34
HIVER 2016, UN NUMÉRO EN HARMONIE ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT × MARC VEYRAT × LES ARCHIS DE MVRDV WWW.EGOLAREVUE.COM
édito
Harmonie chérie Trouver l’harmonie… vaste sujet en ces périodes troublées quand, d’un côté, on assiste à un déferlement de fanatisme et que, de l’autre, on subit une société de consommation, source d’autant d’insatisfactions et de frustrations que de progrès. Comment trouver cette paix intérieure, ce lâcher-prise, cette absence de jugement sévère envers soi et les autres, susceptibles de nous mener vers le chemin de l’harmonie ? Hummm, hummm. Faute d’être en capacité de vous promettre un mode d’emploi universel – qui outrepasserait d’ailleurs largement notre rôle premier d’éveilleur de curiosités – nous espérons inspirer votre quête d’harmonie en partageant les confidences des personnalités que nous avons rencontrées. Marc Veyrat, qui a rouvert sa Maison des Bois après un terrible incendie, confie se voir désormais comme un sage de la gastronomie et de l’alimentation. Les architectes néerlandais MVRDV qui, en 2017, vont redonner de l’éclat au centre commercial de La PartDieu répondent aux questions d’urbanisme et d’architecture d’une manière résolument positive et artistique. Et, parmi les incontournables de ce numéro, l’écrivain d’origine lyonnaise, Éric-Emmanuel Schmitt, nous rappelle que « vivre en harmonie implique, bien sûr le lâcher-prise mais aussi d’accepter ses failles car c’est à travers elles que passent l’énergie et la lumière ». On sent l’espoir d’harmonie poindre, là, non ?
ÉLOÏSE GIRAULT, MENEUSE DE REVUE www.egolarevue.com
ego la revue 34
4
UN TRACÉ FLUIDE DANS LA GALAXIE
Modèle présenté : Astrograph
La Maison suisse Caran d’Ache lance Astrograph, en édition limitée. Un instrument d’écriture rare et de haute technicité, rendant hommage aux passionnés de l’espace, aux amoureux des belles lettres et aux admirateurs d’objets d’art insolites.
AUX TROIS ARCHERS 90, rue Édouard Herriot, Lyon 2e Tél. 04 78 42 14 73 www.troisarchers.com
D’un côté l’art de la belle écriture, de l’autre un rêve d’enfant jouant les aventuriers. C’est de cette association qu’est né cet instrument d’écriture haut de gamme tout droit venu du futur. Corps élancé aux proportions équilibrées à l’image d’une fusée spatiale, design souligné d’un motif quadrillé rehaussé de laque anthracite, finesse du bec en or 18 carats rhodié : pas moins de 99 composants et 500 opérations manuelles ont été requis pour donner vie à cette odyssée créative inédite. Pour le bonheur du jeu, rien n’a été laissé au hasard : écrin-présentoir de lancement, figurine miniature d’un astronaute, échelle à taille réduite et une multitude d’éléments innovants agrémentant les envies d’exploration de l’espace, de vitesse et de conquête, nous rappelant poétiquement qu’au fond de chacun de nous se cache un enfant plein de rêves. Numéroté en 99 exemplaires, l’outil technique au mécanisme ingénieux se décline en trois versions de finition : rhodium poli brillant, rhodium sablé mat, ou revêtu de ruthénium anthracite.
UN PRÉCIEUX SAVOIR-FAIRE SWISS MADE Quatre années de création ont été nécessaires pour mettre sur pied cette pièce artisanale exceptionnelle d’une grande complexité. Sa réalisation a relevé d’un véritable défi technique pour ceux qui se sont lancés dans l’aventure. Exploratrice dans l’âme, la Maison Caran d’Ache s’est associée au laboratoire horloger conceptuel MB&F, reconnu pour son art mécanique, son design d’avant-garde et ses univers inspirés de l’enfance, de la science-fiction et de la BD. Maison de haute écriture fondée il y a plus d’un siècle, la fabrique genevoise s’est donnée pour ambition de respecter les traditions des manufactures suisses tout en s’adonnant au modernisme d’une créativité sans limite. Marquée par cette union parfaite entre technicité, fiabilité à toute épreuve et virtuosité artistique, depuis maintenant 15 ans, la boutique spécialisée Aux Trois Archers fait pleinement confiance à cette Maison unique dont la maîtrise de la technologie et de l’élégance ne sauraient faire faux bond. www.carandache.com
sommaire
HIVER 2016 le choix d’ego
12
ego a du style
la liste de mes envies
30
grand format
72
ego en société
32
matière à réflexion
80
l’objet du désir
84
BELLES-MÈRES DU XXIe SIÈCLE : MARÂTRES INTRAITABLES OU BONNES COPINES ? ego à nu
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT
MVRDV, ARCHITECTURE IMPRESSIONNISTE ET LA LUMIÈRE FUT…
36
LA BIBLIOTHÈQUE NUVOLA ROSSA
ego looké
ego se cultive
tendance mode
40
artiste dans le ton
88
des hauts et des bas
44
au fil de l’art
90
mur du son
94
l’Esprit Livre m’a dit
96
MÈRE & FILLE, UNE MODE, PLUSIEURS STYLES… PERSPECTIVES CONTRASTÉES, VOLTE-FACE D’ÉMOTIONS
PATRICE SANDEAU, LE RIRE MUST GO ON ! RENDEZ-VOUS D'HIVER LA DISPARI-SON
ego voyage échappée belle
BOLINAS, UNE ENCLAVE DE SÉRÉNITÉ JALOUSEMENT GARDÉE
VOYAGES EN LECTURE
54
autour de nous
L’ISLE SUR LA SORGUE, INSULA ANTIQUE 58
ego à table un chef au piano
62
des chefs au piano
64
vins et mets
68
MARC VEYRAT, LA MONTAGNE DANS LE CŒUR QUAND L’ART CULINAIRE DEVIENT HISTOIRE DE FAMILLE… QUAND LE BEAUJOLAIS ANTICIPE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES…
ego la revue 34
34
8
le choix d’ego
le choix d’ego
© PIERRE SALOMÉ AISHUU
AUTEURS CHARLOTTE AGIER, LÉA BORIE, CLAIRE DE PROCÉ-BLANCHARD, VINCENT FEUILLET
MES DÉPLACEMENTS DOUX LPA lance ses scooters en libre service
Vélos électriques à partager !
Depuis septembre, les dix scooters électriques de Lyon Parc Auto font le tour de la ville. Partagé entre les parkings des Terreaux, Les Halles et de la gare Part-Dieu, ce service est accessible via internet. En bonus : une formation de deux heures sur la conduite en scooter.
À l’image des services de partage de voitures ou de scooters, la marque de vélos électriques B2-eBike propose aux entreprises d’acheter des vélos électriques. L’objectif : les mettre à la disposition de leurs employés. Des véhicules de fonction d’un nouveau genre, rapides, passe-partout et totalement respectueux de l’environnement.
www.lpa-scooters.fr
04 78 08 67 98 – www.b2ebike.com
Bluely prend ses aises à Confluence
Navly fait son chemin…
Déjà doté d’une première station de voitures électriques en location, le quartier Confluence n’en reste pas là : trois nouvelles stations sont attendues, l’une vers le centre commercial, les deux autres sur le quai Rambaud et le cours Suchet. De quoi étendre le réseau Bluely, qui fête ses trois ans, et proposer de nouveaux trajets aux abonnés.
