TYCOON No. 23 - LES BATISSEURS

Page 1

www.tycoon.ci

#23

2011

que l’Afrique a besoin d’exemples

PRIX : 3000 F.CFA

Parce

Issa

Guillaume

DIABATE

KOFFI

LES BATISSEURS Jackie BERTHO ANDOH PDG de NOA TRADING

Emile Kokoh ADJOUMANY

GEomEtre-expert foncier

DOSSIER SPECIAL

Urbanisation : On dEguerpit pour mieux construire…



| AVANT-PROPOS |

p o M n ays

rassemblé. Un vote, une histoire… Une foi illusoire Puis la foire… pire, le mouroir Et puis l’espoir L’espoir d’un renouveau D’un jour nouveau Sans orgueil et sans intransigeance Sans rancœurs et sans vengeances Parce que nous avons tous mal fait Avouons chacun quels sont nos méfaits Humilité… Plus besoin de vanité N’est-ce pas, Yao ? On en a trop fait Nous ne sommes pas parfaits Toutes, tous, restons à parfaire Parce qu’il n’y a pas de victoire sur son frère Seule la famille perd…

Tous responsables !

Fabrice SAWEGNON Directeur de publication

Souvenons-nous de l’histoire de l’ancien spermatozoïde Qui, comme l’oncle Ben*, jaillit, dopé aux stéroïdes Celui qui, lol, arriva en premier chez la tata dans le grenier Souvenons-nous de nous ! Souvenons-nous de l’histoire du macchabée Celui qui finit toujours à la mosquée ou devant l’abbé… Il s’agit bien de nous ! C’est notre parcours, celui de l’Homme, comme... Celui de l’humanité avec ou sans unité. C’est Idrissa qui m’a dit ça Et finalement, c’est bien triste tout ça ! Tout ça pour ça ! Alors trêve ! Notre vie est brève, faisons d’elle un rêve Parce que les jeunes ne veulent pas de jeûne... Le temps de la parenthèse spermatozo-machabale !

*Johnson

TYCOON NUMERO 23 • 3



| EDITORIAL |

Christian MIGAN migchris2000@yahoo.fr

Magazine Mensuel édité par Espace Image Régie SARL au capital de 5 000 000 F.CFA

Changement de cap !

Représentant légal Félix HODONOU Responsable de la Régie Anna DJIGO Siège de la rédaction S.A.R.L au capital de 5 000 000 F.CFA Cocody, Riviera Attoban, Face à Voodoo Communication 06 BP 627 Abidjan 06 - Côte d’Ivoire Tél.: + 225 22 43 26 04 Email: infotycoon@mail.com Directeur de publication Fabrice SAWEGNON Rédacteur en chef Christian MIGAN migchris2000@yahoo.fr Rédaction Hervé KOUTOUAN, Jean-Hyppolithe DRUIDE, Ev’ FRUITIER Louis-Parfait BROU, Katty Gisèle TOURÉ, Francis YEDAN, Othniel ESDRAS, Edouard GONTO Chef Studio de création Guillaume GNAKOURI Infographie Régis ETRANNY Chroniqueur Venance KONAN Révision José AYITE, Christian MIGAN Photographie Arsène EHOUMAN Pierre KACOU (couverture) Responsable Commercial Nadia HABAS nadiahabas@yahoo.fr Commerciale Rokiah COULIBALY rokiahcoulibaly@gmail.com Conception graphique & réalisation Espace Image Régie Impression Liban Tirage 5 000 exemplaires Distribution Edipresse Récépissé 20/D du 18 octobre 2007 Dépôt légal N°8653 du 19 septembre 2008

O

n a tant espéré. Tant et tant qu’on en est à perdre le souffle. 2010 est venu, croyait-on, nous délivrer de ce cauchemar. 31 octobre 2010, une dateévènement qui s’est chargée de dérouler le rituel d’exorcisme, avec l’enfantement d’une élection dont la grossesse aura duré. Mais le hic, c’est la crise post-électorale, après le second tour du scrutin du 28 novembre 2010, qui a mis à mal la démocratie. Un président élu, Alassane Ouattara, sorti des urnes avec 54, 10 % d’après les résultats de la Commission électorale certifiés par les Nations unies et un président sortant, Laurent Gbagbo, fort de ses 51%, proclamé vainqueur des élections par le Conseil constitutionnel. Un bicéphalisme qui entraîne la paralysie des activités du pays. Plutôt un dualisme qui s’apparente à une guerre larvée. Des morts enregistrés ici et là. Ce qu’il faut retenir, c’est la patience d’un peuple, pris en otage par les hommes politiques qui ont du mal à s’accorder sur la finalisation du processus électoral. Ce qu’il faut souligner, c’est le poids de la crise supporté par ce maillon d’entrepreneurs qui ont fait de la résistance économique pour préserver le capital social. Nous retrouvons une Côte d’Ivoire qui porte encore les stigmates d’une balafre qui, avec le temps, vont s’effacer. L’essentiel étant de sauver l’Etat des griffes de la déconfiture et de préserver l’âme du peuple. Il y a certes des choses à régler après les soubresauts d’une élection : des problèmes laissés en suspens comme le dédommagement des victimes (personnes physiques et morales), comme le délabrement de nos plantations, comme l’état de santé des collectivités locales qui n’ont pas fonctionné à plein régime… Eh oui, autant de problèmes dont il faut trouver la solution dans l’urgence pour redonner un regain de vie à la Nation. Côte d’Ivoire is not quite back, it’s bad.

Les investisseurs piaffent d’impatience à nos portes. Ont-ils maintenant les coudées franches pour apporter des affaires susceptibles de faire rebondir le pays ? Bien sûr, nous devons avoir la tête froide pour séparer le bon grain de l’ivraie. Les apporteurs d’affaires internationaux doivent nous garantir leur seuil de rentabilité pour accorder plus d’allant à l’équilibre économique et donner plus d’emplois à la jeunesse, ankylosée depuis des années dans l’immobilisme des plus déshumanisants. Nous avons donc une image à défendre, celle d’un Etat de droit propice à l’environnement des affaires. Changement de cap, la Côte d’Ivoire renaît des cendres chaudes de la guerre post-électorale. Notre dossier sur l’urbanisation prend en compte la décision du gouvernement Ouattara d’offrir un meilleur cadre de vie aux populations. Une cure de jouvence qui se traduit par le déguerpissement des installations anarchiques et par la construction de nouvelles routes. Le lancement des travaux du troisième pont d’Abidjan est la clé de voûte de son programme routier. Côte d’Ivoire is not quite back, it’s bad. L’école doit refaire sa toilette. Elle est appelée à sortir de ce long coma, après les nombreuses convulsions et autres soubresauts qu’elle a connus, traversée par des courants de toute sorte, parasitée par une escouade de corrupteurs qui ont violenté les principes républicains qui la caractérisent. L’exemple, d’ailleurs, doit nous instruire de l’importance capitale qu’il faut accorder à l’enseignement. On s’étonne, peu ou prou, du dynamisme des économies des pays de l’Asie qui n’avaient pas l’allure de foudres de guerre. Mais force est de constater que tout est parti d’une grande politique de l’éducation. Le meilleur discriminant qui crée le fossé entre les grands et les petits se trouve à l’échelle des politiques de l’éducation, étant donné que l’homme est le premier capital de l’entreprise.

TYCOON NUMERO 23 • 5



| SOMMAIRE | LES INVITES DE LA REDACTION Guillaume KOFFI et Issa DIABATE, Les Bâtisseurs

N O V E M B R E

2 0 1 1

|

N U M E R O

2 3

RENCONTRE AVEC...

Cedric LOMBARDO Directeur Associé de BeDevelopment, Cabinet de Management de l’Innovation et du Développement, spécialiste des changements environnementaux

50

FOLLOW UP Mariam KONE, Directrice fondatrice de Hygiène Ivoire Internationale

56

DOSSIER SPECIAL Urbanisation : « On déguerpit pour mieux construire… »

64

CAS D’ENTREPRISE La Main Verte Environnement : Quand le rêve paysager devient réalité

69

CONSEIL STRATEGIE & ORGANISATION Etes-vous conscient du risque client encouru par votre entreprise ?

71

CONSEIL TIC Parents : offrez-vous une Play Station !

73

CONSEIL FORMATION Quelles compétences pour entreprendre ?

75

CONSEIL FISCALITE Imposition des rémunérations de services versées à l’extérieur

77

CONSEIL ACHAT Savoir piloter et mesurer sa performance achats

81

HIGH-TECH Internet : Bienvenue dans l’univers des routeurs haut débit

82

OBJECTIF AUTO BMW X6 TYCOON EVO Elle ne pouvait s’appeler que : « TYCOON »

84

PERSO SANTE TABAGISME Les ravages de la cigarette

DOSSIER SPECIAL

Urbanisation : « On déguerpit pour mieux construire… »

03

AVANT-PROPOS Mon pays rassemblé

05

EDITO Changement de cap !

09

TRIBUNE LIBRE 50 piges. So what ?

12

L’ACTU

19

BAROMETRE

22

L’ACTU EN 10 QUESTIONS

24

RENCONTRE AVEC… Cedric LOMBARDO, Spécialiste des changements environnementaux

28

JE VEUX ETRE Jacques OUATTARA, Elève technicien supérieur en gestion de l’environnement et des ressources naturelles

30

SUR LA VOIE Isabelle MEMEL, Contrôleur en prévention à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS)

32

DEMAIN LUI APPARTIENT Eric AGNERO, Président et CEO de Greencast Africa

34

PARCOURS D’ENTREPRENEUR Jackie BERTHO ANDOH, PDG de NOA Trading

36

COMMENT JE SUIS DEVENU Mahé DJIRE, Plasticien, Spécialiste dans l’art de la récupération

40

LES INVITES DE LA REDACTION Guillaume KOFFI et Issa DIABATE, Architectes

86

PERSO SECURITE ACCIDENTS DOMESTIQUES Comment protéger les tout-petits

48

UN HOMME… UN METIER Emile Kokoh ADJOUMANY, Géomètre-expert foncier

94

POUR LA ROUTE Un homme qui a faim

TYCOON NUMERO 23 • 7


| MAIL BOX | Pouvez-vous nous dire si Tycoon tient encore la route ? Bonjour à toute la rédaction de Tycoon. Je suis Constant Kouadio, comptable dans une société de la place. J’ai découvert le magazine lors d’une manifestation à l’hôtel Pullman. Il m’avait été remis par l’un de vos journalistes qui m’a

expliqué avec éloquence la ligne éditoriale de ce magazine. Et depuis, je guette les sorties de Tycoon. J’avoue que je suis surpris par le non-respect des dates de parution. Si j’ai bonne mémoire, cela fait plus de

dix mois qu’il n’y a pas eu de magazine sur le marché. Pouvezvous nous dire si Tycoon tient encore la route ?

M. Kouadio, nous vous sommes très reconnaissants pour cette intervention. Elle est la preuve que, malgré les retards que connaît le magazine Tycoon - qui se sont accentués avec la crise il demeure présent dans l’esprit de ses lecteurs. Effectivement, cela fait plusieurs mois que

le magazine Tycoon n’est pas paru mais, c’est une situation voulue au départ par la direction pour justement remédier durablement au non-respect des dates de parution. Mais cette démarche a été contrariée du fait de la crise. Nous implorons votre indulgence pour tous les

désagréments que cela a pu vous causer. Par ailleurs, pour répondre à votre préoccupation, Tycoon tient encore la route. Mieux, il s’engage à désormais, honorer son rendez-vous mensuel avec ses très fidèles lecteurs.

Constant Kouadio

Où puis-je me procurer les anciens numéros ? Je me nomme Franck Boussou, je suis médecin. J’ai découvert ce magazine par le biais d’un confrère qui est un fidèle lecteur. Il a le mérite d’avoir tous les numéros qu’il garde d’ailleurs jalousement. Je tiens à vous affirmer que j’ai été dès la première lecture conquis, en ce sens que vous nous inspirez et vous nous motivez à travers les exemples de réussite que vous présentez. Je viens, par la présente, savoir s’il est possible d’avoir les anciens numéros et où je peux me les procurer ? Franck Boussou

A quelle adresse électronique pouvons-nous vous envoyer nos courriers ? Je voudrais, avant d’entrer dans le vif de ma préoccupation, vous adresser mes vifs encouragements. Je suis Maxime Alla, étudiant en fin de cycle en ingénierie marketing et communication dans une école de la place. Ce magazine a boosté

ma façon de voir les choses à travers les différents exemples que vous nous présentez, depuis la sortie du premier numéro de ce magazine. Je tiens à signaler par ailleurs que l’adresse mail (contact@tycoon.ci), ne fonctionne pas. Certains lecteurs

ont dû s’en apercevoir. C’est pour cette raison que je vous ai joints par téléphone. A quelle adresse mail pouvons-nous adresser nos courriers ? A bientôt !

Merci M. Alla. Nous vous retournons les mêmes encouragements. Vous qui, entre deux cours, n’hésitez pas à parcourir le magazine Tycoon, afin de puiser vos forces dans cette source d’exemples. En ce qui

concerne l’adresse mail «contact@ tycoon.ci», celle-ci n’est, en effet, pas fonctionnelle en ce moment, le site web de Tycoon ayant été suspendu temporairement, en vue d’une révision de sa charte graphique. En attendant sa

relance effective, vous pouvez nous écrire à l’adresse suivante : infotycoon@mail.com. Aussi, merci de noter que les contacts des journalistes demeurent les mêmes. Encore merci pour votre fidélité.

Maxime Alla

Puis-je avoir le contact de Mme Ginette Yoman ? Je me nomme Eric Tchamran, je suis financier de formation. Je suis un fidèle lecteur de Tycoon mais, je reste par-dessus tout très intéressé par les questions de bonne gouvernance. Je vous

écris donc afin que vous puissiez me mettre en contact avec Mme Ginette Ursule Yoman, qui était l’invitée de la rédaction du Tycoon 6. Eric Tchamran

Merci M. Tchamran, nous sommes heureux de vous lire et de savoir que vous êtes si intéressé par les questions de bonne gouvernance. Nous nous ferons fort de transmettre votre

requête à Mme Yoman qui, nous en sommes sûrs, ne trouvera aucun inconvénient à entrer en contact avec vous, afin de vous faire partager sa passion.

Vos encouragements sont pour toute la rédaction un réel motif de motivation qui nous engage, par la même occasion, à redoubler d’efforts afin de vous satisfaire. Toute notre gratitude à votre confrère qui est aussi tout acquis à la cause du magazine qui aspire à une Afrique au travail, qui avance et qui gagne. Pour les anciens numéros, nous vous saurons gré de bien vouloir vous rapprocher du service technique d’Espace Image Régie, qui a à charge les archives du magazine.

Comment puis-je m’abonner ? Je suis Roland Daba, un fidèle lecteur de votre magazine. Je désire m’abonner. Que dois-je faire ? Roland Daba Bonjour M. Daba. Très heureux de votre démarche. L’abonnement annuel au magazine Tycoon coûte 21.500 F. Nous nous ferons fort de communiquer vos coordonnées au service technique qui se chargera de vous fournir la documentation nécessaire. Une fois le contrat signé, votre magazine vous sera livré à chaque parution, à l’adresse que vous aurez communiquée.

Vos avis nous intéressent Faites-nous parvenir vos suggestions, commentaires et critiques. Tycoon a pour objectif de présenter l’image d’une Afrique qui travaille. Une Afrique qui bouge. Rejoignez-nous dès maintenant. C’est ensemble que nous arriverons à réaliser cet idéal. Nous vous remercions par avance d’envoyer vos mails à l’adresse suivante :

infotycoon@mail.com 8 • TYCOON NUMERO 23


| TRIBUNE LIBRE |

50 piges. So what ?

1

960, année des indépendances ! Année charnière qui préfigurait une ère nouvelle et radieuse pour bon nombre de pays africains. J’ai revu les images d’archives du défilé sur le pont Houphouët-Boigny à Abidjan. J’ai vu des populations dans des vêtements d’apparat impeccables, le torse bombé ; elles avaient fière allure. Je me suis imaginé cet instant unique. Des festivités au son des grelots, des tam-tams et des balafons. Des festivités au son de « indépendance cha-cha-cha ». Des « bals poussière » au cours desquels, comme une complainte sur notre histoire, s’élevait vers le ciel la poussière de la mère Patrie. Ces bals laissaient surtout s’élever, libres comme la poussière, les espoirs des fils et filles de cette terre riche et généreuse. Que de souvenirs pour nos aînés qui se remémorent cette époque avec nostalgie et avec un brin d’émotion. Oui, 50 années ont coulé comme un fleuve tumultueux et je ne peux m’empêcher de poser cette question : qu’avons-nous fait de notre indépendance ?

Paul LEDJOU Vos commentaires sont les bienvenus sur mon blog : www.tribunelibretycoon.blogspot.com

Le bilan mitigé après 50 ans d’indépendance est factuel et me laisse songeur. Je voudrais délibérément occulter les causes exogènes pour ne jeter qu’un regard sur les causes endogènes. Celles qui nous collent à la peau, qui mettent à nu nos propres incohérences et nos turpitudes. En regardant du côté des Dragons asiatiques, nous ne pouvons qu’être interpellés par l’exemple de Singapour. Singapour qui, depuis toujours, a très peu de ressources naturelles. Oui, Singapour, qui n’a pas encore fêté le cinquantenaire de son indépendance (indépendante depuis 1965) mais qui est aujourd’hui l’un des pays les plus développés et les plus prospères au

monde. Face à ce modèle de développement économique où la population dispose d’un niveau de vie parmi les plus élevés de notre planète, je constate que nous n’avons pas encore éradiqué la bilharziose. Face à ce modèle où les services bancaires et financiers sont aujourd’hui des références au niveau mondial, je constate que, malgré nos fabuleuses ressources en matières premières et humaines, nous demeurons des petits ouvriers, sans visage, de l’économie mondiale. Face à ce modèle où les détournements sont presque inexistants et le cadre de vie aseptisé, je constate que le virus de la corruption a muté pour être dans nos sociétés multiformes, et mieux, que nous importons des déchets toxiques parce que les nôtres sont trop inoffensifs. Aussi, à l’occasion de la commémoration du cinquantenaire de nos indépendances, ai-je vécu un contraste saisissant. J’ai ressenti une émotion particulière, un sentiment ambivalent : j’avais envie d’être joyeux mais je n’y arrivais pas ! Les festivités n’avaient plus la même saveur. J’ai noté l’étendue de notre retard. J’ai également noté les efforts colossaux que nous devons consentir pour relever les défis qui nous assaillent. Pour l’avenir et pour un centenaire plus glorieux, il nous faudra nécessairement restaurer l’HOMME : restaurer l’Homme par une éducation et une formation de qualité, en lui inculquant des valeurs liées au respect, au travail et à la rigueur. Il nous faudra enfin privilégier le long terme dans toutes nos actions. C’est bien beau d’avoir 50 piges. So what ?

Réagissez à cet article Vos suggestions, commentaires et critiques sont vivement souhaités. Rejoignez-nous dès maintenant. Merci d’envoyer vos mails à l’adresse suivante :

www.tribunelibretycoon.blogspot.com

TYCOON NUMERO 23 • 9


| TYCOON EVENT |

Cérémonie officielle de lancement du salon ARCHIBAT 2011 Thème : ‘‘Le droit au logement’’

S

ous le co-parrainage et la présence effective de Mme Nialé Kaba, ministre de la Promotion du Logement, et de Monsieur Mamadou Sanogo, ministre de la Construction, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, la cérémonie officielle du

10 • TYCOON NUMERO 23

lancement de la troisième édition du Salon de l’Architecture et du Bâtiment « ARCHIBAT 2011 », sous le thème, « Le droit au logement », s’est tenue le jeudi 23 Juin 2011 à 17h à la Salle Abissa de l’hôtel Pullman. M. Guillaume Koffi, Président du Conseil

National de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire (CNOACI), a convié l’ensemble des acteurs du cadre bâti à cette cérémonie qui a enregistré un véritable engouement. Venus nombreux assister à cette rencontre, l’on a noté la satisfaction des convives de

savoir que ARCHIBAT 2011 ouvrira ses portes du 28 novembre au 3 décembre 2011, à l’hôtel Ivoire, comme l’a annoncé le Commissaire Général du salon, M. Ismaël BogaN’Guessan. La cérémonie s’est achevée par un chaleureux cocktail.


| TYCOON EVENT | 1

1

2

M. Ismaël BogaN’Guessan, Commissaire général, présentant le projet ARCHIBAT 2011

2

Mme Nialé Kaba, ministre de la Promotion du Logement et M. Guillaume Koffi, président du CNOA-CI 3

Mot de bienvenue de M. N’Guessan Kouadio Gaspard, représentant du maire du Plateau

3

4

4

De gauche à droite : M. BIJON Jean-François (Ambassade de France) ; M. Nahi Mostafa (Ambassade du Maroc) ; M Fouedi Gharbi (Ambassade de Tunisie) ; Mme Jung -Won Park (Ambassade de Corée) 5

A l’extrême gauche, Mme Danho (vice présidente du district d’Abidjan) et , M. Richard Beugre (Vice-gouverneur du district d’ Abidjan)

5

6

6

A gauche, M. Nahi Mostafa (Ambassade du Maroc), au centre M. Ricci de l’entreprise BERNABE ; à droite, Fouedi Gharbi (Ambassade de Tunisie)

TYCOON NUMERO 23 • 11


| L’ACTU |

Conférence-débat Le cabinet Deloitte & Touche fait la promotion de l’annexe fiscale

L

a publication de l’annexe fiscale 2011, entrée en vigueur le 18 juillet, a été l’objet d’une conférence-débat organisée par le cabinet Deloitte & Touche Côte d’Ivoire. Cette rencontre visait à expliquer les principales dispositions que contiennent ces annexes, au secteur privé, et également de voir dans quelle mesure les entreprises clientes ou non de ce cabinet pouvaient en profiter le plus grandement. Cette démarche, au dire de Marc Wabi, Associé de Deloitte & Touche Côte d’Ivoire, ne s’inscrit pas dans un cadre isolé, d’autant que 12 • TYCOON NUMERO 23

cette firme, dans tous les pays où elle est installée, organise des rencontres d’échanges autour de la publication de cet outil très important. « L’annexe fiscale reste, pour les entreprises, un élément important de gouvernance de nos différents comptes de résultat », a-t-il précisé. Tout en exhortant les décideurs du secteur privé et public présents à cette rencontre d’échanges à s’approprier cet outil important, Marc Wabi a formé le voeu que les dispositions qu’elle contient, puissent aider les entreprises de Côte d’Ivoire qui ont été lourdement impactées

par la crise à amorcer le redémarrage économique. Faut-il le rappeler, Deloitte & Touche Côte d’Ivoire existe depuis 20 ans. Deux décennies durant lesquelles ce cabinet, qui est l’un des plus importants du pays, est fortement intervenu au niveau de l’administration ivoirienne, dans le cadre de la politique de contrôle des entreprises publiques. En plus des services d’assistance qu’il ne cesse d’apporter tant au secteur public qu’au secteur privé. La firme Deloitte demeure le premier cabinet d’audit et de conseil au monde et,

singulièrement, en France, de par son Chiffre d’Affaires et sa croissance. En Côte d’Ivoire, ses activités s’articulent autour de l’audit, de l’expertise comptable, du consulting, du juridique et du fiscal. Ce vingtième anniversaire, Marc Wabi et toute l’équipe de Deloitte & Touche Côte d’Ivoire entendent le marquer d’une pierre blanche. A cet effet, ce cabinet entend organiser, dans les prochains jours, une série de rencontres avec le secteur privé, l’administration ivoirienne et les étudiants, afin de perpétuer cette chaîne d’échanges et de formation.


| L’ACTU | VOIX EXPRESS

Vos impressions sur l’annexe fiscale 2011 ?

N

ous avons noté, avec beaucoup de satisfaction, l’entrée en vigueur de l’annexe fiscale et nous avons surtout noté en tant que représentant du secteur privé, qu’il y avait plusieurs mesures en faveur du secteur privé qui ont été adoptées dans cette annexe fiscale. Notamment des mesures en faveur des entreprises sinistrées du secteur privé. Nous avons noté que le gouvernement, à travers la loi de Finances, a décidé de lever un peu le pied sur la parafiscalité, et cela est un grand soulagement pour les entreprises du secteur

L’AVIS DE L’EXPERT

Yénan Félix Responsable juridique et fiscal à la CGECI

Mamadou N’DIAYE Expert Consultant TIC au GOTIC

« Plusieurs mesures en faveur du secteur privé ont été adoptées »

« Payer l’impôt au juste prix est à encourager »

L

privé. Je ne saurais terminer mon propos sans présenter une doléance au DG des impôts. Il s’agit de la contribution de sortie de crise. Cette contribution qui a été fixée, pour une période d’un an, par l’annexe fiscale 2010. Beaucoup d’entreprises l’ont payée en début d’année 2011, alors qu’en réalité, elle a pris fin. Nous vous demandons de bien vouloir vous pencher sur la question afin d’envisager ce qui peut être fait en ce qui concerne ces entreprises qui ont payé cette contribution alors qu’elles ne le devraient pas.

’annexe fiscale 2011 a été élaborée par la Direction générale des impôts, pour permettre de faciliter un certain nombre d’activités au niveau des entreprises. Qu’elles soient de petites ou de grandes entreprises. Et sachant très bien que nous sortons d’une crise aiguë, il est salutaire de prendre des dispositions afin de pouvoir relancer l’économie sinistrée. Un tel séminaire qui permet aux entreprises de bien comprendre l’annexe fiscale 2011, de se l’approprier et payer l’impôt au juste prix est à encourager. Ce sont

donc des mesures salutaires. Nous avons noté dans l’intervention du conférencier que, sur certains points, il y avait quand même des zones d’ombre. Il y a donc lieu de discuter et de continuer les discussions avec l’Etat de Côte d’Ivoire pour apporter des éclaircissements. Notamment pour ce qui concerne l’impôt sur le patrimoine immobilier. Je trouve que c’est un bon début, il faut donc continuer les discussions afin de trouver les solutions idoines. Ce qu’il faut retenir, c’est le fait de payer l’impôt au juste prix et cela est à saluer.

