeau de l'Ukraine sur la place Simone-Veil, « pour montrer le soutien sans faille de Reims, ville symbole de la paix en Europe, au peuple ukrainien et à son gouvernement ». Après ce geste symbolique, la cité des sacres a annoncé, mercredi 2 mars, « son engagement pour aider concrètement et efficacement le peuple ukrainien ». Cela va tout d'abord se traduire par une aide financière exceptionnelle qui sera votée lors du prochain conseil municipal, programmé le 21 mars. Elle sera versée à destination de l’Ukraine, en lien avec le ministère des Affaires étrangères, pour accompagner les Ukrainiens qui sont touchés par le conflit. Concernant, la mobilisation citoyenne des Rémois, qui souhaitent apporter une aide matérielle aux réfugiés, la municipalité indique « qu'il est, à l’heure actuelle, très compliqué d’acheminer ces collectes, car les couloirs humanitaires sont coupés ». Elle invite donc à faire des dons matériels et financiers directement aux associations agréées qui sont présentes sur place, telles que la Croix-Rouge, le Haut-commissariat aux réfugiés, Médecins sans frontières ou encore la Fondation de France. En parallèle, la ville annonce que des discussions sont en cours avec l’ensemble des acteurs de la solidarité du territoire et en lien
La ville de Reims annonce notamment une aide financière en faveur du peuple ukrainien. © l'Hebdo du Vendredi
avec l’Etat afin d’organiser au mieux cet élan de solidarité et l’accueil des réfugiés arrivant sur Reims, sachant que dans le même temps, la collectivité recense les logements et places d’hébergement disponibles. D'ailleurs, les propriétaires privés qui souhaiteraient participer à cet élan de solidarité seront amenés à se faire connaître dans les jours qui viennent.
ENBREF Débat à Reims avec le député européen écologiste Benoît Biteau
Spécialiste des questions agricoles, Benoît Biteau est l'invité de la conférence-débat organisé par Le Pôle écologiste marnais avec Yannick Jadot, samedi 5 mars, à partir de 14 h 15, au bar Les Trois Brasseurs (place d'Erlon). Cette rencontre s'articulera autour de deux questions : « Comment accélérer la transition agricole ? » et « Comment concilier la préservation des espaces agricoles et naturels avec le déploiement des méthaniseurs et l’agri(photo)voltaïsme ? ». Entrée libre.
Le local départemental des Républicains vandalisé
Les faits se sont produits le vendredi 25 février. Le siège marnais du parti Les Républicains, situé à Châlons, s'est vu vandaliser et recouvrir d'inscriptions peu flatteuses, telles que « racistes », « homophobes » et « sexistes ». Ce jour-là, le comité de soutien à Valérie Pécresse, candidate à l'élection présidentielle, devait organiser une visioconférence de presse. L'événement a finalement été annulé au regard du conflit en Ukraine, déclaré la veille.