La petite navette sans chauffeur continue sur sa lancée ; depuis son lancement en septembre dernier, elle transporte 100 à 150 personnes par jour en moyenne, du cours Charlemagne au passage Magellan. Un petit exploit pour cet engin qui ne dépasse pas les vingt kilomètres par heure ! CA
www.bluely.eu
ego la revue 34
www.navly.fr
12
le choix d’ego
a HEUREUX COMME UN PRINCE 41, rue de la Charité, Lyon 2e
© DR
MON SHOPPING MÂLE C’est à la recherche d’un pendant masculin au concept store femme Mathûvû qu’Heureux comme un Prince doit son origine. Contrairement aux autres spécimens du genre, ce nouveau concept store masculin, entre chic et sobriété, laisse la part belle à quantité d’univers loin de la mode. La sélection gravite autour du monde du high-tech, des sacs et maroquineries, des bijoux, des livres et papeterie, des vins et spiritueux, des soins pour homme… Tout pour combler ces messieurs, un brin dandies, et cesser de vous laisser dans le dépourvu au moment de dénicher la trouvaille. Les montres Komono côtoient les accessoires Ça va barber, les agendas La Petite Papeterie Française ou encore les sacs en cuir Aperture. LB
OU COMMENT RENDRE UN HOMME HEUREUX MON QUARTIER DE SHOPPING
Le grelot sonne à Grôlée Les commerces de la rue du centre de la Presqu’île à une encablure de République se font désirer. Parmi toutes ces devantures qui ne demandent qu’à prendre des couleurs, le Hard Rock Café ouvert depuis quelques semaines et la boutique de décoration Hema à l’autre extrémité ont donné le ton de cette avalanche d’ouvertures promises pour 2017. Le roi du prêt-à-porter japonais, Uniqlo, connu pour ses pulls cashmere aux prix tout doux, posera ses malles sur 1700 m 2 . L’italien Bialetti, inventeur de la cafetière Moka Express en alu, dévoilera ses accessoires de cuisine. Les fans de déco design à prix abordable pourront assouvir leurs fantasmes d’achats chez Miliboo. Solis, connue à Lyon pour son prêt-à-porter de qualité, a le projet de dédier un espace à la marque Comme des Garçons. Du beau, de l’original, du chic ou de l’abordable, le point commun de toutes ses enseignes est de vous surprendre. CPB
a © DR
RUE GRÔLÉE Presqu’île, Lyon 2e
ego la revue 34
13
le choix d’ego
Mes nouveaux hôtels Branché, le Ho36
Pour le voyageur ou le Lyonnais, pour une courte pause café ou une escale dans la ville des Lumières, le Ho36 ouvre ses portes. En plein cœur du quartier de la Guillotière, point de ralliement des communautés, des artistes et des cultures, cette maison d’hôtes offre un moment de paix authentique. Détente, partage et rencontres sont assurés au café qui propose de boire un coup ou de déguster des plats comme à la maison. Dans les étages, l’ambiance se fait encore plus confortable dans les chambres individuelles ou collectives, nonchalamment décorées d’objets branchés et chinés. CA
Ho36 Hostel
© PIERRICK VIERNY
Ho36 Hostel, 36, rue Montesquieu, Lyon 7e – Tél. 04 37 70 17 03
Hôtel Radisson Blu
© PIERRE ANTOINE PLUQUET
Perché, le Radisson Blu
Tout beau, tout neuf ! Le Radisson Blu invite à tutoyer le ciel du haut du crayon de la Part-Dieu. L’hôtel quatre étoiles a rouvert ses portes après presque trois ans de travaux. Avec la plus grande capacité hôtelière de la ville – 245 chambres – l’endroit est monumental. Et lumineux grâce à sa grande rotonde s’élevant jusqu’au toit. Au restaurant Celest, le chef Bruno Vitrac revisite la cuisine traditionnelle française avec quelques touches d’exotisme, comme si monter au 32e étage de la tour nous faisait monter au 7e ciel. CA Hôtel Radisson Blu, 129, Rue Servient, Lyon 3e – Tél. 04 78 63 55 00
Marriott Hôtel Cité Internationale
ego la revue 34
© MARRIOTT CITÉ INTERNATIONALE
Chic, le Marriott Cité Internationale
Récemment rénové, le Marriott Cité Internationale a tout pour plaire. Un emplacement idéal, entre le parc de la Tête d’Or et le Rhône. Un restaurant qui présente une cuisine italienne renversante, le Zucca. Les chambres d’hôtel les plus spacieuses de la ville, avec au minimum 32 m2 pour les plus petites. La proximité des transports en commun et du Musée d’Art Contemporain. Le tout emballé dans une décoration simple mais recherchée. Le chic lyonnais à quinze minutes de la Presqu’île ! CA Marriott Hôtel Cité Internationale, 70, Quai Charles de Gaulle, Lyon 6e – Tél. 04 78 17 50 50
14
le choix d’ego
MES FOURNISSEURS D’AROMES
Ils visent l’arabica parfait
EXTRAIT En vente au concept store Maison Metagram 8, rue de Fleurieu, Lyon 2e www.extrait.fr
© DR
© DR
CE N’EST PAS PARCE QU’ON EST NOVICE QUE LES BOISSONS DE CHOIX NOUS SONT INTERDITES ! LES DEUX JEUNES TORRÉFACTEURS, INSTIGATEURS DE LA MARQUE FRANÇAISE DE CAFÉS EXTRAIT, L’ENTENDENT BIEN AINSI. RÉCEMMENT INSTALLÉ À LYON, CE DUO DE JEUNES PASSIONNÉS FORMÉ AU MÉTIER DE TORRÉFACTEUR VIT LA DÉGUSTATION D’UN BON CAFÉ DAVANTAGE COMME UN INSTANT DE PARTAGE QU’UN GESTE ÉLITISTE. EN SUBSTANCE, EXTRAIT, C’EST UNE COLLECTION SOURCE PAR NOTES AROMATIQUES, DES CODES COULEUR ET UN COFFRET INITIATIQUE. LES NÉOPHYTES COMME LES PERFECTIONNÉS EN LA MATIÈRE SAURONT RECONNAÎTRE LA FINESSE DANS LE CHOIX DE GRAINS 100 % ARABICA, CLASSÉS PAR FAMILLES AROMATIQUES. LB
MON LUXE AU SOMMET
© DR
5 étoiles sinon rien
MON ADRESSE MODE STREET & DESIGN
En lisière de forêt, posé sur les pistes, offrant un panorama époustouflant sur la vallée de la Tarentaise, l’ex-Kilimanjaro, hôtel de prestige de Courchevel 1850, en met plein la vue. Il s’est offert un lifting digne de ce nom pour devancer les désirs d’une clientèle exigeante. 9 mois de travaux plus tard, c’est la renaissance nommée K2. L’aspect extérieur semble inchangé, quand, à l’intérieur, tout a été revu dans un style résolument contemporain, sans jamais céder au confort et à l’intimité des hôtes. Le luxueux hôtel de 32 chambres et suites exceptionnelles a gardé son concept de petits chalets reliés au chalet principal. Un spa sur plusieurs niveaux, un cinéma, une grande salle de fitness, un salon de coiffure et une terrasse optimisée, des tables d’exception, un univers enfants… le bonheur frappe à toutes les portes. Par où on attaque ? CPB
Le bon mix and match Au tout début, on y mangeait des kebabs. Changement de propriétaire en 2012, nom conservé, des fondus de mode et de glisse (skate) créent une boutique de prêt-à-porter haut de gamme. Ils s’inspirent de la rue et mêlent habilement design et street-culture autour d’une sélection de marques pointues comme Gosha Rubchinskiy, Palace, Raf Simons, Maison Margiela… Fait nouveau, le magasin s’ouvre à la gent féminine et lui consacre 100 m2 à l’étage en donnant la part belle à la marque APC. Une première sur Lyon ! CPB
K2 ALTITUDE 356, route de l’Altiport, Courchevel 1850 Tél. 04 79 01 46 46 www.lek2altitude.com ego la revue 34
KAPADOKYA 4, rue Constantine, Lyon 1er Tél. 04 78 28 02 68 www.kapa-dokya.com
16
le choix d’ego
a CRÉATION CONTEMPORAINE 15 et 17, cours de la Liberté, Lyon 3e Tél. 04 78 62 78 34 www.creation-contemporaine.com
MA MARQUE DE DÉCO FÉTICHE
Cassina bouge ses meubles
© DR
Les pros de la déco sont unanimes. Un luminaire, un canapé, un fauteuil… une seule pièce de design forte suffit à donner du style à notre intérieur. En panne d’idées ? Pénétrez le temple de la déco contemporaine, 1 500 m2 de showroom où se sont donné rendez-vous les éditeurs et designers les plus créatifs de l’époque. Le tout dernier invité ne se présente plus tant ses pièces iconiques ont marqué l’histoire du design : Cassina, l’éditeur qui sait mêler confort et design intemporel, compétences technologiques et artisanat traditionnel. Entre les rééditions des grands noms comme Le Corbusier, Perriand ou Rietvelt et les nouveautés surprenantes de la marque, incarnation du futur du mobilier contemporain, c’est le moment de craquer. De quoi se réconcilier avec son intérieur pour un moment ! CPB
