EgoLaRevue N°33

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AUTOMNE 2016, UN NUMÉRO ENGAGÉ BEN   ×   THIERRY MARX    ×   WILMOTTE PÈRE & FILS WWW.EGOLAREVUE.COM



édito

Engagez-vous, qu’ils disaient ! La rentrée est derrière nous et, franchement, on est contents de ne plus grincer des dents. Disons-le tout net, on n’aime pas bien la rentrée. Mais le côté sympa du retour au bercail, c’est de se remettre à ces projets qui nous animent. Depuis 10 ans qu’egolarevue existe (enfin, que nous sommes investis dans cette aventure, parce que, OK, les vrais 10 ans de la revue sont en octobre 2017), que le magazine vit et marche, nous, les rédacteurs, photographes, graphistes, contributeurs en tous genres, on vibre à l’unisson pour nourrir et faire grandir notre gros bébé de papier. Comme on veut rester dans le mouvement, maintenir les liens durables qui se sont noués et en créer de nouveaux, on innove dans la continuité. C’est notre engagement. Et comme l’engagement peut être amoureux, humanitaire, artistique, religieux, politique… on l’a choisi comme fil rouge de ce numéro. Nous vous parlons de Thierry Marx, toque investie auprès des jeunes en difficulté, de Jean-Michel Wilmotte, qui sensibilise les nouveaux architectes à la réhabilitation de l’ancien, de Ben, un artiste impliqué dans sa société qui bouscule les codes de l’ego… Parmi d’autres sujets forts de ce numéro, le papier « société » traite de la notion d’engagement au XXIe siècle. Vaste sujet s’il en est… Je ne résiste plus à la joie de vous annoncer deux bonnes nouvelles totalement ego centrées : le lancement d’egotisme(s), une gestion des réseaux sociaux de luxe pour rendre vos histoires engageantes et contagieuses, pour créer du plaisir et du lien. Et le lancement très prochain d’un ego la revue à Los Angeles amazing pour qui aime tant prolonger l’été ! Suis-je engagée ? C’est la question du jour…

ÉLOÏSE GIRAULT, MENEUSE DE REVUE www.egolarevue.com

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sommaire

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ego a du style

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la liste de mes envies

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architecte dans le ton

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ego en société

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grand format

70

l’objet du désir

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matière à réflexion

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AUTOMNE 2016 le choix d’ego

LE XXIe SIÈCLE : ENGAGÉ OU DÉMISSIONNAIRE ? ego à nu

BENJAMIN VAUTIER

WILLIAM WILMOTTE, L’ÉVIDENCE LYONNAISE JEAN-MICHEL WILMOTTE, BÂTISSEUR D’HISTOIRES

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UNE CHAISE PAPILLON

ego looké tendance mode

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des hauts et des bas

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INTEMPORELS REMIXÉS HAUT EN COULEURS ENVOLÉES LYRIQUES LA TÊTE DANS LES NUAGES

LE BÉTON SUR TOUS LES TONS

ego se cultive artiste dans le ton

88

au fil de l’art

90

l’Esprit Livre m’a dit

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et pour conclure

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PHILIPPE VINCENT, L’ÉVEILLEUR DE CONSCIENCE

ego voyage échappée belle

LE LESOTHO, TRÉSOR D’AFRIQUE

LES RENDEZ-VOUS D'AUTOMNE

50

QUINTETTE DE CHOIX

autour de nous

IN VINO VERITAS, BORDEAUX 56

NOUVEAU RESTO UNE IMMERSION ELFIQUE

ego à table un chef au piano

60

mets et vins

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THIERRY MARX, CHEF POSITIF

VINS NATURELS : GORGÉS DE TERROIR

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Rue du Président Herriot, à Lyon : une valeur refuge Deuxième marché d’immobilier d’entreprise derrière celui de l’Ile-de-France, l’agglomération lyonnaise bénéficie d’une solide image, y compris aujourd’hui sur le plan international. Et le commerce en fait, bien entendu, partie. A cet égard, avec son positionnement moyen/haut-de-gamme parfaitement identifié, la rue du Président Edouard Herriot, l’une des trois artères traversant de part en part la Presqu’île lyonnaise, participe à l’image de marque du centre-ville de Lyon en matière de commerce. Particulièrement lisible, même si elle présente plusieurs visages, cette rue représente, selon Cédric Ducarrouge, une véritable « valeur refuge » pour des enseignes « aversent » au risque. Le directeur adjoint commerces France de JLL estime que cette artère constitue l’exemple type « de ce qu’il est possible de développer en matière de commerces dans les grands centre-villes en régions ». Le centre-ville de Lyon représente le pôle commercial le plus puissant en régions avec celui de Bordeaux. Une illustration : les deux tiers des habitants du département du Rhône viennent effectuer leurs achats au moins un fois par an dans la Presqu’île, entre la place Bellecour et la place des Terreaux. Et plus de 30 % des clients sont des cadres ou des chefs d’entreprise, correspondant donc à une clientèle aisée, à promesse d’achats certains. La Presqu’île est ainsi devenue un pôle commercial à forte attractivité pour les

enseignes, ce qui explique un taux de vacance très faible, aux alentours de 4,2 %, avec une organisation aisément lisible. Le positionnement « mass market » de la rue de la République est parfaitement assumé par les enseignes qui y sont installées. C’est dans cette rue que se pratiquent les valeurs locatives les plus élevées, ressortant autour des 3 000 euros (HT/HC/m²/an). La rue du Président Edouard Herriot avec son positionnement moyen/haut de gamme reste le deuxième axe structurant du com-

merce de la Presqu’île. Si la rue de la République est dédiée aux piétons, la rue du Président Edouard Herriot est plus réservée aux clients, et la qualité des enseignes de la rue favorise un comportement de « shopping plaisir ». Ainsi, 80 % des enseignes installées rue du Président Edouard Herriot touchent de près ou de loin à la mode et à la beauté, contre 54 % pour la rue de la République.


Cet univers parfaitement identifié, couplé à une clientèle qualifiée a pour résultat logique une forte demande d’implantation de la part des enseignes. Car la rue du Président Edouard Herriot est devenue « une véritable marque en elle-même ». C’est en ce sens qu’elle constitue une valeur refuge pour des enseignes qui veulent se développer sans prendre de risque. C’est pourquoi « les enseignes moyen/haut-de-gamme préfèreront la rue du Président Edouard Herriot à la rue de la République ». Une forte demande qui se traduit, sans surprise, rue du Président Edouard Herriot, par un taux de vacance de… 1,7 %. Des enseignes de proximité aux enseignes haut-de-gamme… Cependant, avec ses 350 mètres de long, la rue du Président Edouard Herriot est loin de présenter un visage uniforme. Le nord de la rue est de plus en plus dédié aux enseignes de proximité. Les arrivées de Jean-Claude Aubry et Tant et si Bon renforcent ce positionnement. Surtout, l’arrivée de Monoprix rajoute une locomotive efficace, et va donc renforcer l’attractivité de ce secteur. Le véritable « cœur Herriot » se trouve entre l’Eglise Saint-Nizier et la Place des Jacobins. C’est là que sont regroupées les enseignes

moyen/haut-de-gamme qualifiantes, reconnues comme telles par la clientèle. Et c’est bien sûr là que la demande d’implantation est aussi la plus importante. Le secteur de recherche est ainsi réduit, et logiquement, les valeurs locatives pratiquées dans cette partie de la rue sont en progression, pouvant aller jusqu’à 2 000 euros (HT/HC/m²). Néanmoins, il existe un frein potentiel à cette progression des valeurs : ce qui fait le prix, rue du Président Edouard Herriot, ce n’est pas tant le loyer, que la valeur du droit au bail, qui peut représenter entre 50 et 75 % de la valeur locative. Or les capacités d’investissement des repreneurs restent limitées par la conjoncture. De plus, les enseignes étrangères ne sont pas familières avec la notion de droit au bail (qui reste une spécificité française). Enfin, le tronçon haut de gamme / luxe situé au sud de la Place des Jacobins reste une valeur sûre grâce à la qualité des enseignes en place. Cependant, malgré un pouvoir d’achat élevé, Lyon n’est pas une cible prioritaire pour les enseignes de luxe, qui favorisent Paris et la Côte d’Azur. Les recherches d’emplacements sont donc un peu moins nombreuses. Une approche globale de la Presqu’île

rue du Président Edouard Herriot qui est appelé à évoluer. Cependant, l’ouverture de ces nouvelles surfaces devrait finalement profiter aux commerces de la rue, en renforçant l’attractivité de la Presqu’île, tout en s’adressant à un profil d’enseignes différent. En effet, les projets Grolée et Hôtel Dieu représentent de réelles opportunités pour les enseignes qui ont besoin de plus grandes surfaces, supérieures à 500 m2, extrêmement rares actuellement dans le centreville. Or ce sont ces enseignes « locomotives » qui permettent d’attirer de nouveaux clients. C’est encore plus vrai pour les enseignes internationales, qui recherchent des emplacements avec des droits au bail ou des droits d’entrées réduits. De son côté, la rue du Président Herriot continuera à être la cible des enseignes qui ont une forte aversion au risque. Dans ce cadre, il parait indispensable d’avoir une approche globale de la Presqu’île, et éviter ainsi que les différents sites se fassent concurrence. La notion de centre commercial à ciel ouvert reste donc particulièrement d’actualité pour que Lyon reste la destination française privilégiée des enseignes après Paris.

Avec le développement des projets Grolée et Hôtel Dieu à quelques dizaines de mètres, c’est l’environnement même de la

JLL est responsable de la commercialisation des projets Grolée et Grand Hôtel Dieu et vous accompagne pour vos cessions de droit au bail sur les principales rues commercantes de Lyon Cédric Ducarouge Directeur adjoint commerces France 06 30 37 86 27

Béatrice Pereira Responsable commerces Presqu’île 06 74 68 10 94

04 26 83 64 63


le choix d’ego

le choix d’ego

© DgC Photography

AUTEURS  CHARLOTTE AGIER, MARIANNE BLANC, LÉA BORIE, CLAIRE DE PROCÉ-BLANCHARD, VINCENT FEUILLET, NANCY FURER, CHARLOTTE PIDOU

MON ÉCHAPPÉE BELLE

PLEINS FEUX SUR UNE DIVA QUATRE ÉTOILES Gare aux amalgames ! Si l’Imperial Palace ressemble à s’y méprendre au Grand Hôtel Budapest à la Wes Anderson, l’établissement n’est en rien comparable à une production hollywoodienne. Situé sur les rives du lac d’Annecy, son cadre idyllique invite davantage à une retraite paisible qu’à une aventure rocambolesque. Les péripéties traversées par cet hôtel sont pourtant nombreuses : réquisitionné, abandonné, incendié, autant d’histoires à faire pâlir de jalousie les scénaristes des grands blockbusters. À l’occasion de ses cent ans, l’Imperial sort donc le grand jeu : de la rénovation du casino en passant par celle de la façade à l’ouverture d’un nouveau restaurant, le palace amorce une nouvelle ère. En témoigne le Crystal Spa, 600 m 2 de

bien-être inaugurés en mars dernier : douches sensorielles dernier cri, massages à se damner et hammam pour une parenthèse de détente. À l’instar des comédiens sur le Walk of Fame, on ne compte pas une mais quatre étoiles au palmarès de l’Impérial Palace ! Un détour par les coulisses des restaurants La Voile et Le Bistrot justifie ces honneurs. Thomas Eudier, le chef, et sa brigade s’affairent chaque jour pour mettre en scène des recettes à base de produits locaux : velouté frappé de Romaine à l’ail des Ours, tartare mariné à l’huile d’olive et sablé gourmand aux Pralines, par exemple. Quant aux brunchs dominicaux et aux barbecues à déguster en terrasse, ils remportent déjà un fier succès… Vous avez dit fantastique ?   MB

a IMPÉRIAL PALACE Allée de l’Impérial, Annecy Tél. 04 50 09 30 00 www.hotel-imperial-palace.com ego la revue 33

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le choix d’ego

Un sans-faute de goût MON BRUNCH STYLÉ Apiales (n.f.) : élément d’un ordre de plantes dicotylédones. Ça, c’est ce qu’en dit le Larousse. Les lyonnaises, elles, penchent plutôt pour la définition suivante : nouveau restaurant à la croisée du coffee-shop et du salon de thé où, dans un cadre épuré, se dégustent des recettes gourmandes, du petit-déjeuner au goûter. Démonstration par l’exemple : sur le comptoir trônent des pâtisseries anglo-saxonnes, dans le coin épicerie se nichent des produits d’outre-mer et au centre de l’assiette, un ceviche scandinave arrosé d’une boisson détox pomme-carotte-gingembre. Le samedi, brunch pour tous ! Concocté par une équipe venue des quatre coins du monde, le menu se transforme chaque semaine en melting-pot culinaire. Cerise sur le cheesecake : une formule enfant et de l’espace pour les poussettes. Apiales a tout bon !    MB

© Lois Moreno

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MES GOURMANDISES

APIALES 11, rue Laurencin, Lyon 2e Tél. 09 81 90 28 90 www.apiales.com

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a AUX MERVEILLEUX DE FRED 32, rue Grenette, Lyon 2e Tél. 04 78 68 38 82

Délicieux Merveilleux

Les Merveilleux de Fred ont pris il y a quelques mois leurs quartiers lyonnais, attendus comme le messie par les plus gourmets des gourmands. Si ce n’est déjà fait, entrez dans ce palais au style directoire dédié à une recette ancestrale faite de meringue et de crème épaisse. Revisitée par Fred, elle est devenue si légère en bouche et subtilement sucrée qu’on ne peut que fondre de plaisir. Roulée dans des copeaux de chocolat blanc, de chocolat noir, de meringue cristallisée au café, on en passe et des meilleures… Six dômes se déclinent dans des formats qui permettent d’ajuster le gabarit à l’appétit et de mixer les parfums… 100 % naturels cela va sans dire. Car dans cette presque vingtième boutique du nom, tout est artisanal et réalisé au fil de la journée. Le long des vitres qui tutoient la hauteur sous plafond, les meringues façonnées d’un geste expert côtoient la préparation des gaufres garnies d’une préparation vanille rhum. Juste à côté, la crème tourne tourne dans son robot design, surveillée d’un coin de l’œil par la professionnelle qui jauge à sa texture et non le nez sur la montre quand arrêter l’engin. Un gigantesque lustre éclaire les gourmandises joliment alignées par formats et couleurs. On n’a qu’une envie, c’est de toutes les goûter. Vous auriez tort de vous priver !   CP

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le choix d’ego

© BORIS LAPLANTE

MES CAFÉS ROCK PLUTÔT HARD OU RÉTRO ?

Hard Rock Café, enfin !

Lyon est la quatrième ville de France à accueillir le restaurant, mais la première à proposer une carte hybride américano-lyonnaise avec charcuterie et vins de la région, le tout accompagné de concerts électriques. Premières notes de musique à l’automne, dans un immeuble du quartier Grolée qui risque de trembler !   CA

a HARD ROCK CAFÉ 1, rue du Président Carnot Lyon 2e ROCKYRAMA CAFÉ 118, Montée de la Grande-Côte Lyon 1er

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Rockyrama : le geek, c’est chic !