Kimbefo Ouattara, Directeur du département juridique et fiscal à Deloitte & Touche Côte d’Ivoire

« l’Etat ivoirien a décidé, au titre de l’année 2011, de tenir compte des différentes difficultés constatées »

P

ouvez-vous nous faire une présentation succincte de l’année fiscale 2011 ? L’annexe fiscale 2011 comprend, en première partie, les mesures de soutien aux entreprises et aux ménages. La deuxième partie porte sur les mesures de rationalisation et de modernisation du dispositif fiscal. Ces mesures servent à harmoniser les principales dispositions de l’annexe pour qu’elles aient une certaine lisibilité et aussi, pour les accorder avec les différentes positions exprimées au niveau communautaire, soit au niveau de l’UEMOA, ou peut-être, un jour, au niveau de la CEDEAO. Vous avez en troisième point les mesures de renforcement des moyens de contrôle de l’Etat. Ce sont des mesures que l’Etat va prendre en vue de lui permettre de réaliser la mission de l’impôt qui est celle de permettre à l’Etat

d’obtenir les ressources budgétaires qui ont été communiquées par la loi de finances. Le quatrième point concerne les mesures techniques. Elles ont une certaine importance parce qu’elles permettent de clarifier certaines dispositions ou de permettre certaines résolutions. Quels sont les principaux points d’attention au titre de l’annexe fiscale 2011 ? Ils sont au nombre de trois. Le premier point concerne les réductions d’impôts. On constate que l’annexe fiscale 2011 aboutit à une réduction de la contribution fiscale de la part de l’Etat, dans ce budget. Sur trois années, nous constatons que les recettes fiscales passent d’une moyenne de 70 à près de 40%. Ce qui aboutirait en gros à une réduction de près de moitié. Cela montre en fait que cette annexe fiscale permet véritablement la réduction de

l’impôt en Côte d’Ivoire, et donc de la part contributive des concitoyens, à travers le prélèvement obligatoire qui est l’impôt, et à la réalisation des missions publiques de l’Etat. Cela montre aussi que l’Etat ivoirien a décidé, au titre de l’année 2011, de tenir compte des différentes difficultés constatées, de rechercher d’autres sources additionnelles de financement, qui sont extra fiscales. Un élément assez important est celui de la non-création d’une nouvelle imposition au titre de l’année 2011, ce qui nous éloigne de cette période fiscale particulièrement chargée que nous avons constatée de 2005 à 2010, avec la création de nouvelles impositions et la prorogation de celles existantes. L’Etat, aujourd’hui, pour montrer sa pleine conscience des difficultés, tout en encourageant la modernisation et

le développement de l’économie, a décidé sur l’année 2011, de ne pas créer de nouvelles impositions et de ne pas reconduire les impositions temporaires qui étaient appelées à disparaître. Et quel est le dernier point ? Le dernier point induit par les deux autres points qu’on a cités est celui de l’aide à la reconstruction nationale afin de permettre la reconstruction des entreprises, et permettre aussi aux personnes physiques qui ont subi des dommages latéraux ou collatéraux de se refaire. Mais de permettre aussi en dehors des mesures qui touchent les sinistrés, de permettre aux entités, aux entreprises de régler un certain nombre de problèmes soit par une exonération, soit par des mesures d’assouplissement de certains dispositifs qui étaient un peu plus contraignants pour certains. TYCOON NUMERO 23 • 13


| L’ACTU |

Partenariat Etat - Secteur Privé Un comité de concertation mis en place

EN BREF

La « Lettre d’Expertises » Nouveau-née des revues scientifiques

A O

rganiser la concertation entre l’Etat et le secteur privé en vue d’instaurer une confiance mutuelle entre les deux parties. Voici, entre autres, l’une des missions du Comité de concertation entre l’Etat et le secteur privé (CCESP). Créée par décret N°2001430 du 18 juillet 2001, cette instance de conciliation, de médiation et de décision entre l’Etat et le secteur privé, a officiellement relancé ses activités au cours d’un petit déjeuner de presse qui a eu pour cadre, l’hôtel Pullman. Cette structure qui se veut être l’interface entre l’Etat et le secteur privé est chargée de favoriser la consultation sur toute décision importante du Gouvernement dont la mise en oeuvre est susceptible d’affecter de façon substantielle le déroulement harmonieux des activités économiques. Mme Mariam Fadiga, secrétaire technique, qui assure l’exécutif du CCESP, n’a pas manqué de mentionner que ce comité veille au

14 • TYCOON NUMERO 23

suivi et à l’évaluation de l’application des mesures adoptées, et arbitre les conflits d’intérêts entre l’Etat et le secteur privé. Des actes concrets ont été posés au niveau de ce comité. Il s’agit, entre autres, de nombreuses rencontres avec des partenaires au développement et des faîtières qui ont abouti à un accord de principe pour une assistance technique et financière. Suite à ces rencontres, l’Agence française de développement (AFD) est prête à financer les études sur la réhabilitation et la création de nouvelles zones industrielles. L’AFREXIMBANK, pour sa part, a donné son accord de principe pour le financement des actions de restructurations de 13 entreprises éligibles au Programme de restructuration et de mise à niveau (PRMN). Le CCESP a initié des visites avec les entreprises dans les trois zones industrielles d’Abidjan (Yopougon, Koumassi et Vridi ). Afin d’apporter le soutien moral du ministère de l’Industrie aux opérateurs économiques, de s’enquérir

du niveau de dégradation des infrastructures et des entreprises ; et d’accéder aux préoccupations et éventuelles solutions à mettre en place. En plus des visites, il a également posé des actions sur le terrain, suite à des saisines émanant du secteur privé. A cet effet, le comité a mené des actions qui ont conduit à la suppression d’une « taxe » au profit des forces républicaines de Côte d’Ivoire à la zone portuaire de San-Pedro. Le ministre de l’Industrie, M. Dosso Moussa, était également présent en sa qualité de ministre de tutelle. Il a, par ailleurs, fait un bref bilan de l’impact de la crise sur le tissu économique, avec une perte évaluée à près de 656 milliards F CFA pour les entreprises. Il a formé le voeu que « toutes ces actions du CCESP concourent à faire de la Côte d’Ivoire une destination de choix des investisseurs ». Et ce, « pour redynamiser le secteur privé ivoirien avec un code d’investissement offrant plus d’avantages ».

ccompagner les entreprises dans la quête de la juste information en matière de droit des affaires, de fiscalité des entreprises et des ressources humaines. Tel est le pari que veut tenir le cabinet Expertises à travers « La Lettre d’Expertises », un bimestriel que ce cabinet met à la disposition des entreprises, des décideurs, des investisseurs, des praticiens et de toutes personnes intéressées par ces matières. Pour René Sié Koffi, directeur associé dudit cabinet, ce bimestriel qui vient enrichir l’univers des revues scientifiques, contribuera « à aller plus loin dans la recherche de la juste information ». Pour atteindre cet objectif, « La Lettre d’Expertises » ne compte pas fonctionner en vase clos, elle entend s’enrichir au dire de M. Sié Koffi « de contributions de partenaires et d’autres confrères dans les domaines du droit des affaires, de la fiscalité et des ressources humaines ». « La Lettre d’Expertises », qui entend jouer pleinement son rôle de périodique d’affaires, a été présentée récemment au grand public à la faveur d’une cérémonie qui a rassemblé des acteurs du monde des affaires, de la fiscalité et des ressources humaines.


| L’ACTU |

BHFree La carte « liberté » de la BHCI

B

énéficier de tous les avantages d’une carte bancaire classique, sans pour autant détenir un compte bancaire classique. C’est désormais chose possible à la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire (BHCI), avec le nouveau produit bancaire BHFree, qui est une carte prépayée, rechargeable et utilisable dans le réseau BHCI et dans tout le réseau GIMUEMOA. Le lancement de ce produit, qui a eu pour cadre le siège de cette banque au Plateau, a été l’occasion pour M. Souleymane Dogoni, directeur général de la BHCI, de présenter ce produit monétique qui « s’adresse à toutes sortes de clientèles : les chefs d’entreprise, les PME, et même les personnes qui n’ont pas de comptes bancaires. Avec BHFree, l’on peut effectuer des retraits dans un réseau de Distributeurs automatiques de billets (DAB) de 65 banques de l’UEMOA affiliées au GIM-UEMOA », a-t-il

expliqué. La carte BHFree vise, au dire des responsables de cette banque, à accroître le taux de bancarisation en ce sens qu’elle permet de toucher l’ensemble de la population, en favorisant l’utilisation de l’outil monétique au sein des couches très souvent en marge du système bancaire classique. La carte magnétique prépayée rechargeable BHFree offre plusieurs fonctions essentielles. Elle sert de carte de retrait, mais peut également être utilisée comme « carte salaire » en ce sens que tout employeur peut l’utiliser pour payer les salaires de ces employés non bancarisés et même des agents journaliers. La carte peut servir de «carte transfert» en ce sens qu’elle peut être utilisée pour envoyer de l’argent à très faible coût. Elle a aussi l’avantage de servir de « carte voyage », puisque l’utilisateur de la carte peut ainsi voyager sans emporter une forte somme d’argent liquide.

Maîtrise de Management des Organisations La 13è promotion célébrée

L

’Association des Etudiants de la Maîtrise de Management des Organisations (AE-MMO) a célébré son traditionnel gala annuel dénommé la « Nuit du Manager ». Pour l’occasion, étudiants,

diplômés de ladite école, top managers et chefs d’entreprises (pour la plupart anciens de cette école), ont communié autour des valeurs d’excellence et de compétence qui fondent le label MMO. Cette

cérémonie a été marquée par le baptême de la 13è promotion (la promotion sortante) qui s’est fait un plaisir de passer le témoin aux membres de la 14è promotion. L’un des temps forts de cette cérémonie a été sans nul doute, l’intervention de M. Sylla Ba Ousmane, ex-directeur Afrique Centrale CHOCODI, et par ailleurs directeur associé du cabinet MS Inter. En sa qualité d’expert en management des organisations, il est intervenu sur la stratégie d’entreprise, en insistant sur les meilleures pratiques du domaine. Notons à cet effet, que M. Sylla dispense des cours de Management Stratégique au sein de ladite filière. Il faut préciser que la Maîtrise de Management des Organisations est née du souci de l’Unité de Formation et de Recherche des Sciences de Gestion de l’Université de Cocody de former des cadres aptes à occuper des postes de haute responsabilité dans tous les métiers de la gestion, tant au niveau national qu’international. Ses diplômés, au nombre d’environ 250 depuis sa création en 1998, sont actifs à hauteur d’environ 96%. TYCOON NUMERO 23 • 15


| L’ACTU |

Wangari Maathai

52 milliards pour l’autoroute de GrandBassam

La femme qui plantait des millions d’arbres

L

L

a nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre, triste et implacable ! Wangari Maathai, prix Nobel de la paix en 2004, s’est éteinte à l’âge de 71 ans au Kenya. Cette digne fille de l’Afrique est la première femme africaine à recevoir ce prestigieux prix pour sa contribution en faveur de l’environnement, du développement durable, de la démocratie et de la paix. Cette femme de combat, militante écologiste et femme politique, n’aura pas vécu inutile. La sagesse populaire le dit si bien : « Celui qui plante un arbre, n’a pas vécu inutile ». Des arbres, Wangari Maathai en a plantés. Et des millions ! Dans son pays, le Kenya, comme ailleurs en

16 • TYCOON NUMERO 23

Afrique, cette militante écologiste est célèbre pour être « celle qui plante des arbres ». Toute sa vie, au sein de son mouvement de la Ceinture Verte qu’elle créa dès 1977, elle n’a eu de cesse de lutter contre la déforestation et a fait renaître des forêts entières avec l’aide de milliers de personnes. Brillante biologiste, elle décrocha la chaire de Professeure d’anatomie en médecine vétérinaire à l’université de Nairobi. Mais la « verte insoumise », n’était pas prête à subir, passive, les affres de l’homme sur son environnement. Elle décida que sa bouche serait la bouche des malheurs qui n’ont point de bouche ; sa voix, la liberté de celles qui s’affaissent au cachot

du désespoir. Cette femme au grand coeur a donc pris son bâton de pèlerin. Et n’a eu de cesse de parcourir la planète pour mener des combats au service de la planète, des droits des femmes, de la liberté et de la paix. Wangari Maathai s’est éteinte à Nairobi le 25 septembre 2011. Elle laisse derrière elle un héritage sans prix, qu’il reste encore à faire entendre aux légions de sourds qui peuplent la Terre... Elle le disait d’ailleurs si bien : « Nous partageons tous une seule et même planète et nous formons une seule et même humanité ». Puisse son courage et son oeuvre être des exemples immortels à l’échelle de la planète !

a Chine vient d’octroyer un prêt de 52 milliards de F. CFA pour la réalisation de l’autoroute reliant Abidjan à Grand-Bassam. D’un coût total de 60 milliards de F CFA, l’autoroute, longue de 23,2 km, s’inscrit dans le projet de la route côtière transafricaine DakarAbidjan-Lagos. L’autoroute de Grand-Bassam possède le trafic le plus important en Côte d’Ivoire, avec 13.000 véhicules par jour, et pourra potentiellement en atteindre 20.000, d’après une étude du ministère des Infrastructures économiques. Ce projet, à n’en point douter, va contribuer au désengorgement de la capitale économique, Abidjan, tout en participant à la valorisation de la ville touristique de Bassam, ainsi qu’à l’essor de la zone franche de la biotechnologie et des technologies de l`information et de la communication installée dans cette ville. Le projet est divisé en deux sections, à savoir le tronçon PortBouët-Gonzagueville, d’une distance de 6,9 km, et celui de Gonzagueville-GrandBassam, de 16,3 km.


| L’ACTU |

Air France

Quand le Premium Voyageur fait classe PAR CHRISTIAN MIGAN

« Une miniclasse affaires pour répondre à l’attente d’une certaine clientèle à l’allure BCBG » Pierre DESCAZEAUX Directeur général de AIR France-KLM/Afrique-Moyen-Orient.

Ô

temps, suspends ton vol... » ! C’est par ce vers de Lamartine que l’on peut apprécier ce voyage en classe Premium Voyageur sur Air France. Où le temps ne compte pas malgré la distance qui sépare Abidjan et Paris. Six heures de vol ponctuées par une plage de loisirs et de farniente desservie par des vidéos, soit 500 heures de divertissement et un panel de 85 films au choix. De quoi vous détendre avant votre arrivée à Roissy. Une coque bien conçue et structurée à souhait qui se démarque de la classe économique… Des sièges larges et confortables qui vous invitent à un repos de guerrier… Aussi, une plus grande fluidité entre les sièges pour préserver le bon voisinage entre les passagers. Ne vous gênez surtout pas pour allonger les pieds, ça fait du bien de disposer de 38 à 40 pouces pour se dégourdir les jambes. Un air de vacancier qui vous éloigne de la vie trépidante d’Abidjan avec le cauchemar des embouteillages. Le Premium Voyageur, c’est aussi une partie de plaisirs pour la bonne

bouche… On apprécie tout le raffinement de la cuisine française. Le Premium Voyageur, selon le responsable du marketing, Christophe Attar, est une miniclasse affaires pour répondre à l’attente d’une certaine clientèle à l’allure « BCBG » qui aspire à un confort digne de son rang. Des hommes d’affaires à motifs intermédiaires. Des séniors comme des babyboomers. Des clients à loisirs. De là à dire que le Premium Voyageur bouscule la hiérarchie ? Mais pas de quoi inquiéter la classe Affaires qui a toujours son air princier, avec une habitabilité remarquable où les sièges sont pivotants, transformables en lits ; où la qualité de service est à une ondée supérieure au Premium Voyageur ; où le personnel navigant est aux petits soins des passagers qui ne doivent manquer de rien jusqu’à leur destination. Le Premium Voyageur, c’est le dernier-né de la famille qui se paye le droit d’irrévérence, en titillant le droit d’aînesse dévolu à la classe Affaires. Avec ce que ça lui coûte ! 20

sièges environ pour créer une aération vivifiante. Demandez à ce voyageur ce qu’il en pense, une réponse toute simple : « C’est bien… ». Verneuil, jeune chef d’entreprise, basé à Paris, ne s’embarrasse pas de fioritures, visiblement heureux de voyager en Premium Voyageur. Heureux déjà d’être très tôt pris en charge dès l’enregistrement jusqu’à la porte d’embarquement. Selon les dernières statistiques, cette nouvelle classe (créée depuis seulement le 25 mars 2010,)suscite beaucoup d’engouement auprès de la clientèle ; au moins 60% des passagers en sont satisfaits, selon le responsable marketing de la compagnie, Christophe Attar. N’y a-t-il pas un risque d’interaction entre les deux classes qui semblent se tutoyer ? En tous cas, comme rassure le directeur général Afrique-Moyen Orient d’Air France, Pierre Descazeaux, on ne sent pas de glissement de la classe Affaires au Premium Voyageur. Une façon de dire qu’on aspire plutôt à l’élite ! Quant à la Première, c’est le haut de

gamme. C’est le cocon douillet. Le passager n’a rien de compressif à gérer. Il arrive à l’aéroport accompagné d’une escorte qui se charge de ses bagages. Il est introduit dans un vestibule feutré pour les formalités d’usage. Loin des regards insidieux, il protège son intimité. Tout est fait dans un halo de lumière tamisée. Avec un décor rouge écarlate. Avec des objets d’art qui donnent la solennité au salon VIP. Seul le silence est grand. Quand le passager de la Première est en transit, une limousine est à sa portée, avec un guide pour ses courses. Salon de massage pour se remettre de sa fatigue. Et dans son assiette, Alain Ducasse, numéro 1 de la cuisine française. Air France, c’est aussi le management du personnel navigant qui dispose d’une cité de 33000m2, 15 000 stewards/hôtesses et 5000 pilotes répartis entre les divisions Afrique/Moyen-Orient, Europe, Asie, Amérique. Avec ses trois terminaux, l’aéroport RoissyCharles de Gaulle est un hub géant qui permet à Air France de déployer ses ailes à travers le monde.

TYCOON NUMERO 23 • 17



| BAROMETRE |

PAR othniel esdras

Coup

de cœur

Troisième pont d’Abidjan : Le rêve devient réalité

O

n y avait rêvé. Longtemps rêvé. Puis l’espoir s’est mué petit à petit en désespérance. Et 15 années se sont écoulées. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts pour voir enfin démarrer les travaux de ce fameux troisième pont, objet de tant d’attentions et de tant de convoitises. Souvenons-nous en, la pose de la première pierre avait été réalisée en 1999, par Daniel Kablan Duncan, alors Premier ministre du Président Henri Konan Bédié… Que le Président Alassane Ouattara tienne à honorer son « aîné » et à l’immortaliser, semble donc un juste retour des choses. Pour le détail, le pont Henri Konan Bédié

dont la réalisation va durer 27 mois, avoisine les 149 milliards. Avec une longueur de 1500 mètres sur la lagune, et des accès de 6 kilomètres du boulevard Giscard d’Estaing à l’avenue François Mitterrand. L’ouvrage aura une trajectoire Nord-Sud d’environ 8 kilomètres. De quoi assurer une fluidité routière remarquable et un potentiel-temps à engranger en termes de gain. C’est un pont à péage de 6 voies dont le coût par passage est de 700 F. CFA. Ce qui permettra de rentabiliser le projet. Ainsi exploité par le concessionnaire, le pont sera rétrocédé à l’Etat au bout de 30 ans.

TYCOON NUMERO 23 • 19



| BAROMETRE |

PAR hERVE KOUTOUAN

Chassons ce naturel

Coup de gueule

L

’espoir s’est-il effondré ? La dynamique amorcée au sommet de l’Etat nous y poussait. Cette ère nouvelle soufflait l’air de la discipline, de la rigueur, de la propreté qui rime avec changement. Les résultats étaient même perceptibles ! Le boulevard Nangui Abrogoua servait, pour la première fois, à ce pour quoi il avait été créé, c’est-à-dire, la circulation. Avec une fluidité unanimement saluée par les populations. Le grand Abobo, jadis, si réfractaire à l’ordre, avait aussi pris son bain de jouvence. Et tout semblait aller dans le meilleur des mondes possibles sous l’oeil vigilant des forces de l’ordre qui n’hésitaient pas à manier le bâton. On s’était donc mis à rêver de ce qu’Abidjan deviendrait un second Accra. Mais il a suffi que l’on baisse un peu la garde, pour que les populations se laissent aller

à leurs bonnes vieilles habitudes. Chassez le naturel, il revient au galop ! Et les mauvaises habitudes ont aussi la peau dure dans le milieu de l’enseignement. Et elles sont nombreuses, ces brebis galeuses qui ne se sont pas fait prier pour soutirer de l’argent aux candidats pendant les oraux du BEP, du BEPC ou du bac. Même constat sur les routes, où le racket est encore perceptible. Nos vieux démons à défaut d’être omniprésents, restent bien présents. Et la victoire dans ce combat pour la restauration de l’image de notre pays qui est amorcée, ne pourra être acquise qu’avec l’implication de tous et de chacun. Réformons nos intelligences afin que notre société soit réformée. Ainsi, nous pourrons bannir ce naturel si réducteur et si avilissant.

TYCOON NUMERO 23 • 21


| L’ACTU EN 10 QUESTIONS |

L’épreuve de la mondialisation

PAR Louis Parfait Brou

22 • TYCOON NUMERO 23


| L’ACTU EN 10 QUESTIONS |

1

4

7

Que comprendre par la mondialisation ? La mondialisation est présentée comme un village planétaire. Il faut comprendre une intégration croissante des économies du monde. De plus en plus, cela est évocateur de l’extension des réseaux des nouvelles technologies de l’information et de la communication, du démantèlement progressif des frontières, du rapprochement des identités et des nationalités, etc. C’est théoriquement une aubaine pour les États de faire valoir leur capacité et leur compétitivité sur le marché mondial.

La mondialisation a-t-elle permis aux pays mal logés de sortir de la pauvreté ? Avec la configuration actuelle de la mondialisation, le bilan est négatif pour les États classés au bas de l’échelle. Hormis quelques pays de l’Asie du Sud-Est, le tableau demeure sombre pour le reste. La mondialisation apparaît pour ces derniers comme un système d’exploitation au profit des pays riches. Le commerce mondial profite essentiellement aux pays riches qui dictent eux-mêmes les échanges, avec, derrière, un appauvrissement des plus pauvres. Autrement, les écarts de richesses continuent de se creuser du fait de la mondialisation.

La coopération sino-africaine n’est-elle pas une autre forme d’exploitation, cette fois-ci au profit de l’Asie ? Il y aura toujours des prédateurs. La seule réponse, c’est de retrousser les manches et de veiller à ce qu’il y ait plus de lois, et ce, au niveau mondial, et, dans le même sens, une règlementation de nos comportements de consommateurs.

2 Qui gouverne la mondialisation ? Personne. C’est un grand navire sans capitaine. Cela donne lieu à des déviations et des pratiques bafouant les vertus censées être véhiculées par la mondialisation. De plus en plus, des voix s’élèvent pour appeler à un cadre de concertation mondiale institutionnalisé, avec en prime, des prises de décisions politiques applicables à tous. Il va bien falloir réguler ce nouvel ordre mondial. Mais pour l’heure, tous sont conscients de la nette domination des États-Unis qui tentent tant bien que mal de conduire la destinée planétaire selon son mode politique, économique, culturel, etc.

3 Personne à la tête du navire, est-ce à dire qu’il y a des raisons d’avoir peur ? Avoir peur n’amène à rien. En revanche, on a raison de se poser des questions. La mondialisation est un phénomène qui existe et qu’on n’arrêtera pas simplement parce qu’on a peur. Il faut repousser ses limites et poser des actes concrets pour la mise en place d’un système qui prenne en compte les intérêts de tous. Dans le désordre, ne prospéreront que les plus forts au détriment des pauvres.

5 N’est-ce pas s’arrimer à l’Occident ? Le voir ainsi, selon la députée européenne, Sylvie Goulard, c’est voir à court terme. « Si on observe la dernière crise qu’a vécue l’Occident, elle est certes venue des États-Unis, mais la solution de la sortie de crise est plutôt venue des pays émergents. L’Occident est riche, mais elle est en perte de vitesse démographique. Il est bon de voir ces pays sortir de la misère par leur travail, par leur créativité. Des pays comme l’Inde, la Chine sont les porteurs de la mondialisation par leur création, leur cinéma, leur culture, etc. Ce qui est certain, c’est que la mondialisation laisse aussi beaucoup trop de gens sur le bord du chemin qui subissent les problèmes d’environnement, de sécurité… » Qu’elle soit bonne ou mauvaise, la mondialisation sera ce que nous en ferons tous. Collectivement.

6 Est-ce un cliché de dire que le tiers monde subit la mondialisation ? C’est vrai qu’il y a de la prédation, qu’il y a de la volonté de s’enrichir, mais il n’y a pas que ça non plus. Il y a aussi du bien dans la mondialisation. Il consiste à faire en sorte de rendre un peu plus justes les échanges, en vue d’améliorer la vie des paysans africains, par exemple. Il faut aussi croire qu’avec la mondialisation, on court vers la fin de la domination occidentale telle qu’on l’a connue. Aujourd’hui, en Afrique, on assiste à l’arrivée des Chinois. C’est un phénomène nouveau.

8 La mondialisation est-elle coupable ? On ne peut pas imputer à la mondialisation tous les maux dont souffrent les pays à faible croissance. Elle a certes contribué à creuser le fossé entre le Nord et le Sud, mais il est bon de regarder aussi du côté des choix de politique générale de développement qui ont montré leurs limites. L’enrichissement illicite, la corruption, l’impunité et autres endettements ont été érigés en système de gouvernance. Les coups d’État à répétition, les guerres civiles, les régimes politiques dictatoriaux sont, par ailleurs, tout aussi responsables de l’appauvrissement des populations.

9 Comment les pays pauvres peuvent-ils combler rapidement leur retard ? Il n’y a que le travail qui puisse les affranchir. Il faut donc songer à un bon nombre de mesures visant à créer des conditions propices au développement. Il faut penser aux réformes structurelles visant à encourager la concurrence sur le territoire national ; à rendre plus efficaces les gouvernements en vue d’assurer une bonne gestion des affaires publiques ; et à rendre concrètes les mesures mises en place dans les domaines de l’éducation, de la formation, de la recherche et du développement afin de stimuler la productivité, etc.

10 Faut-il désespérer de la mondialisation ? On ne peut pas dire que tout soit pire aujourd’hui, comparativement au passé. Le tout est de donner un visage humain à la mondialisation.

TYCOON NUMERO 23 • 23


| RENCONTRE AVEC... |

Cédric LOMBARDO Directeur Associé de BeDevelopment, Cabinet de Management de l’Innovation et du Développement, spécialiste des changements environnementaux

« Sans stratégie de défense, le bassin industriel de Vridi et le pôle d’habitation de Port-Bouët sont menacés » L’océan assaille le littoral ivoirien. Après les inondations d’Abidjan, la Côte d’Ivoire post-crise connaît une deuxième catastrophe environnementale au mois d’août dernier. A Port-Bouët, Grand-Bassam ou Assinie, des bâtiments sont arrachés, des routes détruites et des plages englouties en trois jours. L’Homme et ses réalisations ne résistent pas aux colères de son environnement : vies menacées, infrastructures en lambeaux, facteurs environnementaux de production qui changent… Un expert ivoirien, Cédric Lombardo, nous éclaire. PAR HervE Koutouan

24 • TYCOON NUMERO 23


| RENCONTRE AVEC... |

et les modèles économiques. Nous faisons du management de l’innovation et du développement, et intervenons sur des projets à forte complexité technologique et intensité capitalistique. Telle une compagnie aérienne ou un opérateur de satellite. Les changements environnementaux sont un système complexe, multidisciplinaire, et l’un des plus importants défis pour les Etats et les entreprises. Les innovations et les orientations sont connues. Les innovations se trouvent dans de nouvelles technologies, des modèles économiques, des instruments financiers dédiés. Les orientations doivent être apportées en priorité dans l’énergie, la production alimentaire, le transport, l’urbanisation ou la valorisation des déchets. Une entreprise nous sollicite pour développer des bioénergies, un État voisin nous consulte sur son plan d’adaptation au changement climatique. Et avant les aspects économiques, les Etats ont des questions de sécurité des personnes et d’intégrité du territoire.

A

vant d’entrer dans le vif du sujet, comment peut-on faire du conseil en changements environnementaux ? Il est impératif d’en comprendre les défis socioéconomiques et d’y apporter des réponses. Un changement environnemental peut affecter tout un secteur d’activités nationales. A preuve, cette saison du cacao a bénéficié d’une météo favorable, grâce au phénomène climatique « La Niña » qui a contribué à un excédent mondial de 182.000 tonnes de fèves. Nous assisterons bientôt au retour du phénomène « El Niño » : des modèles climatiques qui intègrent les caractéristiques des cacaoyères ivoiriennes, chiffrent une baisse significative de production. Il faut innover dans les itinéraires agricoles

Justement, Port-Bouët et GrandBassam vivent une situation cauchemardesque face à l’érosion côtière. Quelle est votre analyse ? L’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), en 2007, estimait que 471 Km² du littoral ivoirien pouvaient disparaître du fait de changements environnementaux. Cette atteinte à l’intégrité physique de notre territoire représenterait 2300 milliards de F CFA de biens affectés. Un coût qui est nettement supérieur aux solutions existantes. Notre littoral subit une érosion naturelle, mécanique, sous l’effet d’un jeu des courants marins et fluviaux, des sédiments qu’ils transportent et des marées océaniques. Le territoire rocheux du Bas-Sassandra ou les plages de sable du Sud-Comoé sont différemment affectés. Ajoutez des érosions exceptionnelles, et citons 1984, 1986, 2007 et 2011 à Port-Bouët et Grand-Bassam. Les premières ont des causes météo exceptionnelles, la troisième allie une activité sismique loin des côtes et des vents forts. Nous sensibilisions aux risques des marées d’août/ septembre 2011, mais sans anticiper ce caractère exceptionnel. La période conjugue nouvelle lune et équinoxe, entraînant de fortes marées. Le Centre de Recherche Océanologie, la SODEXAM et LAMTO n’indiquent pas d’anomalie environnementale. Si la réunion de facteurs naturels est favorable à ces conséquences, nous entrons en situation d’urgence.

Cette situation est-elle irréversible ? Quels sont les dangers encourus et que peut-on faire pour endiguer le mal ? Grand-Bassam est l’embouchure de la Comoé et des 566 Km² de la lagune Ebrié qui s’y jetaient dans l’océan. La percée du Canal de Vridi a créé une autre ouverture de la lagune sur l’Océan. Les deux tiers de la Comoé étant ainsi aspirés vers le canal, l’insuffisance du débit sur GrandBassam a fermé l’embouchure. La Comoé transporte 70.000 tonnes de sédiments par an, et l’Océan 400.000 m³ qu’il a arrachés en amont des côtes. La rencontre de la Comoé et de l’Océan échouait ces sédiments sur les plages de Grand-Bassam. Sans embouchure, la ville est surexposée aux forces érosives de l’océan. Le Conseil général de Grand-Bassam et sa mairie nous ont sollicités en 2009, pour une étude à ce sujet. L’érosion aggravée menace le patrimoine historique, les infrastructures touristiques, leurs emplois. La perte de l’accès à l’océan a détruit la pêche d’estuaire, et favorisé l’invasion des plantes d’eau qui réduit la pêche lagunaire. Les crues de la Comoé provoquent des inondations. Pour restaurer l’écosystème bassamois, il faut recréer un accès à l’océan et capturer les sédiments par un jeu de digues. Il s’agira d’un petit canal dont la digue ouest recréera 170 m de plage en 6 ans. Face aux coûts, il faut un modèle économique justifiant l’opportunité. L’accès à la mer est le propos d’un port de pêche artisanale, et le Conseil général a acquis le financement d’une usine de transformation de pêche. Aux activités touristiques préservées, s’ajoute le potentiel d’un port de plaisance et d’activités nautiques. Grand-Bassam oeuvre à son classement au patrimoine mondial en 2012. Intégrez aussi la zone franche à développer et les terrains protégés des inondations. Il faut finir les études, dont l’impact environnemental sur le système lagunaire Ebrié et l’extension de l’engraissement du littoral jusqu’à Vridi / Port-Bouët. A long terme, il faut intégrer le changement climatique et l’élévation du niveau de l’océan. Sans stratégie de défense, le bassin industriel de Vridi et le pôle d’habitation de Port-Bouët sont menacés. La perte des plages de Grand-Bassam affecterait Bingerville et Abidjan. Nous assistons de plus en plus aux bouleversements du changement climatique. Qu’est-ce qui l’occasionne ? Que fait-on pour résoudre la question ? Le changement climatique a

des causes humaines, dont fait partie notre modèle énergétique et technologique. Ces modèles dégagent des gaz polluants qui se concentrent dans l’atmosphère et créent un effet de serre. D’où une hausse des températures et des dérèglements climatiques. La convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique est le forum de négociations entre Etats pour changer et financer un nouveau modèle, respectueux de l’environnement. Les enjeux sont simples : il faut financer l’atténuation et l’adaptation mondiale au changement climatique. L’Afrique n’est pas responsable de ce changement mais certaines pratiques, comme la déforestation, augmentent la vulnérabilité. Le mode de production et de consommation des pays développés leur donne une responsabilité historique. Le plus passionnant est de transformer les défis environnementaux en opportunités de développement. A Copenhague, en 2009, l’Afrique a montré son poids diplomatique et sa détermination. En Novembre 2011, les négociations auront lieu en terre africaine, à Durban. Nous devons toujours sauver le Protocole de Kyoto, ses outils juridiques, technologiques, et financiers, indispensables au développement durable africain. La Côte d’Ivoire doit s’y rendre avec des projets robustes, des fondamentaux institutionnels solides, et une stratégie diplomatique éclairée. Vous n’imaginez pas notre potentiel ! Une dernière question sur l’urbanisation. Quelles sont les conséquences de l’urbanisation sauvage et chaotique sur l’environnement ? Pensez aux victimes des inondations urbaines ouest-africaines de 2009, 2010 et 2011. Regardez la baie de Cocody. Ce sont les symboles des conséquences de cette urbanisation sauvage et chaotique. Le problème c’est que nous connaissons les solutions, et qu’il faut pouvoir les mettre en oeuvre. Il y a un schéma d’urbanisme, il faut le respecter. Il identifie des zones non constructibles, fragiles face aux risques environnementaux, prévoit des ouvrages et des normes d’occupation des sols pour réduire l’impact de ces risques. Avec les changements environnementaux, ces risques augmentent. Mais soulignons les opportunités urbaines : efficacité énergétique des bâtiments, organisation des transports, valorisation des déchets, la liste est longue ! TYCOON NUMERO 23 • 25



way DEMAIN LUI APPARTIENT

PARCOURS D’ENTREPRENEUR COMMENT JE SUIS DEVENU...