MON INITIATIVE VÉGÉTALE
Un projet pilote inédit en France est né au cœur du campus de La Doua, prêt à révolutionner le paysage de la greentech : un concept innovant de culture végétale indoor dédiée à la population des villes. Ce modèle technologique cultivé hors-sol vise l’excellence avec la production de végétaux sains. L’obsession de cette agriculture intelligente ? Faire plus avec moins pour préserver les ressources. Des préoccupations environnementales d’aujourd’hui pour un monde meilleur demain. La nature nous remerciera… LB FUL – FERME URBAINE LYONNAISE www.fermeful.com
MON JUICE BAR
Un repère de marchandises green Au milieu d’un joyeux décor rétro bohème trônent l’organic food et le juice bar dans toute leur splendeur. A cette nouvelle adresse éclose à l’automne, jus pressés à froid, smoothies verts, cures detox imaginées par une naturopathe lyonnaise, cuisine saine et bio issue des producteurs Drôme des collines sont autant de propositions gourmandes et healthy pour se refaire une santé cet hiver ! LB L’ESTANCO DU MARCHÉ 4, rue Pierre Corneille, Lyon 6e www.l-estanco.com
© DR
ego la revue 34
© DR
Place à l’agriculture de demain
18
MON ENTREPRENEUSE
le choix d’ego
a © DR
AUX TROIS ARCHERS 90, rue Édouard Herriot, Lyon 2e Tél. 04 78 42 14 73 www.troisarchers.com
Stéphanie Benaud, passionnée d’écriture En plein cœur de la Presqu’île, Stéphanie Benaud fait vivre la boutique d’écriture de luxe Aux Trois Archers, née quatre décennies plus tôt dans sa famille. Avec ses expériences et son approche moderne du monde de l’écriture, elle souhaite perpétuer le savoirfaire de qualité, tout en adoptant une approche marketing et communication adaptée, sans omettre d’ouvrir à de nouvelles collections haut de gamme. Quel bilan tirez-vous de ces premières années passées à la tête des Trois Archers ? J’insiste pour que les compétences familiales restent dans la société. Je souhaite préserver, cultiver et développer l’identité de l’entreprise, créée par mes parents : Philippe et Anne-Marie Benaud. Cela requiert patience, humilité et écoute, pour être à la hauteur. Je travaille avec des marques prestigieuses et des produits beaux et extrêmement techniques. Fille de commerçants, j’ai grandi avec certaines valeurs et sais apprécier la réalisation d’un objet de ego la revue 34
qualité. Aujourd’hui, l’enjeu est plus de s’adapter à un commerce de détail qui n’est plus celui que j’ai connu enfant. Mes 20 ans d’expériences en Italie autour du marketing m’ont permis de déployer une conception plus moderne du métier tout en conservant son aspect prestigieux. Quelles nouveautés développez-vous ? J’ai tenu à faire découvrir une nouvelle gamme d’idées cadeaux Ralph Lauren, accessoires et maroquinerie de luxe. Une maison belge a aussi rejoint nos collections : Crown Mill, spécialisée dans la papeterie de luxe. L’an prochain, en plus de proposer toujours plus de pièces exclusives et prestigieuses, à l’image du stylo Astrograph de Caran d’Ache ou du rollerball Montblanc Héritage 1912, nous projetons de développer la réalisation sur-mesure de pièces de maroquinerie en cuir exotique, fidèles à notre idée de naviguer entre qualité et fabrication artisanale. LB 22
le choix d’ego
L’ADRESSE QUI BOOSTE MON HERBORISTERIE CONTEMPORAINE L’ORGANISME a
Apprendre que 12 petites fioles d’huiles essentielles peuvent soulager toute la famille de 40 pathologies du quotidien (infections, sommeil, peau, maux de ventre…) a de quoi remonter le moral jusqu’au printemps. Qui nous a appris la nouvelle ? L’Aromathèque pardi ! Le repaire des méthodes naturelles de soins du corps, des émotions et de la beauté à Lyon. Dans les 2 points de vente, véritables cavernes d’Ali Baba où s’alignent huiles essentielles, compléments alimentaires, plantes médicinales, élixirs floraux, cosmétiques et hygiène bio… de véritables professionnels de la naturopathie prennent un vrai plaisir à nous conseiller. Soif d’en savoir plus ? Participez aux formations ! CPB
© DR
MON DÉCORATEUR D’INTÉRIEUR
© DR
L’AROMATHEQUE 70 cours Vitton – Lyon 6e Tél. 04 37 24 19 94 9 rue de l’Ancienne Préfecture – Lyon 2e Tél. 04 72 31 62 30 www.laromatheque.fr
© DR
MON COUPÉ
Chic éclectique et bien-être des sens
Infiniti, of course !
Architecte, maître d’œuvre, designer et décoratrice d’intérieur se rencontrent au cœur des Brotteaux. Loin des standards, ce collectif d’indépendants fait vivre nos habitations d’un style à la française non conventionnel, leur donnant du caractère, pour ne pas dire une âme. Avec eux, les intérieurs recherchent l’émotion sensorielle, le bien-être des sens dans l’éclectisme et l’élégance. Pour faire vivre leur showroom tapissé d’un mur en cuir, designers et artistes sont ponctuellement conviés à compléter l’ornementation. Parce qu’il y a de la place pour toutes les décorations. LB LYON 16e 17, place Jules Ferry, Lyon 6e Tél. 06 76 12 22 58 www.lyon16eme.fr
ego la revue 34
Deuxième génération de l’emblématique coupé sport Infiniti, la nouvelle Q60 s’inscrit dans la tradition de la marque. Son extérieur met l’élégance au service de la puissance, ce qui lui confère une allure athlétique et nerveuse. Sous le capot, le tout nouveau V6 3.0 biturbo VR30, fort de ses 405 chevaux, est accouplé à une boîte automatique 7 rapports. Le coupé intègre aussi un système de suspension numérique destiné à améliorer la réactivité et l’agilité du véhicule, offrant ainsi un meilleur confort de conduite. VF INFINITI 45, avenue Maréchal Foch, Lyon 6e Tél. 04 78 89 81 84
24
le choix d’ego
a PROSPERO Tél. 06 77 86 71 71
MON CRÉATEUR D’INTÉRIEUR
© DR
Prospero ou l’excellence d’installation NÉ DE L’ASSOCIATION ENTRE PHILIPPE CROZET, LE SPÉCIALISTE DES SALLES DE BAINS À LYON, SÉBASTIEN PROSPERO ET CLAUDE BOVET, PROSPERO BÂTIMENT EST EN PASSE DE DEVENIR L’EXPERT DE L’INSTALLATION HAUT DE GAMME DE LA RÉGION. POUR ÉVITER LES FINITIONS DE CHANTIER BÂCLÉES, L’ENTREPRISE MISE TOUT SUR LA FORMATION DE SON PERSONNEL QUI A APPRIS À AVOIR LE SOUCI DU DÉTAIL, À CONNAÎTRE LES PRODUITS ET À LAISSER UNE PIÈCE TERMINÉE IMPECCABLE, PRÊTE À ÊTRE UTILISÉE AU QUOTIDIEN. UNE EXPERTISE RASSURANTE QUI S’ÉTEND À TOUTE LA MAISON, ET PLUS SEULEMENT À LA SALLE DE BAINS. PROSPERO ACCOMPAGNE LES ARCHITECTES D’INTÉRIEUR DANS LEURS PROJETS MAIS EST AUSSI DEVENU INSTALLATEUR RÉFÉRENT DE MARQUES D’AMÉNAGEMENT : UN GAGE DE CONFIANCE QUI SÉDUIT LES CLIENTS ! CA
En direct de Roanne… MA CARTE POSTALE
© DR
Présente depuis 48 ans au cœur de Roanne, la maison Troisgros a décidé de quitter son emplacement historique pour investir un ancien manoir. Une halte s’y impose mais réduire Roanne à cette institution triplement étoilée serait dommage. Car la région possède de nombreuses ressources, pour certaines insoupçonnées. Les côtes roannaises sont autant de crus façonnés par des vignerons qui “parlent le vin” comme personne, à l'instar du domaine Sérol. Plaisir encore avec la découverte de la maison Mons, affineuse depuis cinquante ans de fromages, ou du légendaire Revillon, maître dans l’art d'envelopper nos papilles. Côté « éco », que du lourd : de firmes dédiées à la construction de blindés pour l'armée à l’incontournable géant local de l'industrie, le groupe Michelin. MG
ego la revue 34
25
© DR
© DR
le choix d’ego
MON CONCEPTEUR DE CUISINES
MON FAST-FOOD GASTRONOMIQUE
Appelez-moi le personal kitchener !