Dans une ambiance rétro, carrelage à damiers et figurines de dessins animés, le Rockyrama Café vous embarque pour un moment de détente dans un lieu où séries télé et super-héros sont rois. Si vous avez besoin de parler du dernier épisode de Game Of Thrones (et d’être réconforté), c’est là qu’il faut aller.   CA

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le choix d’ego

MA CANTINE DRÔMOISE

Pétrie d’histoires et de goûts Le Bistrot 7 jouxtant le 3 étoiles d’Anne-Sophie Pic s’est métamorphosé en l’élégant et incarné André ; prénom du grand-père de la chef qui a lui même décroché le triple astre dans les années 30. La déco bois-laiton-cuir et les photos de famille plongent les convives dans cette époque. On se repaît de boudin Richelieu, gratin de queues d’écrevisses, pigeon en croûte de noix, pointes d’asperges vertes anis vert, mosaïque de rouget et foie gras, soufflé glacé au Grand-Marnier, œufs à la neige aux pralines roses… des plats des différentes générations, fleurant bon la cuisine française, qu’AnneSophie Pic se plaît à actualiser.   CP

© DR

© ALEXANDRE ZVEIGER

MA CUISINE

© SERGE CHAPUIS

ANDRÉ Menu de famille 32 € 285, avenue Victor Hugo, Valence Tél. 04 75 44 15 32 www.anne-sophie-pic.com

MA NÉO-CABANE

Belle comme le jour

Disponibles en 5, 16, 20 ou 35 m 2, les modules Shelty deviennent studio ou bureau dans le jardin, pool house à côté de la piscine, pied-à-terre à la montagne… Ces extensions confortables, design et aux normes écoresponsables sont livrées en kit ou installées. À l’origine de ce concept, Nans Chevaux et Thibaut Chavrier, deux jeunes entrepreneurs lyonnais déjà créateurs de C2Home, société lyonnaise d’aménagement pour seniors et handicapés. Accessibles et faciles, ces constructions modulables en ossature bois incitent à franchir le pas de l’agrandissement ou de la dépendance. D’autant que jusqu’à 20 m 2 , seule une déclaration de travaux est nécessaire.   CP

Elles sont belles, elles sont grandes, elles donnent envie de les caresser… En plus, elles ont la tête bien faite. De qui, de qui, de qui ? Les cuisines Valcucine, modernes, somptueuses et ingénieuses. La dernière invitée – Genius Loci – s’inspire du secrétaire, cet ancien meuble à secrets. Les tiroirs aux façades personnalisables courent le long du plan de travail sans même qu’on les remarque. Et comme le designer Gabriele Centazzo a décidé de poursuivre son jeu de cache-cache sans rien sacrifier au design, il a conçu une crédence révolutionnaire où se loge tout ce qui fait obstacle à la pureté du design : robots, prises, égouttoirs, assiettes. Ne restent plus que des lignes de rêve et une fonctionnalité à toute épreuve. Le rêve en somme.   CPB

Jolie boîte habitable…

VALCUCINE 27, rue Auguste Comte, Lyon 2e Tel. 09 62 40 07 69

SHELTY www.shelty.fr ego la revue 33

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le choix d’ego

MON SPA DANS LES MONTAGNES

© LUDOVIC DI ORIO

Massage avec vue

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© ZILLI

MON PRÉCIEUX BLOUSON

DEEP NATURE SPA Les Granges d’en Haut Route des Chavants, Les Houches Tél. 04 85 30 00 17 www.deepnature.fr

Aux Houches, près de Chamonix, le spa Deep Nature des Granges d’en Haut est un endroit idéal pour laisser ses soucis en bas des pentes. L’emplacement offre une vue incroyable sur les sommets de la chaîne du Mont Blanc, que l’on peut admirer depuis le jacuzzi extérieur et le sauna finlandais de la terrasse ; l’entrée au spa comprend un accès à la piscine, au sauna et au hammam, à l’espace de repos et au bar à tisane. Le tout dans un décor chaleureux et naturel, fait de pierres et de bois. Quant aux soins Deep Nature, ils sont tous made in France : les massages du corps et du visage pour petits et grands éveillent les sens pour un moment de sérénité en altitude…   CA

MON CONSEILLER CAMÉLÉON

Peau neuve chez Zilli

Philippe Pichlak Son activité : après 25 ans d’expérience dans le secteur des services tous azimuts, Philippe Pichlak a créé en 2013 Agilitys, société d’accompagnement des entreprises et des investisseurs. Toujours en mission de conseil ou de management, il vient ainsi d’assurer la transition en tant que DG du Domaine du Mont d’Arbois à Megève avant l’arrivée du groupe hôtelier de luxe Four Seasons. Son lieu d’évasion : la montagne et Méribel en particulier pour les week-ends et dès que possible les Monts d’Or ; où il court dans les collines pour se ressourcer.   CP

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L’histoire commence à Lyon en 1965. Zilli, petit tailleur italien du quartier de Montchat, est racheté par la famille Schimel, qui en fait, en quelques années, une référence en matière d’habillement de luxe masculin. De retour dans son fief natal, la nouvelle boutique prend ses quartiers au cœur de la Presqu’île. Avec ses fauteuils et son design tout en sobriété, elle semble un living-room pour accueillir ses amis comme chez soi. Pulls en cachemire aux couleurs chatoyantes, chemises aux trois-surpiqûres et traditionnels blousons de cuir savamment agencés sur les rayons nous tirent de notre rêverie, nous sommes à la maison certes, mais chez Zilli tout de même…   MB ZILLI 99, rue du président E. Herriot, Lyon 2e Tél. 04 78 62 24 28

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le choix d’ego

© UTTERNORTH

UTTERNORTH 133, route de Paris Charbonnières-les-Bains Tél. 04 72 59 13 03 www.utternorth.com

MON MAÎTRE EN DÉCO INDUS’

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PHIL MULLER,

CRÉATEUR D’UTTERNORTH

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Derrière une façade Art Déco que les fins connaisseurs identifieront comme celle de l’un des premiers garages Citroën se cache Utternorth. À la fois showroom déco, boutique de petit mobilier et librairie, le lieu baigné de lumière du jour révèle l’univers industriel vintage de son créateur. Sous la charpente métallique du hangar, on déambule, on s’imagine et on résiste difficilement à la tentation de ne pas toucher. Ici, Phil Muller partage avec passion l’histoire de sa collection d’objets déco, pas comme les autres.

Comment définiriez-vous le style de la griffe ? Utternorth puise son inspiration dans le XXe, le siècle ouvrier. Aujourd’hui, l’univers de la décoration suit des modes ; le look d’Utternorth, lui, coïncide avec la nostalgie de toute une génération : celle de l’usine disparue. Nous mettons l’authenticité au cœur de notre production. Nos meubles sont façonnés autour de trois matériaux bruts : le bois, l’acier et le cuir. Chaque pièce vendue est unique, empreinte de sincérité.

Utternorth… d’où vous est venue l’idée de cette marque ? Le projet est né d’un hasard. J’ai fait la rencontre d’Alexxander Utternorth lors d’un voyage aux États-Unis. L’infatigable vieil homme m’a raconté ses milles vies et m’a confié ses carnets de croquis, dont j’ai tiré meubles et accessoires, souvenirs de cet artiste-aventurier. Cet héritage constitue la base du style Utternorth, des produits dans l’ère du temps qui racontent des histoires.

Envisagez-vous déjà la suite d’Utternorth ? Le showroom a ouvert il y a quelques mois mais déjà un potentiel de développement se fait sentir ! Les dessins légués par Alexxander offrant une grande possibilité de créativité, notre ambition est de devenir La marque de référence du mobilier vintage industriel.   MB

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MA RUE

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Rue des Quatre-Chapeaux, Lyon 2e

Elle vous tire ses Quatre-Chapeaux MON SHOPPING VINTAGE

Le samedi à Lyon, les rues de la République et du Président Édouard-Herriot sont bondées. Pour échapper à la foule sans perdre une miette de votre instant de détente, faufilez-vous entre les deux, dans une petite artère parallèle : la rue des Quatre-Chapeaux. Cette rue inspire la maison, le dressing et les papilles. L’ambiance feutrée des vitrines de mode invite à la curiosité. Une atmosphère telle… qu’on ôterait presque son chapeau en entrant ! Entre deux emplettes, une pause douceur chocolatée s’impose, avant de repartir dénicher les plus belles tendances des boutiques chics. Avant de repartir, ne résistez pas à l’envie de vous restaurer des saveurs traditionnelles des bistros ou de boire un dernier verre à l’une des petites terrasses. Douceur de vivre à saisir.   LB

À la recherche de la pépite perdue Paradis de chineuse ! Le temple du vintage est relooké, pour une brocante du chic encore plus vibrante. Au lieu de rester au lit, on file aux Samedis mécaniques admirer les berlines et autres cabriolets. Comble du luxe vintage, on se laisse porter aux portes des puces en deux pattes depuis le centre-ville grâce à un service de navette spécial. L’hôte des ventes nous plonge davantage dans l’ambiance de ce grand déballage de style. Une atmosphère qu’on retrouve dans l’assiette chez Oscar, une cuisine familiale tradi’ qui vient réveiller nos repas dominicaux.   LB

© ALEXANDRE MOULARD

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PUCES DU CANAL 5, rue Eugène Pottier, Villeurbanne Tél. 04 72 04 65 65 www.pucesducanal.com

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© FABRICE DUNOU

WHAT FOR 57, rue du président E. Herriot Lyon 2e Tél. 04 78 85 17 06

© ANNE-LAURE MENEC

Quand on sait qu’une paire d’escarpins a le pouvoir de changer une vie (coucou Cendrillon), autant faire le bon choix. Pour être sûre de trouver son bonheur, rendez-vous chez What For, la boutique branchée du 2 e arrondissement. Dans un esprit couture et avec un soin particulier apporté aux finitions, la griffe propose derbies, mocassins et bottines qui semblent tout droit descendus des podiums. Le plus de What For ? Un petit coussinet caché dans la semelle et des modèles de chaussures avec des tailles de talons différentes   MB

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MES SOULIERS À TOMBER

MISE À PIED

MY PRESQU’ILE

MA BALADE INSTRUCTIVE

Tous en Presqu’île ces 14, 15 et 16 octobre pour l’événement Re-trouvailles, premier du nom. Au programme : atelier graffiti végétal sous la direction d’un collectif d’artistes lyonnais, apparition de 26 bulles géantes, place de la République, avec scénarisation et lumière, réalisation d’une fresque éphémère, parcours animé dans les boutiques, nocturnes et points de fête de-ci de-là… À consommer sans modération !   NF

Historiens de l’architecture, urbanistes, paysagistes, géographes ou artistes composent l’association Nomade Land. Ils alimentent cette « fabrique de promenades urbaines à Lyon » et partagent leurs connaissances au fil des rues. La Part-Dieu, d’hier et d’aujourd’hui, réinventée ou vue selon le plan lumière en nocturne, est au programme des sorties du 8 octobre, 5 novembre et 9 décembre. Des visites à la carte, dans le quartier de son choix, sont aussi possibles pour les groupes.   CP

Raconte-moi la ville

www.mypresquile.com

NOMADE LAND De 6 à 10 € www.nomade-land.com

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Retrouvailles d’octobre



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© DOOBLINK

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MA PUB DU FUTUR

MA FUTURE PLACE TO BE

Tout un univers au fil des pages

Hôtel Dieu… new look ! Mais que se trame-t-il derrière ce bâtiment classé monument historique où un tiers des Lyonnais a vu le jour ? Des enseignes qualitatives (mais pas luxe, dixit le responsable de la commercialisation qui débute en octobre) vont prendre leurs quartiers dans ce calme cocon du cœur de la Presqu’île. Des commerces de bouche, des traiteurs et restaurants moyens et hauts de gamme sur 5 000 m 2 côtoieront le pôle mode et ses nombreuses boutiques sur 7 000 m 2 de surface. Et parce que tant de découvertes méritent qu’on s’y repose pour goûter à l’âme des lieux, un pôle bien-être s’articulera autour du cloître. Vous ne saviez pas où ouvrir votre restaurant ou la boutique de vos rêves ? On a la solution. Ne ratez pas le coche, c’est maintenant !    CPB

Les QR codes ont pris un coup de vieux. À l’ère du tout connecté et des smartphones jamais débranchés, on aime s’informer et acheter en un claquement de doigt. Dooblink, l’application de reconnaissance d’images créée par le Lyonnais Nicolas Fonck, donne une nouvelle dimension à la publicité : « Il s’agit d’enrichir la presse papier en proposant une lecture nouvelle et immédiate des magazines ». De quoi offrir une expérience digitale aux lecteurs. En photographiant une photo ou une publicité avec l’application, vous pourrez accéder à un éventail de contenus sur vos produits préférés : vidéos, articles, sites web … À suivre.   CA

JLL : 04 26 83 64 63 http://grandhoteldieu.live.jll.com

www.dooblink.fr

La montre positive attitude ! MON ACCESSOIRE DU MOMENT VeryMojo, c’est la marque chic et fraîche d’Agathe Martin, créatrice lyonnaise. Amoureuse des mots et des messages motivants, elle décide de les afficher sur des montres. Le concept est minimaliste, mais efficace : un bracelet en cuir pastel ou acidulé, un boîtier rond, un fond blanc, pas de chiffres mais une punchline inspirante, poétique ou fun (de Who Run the World ? à Chéri, je suis une édition limitée). Dans tous les cas, en regardant l’heure, on fait le plein de bonne humeur.   CA

a © LUDOVIC DI ORIO

VERYMOJO www.verymojo.com

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MON COCON

Douceur de vivre

© HERVÉ FABRE – PHOTOGRAPHIES

Accueillant en hyper-centre les visiteurs depuis 1860, l’ancienne maison de négoce en tissus est devenue une boutique hôtel 3 étoiles de la collection HappyCulture. Au fil des 46 chambres et espaces de vie, le Silky rend hommage à l’histoire de la soie. Les clients bénéficient surtout des services du réseau : machine à café, wifi, chargeur universel, prêt de parapluie… et l’incontournable Happy Time, tous les soirs de 18 h à 20 h, apéro offert avec vins, charcuteries et fromages de la région.   CP HÔTEL SILKY Chambre dès 69 € 2, place Francique Régaud, Lyon 2e Tél. 04 78 37 17 17 www.hotel-silky.com

Nos 3 adresses où descendre MA RUCHE

Dormir, manger, bavarder, voyager… Le trio du Slo Living Hostel (Lyon 3e) vient de récidiver avec le Away Hostel & Coffee Shop. Un havre hybride en plein dans l’air du temps puisqu’il se vit comme un hôtel, une auberge de jeunesse, un lieu agréable où déjeuner, travailler, lire, rencontrer des globe-trotters ou encore un espace événementiel décontracté. L’ancienne école de commerce du bas des pentes est devenue un pimpant et design établissement comptant 15 chambres partagées et 7 chambres privatives.   CP © DOMAINE LYON SAINT-JOSEPH

AWAY HOSTEL & COFFEE SHOP Chambres de 23 à 170 € (suite 6/8 pers.) 21, rue Alsace Lorraine, Lyon 1er Tél. 04 78 98 53 20 www.awayhostel.com

MA RETRAITE

Domaine pieu pour repos divin

© FRENCHIE CRISTOGATIN

La sérénité à quelques kilomètres du centre-ville. Le domaine Lyon Saint-Joseph à Sainte-Foy-lès-Lyon, anciennement lieu de retraite pour séminaristes, a été transformé en hôtel de charme ouvert à tous. Touristes, groupes d’entreprises, sans oublier les Lyonnais en manque de grand air et de calme, goûtent à l’atmosphère apaisée de ce domaine 3 étoiles et de son plaisant parc arboré.   CA

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DOMAINE LYON SAINT-JOSEPH 38, allée Jean-Paul II, Sainte-Foy-lès-Lyon Tél. 04 78 59 22 35 www.domaine-lyon-saint-joseph.fr

