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Tous les feux sont au vert après la vendange
Si les vignerons champenois sont ravis de la récolte qui s'achève dans l'ensemble de l'appellation, les forces de l'ordre sont également satisfaites de la relative tranquillité de cette campagne 2022. La qualité des raisins a aidé.
Is sont nombreux à avoir déjà rangé les sécateurs et les seaux, tandis que d’autres terminaient, cette semaine, la récolte des dernières baies. À l’image des parcelles du champagne Berthelot-Piot, à Festigny, dans la Vallée de la Marne, où les derniers coups de sécateur ont été donnés mercredi. « On a démarré un peu plus tard pour avoir une qualité optimale et c’est une superbe vendange », se félicite Eddy, vigneron du même nom. « Cela faisait 15 ans qu’on n'avait pas eu une telle appellation, se réjouit une vigneronne de Mareuille-Port. On a fait 60 pressoirs alors qu’on n'en avait fait que 35 l’an passé. » Face aux ventes exceptionnelles de l’année 2021 et à la perspective d’une belle vendange, le Comité Champagne avait en effet fixé le rendement à 12 000 kg/ha, auquel s’ajoutaient jusqu’à 4 500 kg/ha pour remplir la réserve individuelle, stock de vins qui permet de compenser une année de récolte déficitaire. « L’an passé, on a bien tapé dans la réserve, mais cette année, il y a ce qu'il faut pour la recharger. » En effet, la vendange 2021 n’avait pas été un grand cru, gâchée par le gel, la pluie et le mildiou. Alors que le rendement avait été fixé à 10 000 kg à l’hectare, certains, dans cette même Vallée de la Marne, avaient peiné à « sortir » 1 000 kg… Tout le
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ÉNERGIES CHAMPAGNE
Vendange tranquille
Pour la première fois, un poste de commandement mobile a été déployé par la gendarmerie pendant les vendanges. © l'Hebdo du Vendredi
contraire, donc, de la campagne qui vient de s’achever. Si les vignerons sont satisfaits, les services de l’État le sont aussi. « En matière d’ordre public, ces vendanges sont plutôt sereines. Il y a eu moins de problèmes que l’an passé, car la qualité et la quantité sont là, se félicite la sous-préfète d’Épernay, Emmanuelle Guénot. On ne peut pas nier quelques soucis ponctuels, mais ç’a été bien géré et il n’y a pas eu de débordement alors que plus de 100 000 saisonniers ont été accueillis. » Le Codaf (Comité opérationnel départemental anti-fraude) a mené trois opérations et l’Uracti (Unité de contrôle à compétence régionale chargée de la lutte contre le travail illégal) a procédé à 63 contrôles, mais « rien de significatif » n’a été relevé, selon la brigade de gendarmerie d’Épernay. « L’an dernier, il y avait eu pas mal de vol de raisin et des tensions entre les vendangeurs payés à la tâche, car le raisin manquait. Cette Seulement trois vols année, on a recensé seulement trois vols, pour des petites de raisin enregistrés quantités, livre David Trannoy, adjudant à la gendarmerie d’Esternay. Il y avait beaucoup de raisin et le prix au kilo était plus élevé que l’année dernière. » Pour expliquer ce bon déroulé des événements, la préfecture met également en avant la présence de deux escouades de douze cavaliers de la Garde ré-
Y aura-t-il des pellets cet hiver ?
Vanté depuis plusieurs années comme une énergie de chauffage moins polluante et bon marché, le poêle à granulés de bois est victime de son succès. Dans la Marne, il est difficile de s'approvisionner et les prix s'envolent.
L’hiver est encore loin, mais certains anticipent déjà la question du chauffage, face à la flambée des coûts de l’énergie. Ceux qui se sont mis en quête de granulés en bois pour alimenter leur poêle ou leur chaudière ont dû se heurter à une quasi-pénurie qui frappe beaucoup de distributeurs. L’enseigne Brico Dépôt, présente à Reims et à Châlons, propose des sacs de 15 kg à 12,90 €, soit 2,5 fois le prix affiché il y a un an ! Pire, la CPE Bardout, filiale du groupe Total qui compte quatre agences dans la Marne et deux dans les Ardennes, est en rupture depuis plus d'un mois. Elle donne rendez-vous à ses clients « fin octobre, début novembre » pour un réapprovisionnement. Mis en avant pour ses performances calorifiques, son stockage aisé, son impact environnemental moindre que le gaz et le fioul et son coût relativement stable, le pellet subit une conjoncture défa-
Jérôme Lombard, dirigeant de la concession Pil’Poêle de Reims. © l'Hebdo du Vendredi
vorable. « C’est très tendu, confirme Jérôme Lombard, dirigeant de la concession Pil’Poêle de Reims, réseau qui compte treize magasins de systèmes de chauffage au bois et aux granulés en France. Quand la guerre en Ukraine s’est déclarée, un certain nombre de consommateurs ont sur-stocké. De mars à juin, les stocks ont été vidés. C’est un peu comme pour les pâtes et le papier toilette au moment du covid ! » L’importation de pellets, qui représente environ 16 % de la consommation française, serait également grevée par le conflit russo-ukrainien. Mais le granulé est aussi victime de son succès. Dans la foulée de l’annonce de « Compliqué l’interdiction des chauffages et chauffe-eau au fioul, au 1er juiljusqu’en janvier » let 2022, l’État a mis en place de nombreuses aides qui ont favorisé le pellet. Et la hausse des installations a été fulgurante. « Entre 2020 et 2021, les ventes de poêles à granulés ont augmenté de 41 % et les ventes de chaudières de publicaine, qui ont sillonné la Champagne du 31 août au 12 septembre, mais aussi le déploiement de Gend-Viti. Opérationnel pour la première fois, ce car, transformé en poste de commandement mobile, a visité quelques-unes des 210 communes de l’arrondissement d’Épernay. « C’est un bel outil qui permet de déposer plainte sans avoir à se déplacer en gendarmerie et d’avoir des équipes de proximité, rapidement sur le terrain », se réjouit la sous-préfète qui espère que le dispositif sera reconduit l’année prochaine. Même si les cinq gendarmes affectés à la tâche n’ont enregistré aucune plainte depuis leur déploiement, le 15 août... Signe d’une vendange tranquille ?
Simon Ksiazenicki
120 % », détaille Jérôme Lombard. Son entreprise, présente à la Foire de Châlons, vend encore du pellet. Mais elle privilégie les nouveaux clients ou limite à une demi-palette (500 kilos) les anciens. À environ 600 € la tonne, soit 9 € le sac, le prix s’est aussi envolé chez Pil'Poêle, mais reste compétitif par rapport aux autres énergies, assure le professionnel. « On compte 1,5 tonne pour chauffer 100 m², soit 9 euros du mètre carré de chauffe, là où le gaz ou l’électricité seront bientôt à plus de 20 €. » Encore faut-il en trouver, des pellets. Le commercial se veut rassurant. « La filière bois se met en place pour augmenter la production, mais ça devrait être compliqué jusqu’en janvier. On ne retrouvera pas les prix d’antan, car toutes les énergies augmentent et la crise est mondiale, mais ça vaudra toujours plus le coup que les énergies fossiles. »
Simon Ksiazenicki
Les chiffres du granulé de bois en France
l 180 000 poêles (+41 %) et 32 000 chaudières (+120 %) installés en 2021 l 1,5 million de foyers équipés l 1,7 million de tonnes produites en France l 2,4 millions de tonnes consommées