Eric AGNERO journaliste, prEsident et CEO de GreEncast Africa

JACKIE BERTHO ANDOH PDG de NOA TRADING

MAHE DJIRE plasticien, SPECIALISTE DANS L’ART DE LA RECUPERATION

TYCOON NUMERO 23 • 27


| JE VEUX ETRE |

Jacques OUATTARA 21 ans, ElEve technicien supErieur en Gestion de l’Environement et des Resources Natureles (GERNA) A l’InstituT KIBIO

28 • TYCOON NUMERO 23

« Les sachets plastiques sont un fléau dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, et singulièrement en Côte d’Ivoire »


| JE VEUX ETRE |

Dompter les déchets plastiques ou périr Son profond attachement à la Nature et sa passion pour les sciences naturelles l’ont poussé à se former en gestion de l’environnement et des ressources naturelles. Jacques n’a plus qu’une idée en tête : créer une structure spécialisée dans le recyclage des déchets de sachets plastiques. PAR OTHNIEL ESDRAS

P

lus qu’un métier, l’environnement est une vocation ». Et Jacques Ouattara en a fait un idéal de vie. C’est avec amertume qu’il « constate chaque jour l’inconscience et le désintérêt qui persistent parfois à l’égard des considérations écologiques ». Il ne rate d’ailleurs aucune occasion de « prêcher » la bonne nouvelle des comportements écocitoyens. « Là où il y a du vert, il y a la vie », s’empresse-t-il de répondre à qui veut l’entendre. Il faut le dire, Jacques Piesson Ouattara a trouvé sa voie. Elève technicien supérieur en Gestion de l’Environnement et des Ressources Naturelles (GERNA) à l’Institut de Recherche en Sécurité et Protection de l’Environnement (IRSPE-KIBIO), il ne rêve que d’une seule chose : monter une structure qui se spécialiserait dans la récupération et le recyclage du sachet plastique, une matière qui n’est pas biodégradable. « Les sachets plastiques sont un fléau dans la plupart des pays de l´Afrique sub-saharienne et singulièrement en Côte d’Ivoire », fulmine-t-il. Afin de parvenir à recycler les déchets plastiques, Jacques entend mettre tous les atouts de son côté. Et cela, pour lui, passe par la formation. « J’envisage après le BTS en Gestion de l’Environnement et des Ressources Naturelles, de poursuivre mes études pour décrocher un diplôme d’ingénieur en gestion des déchets ». Il en a les capacités.

Le visage académique de Jacques A défaut d’être major, Jacques n’a jamais quitté le peloton de tête. Et c’est d’ailleurs ce qui lui a valu

de finir la première année avec une moyenne supérieure à 13. Ce féru de sciences naturelles, se dit être vraiment dans son élément dans cette formation en Gestion de l’environnement et des ressources naturelles. « Cette filière répond à mes attentes », affirme-t-il, le sourire en coin. Il y étudie essentiellement des matières qui portent sur l’assainissement en général. Et même si « l’essentiel est de comprendre les cours à ce niveau d’études », notre futur technicien a réussi à tirer son épingle du jeu, en cette année de BTS. Ces moyennes oscillent entre 13,5 et 12,25 dans ses matières de base, à savoir : la gestion des déchets, la gestion d’un réseau d’assainissement et l’Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE).

Qui est Jacques Ouattara ? Rigoureux, dynamique et motivé, telles sont les qualités que se reconnaît ce jeune homme de 21 ans. Sa facilité d’adaptation et son sens inné de l’organisation ont tôt fait de lui un meneur d’hommes, au point que la fonction de chef de classe semble lui coller à la peau. « J’ai souvent été chef de classe », confie l’ancien élève du collège Charles Lwanga de Ferkessédougou. A l’IRSPE-KIBIO où il pose ses valises, Jacques n’a pas le temps de s’adapter qu’il est déjà élu délégué de sa filière. « J’aime bien être aux côtés de mes amis, et les défendre si besoin est. Mais toujours dans le strict respect de l’administration et du corps enseignant », précise-til. Et quand on veut conduire les autres, on se doit de donner l’exemple. Aussi s’efforce-t-il

d’être un exemple dans tous les domaines. Tant au niveau des études que dans les rapports avec autrui. Son leitmotiv : « rester toujours humble », car « l’humilité vous permet d’apprendre des autres et donc de bénéficier de ce qu’ils ont de positif », justifie-t-il. La direction de son établissement ne tarit pas d’éloges à son endroit. C’est d’ailleurs cette discipline et cette rigueur, qui lui ont valu d’être choisi à son insu comme délégué général pour la deuxième année par l’ensemble des délégués des filières de cet institut. « J’étais absent pour cause de maladie, le jour des élections » se

souvient-il. Pragmatique, il ne s’embarrasse pas de fioritures. Cet amateur de documentaires télévisés, adepte de la chaîne américaine, National Geographic, reste cependant très critique à l’endroit de la jeunesse. Et son message ne souffre d’aucune ambigüité : « Il faut que la jeunesse entreprenne et cherche à ne pas recourir à la facilité ». Il n’hésite pas à reprendre à son compte la célèbre citation du président américain John F. Kennedy : « Ne te demande pas ce que ton pays peut faire pour toi, mais demande toi ce que tu peux faire pour ton pays ». A méditer.

TYCOON NUMERO 23 • 29


| SUR LA VOIE |

Isabelle MEMEL 27 ans, IngEnieur en HygiEne IndustrielLe du travail, ContrOleur en prEvention A la CaisSe Nationale de PrEvoyance Sociale (CNPS)

30 • TYCOON NUMERO 23

« La donne a aujourd’hui changé et les entreprises déclarent les accidents et nous sollicitent de plus en plus »


| SUR LA VOIE |

La femme de toutes les préventions Aller en croisade contre les risques industriels et les maladies professionnelles, telle est la mission à elle confiée. Isabelle Memel promène, jour après jour, son oeil inquisiteur dans les entreprises, à la recherche de la faille qui peut causer le drame. PAR HERVE KOUTOUAN

Q

uatre années déjà que dure cette trépidante aventure ! Quatre années qu’elle est devenue « l’un des anges gardiens » de tous ces travailleurs exposés à bien des risques sur leurs lieux de service. « L’idée de porter secours à autrui m’a motivée à faire ce métier ». En effet, elle aurait bien aimé être médecin pour sauver des vies, un désir refoulé qui se réalise sous une autre forme. Isabelle Memel, vêtue d’une blouse blanche, nous reçoit dans son bureau de la tour Equinoxe au Plateau. Un message placardé nous interpelle : « Trop d’accidents au travail, trop de morts, trop de handicaps, des conséquences dramatiques pour les familles. Ensemble, agissons par la prévention ; la CNPS, votre partenaire pour la vie ». Nous sommes bien dans l’antre de la prévention. En effet, Isabelle fait partie de cette poignée de femmes contrôleurs en prévention à la CNPS. « Nous ne sommes que cinq femmes sur toute l’étendue du territoire ivoirien », explique-t-elle. Pourquoi si peu de femmes ? La réponse ne se fait pas attendre : « Cela est sûrement dû à la méconnaissance de ce secteur-là. Le volet prévention des risques professionnels est un secteur qui n’est pas très connu des femmes ». Au demeurant, la méconnaissance de cette profession n’altère nullement son importance au sein de cette société moderne où la prévention des dommages matériels et corporels est devenue un enjeu considérable pour les entreprises.

Noble mission L’accident, même s’il n’est pas à prévoir, reste à prévenir. Et

« le contrôleur a pour mission de veiller au respect et à l’application de la règlementation en matière de sécurité et de santé au travail », explique-t-elle. C’est donc porteuse de ce cahier de charges qu’elle entreprend des visites dans les entreprises affiliées à la CNPS, afin de s’imprégner des réalités des employés sur leur lieu de service. Ces visites, sanctionnées par un rapport, permettent de faire de la sensibilisation en matière de santé et de sécurité au travail aux employeurs, afin qu’ils en tiennent compte dans la gestion de leur entreprise. Loin de jouer à Don Quichotte, Isabelle Memel sait que la cause est défendable, puisque les choses évoluent dans le bon sens. « Au départ, nous étions confrontés à des employeurs très réticents qui avaient une parfaite méconnaissance des règles de protection contre les accidents et les maladies professionnelles », confie-t-elle. « A travers les inspections, mais surtout les formations en entreprise à l’attention des dirigeants et des travailleurs, la plupart des employeurs ont adopté ces comportements, bien qu’il y en ait encore qui soient réticents ». Révolue, cette époque où les employeurs ne déclaraient même pas les accidents de travail. « La donne a aujourd’hui changé et les entreprises déclarent les accidents et nous sollicitent de plus en plus », s’en félicite-telle. La prévention des risques professionnels est une réalité aujourd’hui tant en entreprise, qu’au niveau même de la formation supérieure. Après avoir vaincu de réelles adversités, Isabelle tire une légitime fierté d’avoir fait office de pionnière. En se rappelant, après coup, tous les quolibets qu’elle a dû essuyer de la part de ses amis lorsqu’elle

commençait cette formation méconnue du grand public.

Du droit à l’hygiène et la sécurité Notre contrôleur en prévention est animée d’une infinie gratitude à l’endroit de son modèle de père. Et pourtant, elle avoue que son géniteur a dû s’interposer et s’imposer, afin qu’elle n’aille pas s’inscrire en communication d’entreprise comme elle le désirait. Animée par l’idée de faire du Droit, Isabelle est inscrite à l’UCAO. Le rythme « effréné et infernal des cours », lui fait perdre toute envie de devenir avocate. Elle veut rebrousser chemin, et se souvient alors avoir été orientée par l’Etat dans une grande école à Yamoussoukro, pour y faire de

la communication d’entreprise. Son père ne l’entend pas de cette oreille. « Pas question de faire une formation où les chances d’insertion professionnelle, demeurent très minces », menacet-il. Ce sera une filière d’avenir, en l’occurrence, « l’hygiène industrielle ». Un bras de fer s’engage. Isabelle fait contre mauvaise fortune bon coeur et se retrouve seule littéraire dans une filière de scientifiques. Son père reste de marbre et lui conseille de se remettre à niveau en Mathématiques et en Sciences Physiques. 9 mois passés à faire des cours de renforcement, tout en suivant le programme de première année, finissent par avoir raison de son aversion pour les Mathématiques et les Sciences Physiques. Les voies de la réussite lui sont plus que jamais ouvertes. Bel exemple de détermination.

TYCOON NUMERO 23 • 31


| DEMAIN LUI APPARTIENT |

Eric AGNERO 41 ans, journaliste, prEsident et CEO de GreEncast Africa

32 • TYCOON NUMERO 23

« L’environnement est une notion transversale qui touche tous les aspects de notre vie »


| DEMAIN LUI APPARTIENT |

L’environnement au cœur de nos vies Pragmatisme et flexibilité. Voilà, bien résumé, Eric AGNERO. Journaliste émérite qui vient d’intégrer la mythique chaîne américaine CNN, celui que des confrères surnomment ‘‘le nomade’’, est aussi très engagé dans la lutte contre la protection de l’environnement. A preuve, il est président de Greencast Africa, un centre régional de ressources et de communications environnementales. PAR Jean-Hypolithe DRUIDE

S

’il est un moteur suffisamment puissant pour booster tout être humain, c’est bien la passion. Et, Eric Agnéro est un passionné. Tendez votre dictaphone ou votre micro à des confrères et dans son entourage à son sujet, ils ne vous en diront que du bien. Eric a conquis les auditeurs par sa voix radiophonique, ses présentations (Ndlr. ‘‘La voix d’Amérique’’, Radio Nostalgie) en français ponctuées constamment de mots anglais. C’est sa particularité. Passionné de la Communication, mais aussi de l’environnement, il marque d’une pierre blanche chaque étape de sa vie. « C’est l’envie de me rendre utile tout en gagnant ma vie et donner du relief à mon existence qui me guident. Ce serait insipide de vivre son temps sur terre sans le marquer de façon significative », explique-t-il. On peut le dire sans risque de se tromper, qu’il sait s’y prendre. Lui, qui a conduit avec succès ‘‘Earth Day’’ (la journée de la Terre), dont la première édition s’est tenue en avril 2010 en pleine forêt du Banco. Et il a bien d’autres cordes à son arc.

L’environnement, une notion transversale Qui peut échapper à la réalité environnementaliste ? Cette réalité qui touche à tous les aspects de notre existence. « L’environnement est une notion transversale qui touche tous les aspects de notre vie et c’est notre relation avec lui qui est déterminante », argumente le président de Greencast Africa. Et cette vision de l’environnement, Eric Agnéro compte la faire partager par son engagement

dans la lutte pour la protection de celui-ci. Tout cela, en prenant appui sur son métier de journaliste qui lui a ouvert l’esprit sur les dangers qui guettent la Terre. « Mon métier de journaliste m’a permis de comprendre les dangers qui menacent notre planète », ajoute-til. Par ailleurs, il s’étonne de ce que, sous nos tropiques, nos autorités limitent l’environnement à la seule question de la salubrité publique, « Ce n’est pas seulement la salubrité publique comme on veut le faire croire chez nous. Mais l’environnement, c’est aussi les forêts qui disparaissent, le type d’énergie que nous choisissons, le type d’urbanisme que nous adoptons, l’agriculture, etc. » Aucune politique de développement ne peut se mettre en place sans le respect de l’environnement. Certes, mais il faudra que ce respect soit amplifié à travers des actions concrètes. C’est à cela, que ce père de trois enfants s’attelle. « Notre ONG participe à vulgariser l’information environnementale. Nous assistons les gouvernements et autres organisations internationales dans leurs efforts de communication… Et pour cela, nous avons les hommes qu’il faut », précise-t-il.

Son destin l’a rattrapé Après son bac, Eric Agnéro est orienté en Chimie-BiologieGéologie (CBG), à l’université de Cocody. Lui a toujours voulu être dans la Communication. « Déjà au lycée, j’étais le maître de cérémonie de toutes les manifestations et le scribe des associations d’élèves. Je me suis retrouvé en CBG à cause d’une mauvaise orientation », révèle-t-il.

Chose dont beaucoup d’étudiants sont d’ailleurs victimes. Mais, l’ex-chef d’antenne de Radio Nostalgie est très vite rattrapé par son destin. Il exploite cette fibre de communication innée, pour se réorienter. « A cette époque, j’étais assistant de production à TBC, une des plus prestigieuses maisons de production audiovisuelle de l’époque. Et je posais déjà ma voix sur des vidéos produites par Djira Youssouf, etc. » C’est ainsi que le parcours du ‘‘nomade’’ fut tracé. Avec, dans son esprit, la force d’un ténor de l’audiovisuel, Georges Taï Benson (GBT). C’est lui qui, par sa grande culture et son avant-gardisme, a inspiré à Eric Agnéro l’amour du broadcasting. Il est recruté en 1996 par Radio Nostalgie. Son premier poste à temps plein. « J’ai été Chef d’antenne de 1996 à 1998 à Radio Nostalgie et aussi animateur dans la même radio », se souvient-il. Le besoin de se spécialiser se fait sentir. Plus tard, il part en Angleterre pour apprendre la production

radio. Mais, il est déjà repéré ! « Je suis appelé à travailler à la rédaction francophone de la Voix de l’Amérique à Washington, D.C. ». Il y exerce pendant 7 ans. Aujourd’hui, il fait partie de l’effectif de CNN. Une chaîne de télévision fondée par Ted Turner, une personne à qui Eric veut ressembler. Comment a-t-il obtenu le poste ? « En fait, explique-t-il, je dois mon intégration à CNN aux Eléphants de Côte d’Ivoire. A l’occasion de la Coupe du Monde en Afrique du Sud, un ami qui vit à New-York a donné mon contact à CNN qui cherchait un reporter freelance pour faire quelques reportages sur la Côte d’Ivoire. » Son expérience et sa maîtrise de la langue de Shakespeare font le reste. Et depuis, tout se passe bien pour lui. Entre deux avions, Eric trouve le temps d’un weekend pour travailler à la réalisation d’un projet d’une valeur de 500 000 000 de francs CFA qui aboutira à la régulation des emballages plastiques dans les pays d’Afrique de l’Ouest. Godspeed !

TYCOON NUMERO 23 • 33


| PARCOURS D’ENTREPRENEUR |

Jackie BERTHO ANDOH PDG de NOA TRADING, energie solaire

34 • TYCOON NUMERO 23

« Quand allons-nous arrêter les phases expérimentales et passer aux choses pratiques ? »


| PARCOURS D’ENTREPRENEUR |

Pour l’avenir de l’énergie solaire Jackie BERTHO ANDOH était administrateur de banque après avoir exercé dans plusieurs domaines d’activités. Elle abandonne tout pour créer sa propre structure : NOA TRADING. Une société spécialisée dans la commercialisation et l’installation d’équipements solaires. Depuis, elle se bat envers et contre tous pour que ce secteur explose. PAR Jean-Hypolithe DRUIDE

C

omment l’idée vous est venue de créer NOA TRADING ? Il est important de souligner que je suis avant tout de sensibilité écologique. Depuis mes origines. J’ai toujours été proche des verts en France, et ici en Côte d’Ivoire, je suis proche des défenseurs de la nature. J’ai toujours été guidée par le souci de faire du composte, du tri sélectif, depuis que j’ai posé mes valises en terre ivoirienne. Nous avons cette tradition dans notre région et mon père le faisait. Vous comprenez donc pourquoi je suis passionnée d’environnement. Après avoir exercé diverses activités professionnelles, à 50 ans, j’ai décidé de ne plus travailler pour l’administration, ou pour un tiers, mais, plutôt pour moi, et dans un secteur qui m’intéresse. A ce stade, je n’avais pas trouvé mieux que la remise en état des bâtiments communs. L’envie de m’investir dans l’énergie solaire m’a animée après un voyage au Burkina Faso où j’ai rencontré des gens de cette filière. Et lorsque je suis revenue en Côte d’Ivoire, j’ai voulu acheter des panneaux pour monter ma propre installation solaire pour en comprendre le fonctionnement. Mais je n’ai pas trouvé de panneaux sur le marché ivoirien. C’était en 2006. Je me suis donc rendue à nouveau au Burkina pour me procurer des panneaux et un onduleur que j’ai montés. Ainsi, l’idée m’est venue de m’instruire sur ce qui se faisait dans l’énergie solaire en Côte d’Ivoire. En savoir davantage sur les acteurs et l’expertise de ce secteur. C’est alors que j’ai découvert les traces des choses qui avaient été faites. Mais, faute de volonté politique forte, tout avait été abandonné. A cette époque, il n’y avait plus que le passé de cette filière et aucun matériel n’existait. J’ai donc saisi

cette opportunité pour me lancer dans ce domaine négligé. Pour commencer, je me suis inscrite à l’école des Bâtiments à Koumassi pour une formation en électricité. Six mois après, j’ai importé mon premier conteneur avec les conseils d’amis et de personnes qui connaissaient bien le marché. Voilà comment NOA Trading a commencé à fonctionner le premier janvier 2007. NOA Trading, n’est pas la première expérience dans la filière solaire. Pourquoi, selon vous, l’énergie solaire n’est pas vulgarisée en Côte d’Ivoire ? C’est simplement une question de choix politique. La Côte d’Ivoire a choisi de mettre l’accent sur d’autres secteurs d’activités que celui de l’énergie solaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que tous les projets sont restés au stade expérimental. Même les appels d’offre que nous recevons portent toujours la mention ‘‘phase expérimentale’’. Nous ne sommes plus à ce stade. Nous faisons des réalisations pour monsieur X ou Y. Nous travaillons en plantation, pour des particuliers, pour des religieux, pour les coopératives agricoles… C’est concret et non expérimental. Cela rend service et change la vie des gens parce qu’on résout un problème. C’est incroyable ! Mais quand allons-nous arrêter les phases expérimentales et passer aux choses pratiques ? Pensez-vous que cette filière devrait être défiscalisée pour connaître une réelle impulsion ? Bien entendu ! Les premières initiatives n’ont pas été soutenues. Voilà pourquoi les choses traînent. Il y a des entraves inconcevables concernant la fiscalité. J’ai demandé, lors d’un séminaire de la douane, qu’on défiscalise la filière solaire, mais je n’ai pas été entendue. Aujourd’hui, tous ceux qui investissent dans

ce secteur en Côte d’Ivoire ont beaucoup de mérite. Il faut vraiment avoir foi en cette filière pour l’embrasser. NOA Trading en est à sa quatrième année, et les trois premières étaient terribles ! Même mon banquier a tenté de me convaincre de tout abandonner. J’ai formé des jeunes pour bosser avec moi, et acheté du matériel. J’étais en si bon chemin, pourquoi alors arrêter ? Quand bien même je n’ai pas encore couvert mon déficit, je me garderai d’abandonner ce projet. Je crois au contraire que les choses vont changer. Et puis, finalement, il n’y a pas que la Côte d’Ivoire. Nous avons aussi ouvert NOA Trading Sénégal, dont l’ouverture a surtout été favorisée par la crise post-électorale. Par ailleurs, il n’y a aucune école de formation dans ce domaine et on n’a aucun soutien pour former des jeunes en énergie solaire. C’est pourquoi j’ai envoyé mes jeunes employés en formation au Burkina Faso. En outre, quand vous voulez répondre à un appel d’offre expérimental de l’Etat, vous n’avez droit à aucune avance de démarrage. A mes

débuts, je répondais quand même, mais maintenant je ne le fais plus. Je préfère travailler pour un planteur qui va me payer 50% au départ pour importer son matériel, que de répondre à un appel d’offre qui ne me garantit aucune avance. Vous avez quand même des marchés avec des particuliers. Pourquoi ces personnes optent-elles pour l’énergie solaire ? A cette question, je crois qu’il y a trois raisons : d’abord le mauvais état des pistes. Elles ne permettent pas d’aller rapidement acheter du carburant pour un groupe électrogène à sec en ville ; pour des personnes vivant en campagne. Ensuite, il y a les coûts exorbitants des groupes électrogènes eux-mêmes, et enfin, le coût du carburant. Ce sont ces principales raisons qui font que les gens optent pour l’énergie solaire. Une fois qu’elle est installée, on n’a pas les contraintes liées au carburant ou aux coupures intempestives. Mais les gens n’y croient pas. Certains vont jusqu’à dire que ça ne marche pas en Côte d’Ivoire.

TYCOON NUMERO 23 • 35


| COMMENT JE SUIS DEVENU |

Mahé DJIRE

60 ans, plasticien, spEcialiste DANS L’ART DE LA rEcuperation

36 • TYCOON NUMERO 23

« Revenons à la valorisation de nos déchets »


| COMMENT JE SUIS DEVENU |

Un plasticien pas comme les autres La récupération est l’essence de sa technique picturale. Et ces tableaux sont d’une grande perplexité. Mahé Djiré revalorise ce qui est déchu et reconstruit ce qui est détruit. Son oeuvre est un plaidoyer à la valorisation de nos déchets. PAR HERVE KOUTOUAN

V

otre technique picturale est basée sur la récupération des déchets. Pourquoi avez-vous opté pour ce mode d’expression ? Qu’estce qu’un déchet ? Le déchet est issu de notre consommation. La voiture que vous utilisez aujourd’hui finira par devenir un déchet. Tout ce que nous utilisons finit par le devenir. Les déchets nous personnifient. Si vous conservez quelques-uns des objets auxquels vous êtes liés, des décennies plus tard, vous ne les appellerez pas déchets, même si ses objets ne sont plus fonctionnels. Vous les appellerez des souvenirs. Les déchets nous aident donc à nous souvenir de notre passé, afin de mieux vivre le présent et favoriser un meilleur avenir. C’est cela, le déchet. Les déchets ne tombent pas du ciel. Ils viennent de nous-mêmes. C’est nous qui les produisons. Ils doivent donc nous servir et non pas nous asservir. D’ailleurs, les déchets n’ont pas l’intention de nous asservir. C’est plutôt à nous de les utiliser à bon escient, de les réutiliser, de les revaloriser, de les réhabiliter, de les revivifier, de les faire ressurgir sur la terre, non plus comme des immondices désagréables et gênantes pour notre vie, mais plutôt comme des facteurs de mieux-être et de développement. Et particulièrement de développement durable. Vous ne semblez pas être préoccupé au premier chef par la notion du «beau» dans votre approche artistique… Mes oeuvres n’ont pas la prétention d’être de belles choses, ce ne sont pas des peintures académiques, ce ne sont pas des expressions de beauté, mais ce sont des expressions

de déclaration. Je déclare qu’il n’y a pas d’ordures. Et si on dit qu’Abidjan est sale, Abidjan est sale de richesses que nous ignorons tout simplement. D’où la terminologie «or-dure», pour dire de l’or dur. Il ne faut pas voir l’ordure comme désagrément. Il y a plutôt or dur à creuser et à faire sortir. Il est temps que nous nous nous mettions à réfléchir profondément à la récupération, au recyclage, à la renaissance de ces choses qui se sont entassées au fil du temps et qu’on appelle «ordures». Ce sont des valeurs sûres. Ce sont des valeurs où l’on peut investir afin de construire des usines de gaz afin d’en tirer du biogaz et de l’engrais. Et cet engrais a l’avantage de pouvoir nourrir convenablement le sol, il le protège également et l’empêche de se désagréger et de devenir infertile. Ce qui n’est pas le cas pour les engrais chimiques qui font énormément de dégâts sur l’homme et sur son environnement. Nous avons utilisé les déchets auparavant, pourquoi ne pouvons-nous plus le faire maintenant ? Revenons à la valorisation de nos déchets, ou nous disparaîtrons tout simplement. Les déchets ne doivent pas devenir nos ennemis mais plutôt nos amis. Comment vous définissez-vous ? Etes-vous artiste plasticien ? Qu’est-ce que c’est que le plasticien ? Il faut d’abord le savoir. C’est celui qui construit, dessine, réalise des figures qui symbolisent soit des objets, soit des personnages. L’artiste plasticien s’exprime en faisant des choses concrètes, palpables. Dans mon cas d’espèce, je suis également de la gamme des plasticiens. Je suis certes plasticien, mais je suis un

plasticien un peu différent. Audelà de simplement donner des images, j’habille l’image d’une vie presque réelle. Mon mode d’expression est un peu différent, quoiqu’il m’arrive de faire des oeuvres qui soient semblables à ce que les autres plasticiens ont comme mode d’expression. Comment définissez-vous votre mode d’expression ? Mon mode d’expression est un principe philosophique. Il est basé sur une philosophie qui dit que rien ne meurt. Tous ces matériaux que j’utilise sont récupérés et revivifiés. Je leur donne un regain de vie.

Dieu est, par essence, le créateur par excellence. Je m’en inspire et je redonne vie à ces objets appelés à tort «déchets», comme Dieu a promis nous redonner vie. Nous connaîtrons une nouvelle vie, nous connaîtrons ce qu’est la résurrection. Et cette conception de la foi se retrouve tant dans la foi chrétienne que dans la foi islamique. Et toutes les religions du monde connaissent d’ailleurs la résurrection. Pour les animistes, par exemple, la mort n’existe pas. On passe par l’obscurité de la tombe pour sortir vers une lumière beaucoup plus grande, pour atteindre l’inaccessible.