Bocaux étoilés
Boco, c’est le juste milieu entre cuisine gastronomique et restauration rapide. Les frères Ferniot, Vincent, journaliste culinaire et Simon, spécialiste en marketing, ont convaincu des chefs étoilés de leur concocter des recettes de saison, savoureuses, équilibrées, présentées en libre-service dans des bocaux en verre. Ouvert depuis octobre, Boco Lyon proposera bientôt une recette en collaboration avec le pâtisser Richard Sève : un baba au rhum accompagné de chantilly vanillée et de brisures de pralines roses. Un délice purement lyonnais ! CA
Ça va vous eltonner ! Le concept de cuisine 2.0 d’un nouveau genre, Elton, a ouvert ses portes à Lyon. Avec imagination et grandeur d’esprit, architectes et décorateurs d’intérieur passionnés de dessin, d’art, de photo ou encore de voyages, donnent corps à la philosophie Elton avec un mot d’ordre : kill the kitch ! Comprenez, des collections de cuisines épurées qui ont du style. CPB
BOCO LYON 41, rue Malesherbes, Lyon 6e Tél. 04 78 17 26 17
ELTON 231, route nationale 6, Saint-Bonnet-de-Mure Tél. 04 37 60 29 28 www.myelton.com
Dénicheur de pépites MON PRO DE L'IMMO DE LUXE Initialement ancrée quai Saint-Antoine depuis 2015, l’agence immobilière Barnes, spécialisée dans la vente et la location de biens haut de gamme, s’implante dans le 6e arrondissement. Pour sa seconde adresse lyonnaise, elle a retenu le quartier de l’immobilier de luxe par excellence, se rapprochant des habitations d’exception qui bordent le parc de la Tête d’Or. Les 450 m2 de nouvelle surface viendront développer de nouveaux services : la location de prestige, l’immobilier commercial et de bureau et la conciergerie haut de gamme. LB
a
ego la revue 34
© DR
BARNES LYON 6 14, quai du Général Sarrail, Lyon 6e www.barnes-lyon.com
26
le choix d’ego
MON ENVIE DE DÉCO NORDIQUE
By Hyggelig : coup double ! Et de deux, Floriane et Matthieu Vergnol franchissent un nouveau cap qui les propulse d’emblée dans le précarré des grands décorateurs lyonnais. Si Matthieu gère le duplex peuplé d’objets et trouvailles de la maison mère jouxtant l’église de la rue Auguste Comte, Floriane, en face, dispose d’un espace adéquat afin de développer ses chantiers de grande envergure. L’équipe de By Hyggelig s’étoffe dans la foulée de Manon, architecte d’intérieur et, d’un autre, Matthieu décorateur d’intérieur. Sur place, une vision particulièrement léchée du design nordique. Sous les volumineux luminaires, le canapé mascotte flirte avec la quintessence de la bibliothèque murale, pas de placage mais du chêne monté selon les règles de l’ébénisterie tout en présentant des formes contemporaines et la possibilité du sur mesure. Nyta, Tre, New Works, Fabula Living, Niki Jones… on fonce découvrir ces nouvelles marques jusqu’à présent inexistantes à Lyon. NFa © DR
BY HYGGELIG 6, rue Auguste Comte, Lyon 2e Tél. 04 37 23 52 45 www.hygge.fr
MON REPÈRE À GOURMANDISES
Du baume au cœur pour réchauffer les matins d’hiver Sugar cookies tout chauds ! Amandine, jeune maman passionnée de pâtisserie et de DIY a lancé sa fabrique à cookies et sablés décoratifs. Ingrédients bio, glaçage royal, formes improbables font la recette du cute biscuit homemade ! Mention spéciale au « Lyonnais », cookie praline rose et chocolat au lait ! Peaufinant cet art culinaire, la créatrice a fait appel à Parenthèse poétique pour sa déco, ambiance Bakery Shop de Manhattan. En immersion totale dans la culture food newyorkaise, rendez-vous aux ateliers thématiques pour s’essayer aux sablés décorés. LB
© DR
CONEY COOKIES 14, rue Sergent Blandan, Lyon 1er coneycookies.bigcartel.com
MA PAUSE COUPE DÉTENTE
Coiffeur de génie sur cheveux secs On a retrouvé notre pro du bulbe lyonnais Kris. Passionné de culture thaï, il a rouvert un tout nouveau salon, écrin aux accents d’Asie à deux pas des Terreaux. Jolie hauteur sous plafond, mezzanine façon temple thaï, musique douce et thé vert au jasmin servi dans de la porcelaine chinoise, le raffinement est au rendez-vous et la pause bien-être totale. Kris est tout à nous pour écouter nos déboires capillaires et autres fantasmes coloriels tandis que Hai-Annan, masseur professionnel formé en Thaïlande à l’école du Wat Pho, fait baisser la tension du crâne à la pointe des pieds en passant par la nuque et les lombaires. Deux docteurs es bien-être qui sauront redonner un sacré coup de fouet à votre coiffe et à votre moral. CPB © DR
SIAM HERITAGE 21, rue Longue, Lyon 1er Tél. 04 72 10 08 02
ego la revue 34
28
le choix d’ego
la liste de mes envies QUAND NOËL ARRIVE, LES ENVIES SE MULTIPLIENT ! IL EST TEMPS DE CRÉER (OÙ DE RALLONGER !) SA LISTE DE CADEAUX AVEC DE NOUVELLES TENTATIONS, QU’ELLES SOIENT FAITES DE CUIR, DE MÉTAL PRÉCIEUX OU DE DENTELLE… CÉLIA TUAL
Pour une élégance en journée ou en soirée, ce collier en or rose 18 carats créé par Ginette NY est l’accessoire parfait de cet hiver. Printemps, Lyon 2e
À la frontière de l’art contemporain et du design, nOlita est une balançoire-sculpture imaginée par l’artiste Ingrid Sol Leccia. Chaque objet est unique et réalisable en blanc, en noir et dans divers coloris. Il peut être installé en intérieur, mais aussi en extérieur grâce à son assise thermolaquée. sur www.leccia.eu
Pour patienter avant Noël en beauté, The Bodyshop a imaginé un calendrier de l’avent rempli de cadeaux pour se pomponner. Ce calendrier Ultimate existe aussi en version Classique et Deluxe, pour encore plus de plaisir ! The BodyShop, Lyon 2e
C’est un voyage en Méditerranée que nous offre ce pichet Poulpe fait main, réalisé par l’Atelier Buffile. Grande tendance de l’hiver, la céramique fait son retour dans nos intérieurs ! Respiro, Lyon 1er
Fabriqué artisanalement par Pols Potten et vendu chez RBC, le miroir Prickle, en verre et fer peint, injecte sans effort une touche joyeuse et chaleureuse dans un intérieur neutre. De quoi ravir les amateurs de vintage et des années 50. Une pièce forte, spectaculaire, à (s’)offrir d’urgence ! RBC, Lyon 2e
Le col roulé revient en force cette saison ! Quoi de mieux qu’un gros pull douillet pour affronter le froid ? Agnès b. mixe douceur et chaleur avec cette pièce 100 % en Alpaga. Agnès b., Lyon 2e
Pour réaliser bûches de Noël et autres gourmandises, ce robot pâtissier multifonction de Kitchenaid répond présent ! Sa grande capacité et ses accessoires divers et variés en font l’allié des férus de pâtisseries. Il existe également en version mini. AliceDélice, Lyon 2e
Pour des nuits d’hiver coquines ou des journées chic, Paloma Casile a créé le body Fabien, tout en dentelle, à porter en dessous ou en dessus ! Tazia, Lyon 2e
Pour cet hiver, Chloé dégaine son mini sac Kurtis en cuir de veau lisse et veau velours. Résolument rock et tendance en version dark purple, LA couleur de la saison. Idéal pour une journée shopping entre amies ! Printemps, Lyon 2e
ego la revue 34
30
le choix d’ego
la liste de mes envies
Cette saison, on ose le bling bling, les grosses pièces et le retour aux seventies. Cette veste en mouton et cuir de chez Acne Studios est parfaite pour affronter le froid avec style ! AS IT IS, Lyon 2e
Dans un esprit montagne chic, ce fauteuil Florida à bascule de chez Kare inspire une ambiance chaleureuse. Son assise en tissu marron est associée à des pieds en acier cuivré et bois. Kare, Saint-Priest
Ce couteau d’inspiration asiatique, dessiné et conçu par Cédric Ragot, est un ovni singulier qui intrigue par son apparence “couverte”. Stylo ? Éventail ? Avec son capuchon protecteur, Le Katana de chez Henry Mazelier abolit et réinitialise les usages couteliers classiques. En acier et acrystex, il peut également servir de coupepapier. À découvrir absolument. Lacouture, Lyon 2e
Création Made in France en argent et quartz fumé, cette bague Marguerit De Maars est le must-have de la saison. Chic et élégante, elle ne quittera plus votre doigt une fois essayée. www.margheritdemaars.com/fr
Karl Lagerfeld & Faber-Castell lancent la « Karlbox », une collection en édition limitée de crayons et d’accessoires pour l’art et le graphisme. 350 instruments de dessin dignes de l’élégance et de l’exigence du célèbre créateur ! Aux Trois Archers, Lyon 2e
Ce qui est sûr, c’est que les cuissardes sont les chaussures de l’année ! Celles de Stuart Weitzman sont élégantes et raffinées. À talons hauts, on les associe à une robe ou un jean selon l’humeur du jour ! Saxbridge, Lyon 2e
Galop, le nouveau parfum féminin d’Hermès, est l’alliance parfaite du cuir de veau et de la rose, avec une pointe de safran et de coing. Une composition charnelle, sensuelle et colorée à découvrir… Au Printemps, Lyon 2e
ego la revue 34
Blanc et python s’associent sur cette basket Barbara Bui. Le résultat ? l’accessoire ultime de l’élégance pour fignoler des tenues « sportswear chic » cet hiver. Graphiti Femme, Lyon 2e
31
Avec sa collection Collection Fil Diamants de Rosée, Or rose 750 ‰, Véronique Leroy revisite le motif iconique de la marque Guérin Joaillerie. Une gamme épurée et moderne qui crée un véritable fil conducteur entre mode et joaillerie. Cette manchette en or rose illustre la tradition de finesse et d’originalité de cette enseigne intemporelle. Guérin Joaillerie, Lyon 2e
ego en société
Belles-mères e du xxi siècle : marâtres intraitables ou bonnes copines ? AUTEUR CHARLOTTE AGIER
UN CHIFFRE
UN FILM
POUR ALLER + LOIN
1,7 million
C’est quoi cette famille,
Belle-mère ou marâtre, quel rôle pour la femme du père ? écrit par Michel Moral et Marie-Luce Iovane-Chesneau.