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© CREAZZ

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MON CASSE-CROÛTE

Sandwichs et Cie sans chichis On les connaissait pour le sympathique L’Escarcelle, voici Fabrice Barry et Michaël Ballay aux commandes du très actuel Café Arsène. Un bistrot-comptoir gastronomique qui fonctionne toute la journée (jusqu’à 18 h) du lundi au samedi. Boire un petit noir, croquer un jambon-beurre, partager une terrine avec un vin local ou goûter d’un clafoutis ; simple oui, avec des produits de saison travaillés astucieusement par le chef Jonathan Alvarez.   CP

© DR

CAFÉ ARSÈNE Sandwich de 5,50 à 8 € – Formules dès 12 € 5, rue du Garet, Lyon 1er Tél. 04 72 10 07 99 http://cafe-arsene.fr

MON COSTARD BCBG

Vestiaire masculin singulier « J’ai rien à me mettre ! » dixit Roméo, désemparé, face à un dressing pourtant bien rempli. À l’écho de cette phrase, une solution : se rendre chez Bonne Gueule, nouveau repère des férus de mode masculine. Non content d’y trouver des vêtements tendances, le dit Roméo peut aussi s’enquérir auprès des vendeurs qui prodiguent leurs conseils pour éviter le redouté « fashion faux-pas ».   MB BONNE GUEULE 3, Rue Henri IV, Lyon 2e Tél. 04 72 16 00 91 www.bonnegueule.fr

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le choix d’ego

la liste de mes envies DIFFICILE DE RÉSISTER AUX PETITES FOLIES AUTOMNALES. DRESSING, MAISON, BEAUTÉ… DE QUOI METTRE DES TOUCHES DE BONHEUR DANS SON SHOPPING. ÉLOÏSE GIRAULT

Le sac Love en cuir frangé est une nouveauté de la maison Saint Laurent. Sa coupe en forme de cœur et ses franges boosteront vos looks les plus simples. Chez Solis, Lyon 2e

Le géant MAC nous étonne une fois de plus avec un nouveau mascara : InstaCurl Lash. Outil pro par excellence, sa brosse incurvée personnalisable s’adapte à chaque œil. MAC, Lyon 2e

Toucher une œuvre d’art du bout des doigts est devenu possible avec le Crayon Excellence de chez Graf von Faber-Castell. La marque allemande réunit sophistication, luxe et ergonomie avec ce prolongateur de crayon et taille-crayon inclus dans le capuchon. Disponible en plaqué platine ou argent 925/1 000. En vente Aux 3 archers, Lyon 2e

Artis Brush présente Oval 10 Elite Mirror, un pinceau brosse aux 250 000 poils qui aide à appliquer le font de teint uniformément sur l'ensemble du visage et du corps. En vente sur www.artisbrush.com

L’Instax mini 90 de Fujifilm offre de nouvelles avancées d’exposition et de captation de la lumière. Doté d’un look vintage, il n’en perd pas moins sa technologie de pointe. Chez Carré Couleur, Lyon 3e

Cette puce d’oreille Idyllle Blossom en or jaune et diamant (18kt) by Louis Vuitton célèbre les fleurs du monogramme de la marque. Louis Vuitton, Lyon 3e

Version habillée, le body Madame en dentelle et georgette de soie reprend les codes chic et sexy chers à Eres. À porter sous un pantalon de smoking. Chez Tazia, Lyon 2e

Nostalgie. La collection de parfums Replica de Maison Martin Margiela s’inspire du passé. Lipstick On révèle des effluves de poudre de riz et de fard à joue : souvenir des odeurs de rouges à lèvres cultes des années 50. En vente au Printemps, Lyon 2e

Beau Vélo : pour parader à bicyclette avec classe à la rentrée,

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on s’agrippe à ces poignets en cuir camel. En vente sur www.greenfactory.fr


DEUX PLUMES EN HOMMAGE À UN COUPLE

Modèle présenté : Éditions Limitées Heritage

La prestigieuse maison allemande Graf von FaberCastell vient de sortir la collection Limited Edition Heritage. Deux stylos plumes élégants en hommage à la comtesse Ottilie et au comte Alexander, figures emblématiques de la famille et de l’entreprise.

AUX TROIS ARCHERS 90, rue Édouard Herriot, Lyon 2e Tél. 04 78 42 14 73 www.troisarchers.com

D’un côté le stylo plume Ottilie, instrument d’écriture au corps violet couleur préférée de la comtesse. Habillé d’un élégant motif gravé au laser ce stylo nous rappelle son salon des dames. De l’autre côté répond le stylo plume Alexander, laqué de vert et arborant un délicat motif guilloché gravé au diamant. Tous deux sublimés par des attributs en argent massif et une plume or bicolore 18 carats, ces pièces d’exception sont limitées à 1 898 pièces chacune, année célébrant l’union d’Ottilie et Alexander. Ce duo de stylos plumes luxueux, objets représentant l’élégance classique, rend ainsi hommage à ce couple qui a

œuvré pour le développement et le rayonnement de la maison familiale. L’univers raffiné de ces personnalités a aussi inspiré la création d’une encre bleu-violet et d’un cahier en lin violet pour y coucher de belles histoires… Sensible au savoir-faire, à l’innovation et à l’offre de qualité de Graf von Faber-Castell, la boutique spécialisée Aux Trois Archers lui est fidèle depuis longtemps. Les connaisseurs et amateurs trouveront naturellement ces remarquables nouveautés au sein de cette institution lyonnaise en matière d’écriture de luxe.


le choix d’ego

la liste de mes envies

Beril et ses manches tricolores nous replongent dans les eighties ! Au Printemps, Lyon 2e

C’est reparti ! On troque nos cabas de plage contre des sacs branchés pour reprendre du bon pied ! Notre coup de cœur de la saison ? Le sac Patti signé Barbara Bui en python noir. Chez Graphiti Femme, Lyon 2e

Trop Chou ! On craque littéralement sur les délicieux choux qui nous narguent dans la vitrine de Virginie. À déguster sucré ou salé. Trop Chou, Lyon 6e

Faut qu’j’travaille ! Pour protéger vos beaux joujoux avec élégance, nous avons déniché LA pochette d’ordinateur venue tout droit du luxe alsacien ! La maroquinerie De Laforêt mise sur du cuir de vachette foulonnée, et vous soumet 8 coloris au choix. Chez Aux 3 archers, Lyon 2e

Au retour des vacances, on chouchoute sa peau pour un teint rayonnant ! Testez le masque gommant illuminateur The Body Shop au ginseng et riz chinois. The Body Shop, Lyon 2e

Parfait pour les petits espaces, le secrétaire mural Gaston de chez Harto allie ingéniosité et design sans contrainte, pour combiner espace de rangement et surface de travail. 5 couleurs au choix. RBC, Lyon 2e

Pour pimenter ses soirées d’automne et se sentir désirable comme jamais, on opte pour la lingerie raffinée de Paladini. La dentelle fine de la marque de luxe italienne vous enveloppera d’une sensualité délicate. Chez Tazia, Lyon 2e

Entre lumière et contrastes, les bagues tout en rondeur Capri de Pomellato appellent à la douceur. En or blanc, céramique et diamants. Chez Augis, Lyon 2e

Notre tenue de la rentrée ? Cette combinaison noire ultra-fluide signée Imperial. À porter tous les jours ou en soirée… Impérial, Lyon 1er

Maje est en mode biker cette saison. Le blouson en cuir de veau

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IMPERIAL LYON 38 RUE EDOUARD HERRIOT LYON 1er +33 (0)4 78 91 02 58 /IMPERIAL LYON WWW.IMPERIAL-LYON.FR


ego en société

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Le XXI   siècle : engagé ou démissionnaire ? AUTEUR  CHARLOTTE PIDOU

PAS SI MAL

À LIRE

LE SAVIEZ-VOUS ?

46 %

Bonheur privé, action publique, d’Albert O.Hirschman

L’université Lyon 1

des moins de 30 ans se disent prêts à s’investir pour une cause. Source : Credoc 2015 « Les jeunes investis dans la vie de la Cité »

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Un classique de la sociologie politique où l’auteur explique le mouvement cyclique entre engagement public et repli vers la sphère privée.

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propose une unité d’enseignement Engagement Citoyen qui valorise l’action bénévole dans la société.


ego en société

POUR les existentialistes, l’engagement est petit service visible et accessible. « La politique ne fait plus rêver, sauf une petite frange de la l’acte par lequel l’individu assume les valeurs qu’il a choisies et donne, grâce à ce libre choix, population étudiante car c’est la période où un sens à son existence. Beau programme ! l’on se pose des questions, où l’on ressent les Mais qu’en est-il aujourd’hui ? S’engager a-t-il injustices, où l’on a du temps et envie de jouer réellement la même signification et la même un rôle. En général, cela décline une fois rentré portée qu’au siècle dernier ? Pris dans un sur le marché du travail ». Des mouvements environnement très mouvant, avons-nous peur, récents tel que Nuit Debout reflètent la volonté envie ou besoin de nous engager ? Pour Rémy d’agir de la jeune génération. Dans leur rapport Oudghiri, sociologue et directeur « Reconnaître, valoriser, encourager général adjoint de Sociovision, des jeunes » (France « Dans le pays l’engagement Stratégie), Béligh Nabli universitaire expert dans la compréhension et l’anticipation des changements de et Marie-Cécile Naves, sociologue, de Voltaire, la société : « Cette notion n’est pas énoncent que : « Beaucoup de jeunes qui disait dévalorisée ». Nous en aurions au s’affirment prêts à s’investir pour une contraire une perception positive, “Il faut cultiver cause mais que tout autant se disent mais sans franchir forcément le pas démunis pour contribuer à faire évoluer notre jardin”, la société ». Les jeunes semblent soi-même, ou alors par saut de puce. « L’engagement traditionnel tel qu’on ainsi privilégier les implications on s’emploie l’entendait, c’est-à-dire sur le long plus informelles, ponctuelles ou terme, engendrant des conséquences spontanées, soulignant une tendance à agir sur l’avenir, a beaucoup moins de sens à l’engagement pratico-pratique. Ils localement, aujourd’hui, expose le sociologue. inventent de nouveaux dispositifs Nous vivons dans une époque où d’expression collective, surtout via sans trop la plupart des gens ont du mal à se les réseaux sociaux. La question de contraintes, du virtuel est ainsi centrale dans projeter, en particulier les jeunes. Cette incertitude bloque les vocations, les rapport au monde actuel. pour améliorer notre intentions. Pourquoi m’engager de Le XXIe siècle est entré dans l’ère les choses. » façon durable puisque tout aura bientôt d’internet, autrement dit le règne changé ? La jeunesse est un peu perdue, de l’instantané, du buzz… « Ce qui ne sait pas vers qui ou quoi mettre à profit ses est antinomique avec l’engagement », relève bonnes intentions. Mais ce n’est pas pessimiste… Rémy Oudghiri. Il a aussi favorisé la naissance Nous sommes dorénavant habitués à vivre à court de nouvelles formes d’implications, via le terme et les gens ont envie d’agir, mais près de financement participatif, les blogs citoyens chez eux, de façon ponctuelle, peu contraignante ou les plateformes de pétitions. Encore une et surtout, d’en mesurer les résultats concrets fois, une façon accessible et à portée limitée rapidement ». de faire une bonne action. LE PREMIER DOMAINE À PÂTIR D’UN DÉSINTÉRÊT FORT

Dans son livre Bonheur privé, action publique, Albert O. Hirschman expose quant à lui que les cycles que l’on vit vont de l’envie de s’engager au repli sur la sphère privée puis de nouveau vers un besoin d’ouverture, et ainsi de suite. Selon Rémy Oudghiri : « Nous sommes actuellement dans un cycle privé durable. L’enjeu consiste donc à définir l’engagement dans cette civilisation-là ».

EST SANS CONTESTE CELUI DE LA POLITIQUE

Les partis ont du mal à recruter, la plupart des gens se disent que l’engagement politique ne sert à rien. Par ses études et son observatoire, Sociovision constate une méfiance générale pour les grandes institutions et tout ce qui est lointain, mais une préférence pour le local, le

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le choix d’ego

“Le succès du film Demain est un bon exemple de la tendance des initiatives concrètes, des solutions pratiques qui éclosent un peu partout.”

QUI DIT PRIVÉ, DIT CERCLE FAMILIAL ET AMICAL ; LA FAMILLE RESTANT AUJOURD’HUI LA VALEUR SÛRE, LE RÊVE, L’ASPIRATION, TOUTES GÉNÉRATIONS CONFONDUES

« Car elle permet d’inventer sa propre vie et donne le sentiment d’accomplir quelque chose ». Autre valeur importante : le travail. Faut-il s’y investir ? Oui, si l’on y croît ou si l’on est passionné et reconnu. Chacun cherche donc sa voie et s’accommode des paradoxes régissant nos comportements : la volonté de faire des choses au service des autres et avec les autres, chahutée par la prévalence de l’identité individuelle. D’autant que la notion de sacrifices a périclité puisque ceux-ci n’aboutissent pas forcément à un monde meilleur. Vivant dans « une époque de profusion qui anesthésie les meilleures volontés, nous sommes plus spectateurs qu’acteurs », estime le sociologue. La consommation est dès lors devenue une façon de s’engager : choisir des produits bio, être vigilant pour sa santé, respecter l’environnement… Ce qui touche à la qualité de vie mobilise. « Trois tendances émergent : opter pour une économie plus respectueuse, choisir le circuit d’occasion en contestant le neuf érigé comme Graal et participer à l’économie collaborative. Ces choix conscients ont du sens pour ceux qui les font ». Derrière ces actes, les motivations sont diverses et les profils concernés se retrouvent en majorité dans les tranches CSP+, des étudiants ou des seniors. Autre mouvement qui s’affirme, si l’engagement était autrefois incarné par les jeunes, il est aujourd’hui investi par les seniors qui se lancent avec plein d’entrain dans l’associatif ou l’humanitaire, désireux de se rendre utiles et de jouer un rôle social. Pour le sociologue : « le contexte actuel réinstaure la citoyenneté en tête des valeurs de notre société ». Cela implique, à l’heure où règne l’individu impatient, versatile mais déployant de plus en plus de capacités de résilience, à réapprendre à porter et à s’approprier son costume de citoyen. Même si l’on est plus à l’aise avec les engagements balisés que les combats en friche, la démission n’est pas la voie qui se dessine. Et le fameux : « Engagez-vous qu’ils disaient » pourrait ne plus sonner comme une rengaine désabusée mais soulever un regain d’intérêt.  

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VAUTIER B E N J A M I N ego à nu

PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE  PHOTO EVA VAUTIER

LETTRES BLANCHES SUR FOND NOIR SONT SA SIGNATURE, SON ŒUVRE. DES SLOGANS MANUSCRITS QUI NE MÂCHENT PAS LEURS MOTS. CES ÉCRITURES IMPERTINENTES REVIENNENT, BIEN QU’ELLES N’AIENT JAMAIS VRAIMENT QUITTÉ LA SCÈNE DEPUIS 60 ANS, AU MAC DE MONTÉLIMAR JUSQU’À LA FIN DE L’ANNÉE. DES DÉCENNIES APRÈS SES DÉBUTS, BEN NE PERD PAS UNE MIETTE DE SON MORDANT ET DE SA DÉTERMINATION.

Vous exposez en ce moment au musée d’art contemporain Saint-Martin à Montélimar, que cherchez-vous à faire passer à travers cette exposition Je suis ce que je suis ? BENJAMIN VAUTIER  En plus du Nougat, Montélimar est un territoire occitan. Défenseur des cultures minoritaires, j’ai consacré un tiers de mes tableaux à la langue occitane. Pour rédiger le texte d’introduction, je me suis dit, soyons sincères, et j’ai listé ce non-stop de tout ce que je suis dans un poème.