TYCOON NUMERO 23 • 37



guru INVITES DE LA REDACTION

UN HOMME... UN METIER

FOLLOW UP

Guillaume koffi & issa diabate ARCHITECTES

EMILE ADJOUMANY GEomEtre-expert foncier

MARIAM KONE directrice fondatrice DE HYGIENE IVOIRE INTERNATIONALE

TYCOON NUMERO 23 • 39


| LES INVITES DE LA REDACTION |

« La Côte d’Ivoire d’aujourd’hui et de demain a de plus en plus besoin des architectes »

Guillaume Koffi 52 ans, Architecte TEXTE : CHRISTIAN MIGAN

LES BATISSEURS

U

ne course contre la montre ? Presque une course poursuite pour prendre en chasse deux lévriers pratiquement de même race. Un agenda plutôt chargé. Le rythme des affaires est trépidant à l’heure où la Côte d’Ivoire s’éveille à une nouvelle politique de l’urbanisation. Guillaume Koffi, président de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire, saisit la balle au rebond pour prendre langue avec les milieux officiels et donner la pleine mesure de la capacité de sa corporation à s’impliquer davantage dans le processus du nouvel 40 • TYCOON NUMERO 23

ordre urbain. Cet architecte, aux allures de gentleman, le front haut et altier, martelé à l’enclume d’une formation rigoureuse à l’Ecole spéciale d’architecture de Paris, a de l’énergie à revendre, et le coeur à l’ouvrage pour imprimer sa marque, celle de son cabinet qu’il partage avec son « jeune frère », Issa Diabaté, son associé. Il nous revient que ces deux concepteurs du bâtiment se sont retrouvés à avoir la même vision du cadre bâti, quand le cadet en a pris de la graine auprès de son aîné, au cours d’un stage de pré-emploi. Issa Diabaté, jeune premier de sa génération, avec une intelligence plastique,

formé dans la prestigieuse université de Yale, ne rêve qu’architecture depuis sa tendre enfance. Une histoire d’amour qui lui colle à la peau. Une si longue histoire d’amour... Parce qu’il n’a jamais lâché prise, malgré la forte recommandation de ses parents de l’orienter vers les finances. Mais, sans avoir à souffrir du choix de ses parents (papa était banquier), il a pu empocher le Bachelor en finances à l’université George Washington de Washington, D.C. (USA), avant de décrocher le Master en architecture à Yale. Au-delà des connexions familiales qui les ont rapprochés pour une cause commune,


| LES INVITES DE LA REDACTION |

« Le plus important, c’est d’assurer la relève »

Issa DIABATE 41 ans, Architecte

il reste, cependant, qu’ils possèdent l’un et l’autre une touche particulière. Ce qui renforce davantage ce lien de complémentarité. Déjà à 30 ans, Guillaume Koffi s’est installé à son propre compte. Parcours fulgurant pour avoir glané des lauriers. Une bonne demi-douzaine de concours d’architecture l’a hissé au mât de la renommée. Il a gravé dans la pierre sa griffe pour avoir réalisé de prestigieux ouvrages dans le monde. Il tient à ce que la place de l’architecte dans le développement se sache en Afrique, particulièrement en Côte d’Ivoire, pour donner à la ville une belle âme qui la vivifie ; une âme frappée du sceau de l’immortalité à travers de nombreuses générations. Créatif, il l’est. Pédagogue, il le devient. C’est pour cette raison que l’Ordre des architectes organise, d’une année à

l’autre, des salons d’architecture et du bâtiment, depuis 2007, sous sa coupole, pour s’ouvrir au grand public. Il dégage une philosophie du progrès et de la modernité : « Notre éducation, nos origines sociales, les enseignements reçus, notre ouverture au monde et la volonté de progresser influencent fortement notre écriture. Nous sommes les adeptes de la modernité et de l’écologie ». Issa Diabaté, dans sa sobriété élégante, présente sa palette d’architecture. Qui se résume à la fonctionnalité d’un bâtiment. Où se trouve le vent dominant ? Est-ce que cette pièce reçoit de la lumière du jour ? Est-ce qu’elle a une bonne aération ? Autant de paramètres qu’il tient à mettre en balance dans sa conception architecturale. « Moi, j’ai la culture du minimum. C’est-àdire qu’il faille faire le moins d’effet possible pour un résultat maximal. Pour

moi, lorsqu’un objet est dans une pièce, il doit avoir forcément une certaine utilité. Je ne suis pas forcément sensible à un objet qui décore uniquement pour décorer ». Doit-on dire qu’Issa Diabaté a une autre corde à son arc : le design ? Malgré sa modestie qui le couvre de son talent, il a eu le mérite d’enlever le prix « Robert Allen Award » en 1995 aux Etats-Unis et en 1998, le « Dak’art 98 », récompense de la Communauté européenne pour le design. En plus, il recèle une âme d’enseignant qui ne le quitte pas, pour pouvoir assurer la chaîne des générations. Issa Diabaté, un adepte d’Ivan Illich ? Ce philosophe qui définit l’école comme une auberge où le repas se prend en partage entre le professeur et l’élève, où l’un donne autant qu’il reçoit de l’autre. C’est la philosophie de la convivialité qui ouvre l’esprit et qui fortifie. TYCOON NUMERO 23 • 41


| LES INVITES DE LA REDACTION | INTERVIEW DE Guillaume Koffi et Issa Diabaté

« Nous espérons vivement renouer avec une urbanisation maîtrisée de nos villes » « Nous avons acquis un siège qui, à terme, abritera une médiathèque, un institut de formation permanente et des locaux sociaux »

Q

u’est-ce qui vous a poussés vers l’architecture ? Guillaume Koffi (GK) : Le goût de ce qui est pensé, organisé et structuré. C’est un grand privilège d’intervenir sur la matière et modeler un environnement. J’ai toujours voulu être architecte. C’est un très beau métier, un métier de passion. C’est aussi un sacerdoce quand on veut être perfectionniste.

Qu’est-ce qu’un bon architecte, selon vous ? Quelles qualités doit-il impérativement avoir ? GK. Un bon architecte est à l’écoute de son client et doit adapter son intervention à son environnement. Mais son premier rôle est de conseiller. Il doit être pédagogue, créatif, imaginatif et innovant. Il doit être guidé par le souci de l’esthétique, tout en étant économe. Bâtir est un acte grave qu’il faut poser avec responsabilité.

Issa Diabaté (ID) : Un magnétisme naturel. Déjà, tout petit, le dessin était mon passe-temps favori. Ma passion pour l’architecture s’est affirmée en classe de 4ème, quand j’ai découvert le métier, à la faveur d’un stage de vacances dans le cabinet d’un architecte, ami de mes parents, M. Jean-Claude Heinen.

ID. L’architecte a le devoir d’être curieux. La curiosité est une qualité essentielle pour appréhender l’environnement. Or l’architecte nourrit sa création des choses qui l’entourent. Tant à un niveau physique qu’à un niveau intellectuel. Il lui faut plonger ses yeux dans les abysses de la société pour véritablement la comprendre. Talent, passion, rigueur, ouverture d’esprit, sont des qualités nécessaires à la bonne pratique du métier.

Comment pensez-vous avoir évolué, au fil des ans, du point de vue de votre vision de l’architecture, mais aussi du point de vue de la pratique de celle-ci ? ID. Au début, j’étais principalement fasciné par l’esthétique des bâtiments, en leur qualité d’objet. Grace à l’expérience professionnelle, j’ai compris que l’architecture était une discipline transversale qui flirtait autant avec l’art que la sociologie, autant avec la technique que l’économie… Toute la compétence de l’architecte se mesure à la maîtrise de chacune de ces disciplines qui s’interconnectent lorsqu’il s’agit de bâtir. GK. Je pense que la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui et de demain a de plus en plus besoin des architectes, et que nous avons l’impérieux devoir de nous rendre accessibles et faire partager ce besoin d’architecture. Aussi devons-nous essayer d’imposer à notre pratique quotidienne une démarche pédagogique et éducative pour mieux vulgariser les gestes simples du savoir habiter et habiter avec les autres. Voire habiter ensemble. Le plus dur est de convaincre les politiques que l’architecte est indispensable pour bâtir de façon durable. 42 • TYCOON NUMERO 23

M. Diabaté, on vous connaît, entre autres, designer et enseignant. N’est-ce pas une autre corde à votre arc pour densifier votre champ d’activités ? ID. En fait, je suis un architecte. Un architecte qui a flirté avec le design, comme à une époque, j’ai pu flirter avec la photo, ou comme je flirte encore avec le dessin d’art. Dans le design, comme dans l’architecture, ce qui m’intéresse, c’est résoudre le problème. Comment un objet ou un bâtiment (qui d’ailleurs, est un objet grand) peut résoudre une problématique donnée, en tenant compte des contraintes de fonctionnalité, d’esthétique et de coût. Le succès de la Coccinelle vient du fait que Volkswagen a su construire une voiture robuste, bon marché, avec une bouille sympathique... Ce qui en fait aujourd’hui une véritable icône du design. La vocation du designer est de solutionner ce type d’équation... C’est un métier à part entière qui ne s’exprime chez nous que de façon limitée pour le moment.

On voit bien que l’architecte a effacé le designer ! N’est-ce pas au bon vouloir de l’architecte ? Et pourtant, vous avez été lauréat de Dak’Art 1998 pour le compte du design ? ID. Non, l’architecte était là avant. Quant au prix que j’ai obtenu à Dak’Art 1998, à la biennale des Arts plastiques, je pense avoir été récompensé pour le « commentaire » de l’architecte, plutôt que pour avoir réalisé une œuvre de design aboutie. Et l’enseignant alors ? Le professeur de l’INSAAC fait-il toujours son devoir de passeur du savoir ? ID. Dans ma conception des choses, il n’y a pas de monde durable sans transmission. La transmission assure le suivi de ce que chaque être humain bâtit. Il est donc, de mon point de vue, essentiel de transmettre la connaissance. C’est une manière sûre d’assurer la relève. On doit le faire au quotidien, avec les collaborateurs, stagiaires, employés... Notre devoir est de leur inculquer la passion du métier. L’enseignement a ceci de particulier que quand il fonctionne correctement, l’enseignant reçoit de ses étudiants, de la même façon que lui, donne, lorsqu’il enseigne. J’ai beaucoup reçu de mon expérience à l’INSAAC. Dommage que sur la fin, le partage avec les étudiants fut moins aisé. M. Koffi, quel bilan faites-vous de vos mandats à la tête de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire ? GK. Il reste tant de choses à faire. Néanmoins, je pense que nous avons réhabilité l’image de l’architecte qui commence à retrouver sa place dans la production du cadre bâti. Nous avons doté notre organisation d’une administration permanente qui permet un fonctionnement normal de l’Ordre. Nous avons acquis un siège qui, à terme, abritera une médiathèque, un institut de formation permanente et des locaux sociaux. C’est un vaste chantier que nos successeurs auront à achever. Je note que le métier fait à nouveau rêver, à en croire le nombre de jeunes qui s’inscrivent dans les écoles d’architecture.


| LES INVITES DE LA REDACTION |

M. Koffi, lors de votre reconduction à la tête de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire, en décembre 2008, plusieurs défis se dressaient devant vous. Où en êtes-vous, aujourd’hui, notamment pour ce qui est de la consolidation des acquis des architectes, de leur participation aux commissions de permis de construire, et de la promotion du visa du Conseil national de l’Ordre des Architectes (CNOA) ? GK. Pour l’heure, nous siégeons à la Commission de permis de construire où nous avons un avis consultatif. Les architectes, en assemblée générale, ont décidé, en 2006, d’une instruction préalable des dossiers de demande de permis de construire par le bureau du Conseil de l’Ordre des Architectes, qui les transmet au guichet unique, accompagnée d’une fiche de renseignement dûment remplie et revêtue du visa de l’Ordre. Cette disposition permet d’assurer une police professionnelle, de lutter contre les signatures de complaisance et, à terme, d’améliorer la qualité architecturale. A peine 5% des constructions à Abidjan bénéficient de l’intervention d’un architecte. Ne nous étonnons donc pas de l’état de nos villes que nous déplorons tous. De plus, nous sommes victimes de trafic des cartouches des architectes au sein des administrations censées garantir l’intervention des architectes

telle que prévue par la loi, de sorte qu’un confrère, décédé, continue de présenter des dossiers au permis de construire. Il s’agit de remédier à tout cela de façon responsable. La contribution arrêtée, en Assemblée Générale, est acquittée par l’architecte du projet et n’est en aucun cas répercutée au client. Ce n’est donc pas un surcoût sur les honoraires que doit payer le client à son architecte. En organisation responsable, nous avons proposé, aux ministères en charge des démarches de permis de construire, un manuel de procédure visant à réduire de façon drastique le temps d’obtention du permis estimé à plus d’un an par le programme « Doing Business » de la Banque Mondiale. Pour l’heure, c’est une démarche qui est un véritable parcours du combattant.

Une équipe soudée Nous voici face à deux architectes dans un même cabinet d’études. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Et pourquoi avoir décidé de vous associer ? GK. Par des connexions familiales et le hasard de la vie. Les associations se font sur plusieurs critères : les affinités intellectuelles, la complémentarité, la loyauté et la confiance mutuelle. Issa est un architecte de talent qui est

mon cadet de 10 ans. Il lui appartient de trouver un autre architecte associé qui a 10 ans de moins que lui pour perpétrer la chaîne de générations qui permet le renouvellement des grands cabinets d’architectes. ID. A la faveur des vacances scolaires, j’ai voulu associer un environnement professionnel au nom que j’entendais déjà souvent lorsqu’il s’agissait d’architecture en Côte d’Ivoire. Le reste s’est fait naturellement et notre vision commune a pris forme au fil du temps. Qu’est-ce qui fait la spécificité de l’offre « Koffi & Diabaté » ? Pourquoi avoir décidé de vous associer ? ID. La complémentarité. C’est cette complémentarité qui fait qu’on est plus forts à deux. GK. La spécificité de « Koffi et Diabaté », c’est une composition à 2 têtes et 4 mains. L’œuvre architecturale est une œuvre intellectuelle par excellence. La confrontation des idées ne peut être que bénéfique et enrichissante. « L’union fait la force », comme dit l’adage. Et votre marque ? Ce qui fait l’originalité de l’offre « Koffi et Diabaté » ? ID. Donner des réponses à des

problématiques locales en assimilant les exigences d’un monde intégré. Nos conceptions tiennent compte de facteurs climatiques liés à l’orientation du bâtiment par rapport au soleil, au vent... Mais également de certaines contraintes de développement durable, comme la récupération des eaux usées et l’utilisation partielle du solaire. GK. De plus en plus, nous présentons une offre intégrée, allant de la conception à la réalisation permettant d’assurer une qualité architecturale et de construction. « Koffi et Diabaté », c’est une équipe à l’écoute d’une clientèle de plus en plus exigeante, une approche créative et innovante du projet et un réseau de compétences, fédérant des métiers de la construction, pour une offre globale et économique, dans le respect d’une démarche de développement durable. Votre agence est connue pour être sollicitée tant au niveau local que dans la sous-région : quel rôle joue la culture dans la conception de vos projets ? GK. La culture est le fondement de toute œuvre de création. Notre éducation, nos origines sociales, les enseignements reçus, notre ouverture au monde et la volonté de progresser influencent fortement notre écriture. Nous sommes des adeptes de la modernité et de l’écologie. La perspective d’une carrière en TYCOON NUMERO 23 • 43


| LES INVITES DE LA REDACTION |

Côte d’Ivoire est à la fois une chance et un handicap, car notre pays n’a pas l’expérience de la planification pour permettre de lancer des opérations d’envergure, et pour promouvoir une architecture moderne et durable. La Côte d’Ivoire est encore trop préoccupée par la résolution de ses problèmes politiques pour consacrer de l’énergie à l’architecture. Aussi, nous nous sommes trouvés en situation d’user de notre talent pour être à la tête de projets en Afrique qui attirent l’attention. Nous privilégions une conception qui favorise l’éclairage et la ventilation naturels, une composition des espaces où forme et fonction se conjuguent pour donner une architecture dépouillée et animée, signe d’une modernité africaine. Nous exportons notre savoir-faire ivoirien. Parlant de culture, la Chine a failli nous imposer sa pagode pour la construction du Palais de la Culture. Est-ce à dire qu’on n’avait rien à proposer au concepteur chinois ? ID. Je dirais plutôt que pour avoir une idée claire du potentiel de notre génie architectural, il faut susciter la production. Pour cela, il faut organiser des concours d’architectes et communiquer sur les résultats. Seuls les concours permettent d’apprécier la pertinence de chaque proposition. Je souscris à l’idée qu’une compétition saine favorise l’excellence. 44 • TYCOON NUMERO 23

Quels sont les projets réalisés dont vous êtes les plus fiers ? GK. Difficile de répondre à cette question car chaque projet est la continuité du précédent. C’est une évolution perpétuelle avec, de temps à autre, des révolutions. Notre maison en bois exposée à ARCHIBAT 2009 en est une. Elle donne une orientation nouvelle à notre recherche. Notre travail sur Assinie (encore à un stade embryonnaire) est une démarche qui nous passionne et nous sommes fiers de son évolution. Nous y développons un urbanisme et une architecture de proximité avec la participation des habitants du village. Notre production est diverse et variée; nous avons bâti sur des pentes, au cœur des villes, en bord de mer et de lagune. Nous avons construit en béton, en pierre, en bois. Nous avons construit aves des budgets limités pour nos amis et les membres de nos familles, avec de somptueux budgets pour les hommes d’affaires fortunés. Nous avons dessiné des immeubles pour des établissements financiers, pour des grands groupes, pour des industriels, pour des cultes. Pourvu que l’exercice nous offre une possibilité d’expérimentation. En 25 ans de carrière, nous pouvons désormais choisir nos clients en fonction de leurs motivations, du potentiel du site dont ils disposent, de la qualité de leurs attentes et de leur degré d’adhésion à nos idées, notamment en matière de respect de l’environnement. Lorsque

l’architecte et le client se sont adoptés mutuellement, conception et réalisation suivent un déroulement à peu près immuable. ID. Pour moi, notre œuvre est un ensemble dont il est difficile d’extraire un projet seul. Ce dont je suis fier, c’est sans doute notre parcours professionnel... Ce parcours nous a permis en tant que jeunes architectes, d’avoir accès à la commande sur des projets aussi importants que l’agence de la BCEAO à Daloa ou de l’immeuble de la CRRAE au Plateau, à l’issue de concours d’architectes dont nous avons été lauréats. Que dire de vos projets à court, moyen et long termes ? GK. A court terme, faire partager le besoin d’architecture par une communication active. Renforcer notre outil de production par un recrutement de collaborateurs compétents, car 20 ans de crise ont appauvri la qualité de la formation des jeunes professionnels dans tous les secteurs. Ensuite, affiner notre méthodologie de conception pour mieux booster la créativité et l’innovation. Pour ce faire, il nous faut renforcer en interne les pôles administratifs, financiers, d’économie de bâtiment, et de management de chantier, traditionnellement externes aux agences d’architectes. A moyen terme, consolider nos partenariats avec les banques et d’autres acteurs

du cadre bâti pour prendre une place dans les projets de Partenariat Public Privé (PPP) car la commande publique en Côte d’Ivoire n’obéira plus qu’à ce concept, au dire du gouvernement. A long terme, assurer le rôle de « chef d’orchestre dévolu » aux architectes d’antan pour développer des projets urbains mettant en valeur les principes de développement durable. Etre de véritables développeurs. ID. A court terme, il nous faut partager notre vision du cadre bâti avec les pouvoirs publics récemment investis. Notre ville a énormément souffert de plusieurs décennies d’absence de planification réfléchie. La ville s’étend mais il lui manque la vision. A moyen terme, il faudrait implémenter cette vision dans un cadre concerté. Il est important que non seulement les pouvoirs publics, mais également les usagers partagent une vision commune sur les grandes orientations urbaines... A long terme, faire d’Abidjan un modèle de ville durable et verte. Singapour, qui, à l’époque de l’indépendance, se trouvait loin derrière la Côte d’Ivoire en matière de développement, y est arrivé. Pourquoi pas nous ? Prenons le cas des logements créés par la SICOGI. Pourquoi les nouveaux propriétaires se mettent-ils à tout casser pour reconstruire ? Est-ce qu’ils ont une conception personnelle de


| LES INVITES DE LA REDACTION |

« Le problème à Abidjan, comme dans beaucoup de villes africaines, c’est la ruralité qui persiste dans l’espace urbain »

l’habitat ? Ou les architectes n’ontils pas été associés pour concevoir des habitations plus adaptées à l’environnement culturel ? ID. Nous avons tous une vision personnelle de l’habitat. Mais lorsqu’il s’agit de vivre en communauté, il est essentiel que chacun respecte l’espace commun qui appartient à tous. Les gens cassent mais ne reconstruisent pas plus « intelligent ». Ils ne rebâtissent pas en intégrant les aspects fonctionnels qui reflètent leur vécu culturel. Les modifications sont, en général, l’occasion pour le nouveau propriétaire de réaliser son propre fantasme, quitte à empiéter sur le bien commun (occupation de la voie publique, occultation de canalisation, mitoyennetés exacerbées, nuisances sonores...). Lorsque l’on n’est pas conseillé par un professionnel, on contribue à ce que le paysage résidentiel se dégrade, à l’image de ces 15 dernières années en Côte d’Ivoire. Le rôle de l’architecte est avant tout de s’assurer que sa conception respecte les règles d’urbanisme qui garantissent un minimum de « vivre ensemble ». Des quartiers résidentiels se transforment en quartiers commerçants sans avoir les équipements prévus pour... Ou encore des cités-dortoir se créent sans hôpitaux, centres commerciaux, écoles, commissariats, végétations, etc. GK. Le problème à Abidjan, comme dans beaucoup de villes africaines, c’est la ruralité qui persiste dans l’espace urbain. La politique du laisser-faire et du fait accompli ont pris le pas sur un urbanisme maîtrisé.

Seules une communication éducative, une planification prospective et une application intelligente des réglementations permettront de juguler l’anarchie urbaine que nous subissons et déplorons. Pour cela, il faut une vision et une forte volonté politique. Mais la nouvelle politique de l’Etat semble avoir opéré une rupture. Quelle est votre perception de la salubrité urbaine, connue sous le nom d’ « Opération Pays Propre » ? ID. Le gouvernement entreprend quelque chose que l’on pensait encore impossible il n’y a pas si longtemps. Peu à peu, Abidjan retrouve son visage des beaux jours... Mais il reste tant encore à faire ! Principalement, partager avec la population le bien-fondé du respect des reculs par rapport aux voies, de la nécessité d’entretien des réseaux d’assainissement, de la gestion des ordures ménagères... Lorsque l’espace public est occupé, il n’est plus possible de lire la ville comme elle a été initialement conçue. La ville est un organisme vivant. Quand elle n’est pas gérée comme il faut, elle tombe malade. Il est donc important d’établir des diagnostics à intervalles réguliers sur l’état de santé de la ville. Sur ses besoins, son évolution démographique, sa configuration sociale, pour pouvoir lui apporter l’orientation dont elle a besoin. Après avoir déblayé les bas-fonds, il faut sérieusement songer à une façon durable de reloger les populations qui y résidaient. GK. Nous saluons cette volonté politique de changer les choses. Nous avons eu l’occasion de féliciter les

ministres de la Salubrité urbaine, de la Promotion du logement, de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Assainissement, de l’Environnement et du Développement durable tous les quatre intervenant sur l’espace urbain - pour leur action salutaire. Nous avons également félicité le Gouverneur du District d’Abidjan ainsi que le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour avoir débarrassé les universités de constructions anarchiques. Nous souhaitons que les prochaines interventions soient mieux coordonnées avec l’assistance des techniciens, pour préserver les grands arbres souvent centenaires qui existaient sur certains des sites. Maintenant, il s’agit d’aménager ces sites dans le respect des règles de l’art. Il faut communiquer sur les types d’aménagement projetés, et associer, en amont de la réflexion, les architectes, et leur en confier les études. Il faut également confier les travaux d’aménagement urbains à de vrais professionnels et arrêter de bricoler. Ainsi, nous dénonçons et déplorons le massacre à la machette des arbres le long du Boulevard Latrille à Cocody. Ces arbres permettaient d’absorber en partie la pollution due à l’intense trafic sur cet axe. Il faut confier à de vrais

professionnels cette opération ; il en existe à Abidjan. M. Koffi, vous étiez, le mercredi 10 août 2011, au Campus universitaire de Cocody, en compagnie du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Qu’est-ce qui a motivé cette visite ? GK. Monsieur le ministre de l’Enseignement supérieur a convié le président de l’Ordre des Architectes que je suis, à effectuer une visite d’état des lieux et à échanger sur sa vision de la rénovation et de l’extension des infrastructures existantes. Son projet de village universitaire, à long terme, est à la hauteur des ambitions de la Côte d’Ivoire de demain. Nous lui avons fait part de la mobilisation des architectes ivoiriens, prêts à se mettre en mission pour répondre à ses exigences de projet. Nous travaillons étroitement avec le Ministère pour faire avancer ce projet et permettre aux étudiants d’évoluer dans un cadre sain. Il faut prendre le temps de faire les choses comme il faut et partir du bon pied comme l’a d’ailleurs préconisé le premier ministre lors de sa visite à l’université de Cocody, le jeudi 6 octobre. Quel diagnostic faites-vous de l’urbanisation en Côte d’Ivoire et TYCOON NUMERO 23 • 45


| LES INVITES DE LA REDACTION |

quelles sont les solutions idoines qu’on peut y apporter ? ID. Il faut revenir à un système où les professionnels sont au cœur du développement des questions urbaines. Pour faire la médecine, il faut un médecin. De la même façon, pour traiter des questions de la ville, il faut des architectes, des urbanistes, des sociologues... En un mot, il faut des spécialistes de la ville. GK. Nous espérons vivement renouer avec une urbanisation maîtrisée de nos villes. Le ministre de la Construction, de l’Assainissement et de l’Urbanisme nous a transmis, pour examen et avis, le projet de loi portant code domanial, foncier, de l’urbanisme et de l’habitat. Ce code permettra de doter les villes et communes d’instruments de planification et de décision qui nous font cruellement défaut. Nous saluons la démarche de l’administration qui, pour une fois, nous associe en amont de la réflexion. Depuis quelques années, le « phénomène éco » semble prendre de plus en plus d’ampleur. Que dire du rôle et de la position de l’Afrique et de la Côte d’Ivoire face à ce phénomène, notamment en ce qui a trait à la construction, à l’urbanisation, à l’environnement ? Quelles perspectives pour l’avenir ? GK. Après les élections législatives et l’installation du nouveau parlement, il faut faire voter une loi d’engagement pour le développement durable. 46 • TYCOON NUMERO 23

Ainsi, quel que soit le secteur d’activité, de l’administration au secteur privé et à celui dit informel, que toute intervention, tout projet, toute occupation d’espace soit élaboré et réalisé en tenant compte de la préservation de la nature et des générations futures. Ce n’est pas une démarche de pays riches. C’est la voie incontournable pour un développement harmonieux de villes et villages et le meilleur gage pour l’amélioration de notre cadre de vie. ID. Je ne parlerais pas de « phénomène éco » mais plutôt de démarche de développement durable. Le développement durable induit une réflexion transversale qui part de notre consommation énergétique à notre comportement civique, en passant par la gestion responsable de nos déchets. C’est l’unique façon de s’assurer que l’on aura transmis à notre descendance un environnement en bon état. Un environnement physique bien sûr, mais également un environnement moral. C’est notre responsabilité vis-à-vis des générations futures. Ni l’Afrique, ni la Côte d’Ivoire ne peuvent y échapper, de la même façon que ni l’une, ni l’autre n’a pu échapper à la révolution des NTIC, car aujourd’hui, nous vivons dans un monde intégré. En tant qu’architectes, comment intégrez-vous tout cela dans la conception de vos projets, dans vos propositions à vos clients, notamment ?

Des ambitions spécifiques dans ce domaine, pour votre agence ? ID. La plupart des projets que nous proposons tiennent compte des facteurs énergétiques. Faut-il encore vous parler de notre petite opération d’Assinie évoquée plus haut par Guillaume ? C’est un projet qui nous tient à cœur parce qu’à l’échelle de cette opération, nous pouvons tester un certain nombre de concepts sur le développement durable. Pas uniquement dans l’architecture, mais aussi dans la façon dont on va gérer la chose publique. Oui, la gestion des trottoirs et l’enlèvement des ordures, par exemple, passent par la concertation... Le défi, c’est de réussir à élaborer une vision partagée à l’échelle d’ une communauté.

Qu’est-ce qui vous a motivés à lancer ARCHIBAT ? GK. En tant qu’architectes, on ne pouvait pas rester éternellement fatalistes face à la dégradation de notre environnement et à la désorganisation du secteur du bâtiment. Il nous a semblé opportun de permettre de réunir sur un même espace, les métiers de conception, de réalisation du cadre bâti et des distributeurs de matériaux de construction. D’organiser, en marge de ce salon, un cadre de réflexion sur les maux qui minent notre environnement. Le partenariat avec Axes Marketing, dirigé par Ismaël N’Guessan, professionnel de l’évènementiel, a permis à ce salon de l’architecture et du bâtiment de voir le jour en 2007.

GK. Le développement durable, c’est une démarche permanente ! Nos nouveaux projets concilient à la fois préservation de l’environnement et protection de la santé des occupants, tout en cherchant à économiser énergie et ressources naturelles. Mais seuls une utilisation et un entretien adéquats conservent à un bâtiment écologique ses caractéristiques. Vivre et/ou travailler dans un bâtiment sain exige donc l’engagement de tous.

ID. C’est le besoin de communiquer sur l’architecture. Le besoin de faire connaître au grand public ce qu’est véritablement le métier d’architecte.

Pourquoi, un salon de l’architecture ?