de familles nombreuses (avec trois enfants ou plus) en France en 2011. Parmi elles, 1 sur 6 est recomposée. Source : INSEE, 2011
ego la revue 34
sorti en juillet dernier, évoque avec humour et légèreté les aléas de la vie d’une famille (très) nombreuse et (très) recomposée. Les enfants en ont marre d’être trimballés constamment ; ils décident de squatter un appartement cossu et de donner des jours de visite à leurs parents et beaux-parents !
32
Grâce aux témoignages de 65 belles-mères, ce livre donne des clés pour comprendre ce rôle de marâtre qui peut parfois être ingrat et apprendre à créer un équilibre dans une famille recomposée.
ego en société
MARÂTRE (N.F.) : deuxième épouse du père
depuis les années 70, peut-être aussi parce par rapport aux enfants du premier mariage. qu’aujourd’hui une famille nombreuse sur six est recomposée. La belle-mère du xxie siècle, ni La définition est plutôt neutre. Pourtant, elle marâtre insupportable, ni copine, papillonne a mauvaise réputation : on garde tous en tête l’image de la belle-mère acariâtre, froide, entre l’affection à donner à sa belle-fille et la insensible, prête à tout pour gagner l’attention gestion de leurs éventuels conflits. Mais pour de son nouveau compagnon, au détriment que ça fonctionne, elle n’est pas la seule à devoir de la progéniture existante. Probablement contribuer à l’harmonie. Tout le monde doit en raison de l’image littéraire conférée à la y mettre du sien ! marâtre : Dans Cendrillon, Lady Trémaine SI LA MARÂTRE A MAUVAISE RÉPUTATION, LES BELLESa réussi à prendre le pas sur la jeune femme FILLES NE SONT PAS EN RESTE en imposant chez son mari ses deux filles nées d’un précédent mariage et un train de Pour la psychanalyste Dominique Devedeux, vie opulent. Pire, quand le chef de famille les relations conflictuelles entre les bellesmeurt, l’héroïne devient une esclave maltraitée mères et la progéniture de leurs maris sont et malheureuse. La Comtesse de Ségur inévitables. Dans son livre Au secours, je suis une marâtre, elle évoque, par le biais dépeignait une marâtre violente de témoignages, les difficultés d’être et méprisante dans Les Malheurs de Sophie. Cette incarnation d’une « Si la marâtre tombée amoureuse du père de ses femme jalouse et intraitable navigue belles-filles. Celles-ci feraient payer a mauvaise dans l’imaginaire collectif depuis cher cet affront en étant odieuses, plusieurs siècles. Mais a-t-elle encore insupportables et désobéissantes. Le réputation, la vie dure ? schéma est classique. La belle-mère les belles-filles désireuse de créer du lien se montre Les productions télé et cinéma de ces dernières années retracent souvent neutre, ouverte. Elle n’a pas tout à ne sont pas fait l’autorité pour donner des ordres l’histoire de familles recomposées en reste. » de manière plutôt positive. Dans mais est en position d’adulte. La fille C’est quoi cette famille, film de Gabriel se montre hésitante, voire méchante, Julien-Laferrière sorti en juillet, les pour rester loyale envers sa mère enfants prennent le pouvoir sur leurs parents, qu’on a remplacée ou faire payer la séparation belles-mères et beaux-pères ; ils décident de ses parents. Le père, qui culpabilise, ne d’habiter ensemble plutôt que d’être trimballés veut pas brusquer, ni braquer sa fille. Une de famille en famille. Un message d’unité ! La situation qui se révèle exacte dans certains cas relation entre une belle-mère et une belle-fille mais qui ne peut pas faire règle. Si quasiment est aussi décrite avec simplicité et naturel, dans toutes les belles-mères ont du faire face à la la série Fais pas ci, fais pas ça par exemple. On ne réflexion « tu n’as rien à me dire, t’es pas ma se pose plus tellement de questions puisqu’elle mère », certaines s’en sortent formidablement est à présent ancrée dans les mœurs. Ce lien bien, parfois grâce à leur tact, mais surtout ne surprend plus, certainement à cause de grâce à un environnement propice, une sorte la montée constante du nombre de divorces d’alignement des planètes familial.
ego la revue 34
33
ego en société
« En voyant la belle-mère et la fille sympathiser, la mère peut se sentir trahie. La belle-fille peut aussi reprocher à sa marâtre d'avoir été la cause de la rupture entre son père et sa mère »
POUR QUE LA BELLE-MÈRE SOIT ACCEPTÉE, TOUT LE MONDE DOIT MARCHER SUR DES ŒUFS
La délicatesse est de rigueur pour ne pas imposer avec rudesse une personne externe au noyau familial à présent éclaté. L’acceptation peut être plus ou moins facile selon l’âge de la belle-fille. Pour Michel Moral, co-auteur du livre Belle-mère ou marâtre, quel rôle pour la femme du père ?, une relation entre une marâtre et sa belle-fille se construit différemment selon le moment où l’enfant rencontre sa belle-mère : « Lorsque la bellefille est petite et que la belle-mère s'en occupe bien, il peut s'établir une bonne, voire très bonne, relation , explique le psychologue. Lorsqu’elle est ado, elle peut être tentée de comprendre pourquoi la belle-mère a su séduire son père et lier une amitié ». L’attitude de la fille face à sa marâtre dépend aussi des sentiments de sa mère face à la nouvelle compagne de son père. Si elle accepte sa belle-mère, c’est souvent parce que sa mère est cordiale avec celle-ci. Mais les enfants, qui ont tendance à s’imprégner des sentiments de leurs parents lorsqu’ils sont jeunes, peuvent reporter ce qu’ils ont entendu sur la belle-mère et développer des ressentis négatifs envers elle. De plus, en observant sa mère avoir une attitude peu engageante avec sa belle-mère, la fille est prise dans un conflit de loyauté difficile à gérer. « En voyant la belle-mère et la fille sympathiser, la mère peut se sentir trahie, précise le psychologue. La belle-fille peut aussi reprocher à la belle-mère d’être la cause de la rupture entre son père et sa mère ». Le père, justement, qui a un rôle à jouer. Sa fille peut également lui reprocher la séparation conjugale, il culpabilise et, du coup, adopte une attitude neutre, voire laxiste, en laissant les conflits féminins se résoudre seuls. Ce comportement aura tendance à aller dans le sens de la fille et même à l’encourager dans son antagonisme face à sa marâtre. Il est crucial qu’il soit impartial, mais aussi actif dans la dynamique belle-mère / belle-fille, pour que sa compagne trouve sa place dans le noyau familial et que sa fille envisage des limites à son insubordination. ÊTRE UNE PARFAITE BELLE-MÈRE EST IMPOSSIBLE
Entre les attentes (où l’absence de celles-ci) de la fille, celles de son compagnon et les siennes, la marâtre d’aujourd’hui compose avec ce qu’elle vit au quotidien. Elle ne peut pas rivaliser avec la mère des enfants. Elle ne peut pas non plus se détacher car elle vit parfois avec eux et endosse de fait une responsabilité envers eux. L’implication ne vient pas uniquement d’elle, mais de tous les acteurs de la vie familiale. La marâtre est un funambule : elle oscille entre moments d’harmonie partagés et crises inévitables !