Et alors, qui est Ben aujourd’hui ?

BENJAMIN VAUTIER  Le Ben d’aujourd’hui est double : une partie que je n’aime pas, un affreux personnage, égoïste, malotru avec sa femme, qui ne fait que se répéter et aurait voulu être un autre, qui ne pense qu’à lui quand il essaye de penser aux autres et qui se demande « qu’est-ce que j’ai fait » en se levant le matin. Et l’autre Ben, arrivé à 18 h au bistrot, raconte les conneries de sa journée et s’intéresse à tout. Mais le Ben que je n’aime pas gagne du terrain.

Vous êtes né à Naples et avez passé vos cinq premières années là-bas : que retenez-vous de cette période ?

BENJAMIN VAUTIER On ne se rappelle pas à cet âge. C’est du « on m’a dit que », mais c’est une fausse mémoire… On me montre des photos, en vérité je ne me souviens de rien. Je suis retourné à Naples il y a 10 ans, je n’ai même pas su reconnaître où j’habitais. Par contre, les anecdotes de ma mère me houspillant sont ancrées dans ma mémoire.

D’où vous vient cette passion pour l’écriture ?

BENJAMIN VAUTIER Ce n’est pas une passion, mais une envie de communiquer depuis mes 14 ans, de dire les choses, d’écrire. Communiquer avec le moins de mots possible. C’est une question de style : Apollinaire est concis en écrivant ses poèmes à Lou, quand Mallarmé part dans les méandres de l’écriture avec des symboles et jeux de mots que je n’arrive pas à comprendre. C’est peut-être ma bêtise qui décide que j’écrive en peu de mots.

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ego à nu

Tout le monde devrait écrire ?

BENJAMIN VAUTIER En art contemporain, on est passé par les formes, l’abstraction, l’impressionnisme… et en fin de compte, aujourd’hui, c’est plus simple avec des mots. J’ai un petit côté ego : Ben, tu es quand même arrivé avant les autres avec tes écritures dans les années 1950… Avant moi, il y a eu quelques dadaïstes, Picabia, mais pas sous la même forme. Moi, je cherche à dire la vérité, objective et subjective, puis à quantifier. Je suis ce genre de quantificateur.

Quel regard avez-vous apporté à l’art ?

BENJAMIN VAUTIER Rien. Et Caravage n’a rien apporté, l’art n’apporte rien. Le nouveau pour le nouveau est vieux comme le monde. Les artistes existent pour survivre. Cette nécessité d’exister explique qu’on soit en compétition, donc qu’on crée l’innovation. Et je crains que ça soit aussi la matière première des guerres. Je suis devenu plus pessimiste. L’humanité, c’est toujours la même chose. Je croyais au bien et au mal. En fin de compte, le monde est un engrenage d’ego. Si l’on est darwinien, on est fasciné par la transformation des espèces humaines. Mais je me demande si les plantes se posent des questions. Dans tout ce qui est vivant, un éléphant, un poisson, une bactérie, il y a un désir de survie, et donc de l’ego. Ceci dit, le galet de la plage de Nice n’a pas d’ego. Quand le moi-je du cerveau de l’homme se pose des questions sur le début de l’humanité, si l’art existe, qui suis-je, c’est de l’ego. Aujourd’hui, je regarde les nouvelles autrement qu’il a 10 ans où je voyais des salauds et des bons. Non, ce sont tous des gens qui veulent survivre. Dans l’art contemporain aussi. On est dans un monde de rapport de forces, d’argent, de gloire et de pouvoir. « This is not art, this is money » : j’ai repris cette phrase dans un tableau, elle me plaît !

Et vous, avez-vous trouvé votre ego au fil de toutes ces années ?

BENJAMIN VAUTIER Je n’ai pas trouvé mon ego, vous savez que je n’ai pas de succès avec les femmes. La mienne me dit que je suis un vieux con égoïste, mais je crois que c’est elle qui a tort. Quand j’ai commencé à travailler dans mon magasin de disques d’occasion à fin des années 50, les gens sont venus pour mon originalité.

Comment se porte la culture aujourd’hui ? Et la vôtre ?

BENJAMIN VAUTIER C’est une mayonnaise culturelle. Il n’existe pas une petite agglomération de plus de 5 000 habitants en France qui n’a pas son gargarisme culturel. On va faire de la culture et là, on est tranquille. Ils n’osent pas ouvrir un bordel et ne touchent pas à la sexualité, mais à la culture, oui ! C’est ce qu’on appelle le bourrage de crâne culturel. Moi, je suis un mineur. Quand j'expose, c’est comme si je descendais à la mine. Il faut aller au charbon, pour exister, pour la gloire, sinon on va mourir d’ennui.

« Pisser contre un mur et signer le mur », « écraser des points noirs », « vomir », … Qu’est-ce que vous avez éprouvé en réalisant vos performances ?

BENJAMIN VAUTIER C’est le plaisir de dire quelque chose de simple. Et aussi l’envie de me faire regarder, de me faire voir, de pouvoir draguer les filles, on ne sait jamais : elles trouvent que c’est pas mal, on discute et… Mais ça ne se passe jamais bien avec les femmes.

Avec quoi pensez-vous avoir le plus choqué ?

BENJAMIN VAUTIER Je cherche toujours le choc à un moment : personne n’a craché, je vais cracher. Il y a eu débat à l’époque, mais je n’ai pas été pris au sérieux, je ne pense pas avoir choqué. Alors je suppose que je n’étais pas nouveau. Duchamp avec son urinoir avait choqué, lui. En ce sens, je ne suis qu’un variateur de Duchamp et John Cage.

a Né à Naples en 1935 De nationalité suisse et française, de mère irlandaise et occitane, et de père suisse francophone, petit-fils de l’artiste peintre Louis Benjamin Vautier Vit à Nice où sa famille s’est installée en 1949 Marié depuis 1964, père de deux enfants

Est-ce que tout ça à un sens ?

BENJAMIN VAUTIER Ça a plu aux jeunes à un moment donné. Ils ont trouvé quelqu’un qui les sortait de la vieille chanson : la peinture doit être des marguerites bien peintes. Ça les a amenés ailleurs que dans la représentation de l’objet, c’est plus drôle.

Pensez-vous avoir été provocateur ?

BENJAMIN VAUTIER Le problème est plus compliqué que ça. Je ne suis pas provocateur en art, mais quand je parle d’ethnies et de peuples, j’énerve davantage les gens. « L’espace entre mes doigts de pieds est une œuvre d’art » n’a pas choqué. Mais de dire qu’il faut rendre le basque obligatoire au Pays Basque, oui. Ils disent que Jules Ferry et l’Abbé Grégoire ne l’auraient pas admis.

Qu’est-ce que vous souhaiteriez accomplir de plus ?

Adhérent au mouvement Fluxus en 1960, proche du Lettrisme

BENJAMIN VAUTIER Je sens la vieillesse venir, je commence à perdre la mémoire, mais reste extrêmement créatif. Au bistrot, après le pastis, je suis capable d’avoir beaucoup d’idées, mais je trouve que les autres ne m’écoutent pas, qu’ils pensent que je déconne encore. Enfin, quand je vois ce que j’ai envie de faire, je me rends compte que ce sont des petites idées réchauffées.

Porteur du projet La Fondation du Doute depuis 2013 à Blois

Dans « La vie ne s’arrête jamais », vous vous êtes noté : ambitieux 3/10.

Début des signatures en 1958

Une phrase qu’il aime citer : « Tout est ego. »

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BENJAMIN VAUTIER Admettons, je rectifie ma note : 4,5/10. Si vraiment vous êtes ambitieux, que vous vous prenez pour Lagardère et que vous luttez, vous réussissez. Pour réussir, il suffit de doubler la mise, acheter-vendre… sans fin. Il me manque cette ambition-là. J’avais celle d’être philosophe et de trouver la vérité, mais il n’y a pas de vérité.  

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tendance mode  36 INTEMPORELS REMIXÉS HAUT EN COULEURS

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k des hauts et des bas  42 ENVOLÉES LYRIQUES LA TÊTE DANS LES NUAGES

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AUTEUR  CHARLOTTE AGIER

INTEMPORELS REMIXÉS HAUT EN COULEURS

tendance mode

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PRUDENTES OU AUDACIEUSES, LES TENDA NCES DES DÉFILÉS DE LA FASHION W EEK AUTOMNE-HIV ER 20162017 R A FR A ÎCHISSENT LES BASIQUES M ASCULINS. UN COUP DE FOUET QUI N’ENLÈV E R IEN À L’ÉLÉGA NCE DE CES PIÈCES PA R FA ITES POUR STRUCTUR ER U NE SILHOUETTE ET DONNER DE L’A LLUR E. M ESSIEUR S, INSPIR EZ-VOUS DE CES INTEMPOR ELS TOUR À TOUR SOBR ES OU EXCENTR IQUES, ROCK OU BOH ÈM E ET AUTOUR DESQUELS VOLE U N A IR DE DÉJÀ-V U R ASSUR A NT. SI VOUS AV EZ CONSERV É VOTR E GA R DE-ROBE DES A NNÉES 70, R ECYCLEZ-L A !


Sans forcément adopter les mitaines et le vernis à ongles noir, inspirez-vous de ce blazer gris à petites fleurs blanches. Le total look est peut-être un peu trop osé, mais une simple veste imprimée (avec la rose sur le cœur en bonus) associée à un jean ou à un pantalon de costume Dior Homme fera un bel effet cet automne.

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CAMAÏEU

© JACQUES HABBAH POUR AGNÈS B.

DE VELOURS

Camaïeu cette silhouette Agnès b. toute bleutée. Rien ne dépasse, tout va ensemble. Le ton sur ton azur du blazer et du col roulé sauve de l’ennui par sa teinte vibrante. En option, le pantalon en velours côtelé revenu d’entre les morts de la mode.

© SAINT LAURENT

GRUNGE ROMANTIQUE

© DIOR HOMME

Classique ce blazer Acne Studios. Un coloris sombre parfait pour le quotidien. Mais le diable se cache toujours dans les détails : cette bordure contrastée sur l’encolure apporte la touche tendance à une belle pièce conventionnelle.

BLAZER PAS BLASÉ

CLASSIQUE

© ACNE STUDIOS

tendance mode

Longtemps démodé, un peu oublié, le velours confirme son grand retour. Dans un style glam rock baroque chez Saint-Laurent, pour une silhouette de dandy résolument chic.

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Gentleman ce look Agnès b. avec une pointe d’esprit british. Un chapeau melon, une cravate en cuir, un pantalon et des chaussures de ville : une élégance traditionnelle impeccable et impertinente grâce à ce bomber imprimé pied-de-poule.

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ROCK BOHÈME

© SAINT LAURENT

© JACQUES HABBAH POUR AGNÈS B.

GENTLEMAN

BOMBER À RETARDEMENT

tendance mode

Rock bohème avec ce modèle Saint-Laurent. Brodée de sequins et de fleurs, cette pièce flamboyante s’assume avec un jean slim, des lunettes de soleil et des bottines léopard. Pour des faux airs de Mick Jagger.

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tendance mode

PYJAMA DE JOUR

© DR

Cachemire cette chemise Paul Smith inspirée des imprimés baba cool des années 70. Fluide pour un confort optimal et une allure nonchalante étudiée. À associer avec un costume neutre pour un look décontracté insouciant.

CHEMISE SEVENTIES

© PAUL SMITH CHEMISE 1 © PAUL SMITH.JPG

CACHEMIRE

Sans aller jusqu’à porter vos pyjamas dehors, prenez exemple sur cette silhouette relax et kitsch : une chemise en soie Roberto Cavalli à bordure contrastée et à l’imprimé japonisant suffira à twister une tenue triste.

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ENVOLÉES LYRIQUES LA TÊTE DANS LES NUAGES PHOTOGRAPHES  DIDIER MICHALET ET KAREN FIRDMANN, DMKF STYLISME  CASSANDRE JACQUIN MAKE UP & COIFFURE  AUDREY EBEYER, AURÉA JEANNEAU   ET LAURA VINSON CHORÉGRAPHE INTERVENANT  HARRY ALBERT (COMPAGNIE HARRY ALBERT) MODÈLES PHOTOS, DANSEUSES ET DANSEURS  ALEXIA LEVEL, LÉA POINTELIN, SARA GIMENEZ (AGENCE VIP), HARRY ALBERT, CASSANDRE JACQUIN, AUDREY EBEYER REMERCIEMENTS AU STUDIO ERICK SAILLET, PHOTOS RÉALISÉES SUR SON PARTERRE DE VERRE ET CARRÉ COULEUR

UN JEU DE SCÈNE SPECTACULAIRE, UN UNIVERS SURRÉALISTE, UNE PLONGÉE DANS LES RÊVES DE BOTTICELLI, DALÍ ET MICHEL-ANGE : LES YEUX LEVÉS AU CIEL, ON OSCILLE ENTRE PARADIS DE L’ABSURDE ET DIVIN ÉROTIQUE. LES CORPS SE MEUVENT DANS DES TENUES SOUPLES AUX PLISSÉS ÉNIGMATIQUES. LE BLANC INGÉNU SE MARIE AU ROUGE THÉÂTRAL, LES DÉESSES DE LA RENAISSANCE REVÊTENT LEUR CAPE DE SUPER-HÉROS ET NOUS INVITENT À REJOINDRE LEUR DANSE MYSTIQUE.


EN HAUT  Top plissé Issey Miyake chez Solis. Culotte en cuir Juliet Grelot (Esmod Lyon) EN BAS À GAUCHE  Top plissé et short en crêpe Juliet Grelot (Esmod Lyon). Manteau Plein Sud EN BAS À DROITE  Top plissé et short en crêpe Juliet Grelot (Esmod Lyon). Veste Plein Sud EN HAUT À DROITE Blouse Plein Sud. Short Solène Le Calvé (Esmod Lyon)


Top plissÊ et short en cuir Juliet Grelot (Esmod Lyon). Mitaines en cuir Plein sud. Étole Issey Miyake chez Solis


Top, pantalon et bandeau Juliet Grelot (Esmod Lyon)


Manteau et ĂŠtole Issey Miyake chez Solis. Collier Plein Sud


Manteau Issey Miyake chez Solis


Collection de Juliet Grelot (Esmod Lyon)


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échappée belle  50 LE LESOTHO, TRÉSOR D’AFRIQUE

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autour de nous  56 IN VINO VERITAS, BORDEAUX

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Le Lesotho, trésor d’Afrique AUTEUR  VINCENT FEUILLET

Le Lesotho est entièrement situé à plus de 1 000 mètres d'altitude

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échappée belle

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SURNOMMÉ LE ROYAUME DU CIEL, CE PETIT PAYS ENCLAVÉ DANS L’AFRIQUE DU SUD EST PEU CONNU DES TOURISTES. PERCHÉE À PLUS DE 1 300 MÈTRES D’ALTITUDE EN MOYENNE, CETTE ANCIENNE COLONIE BRITANNIQUE NE S’OFFRE PAS FACILEMENT AUX TOURISTES. ELLE MÉRITE NÉANMOINS LE DÉTOUR POUR LES AMOUREUX DES GRANDS ESPACES, DE NATURE, DE BALADES ÉQUESTRES OU DE LONGUES RANDONNÉES. VOICI HUIT RAISONS POUR S’ENGAGER !