Et vous en êtes aujourd’hui à la troisième édition. Quel bilan faitesvous des précédentes ? ID. C’est un bilan encourageant. Les deux premières éditions nous ont confortés dans l’idée que le besoin est fort. Aujourd’hui, ARCHIBAT est le salon le plus visité d’Abidjan, avec en 2009, plus de 10 000 visiteurs. L’édition 2011 proposera quelques innovations. GK. Positif ! Avec une satisfaction réelle des exposants et visiteurs portée


| LES INVITES DE LA REDACTION |

« Il faut revenir à un système où les professionnels sont au cœur du développement des questions urbaines » à plus de 90%. ARCHIBAT, c’est aussi un formidable outil de réhabilitation de l’image de l’architecte et de son rôle dans l’acte de bâtir. Aujourd’hui, ce noble métier retrouve sa place dans la chaîne des métiers de la construction. Revenons donc à ARCHIBAT 2011, prévu du 28 novembre au 3 décembre, avec pour thème : « le droit au logement ». Pourquoi avoir choisi cette thématique spécifique ? GK. Ce thème est un point fort du programme du Président de la République. Le droit au logement est un droit universel. Plus de la moitié de la population en Côte d’Ivoire est mal logée. Le déficit a dépassé la barre de 200 000 logements. Il est temps de s’en préoccuper et de trouver les moyens de remédier à ce fléau mondial. ID. C’est principalement parce qu’il y a une véritable volonté politique de pallier le besoin de logements en Côte d’Ivoire. Mais pour produire du logement, il ne suffit pas de produire des unités d’habitation. Le logement, c’est quelque chose de très complexe que l’on ne peut planifier en dehors d’une démarche urbaine globale. Au cours de cette édition 2011, nous souhaitons aborder toutes les thématiques connexes à la production du logement, y compris des sujets aussi importants que la purge foncière et les mécanismes de financement de la production du logement. Toujours concernant le thème de cette édition ARCHIBAT 2011 : comme vous le savez, le gouvernement Ouattara prévoit d’offrir 50 000 logements par an aux Ivoiriens pour un coût de 5 millions de francs CFA. Vos avis d’experts quant à la faisabilité effective de ce projet ? ID. Ce n’est pas une entreprise facile. Et je ne pense pas qu’on n’y arrivera sans une certaine implication de l’Etat, et cela, à plusieurs niveaux. Evidemment, au niveau du foncier, des équipements, de l’accompagnement des infrastructures pour citer quelques exemples, il faut au préalable, exécuter

Koffi & Diabaté vus par ... Ismaël BOGA-N’GUESSAN Directeur Associé Axes Marketing et Commissaire général ARCHIBAT 2011

un certain nombre de tâches pour que le contexte y soit favorable. Des contraintes techniques à prendre en compte, mais également des aspects financiers et juridiques. Pour donner un ordre de comparaison, entre 1960 et 1990, l’Etat a produit environ 100 000 logements avec la SICOGI et la SOGEFIHA. En clair, produire du logement en masse demande une préparation sérieuse et longue. GK. Comme l’a dit Issa, une telle entreprise n’est pas possible sans une intervention directe de l’Etat, dans le cadre de Partenariats Public-Privé. Et je pourrais citer huit points focaux pour définir le canevas de faisabilité d’un tel projet : (1) Constituer les réserves foncières nécessaires ; (2) Assurer une bonne planification urbaine ; (3) Trouver des ressources financières appropriées; (4) Imaginer un accompagnement fiscal adapté ; (5) Sélectionner des intervenants compétents ; (6) Concevoir des projets innovants ; (7) Organiser des filières de production performantes ; (8) Organiser des banques de matériaux bon marché. Quelles seront les principales innovations de ce salon de l’architecture et du bâtiment ? A quoi peut s’attendre le public ? GK. Surprise ! Les stands sont déjà tous vendus et nous avons dû créer des espaces additionnels pour satisfaire la demande. Des solutions innovantes pour répondre à la thématique du droit au logement seront présentées. On notera une forte présence d’exposants étrangers. ARCHIBAT, c’est aussi ARCHIMAG, le magazine du salon qui sera relooké. ARCHIBAT, c’est également « Maison et Cité », notre émission télé. ARCHIBAT, c’est enfin les conférences sur le thème du salon et des rencontres « B to B ». ID. Cette année, nous avons un salon encore un peu plus grand qu’il y a deux ans. Avec des équipements plus volumineux qui seront à l’extérieur.

G

uillaume Koffi, c’est presqu’un jumeau. Nous sommes nés la même année, à un jour d’intervalle. Nous nous fréquentons depuis une trentaine d’années, et je pense que c’est quelqu’un qui a une vision programmatique. C’est un rêveur concret. On peut rêver, et ne pas se donner les moyens de réussir, et rester dans le rêve. Lui précisément, il se donne toujours les moyens d’accomplir ses rêves. Les moyens qu’ils se donnent tiennent en deux ou trois choses. Tout d’abord, la force de travail, la rigueur dans le travail, et aussi l’investissement dans la connaissance. Je suis convaincu qu’aujourd’hui sur la place d’Abidjan, en termes d’architectes qui ont une documentation, ce cabinet-là, est le plus documenté. Tous deux voyagent énormément et rencontrent ainsi d’autres courants architecturaux qui les influencent positivement, et ils arrivent à sortir ce qu’il est temps d’appeler «l’école d’Abidjan», qui est une architecture dont ils sont les précurseurs et qui, bien entendu, est une architecture urbaine. Une architecture mondialisée, mais avec une réponse locale. C’est-à-dire qu’ils sont capables de

penser globalement et d’agir localement. Ils sont capables de digérer cette architecture internationale et de l’adapter localement. Ils ont foi en leur métier et ils se donnent tous les moyens pour réussir dans leur domaine professionnel. Quant à Issa, c’est un jeune frère ; notre première rencontre remonte à 15 ou 20 ans. Il était fraîchement architecte, et on s’était rencontrés autour d’un mouvement culturel que j’avais initié. Pour faire une sorte de comparaison, qui est toujours réductrice dans ce genre d’exercice, Guillaume, c’est le technique, et Issa, c’est l’artiste. C’est vrai que Guillaume aussi sait être un artiste et Issa aussi, un technique. Il faut cependant préciser que derrière ses allures d’artiste, se cache quelqu’un d’une très grande rigueur. Aujourd’hui, on est incapable de parler de l’un sans parler de l’autre. Ce n’est pas qu’une association juridique. Mais bien plus. Une complémentarité. Et dans leur méthode de travail, c’est vraiment la transparence la plus totale. Et ils sont capables de produire une œuvre, dans laquelle, on ne sait pas quelle est la part de Guillaume, et quelle en est celle d’Issa. Quoique chacun peut travailler individuellement.

TYCOON NUMERO 23 • 47


| UN HOMME UN METIER |

Principal pilier du foncier ivoirien

Emile Kokoh ADJOUMANY

Géomètre-expert foncier, chargé des travaux techniques du Livre foncier, expertgéomètre près les cours et les tribunaux de Côte d’Ivoire, chef de terre du royaume Bron Gyaman dans la région du Zanzan (Abamhene), président du Conseil national de l’Ordre des GéomètresExperts de Côte d’Ivoire (OGECI), M. Emile Kokoh Adjoumany est parvenu, à force de travail acharné, au plus haut rang de sa corporation. Une fonction qui se présente, en définitive, comme le principal pilier du foncier, à l’heure où on parle de plus en plus de réforme dans ce secteur en Côte d’Ivoire. PAR edouard gonto

49 ans, Géomètre-expert foncier

C

’est qui le géomètreexpert ? Un géomètre-expert est un professionnel libéral dont la formation technique est doublée d’une formation juridique, surtout en matière foncière. C’est un ingénieur technicien de la mesure et un juriste spécialiste du droit foncier. Il assure une mission de service public, avec délégation de puissance publique en matière de propriété foncière. Il est le conseiller et l’expert incontournable en matière de patrimoine, de partage et d’échanges fonciers. Les collectivités territoriales et les particuliers sont tenus de faire appel à ses services pour toutes les questions 48 • TYCOON NUMERO 23

de propriété foncière. Il prête serment et dans ce cas, il est géomètre-expert assermenté, et son témoignage est primordial devant les tribunaux (ce sont les experts près les cours et les tribunaux). Il est aidé d’équipes de techniciens qu’il encadre. Pour ainsi dire, le géomètre-expert est le pilier principal du foncier. C’est à lui qu’il faut faire appel pour effectuer toutes opérations touchant le foncier dans nos villes et villages (les lotissements, les délimitations de plantations, etc.). Il est le seul professionnel habilité à délimiter de façon irrévocable un terrain, et à le borner. Il travaille pour vous en toute confidentialité, car il est tenu au secret professionnel. Son rôle est

aussi de vous produire les documents permettant la sécurisation juridique de vos biens fonciers. Quel est le cursus pour devenir géomètre ou géomètre-expert ? Les conditions à remplir pour être inscrit au tableau de l’Ordre en qualité de Géomètre-Expert sont définies par la loi (Art 3 de la loi 70-487 du 3 août 1970). Il faut être de nationalité ivoirienne, n’avoir subi aucune condamnation pour des faits contraires à la probité et aux bonnes moeurs, n’avoir été ni déclaré en faillite ni mis en état de liquidation judiciaire ; ne pas être fonctionnaire révoqué par mesure disciplinaire ; être âgé de 26 ans révolus ; être

titulaire d’un diplôme de géomètreexpert reconnu, valable par l’Etat, ou d’un diplôme d’ingénieurgéomètre délivré par une école agréée par l’État ; et présenter toutes garanties de moralité. L’Article 4 de la même loi institue le stage réglementaire - dont la durée est fixée à deux ans par le règlement intérieur - que le candidat devra effectuer dans un cabinet de géomètres-experts après avoir subi avec succès les épreuves des examens ou concours prévus à cet effet. Au terme donc de ce premier parcours, l’impétrant est inscrit au tableau de l’Ordre des géomètresexperts de Côte d’Ivoire en qualité de géomètre-expert par une décision du


| UN HOMME UN METIER | Conseil national de l’Ordre. À cet instant, deux autres étapes non-obligatoires, mais donnant lieu à l’exercice de la profession dans sa plénitude, à des niveaux différents restent à parcourir, notamment le titre de géomètre-expert foncier et celui d’expert-géomètre près les cours et les tribunaux. Le titre de géomètre-expert foncier s’obtient après un test oral portant essentiellement sur le droit foncier en Côte d’Ivoire, devant un jury composé comme suit : le directeur du Domaine de Conservation Foncière, de l’Enregistrement et du Timbre ou son représentant ; le Directeur du Cadastre ou son représentant ; le Président du Conseil national de l’Ordre des géomètres-experts de Côte d’Ivoire ou son représentant. Le titre d’expert-géomètre près les cours et les tribunaux s’obtient après analyse de dossier par le Garde des Sceaux, ministre en charge de la Justice, suite à une enquête de moralité conduite par la Police et la Brigade de recherche. Trop de gens se réclament de la fonction de géomètre ou de la fonction de géomètre-expert. Comment distinguer donc le vrai du faux ? Pour distinguer le vrai géomètreexpert du faux, vous disposez de plusieurs moyens. Vous pouvez demander à voir la carte professionnelle de l’individu qui se présente à vous, ou vérifier son identité sur notre site web où les géomètres-experts ont leurs photos.

Vous pouvez également appeler au siège de l’Ordre. Vous pouvez aussi vous rendre au siège de l’Ordre des Géomètres-Experts de Côte d’Ivoire situé à Abidjan-Cocody, pour vérification. D’interminables débats dans l’acquisition de terres et de terrains en Côte d’Ivoire. Quelles en sont les causes et quelles sont les solutions que vous proposez ? D’abord, il nous faut déterminer les causes de tous ces litiges fonciers qui, même quelquefois, se transforment en conflits fonciers. Nous pouvons noter, entre autres raisons, le très faible taux d’alphabétisation de la population qui est estimé à 49,7% par le PNUD, une superposition de trois régimes fonciers sur le même territoire. Les textes réglementaires sont méconnus, désuets, contradictoires et quelquefois inapplicables. L’utilisation des terres est non planifiée et donc non maîtrisée, ni par l’État, ni par les populations. Le pouvoir, dans le secteur du foncier, est trop émietté. Nous proposons, de prime abord, la création d’un ministère de l’Administration des terres et du Développement durable qui sera le seul interlocuteur en matière de gestion des terres. Faire le toilettage des textes relatifs au foncier et prendre de nouveaux textes intégrant le développement durable ; créer de façon rationnelle des pâturages publics équipés de barrages agropastoraux et de couloirs de transhumance ; adopter un nouveau

découpage des circonscriptions administratives pour les régions, en ramenant leur nombre à 10 tout en faisant coïncider leurs limites avec celles des circonscriptions foncières et rédiger un code foncier unique. Nous pensons qu’il est indispensable de créer un réel marché du foncier pour soutenir l’économie. Enfin, il nous faudra former et informer le plus largement possible les populations par des émissions radio-télévisées. La terre et le sous-sol ivoirien sont riches. Mais, depuis des décennies, cette terre rapporte peu ou presque rien au commun des propriétaires terriens. Votre prescription durable? Tout comme l’Afrique est un continent riche, la Côte d’Ivoire est un pays riche habité par des gens pauvres. Jusque-là, nous n’avons pas su transformer notre capital mort qui est la terre en capital actif. Cette situation incombe à nous tous, Ivoiriens, mais, principalement à nos dirigeants. Ces derniers n’ont pas su choisir les priorités en encourageant la création des titres fonciers, seuls moyens de sécurisation des biens fonciers. En effet, le fait que la terre devienne hypothécable dès qu’elle possède un titre foncier (régime de l’immatriculation) permet l’apparition d’un marché du crédit dans la foulée du marché foncier. L’hypothèque foncière permettra aux prêteurs de réduire les risques afférents aux opérations de prêt puisqu’en cas de défaillance de leurs débiteurs, ils peuvent saisir la terre offerte en

garantie et en réaliser la valeur sur le marché. Cela, nous pouvons le réaliser en Côte d’Ivoire. Il suffit d’y croire. Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes gens qui veulent embrasser le métier de géomètre-expert? Le métier de géomètre-expert est l’un des plus vieux métiers du monde. Dès 1700 avant Jésus-Christ, fut rédigé un papyrus détaillant les directives pour arpenter et délimiter un terrain. La science topographique a permis aux Babyloniens de construire un pont de 123m de long sur l’Euphrate. La plus ancienne activité du géomètre-expert est la délimitation des biens fonciers qui, elle-même, est née avec la propriété foncière. Les métiers de la topographie sont en pleine réorganisation par suite des récentes évolutions engendrées par les technologies dérivées du GPS (Global Positioning System). La profession recherche donc des compétences nouvelles, adaptées à ces techniques. Les opportunités sont presque illimitées, tant sur le plan national, régional, qu’international. Le géomètre-expert expérimenté peut également créer son propre cabinet. Pour ce faire, il faut avoir le sens de l’organisation, les qualités d’un animateur d’équipes de collaborateurs ; aimer les questions mathématiques et juridiques ; et avoir le sens de l’arbitrage et du compromis, pour conduire les parties d’une affaire aux solutions de compromis.

TYCOON NUMERO 23 • 49


| FOLLOW UP |

Mariam KONE

43 ans, Directrice fondatrice de Hygiène Ivoire Internationale

50 • TYCOON NUMERO 23


| FOLLOW UP |

« Les Ivoiriens n’ont pas pris conscience de l’importance de l’hygiène » PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCIS YEDAN

Q

uelles sont les domaines d’intervention de Hygiène Ivoire ? Les activités de Hygiène Ivoire préviennent les maladies comme le paludisme, causées par des insectes. Gérer l’environnement de sorte à ce que le client ne soit pas malade. Notre métier s’oriente également vers l’économie parce que, lorsque vous êtes malade, vous n’êtes plus productif ; lorsqu’il y a des cafards dans votre hôtel, les clients n’y viennent plus. Pareil si vos stocks de produits alimentaires sont abîmés par des insectes ou rongeurs… On parlera donc de désinsectisation du lieu afin de faire disparaître le vecteur responsable de ce problème. Ensuite, il y a la dératisation qui est la lutte contre les rongeurs. La décontamination et la désinfection suivent. Ceci fait partie du nettoyage. Hygiène Ivoire est spécialisée dans les 4D (Ndlr : la dératisation, la désinsectisation, la décontamination et la désinfection). Dans la désinsectisation, nous agissons à tous les stades. La formation, la vente, l’utilisation et la prise en charge. Nous formons les clients sur la composition chimique du produit, la dose prescrite, les risques encourus. Au stade de l’utilisation des produits, cela est dévolu à nos agents qui vont euxmêmes sur le terrain. Et nous restons en contact avec le client pour effectuer la prise en charge. Pour la

désinfection et la décontamination, nous n’avons pas d’équipes sur le terrain. Lorsqu’un client sollicite le nettoyage de son bureau, nous nous y rendons et nous lui donnons des conseils ponctués par une formation. 2000-2010. Quel bilan peut-on faire de votre structure ? Un bilan très positif parce qu’on a fait un bond vers la maturité. Nous avons fait beaucoup d’erreurs. Lorsque vous entreprenez un business, il y a des facteurs que vous ne maîtrisez pas. Il s’agit du marché, de la sociologie, de l’environnement économique, de l’acceptation de votre produit par la population, etc. Nous en avons tiré beaucoup de leçons. Il y a eu un renforcement des capacités des agents au travers de la formation. Ces dix années nous ont permis d’atteindre le niveau de maturité nécessaire pour affronter l’international. Nous avons traité des villages, des avions, des plates-formes pétrolières… Nous ne sommes qu’à 10% de notre potentiel. Ce secteur d’activité est-il porteur ? Tous les secteurs sont porteurs. Il faut y croire. L’Afrique de l’Ouest est une zone sujette au paludisme. Le vecteur du paludisme est le moustique. Les rongeurs sont à l’origine des épidémies diarrhéiques. La cible qui nous permet de vendre nos prestations et de gagner de l’argent est connue.

Comment entrevoyez-vous la résolution de la crise de fièvre jaune et de dengue ? Hygiène Ivoire a déjà anticipé en proposant trois solutions à ses clients. Celle de recevoir des conseils, d’acheter les produits proposés et de les utiliser. Une autre possibilité est celle d’écouter le conseil, d’acheter le produit et de demander à nos équipes de l’appliquer. La troisième possibilité est de s’abonner sur douze mois. Les abonnés savent qu’ils sont dans une zone propice au paludisme, à la dengue, aux maladies diarrhéiques, des yeux et de la peau. Et que les vecteurs responsables sont connus. Dès qu’une épidémie est déclarée, l’Etat doit pouvoir réunir autour de lui toutes les compétences en vue de proposer une riposte adéquate. Il faut être dans la prévention et non dans l’urgence. L’Institut national d’hygiène publique (INHP) a été créé pour faire de la prévention en curant les caniveaux et en désinfectant les villes avec des produits, tout en détruisant les foyers de prolifération des insectes, des rongeurs. Aujourd’hui, l’INHP fait de la prévention, mais en n’insistant que sur le volet vaccination. Ce qui n’est pas suffisant dans une approche de veille sanitaire. Votre activité est-elle bien perçue des populations ? Il y a un problème de compréhension de la chose. Toute cette appréhension fait que vous êtes confrontés à

des difficultés. C’est un niveau de conscience. Les Ivoiriens n’ont pas pris conscience de l’importance de l’hygiène. Il n’est pas possible de modifier la façade de sa maison n’importe comment dans un pays développé, à plus forte raison, de jeter des ordures dans les rues. Il y a des maisons où des gens vivent avec des rats et des souris. Des personnes s’interrogent sur l’opportunité d’avoir recours à Hygiène Ivoire alors que leur voisin a des souris. Mais ces situations ne nous empêchent pas d’être efficaces. Vous n’avez développé que 10% de votre potentiel, dites-vous ? A quoi doit-on s’attendre avec les 90% restants ? Les 90% vont être développés lorsque nous aurons ouvert notre département d’espaces verts et de jardins ; lorsque nous aurons mis en place le centre de formation et d’information pour tous les métiers d’hygiène (jusqu’à la certification) ; et lorsque nous aurons créé notre usine de fabrication, de formulation et de reconditionnement de produits adaptés à notre environnement africain. Aujourd’hui, nous commandons les produits en Europe, nous les prescrivons, nous faisons le traitement ou nous les vendons directement. Pourquoi ne pas trouver nous-mêmes nos molécules, fabriquer les médicaments adaptés à notre environnement et exporter nos connaissances ?

TYCOON NUMERO 23 • 51


| FOLLOW UP |

« Il faut être dans la prévention et non dans l’urgence »

FOLLOW UP

9:00 Une journée de travail commence à Hygiène Ivoire Internationale.

52 • TYCOON NUMERO 23

10:00 Choix des produits pour préparer l’opération.

11:30 Une goutte de 0,04 microns est injectée pour tuer les bestioles.

12:02 Imprégnation murale.


| FOLLOW UP |

L’hygiéniste

C

afardmatologue », « souristologue »… un lexique utilisé par des « experts » de tout genre proposant aux chalands dans les rues, des potions, dites magiques, censées lutter contre les cafards, les insectes, les rongeurs, etc. Mariam Koné n’est pas de cet acabit. Entomologiste, Docteur en hygiène publique et environnement, elle est spécialisée dans la lutte contre les vecteurs de maladie et en épidémiologie. Une formation consolidée par une dizaine d’années d’expériences (Ndlr : 1989-2000) à « Rhône Poulenc », un des leaders mondiaux de la pharmacie et de la chimie dans les années 1990.

Les activités de Rhône-Poulenc se répartissaient en cinq grands secteurs. A savoir : la pharmacie, la santé animale, la santé végétale (à travers la phytopharmacie), la chimie, entre autres. En 1999, Rhône Poulenc connaît une division et fusionne avec Hoechst Marion Roussel, un autre géant du médicament. De cette fusion naît Aventis qui sera, en 2004, Sanofi Aventis, un des leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique. Un nouveau challenge se présentait avec cette expansion. Elle occuperait la responsabilité de l’unité hygiène publique pour l’Afrique de l’Ouest, du centre et du Moyen-Orient. Mais

l’envie de s’installer à son compte a été plus forte. « Etant consciente de mes forces et faiblesses ainsi que des difficultés du pays qui constituait un marché potentiel, j’ai donc préféré démissionner », explique Mariam Koné. Son métier d’hygiéniste, elle le met au compte d’un éventail de spécialités et de son pragmatisme. « Pour faire un métier, on a besoin de plusieurs spécialités. Le cursus académique est important, mais ne peut pas vous permettre d’en faire un métier », dit-elle. Les études, pour elle, permettent de s’orienter tout juste d’autant qu’à l’origine, elle n’avait pas une idée précise du champ d’appréciation des formations

13:20 La désinfection par fumigation est aussi appliquée.

13:00 Traitement d’un arbre.

d’entomologiste, d’hygiéniste. L’essentiel étant « d’exercer une profession dans laquelle je puisse véritablement m’exprimer et contribuer, par ailleurs, à résoudre des problèmes pour la population. » Au départ, une idée de volontariat a fondé sa raison de créer « Hygiène Ivoire Internationale ». Puis la passion et l’enthousiasme ont forgé sa confiance et sa foi en la mise en oeuvre de son entreprise. Avec, pour activités majeures, la dératisation, la désinsectisation, la désinfection et la décontamination. « Lorsque je veux faire quelque chose, je le fais tout en sachant que cela ne sera pas facile », fait-elle remarquer.

15:45 L’équipe de désinfection, de dératisation, de décontamination et de désinsectisation.

TYCOON NUMERO 23 • 53



corporate dossier spEcial

cas d’entreprise

CONSEIL

Urbanisation On dEguerpit pour mieux construire…

La Main Verte Environnement Quand le rEve paysager devient rEalitE

STRATEGIE & ORGANISATION Etes-vous conscient du risque client encouru par votre entreprise ?

TYCOON NUMERO 23 • 55


| DOSSIER |

Urbanisation On déguerpit pour mieux construire… Coups d’éclat ? Politique spectacle ? Vent de changement de régime après la dure crise qui a tenu la population en haleine pendant dix ans ? La fête de l’indépendance 2011 a donné lieu à une vaste opération de déguerpissement du domaine public appelée « Pays Propre ». Le gouvernement Alassane Ouattara entend donner une nouvelle orientation à la Côte d’Ivoire. Une politique d’assainissement soutenue. Un cadre de vie décent. Il s’agit de mettre les pendules à l’heure. Remettre le compteur à zéro. Redémarrer pour que la locomotive de la sous-région tire le train de la communauté ouest-africaine. PAR Christian MIGAN

56 • TYCOON NUMERO 23


| DOSSIER |

Opération ‘‘Pays Propre’’ « Cette opération est irréversible, les réfractaires ne gagneront pas ce combat »

B

oum, c’est parti ! Des bulldozers et autres engins des travaux publics en roue libre pour démolir les habitations précaires et autres édifices établis sur le domaine public. Anne Désirée Ouloto, ministre de la Salubrité Urbaine, a voulu redorer l’image de la ville. Lui offrir un aspect plus reluisant que pendant les dix dernières années. Volonté du gouvernement ivoirien d’asseoir une politique d’urbanisation plus propice au développement national. A l’image des pays européens. Mais cette opération dite « Pays Propre » a occasionné des grincements de dents. De Yopougon à Port-Bouët, c’est la désolation. D’aucuns s’interrogent sur le sens réel de cette opération d’autant que la précarité a gagné du terrain dans la couche fragile de la population. Etat des lieux d’un Etat en pleine déliquescence : Les jeunes, las d’espérer la manne de l’Etat, ont trouvé un débouché dans l’informel, seul capable de les aider à affronter la cherté de la vie. D’autres se sont installés vaille que vaille dans les baraquements. De jeunes diplômés sans emplois obligés d’abonder dans les métiers de soudure pour survivre se sont arrogés les espaces publics pour commercer. Des femmes dont les maris ont perdu leurs emplois et qui se débrouillent sur les trottoirs pour faire le petit commerce. Malgré le tollé général, la ministre de la Salubrité Urbaine est décidée à en découdre avec le désordre public. « Nous n’avons aucune raison de nous laisser attendrir par des considérations partisanes. Cette opération est irréversible, les réfractaires ne gagneront pas ce combat. Nous sommes prêtes à aller sur les sites répertoriés même

la nuit». Discours musclé de Anne Désirée Ouloto qui traduit la volonté du gouvernement d’en finir avec l’ancienne politique faite de complaisance et d’atermoiement.