ego la revue 34
34
SCHMITT ERIC-EMMANUEL ego à nu
PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE PHOTO PASCAL ITO
ÉCRIVAIN PÈRE D’UNE QUARANTAINE D’OUVRAGES, MAIS AUSSI METTEUR EN SCÈNE, RÉALISATEUR DE PIÈCES DE THÉÂTRE, CET INTELLECTUEL ET ROMANCIER FRANCOPHONE DES PLUS POPULAIRES SEMBLE NE PAS TOUCHER TERRE. ET POURTANT, L’ÉQUILIBRE PARAÎT L’ENTOURER, PRESQUE L’HABITER. ENTRETIEN.
Parlez-nous de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, pièce dont vous êtes l’auteur, jouée le 9 février au Radiant-Bellevue.
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT J’ai écrit ce texte en 1999 dans un contexte totalement différent. Le rapport à l’Islam était de l’ordre de l’ignorance. Aujourd’hui, on se situe plus dans la méfiance, voire le rejet. Cela me paraît important de rappeler que c’est la lecture qui fait le texte.
Qu’est-ce qui vous a conduit à lire ce roman sur scène ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT Ce texte est joué depuis 20 ans par d’autres. Un jour, Francis Lalanne ne pouvait assurer des représentations. Je l’ai remplacé au pied levé, le public a été extraordinaire avec moi. Je me suis mis à travailler ma voix, la mise en scène, pour mériter son accueil. Sur ma table d’écriture, je ne suis pas totalement seul puisque j’ai mes personnages, mais sur scène je me guéris de la solitude de l’écriture car nous sommes des centaines à vivre l’émotion ensemble.
Comment percevez-vous l’écriture ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT Elle se séquence en deux temps : celui de l’artiste et celui de l’artisan. Dans le premier, j’écris d’un seul jet, un geste créateur qui ne se produit qu’une seule fois. Alors je travaille dans un sentiment d’urgence absolue, pensant être mort le lendemain, tel un comédien qui jouerait avant que le théâtre ne brûle. Et je finis par retrouver l’énergie pour continuer. Puis il y a les gestes de l’artisan : je lisse, polis, époussette, affine, restructure… comme mon grand-père, artisan joaillier sertisseur. Il avait la patience de la passion, j’essaye d’avoir la même.
Suite à votre dernier livre, L’homme qui voyait à travers les visages, sorti aux éditions Albin Michel, quelle vision de la société avez-vous au milieu des drames terroristes qui la traversent ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT J’ai écrit ce livre pour essayer de comprendre notre monde et peut être le dépasser d’un point de vue politico-historique. J’ai été choqué comme citoyen mais aussi comme croyant. En colère. Le Dieu auquel je crois me pousse, voir m’oblige, à l’amour. À travers mon personnage Augustin, j’ai mené l’enquête pour savoir si la violence venait des hommes, des religions ou de Dieu. La fiction a des armes que la pure réflexion philosophique n’a pas. Le romancier se sert de l’empathie.
ego la revue 34
36
ego à nu
De quoi avez-vous besoin pour écrire ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT C’est dans mon effacement que je m’accomplis tel un scribe, quand je sais que mon récit existe par lui-même et non par ma volonté. Ce n’est bien que lorsque je disparais. Infiniment curieux des autres, j’ai une immense tendresse pour les humains qui arrivent sous ma plume, y compris si je les désapprouve. Je suis amoureux de leur complexité, labyrinthe dans lequel j’aime me perdre. Je mêle réflexion et émotion. Chaque phrase raisonne dans mon esprit, mon corps, mon cœur : je suis un quand j’écris. Les livres sortent de moi avec une naturalité totale et ça me rassure. J’en vois tellement qui se forcent, j’ai envie de leur dire : faites autre chose !
Pensez-vous avoir les pieds sur terre ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT C’est drôle ce que vous me dites. Hier, j’étais chez mon acuponctrice et à chaque fois que je sors d’une phase cérébrale, elle me dit que je ne touche plus terre, que j’ai l’énergie d’un enfant. J’adore qu’on me raccroche à la Terre, sinon je pars dans les nuages. L’imaginaire prend tant de place qu’à force de réinventer la réalité, on peut s’en couper. Je me donne tellement qu’il faut trouver la force de continuer le lendemain. Je pratique un métier à risque mine de rien !
Vous avez été consultant sportif aux JO de Rio, êtes-vous passionné de sport ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT Mes parents ont fait suffisamment de sport pour plusieurs générations ! Je ne suis pas un modèle pour ça. J’aime passionnément marcher des heures dans la nature avec mes chiens ou nager, des activités de fond qui me permettent de réfléchir.
Vous touchez aussi à la musique, tant dans la pratique que dans vos écrits. ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT J’ai fait le conservatoire à Lyon. La musique tient une immense place dans ma vie, me recharge, me console, me régénère, à l’image d’un guide spirituel. Elle a ce pouvoir alchimique de transformer la tristesse en beauté.
Vous arrive-t-il de revenir à Lyon ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT Le plus souvent possible. M. Ibrahim et les fleurs du Coran est jouée à New York, Los Angeles, en Russie, au Canada… J’ai toujours été embêté de ne plus jouer à Lyon, car j’ai du plaisir à revenir. J’aime la ville, davantage que lorsque j’étais enfant. Elle est devenue plus riante, plus jolie, plus cosmopolite. J’ai découvert mes aspects lyonnais quand je suis parti : très sensuel avec l’air respectable, l’allure digne et capable de toutes les folies, lent à ouvrir les portes de mon intimité. Et aussi la facilité à marcher dans plusieurs siècles à la fois. Etant plus jeune, pour aller au lycée Saint-Just, je passais par le Vieux-Lyon, le musée Gallo-Romain, allant de l’époque gallo-romaine à la Renaissance, et en face j’avais Part-Dieu. Un aspect qu’on retrouve dans mon œuvre.
a
Quel serait votre conseil pour vivre en harmonie ?
ÉRIC-EMMANUEL SCHMITT Pour y arriver, il faut lâcher prise, y consentir. Ce sont souvent nos raidissements, notre orgueil, notre peur de l’abandon qui nous empêchent d’y parvenir. Il faut accepter d’être fêlé, d’avoir des failles, car c’est à travers elles que passent l’énergie et la lumière. Pour ma part, je vais écrire le prochain livre, la prochaine pièce de théâtre, produire mes fruits, comme d’habitude.
Né en 1960 à Sainte-FoyLès-Lyon Vit en Belgique depuis 2002, naturalisé Belge en 2008 Agrégée de philosophie en 1983 Adaptation au cinéma d’Odette Toulemonde en 2006 Élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique en 2012 Membre du jury de l’Académie Goncourt en 2016 Une devise qu’il aime citer : « Je suis une force qui va. » de Victor Hugo
ego la revue 34
38
e
g
o
-
l
o
egolarevue 34
tendance mode 40 MÈRE & FILLE, UNE MODE, PLUSIEURS STYLES…
o
k des hauts et des bas 44 PERSPECTIVES CONTRASTÉES, VOLTE-FACE D’ÉMOTIONS
39
é
tendance mode
MÈRE & FILLE, UNE MODE, PLUSIEURS STYLES… LES FRONTI ÈR ES V ESTI M ENTA I R ES S’ESTOM PENT ENTR E LES GÉNÉR ATIONS. AU POINT QU’IL N’EST PAS R A R E DE VOIR UNE A DOLESCENTE DE 15 A NS ET SA M ÈR E DE PLUS DE 40 A NS H A BILLÉES DE FAÇON SI MIL A IR E OU PR ESQUE ! FEM M ES NOSTA LGIQUES DE LEUR JEU NESSE OU JEU NES-FILLES ENTR ÉES DA NS LA SÉDUCTION TROP TÔT ? OUI, M A IS PAS SEULEM ENT… DÉCRY PTAGE.