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Pays de grands espaces, aux paysages rares, d’une grande richesse culturelle… le Lesotho – anciennement Basutoland – présente la particularité d’être entièrement situé à plus de 1 000 mètres d’altitude, constituant ainsi une impressionnante forteresse naturelle. Ce territoire, terre des ethnies sotho, zoulou et xhosa, reste une « terra incognita » pour bien des voyageurs : seulement 400 000 touristes s’y aventurent chaque année, des Sud-Africains pour la plupart. Sans doute à cause de son histoire parsemée de guerres, de coups d’État et autres tentatives d’assassinat. Pourtant, au sein de cette ancienne colonie britannique, qui a acquis son indépendance en 1966, les troubles politiques se sont apaisés depuis 1998. Ou peut-être par son absence de plage paradisiaque et d’hôtels quatre étoiles. Pourtant, avec ses sierras qui s’étalent à perte de vue, ses troupeaux qui paissent dans de hauts pâturages et ses fiers cow-boys qui galopent drapés dans d’épaisses couvertures, l’ancienne colonie britannique est la belle surprise de l’Afrique et se laisse apprécier par les férus de découvertes, de randonnées et d’inconnu.


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Les chutes du Maletsunyane

1 — S’éclater dans une descente vertigineuse Accessibles à cheval depuis la ville de Semonkong (le lieu qui fume), les chutes du Maletsunyane font partie des sept merveilles d’Afrique. Hautes de 204 mètres, elles se descendent en rappel le matin pour éviter les orages estivaux. C’est même le plus long rappel commercial au monde accessible au plus grand nombre, aussi bien aux débutants qu’aux pros. Grande attraction touristique, les chutes de Maletsunyane valent aussi le détour en hiver où elles sont complètement glacées.

Le Sehlabathebe National Park

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À l’Est du pays, perdu au milieu de nulle part, le Sehlabathebe National renferme une nature sauvage, brute, préservée et, pour ne rien gâcher, absolument somptueuse. Ses chaînes montagneuses semblent grignoter les cieux, tandis qu’une lumière d’un rose orangé enveloppe les pics rocheux et les vallées verdoyantes. Ses prairies, ses fleurs sauvages et son calme absolu forment un environnement feutré, isolé de tout où vivent de nombreuses espèces d’oiseaux et le péléa (petite antilope). La randonnée à pied ou à cheval constitue le meilleur moyen d’explorer ce parc naturel. On pêche aussi à la mouche dans ses nombreux lacs et rivières.

Le Malealea Lodge

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2 — S’isoler au Sehlabathebe National Park

3 — Dormir au Malealea Lodge Bienvenue aux portes du paradis annonce un petit panneau à l’entrée de Malealea. Ce village isolé possède un double trésor : des montagnes d’une beauté rare et son lodge installé à l’orée de la forêt dans un ancien comptoir. Cet hôtel aux huttes confortables propose un tourisme équitable grâce à un système simple : les activités sont organisées par les habitants et une part de leurs recettes sert à soutenir des projets locaux comme la construction d’écoles, d’un centre d’artisanat… Tous les soirs au Malealea Lodge vers 17 heures, deux groupes de musique locaux (un de chants polyphoniques religieux, l’autre plus instrumental et traditionnel Sotho), en général les jeunes du village, viennent donner un petit concert.

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4 — A ller sur les traces de Jurassic park

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Traces visibles de dinosaures

Les dinosaures ont vécu au Lesotho comme le prouvent les traces les plus visibles et les mieux conservées de tout le continent africain et peut-être même du monde. À proximité des villages de Quting et de Leribe, ces moulages naturels d’au moins trois espèces différentes sont imprimés dans l’argile aujourd’hui solidifiée, immortalisant ces antiques animaux aux quatre doigts. Autre témoignage de la préhistoire, les peintures rupestres. Réalisées par le peuple San durant 400 ans, elles sont conservées dans la ville Teya Teyaneng.

Les hautes terre du Nord

5 — Partir pour une randonnée équestre dans les hautes terres Constitué de montagnes, le Lesotho offre un territoire dont le point le plus bas est à plus de mille mètres, et ses paysages sont totalement sculptés par ce relief accidenté : cascades, lacs transparents, pentes verdoyantes… Pour goûter à cette nature sauvage, notamment dans les hautes terres du Nord et du Centre : la randonnée équestre à dos de cheval basotho, race résultant du croisement de petits chevaux javanais et de vigoureuses montures européennes, est recommandée.

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Le parc national Ts'ehlanyane

6 — En prendre plein la vue au parc national de Ts’ehlanyane Situé au pied du col Holomo, entre 1 950 et 3 100 m d’altitude, le parc national de Ts’ehlanyane s’étend sur 5 000 hectares. En son centre, une forêt préservée au cœur du parc dont des arbres endémiques appelés Chi-chi, une bambouseraie ancestrale qui a une importance capitale dans la culture sotho et qui héberge des papillons très rares, mais aussi une végétation de fynbos des montagnes uniques au monde, pour sa biodiversité exceptionnelle. Ici vivent des félins adaptés à l’altitude : chats sauvages, chacals, caracals.

7 — Admirer les prouesses technologiques de Katse Dam

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Le barrage de Katse Dam

Achevé en 1997, l’imposant barrage de Katse Dam est le plus grand d’Afrique. Perdu dans la nature, cet ouvrage retient 1 950 millions m3 d’eau destinés au Gauteng, la province la plus peuplée d’Afrique du Sud, et brassent 6 000 m3 d’eau /20 h par jour. L’édifice est majestueux, très impressionnant et la visite est immanquable. Cette barrière forme un lac de haute altitude de 35,8 km2 qui se faufile en zigzag tel un fjord à travers ces montagnes abruptes. Les environs raviront ceux que le barrage en lui-même laisse indifférent. Visite guidée du lundi au vendredi à 9 h et 14 h, les week-ends à 9 h et 11 h.

8 — Boire un verre dans le plus haut pub d’Afrique Col escarpé le plus haut d’Afrique australe, le Sani Pass est perché entre les highlands du Lesotho et les montagnes du Drakensberg d’Afrique du sud. On s’émerveille devant une vue incroyable sur l’Afrique du Sud et on entrevoit côté Lesotho les montagnes avec bergers à cheval dans leurs jolies capes et moutons par milliers. Unique construction à des kilomètres à la ronde, le Sani mountain lodge offre un large choix de bières et de thés.  

a ALLER AU LESOTHO Il n’existe pas de vol direct entre la France et le Lesotho. Depuis Lyon, la compagnie Emirats propose un vol direct jusqu’à Johannesburg. Puis, correspondance pour Maseru, la capitale, du Lesotho (1 h 30 de vol) avec la compagnie South African airways. Mais la meilleure option reste de louer une voiture en Afrique du Sud et de faire ensuite les 350 kilomètres d’autoroute qui séparent Johannesburg de Maseru. Occasion rêvée de sillonner le « veld » (la brousse sud-africaine) et de guetter l’apparition de suricates…

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autour de nous

In vino veritas, Bordeaux AUTEUR  NADINE FAGEOL

ICI LES ANGLAIS ENVOYAIENT LEURS BATEAUX À LA CONQUÊTE DES MEILLEURS VINS. AUJOURD’HUI, LA VILLE AU BORD DE L’EAU CONSOLIDE SA CULTURE POUR LE LIQUIDE MAGIQUE. ESCAPADE AUTOMNALE.

Vue extérieure de l'hôtel Saint-James

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© JÉRÔME MONDIÈRE

autour de nous

L'hôtel Saint-James

D’aucuns la surnomment totem et d’autres, carafe ; la nouvelle Cité du vin dresse ses courbes audacieuses telle une proue sacrément dodue entrelacée dans une autre courbe, celle de la Garonne, juste à l’entrée des Bassins à flot, nouvel écoquartier de 160 hectares. Ce bâtiment phare est l’aboutissement d’un chantier monstre qui a vu la requalification intégrale des immenses berges de la ville. À l’instar de Lyon, Bordeaux la bourgeoise se réveille pour signifier ses atours contemporains. La joyeuseté du vin, élément liquide tournoyant dans le verre, se traduit ici par des jeux de lumière instinctifs issus de la réverbération entre la rivière, le bâtiment et le soleil. L’architecture débonnaire de la cité a été étudiée conjointement par l’agence XTU et l’agence Casson Mann pour la scénographie, misant sur le numérique et l’interactif jusqu’à un innovant audio casque sans casque. Parfait : l’accès gratuit au rez-de-chaussée et à une partie du premier étage en guise d’avant-goût. Pour la partie payante : un parcours en 19 étapes relatant l’odyssée du vin, de la sculpture des paysages à l’embarquement sur un bateau marchand en passant par la culture de Bacchus et Vénus au banquet des illustres amateurs de divins flacons. Au 8e étage, sous un hallucinant lustre de bouteilles, on découvre la cité girondine depuis le belvédère avec en main, un grand cru du monde (aux meilleurs des jus de raisin pour les enfants). Salon de lecture, amphi, restaurant, boutique et ateliers singuliers, cette cité est généreuse. Elle propose cet automne rencontres avec des artistes, chefs, historiens ou scientifiques lors de master class inédites.

© JÉRÔME MONDIÈRE

Manger avec Gagnaire Du changement à La Grande Maison**, Bernard Magrez, influent propriétaire, n’a rien trouvé de mieux que de remplacer Joël Robuchon par Pierre Gagnaire et son double, à ses côtés depuis onze ans. Point de plat signature, le chef Jean-Denis le Bras a pris la main après quelques travaux opérés à la fin des vendanges pour mitonner une histoire terre-mer dans l’unique restaurant proposant les 160 crus bordelais tout en cultivant des prix raisonnables dans un esprit Gagnaire sincère et intègre.

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Dormir au Saint-James À 20 minutes de l’aéroport, un Relais et Châteaux pour le moins étonnant ! En 1989, Jean Nouvel incorpore une longère du XVIIIe dans un cocon de modernité sur le « balcon de Bordeaux », à Bouliac. Quinze chambres, trois suites, d’anciens greniers à tabac, quatre pavillons reliés par une galerie. Des produits Hermès, une Harley dans la suite éponyme, une table gastronomique de premier ordre tenue par l’enfant du pays, Nicolas Magie l’étoilé, mais encore l’Espérance, café promettant buffets d’entrées et de desserts à volonté… Dans ce lieu de vie pousse aussi le Jardin, minuscule vignoble de 950 pieds de merlot géré par le meilleur sommelier de France 1997. Expérience initiatique des vendanges jusqu’au chai, plongeon dans le bassin chauffé et verre dans le bar amateur de mobilier design accueillant quatre expositions annuelles… il y a toujours quelque chose à faire au Saint-James.  

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a LA CITÉ DU VIN www.laciteduvin.com GAGNAIRE www.lagrandemaison-bordeaux.com SAINT-JAMES www.relaischateaux.com/fr/france/ stjames-gironde-bouliac www.saintjames-bouliac.com



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un chef au piano  60 THIERRY MARX

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à mets et vins  64 VINS NATURELS : GORGÉS DE TERROIR

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un chef au piano

Thierry

MARX — Chef positif

AUTEUR  CHARLOTTE PIDOU PHOTO  SABINE SERRAD

THIERRY MARX FAIT PARTIE DES CHEFS LES PLUS ATYPIQUES DU PAYSAGE GASTRONOMIQUE FRANÇAIS. DOUBLEMENT ÉTOILÉ, IL OUVRIRA L’ANNÉE PROCHAINE UNE BRASSERIE AU SEIN DE L’HÔPITAL ÉDOUARD HERRIOT. CE R ESTAURANT SERA AUTANT UN LIEU DE PLAISIRS GUSTATIFS QUE DE LIEN SOCIAL.

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a MANDARIN ORIENTAL 251, rue Saint-Honoré 75001 Paris www.thierrymarx.com

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vénement dans la capitale mondiale de la gastronomie, le chef doublement étoilé Thierry Marx a choisi un lieu pour le moins surprenant pour s'installer à Lyon. L'hôpital Édouard Herriot accueillera au printemps prochain La villa, un établissement bistronomique de 240 m 2 ouvert sur l’extérieur place d'Arsonval et près d’une centaine de couverts. « À la carte, une cuisine très simple, populaire avec des plats plaisirs, bien-être et préparés avec les produits du marché… ainsi que des menus en rapport avec le patrimoine culinaire lyonnais. Attention, cuisine populaire ne signifie pas cuisine médiocre… promet le chef du Mandarin oriental à Paris. Je ne viens pas faire la cuisine pour des patients ou des gens qui suivent un régime alimentaire strict. Ceux-là resteront malheureusement dans leur chambre. Je veux proposer une offre de restauration pour ceux qui viennent rendre visite à des patients et aux malades eux-mêmes ». Dédier un espace à la bonne chère dans un univers généralement austère, un projet qui caractérise le personnage, déjà réputé pour avoir innové dans la cuisine moléculaire. Audacieux et curieux de tout, Thierry Marx aime prendre

le contre-pied, être là où personne ne l’attend. « Je ne suis pas médecin. Je ne veux pas intervenir sur les patients. En revanche, je souhaite créer des endroits de vie, du lien social, dans un centre pénitencier, un quai de gare comme sur un site hospitalier. Je suis persuadé que la cuisine peut changer le monde. C’est un moteur d’intégration ». Un quart du personnel de cette future villa sera issu de l’école Cuisine mode d’emploi(s) créée par l’ancien jury Top Chef. « J’ai mis en place une formation de commis de cuisine pour des publics en reconversion, éloignés de l’emploi et qui ont des parcours de vie empiriques, explique ce féru de judo, de tai-chi et de jujitsu. En douze semaines et gratuitement, j'inculque les bases : quatrevingts gestes à apprendre, autant de fiches techniques, par exemple savoir émincer des oignons, reconnaître les ingrédients, maîtriser quatre cuissons pour les viandes et les poissons, quatre desserts. Mes jeunes sont opérationnels immédiatement et très demandés ». En parallèle, Thierry Marx intervient en milieu carcéral pour transmettre son savoir-faire, notamment dans la prison de Poissy auprès des détenus désireux d’obtenir un bac professionnel Restauration. 60

Ce besoin de transmission est né de son expérience, de son parcours semé d’embûches durant lequel il n’a bénéficié d’aucun passe-droit. Fils de parents immigrés polonais, Thierry Marx a grandi dans une cité HLM de la banlieue parisienne. « Une enfance de petit dur » sauvé par son apprentissage chez les Compagnons du Devoir où il obtient un CAP de pâtissier, chocolatier et glacier. Il s'engage ensuite dans l'armée comme parachutiste dans l'infanterie de marine. Il se retrouve Casque bleu, en 1980 durant la guerre du Liban. De retour en France, il est vigile, transporteur de fonds, manutentionnaire, puis se remet finalement à la cuisine. De ces multiples expériences, il n’en conserve que le positif : « La vie frappe parfois fort, mais si vous vous laissez contraindre, elle va vous faire marcher à genoux. Comme disait mon grand-père, il n’y a que la mort qui est irréversible. Quand on est positif, on avance, on développe un autre regard et on apprend à saisir les opportunités. C’est être dans la vérité avec soi-même, s’engager pour ce que l’on croit juste, faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait ».  



un chef au piano

Daurade à la japonaise, signée Thierry Marx INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES

PRÉPARATION

–  4 filets de daurade royale levés en papillon –  1 oignon –  1 c. à c. d’huile de sésame –  10 cl de sauce teriyaki (sauce soja douce) + 1 c. à s. pour la daurade –  Le jus de 1 citron vert –  10 g de gingembre frais –  2 gros navets ronds –  1 citron confit –  50 g de beurre –  10 g de miel d’acacia –  10 g de beurre clarifié –  5 g de Maïzena® –  Le zeste de 1 citron jaune –  1 navet daïkon – Sel – Poivre

•  Épluchez l’oignon et ciselez-le. •  Dans une poêle, faites-le revenir avec l’huile de sésame pendant 2-3 min. •  Réservez. •  Placez l’oignon dans un bol, ajoutez 10 cl de sauce soja et laissez mariner 4 h au réfrigérateur. •  Mettez les filets de daurade dans un plat, ajoutez la sauce teriyaki et le jus de citron vert. •  Laissez mariner pendant 2 h au réfrigérateur. •  Épluchez le gingembre et hachez-le.