Salubrité urbaine… morale Samedi 27 août. Nous voilà à la Rue Princesse. Ce lieu de plaisir, réputé pour sa bruyance et son ambiance facile. Les riverains sont contents de l’opération « Pays Propre ». Tel ce chauffeur de taxi, la cinquantaine largement dépassée, qui exprime sa joie de voir ses voeux exaucés. A bord de son taxi pour le Plateau, il nous explique son calvaire, après les courses de la journée : « Avant, on ne dormait pas. Avec une journée aussi chargée, normalement on devrait aspirer au repos mérité. Malheureusement, avec les bruits de la nuit, on avait du mal à dormir ». Nuisances nocturnes ! Un vocabulaire qui ne semble pas retenir l’assentiment des princes de la nuit qui ne trouvent leur refuge que dans ce quartier de la jouissance à ciel ouvert. Ce lieu de plaisir a retenu l’attention de nombreux touristes qui ne manquent pas de faire le détour nécessaire. Il y a comme une sorte de mystique de la jouissance dans ce secteur, un succédané d’un supermarché du lucre et de la lubricité. Notez le cri de désarroi de ce parent d’élèves qui ne pouvait retenir ses enfants au retour de l’école : « Impossible de savoir qui fait quoi dans la maison. D’ailleurs, on avait du mal à suivre nos enfants. Comment pouvait-on se concentrer sur ses devoirs ? Sans

oublier la déviance sexuelle que produit cette industrie géante des loisirs, mal contenue ». Doré, la quarantaine bien sonnée, sous une pluie battante, m’expliquait le laisser-aller qui a régné en maître dans ce secteur. Avec un ahurissement qui donne dans la satire des moeurs observées dans le déferlement continu de ladite rue. Avec une émotion insoutenable de ce qu’il a coutume de voir et le regard appuyé de ce qui reste de la Rue Princesse après la démolition des complexes des bars, boîtes de nuits, salles de spectacles. « L’Opération Pays Propre, c’est bien. Dès l’abord, on peut considérer qu’on y est allé très fort. C’est vrai qu’on aurait pu donner plus de temps pour que les gens dégagent des lieux. Mais c’est aussi ça, savoir décider au bon moment. Allez voir vous-même. C’est fini, c’est rasé. Complètement. Bien sûr, c’est la désolation pour les opérateurs économiques du secteur. Mais d’un autre côté, cette opération est salutaire à plus d’un titre. Sinon, c’était une calamité ». Mais qu’est-ce qu’il appelle calamité ? On a l’impression d’avoir affaire à une peinture très grossière des moeurs. Mais c’était ça la réalité. Habitué des lieux, il sait de quoi il parle. Il ne parle pas à mots couverts. Il déballe sec. « Il fallait vivre ça, j’en ai vu ici de tous les âges. Des tout-petits. Des petites filles pas pubères. Scandaleux ! ». La ministre de la Salubrité Urbaine ne dit pas autre chose lorsqu’elle annonce la fin de la récréation d’un comportement déviant dans certaines rues de la capitale économique : « Certaines rues sont devenues des lieux mondialement connus de prostitution ou de tourisme sexuel présentés hélas comme un patrimoine culturel et historique. »

TYCOON NUMERO 23 • 57


| DOSSIER |

La rue Princesse déchue

E

ntre la joie des uns et la tristesse des autres, on se hasarde à voir de près ce qui reste des décombres laissés par les engins lourds des travaux publics. Un champ de ruines. Des pans entiers d’un grand complexe où il y avait bars, boîtes de nuit et salles de spectacle se sont écroulés. Désert. Pas de musique. Cependant, on entend voleter quelques oiseaux. Une note de tristesse. Une pluie fine achève la symphonie de la détresse. Juste au carrefour de la Rue Princesse, un groupe de trois personnes devisent. De quoi parlent-ils ? Réprobation juste et sévère contre la mairie qui a dû installer de façon anarchique les opérateurs économiques. Une urbanisation mal maîtrisée en tenant compte de la forte population, arrivée de l’arrière pays, pour chercher une petite fortune à Abidjan. Mais où peut-on rencontrer le propriétaire de ce complexe ? Un homme célèbre bien connu du milieu. On devine aisément toute la peine qu’il s’est donnée pour

58 • TYCOON NUMERO 23

investir dans son affaire. Certainement des millions qu’il aurait engloutis. Quels gâchis ! Comment faire pour rebondir ? On sent visiblement qu’un ressort est cassé. A peine avons-nous franchi le carrefour. De l’autre côté, il est là. Devant son petit dépôt de boissons qui fait face à son complexe. Que regarde-t-il ? L’air songeur, il retrace tout le scénario catastrophe de son affaire. Nous l’abordons. Choqué, il l’est. Visiblement abattu. Presque inaudible. Vraiment, il n’a pas envie de parler. Mais, il s’est laissé aller à quelques confidences… Il proteste vigoureusement contre ceux qui disent que la Rue Princesse a provoqué la dépravation des moeurs. C’est la faute aux parents, dit-il ; une industrie de loisirs, ça existe dans tous les quartiers, argumente l’homme d’affaires. Quand on parle de nuisances sonores, il marque son étonnement parce que les résidents ne se sont jamais plaints. AB Jackpot, c’est de lui qu’il s’agit. Habillé d’un

ensemble pagne, coiffé de sa casquette, il apparaît comme un parrain des lieux. Imaginez-vous que ça fait plus de quinze ans qu’il s’est installé. Il lâche un mot pour se libérer : « Nous payons des taxes appelées ODP à la mairie ». Comprenez : occupation du domaine public. Du coup, la mairie est indexée pour avoir assuré une complicité pour la réussite de son affaire. Mais pour lui, c’était une couverture qui pouvait le protéger de toute mise en demeure. Mais là, le ver est dans le fruit. Que faire ? Quand on lui a adressé la mise en demeure pour la démolition de son complexe, il a fallu vingt-quatre heures pour briser son rêve. Il confie avec beaucoup de peine qu’il a perdu 200 millions de nos francs d’investissement. Il attend son heure, s’en remettant aux dispositions de l’Etat. Nous tournons les talons pour aller voir d’autres sites. Cap sur Yopougon Selmer. Des gravats aux abords des rues. C’est que le Caterpillar est passé par là. Quelques personnes affairées autour des bris de briques. On

sent le marchandage pour récupérer de ce qui peut l’être. Bamba, commerçant, semble flairer le bon coup pour ses affaires. « Je suis venu chercher ce qui reste des décombres. C’est le fer qui m’intéresse. Cette opération est venue à point nommé. Mais où sont-ils, ces agents municipaux qui viennent lever des taxes ici ? » Il nous explique qu’un édifice était érigé sur les caniveaux, empêchant l’écoulement des eaux causant le débordement sur la chaussée. Sur cet espace de la voirie, le propriétaire de la maison attenante a construit une bicoque qu’il a mise en location pour abriter un salon de coiffure. Une autre réaction venant de la famille Yoboué : « Vous voulez savoir ce que je pense ? C’est bien fait ! Je représente les biens de mon oncle. Je ne peux pas lui dire ce qui se passe. Désolée pour lui, encore qu’il est malade. Mais dans le même temps, on ne peut pas concevoir qu’on puisse construire sur des caniveaux et louer aux gens », déclare Akissi Yoboué, la nièce du propriétaire.


| DOSSIER |

Pas de traitement de faveur

A

Cocody, la situation des occupants illégaux n’est pas en reste. Lundi 29 août, le ministre de la Construction et de l’Assainissement ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il annonce sur le plateau de la télévision que le gouvernement appliquera dans la stricte rigueur le plan d’urbanisation. Mamadou Sanogo n’entend pas se laisser distraire par certaines personnalités, quelles qu’elles soient, qui occuperaient le domaine public. En effet, certaines personnes ont construit sur l’emprise du troisième pont. Des personnes qui ont été régulièrement dédommagées depuis 1999 et qui sont revenues sur le site pour se réinstaller avec la complicité des maires. En l’occurrence, de la Riviéra à Marcory. D’autres, usant de leur trafic d’influence, ont profité du laxisme de l’administration foncière, pour ériger des immeubles. « A la Riviéra, il y a des pontes du régime sortant qui ont bâti de grandes maisons sur l’emprise du pont. Mais nous sommes désolés, nous allons les déguerpir dans quelques jours », a déclaré avec force le ministre de la Construction et del’Assainissement, Mamadou Sanogo. Une victime de taille fait l’objet de commentaires dans certains milieux : l’ancien gouverneur du district d’Abidjan

qui a érigé un immeuble sur l’emprise nord de ce pont. Un château qui coûterait 2 milliards. Ce qui fait croire à certains qu’il s’agit d’une opération dirigée. Précision du ministre : « Il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités. L’opération n’est dirigée contre personne ». Pour l’histoire, la construction du troisième pont a été hypothéquée par le coup d’Etat de 1999 qui a entraîné une longue crise politique de 10 ans. En plus du troisième pont à construire, il y a la voie Y4 qui fait la ceinture d’Abidjan, partant d’Adjouffou en passant par le quartier d’Abobo Baoulé pour rejoindre le carrefour de Jacqueville. Une route périphérique qui viendra en appoint pour désengorger la ville d’Abidjan dont la circulation est de plus en plus perturbée, vu l’accroissement du parc auto et la forte densité de la population. Même sur ce segment, des lotissements sont déjà faits, ce qui ne devrait pas être le cas. Le quatrième pont partant de Yopougon via l’île Boulay viendra à son heure pour compléter l’ouvrage. Selon les prévisions du gouvernement, il s’agit de répondre impérativement au rythme de l’urbanisation pour ne pas se laisser subvertir par des goulots d’étranglement.

TYCOON NUMERO 23 • 59


| DOSSIER | INTERVIEW : HervE KOUTOUAN

OPERATION ‘‘PAYS PROPRE’’ « C’est un gros chantier que nous pouvons et devons réaliser »

Mme Anne Désirée OULOTO, ministre de la Salubrité Urbaine

Q

uel bilan faitesvous de l’opération de déguerpissement lancée le 8 juillet dernier ? Le bilan de « l’Opération Pays Propre » est positif. Abidjan respire mieux, les voies sont dégagées. Dans le cadre de la matrice d’action gouvernementale, nous avons en effet déguerpi les installations anarchiques sur le Boulevard Valéry Giscard d’Estaing (VGE), sur la route de l’aéroport, et rasé le quartier précaire de Moussakro à Port-Bouët, toutes, des zones d’insalubrité. A Moussakro singulièrement, les populations vivaient dans des conditions d’extrême insalubrité. Il fallait agir pour les protéger, et vite. Les commerçants de la gare de Grand-Bassam à Treichville ont été également déguerpis. Les boulevards Mitterrand, Latrille,

60 • TYCOON NUMERO 23

la rue Bertille aux Deux-Plateaux, près de l’ENA et la Rue Princesse à Yopougon ont été eux-aussi assainis. Ces endroits étaient sources d’insalubrité. Ils sont aujourd’hui surveillés par la Brigade de salubrité qui multiplie les patrouilles pour éviter une recolonisation des sites. Pour combattre ce phénomène, il faut le prendre à la racine. Aller à la source du mal et le déraciner. C’est ce que nous faisons. L’Etat de Côte d’Ivoire se veut un Etat responsable, soucieux du cadre de vie des populations. Une deuxième phase sera lancée à Yopougon, Abobo, Marcory, Koumassi, Adjamé. Abidjan doit absolument retrouver son lustre d’antan. Nous avons aussi apporté un appui à Grand-Bassam, notre première capitale lors de la célébration de la fête de l’Indépendance. Le programme spécial conçu à cet effet a permis de restaurer

la Place de la Paix érigée en mémoire de la marche des femmes sur Grand-Bassam, ainsi que la berge lagunaire. Ce dernier site, véritable perle pour les touristes et les promeneurs, a été entièrement restauré. Bingerville a également bénéficié de cette opération. Vous l’avez sans doute constaté au Plateau également, certains bâtiments publics et privés ont été ravalés, notamment à la Place de la République. Des hôpitaux, des commissariats ont également fait leur toilette. Nous avons invité les responsables des établissements publics et même privés à ravaler leurs façades extérieures. Progressivement, « l’Opération Pays Propre » est en train de s’étendre au reste du pays. San-Pedro, Bouaké et bien d’autres villes seront visitées. Plusieurs villes du pays ont déjà reçu des kits de salubrité, notamment des balais, râteaux, des brouettes et des pots de peinture pour ravaler les bâtiments publics. C’est pour vous dire que ce programme ne concerne pas que le district d’Abidjan. Nous avons, en outre, installé dans les 10 principaux pôles de développement des comités locaux de sensibilisation, chapeautés par les préfets. Avec le transfert de la capitale, Yamoussoukro est en train de changer aussi. Avec la collaboration de la mairie et du district, les abords du lac ont été dégagés des algues et mauvaises herbes. Les maquis qui obstruaient les voies ont été déguerpis. C’est une grande satisfaction pour le gouvernement et pour les populations. Dans quel cadre s’inscrit cette opération de déguerpissement ? L’opération de déguerpissement en cours dans le district d’Abidjan s’inscrit dans le cadre de « l’Opération Pays Propre » lancée le 8 juillet et qui prend fin le 30 décembre 2011. Bien entendu, elle pourrait se poursuivre au-delà de

cette date. C’est une opération du gouvernement de Côte d’Ivoire, endossée par le chef de l’Etat qui, dans son discours à la Nation du 7 août, est revenu sur la portée de cette action. Cette opération permettra de créer un cadre de vie propre, sain et agréable pour les populations. Elle n’est pas dirigée contre les populations de la Rue Princesse, encore moins contre les vendeurs d’auto du VGE. Tout le pays est concerné par cette opération. Les populations bénéficieront, à court terme, des retombées sociales et économiques de ce programme, nous en sommes convaincus. C’est un gros chantier… C’est un gros chantier que nous pouvons et devons réaliser. Aujourd’hui, nous le constatons tous, notre cadre de vie est sale. Nos rues sont jonchées de baraques, d’étals sauvages, de commerçants à la sauvette qui les salissent sans tenir compte des dangers de tels comportements. Les populations construisent sur les servitudes publiques, bouchant les voies de canalisation. Quand il pleut, la ville est inondée. Les mairies ont du mal à faire le curage des caniveaux. Les commerçants de véhicules d’occasion, les transporteurs, les artisans ont transformé nos rues en de vastes marchés à ciel ouvert. Ces marchés sont plutôt des dépotoirs qui nuisent à la santé des populations. Nos grands boulevards qui faisaient la fierté de la ville d’Abidjan, capitale économique du pays, ont perdu de leur superbe. Certaines de nos rues sont devenues des lieux mondialement connus de prostitution ou de tourisme sexuel. Cette opération permettra de redorer le blason d’Abidjan, pour qu’elle devienne une ville propre et belle ; une destination prisée par les touristes et les investisseurs.


| DOSSIER |

Logement :

Un grave déficit à combler

D

éfinie littéralement comme étant l’augmentation de la population des villes, l’urbanisation est intimement liée à la question de l’habitat. Elle influe inéluctablement sur la cadre de vie des populations. Et la Côte d’Ivoire à travers ses grandes villes, et singulièrement Abidjan, connaît une réelle crise de l’habitat. Le constat est clair. Plus de la moitié de la population ivoirienne est mal logée. Les chiffres sur la question sont édifiants à plus d’un titre. Le déficit en logements dans notre pays est de l’ordre de 400.000. La capitale économique se taille, bien sûr, la part du lion avec un déficit de 200.000 logements. L’intérieur du pays se partage l’autre moitié. Des chiffres qui se sont accumulés sur une décennie, puisque le déficit par an est de 20.000 logements pour l’intérieur et plus de 20.000 pour Abidjan. La raison d’un tel écart est que les productions ne vont pas au même rythme que l’accroissement de la demande. Cette situation très difficile, au dire de Mme Kaba Nialé, ministre de la Promotion du Logement, est essentiellement due à l’absence d’une « véritable politique du logement à caractère social ». Ainsi, explique-t-elle, « depuis une trentaine d’années, il n’y a pas eu de production de logements sociaux en masse ». En effet, la Côte d’Ivoire au lendemain de son accession à l’indépendance a mis en place une politique hardie de logements sociaux. Les sociétés paraétatiques que sont la Sicogi et la Sogefiha en étaient le fer de lance. Ce dispositif a permis à la Côte d’Ivoire de disposer d’un parc immobilier d’environ 91.000 logements et de plus de 15.000 terrains viabilisés. La crise économique de 1980 va sonner le glas de ce vaste et ambitieux programme. Cette situation conjoncturelle a conduit à la liquidation de la Sogefiha. Seule la Sicogi subsiste aujourd’hui. Le constat est cependant très alarmant au dire de la ministre. « C’est un instrument qui est complètement essoufflé.Une entreprise qui a beaucoup souffert et qui est en pleine restructuration », expliquet-elle. Il appartient maintenant au gouvernement qui fait de l’accès au

logement, une de ses priorités, de lui donner un peu plus d’élan afin de la placer au coeur du dispositif de construction des logements sociaux. Là où le secteur privé a bien du mal à s’exprimer.

Nouvelle politique du logement Créer un département ministériel pour la promotion ne pouvait venir autant à propos, quand on sait l’immensité de la tâche à accomplir. « Le ministère de la Promotion du Logement doit créer les conditions pour la production massive de logements en direction des économiquement faibles ». Noble mission ! Entendons par économiquement faibles, « les personnes qui ne sont pas à même d’acquérir une maison, si elles ne sont pas accompagnées », précise Mme la ministre. Pour que de telles personnes puissent espérer être propriétaires, l’Etat entend donc produire des maisons à faible coût afin qu’elles soient vendues à des prix modérés et sur des échéances qui seront suffisamment étalées susceptibles d’être supportables par cette frange de la population dont le revenu est modeste. Le second volet de la mission de ce département est d’intervenir afin que les prix des loyers soient revus à la baisse afin de permettre à ceux qui n’auraient pas la chance de devenir propriétaires de pouvoir se loger à des conditions acceptables. Concernant ce second volet, Mme Kaba entend poursuivre la concertation avec tous les acteurs du secteur de l’habitat en vue d’instaurer une réglementation qui puisse prendre en compte à la fois le point de vue des producteurs et celui des consommateurs. Même si le cadre reste celui de l’économie libérale. Le marché du logement plus qu’aucun autre secteur reste fortement tributaire de la loi de l’offre et de la demande. Arriver à mettre sur le marché beaucoup de logements sociaux, dits « maison ADO », à des prix qui oscillent entre 5 et 6 millions, contraindra sûrement à changer la configuration de cette offre de

l’habitat à Abidjan. Il est à croire que cela contraindra les producteurs qui, pour la plupart, sont des particuliers, à revenir à des proportions plus raisonnables. L’implication de l’Etat pour l’atteinte de cet objectif est d’autant plus indéniable que le secteur privé censé prendre le relais de l’Etat, suite à la défection de la Sogefiha et même de la Sicogi n’a pas donné le résultat escompté. Les raisons de cet échec sont dues en grande partie au fait que les mécanismes d’accompagnement ne se sont pas avérés suffisamment incitatifs pour amener le secteur privé à produire des maisons à bas coût pour les populations. Le bilan à faire de cette période est que les incitations fiscales et financières faites en direction de ces opérateurs aussi bien en ce qui concerne la production que l’acquisition, sont restées en deçà des attentes. L’Etat, à l’exception de ces mesures qualifiées d’insuffisantes par les opérateurs, n’a pas apporté d’incitations directes, alors que le coût des matériaux augmentait. Cette situation a poussé les opérateurs à ne se focaliser que sur les maisons à caractères économiques au détriment des habitats sociaux. La seule voie aujourd’hui est l’implication soutenue de l’Etat.

Le Fonds National de Garantie de Logement (FNGL), la panacEe ? La ministre de la Promotion du Logement s’est dite déterminée à mettre en place des mécanismes de recherche de financement pour la promotion du logement. Elle entend en cela s’appuyer déjà sur les mécanismes existants. «Il s’agit notamment du Compte de mobilisation pour l’habitat (CDMH) et le Fonds de soutien à l’habitat (FSH), des ressources financières mises en place par l’Etat pour l’acquisition de logements ». La grande innovation que ce ministère entend apporter est la

création du Fonds national de garantie de logement (FNGL). Alimenté par le FSH et le FNGL. Lors d’une interview accordée à un quotidien de la place, Mme Kaba Nialé s’est fait plus explicite sur l’utilité de ce fonds. « Le FNGL permettra au plus grand nombre d’accéder à des prêts immobiliers en garantissant les prêts pour améliorer la solvabilité des acquéreurs. Par ailleurs, l’Etat va encourager les établissements bancaires à préfinancer les activités des promoteurs en utilisant certaines mesures incitatives au profit des acquéreurs. Ce qui va contribuer à mettre à la disposition des promoteurs immobiliers les ressources nécessaires au financement de leurs projets immobiliers », a-t-elle conclu, tout en précisant que « dans deux ans la Côte d’Ivoire sera en chantier ». Mais, déjà, l’on sent un léger frémissement au niveau de ce vaste projet. Cependant, le compte sera bien loin des 30.000 logements promis par le président Ouattara pour ces deux premières années d’exercice du pouvoir comme le stipulait son programme de gouvernement. Dans le communiqué final qui a sanctionné l’atelier de validation de la stratégie de production qui s’est tenu le mardi 23 août 2011, il a été annoncé que l’Etat va financer 2000 logements sociaux, avant la fin de l’année 2012. Ce chiffre qui paraît dérisoire, comparé aux estimations de départ, met en lumière les nombreuses difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de ce projet.

Les obstacles La volonté politique dans la réalisation des habitats sociaux bute sur des écueils. Il s’agit premièrement de l’épineuse question du foncier. Viennent ensuite le financement et les normes techniques. Tous les acteurs du secteur du cadre bâti ne cessent de décrier l’insécurité qui règne autour du foncier. Alors que la réussite d’une telle politique d’habitat social est tributaire d’une très bonne maîtrise de cet aspect. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, puisque les problèmes avec les autorités coutumières qui vendent les terrains sont quasi permanents. En plus du fait qu’il y a aussi un problème de disponibilité des titres fonciers. Le constat qui est aussi fait

TYCOON NUMERO 23 • 61


| DOSSIER |

est que les terrains urbains équipés à Abidjan se réduisent comme peau de chagrin et, pendant ce temps, aucune politique n’est mise en place afin d’en rationnaliser l’utilisation. La spéculation foncière créée et entretenue par le phénomène des lotissements villageois élèvent les coûts de cession au mètre carré. Face à tous ces obstacles, les professionnels du cadre bâti ont formé le vœu que l’Etat puisse revoir à la baisse le coût des terrains et surtout qu’il se mette au centre de la purge

coutumière. Et que l’Agence de la gestion foncière (AGEF) soit au cœur du droit coutumier pour protéger à la fois les acheteurs mais également les promoteurs immobiliers. Toutes ces mesures, si elles sont prises, contribueront à assainir le milieu de la construction et de l’habitat en Côte d’Ivoire pour le grand bonheur des populations en général, et des économiquement faibles en particulier, pour qui se loger décemment reste encore, hélas, une utopie aujourd’hui.

« Notre métier, c’est le financement de l’immobilier en Côte d’Ivoire » PAR HERVE KOUTOUAN

E

n votre qualité de Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire, comment intervenez-vous dans le domaine de l’habitat en Côte d’Ivoire ? Notre mission est d’offrir des logements sociaux aux Ivoiriens. C’est pourquoi dans le domaine de l’habitat, nous avons un éventail de produits riches et variés. Toutefois afin d’apporter des solutions adaptées aux nouveaux problèmes que nous avons identifiés, nous avons lancé sept nouveaux produits qui se déclinent comme suit : • Les CEF, CEFG : Compte Epargne Foncier et sa variante destinée aux groupements et associations permettent de recueillir et rémunérer l’épargne destinée à constituer l’apport personnel pour acquérir un terrain équipé immédiatement. • Les PEF, PEFG : Plan Epargne Foncier et sa variante destinée aux groupements et associations permet de recueillir et rémunérer l’épargne destinée à constituer progressivement l’apport personnel pour acquérir un terrain équipé à terme échu. • Les PATE, PATEG : après les Souleymane DOGONI, directeur général de la BHCI

62 • TYCOON NUMERO 23

phases d’épargne sus évoquées, ce produit est destiné à compléter l’apport personnel par un prêt suffisant pour couvrir le prix d’acquisition du terrain équipé ; il se décline en deux versions à savoir une pour les particuliers (Prêt Acquisition Terrain Equipé) et une pour les associations et mutuelles (Prêt Acquisition Terrain Equipé Groupé). • Le PGVT : Le prêt groupé viabilisation de terrain est destiné aux associations et promoteurs immobiliers disposant d’une parcelle qu’ils désirent viabiliser. Il permet de leur mettre à disposition un prêt destiné à la mise en valeur du terrain. Pourquoi avez-vous imaginé ces produits ? Nous avons imaginé ces produits pour offrir premièrement à la clientèle une gamme de produits riches et variés adaptés à leur besoins. Deuxièmement, leur offrir des terrains urbains viabilisés, dont la qualité et l’utilité se distingue des terrains non viabilisés. Troisièmement, aider le salarié moyen à devenir propriétaire par étapes successives accommodables à son revenu. Ces produits nous permettent aussi d’éviter


| DOSSIER |

les conflits dans les ventes de terrains urbains. Ils visent aussi à encourager les promoteurs à s’orienter vers la production de terrain viabilisés. Et à aider à l’assainissement des villes et chefs-lieux de région où seront déployés des projets de viabilisation de terrain. Ces produits permettent ainsi le recentrage de l’activité sur l’immobilier qui s’accompagne de nouveaux produits commerciaux innovants d’épargne / crédit adaptés aux différents niveaux de salaires distribués tant dans le secteur public que dans le secteur privé, conçus en partenariat avec des opérateurs privés et l’administration publique. Ce partenariat d’expertises s’oriente dans une symbiose d’objectifs devant favoriser et faciliter, prioritairement pour les salariés domiciliés à la BHCI, l’accession à la propriété foncière et immobilière. Les points fort de la Banque de l’Habitat de Côte d’Ivoire sont qu’elle exerce dans un créneau qui lui est propre et surtout qu’elle maîtrise, et que, par sa spécificité, elle intègre une mission de service public dévolue par l’Etat, soucieux de répondre aux besoins populaires de logement par la mise en place d’une

structure de financement spécialisée. Enfin, l’appui effectif de l’Etat pour doter désormais la banque de ressources financières nécessaires ainsi que l’élaboration de plateformes visant à faciliter au plan administratif l’intervention de notre banque dans le financement des chaînes foncières et immobilières en collaboration avec les ministères de la Construction et du Logement, devraient être autant d’atouts indéniables pour le recentrage de l’activité de la BHCI. Qu’avez-vous pu réaliser jusqu’à présent afin que les Ivoiriens puissent se loger ? La BHCI a pour principale activité le financement de l’immobilier. Ainsi, finance-t-elle en amont les promoteurs immobiliers pour la production de logements, et en aval les acquéreurs pour l’acquisition desdits logements. Depuis sa création, la BHCI a financé bon nombre de promoteurs de la place en dépit de ses moyens, limités, pour un volume de F CFA 6.533 millions. En ce qui concerne les acquéreurs, 2.000 salariés ont bénéficié du concours de la banque à hauteur de 13.700

millions FCFA pour des opérations corporatistes ou initiées par des promoteurs. Nos conditions d’accès sont souples et adaptées aux revenus de nos interlocuteurs. Cette particularité de « sur mesure » nous interdit des détails trop longs dans la tribune que vous nous offrez. Cependant nous souhaitons que vos lecteurs intéressés par notre domaine d’activité, se rendent à notre Direction du crédit au siège, ou dans nos agences auprès d’un conseiller clientèle dédié. Le programme de logements sociaux du Président Ouattara est en passe d’entrer dans sa phase d’exécution. Quelle est la part que la BHCI compte prendre pour permettre à ce projet de voir le jour ? Nous comptons accompagner le programme de logements sociaux. Au niveau de la BHCI, des terrains sont en production et déjà disponibles sur nos programmes financés à Abidjan, et le seront dans les mois qui suivent à Daloa où nous ouvrirons courant novembre-décembre de cette année, s’il plaît à Dieu, puis Korhogo et Bouaké où nous avons des agences en fonctionnement. La BHCI vient

d’être attributaire d’une parcelle de 30 hectares à Korhogo pour laquelle nous remercions au passage les autorités attributaires, en vue de la réalisation d’une opération mixte de programme immobilier (production de logements sociaux et économiques) et fonciers (production de terrains viabilisés immédiatement constructibles). Nous reviendrons plus amplement en temps opportun sur ces différentes opérations. Nous avons apporté beaucoup d’innovations pour faciliter l’accession à la propriété foncière et immobilière de notre clientèle. Ainsi, en partenariat avec un architecte des plus rompus en matière de conception de logements économiques et sociaux de la place, nous avons élaboré des plans types de logements évolutifs qui nous permettent désormais de satisfaire le maximum de salariés. En l’occurrence, ces plans types évoluent du simple studio à un logement de quatre pièces en villa basse ou duplex au choix, selon les superficies des terrains et les niveaux de salaires. Notre métier c’est le financement de l’immobilier en Côte d’Ivoire.

Urbanisation : Les propositions du Conseil National de l’Ordre des Architectes

I

ls savent lire la ville, et exigent en cela d’être associés en amont des décisions à prendre pour la rebâtir. Les architectes ont produit un manifeste qui se décline en trois textes. Le premier est intitulé : « Etat et Architectes : 18 propositions pour un urbanisme durable et une architecture responsable plusieurs ». Le deuxième porte sur la « Charte d’engagement des architectes en faveur du développement durable ». Et le troisième texte : « La Côte d’Ivoire de demain a besoin des architectes », dont nous vous donnons copie, regroupe l’ensemble des propositions que ce corps fait pour un développement harmonieux de la ville. 1/ Nous proposons : • d’accentuer l’effort national sur le logement social; • de participer à l’effort en faveur

des exclus du logement en mettant notre savoir-faire et notre réflexion à disposition des acteurs sociaux. 2/ Nous proposons : • de mettre en place de nouveaux dispositifs démocratiques dans les processus de décision en matière d’aménagement des villes. Aux côtés des comités de quartiers, l’architecte pourrait être l’interface reconnue avec les élus, apportant par sa connaissance et sa compétence les ingrédients nécessaires à un bon dialogue entre un élu et ses administrés; • de sensibiliser les Ivoiriens à la culture architecturale afin de créer un désir d’architecture, ce, dès l’école. 3/ Nous proposons : • d’assurer une offre diversifiée permettant un parcours résidentiel

harmonieux; • d’encourager la réalisation de maisons individuelles citoyennes; • d’encourager la qualité et la durabilité des logements. 4/ Nous proposons : • de reconquérir les espaces résiduels, laissés en friche; • d’expérimenter des zones pilotes en périphérie immédiate des villes; • de promouvoir une nouvelle forme de mitoyenneté « intelligente » et respectueuse de l’intimité. 5/ Nous proposons : • la prise en compte du coût global de la construction (charges d’entretien, coût de nuisance pour l’environnement…);

• la meilleure utilisation des matériaux; • l’optimisation des performances architecturales et environnementales; • le refus de normes (HQE…) trop simplificatrices et réductrices qui s’imposent souvent au détriment de l’échange d’expériences, du dialogue et de la concertation. 6/ Nous proposons : • de recréer des zones denses où l’essentiel des services et des fonctionnalités sera proposé aux habitants sur des surfaces et à des distances plus réduites; • de concevoir des espaces visant à supprimer la ségrégation des fonctions et donc des citoyens au coeur de la Cité.