Cela fait déjà quelques années que les jeunes-filles jupes plissées queue de cheval à la sortie du lycée, chantées par Laurent Voulzy dans son mythique Rockollection ont troqué leur sac US contre un large it-bag – de leur mère ? – pour porter cahier et livres. Subissant les diktats d’une mode sexy dès le plus jeune âge, leurs codes vestimentaires se rapprochent de ceux de leurs aînées qui évoluent dans une culture du "vieillir jeune", synonyme de dynamisme. Résultat, les frontières s'estompent entre les générations, et les femmes, passé 45 ans, n’hésitent plus à porter jupe courte et cheveux longs. « Qu’importe, rétorque Frédéric Lacroix, personal shopper au Printemps de Lyon, qui a, le temps d’une séance photo, habillé Anne, la mère, créatrice de vêtements de luxe, et sa fille, Julia, lycéenne de 16 ans. Depuis quelques années déjà, la tendance n’est plus au code vestimentaire figé. Le court côtoie le long, le large le près du corps. Quel que soit l’âge, ce qui compte c’est que chacune trouve son propre style. Le tout est de respecter sa morphologie ». Ainsi, quand il conseille une cliente, il essaie de casser les tabous, de brouiller les pistes en termes d’âge, sauf si la personne veut s’y cantonner. Et de ce fait là, bouscule les idées reçues : la cuissarde va vieillir une jeune fille en apportant une connotation péjorative tandis qu’elles seront plus adaptées à la mère avec une tenue qui viendra pondérer le côté sexy des chaussures. Le spécialiste rappelle que le vêtement sert à exprimer sa personnalité, dans une société où l’apparence est un outil de communication. Mère et fille peuvent, par conséquent, porter et aimer les mêmes pièces en affichant une différenciation de style. Il ne s’agit pas de faire un copier-coller, mais une interprétation sur une base commune. Les jeunes filles désirent avant tout être reconnues pour elles-mêmes et non comme des copies de leurs aînées. La preuve avec un phénomène immuable quelle que soit l’époque : les adolescentes continueront à porter des bottes fourrées en été et à sortir en sweat à -10° degrés !
ego la revue 34
40
AUTEUR CLAIRE DE PROCÉ–BLANCHARD ET CHARLOTTE AGIER PHOTOS DIDIER MICHALET MAKE UP LAURA MERCIER MODÈLES ANNE & JULIA DELAIGLE STYLISTE FRÉDÉRIC LACROIX, PRINTEMPS DE LYON
tendance mode
LOOK 1 | SPORT
Manteau Tommy Hilfinger (collab avec Gigi Hadid) Les autres pièces Denim & Supply, Pepe Jeans, Maje, Trussardi
« L’accessoire et la façon de porter un vêtement suffit à faire la différence. Ici, le fait de remonter le col d’Anne lui donne plus de prestance » – Frédéric Lacroix, personal shopper « Ma fille se sert dans mes vêtements. Moi, jamais. Son look est très adapté à son âge. Le jogging avec les sneakers, ce n’est pas du tout mon style. Mais j’adore ce manteau kaki qui lui va très bien aussi » – Anne « Maman me conseille beaucoup pour tempérer mon look sport. Avant, je n’aurais jamais pensé porter une chemise avec un legging ou un jogging » – Julia
ego la revue 34
41
tendance mode
LOOK 2 | ROCK
« Le style rock et les fleurs sont complètement interchangeables. Elles peuvent tout à fait échanger leur tenue dans ce cas précis » – Frédéric Lacroix, personal shopper « Mon perfecto et mes boots de biker sont très adaptés à son look, mais je ne vais pas les porter de la même façon que Julia » – Anne « Maman aime beaucoup la lingerie sophistiquée. Ce n’est pas du tout mon cas. Je préfère cacher ce que je porte en dessous » – Julia Perfecto, robe fleur The Kooples Jean The Kooples Veste en velours The Kooples
ego la revue 34
42
tendance mode
LOOK 3 | STREET-CHIC
Perfecto The Kooples La robe, la combi-pantalon Hôtel particulier Chaussures LK Bennett, The Kooples
« Je n’ai pas de règle liée à l’âge. Si la robe est bien trop courte, j’évite de la proposer à une femme de plus de 45 ans. Mais attention : le trop long a tendance à vieillir. Mon travail consiste à montrer comment une pièce s’adapte à chacune avec les accessoires et selon la silhouette » – Frédéric Lacroix, personal shopper « Rien ne fait jeune, rien ne fait vieux, c’est ce qu’on en fait qui marque la différence. j’ai acheté récemment une jupe plissée longueur genou. Sur le cintre, une catastrophe. Avec mon perfecto, une grosse ceinture et un sac coloré, elle est canon ! » – Anne « Maman ne mettrait pas cette robe droite qu’elle trouve trop sage. Mais avec des chaussures plates et les chaussettes blanches, ça la modernise » – Julia
ego la revue 34
43
PERSPECTIVES CONTRASTÉES, VOLTE-FACE D’ÉMOTIONS IMMERSION DANS UN UNIVERS FANTASQUE MAIS HARMONIEUX, BURLESQUE MAIS COLORÉ. TOUT N’EST QUE JEUX DE LUMIÈRES, D’OMBRES ET DE POINTS DE VUE. UN FACE À FACE SAISISSANT, QUI CAPTE REGARDS APPUYÉS ET INSTANTS D’ÉMOTIONS POUR LES FIGER À JAMAIS DANS DES TENUES INTENSES, FAITES DE VELOURS ET DE SATIN, DIGNES D’ŒUVRES D’UN PEINTRE !
PHOTOGRAPHES DIDIER MICHALET ET KAREN FIRDMANN, DMKF STYLISME CASSANDRE JACQUIN MAKE UP & COIFFURE AUDREY EBEYER MANNEQUINS CLEMENCE DEVOS, ELISE WOOD, SIMON THEVENET, CASSANDRE JACQUIN, PHILIPPE CAMOISSON ET HOOCH
Veste velours Barbara Bui chez Graphiti
HOMME Chemise Dolce&Gabbana chez Graphiti – Bijoux By Lis FEMME Déshabillé La Perla chez Tazia – Ensemble de lingerie Paloma Casile chez Tazia – Bijoux By Lis
HOMME Veste velours Saint Laurent chez Graphiti – Chemise Dolce&Gabbana chez Graphiti – Bijoux By Lis FEMME Déshabillé La Perla chez Tazia – Ensemble de lingerie Paloma Casile chez Tazia – Bijoux By Lis
Bijoux By Lis – Veste velours Saint Laurent chez Graphiti
FEMME Robe Plein Sud – Bijoux By Lis – Tatouage de la vierge par Teodor Milev
Robe Plein Sud – Bijoux By Lis – Tatouage de la vierge par Teodor Milev – Tatouage cou et dos par Laurent Zucca
Veste velours Barbara Bui chez Graphiti
e -
g egolarevue 34
échappée belle 54 BOLINAS, UNE ENCLAVE DE SÉRÉNITÉ JALOUSEMENT GARDÉE
v
o o
autour de nous 58 L’ISLE SUR LA SORGUE, INSULA ANTIQUE
y
a
e 53
g
échappée belle
Bolinas, une enclave de sérénité jalousement gardée © DR
AUTEUR VINCENT FEUILLET
L'immense lagon de Bolinas
NE PAS PARLER DE BOLINAS SERAIT UN SACRILÈGE. EN PARLER EN EST UN ÉGALEMENT ! CE VILLAGE AU NORD DE SAN FRANCISCO VIT EN RETRAIT DE LA CALIFORNIE ET NE FAIT RIEN POUR ATTIRER LES TOURISTES. DEPUIS LES ANNÉES 1970, LA COMMUNAUTÉ HIPPIE A PRIS EN MAIN LA DESTINÉE DE CE LIEU TRÈS, TRÈS SPÉCIAL. MAIS… ON NE VOUS A RIEN DIT !