•  Mixez la préparation pendant 5 min, puis passez la purée au chinois étamine. Si vous ne trouvez pas de daurade royale, vous pouvez la remplacer par de la daurade grise, à la chair moins ferme, mais tout aussi délicate. •  Filtrez le jus et rectifiez l’assaisonnement. •  Réservez le poisson au chaud.

•  Faites-les blanchir à l’eau bouillante pendant quelques secondes, puis séchez-les dans un linge. •  Réalisez des cercles à l’aide d’un emporte-pièce de 5 cm de diamètre. •  Disposez un peu de purée de navet au centre de la moitié des disques de navet. •  Mélangez le beurre clarifié et la Maïzena®, puis badigeonnez de ce mélange les bords des disques de navet. •  Couvrez-les des autres lamelles de navet pour former les ravioles.

DRESSAGE •  Déposez 3 ravioles par assiette. •  Taillez le zeste de citron jaune en fine julienne et parsemez-en les ravioles. •  Ajoutez un trait d’oignon confit. •  Déposez les daurades et versez un peu de sauce. •  Épluchez et taillez le navet long en fine julienne. •  Déposez cette julienne sur la daurade. •  Servez. •  Vous pouvez faire tremper la julienne de navet long 30 min dans de l’eau froide afin d’en atténuer l’odeur.

•  À l’aide d’une mandoline, taillez l’autre navet rond en fines lamelles.

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•  Épluchez 1 navet rond et coupez-le, ainsi que le citron confit en petits dés.

•  Dans une casserole, mettez les dés de navet et de citron confit, puis faites-les rôtir avec du beurre et le miel. •  Faites cuire pendant 40 min à feu doux.

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© HERVE LEFEBVRE

mets et vins

Vins naturels : gorgés de

terroir AUTEUR  CHARLOTTE PIDOU

DE PLUS EN PLUS DE CAVISTES ET RESTAURANTS PROPOSENT DES VINS NATURELS. QUE SIGNIFIE EXACTEMENT CE QUALIFICATIF ? QU’ONT DE PLUS OU DE MOINS CES BR EUVAGES ? ÉCLAIRAGE ET SUGGESTIONS DE DÉGUSTATION PUISQU’À LYON, UNE VAGUE TR ÈS NATUR E COULE DANS LES VERR ES. « J’ai eu une prise de conscience en me baladant dans les vignes, en découvrant un véritable biotope engendré par le respect des sols, du végétal et de l’homme, confie Frédéric Lignon, sommelier-caviste. Dès 2004, il est l’un des premiers à ouvrir à Lyon une cave et bistrot à vins naturels ; le Vercoquin. En deux mots, le vin naturel ou nature est totalement organique, aucun produit chimique n’entre dans son élaboration, les vendanges sont manuelles et la vinification met tout en œuvre pour garder le caractère vivant du vin en laissant agir les levures et bactéries indigènes. Ils combinent donc agriculture biologique et vinification sans intrants. L’ajout de sulfites en très faible quantité est toléré à raison de 30 à 40 mg/l maximum, alors que les doses vont de 160 à 300 mg/l dans les vins conventionnels. « Les vignerons qui font ce choix suivent une éthique, une philosophie et prennent des risques car chaque millésime est une aventure et Dame nature est capricieuse… Ce sont des accoucheurs de terroir. Ces artisans créent des vins en petites quantités avec beaucoup de personnalité, gourmands et francs ». Le sommelier-caviste conseille d’aérer ses vins une vingtaine de minutes avant de les déguster ; certains sont en effet « bloqués » avec du gaz carbonique puisqu’ils ne contiennent pas de sulfites. Ses vins vieillissent très bien en se conservant au frais, entre 14 et 18 °, à l’abri de la lumière. Pour accompagner les gibiers de l’automne, il recommande un AOC Côtes-Du-Rhône Cairanne, la cuvée Terre de Galets du Domaine Marcel Richaud, « à l’identité solaire, aux tanins fondus et notes de fruits noirs » ou un Languedoc, IGP Coteaux du Salagou, la cuvée Navis du Mas d’Agalis dont « les arômes de garrigue, de cuir et d’humus s’accordent avec une cuisine solide ».  

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vins et mets

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© ANNE BOUILLOT

© ANNE BOUILLOT

EN PRATIQUE Les infos sur les événements et lieux de dégustation : http://lemoisduvinnaturel.com www.rue89lyon.fr/salondesvins http://lesdebouchees.com https://vercoquin.com

DES ÉVÉNEMENTS GOULEYANTS Dans le sillage de ce pionnier, des adresses promouvant les vins naturels ont ouvert à Lyon : le Vin des Vivants, Ô Vins d’Anges, la cave des Vins Nature, Chateauneuf du Peuple, En attendant septembre… Des bars et restaurants tels que le Troquet des Sens, Café Sillon, Toutes les Couleurs… les invitent aussi à leurs cartes. Ils font même l’objet de manifestations festives et instructives afin de mettre en avant les vignerons et de piquer la curiosité des consommateurs. Dégustations et rencontres se concentrent en automne et sont désormais rassemblées sous la bannière Le mois du vin naturel. Ouverture des flacons les 5 et 6 novembre avec la 3e édition de Sous les pavés, la vigne ! organisé par Rue89 Lyon. Une cinquantaine de vignerons, des débats, les cavistes locaux, des dédicaces d’auteurs d’ouvrages spécialisés… Puis Salon italien chez Ô Vins d’Anges le 19. On enchaîne le 20 avec la 7e édition du Salon des Débouchées réunissant 35 vignerons très natures. Le Vercoquin propose son 13e On se met au verre le 27 novembre avec une dizaine de vignerons, jeunes talents et références en la matière. Les 25 et 26, c’est aussi la 1re édition du Only wine festival – salon des cultures viniques, une belle carte de performances et spectacles vivants à savourer au Lavoir Public. En parallèle de ces rendez-vous phares, des rencontres et animations égayent novembre au sein d’établissements du même tonneau.

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architecte dans le ton  68 WILLIAM WILMOTTE, L’ÉVIDENCE LYONNAISE

grand format  70 JEAN-MICHEL WILMOTTE, BÂTISSEUR D’HISTOIRES

l’objet du désir  80 LA CHAISE PAPILLON

matière à réflexion  82 LE BÉTON SUR TOUS LES TONS

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Architecte dans le ton

William Wilmotte, l’évidence lyonnaise

© ALINE PÉRIER

AUTEUR  CHARLOTTE AGIER

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Son chemin, William Wilmotte le trace sous le signe du bon sens. « J’ai à cœur de concevoir des bâtiments qui parlent d’une époque, mais qui vont traverser les années sereinement ». Le développement durable ? «  Une évidence dès la conception, pour profiter au maximum des énergies gratuites disponibles ». Respectueux des principes de construction traditionnels, faits de toitures à deux pentes et de fenêtres verticales, il se plaît dans la fracture moderne, en choisissant des matières brutes comme le béton et des décors sans fioritures. À l’image de la maison d’œnologue réaménagée au sein du domaine viticole Château Grillet : « mon idée, c’est d’être dans une sorte de synthèse, de profiter des apports de la modernité sans pour autant oublier des valeurs transmises depuis des siècles ».

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1. Vue intérieure de la maison Parc les Halles. Les travaux vont d’œnologue réaménagée à Vérin démarrer en juillet pour une sur le prestigieux domaine viticole livraison Château Grillet, livrée en 2014. fin octobre. 2. Vue intérieure d’une maison 5. Vue 3D de l’unité de télégestion réaménagée dans une petite qui se situe au rez-de-chaussée du commune située à 20 minutes au Parc les Halles. Livré en 2015. nord de Lyon. Livrée en 2014. 6. Vue 3D intérieure du nouvel espace 3. Vue 3D du projet d’aménagement vélos du Parc les Halles. Livraison du toit du Parc les Halles, en imminente. collaboration avec l’artiste Mengzhi 7. Vues projetée des futures Terrasses Zheng. Livraison à l’automne 2017. de la Presqu’île à Lyon. Livraison 4. Vue 3D du futur restaurant du en 2021.

FILS DE JEAN-MICHEL, WILLIAM WILMOTTE REPREND AVEC PLAISIR LA RÉNOVATION DES PARKINGS LYONNAIS QU’AVAIT ENTAMÉ SON PÈRE EN 1995. AVEC LE PARC LES HALLES, TOUT D’ABORD, PUIS AVEC LE PARKING SAINTANTOINE ET LES TERRASSES DE LA PRESQU’ÎLE QU’ILS AMÉNAGERONT ENSEMBLE D’ICI 2021.

William Wilmotte ne se rappelle pas avoir voulu être autre chose qu’architecte. Avec ses frères et sœur, il a baigné dans ce monde de création dès son plus jeune âge : « Je dessine depuis que je suis tout petit. On se pose moins de questions quand on est enfant, j’ai très rapidement croqué des bâtiments ». Une vocation nourrie par les sorties qui ponctuaient la vie de famille des Wilmotte : « On accompagnait mon père sur des chantiers, les siens mais aussi ceux d’autres architectes, comme Jean Nouvel par exemple ». Sans pour autant se sentir comme à l’école. Sa chance, c’est d’avoir pu « grandir dans ce contexte là », entouré d’artistes et d’architectes, initié par le souci du détail et les coups de cœur de son père, formé par son admiration pour Oscar Niemeyer et Tadao Ando. Pour ensuite entamer son propre chemin …

© BRICE ROBERT

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Le coup de foudre pour Lyon Après une expérience à Toronto en 2006, William Wilmotte quitte le quadrillage des villes nord-américaines pour revenir en France. Il n’a pas envie de retourner à Paris, trop engoncée ; ce sera Lyon, « pour son échelle, ses échappées visuelles, sa qualité de vie et son histoire ». Lyon, pour ses opportunités, sa métamorphose, dont il est acteur. Le Parc les Halles en est la preuve : la toiture qu’il rénove en collaboration avec l’artiste Mengzhi Zheng et la paysagiste Anne-Laure Giroud a été repensée pour offrir un espace de détente aux lyonnais d’ici la fin 2017 : « je tenais beaucoup à intégrer un jardin dans le projet. La Part-Dieu est un quartier très minéral, il me semblait donc important qu’un espace paysager dialogue avec l’œuvre artistique ». Un projet qui s’ajoute à la création d’un restaurant au rez-de-chaussée du bâtiment, prévu pour octobre, à l’unité de télégestion flambant neuve et à l’espace vélos, livré il y a peu.  


grand format

JEAN-MICHEL

WILMOTTE

BÂTISSEUR D’HISTOIRES

© LÉO-PAUL RIDET

AUTEUR  CLAIRE DE PROCÉ-BLANCHARD

JEAN-MICHEL WILMOTTE A CONÇU, AVEC SON AGENCE WILMOTTE & ASSOCIÉS, LE PROJET DES TERRASSES DE LA PRESQU’ÎLE DANS LA CONTINUITÉ ET LA FINALITÉ DE LA RECONQUÊTE DES RIVES DE SAÔNE. MORCEAUX CHOISIS D’UN PARCOURS HORS DU COMMUN. 40 ans de métier, 225 collaborateurs de 22 nationalités, JeanMichel Wilmotte dirige l’agence d’architecture Wilmotte & Associés et le studio de design Wilmotte & Industries, deux entités capables de gérer 150 projets dans 27 pays simultanément. Pour insuffler sa signature dans des réalisations aussi nombreuses qu’éclectiques, le bâtisseur de la vieille école esquisse toujours un croquis au feutre avant de déléguer à son équipe. C’est en cela aussi qu’il exprime son talent. Le grand architecte aime la réhabilitation, redonner son identité à un bâtiment ancien, voire lui conférer une nouvelle fonction. Soucieux de faire cohabiter le passé et le présent, il voue une véritable passion pour la « greffe ». Au point qu’en 2005, il crée la Fondation d’entreprise Wilmotte pour sensibiliser les jeunes architectes aux problématiques de conservation et de réhabilitation du bâti ancien et introduire le concept de « greffe contemporaine ». Reconnu pour son approche éclectique de l’architecture, doublée d’un grand sens du détail et de la qualité, ce favori des grands patrons travaille autant les intérieurs que les extérieurs et a signé ego la revue 33

nombre de sièges sociaux. Sur les bases de son agence Wilmotte & Associés créée en 1975, il multiplie les aménagements urbains, établissements de santé, logements, tours, équipements sportifs, musées, bureaux, hôtels, espaces commerciaux, bâtiments publics et culturels. Parmi ses collaborations emblématiques, on peut citer le Grand Louvre et le musée d’Orsay à Paris, le musée d’Art islamique à Doha (Qatar), le Rijksmuseum à Amsterdam, le centre culturel de Daejeon en Corée du Sud, de nouveaux bureaux pour le géant Google dans le quartier King’s Cross et le siège londonien de JCDecaux, et encore le mobilier urbain du tramway à Paris, la rénovation d’une usine en musée à Pékin, la cathédrale orthodoxe quai Branly à Paris sur le point d’être inaugurée… À Lyon, il a remporté la conception des Terrasses de la Presqu’île qui relieront la place Saint-Nizier aux Rives de Saône, pièces majeures pour finaliser la promenade piétonne du centre-ville. Elles seront livrées en 2020-2021.  

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© STEVE DE VRIENDT

LONDRES

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6 PANCRAS SQUARE – KINGS CROSS À deux pas de la Gare de Saint-Pancras s’élève le siège social londonien de Google, livré en janvier 2015. Près de 50 000 m2 de bureaux s’élèvent sur 13 étages : des open spaces sans colonne ni séparation, conçus grâce à une ossature en acier et un plancher en béton. L’entrée est marquée par l’atrium, un espace vitré et décoré de marbre blanc ou rayé qui s’élève sur toute la hauteur du bâtiment pour distribuer la lumière naturelle dans les étages. À l’extérieur, la façade est contrastée, transparente avec ses fenêtres, pleine et structurée avec son quadrillage en aluminium adonisé noir dans lequel ont été fixées 55 000 tuiles de terre cuite. Des matériaux naturels nobles qui améliorent l’efficacité énergétique, pour un bâtiment respectueux des normes environnementales anglaises les plus élevées.

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MARANELLO

© MILÈNE SERVELLE

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CENTRE DE GESTION SPORTIVE FERRARI Pour la marque au cheval cabré, installée dans le nord de l’Italie, il ne fallait rien de moins qu’un bâtiment prestigieux. C’est chose faite depuis janvier 2015 avec cette construction aux angles arrondis placée à l’entrée de la zone de gestion sportive, à la vue des employés, des visiteurs et des passants. Sur les trois niveaux et leur surface totale de 24 000  m2, le centre accueille les départements fondamentaux à l’existence de Ferrari, comme la conception, le développement, ou encore le montage des Formule 1. Sa façade est double : à l’intérieur, des parois de verre transparentes ; à l’extérieur, du verre aussi, mais rayé en gris et en rouge Ferrari, évidemment. Une enveloppe qui donne caractère, élégance et dynamisme au bâtiment tout en évoquant les notions chères à la Scuderia : vitesse, performance et qualité.