TYCOON NUMERO 23 • 63


| CAS D’ENTREPRISE |

LA MAIN VERTE ENVIRONNEMENT : QUAND LE REVE PAYSAGER DEVIENT REALITE Peut-on parler de l’aménagement harmonieux du cadre de vie urbain ou rural, sans aborder la question de l’aménagement des espaces verts ? Une entreprise s’est spécialisée dans ce domaine depuis une douzaine d’années et exporte même son expertise dans la sous-région, dans la perspective d’apporter le bien-être aux populations. PAR HERVE KOUTOUAN

L

a première chose que Dieu ait créée, est un jardin. Le jardin d’EDEN !», dixit Dim Sawadogo, directeur de La Main Verte Environnement. Cet ingénieur des techniques horticoles, spécialisé en aménagement paysager, (entendez : la conception et la mise en place de jardins) n’hésite pas à vous ramener à la Genèse, comme pour expliquer que ce métier a quelque chose de divin. Une vision que semble partager l’ensemble des 70 travailleurs de cette entreprise dont le slogan est : « le bien-être se crée ». Pour arriver à créer ce rêve, il faut bien des mains expertes,

64 • TYCOON NUMERO 23

des mains habiles, des « mains vertes » qui, seules, ont le secret de « garder, préserver, améliorer et agencer la nature qui, elle-même, est créatrice ». Cette expertise se retrouve dans des secteurs d’activités riches et variés afin de répondre à une multitude de besoins. Citons à cet effet l’aménagement paysager, qui comprend la conception de plan, la mise en place de jardins paysagers. Spécialisée dans l’horticulture ornementale et paysagère, cette entreprise dessine et réalise des jardins aussi divers - de par leur type et leur taille - avec le souci du détail, l’originalité, et la finition que revêt

toute oeuvre d’art réussie. Basée à Abidjan, elle intervient dans la sous-région ouest-africaine avec un portefeuille clients divers et varié, comprenant des institutions internationales, des entreprises locales, l’Etat et ses collectivités, les particuliers mais également les architectes et designers. Il est ainsi devenu courant de voir réfléchir le paysagiste dans un contexte urbain et plus particulièrement à l’aménagement d’espaces publics. En sa qualité de professionnel, le paysagiste intervient pour concevoir l’aménagement du paysage, des jardins et des espaces verts urbains. Il est à la fois

concepteur, maître d’oeuvre pour l’aménagement d’espaces publics ou privés et élabore également des politiques territoriales de paysage. C’est dans cette optique que la Main Verte Environnement travaille sur un vaste projet d’aménagement du paysage à l’intérieur du pays. « L’on ne peut en dire plus, puisque la discrétion nous oblige à ne pas les citer, surtout qu’elles sont la propriété du privé », explique Dim Sawadogo. Lui et toute son équipe, voient ainsi leurs efforts et leur expertise reconnus à travers des chantiers réalisés tels la fresque de la Corniche en revenant du Plateau, l’aménagement de l’espace de l’usine


| CAS D’ENTREPRISE |

Eurolait à Yopougon. L’expertise Main Verte Environnement s’exporte. Au Ghana, cette entreprise a, à son actif, la réalisation d’un complexe immobilier à Accra et la réalisation d’un complexe hôtelier à Takoradi. Pour ne citer que ceux-là. Qu’en est-il des réalisations, dont il est le plus fier ? Il s’empresse de préciser : « Quant aux réalisations dont nous serions les plus fiers, il faut noter que chaque chantier de La Main Verte Environnement représente un défi technique et esthétique unique ». Le secret de cette performance se résume dans le fait que « notre objectif est de guider le client vers la conceptualisation de son imagination, afin de donner à ses rêves des relents de réalités aptes à lui procurer le bien-être auquel nous nous consacrons », renchérit-il. A cheval sur plusieurs secteurs, la Main Verte Environnement excelle aussi bien dans la gestion d’espaces verts où elle s’occupe de l’entretien de jardins, de la broussaille et des plantes d’intérieur , que dans l’hygiène publique. Avec plusieurs actions dont la désinsectisation, la lutte contre les reptiles, les acariens, la dératisation et le désherbage chimique. Elle est aussi présente dans la protection phytosanitaire, qui est un volet très important pour les agriculteurs. En plus du traitement des vergers (cacaoyers, légumiers, fruitiers, ornementaux etc.), elle fait aussi de la protection de stocks (café, cacao, anacarde, maïs, etc). Dans ce volet, figurent en bonne place le diagnostic phytosanitaire et la prophylaxie végétale. Que dire de l’écologie et de l’environnement qui demeurent le socle sur lequel repose cette entreprise et qui en explique le bienfondé ? Le directeur se fait explicite sur la question : « La Main Verte Environnement est importante dans l’amélioration du cadre de vie urbain, rural et même du bien-être pour plusieurs raisons : premièrement, le cadre de vie n’est pas constitué que de bâtiments ; deuxièmement, l’urbanisme prévoit aussi et toujours l’aménagement ; troisièmement, l’espace vert a un impact direct sur l’environnement ; quatrièmement, l’espace vert crée le bien-être ». Pour conclure son argumentation, il poursuit : « Sans paysage, la vie

n’est pas complète. En somme, toute espèce végétale est un être vivant qui équilibre la vie humaine. La Main Verte Environnement tire son importance de ce précepte ». Raison pour laquelle tous les travailleurs dans cette entreprise considèrent l’amélioration du cadre de vie urbain et rural comme un devoir. Très engagée dans l’écologie végétale et horticole, l’équipe est outillée pour faire l’évaluation des risques environnementaux, ainsi que la planification et la mise en oeuvre du développement environnemental. Cette entreprise, sortie de l’esprit

d’un ingénieur horticole en 1998 pour devenir SARL dans la décennie 2000, ne peut donc ne pas développer une expertise avérée dans le domaine horticole. A ce niveau, elle assure des études et des analyses de projets horticoles. Sur cette base, s’occupe de la gestion de projets. La Main Verte Environnement dans l’optique de perpétuer la chaîne du savoir, met un point d’honneur à assurer la formation aux métiers de l’horticulture qui reste et demeure un domaine très vaste. Elle excelle aussi dans le diagnostic d’exploitations horticoles.

En jetant un regard rétrospectif sur le chemin parcouru, Dim Sawadogo est conscient du chemin parcouru. Sa plus grande fierté reste le fait d’avoir complexifié son modèle économique tout en restant dans son activité d’origine. « Contrairement aux acteurs de la filière, La Main Verte Environnement est une des seules entreprises spécialisées dans le domaine et qui n’a comme activité que l’aménagement paysager, l’entretien et la désinsectisation. La Main Verte est donc dirigée par un ingénieur spécialiste du domaine et il en est de même pour chacun des départements ». TYCOON NUMERO 23 • 65





| CONSEIL STRATEGIE & ORGANISATION |

PAR SYLLA BA OUSMANE, EXPERT ONUDI EN DIAGNOSTIC STRATEGIQUE DIRECTEUR ASSOCIÉ DE MS INTER, CABINET DE CONSEIL EN STRATÉGIE & ORGANISATION sylla_baousmane@msinter.org

Êtes-vous conscient du risque client encouru par votre entreprise ?

H

eureuses les entreprises ayant réussi la prouesse de mettre leurs clients au comptant sans compromettre leur croissance. Ces bienheureuses ne sont pas légion. Nombreuses sont les entreprises s’étant transformées en ‘‘ banquiers ’’ de leurs clients, pendant qu’elles-mêmes, à court de trésorerie, survivent grâce aux découverts bancaires. Pour cette écrasante majorité, la maîtrise du risque client (risque de retard de règlement et d’insolvabilité des clients) constitue bien plus qu’un enjeu de rentabilité et de trésorerie ; il constitue un enjeu vital donc stratégique. Comment exploiter le potentiel de croissance de l’entreprise ou comment assurer un minimum d’activités de l’entreprise sans l’exposer à un risque client trop important ? Le premier niveau de réponse à cette question sommitale réside dans la maîtrise du niveau d’exposition de votre entreprise au risque client. Il s’agit d’estimer le risque que votre entreprise soit en difficulté pour non-maîtrise de ses créances clients. L’analyse de trois paramètres permet d’apprécier le risque client.

Quel est votre risque client maximum ? Votre risque client maximum est le préjudice maximum auquel votre entreprise est exposée. C’est la perte maximum qu’encourt votre entreprise si les clients bénéficiant de crédits ne s’acquittent pas de leurs dettes. Ce préjudice potentiel, en plus des factures non réglées inscrites en comptabilité, comprend l’ensemble des transactions qui ne sont pas arrivées en fin de cycle dont les factures et les livraisons effectives non encore inscrites en comptabilité, les règlements en instance de remise, les remises en banque non dénouées… Ainsi donc, votre risque client est largement plus important que le solde des seuls comptes clients. Par ailleurs, dans certains cas, le fait générateur du risque précède la livraison. Pour les ventes à la commande, le risque court dès le début de la production. Pour les prestations de service, il court dès le début de

l’exécution de la prestation. Soyez donc vigilant lorsque vous souhaitez évaluer le risque client encouru sur un client particulier à un instant ‘‘ t ’’ donné.

Votre entreprise est-elle en mesure de digérer le préjudice si le risque client se réalise ? Une bonne estimation du risque client de votre entreprise est importante, mais pas suffisante. Il faut en outre analyser la capacité de votre entreprise à digérer le préjudice si le risque client survient. Pour cela, il faut évaluer l’importance de l’impact du risque sur l’entreprise. Cela revient à estimer la valeur relative des sommes exposées au risque client. Des indicateurs renseignent sur l’importance de cet impact potentiel. Les plus courants de ces indicateurs servent au suivi du risque client : - Le pourcentage des comptes clients par rapport au total du bilan. - Le DSO (Day Sales Outstanding) ou le crédit en jours de vente qui est une forme d’expression des créances clients en pourcentage du chiffre d’affaires. - Les Overdues (les créances échues) en valeur absolue ou en valeur relative. Ces indicateurs, pour être pertinents, devraient être calculés à partir des sommes exposées au risque client et non des seuls comptes clients comptables.

Quelle est la probabilité de survenance du risque client ? A ce niveau, nul besoin d’évaluer mathématiquement et avec précision la probabilité de défaillance de règlement client. Il s’agit de simplement ‘‘ approximer ’’ la probabilité de survenance du risque client en la qualifiant (très élevée, élevée, moyenne, faible…). À cet effet, il est utile d’identifier deux paramètres : - Les facteurs aggravant/atténuant le risque : l’analyse des processus intervenant dans la formation et dans

la gestion risque client permet d’identifier les facteurs exposant l’entreprise (ou la couvrant) aux retards de règlement et aux créances irrécouvrables. Ces facteurs étant très nombreux, nous n’en citerons que quelques uns: • L‘âge de créance. • La qualité comptable des comptes. • Le taux de créance garantie et la liquidité des garanties. • La documentation attachée à chaque créance. - La compétence de l’entreprise en gestion du risque client ; celle-ci est évaluée en analysant l’historique de l’entreprise en pertes pour créances irrécouvrables, provisions pour créances douteuses et en retard de règlement client. Chers lecteurs, êtes-vous conscients du risque client de votre entreprise? Si la réponse est non, alors vous n’avez pas encore pris la mesure du danger que représente le risque client pour votre entreprise. Nous vous recommandons chaudement d’évaluer très rapidement, puis à intervalles, l’exposition de votre entreprise au risque client. Le recours à un cabinet-conseil spécialisé comme MS Inter ne sera pas un luxe. Car cette évaluation est très technique et pourrait être étendue à un audit global du risque client de votre entreprise. Un tel audit sera d’autant plus bénéfique et rentable que les comptes clients de votre entreprise sont élevés.

« Une bonne estimation du risque client de votre entreprise est importante, mais pas suffisante »

TYCOON NUMERO 23 • 69



| CONSEIL TIC |

PAR STEPHANE KONAN, MANAGING DIRECTOR KONANSYSTEMS stephane@konansystems.net

Parents Offrez-vous une Play Station !

O

n entend souvent parler de pensée unique dans nombre de domaines. Mais, s’il y a un sujet qui soulève des opinions radicalement opposées, c’est bien celui des jeux vidéo.

Deux tendances se dégagent La première, illustrée par une récente étude anglaise (Economic and Social Research Council), qui semble prouver que les enfants mordus de jeux vidéo sont plus intelligents que les autres. Près de 800 enfants âgés entre 7 et 12 ans ont ainsi été scrutés, questionnés et testés sur une période d’un an. À en croire les chercheurs, ces surdoués de la X-Box ou de la Nitendo DS posséderaient une capacité de coordination musculaire et des facultés de concentration semblables à celles d’athlètes de haut niveau. Une capacité d’attention qui, outre les sportifs, se retrouve aussi chez les astronautes ou les pilotes de chasse. Résultat, les fans de jeux vidéo auraient plus d’amis, travailleraient mieux à l’école et seraient donc en avance sur ceux de leurs camarades qui jouent encore aux billes ou à la marelle. La seconde, déclinée à travers une autre étude, de la faculté de médecine de l’université d’Indiana (ÉtatsUnis), lie très clairement les jeux vidéo à la baisse d’attention, à l’individualisme, à la perte d’inhibitions et surtout à la perte de contrôle de soi. Ce qui conforte ceux parmi les critiques du jeu vidéo qui déplorent outre la violence, la nudité, la simulation de comportements criminels et même le sexe virtuel. L’industrie du jeu vidéo, quant à elle, se moque

éperdument de ces polémiques, affichant une prospérité qui semble ne pas avoir de limites. Son chiffre d’affaires triple pratiquement tous les cinq ans. Il a dépassé celui du cinéma depuis 2003. Le temps consacré aux jeux vidéo dans le monde est supérieur au temps passé à lire ou à regarder la télévision. 88% des étudiants européens ont joué avant l’âge de 10 ans et 25% de la population de l’hémisphère nord sont constitués de joueurs actifs. World of Warcraft, considéré comme étant le jeu le plus populaire du monde, est l’illustration parfaite de ce succès. Il rassemble une communauté de plus de dix millions d’aficionados à travers le monde qui lui consacrent 15 dollars par mois par abonnement. Avec plusieurs sites internet, des magazines, et même une émission de télévision, il est devenu à lui seul un phénomène social au point que certains aux USA le comparent au golf. Ce qui paraît notable dans cette masse d’informations et de débats, c’est que le jeu vidéo dispose d’un potentiel intéressant pour la transmission de connaissances par la pratique. En effet, là où les méthodes de formation classiques s’appuient sur les livres et les manuels, les lectures, les cours ou les salles de classe ; les jeux vidéo online, par exemple, constituent le parfait outil pour apprendre par l’expérience. En lieu et place d’apprendre sur un sujet, on apprend par un sujet. Là où les méthodes traditionnelles d’enseignement privilégient des niveaux graduels de difficultés, les jeux vidéo mettent plutôt l’accent sur l’apprentissage par l’erreur (ou même par l’échec). Notons au passage qu’il n’y a d’ailleurs aucun « risque » à échouer dans un environnement virtuel. Une des conséquences de ce potentiel pédagogique

du jeu vidéo est que, depuis quelques années déjà, les simulateurs sont devenus des outils de formation crédibles dans le pilotage aéronautique ou naval, par exemple, dans la chirurgie ou encore dans la reconstitution de crimes et homicides. Dans un registre encore plus « sérieux » : Le FBI et la CIA utilisent Rapid Onset, Vital Passage et Sudden Thrust (trois jeux vidéo - non disponibles pour le grand public), tant pour leurs recrutements, que pour enseigner à leurs stagiaires les différentes méthodes de renseignement. Le risque de se laisser « dépasser » par nos enfants est encore plus grand que nous ne le soupçonnions. Le jeu a toujours été une pratique capitale pour le développement intellectuel social et psychologique. L’émergence des technologies numériques et du jeu vidéo offre donc (aux enfants, mais aussi et surtout) aux adultes que nous sommes la possibilité de réapprendre par la pratique, de socialiser et de (re) construire leur savoir. « J’entends et j’oublie. Je vois et je me souviens. Je fais et je comprends », disait Confucius. En d’autres mots et dans notre contexte : la connaissance est derrière la manette.

« … Les enfants mordus de jeux vidéo sont plus intelligents que les autres »

TYCOON NUMERO 23 • 71



| CONSEIL FORMATION |

PAR CHARLES SEBE ZOKO, INSPECTEUR GENERAL DE L’ENSEIGNEMENT TECHNIQUE ET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE, CONSULTANT EN EDUCATION-FORMATION zokosebe@yahoo.fr

Quelles compétences pour entreprendre ?

U

n grand chef d’entreprise mondialement connu déclarait : « Pour réussir, il faut d’abord se connaître. C’est la meilleure arme dont un créateur puisse disposer pour surmonter les obstacles qu’il va rencontrer et pour choisir les créneaux qui lui permettront de satisfaire au mieux ses aspirations tout en tirant le maximum de ses atouts. Quant à ses faiblesses ..... les connaître, c’est déjà les réduire de 50 % .... ». Le succès dans la création d’entreprise tient plus de la qualité de l’entrepreneur que de l’idée, de l’environnement, du montant perçu pour le financement que toute autre chose. C’est ainsi qu’à l’avènement des « fonds sociaux », bien des jeunes diplômés n’ont pu connaître le succès dans leurs entreprises créées avec les fonds perçus. A côté de ces échecs, bien des personnes n’ayant bénéficié d’aucun prêt ont pu, à partir de sommes insignifiantes, asseoir des entreprises prospères.

Quelles sont donc les compétences à acquérir pour être un bon entrepreneur ? La capacité à entreprendre repose sur des compétences : les compétences entrepreneuriales, les compétences managériales et les compétences fonctionnelles.

Compétences entrepreneuriales Identifier des opportunités d’affaires: de l’idée à l’opportunité Il s’agit d’imaginer des produits ou services potentiels à partir des besoins insatisfaits et des besoins futurs de marchés existants ou des besoins induits par l’apparition de nouvelles techniques ou technologies. Ce faisant, il faut pouvoir concevoir ces nouveaux produits ou services en analysant leur faisabilité technique, commerciale et financière. Elaborer une vision entrepreneuriale:

de l’opportunité au projet Une fois l’opportunité découverte, il faut concevoir le modèle d’affaires, c’est-à-dire formaliser un système d’offres en fonction des attentes du prospect et les autres parties prenantes (financeurs, collaborateurs, fournisseurs, partenaires institutionnels, etc.) et positionner ce système d’offres par rapport aux concurrents existants et potentiels. Développer son plan d’affaires Le modèle d’affaires étant conçu, l’on doit établir les stratégies de développement de l’entreprise, faire le diagnostic des ressources disponibles et manquantes (financières, humaines, matérielles, techniques) formalisées dans un plan d’affaires et déterminer les modalités d’actions envisagées pour combler les écarts constatés. Impulser une organisation: du projet à la structure Il s’agit de concevoir une organisation en rassemblant les moyens financiers, matériels et humains à partir des objectifs fixés et de répartir et coordonner les moyens obtenus.

Compétences managériales Le leadership Un entrepreneur doit s’imposer en tant que leader et susciter l’adhésion et l’implication de ses collaborateurs et /ou partenaires. La communication Il faut pouvoir faire circuler l’information en interne et à l’externe en utilisant les bons supports (mails, réunions, rencontres informelles, courriers internes) et tenir un discours clair et cohérent face à une personne ou un groupe de personnes. Le management des hommes Pour réussir, l’entrepreneur doit planifier le travail de ses collaborateurs en fonction des objectifs fixés dans le plan d’affaires et savoir déléguer et responsabiliser ses collaborateurs.

Compétences marketing et commerciales « La prise de risque et le risque d’échouer sont pourtant inhérents à l’acte d’entreprendre. Tenter, échouer et recommencer, voilà un cycle naturel ... » Le marketing Il s’agit de savoir identifier des cibles commerciales en segmentant le marché, réaliser une étude de marché afin d’identifier et mieux cerner la cible et ses attentes, définir la stratégie commerciale en établissant les « quatre P » (Produit, Prix, Place, Promotion).

Le volet commercial Un entrepreneur doit pouvoir élaborer un argumentaire de vente adapté au client / prospect visé, prospecter en utilisant le moyen approprié (téléphone, fax, mail…), déployer l’argumentaire de vente pour susciter l’adhésion et négocier les conditions de la vente du produit ou service. Il doit savoir écouter le client / prospect, identifier ses attentes pour mieux répondre à sa demande en vue d’adapter et/ou enrichir l’offre, relancer le client/ prospect en utilisant les techniques appropriées et fidéliser le client en effectuant des relances régulières et en entretenant avec lui des relations privilégiées.

« Le succès dans la création d’entreprise tient plus de la qualité de l’entrepreneur que de l’idée »

TYCOON NUMERO 23 • 73



| CONSEIL FISCALITE |

Par RenE SIE Koffi, Expert fiscal AssociE, Cabinet EXPERTISES renesiekofi@expertisesci.com

Imposition des rémunérations de services versées à l’extérieur

L

es versements des entreprises ivoiriennes à des entités étrangères en contrepartie de diverses prestations constituent une pratique récurrente dans le monde des affaires, surtout pour les Groupes de sociétés. Ces sommes rémunèrent la consultance, l’audit, l’intermédiation, le prêt ou les avances. À l’instar des autres législations, celle de la Côte d’Ivoire a pour objectif de prévenir d’une part, les transferts indirects de bénéfices entre entreprises directement ou indirectement apparentées et d’autre part, la fuite des capitaux. Les règles visées ci-dessous concernent uniquement les versements à l’étranger et non les Groupes ivoiriens. Plusieurs contrôles fiscaux ont rendu nécessaire l’exposé succinct du régime fiscal applicable à ces rémunérations. Chaque convention étant particulière, le recours à un Conseil est recommandé pour une analyse exhaustive. Toutefois, des règles communes et spécifiques peuvent se dégager.

Règles communes Ces dispositions s’appliquent quel que soit le lieu du siège ou de domicile du bénéficiaire des rémunérations, que ce pays soit conventionné ou pas. Impôt sur le résultat - Les versements déductibles ne doivent pas excéder 5% du chiffre d’affaires et 20% des frais généraux du débiteur. L’excédent est réintégré au résultat imposable. Le débiteur doit justifier la matérialité des prestations rendues et la proportionnalité du prix payé. - Les rémunérations doivent, sous peine de nondéductibilité, faire l’objet de déclaration sur l’état 302. TVA Si l’opération est passible de la TVA en Côte d’Ivoire, cette taxe est perçue au taux de 18%, déclarée pour le compte du bénéficiaire et versée au Trésor public. Cette TVA est déductible par la partie versante, assujettie à cette taxe et constitue, par conséquent,

une charge définitive pour les banques, établissements financiers et assurances. En cas de contrôle, la TVA, pour compte de tiers redressée par l’administration, peut être déduite par le débiteur assujetti à cette taxe, dans un délai d’un an, à compter de la date de la notification définitive de redressements. Droits d’enregistrement Le droit au bail de 2,5% est perçu au titre des opérations portant sur les éléments incorporels tels que les marques, brevets, droits d’auteurs…

Règles spécifiques En l’absence de convention fiscale Il s’agit des paiements faits au profit d’entreprises situées dans des pays non conventionnés. Exemple : États-Unis, Ile Maurice, Luxembourg… • Impôt BNC au taux effectif de 20% sur les sommes brutes mises en paiement; • En cas de paiement d’intérêts, versement au Trésor public de l’IRC au taux de 18%. • Lorsqu’il y a versement de dividendes, l’IRVM est prélevé au taux de 12%. En présence de convention fiscale La Côte d’Ivoire a signé des conventions fiscales avec certains pays tels que la France, le Royaume-Uni, l’Irlande, la Belgique, l’Allemagne, la Suisse… En règle générale, les règles suivantes sont applicables sans préjudice d’une analyse exhaustive de chaque convention qui peut contenir des dispositions particulières. A titre d’exemple, la convention entre la Côte d’Ivoire et le Royaume-Uni/Irlande du Nord répute « redevances », les « management fees », c’està-dire les rémunérations de toute nature acquittées en contrepartie des prestations de service de nature technique, de consultation, de gestion… La fiscalisation des rémunérations versées à l’extérieur dans un cadre conventionnel de non double imposition se présente, en général, comme suit : - Impôt BNC au taux de 10% lorsque les rémunérations ont la nature de « redevances ». Les conventions définissent la notion de « redevances ».

On retiendra globalement qu’il s’agit de versements relatifs soit à la cession ou la concession des éléments incorporels suscités (transfert de savoir-faire) soit à la location d’équipements industriels tel que les bateaux soit aux études de nature scientifique, géologique ou technique et aux travaux d’ingénierie avec plans y afférents. En ce qui concerne les droits incorporels, le débiteur doit distinguer les « prestations de services » des « redevances ». L’un des critères de distinction réside dans la nature des informations fournies ou utilisées : lorsqu’elles ont une nature secrète, il y a a priori transfert de savoir-faire ; ce qui n’est pas le cas si l’entreprise a uniquement utilisé son expérience et les connaissances usuelles de la profession. Lors de la rédaction des conventions, les deux (2) opérations doivent être distinctes aux fins d’optimisation fiscale. - En cas de versement d’intérêts, prélèvement d’IRC à un taux qui ne peut, en principe, dépasser 15% si la personne qui les reçoit en est le bénéficiaire effectif. Ce taux est de 16% pour la Belgique et la Norvège. - Lorsqu’il y a versement de dividendes, l’IRVM est perçu au taux de 15%, 18% si les bénéfices n’ont pas supporté l’impôt sur le résultat. La plupart des conventions prévoit la technique de l’avoir fiscal pour le bénéficiaire des sommes afin d’éviter la double imposition. NB : Les stipulations conventionnelles sur la charge effective des impôts (qui incombent au débiteur ou créancier) ont une incidence sur leur assiette.

« La Côte d’Ivoire a signé des conventions fiscales avec certains pays… »

TYCOON NUMERO 23 • 75



| CONSEIL ACHAT |

PAR LUCIEN TOURE, SENIOR CONSULTANT / AFSA GROUP lucien.toure@afsagroup.com

Savoir piloter et mesurer sa performance achats

Pourquoi mesurer sa performance Achats ? « L’on ne peut engager d’actions sans en mesurer l’impact. La mesure sans actions correctives ne sert à rien. » Après l’engouement des dernières années pour la fonction achats et la prise de conscience de son importance stratégique, les entreprises souhaitent de plus en plus vérifier l’apport de celle-ci dans leurs résultats globaux. Cela se traduit par un intérêt avéré pour la mesure de sa performance. Piloter et mesurer la performance Achats revient à se focaliser sur trois objectifs majeurs : • évaluer et mettre en évidence la contribution de la fonction Achats à la marge opérationnelle globale. • disposer d’une vision objective des résultats à atteindre par la fonction Achats, • initier des actions correctives et identifier des axes d’amélioration. Bien souvent, la mesure de la performance se résume aux économies réalisées. Le problème reste très certainement lié au niveau de maturité de la fonction au sein des entreprises. Les équipes Achats mettent en place des mesures de résultats, mais ignorent l’évaluation des leviers de progression. Par exemple, suivre la qualité des fournisseurs est une bonne chose, mais pour améliorer cet indice, il faudra, par exemple, planifier des actions spécifiques et mesurer leur évolution, comme l’implication des équipes qualité internes ou le nombre d’audits réalisés chez les fournisseurs. Dans les entreprises performantes, le pilotage et la mesure de la performance s’inscrivent bien au-delà du suivi des résultats sur objectifs. L’enjeu est donc de s’inscrire dans une démarche d’amélioration continue.

Comment mesurer sa performance Achats ? La mesure de la performance Achats est mise en oeuvre à travers un système de reporting. Communément appelé tableau de bord, il vise à donner de la visibilité : • à la direction générale

• aux autres directions opérationnelles, en tant que clients internes (prescripteurs ou utilisateurs finaux) • aux différents acteurs de la fonction (acheteurs ou pas), en tant qu’intervenants du processus achats. Il n’existe pas de tableau de bord achats type ou standard. Le tableau de bord n’est que la déclinaison en indicateurs des objectifs fixés à la fonction ainsi que du type de performances attendu. La notion de performance dans les achats est composée d’aspects multiples ; • la performance économique axée sur le fait de générer des économies sur les coûts achats ; • la performance opérationnelle axée sur la capacité de la fonction à satisfaire les besoins des clients internes dans le strict respect du tryptique : qualité – coûts – délai ; • la performance des processus reposant sur la productivité achats (résultats et moyens mis en oeuvre) ; • la performance organisationnelle destinée à assurer une mobilisation efficace des équipes et de l’Organisation achats.

Quelle orientation donner au reporting achats ? Selon le cabinet de formation français CEGOS, le reporting achats peut être établi selon cinq (5) axes ainsi que les objectifs déclinés en quelques indicateurs qui pourraient s’y rapporter : La contribution économique immédiate : - Concrétisation économique des plans de progrès - Lien entre les gains achats et le résultat opérationnel - Évolution des principaux coûts La performance fournisseurs - Non-qualité - Service fournisseurs - Ruptures d’approvisionnement - Respect des délais L’amélioration des processus et pratiques achat Description du processus achats global • Nombre de commandes

• Fréquence des commandes et taux de répétition affiliés. Le développement de l’organisation et ressources humaines achats • Respect du périmètre achats sous contrôle • Maîtrise des outils et méthodes (recherche de nouveaux fournisseurs, analyse de besoins, consultations et contractualisation…) La qualité de service aux clients internes • Satisfaction des clients internes et externes Les indicateurs doivent être mis en place progressivement selon le niveau de développement et le degré de prise en compte des achats par l’organisation globale. Ainsi, pour une organisation ayant atteint un niveau de maturité élevé, le responsable de la fonction Achats pourra exploiter pleinement les cinq leviers de performance. A contrario, s’il s’agit d’une fonction achats tout juste émergente, il priorisera l’axe contribution économique avant de développer les suivants. Enfin, ne l’oublions pas, le pilotage de la performance Achats doit respecter quatre (4) principes fondamentaux : • Lier la mesure de la performance de la fonction Achats à la stratégie globale de l’entreprise ; • Impliquer tous les acteurs du processus achats ; • Organiser la collecte et la synthèse des informations et données achats ; • Choisir des indicateurs pertinents.

« La mesure de la performance Achats est mise en oeuvre à travers un système de reporting »

TYCOON NUMERO 23 • 77



guide HIGH-TECH

OBJECTIF AUTO

PERSO SECURITE

Internet Bienvenue dans l’univers des routeurs haut dEbit

BMW X6 Tycoon Evo Elle ne pouvait s’appeler que : « TycOon »

Accidents domestiques COMMENT PROTEGER LES TOUT-PETITS

TYCOON NUMERO 23 • 79



| HIGH-TECH |

Internet :

Bienvenue dans l’univers des routeurs haut débit SELECTION : EV’ FRUITIER

Routeur Wifi D-Link DIR-855

Routeur Wifi D-Link DI-524UP

Ultraperformant

L

e DIR-855 s’impose dans les hautes sphères des routeurs sans fil haut de gamme. C’est une arme lourde, performante et efficace, qui cumule les fonctions de routeur (évidemment), de centre multimédia ou encore de passerelle de partages de données. Le DIR-855 a les apparences de bon nombre de routeurs Wi-Fi 802.11n, avec ses trois antennes à l’arrière et une prise USB. Ce routeur est aussi remarquable par sa richesse fonctionnelle. On y trouve tous les systèmes, notamment les systèmes de filtrage plus ou moins simples, des serveurs virtuels, des réglages avancés pour assurer la qualité de service ou encore la possibilité de l’administrer à distance. On trouve également une fonction qui permet la création d’un réseau sans fil pour les invités.