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Un domaine d’exception aux multiples facettes AU BEAU MILIEU D’UN PARC PAYSAGER DE PLUSIEURS HECTARES, LE DOMAINE LE LYON VERT DE LA TOUR DE SALVAGNY, À QUELQUES MINUTES DE LYON, FAIT LA PROMESSE D’INSTANTS RICHES EN ÉMOTIONS ET EN SENSATIONS. UN MARIAGE ENTRE LOISIRS, BIEN-ÊTRE ET SPLENDEUR, AVEC, AU CŒUR DU CONCEPT, LE PLAISIR. PUBLIREPORTAGE

Véritable institution, le groupe Partouche fait vivre le Lyon Vert depuis maintenant 25 ans. L’établissement, dont l’histoire a été initiée en 1890, témoigne encore aujourd’hui de l’esthétisme somptueux de la Belle Epoque. C’est dans ce cadre art déco intime et chaleureux que se déploie le complexe de divertissements. Et si le parc de 320 machines à sous et 13 tables de jeux traditionnels réjouissent les puristes, l’enseigne a su mettre la technologie au service du jeu avec l’arrivée de la roulette et de la table de Blackjack électroniques. Au cœur de la salle des jeux, la Brasserie Le Caz propose une cuisine créative élaborée dans un cadre contemporain à l’ambiance cosy. Pour satisfaire pleinement ses visiteurs, le domaine exceptionnel de l’Ouest lyonnais propose de prolonger son séjour au Pavillon de la Rotonde & Spa. Implanté dans l’ancienne station thermale de Charbonnières-les-Bains, l’Hôtel***** luxueux et familial dispose de 16 chambres spacieuses - les Deluxe et les Juniors suite - toutes agrémentées d’une terrasse pour profiter de la vue dépaysante sur le parc, entre verdure et cours d’eau, à deux pas du domaine de Lacroix-Laval.

Cette atmosphère apaisante se prolonge jusqu’à l’espace bien-être, où un oasis fastueux de détente et de soins complets répond à tous les besoins de plénitude de la clientèle. Pour que chaque venue au Domaine le Lyon Vert soit un moment de réjouissance inoubliable.

3, AVENUE GEORGES BASSINET – 69260 CHARBONNIÈRES LES BAINS – T. 04 78 87 79 79 – WWW.CASINOLYONVERT.COM


grand format

NICE

Inaugurée en 2013, cette enceinte de 35 000 places en forme de chaudron est le joyau du futur éco-quartier Saint-Isidore de Nice. L’Allianz Riviera est l’un des premiers stades à énergie positive à se construire : une centrale photovoltaïque composée de 7 500 m2 de panneaux solaires placés sur le toit compense ses besoins en énergie importants lors des matchs ou des concerts. Les eaux de pluie sont récupérées pour arroser la pelouse et alimenter les sanitaires. À l’extérieur, la couverture du stade se compose d’une résille de bois, choisie pour sa légèreté, sa durabilité et son empreinte carbone très faible. La structure est recouverte d’une « peau » en ETFE (un film transparent de 0,25 mm d’épaisseur) qui laisse passer 90 % de la lumière. Beaucoup plus résistant et léger que le verre, ce matériau est autonettoyant et entièrement recyclable.

© MILÈNE SERVELLE

STADE ALLIANZ RIVIERA

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© WILMOTTE & ASSOCIÉS ARCHITECTES

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PARIS

CENTRE SPIRITUEL ET CULTUREL ORTHODOXE RUSSE

Au cœur du 7e arrondissement, près du musée du Quai Branly et non loin de la Tour Eiffel, le CSCOR tutoie les monuments de la capitale. La cathédrale orthodoxe et ses cinq dômes dorés sont entourés d’une librairie, d’un centre paroissial et d’une école primaire franco-russe, qui adopteront tous la même identité architecturale. Une identité d’une sobriété irréelle, presque onirique grâce à des façades assemblées en strates de verre, de bois et de pierre de Bourgogne, travaillées en plissé. Cette impression de feuilletage s'inscrit dans le paysage urbain avec une élégance teintée de modernité. De même hauteur que les immeubles voisins, le CSCOR intègre parfaitement le paysage urbain du quartier : une exigence architecturale caractéristique de JeanMichel Wilmotte.

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CHÂTEAU PÉDESCLAUX

grand format

Ce château, point central du vignoble Pédesclaux, est un exemple éloquent de la greffe architecturale chère au cœur de Jean-Michel Wilmotte. La base du bâtiment, fondée au xix e siècle, se retrouve entourée, enchâssée dans une structure en verre qui agrandit sa surface. D’un côté, la partie sud accueille la salle de dégustation luxueuse du château, de l’autre, la partie nord ajoute de l’espace de travail pour les collaborateurs du vignoble. Dans les deux cas, le panorama sur les terres et les vignes est à couper le souffle. Ces nouvelles ailes prolongent l’architecture du bâtiment et lui offrent une seconde vie, entre tradition et modernité.

© RODOLPHE ESCHER

PAUILL AC

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© WILMOTTE & ASSOCIÉS ARCHITECTES

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LYON

TERRASSES DE LA PRESQU’ÎLE Double défi sur les rives de Saône d’ici 2021 : tout d’abord, rénover le parking Saint-Antoine, un exercice auquel Jean-Michel Wilmotte est habitué. Après avoir participé aux premiers projets de Lyon Parc Auto dès 1995 en travaillant (entre autres) sur le parc de la République ou le parc des Célestins, une nouvelle collaboration de l’architecte avec un artiste est attendue. Puis deuxième challenge : celui d’amener le cœur historique de la ville vers sa rivière. Grâce à un espace redonné aux piétons et aux cyclistes et à un belvédère, le projet ouvre la perspective sur la colline de Fourvière dès le parvis de l’église Saint-Nizier. Le jardin fluvial, placé au plus près de la Saône, sera voué à être inondé en cas de crue ; mais les plantations d’herbacées disséminées en îles végétales le long de la promenade au bord de l’eau permettront de tenir les terres tout en apportant un nouvel espace vert à la ville.

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L'objet du désir

Papillon UNE CHAISE

© AIR BO RN E

AUTEUR  CHARLOTTE AGIER

1951 Le papillon se pose en France Créé en 1938 par deux designers argentins et un designer catalan, le Butterfly est un classique du design exposé au MoMa de New York. À l’origine appelé fauteuil BKF, nom inspiré des initiales de ses fondateurs (Bonet, Kurchan et Ferrari Hardoy), il est surnommé Butterfly pour son piètement en acier et son profil qui évoque les ailes d’un papillon. En 1947, la société anglaise Airborne s’installe en France et s’inspire du modèle devenu public. La production de l’entreprise est française, et ce depuis 1951. Le fauteuil, rebaptisé AA pour la forme de son armature, se décline en 8 coloris de coton, en différents cuirs (du naturel au cuir grainé, en passant par le nubuck) et en peau de vache. En bonus, les éditions spéciales avec housse en plastique (toute en transparence) ou en peau d’agneau du Tibet (toute en douceur). Prix du modèle en photo : fauteuil AA thermolaqué noir et housse en cuir lisse fauve, 984 €

a RBC 42, quai Rambaud, Lyon 2e

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L'objet du désir

2 016 Et le fauteuil se fait chaise Première création d’Editta, la maison d’édition de Tarek Annan, la chaise papillon donne une tout autre utilité à l’esprit du fauteuil Butterfly. Une mise en pratique plus quotidienne, plus conviviale, moins relaxante mais avec, au-delà de la fonctionnalité, un souci de confort, très important pour le jeune designer : «  j’ai voulu offrir plus d’aisance qu’une chaise classique en inclinant et en courbant le dossier et l’assise pour bien englober le corps, à l’image du Butterfly ». Un objet qui se veut évidemment esthétique : « L’avantage du fil d’acier noir ou blanc utilisé pour le pied est sa légèreté. Les ailes en bois naturel du dossier sont moins imposantes que le modèle original pour lui donner un aspect aérien et élégant ». Cette nouvelle version du fauteuil Butterfly est aussi façonnée entièrement en France, notamment en Normandie et en Charente. Prix du modèle en photo : 480 €

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matière à réflexion

LE BÉTON SUR TOUS LES TONS AUTEUR  CLAIRE DE PROCÉ-BLANCHARD

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PREMIÈRE BÉTON IMPRIMÉ, LISSÉ, MURAL, DENTELLE DE BÉTON, MOBILIER ET ACCESSOIRES, LA PLUS BRUTE DES MATIÈRES SE FAIT PLURIELLE POUR RÉPONDRE AUX DÉSIRS DES ARCHITECTES ET DESIGNERS EN QUÊTE D’INNOVATION. GR ÂCE À UNE PLASTICITÉ DÉVELOPPÉE, ELLE SE MODÈLE AVEC UNE GRANDE LIBERTÉ POUR ÉPOUSER LES FORMES LES PLUS AUDACIEUSES TOUT EN CONSERVANT LA RÉSISTANCE ET LA DURABILITÉ QUI LUI SONT PROPRES. DÉMONSTRATION AVEC DES PRODUITS BÉTON QUI VALORISENT LA MATIÈRE, LA FONT S’EXPRIMER AUTREMENT ET CASSENT LES A PRIORI.

LYON BETON

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Le studio de Villefranche-sur-Saône spécialisé dans la conception de meubles, d’accessoires et d’objets d’art béton depuis 7 ans affiche l’humour, la praticité, le détournement dans des créations uniques et intemporelles. « On s’inspire du béton comme d’un matériau qui vient de la rue. C’est pourquoi on fait intervenir des artistes comme les Crew Birdy Kids, réputés pour leurs graffitis d’oiseaux colorés sur Lyon, et qui maintenant signent des tableaux en béton chez nous ». L’un des trois associés de Lyon Béton raconte la passion du trio pour ce matériau pas vraiment noble qui l’est devenu en s’imposant dans nos intérieurs. Chaises, pipeline soliflore, étagère à papier toilette… le studio élabore un béton unique (armé de métal et de fibre) conçu pour la fabrication de mobilier et accessoires. Et collabore régulièrement avec des artistes et designers comme Bertrand Jayr, Bamock, pour donner vie à des objets le plus souvent insolites. Un plus revendiqué !

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www.lyon-beton.com



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matière à réflexion

PARISPARIS « Je fais des objets à paradoxe ». Patrick Paris, designer plasticien autodidacte depuis 2005, conçoit et réalise des créations singulières qui remettent en question la vocation initiale des objets : une lampe abat-jour opaque et sans interrupteur « Eaunophe », un fauteuil dont on ne peut deviner que c’en est un avant de s’y asseoir… Passionné par ce matériau brut fait d’impuretés, le plasticien part des contraintes de la matière et revendique les grains, les imperfections. Mélanges de résines, de pigments, de sables, il peut même rajouter du gros sel dans sa « recette » pour qu’au démoulage, des trous apparaissent dans ses créations. « Tout le principe est de maîtriser l’aléatoire », conclut-il.

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www.parisparis.biz

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CONJUGAISON CREATION

matière à réflexion

« On fait tout nous-mêmes, nos moules, nos pièces, nos mélanges. Il y a une nécessité à contrôler le processus de fabrication pour déceler les problématiques et les dépasser », explique François-Charles Génolini. Designer industriel, il s’associe il y a 13 ans avec sa femme Nancy, designer d’intérieur, pour créer escaliers, salles de bains, portes, claustras, pièces de mobilier, accessoires… Des créations qui sont l’expression d’une matière valorisée dans des domaines inhabituels et où l’a priori négatif est remis en question pour devenir son point fort. Ainsi, ce tabouret ou cette table d’appoint qui assume et affiche sans complexe ses 31 kg de muscle et béton tandis que cette robe en dentelle faite de petits morceaux de béton reliés par des fils exprime la sensualité, la souplesse. Il y a deux ans, Karl Lagerfeld succombait à la tentation du béton pour collaborer avec le couple. Cette dentelle, dont Conjugaison Création est seule à maîtriser la technique, séduit désormais l’aménagement intérieur. Bluffant ! www.conjugaison-creation.fr

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SACRÉ BÉTON ! DE LA HAINE À L’AMOUR Histoire, techniques, dernières innovations et créations diverses, le musée Tony Garnier propose une exposition éducative et une scénographie interactive pour découvrir ce matériau tantôt décrié, tantôt adoré.

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EN PRATIQUE Jusqu’au 18 décembre 2016 4, rue des Serpollières, Lyon 8


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artiste dans le ton  88 PHILIPPE VINCENT, L’ÉVEILLEUR DE CONSCIENCE

au fil de l’art  90 LES RENDEZ-VOUS D’AUTOMNE

l’Esprit Livre m’a dit  94 QUINTETTE DE CHOIX

et pour conclure  96 NOUVEAU RESTO UNE IMMERSION ELFIQUE

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© SABINE SERRAD


artiste dans le ton

Philippe Vincent, l’éveilleur de conscience PROPOS RECUEILLIS PAR CLAIRE DE PROCÉ-BLANCHARD PHOTO  SABINE SERRAD

ACTEUR, METTEUR EN SCÈNE ET DIRECTEUR ARTISTIQUE DE LA COMPAGNIE SCÈNES, PHILIPPE VINCENT S’APPUIE SUR DES TEXTES CLASSIQUES MAIS PREND DE GRANDES LIBERTÉS D’INTERPRÉTATION, MÊLANT DIFFÉRENTES FORMES D’ART ET EXPLORANT DES VOIES QUI CONSISTENT À AMENER LE SPECTATEUR À RESSENTIR DES ÉMOTIONS, À PRENDRE CONSCIENCE PUIS À S’INTERROGER. ENTRETIEN.

Müller… car ce sont d’excellents dramaturges. Heiner Müller a vraiment compté dans ma manière d’aborder le théâtre, justement dans sa façon d’utiliser les textes des autres. J’ai monté huit de ses œuvres à la fin dans les années 80-90 mais toujours avec de grandes libertés d’interprétation. Ce qui nourrit mon théâtre, c’est un regard sur la politique et la société. Mais n’étant pas un spécialiste de ces questions, je pars de nos angoisses et de nos paranoïas pour véhiculer des messages.

Comment a commencé votre carrière et quel a été votre parcours ?

PV   J’ai monté ma compagnie alors

que j’étais encore au lycée à SaintEtienne. Je n’ai jamais cessé ensuite de travailler en compagnie, laquelle a pris le nom de « Scènes » depuis 1988. C’est un noyau dur assez vaste – on est une trentaine – dont certains sont là depuis 20 ou 30 ans. J’ai même dans mon équipe un décorateur avec qui j’étais au CM1 ! En 30 ans, on a monté une cinquantaine de spectacles et quelques longs-métrages. On s’amuse aussi à mélanger les deux : on peut filmer des scènes de tournage qu’on projette en direct au théâtre.

Comment définiriez-vous votre travail ?

PV   C’est difficile… archéologue du présent, j’interroge la condition humaine, l’organisation sociale, l’exercice du pouvoir aussi.

Comment travaillez-vous ?

a EN SAVOIR PLUS www.scenestheatrecinema.com GONZOO – PORNODRAME de Riad Gahmi et Philippe Vincent, du 7 au 11 mars 2017 TNP Villeurbanne 8, place Lazare-Goujon Villeurbanne +33(0)4 78 03 30 00 www.tnp-villeurbanne.com ego la revue 33

PV   Je pars beaucoup de textes classiques que je réadapte. Lorsque le théâtre de la Croix-Rousse m’a demandé de monter une pièce sur Richard III, je me suis basé sur une réinterprétation très contemporaine de Shakespeare… Quelques jours avant le début des représentations, le personnage principal qui jouait Richard III s’est désisté. Je n’ai pas cherché à le remplacer. Je me suis dit qu’on allait le « raconter » ce roi tyrannique d’Angleterre. Pour moi, dans la tyrannie, ce n’est pas tant le tyran qui est intéressant à observer que les gens qui l’entourent et scellent son pouvoir. Ça a très bien marché finalement.

Quelle est votre actu ?

PV   Je travaille avec Riad Gahmi, auteur et comédien. C’était un de mes élèves à la Comédie de SaintÉtienne. Avant la chute de Moubarak en mars 2011, on s’était retrouvés pour co-écrire. Finalement, nous sommes partis des révolutions arabes pour écrire autour de l’intégration de l’étranger en France vue par le prisme de la gauche bien pensante. On a joué le spectacle « Un Arabe dans mon miroir » en Suisse, à New York… On travaille de nouveau ensemble sur une pièce intitulée « Gonzoo – pornodrame », un spectacle donné à partir du 7 mars prochain au TNP de Villeurbanne, qui traite du rapport à la pornographie, de l’image de la femme et de quelle manière elle façonne nos sociétés actuelles.

Les auteurs allemands sont très présents dans votre travail ?

PV   J’aime le travail des auteurs allemands : Brecht, Kafka, Heiner

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Vous vous diriez engagé ?

PV   Mon engagement, c’est de parler de sujets qui dérangent, d’éveiller les consciences, d’ouvrir le débat. Je ne suis pas un spécialiste de la politique. Il n’y a d’ailleurs pas de message politique engagé. On met le doigt sur l’absurde d’une situation en donnant un point de vue qui est le nôtre mais qui va surtout susciter des réactions. Le spectateur prend ce qu’il veut. Quand on reproduit, au Caire, la scène de la journaliste qui se fait violer Place Tahrir en 2011, ça dérange le public. Quand, au Burkina Fasso, le spectacle évoque une Grèce qui pourrait se faire racheter par une grosse multinationale type Apple, on pose la question : est-ce que le président d’un pays à l’agonie serait capable de capituler devant une proposition financière ? Jusqu’où est-on capable d’aller ? Qu’est-ce que ça provoque chez moi ? Par le jeu de scène, on va chercher la sensation personnelle bien plus que la compréhension. D’où la libre interprétation de chacun. Que mon travail touche au géopolitique, au politique, au sociétal… on raconte le monde qui nous entoure. Les conflits, les tiraillements, les rapports hommefemme, la place de l’individu. Vous êtes un grand humaniste ?

PV   J’espère… oui. 


au fil de l’art UNE PIÈCE DE THÉÂTRE / 27.09 AU 08.10 Qui vivra Véra !

Plutôt rare au théâtre, c’est avec la pièce écrite par le dramaturge tchèque Petr Zelenka et adaptée par Pierre Notte, que Karin Viard revient sur les planches lyonnaises. Elle y interprète Véra, une directrice de casting ambitieuse et cynique qui recherche toujours plus de pouvoir. Mais après avoir fusionné son entreprise avec une célèbre agence de casting anglaise, elle va entamer une descente aux enfers en devenant - bien malgré elle - une star sur internet. Mise en scène par Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, Véra dépeint une société vorace et individualiste, un monde du travail où les faibles n’ont pas de place. Humour noir et acteurs survoltés en prime.   XX © TRISTAN JEANNE-VALÈS

THÉÂTRE DES CÉLESTINS 4, rue Charles Dullin, Lyon 2e www.celestins-lyon.org

UNE RÉTROSPECTIVE / 2.12 AU 06.03 Les expériences de Matisse

On connaît Matisse pour ses peintures, ses sculptures, pour la Femme au Chapeau ou la Danse. Mais tout peintre travaille ses œuvres en les croquant au préalable : ce sont ces dessins que le musée des Beaux-Arts présentera à partir du 2 décembre avec l’exposition Henri Matisse, le laboratoire intérieur. Ces esquisses, de sa période fauve ou classique, annoncent, accompagnent et témoignent de l’évolution de son style. À observer attentivement pour déceler le coup de crayon du maître, apprécier ses lignes fluides et minimalistes, et tenter de comprendre son processus créatif. Prêts à entrer dans la tête de l’artiste ?   CA

© DR

MUSÉE DES BEAUX-ARTS 20, place des Terreaux, Lyon 1er Tél. 04 72 10 17 40

UN FESTIVAL / 8.10 AU 16.10 Lumière sur les femmes du cinéma

Son visage et sa blondeur s’affichent dans les rues de la ville… Bien sûr : Catherine Deneuve est le Prix du 8e Festival Lumière, et par la même occasion, la première femme à le recevoir. L’événement salue le 7e art féminin avec une rétrospective sur Dorothy Arzner, l’une des premières femmes réalisatrices à Hollywood, et la venue de l’actrice chinoise Gong Li. Les cinéphiles apprécient les projections des films de Marcel Carné, le ciné-concert consacré à Buster Keaton, la nuit « Bande de potes » et le week-end supplémentaire pour découvrir des raretés, des grands classiques et faire le plein de souvenirs au Village du festival.   CA

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www.festival-lumiere.org

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au fil de l’art

UNE EXPOSITION / JUSQU’AU 29.01 Le sport pour résister

Il fut un temps où les sportifs avaient d’autres préoccupations que leurs compétitions à venir : l’exposition Le sport Européen à l’épreuve du nazisme le prouve en revenant sur la période de 1936 à 1948 et ses évènements mondiaux. Édifiant, surtout lorsque l’on découvre les vies brisées de sportifs résistants, victimes de la barbarie nazie : de Matthias Sindelar, « le Mozart du football », qui défia l’autorité du Reich, à Tola Vologe, grande figure du sport lyonnais, fusillé en juin 1944. Ne ratez surtout pas la bande dessinée de Yan Le Pon et Claudius Thizy, poétiquement baptisée Tola Vologe l’insoumis.   CA © MUSÉE D’ISRAËL, JÉRUSALEM

CENTRE D’HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION 14, avenue Berthelot, Lyon 7e Tél. 04 78 72 23 11 www.chrd.lyon.fr

UN DÉFILÉ / 22.09 AU 27.11 Les uniformes au garde à vous

Qui a dit que mode et armée ne faisaient pas bon ménage ? À partir du 23 septembre, l’exposition proposée par le Projet Culture-Défense à la Sucrière brise les clichés en retraçant l’histoire de l’uniforme militaire français de 1789 à nos jours. En parallèle, 37 étudiants de l’Université de la Mode, d’Esmod et de Supdemod ont été mis au défi de créer une tenue civile intégrant une pièce d’uniforme militaire, ancien ou récent. Leur défilé aura lieu lors du vernissage le 22 septembre, avec pour les quatre gagnants désignés par le jury (présidé par le couturier Nicolas Fafiotte) une intégration à l’exposition. Pour ceux qui veulent aller plus loin, des conférences sont prévues, entre histoire de l’art et sociologie…   CA

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www.culture-defense-sud-est.fr

UNE TOURNÉE / 4.10 AU 20.10 Ben Harper avec The Innocent Criminals

Après avoir sillonné les routes de leur terre natale durant l’été, les Américains Ben Harper et The Innocent Criminals entament leur tournée en France le 4 octobre au Summum de Grenoble (on les verra aussi à Dijon et dans les contrées auvergnates). Au son de leur album Call it What it is, chanteur et groupe signent leurs retrouvailles, sept ans après leur dernier concert ensemble. Avec des titres déjà cultes comme Shine ou Deeper and deeper, Ben Harper s’engage, aussi, avec la chanson éponyme de l’album. Elle dénonce les meurtres perpétrés par des policiers américains contre des jeunes afro-américains et prône le contrôle des armes. Cocktail de rock, blues et reggae, on sait déjà que ces mélodies vont nous trotter dans la tête très longtemps.   MB © DANNY CLINCH

www.benharper.com/tour

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l’Esprit Livre m’a dit

Quintette de choix UNE SÉLECTION ORIGINALE ET PESÉE, POUR CETTE RENTRÉE COMME TOUJOURS COPIEUSE. L’ESPRIT LIVRE NOUS INVITE À DÉCOUVRIR DEUX PREMIERS ROMANS ET TROIS AUTRES AUTEURS DÉJÀ REPÉRÉS. EN BONUS, DEUX RENDEZ-VOUS À LA LIBRAIRIE : MARCUS MALTE LE 8 OCTOBRE ET SYLVAIN PRUDHOMME LE 9 NOVEMBRE. À BIENTÔT !

PROPOS RECUEILLIS PAR  FRANÇOISE MALBOSC

Le grand jeu Céline Minard

Monsieur Origami Jean-Marc Céci

Le Garçon Marcus Malte

Légende Sylvain Prudhomme

Désorientale Negar Djavadi

Rivages

Gallimard

Zulma

Collection L’Arbalète-Gallimard,

Liana Levi

Gallimard

L’aire de jeu choisie par la narratrice est un terrain de vingt-trois kilomètres carrés, coupé en deux par un massif montagneux. Ce terrain servira à son « grand entraînement », sorte de retraite spirituelle sans limitation dans le temps, qu’elle nous relate dans son journal intime qui se veut le plus factuel possible : détails sur l’aménagement de son habitacle, sur l’énergie choisie, inventaire des réserves, technique de jardinage et d’alpinisme, tout semble parfaitement sous contrôle… Jusqu’à l’apparition d’un imprévu ? D’un accident ? Question après question, Céline Minard pose les bases d’une réflexion profonde sur la solitude et l’acceptation du monde qui nous entoure. Une réflexion qui aboutira dans un final grandiose et plein d’humour.

Voici un premier roman ambitieux, un projet multiple que l’on déplie petit à petit. Il s’agit tout d’abord d’un reportage sur le washi, le papier traditionnel japonais utilisé dans l’art de l’origami. Il s’agit aussi de Kurogiku, vieil émigré japonais dont la vie en Toscane ressemble à un conte philosophique. Il s’agit enfin de Casparo, jeune Italien qui, comme le lecteur, aura beaucoup à apprendre de ce Kurogiku que l’on surnomme Monsieur Origami. Capable de passer en quelques lignes de notions techniques à un récit intime des plus touchants puis à la grande histoire contemporaine, Jean-Marc Céci surprend et séduit avec un court roman tout en finesse. De plis vallée en plis montagne, c’est tout un pan de la culture japonaise qui finit par prendre forme. De grue bien entendu !

1908-1938. Le roman tiendra en trente années. Toute la vie d’un garçon né avec le siècle maudit et pris dans la tourmente d’une humanité bouleversée. Enfant sauvage, le héros découvrira, parfois à ses dépends, ce qui tient lieu de civilisation. De rencontre en rencontre, silencieux mais les yeux grands ouverts, des hommes il apprendra l’art, la guerre… et surtout l’amour. Roman initiatique et historique, Marcus Malte carambole les étiquettes en jouant sur l’accumulation de faits ou les pastiches littéraires. Il emmènera son lecteur loin, sur les traces de ce garçon en perpétuelle errance. Premier roman de l’auteur en dehors des eaux noires du polar et premier coup de maître, Marcus Malte nous fait le plaisir d’une rencontre à la librairie le samedi 8 octobre à 19 h.

PRIX : 18 €

Prix : 15 €

PRIX : 23,50 €

Matt et Nel sont unis par la passion qu’ils portent au désert minéral de La Crau. Au cœur de ce désert, repose une oasis : La Chou, théâtre de fêtes étourdissantes dans les années 80. En s’intéressant à la belle endormie, Matt et Nel vont raviver la mémoire de deux frères, issus d’une famille de bergers locaux et personnalités emblématiques du lieu. Au fil des séances photos et des témoignages vidéo, se dévoile alors l’épopée de ces frères ennemis qui marquèrent La Crau de leur empreinte. Baigné par une douce nostalgie, « Légende » se lit comme on recueille un témoignage touchant à l’intime, avec délicatesse et retenue. En nous conviant à feuilleter avec lui cet album de souvenirs, Sylvain Prudhomme fait de ses lecteurs les archivistes complices et attentionnés de l’histoire de ce territoire et de ses hommes. Rencontre avec l’auteur le mercredi 9 novembre à 19 h. PRIX : 20 €

SÉLECTION DE L’ESPRIT LIVRE POUR EGOLAREVUE 76 rue du Dauphiné, Lyon 3e  –  Tél. 04 72 91 69 50  –  www.lesprit-livre.fr Du mardi au vendredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 19 h. Le samedi de 9 h 30 à 19 h.

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Quel destin capricieux que celui des Sadr et de leurs ancêtres iraniens ! C’est que les Sadr ont depuis toujours la particularité d’avoir les yeux bleus, de défendre farouchement leur indépendance et d’exprimer librement leurs opinions. Confrontée aux vicissitudes de l’histoire contemporaine iranienne, ce clan d’irréductibles fera d’abord la souris avec le grand « Shah » puis glissera entre les griffes du vieux « Mollah ». En prenant les atours d’une histoire personnelle de l’Iran, « Désorientale » nous fait toucher du doigt les bouleversements politiques et sociaux qui déchirent cet immense pays depuis près d’un siècle. Narrée avec la fougue et l’espièglerie de Kimiâ, cadette de la famille, ce conte des mille et nuits moderne ne cesse de virevolter et d’étourdir. PRIX : 22 €



© GUILLAUME GRASSET

et pour conclure…

NOUVEAU RESTO

UNE IMMERSION ELFIQUE Celle qui doit son nom à un dessert chocolaté et à un massif montagneux devient aussi ma nouvelle adresse mystérieuse du moment. Et c’est avec cette idée en tête qu’on découvre une atmosphère dépaysante inspirée de la nature et un dessert signature couvert de copeaux de chocolat juxtaposés de chantilly. Avec le cadre posé par le Studio Claude Cartier Décoration, le ton est donné. Damier en marbre, banquettes esprit bistrot, chaises en velours, c’est ainsi qu’on se retrouve blotti entre brasserie chic, restaurant cosy et salle à manger conviviale. Dans cet environnement luxuriant, inondé de feuillages et branchages charnus, on se délectera de la carte élégante signée des chefs Christophe Foulquier et Cédric Berthier, saluant l’audace de l’infusion de champignons servie en théière.   LB

a FORÊT NOIRE La Gare, 1, rue des Troques, Chaponost Tél. 04 78 45 30 30 www. laforêtnoire.fr

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ego & co

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NUMÉRO

ours

egolarevue 37, cours d’herbouville – 69004 Lyon www.egolarevue.com Directrice de la publication

Éloïse Girault, eg@ego-larevue.com Tél. 06 77 12 11 11

AUTOMNE 2016

Rédactrice en chef

Nancy Furer (NF2), nancy@nf2.fr Tél. 04 72 98 07 90 Rédaction

Charlotte Agier, Marianne Blanc, Léa Borie, Nadine Fageol, Vincent Feuillet, Nancy Furer, Charlotte Pidou, Claire de Procé-Blanchard, Françoise Malbosc, Célia Tual

egolarevue est une revue trimestrielle éditée par les Éditions Rosely Capital de 10 000 € RCS Lyon 500 646 039 ISSN 1964-8871

Production photos

Didier Michalet & Karen Firdmann DMKF, Sabine Serrad

Numéro 33  automne 2016 Dépôt légal  2016

Direction artistique & réalisation

Kojak – bureau de création 11, place Carnot, 69002 Lyon Tél. 07 87 26 39 83 www.kojak-design.com

PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE Didier Michalet & Karen Firdmann, DMKF

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Éloïse Girault, tél. 06 77 12 11 11 eg@ego-larevue.com Impression

Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-la-Pendue egolarevue est imprimée sur un papier issu de forêts gérées durablement. Le papier a obtenu l’Ecolabel européen et est certifié FSC.

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