Routeur Wifi Netgear WNDR3700-100PES

Tirer le meilleur parti possible de votre réseau

A

vec un switch 4 ports et serveur d’impression USB intégré, le routeur sans fil DI-524UP est capable de transférer des données à un débit de signal sans fil maximal allant jusqu’à 54Mbps dans la gamme des 2,4 GHz. L’ exploitation d’une largeur de bande importante augmente également la qualité du visionnage en temps réel de programmes diffusés en continu et les rend plus agréables. Des fonctions multiples et une convivialité qui vous permettront de tirer le meilleur parti possible de votre réseau.

Routeur Wifi Netgear WNR3500

L’une des icônes de la marque

A Puissance et flexibilité pour votre réseau

L

e Netgear WNDR3700 est un routeur Wireless-N dual-band simultané, qui permet de profiter d’une bande passante double avec de meilleures connexions et moins d’interférences. Il bénéficie également de connexions filaires Gigabit Ethernet ultrarapides. Avec ReadyShare, bénéficiez d’un accès simple et rapide aux périphériques de stockage externe USB. De plus, la connexion est simple et sécurisée avec le bouton Push ‘N’ Connect.

vec une fonction QoS (Qualité de Service) automatique, le WNR3500 affecte des priorités différenciées pour le trafic voix, vidéo et jeux en ligne pour une utilisation simultanée. L’installation est très simple grâce à une configuration automatique plug and play, tandis que le « Push N Conect » utilisant WPS (Wi-Fi Protected Setup) assure une connexion Internet facile et sécurisée d’un simple appui sur le bouton correspondant. Routeur moderne, il offre un double firewall pour plus de sécurité et permet le contrôle parental.

TYCOON NUMERO 23 • 81


| OBJECTIF AUTO |

BMW X6 Tycoon Evo Elle ne pouvait s’appeler que : « TycOon »

L

e préparateur allemand, Hamann, a sorti la grosse artillerie avec la conception de son X6 Tycoon. Avec un style bestial, le X6 Tycoon Evo prend ses formes dans la base du coupé SUV BMW X6 au look très imposant. Sa carrosserie, taille XXL, permet un élargissement des ailes de 60 mm. Même s’il laisse les fans de finesse quelque peu perplexes, ce ‘‘baron ’’ présente une énorme puissance sous le capot. Côté motorisation, le constructeur allemand met tout le monde d’accord. En essence, le xDrive 35i passe de 306 ch à 360 ch. La v-max reste limitée électroniquement, mais évolue tout de même de 250 km/h à 275 km/h. En diesel, le xDrive 30d grimpe, quant à lui, de 235 ch à 265 ch. Gain de puissance également pour le xDrive 35d qui développe 320 ch contre 286 ch à l’origine. Au total, une augmentation des mensurations PAR EV’ FRUITIER

82 • TYCOON NUMERO 23

extérieures (+60 mm), un look modifié (jantes en 23», feux à leds, boucliers, arches de roues, ailerons, bas de caisse, le tout disponible en carbone ou en composites) et des performances. Le châssis est abaissé de 40 mm et les suspensions sont modifiées. L’intérieur reçoit lui aussi un traitement carbone et l’intégralité du catalogue des accessoires Hamann. La liaison au sol, traitée en version SUV de route surpuissante, se compose d’une suspension spécifique avec rabaissement de la hauteur de caisse de 40 mm et de jantes de 23 pouces qui chaussent d’imposants pneumatiques 315/25 R23. C’est sa force ! Que l’on aime ou pas le style ‘‘sauvage ’’ X6 Tycoon Evo, force est de reconnaître que sur le plan purement de la puissance, on tombe sous le charme de cet engin. Ce X6 Tycoon Evo confirme le goût du préparateur germanique pour l’excellence.



| PERSO SANTE |

Tabagisme LES RAVAGES DE LA CIGARETTE

L’intoxication aiguë ou chronique par le tabac, ou tabagisme, a des conséquences désastreuses sur la santé. L’onne mesure pas toujours l’ampleur des dégâts. Qu’il soit actif ou passif, le tabagisme provoque ou favorise des affections chroniques, entraînant souvent une mort lente et douloureuse. PAR KATTY GISELE TOURE

84 • TYCOON NUMERO 23


| PERSO SANTE |

L

a fumée de cigarette comprend plus de 4000 produits toxiques, dont plus de 50 sont considérés comme cancérogènes. L’espérance de vie des fumeurs ne dépasse généralement pas 65 ans, et environ 50 % d’entre eux meurent du tabagisme. Les méfaits de la consommation de tabac sont indéniables. Comment explique-t-on alors que le nombre de fumeurs soit en constante croissance dans notre pays, et qu’il soit si difficile, pour ceux qui le désirent, de décrocher ?

Les causes du tabagisme

• Le manque d’information: Beaucoup s’adonnent à la cigarette parce que méconnaissant ses effets néfastes sur l’organisme. Informer et sensibiliser la population constituent l’une des missions confiées par le ministère de la Santé au Programme national de Lutte contre le Tabagisme, l’Alcoolisme, la Toxicomanie et les autres Addictions (PNLTA). Selon le docteur Michel A. Yessoh, chef du service Epidémiologie et Recherche de cette structure, « la plupart des jeunes s’initient à la cigarette le plus souvent par mimétisme. Il va sans dire que celui qui est assez sensibilisé aux nuisances du tabac aura de bonnes raisons de s’en abstenir ». • La publicité: les industries du tabac utilisent des stratégies marketing de plus en plus raffinées et subtiles pour vendre leur produit. • La dépendance au tabac: Elle est classée par l’OMS comme maladie due au tabac. C’est une accoutumance à la fois psychique et physique. Dans la dépendance psychique, c’est essentiellement la nicotine, composé du tabac, qui est à l’origine d’une envie de fumer irrépressible et

incontrôlable. Dr Yessoh explique : « Lorsque vous tirez une bouffée de cigarette, la nicotine parvient à votre cerveau en 6 à 7 secondes; il s’ensuit dans l’immédiat, résultant de mécanismes physiologiques complexes, un effet stimulant pour votre mental et relaxant pour votre corps, qui crée à la longue un attachement au tabac. C’est un piège, un esclavage, dont on ne se libère que difficilement ». La nicotine fait partie des substances dites « dépendogènes » (telles que les drogues, les anxiolytiques ou somnifères). Le principe d’action est le même qu’avec les drogues dures, mais les effets psychiques sont moins intenses. La dépendance psychique peut se doubler d’une dépendance physique, comportementale. C’est celle qui donne une impression de vide au fumeur lorsqu’il ne porte pas de cigarette à sa bouche. La cigarette fait donc office de compagnon; une personne timide ou émotionnellement éprouvée, peut s’accrocher à sa cigarette pour se donner de la contenance.

Les maladies dues au tabac

Elles sont nombreuses, car aucun recoin de l’organisme n’ échappe à l’intoxication tabagique. Outre le fait que certaines parties du corps sont en contact direct avec la fumée de cigarette, des toxines contenues dans celle-ci-diffusées dans le sang, et, par le biais de la circulation sanguine, atteignent des organes insoupçonnés. Mais sont touchés, au premier plan, les poumons et le coeur avec ses vaisseaux. Au niveau pulmonaire, la cigarette provoque l’asthme, l’emphysème, le cancer du poumon, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives. Au niveau cardiovasculaire, la détérioration des

vaisseaux, occasionnée par le tabac, favorise l’infarctus du myocarde (crise cardiaque) et l’hypertension artérielle, qui peut se compliquer d’un accident vasculaire cérébral (AVC). D’autres organes, tels que la langue, la gorge, l’oesophage, l’estomac, le pancréas, le rein, la vessie, et la peau, peuvent aussi être atteints par le cancer. Le tabagisme entraîne aussi l’ulcère gastroduodénal, les affections ORL (angines à répétition, otites, rhinites), la conjonctivite ou la cataracte, l’ostéoporose, le vieillissement de la peau, le psoriasis, les affections dentaires, et la faiblesse sexuelle masculine (troubles érectiles). On notera cependant qu’à consommation égale de cigarettes, la survenue de ces maladies variera d’un fumeur à l’autre selon sa sensibilité au tabac, qui dépendra, entre autres, de sa physiologie, de ses antécédents familiaux mais aussi du type de tabac consommé (tabac chiqué, mâché, fumé etc.) • Spécificités chez la femme: L’ on constate que de plus en plus de femmes s’adonnent à la cigarette. Cela représente pourtant un énorme danger, non seulement pour leur santé, mais aussi pour leur fécondité et, lorsqu’elles réussissent à concevoir, pour le développement normal de l’embryon ou du fœtus. Il est statistiquement prouvé que la consommation régulière de tabac, active ou passive, réduit la fertilité chez la femme. En cas de grossesse, le tabac traverse la barrière placentaire, et expose le bébé à de multiples risques. Ce sont : les avortements spontanés (précoces ou tardifs), le retard de croissance du foetus, la prématurité, les malformations congénitales et la faiblesse immunitaire les moindres qualité et quantité du lait maternel. L’enfant qui naît est donc fragilisé.

Assez souvent, des cas de mort subite ont été observés. Le tabac fait aussi partie des facteurs des cancers du col de l’utérus et du sein.

Le tabagisme passif, tout aussi nocif

Que l’on soit fumeur ou non, l’on peut être victime du tabac. Généralement banalisée, ses effets étant par ignorance minimisés, l’exposition involontaire à la fumée de cigarette est pourtant cause de maladies et de décès. Une cigarette allumée produit 3 sortes de fumées : la fumée primaire qui est aspirée à travers le filtre de la cigarette par le fumeur, la fumée secondaire qui s’échappe de l’extrémité allumée, la fumée tertiaire que le fumeur rejette après avoir inhalé la fumée primaire. Environ 10 fois plus riche que la fumée primaire en éléments toxiques, la fumée secondaire est la plus nocive des trois. Le risque pour les fumeurs passifs peut être cependant atténué par le fait que ceux-ci ne restent pas longtemps en contact avec cette fumée. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de l’entourage familial des accrocs de la nicotine, au sein duquel les risques pulmonaires et cardio-vasculaires augmentent considérablement. En effet, il est de plus en plus observé des cas de cancer du poumon chez les conjointes de fumeurs. De même, l’enfant d’un(e) fumeur (se) est généralement sujet aux maladies ORL comme l’otite, les rhinites, la pharyngite et l’amygdalite et présente de l’asthme ou une bronchite chronique. Compte tenu du fait qu’il s’étend sur de longues périodes et peut débuter dès le bas âge, le tabagisme passif en milieu domestique représente l’une des sources de pollution atmosphérique les plus dangereuses.

TYCOON NUMERO 23 • 85


| PERSO SECURITE |

Accidents domestiques COMMENT PROTEGER LES TOUT-PETITS Conçu pour procurer protection et quiétude, votre logis peut malheureusement présenter des dangers permanents pour votre tendre progéniture. Les accidents à domicile sont souvent responsables de décès ou de handicap chez les jeunes enfants. Quelles sont les mesures de sécurité à prendre ? PAR KATTY GISELE TOURE

86 • TYCOON NUMERO 23


| PERSO SECURITE |

D

ans l’éducation des 0 à 5 ans, tout parent doit pouvoir conjuguer deux choses : permettre aux tout-petits de faire l’apprentissage de leur environnement, tout en évitant qu’ils ne prennent des risques qui leur soient préjudiciables. Tâche complexe qui requiert que l’enfant bénéficie d’une surveillance constante. Car son fort penchant pour l’exploration, doublé d’une grande imagination, lui fait aller au devant des dangers, plutôt que de s’en éloigner. Ceuxci, spécifiques à chaque pièce, ou communs à tous les endroits de l’habitation, peuvent être évités grâce à certains aménagements et dispositions.

La cour exterieure

Les enfants aiment disposer d’espace pour leurs jeux. Le garage et le jardin constituant leurs zones de prédilection, un accident (chute, blessure, noyade, etc …) y est vite arrivé. Leurs allées et venues doivent donc être suivies avec vigilance par une personne adulte. L’utilisation de matériel et de produits de bricolage, de mécanique, de jardinage, d’entretien, ou de pierres, et l’ingestion de terre ou de plantes, sont dangereuses pour eux. Conformez régulièrement l’installation et la taille des balançoire et toboggan à l’âge de votre petit. Equipez votre piscine de dispositifs de sécurité pour enfant (barrière par exemple), initiez le plus tôt possible l’enfant à la natation, et surveillez- le étroitement lorsqu’il s’y adonne. Videz les seaux ou bassines que vous utilisez ; ils représentent d’autres dangers de noyade. Les animaux domestiques, comme le chien, doivent être dressés de sorte à accepter votre dominance, et ne pas s’attaquer à votre enfant. Interdire à

ce dernier de les approcher lorsqu’ ils mangent ou lorsqu’ils dorment.

La cuisine

C’est l’endroit le plus risqué de l’intérieur de la maison, où surviennent le plus souvent les brûlures par le feu, les liquides bouillants ou par électrocution, les coupures par objets tranchants (couteau, verre brisé), et les intoxications. Vous devez mettre les fils électriques des grands appareils électroménagers (cuisinière, four à micro-ondes, réfrigérateur) hors de la portée des enfants, et prendre l’habitude de ranger immédiatement après usage les petits appareils tels que le mixeur, la friteuse, ou le couteau électrique. Pour éviter que votre enfant ne se brûle grièvement en renversant sur lui le contenu d’une casserole au feu, dirigez toujours le manche de celle-ci vers le mur, et si vous utilisez un réchaud, disposez-le sur un support qui le surélève à bonne hauteur. Le contact ou l’ingestion, même en quantité minime, des produits ménagers chimiques peut entraîner le décès d’un enfant, par brûlure ou empoisonnement. Gardez donc les produits d’entretien dans un placard verrouillé et inaccessible aux enfants. Si vous devez transvaser un produit, ne choisissez jamais de récipient ayant à l’origine contenu des aliments. La poubelle doit être hors de portée des toutpetits.

La salle à manger / la salle de sejour / les escaliers

Les accidents par chute y sont les plus fréquents. Ne laissez pas les tout-petits se hisser sur les chaises et fauteuils. Apposez des protègecoins aux angles de vos meubles, qui devront être assez espacés pour

faciliter la circulation. Rangez toujours les cendriers après usage. Pour protéger les très jeunes enfants, installez des barrières de sécurité en haut et au bas des escaliers. Les plus grands ne doivent pas y jouer.

La salle de bain

Les principaux dangers sont la noyade, les brûlures par eau chaude et l’électrocution. Un bébé peut se noyer sans bruit dans quelques centimètres d’eau ; votre enfant ne doit donc jamais rester seul quand il est dans son bain, même pour quelques secondes. Testez toujours la température de l’eau de bain avec votre coude avant d’y placer l’enfant. Si vous disposez d’un chauffe-eau, réglez toujours la température à 50° ; ouvrez d’abord le robinet d’eau froide avant celui d’eau chaude, et fermez le robinet d’eau chaude avant celui d’eau froide. Débranchez les appareils électriques après leur utilisation et rangez-les dans une armoire en hauteur. Faites de même pour les médicaments et tous les objets coupants.

La chambre

Chutes du lit ou du berceau et étouffements y sont les risques essentiels. Le matelas du berceau ou du lit d’enfant doit être de surface ferme et s’ajuster exactement aux contours de la couchette. Aux risques qu’il n’étouffe ou ne tombe, il est conseillé de coucher le bébé sur le dos, dans un lit sans oreiller, qu’il ne partage avec aucun jouet à peluches, encore moins avec un autre enfant. N’installez jamais non plus un jeune enfant dans un lit d’adulte. Le sommier doit être fixe mais réglable en hauteur, afin de le baisser au plus bas niveau dès que Bébé est capable de se mettre à quatre-pattes. Les espacements des éventuels barreaux

du lit ne doivent pas laisser passer le corps d’un enfant. Concernant les lits superposés, n’attribuez que le lit du bas aux moins de 6 ans. Si vous préférez un coffre à jouets muni d’un couvercle, que celui-ci soit assez léger pour ne pas blesser l’enfant.

Dans toutes les pièces

N’autorisez à l’enfant aucun petit jouet ni autre petit objet ou amusebouche (billes, pièces de jouets à fixer, pièces de monnaie, bouchons de stylo, bonbons, cacahuètes) susceptibles de provoquer un étouffement, surtout chez les moins de 3 ans. Dès l’achat d’un jouet, prenez le temps de lire le mode d’emploi avec attention. L’enfant ne doit jouer avec son petit vélo ou sa voiturette que sous surveillance, dans un espace dégagé et loin des zones dangereuses (escalier, piscine, lampes sur pieds, appareils électriques, etc…) / Ne laissez pas traîner allumettes, bougies allumées, ou briquets / Le mobilier mural, ou sur pieds, doit être solidement fixé et stable / Ne pas laisser de chaise, ou tout autre meuble, auprès des fenêtres. L’enfant pourrait y grimper et être défenestré / Empêchez l’enfant de jouer avec les portes, pour lui éviter de s’écraser les doigts dans les charnières / Prenez soin de camoufler les câbles des appareils électriques derrière les meubles supports, et installez des cache-prises sur toutes les prises électriques / N’utilisez que des plantes ornementales avérées non toxiques, afin d’éliminer tout risque d’allergie ou d’empoisonnement. Une bonne vigilance et la prévention - à la fois par la sensibilisation précoce du tout-petit et par la sécurisation de son environnement domestique - peuvent aider à limiter les risques d’accident. TYCOON NUMERO 23 • 87


| PUBLI-REPORTAGE |

OLAM Group La foi de Sunny VERGHESE en la Côte d’Ivoire

N

ous croyons particulièrement aux potentiels économiques et surtout agricoles de la Côte d’Ivoire. (…) Nous avons discuté avec le Président de la façon dont on pourrait améliorer l’environnement des affaires dans le domaine industriel pour permettre de nouveaux investissements. En tout cas, nous nous préparons à investir massivement en Côte d’Ivoire ».

88 • TYCOON NUMERO 23

Ces propos rassurants et encourageants sont de Sunny George Verghese, CEO du groupe singapourien OLAM, au terme d’une visite de plusieurs jours en Côte d’Ivoire. Le PDG du groupe OLAM a tenu à proclamer sa foi en des lendemains qui chantent pour la Côte d’Ivoire. Il a donc multiplié les contacts et a de ce fait rendu visite au chef de l’Etat, Alassane Ouattara, ainsi qu’à Jean-Louis Billon, associé du groupe Olam

et président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire. Le géant singapourien de l’agroalimentaire a une présence très remarquée dans l’exportation du café, cacao, de la noix de cajou ainsi que du coton. Il est aussi présent dans l’hévéa, le palmier à huile et le sucre avec le groupe SIFCA. Sunny Verghese, a saisi l’opportunité de cette visite pour inaugurer la base logistique de Mantra. Il a aussi fêté et

encouragé les 600 employés et 300 temporaires des filiales du groupe implantées en Côte d’Ivoire. Que sont : Outspan, Seco, Olam ivoire et Mantra. Le PDG d’OLAM, s’est aussi félicité de ce que son entreprise « a investi 90 milliards de Fcfa, (192 millions de dollars) pendant les 10 dernières années, et compte investir près de 20 milliards (40 millions de dollars) pour les deux prochaines années ».


| PUBLI-REPORTAGE | 1

1

2

M. Sunny Verghese, précédé par Ravi Pokhriyal, lors de son arrivée à l’hôtel Pullman 2

M. Ravi Pokhriyal, Directeur général du groupe OLAM en Côte d’Ivoire, lors de son allocution 3

Sunny Verghese, a réaffirmé sa foi en la Côte d’Ivoire 4

3

Des employées d’OLAM Côte d’Ivoire

4

5

Des employés d’OLAM visiblement heureux, immortalisent la rencontre avec leur PDG.

5

TYCOON NUMERO 23• 89


| PUBLI-REPORTAGE |

Journée portes ouvertes Microsoft marque son grand retour

U

ne journée portes ouvertes dédiée aux professionnels de l’informatique ! Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre ne pouvait pas mieux marquer son retour en terre ivoirienne après avoir été délocalisée au Sénégal du fait de la crise. Cette journée dite « Microsoft Open Doors », a été suivi par un public nombreux qui a pris d’assaut l’espace Uemoa Crrae au Plateau le 27 septembre dernier. Ce jour-là, les professionnels de l’informatique, les décideurs, les développeurs ivoiriens ont découvert la dernière

90 • TYCOON NUMERO 23

génération de produits et services Microsoft et de ses partenaires, visant à améliorer la façon dont les utilisateurs communiquent sur leur lieu de travail, à leur domicile ou en déplacement. D’où la notion de productivité sur laquelle, Simon Ouattara, directeur général de Microsoft Afrique de l’Ouest et du Centre, a insisté lors de cette cérémonie. Le représentant du ministre Koné Bruno des NTICS, a salué la démarche de Microsoft à travers l’organisation de cette journée. Il a surtout insisté sur la nécessité pour les pays africains

et singulièrement pour la Côte d’Ivoire de s’approprier l’outil informatique afin de prendre une part active à la marche du monde. Au-delà de l’aspect festif, cette journée portes ouvertes a été une opportunité unique pour les participants d’être formés aux technologies de dernière génération allant du Cloud Computing, aux solutions mobiles et applications d’entreprise que sont: Windows 7, Microsoft Lync, Microsoft Dynamics AX, Microsoft SharePoint 2010. Il s’est aussi agi pour les organisateurs de présenter

les nouveautés en matière de sécurité, d’administration et de modèles de licences Microsoft. Une des grandes attractions de cette journée a été sans nul doute la découverte que le public a faite avec Kinect, la console de jeux Microsoft qui tourne sur le Xbox. La révolution ultime en matière de divertissement, qui à permis à tous de profiter de l’innovation et d’une expérience immersive et inédite. La journée portes ouvertes Microsoft a bénéficié de l’appui de deux partenaires de Microsoft que sont Axxend et Inova.


| PUBLI-REPORTAGE | 1

1

2

le représentant du ministre des NTIC lors de la visite des stands 2

Le public est venu nombreux pour cette journée portes ouvertes 3

Une vue du public lors de la cérémonie d’ouverture. 4

MM. Simon Ouattara en compagnie des partenaires, Roger Kouadio (Inova) et Bosco Houngbedji (Axxend).

3

4

5

Une vue d’un des ateliers. Un moment fort apprécié par les participants. 6

Le public s’est familiarisé avec Kinect, la console de jeux Microsoft qui tourne sur le Xbox, la révolution ultime en matière de divertissement !

5

6

TYCOON NUMERO 23• 91


| PUBLI-REPORTAGE |

Prospection économique Les Singapouriens à l’assaut du marché ivoirien

A

peine sortie de crise que la Côte d’Ivoire est déjà l’objet de toutes les attentions de la part des investisseurs d’Asie du Sud-Est et singulièrement de Singapour. Une délégation d’une douzaine d’hommes d’affaires de la fédération des entreprises de Singapour (Singapour Business Federation), conduite par Ranveer S. Chauhan, Président directeur général de Olam International, a récemment séjournée sur les bords de la lagune Ebrié. Cette visite s’inscrivait dans le cadre d’une mission d’affaires qui a conduit la délégation au

92 • TYCOON NUMERO 23

Sénégal puis en Côte d’Ivoire. Les membres de la Singapour Business Federation (SBF) exerçant dans des secteurs aussi divers que variés tels la construction, l’industrie alimentaire, la biotechnologie, la logistique, les services financiers, le transport aérien et maritime, ont tenu à se faire une idée des opportunités d’affaires que leur offre ce pays. Ils ont à cet effet, multiplié les séances de travail et d’échanges avec le Centre de Promotion d’investissement en Côte d’Ivoire (CEPICI) et ensuite avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire

(CCI-CI). Saluant cette visite, M. Jean Louis Billon, président de la CCI-CI a formé le voeu que la Côte d’Ivoire qui naguère était vu comme un exemple de développement par les autorités Singapouriennes, puisse se mettre à l’école de ce pays qui est aujourd’hui un modèle de développement économique. A sa suite, les opérateurs économiques ivoiriens présents ont salué cette opportunité d’affaires qui s’offre à eux. Même son de cloche au niveau des hautes autorités de l’Etat au nombre desquelles, le ministre Dosso Moussa de l’Industrie.

Celui-ci a, pour sa part salué l’intérêt que ces hommes d’affaires portent à l’endroit de la Côte d’Ivoire qui entend s’engager résolument sur la voie de l’industrialisation. Une opportunité qu’entend bien saisir la fédération des entreprises de Singapour forte de 17000 membres et qui au dire de M. Chauhan est prête à apporter toute son expertise pour un véritable partenariat économique. « Nous n’avons ni minerais, ni matières premières. Ce que nous avons, c’est la qualité de nos ressources humaines, que nous entendons mettre à votre disposition », a-t-il conclu.


| PUBLI-REPORTAGE | 1

1

2

3

4

Première séance de travail avec le CEPICI à l’hôtel Tiama 2

La délégation s’est ensuite déportée à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI)

3

Les échanges avec la délégation ont été très fructueux à la CCI-CI

4

M. Ranveer Chauhan, remet un présent de la part de la Chambre de commerce singapourienne au ministre Dosso Moussa 5

La délégation singapourienne a aussi eu séance avec le ministre Dosso Moussa de l’industrie, qui pour l’occasion était entouré de tous ses collaborateurs.

5

TYCOON NUMERO 23• 93


| POUR LA ROUTE |

VENANCE KONAN Directeur général, Fraternité Matin

Un homme qui a faim…

L

’occasion m’a été donnée d’assister au sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Kampala, en Ouganda, en juillet dernier. Le thème était «Santé maternelle et infantile et développement de l’Afrique. » Dans son discours d’ouverture, Yoweri Museveni, le président du pays hôte, déclara que lorsqu’il vit le thème de ce sommet, sa première réaction fut celle-ci : « Comment peut-on discuter de santé maternelle et infantile sans discuter des sujets de base que sont la création d’emplois, le développement des ressources humaines et des infrastructures ? » Après la cérémonie d’ouverture, les débats tournèrent pendant des heures autour de la question de savoir quelle devrait être la priorité pour les pays africains dans leurs stratégies de développement : s’occuper d’abord de la santé des mères et des enfants, ou se concentrer en premier lieu sur la création d’emplois et de développement d’infrastructures ? Les positions étaient bien tranchées. Pendant une pause, j’eus l’occasion de discuter avec un ministre des Affaires

94 • TYCOON NUMERO 23

étrangères qui trouvait ces débats un peu trop oiseux à son goût. « Pour moi, me dit-il, la priorité des priorités pour l’Afrique devrait être de se nourrir elle-même. Dès l’instant où l’on aura réussi cela, tout le reste suivra. Ce sont des milliers de milliards de dollars que l’Afrique dépense chaque année à l’extérieur pour se nourrir. Or, il existe très peu de pays sur notre continent où l’agriculture ne peut pas nourrir la population. Prenez l’exemple de ce pays où nous nous trouvons, l’Ouganda. Les Anglais l’avaient baptisé « la perle de la couronne. » Parce que pour eux, c’était le plus beau pays parmi toutes leurs possessions coloniales. Il y a, ici, le plus grand lac d’Afrique, qui est aussi le deuxième ou troisième plus grand lac du monde. Il y en a d’autres, plus petits, et c’est ici que le Nil prend sa source. Il y a des montagnes, des plaines, toutes sortes de végétations et le climat est agréable. Qu’est-ce qui ne peut pas pousser ici ? Et pourtant, l’Ouganda est obligé d’importer sa nourriture de l’étranger. Et c’est le cas dans presque tous nos pays.» Et il me cita l’exemple très connu de l’Inde qui, au début des années soixante, était le pays de la malnutrition et des enfants aux

ventres ballonnés par excellence. Aujourd’hui, ce pays réussit, non seulement à nourrir sa population qui a dépassé le milliard d’individus, mais aussi à exporter le surplus vers l’extérieur, notamment vers les pays d’Afrique. « C’est lorsque l’Inde a résolu le problème de sa nourriture qu’elle a commencé à s’industrialiser. Et aujourd’hui, elle fabrique des voitures, des bus, est leader mondial dans tout ce qui est informatique et envoie des fusées dans l’espace. Parce qu’elle ne dépense plus des sommes folles à l’étranger pour se nourrir. C’est cela que nos pays devraient comprendre. Et ce n’est pas quelque chose d’impossible à réaliser. Le Malawi, l’un des pays les plus pauvres de notre continent, l’a fait. » Et le ministre de me raconter comment ce pays y est parvenu. « Le président a dit un jour à son peuple : même si nous devons mourir de faim, il en sera ainsi, mais je n’importerai plus un grain de riz ou de maïs de l’extérieur à partir de ce jour. Parce que notre pays peut produire assez de riz et de maïs pour nous nourrir. En disant cela, il avait mis en place une politique d’autosuffisance alimentaire.

Il a mis son peuple au travail et depuis quelques années, c’est le Malawi qui nourrit tous les pays de la région, tels que le Zimbabwe, par exemple. » En produisant de la nourriture pour nourrir sa population et celles des pays voisins, le Malawi a résolu le problème de l’emploi, peut-être pas entièrement, mais en partie tout au moins. Il ne sort plus des milliards de devises, et peut consacrer cet argent à la santé maternelle et infantile. En construisant, par exemple, des maternités, en formant des infirmiers et médecins, en créant des routes pour relier les différentes localités. De leur côté, les paysans qui vivent décemment de leurs productions, puisqu’ils ont un marché, ont désormais les moyens d’acheter les médicaments pour soigner leurs enfants, les envoyer à l’école. Je crois que l’un de nos problèmes en Afrique est que nous inversons toujours l’ordre de nos priorités. De quelle liberté dispose un homme qui a faim ? C’est toujours lorsque l’on a réussi à se nourrir correctement que l’on peut aborder tous les autres problèmes de la vie.




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.