À une heure de route au nord de San Francisco dans le comté de Marin, se cache un petit paradis nommé Bolinas. Une oasis de calme et de nature que ses 1 600 habitants tentent depuis plusieurs décennies de faire rayer de la carte. Ils ont fait leur la maxime « Pour vivre heureux, vivons cacher », détruisant même les panneaux de signalisation qui conduisent à la route d’accès. Celui indiquant Bolinas : 2 miles placé sur la route 1 n’est jamais resté en place plus de 36 heures ! Si bien que les équipes du comté l’ont remplacé pendant quarante ans avant de jeter l’éponge. Cette pancarte blanche et verte est devenue presque aussi mythique que le panneau de la road 66.
ego la revue 34
54
échappée belle
Hippie et écolo
Les maisons de pêcheurs typiques de Bolinas
© DR
Le smiley's, le saloon le plus ancien à l'ouest du Mississipi
© DR
Cette discrétion, les habitants veulent la préserver coûte que coûte. Leur maire proclame régulièrement dans la presse « Il n’y aucune raison de venir à Bolinas ! » et appelle son village la République de Bolinas, dont les citoyens sont en majorité d’anciens hippies. Ces derniers ont pris possession des lieux depuis 1971 après avoir migré de San Francisco afin de nettoyer la plage souillée par une marée noire, la San Francisco Bay oil spill. Les maisons de pêcheurs sur pilotis ont été rachetées une par une. Aujourd’hui, ce village donnant sur une lagune bordée de montagnes a conservé cette communauté, l’une des plus mythiques de la Californie, à laquelle se sont intégrés des artistes, des écrivains et des personnalités des médias, dont certaines célébrités comme la cuisinière Martha Stewart, le réalisateur Joël Coen et son épouse la comédienne Frances McDormand. Si les maisons sur pilotis se vendent désormais une petite fortune, Bolinas a conservé son esprit cool et libertaire, ainsi qu’un certain art de vivre en harmonie avec la nature. Les habitants sont très sensibles aux problèmes environnementaux et respectent un modèle écologique rigoureux. Le New York Time décrit d’ailleurs le village comme la collision entre un bus hippie et la culture BMW. En 2003, une sans domicile fixe a suggéré aux habitants de faire reconnaître publiquement l’amour du village pour la nature, les ours, les renards et les myrtilles. La proposition a adopté par référendum à une large majorité. Ce résultat a donné lieu à l’apposition d’un panneau « Vous entrez dans un village socialement conscient et amoureux de la nature »… qui a disparu depuis ! Tandis qu’en 2009, en raison de sécheresses persistantes, Bolinas a été la première commune de l’État à imposer des rationnements d’eau.
a SMILEY’S 41, Wharf Road, Bolinas + 1 415 868 13 11 www.smileyssaloon.com COAST CAFÉ 46, Wharf Road, Bolinas + 1 415 868 22 98 BOLINAS MUSEUM 48, Wharf Road, Bolinas + 1 415 868 03 30
ego la revue 34
PEOPLE’S STORE 14, Wharf Road, Bolinas
© DR
La plage de Bolinas
55
© DR
échappée belle
Le Bolinas Museum
Venir à Bolinas, c’est d’abord s’imprégner de cette atmosphère de sérénité, en rien comparable aux autres villes californiennes. Ici, on prend le temps de vivre, d’observer la végétation luxuriante, de contempler les nombreux oiseaux dans le ciel… La ville se découvre à pied en se promenant sur la seule avenue de Bolinas longeant ses deux quartiers : la Mesa et ses maisons à l’architecture farfelue et Downtown Bolinas où quelques galeries d’art méritent le détour. Tout comme le Bolinas Museum, ouvert deux après-midi par semaine, au sein duquel sont exposées des sculptures, des peintures paysagères et des photographies signées par des artistes régionaux. Au cœur du village, le seul et unique restaurant : le Coast Café. En toute simplicité, les habitants viennent y déjeuner et dîner, notamment d’huitres grillées dans un beurre au bourbon, de pain de viande et purée ou encore d’un steak cuit au barbecue. Côté douceur, la carte comprend la traditionnelle apple-pie et le rootbeer float, sorte de limonade aux racines de sassafras couronnée de glace à la vanille. En face, le Smiley’s Saloon se vante d’être la plus ancienne taverne de l’ouest du Mississippi. Quoi qu’il en soit, derrière l’imposant comptoir en bois massif, se retrouve tout ce que Bolinas compte de buveurs de bière. Le saloon possède aussi quelques chambres. À proximité, le People’s Store, une épicerie bio coopérative, comme à la grande époque hippie. Cet incontournable de Bolinas propose des produits strictement locaux, et bien évidemment bio, des soupes et des sandwiches 100 % maison. La plage de Bolinas mérite aussi le détour. Elle ressemble davantage à un campement de post baba qu’à Malibu Beach. La balade se poursuit jusqu’à l’immense lagon dont les eaux poissonneuses attirent les oiseaux marins et les pêcheurs. Attention, la zone fait partie du triangle rouge, zone où se concentre la plus grande population de grands requins blancs au monde. Dans une Californie très connectée, dynamique et avant-gardiste, la visite de cet endroit marginal est reposante et dépaysante. Les habitants ont réussi à préserver l’authenticité et l’harmonie de leur ville. ego la revue 34
L'une des chambres du Smiley's
56
© DR
Un village d’un autre temps
Crédits photos : © wundervisual- © Meinzahn - © Leonardo Patrizi / création : cultiverlinattendu.com
SAN FR ANCISCO Réveil avec vue sur la skyline
LOS ANGELES Afterwork à Venice Beach
SANTA BARBAR A
Crépuscule enchanteur
VOTRE VOYAGE SUR MESURE EN CALIFORNIE “We are out there having fun... in the warm California sun.“ (The Ramones, California Sun) Tourner le dos à l’hiver européen et s’envoler pour San Francisco. Se perdre dans Chinatown, déjeuner au Fisherman’s Wharf, s’imaginer vivre là, dans le quartier des Painted Ladies. Et puis découvrir la cool attitude de Mission District et l’esprit de rébellion qui prévaut encore à Castro.
38 Quai Arloing, 69009 Lyon Tél. 04 72 53 24 90 lyon@insolites.com
Reprendre la route, s’insérer sur la U.S. Highway 101 qui égrène des noms mythiques : San Francisco, San José, Santa Barbara, Los Angeles... Continuer le voyage, encore et toujours...
| B R U X E L L E S | P A R I S | LY O N |
www.continents-insolites.com
autour de nous
L’Isle sur la Sorgue, Insula antique AUTEUR LÉA BORIE
FLÂNER AU CŒUR DE LA CITÉ DE PÊCHEURS, AU MILIEU DES CANAUX QUI LA CEINTURENT, POURRAIT SUFFIRE À JUSTIFIER UNE ESCALE. MAIS SI SES MARCHÉS DE TERROIR FONT SA RENOMMÉE DANS TOUTE LA PROVENCE, C’EST PAR SES TROUVAILLES QU’ELLE BRILLE AU-DELÀ DES FRONTIÈRES. BIENVENUE AU PARADIS DE LA CHINE SUR LA SORGUE.
Le showroom RBC vintage
ego la revue 34
58
© DR
autour de nous
Le Grand Hôtel Henri
À quelques kilomètres d’Avignon réside ladite capitale de la brocante et de l’antiquité. Regorgeant de trésors cachés, celle qu’on appelle la Venise comtadine est parcourue été comme hiver par les chineurs de France et d’ailleurs. Avec ses déballages dominicaux de brocanteurs et ses villages d’antiquaires chargés en histoires et en nostalgie, la belle Isle attire toujours plus de passionnés et de curieux. Les esthètes, d’autant plus assouvis, se précipitent à la Foire de Pentecôte et déambulent aux incontournables Foires internationales de Pâques et du 15 août, chères à cet immense grenier du Sud. Né en aôut 1966, ce riche mélange d’étals entre livres anciens, antiquités, art contemporain et design fait tourner les têtes à un point tel que la cité l’Isloise est devenue le 3e centre d’Europe pour le commerce des antiquités, juste derrière Londres et Paris. Car oui, avec autant de concentration autour de la Brocantiquité, le marché de Saint-Ouen sudiste n’a pas à pâlir de ses journées marchandes bien remplies. Parole de collectionneur.
© DR
Chiner chez RBC Vintage Pour chiner, chercher, mixer, il allait de soi que l’acteur clé du design aux racines sudistes établisse une demeure dans la cité des antiquaires. Depuis quelques mois, le 7e showroom du spécialiste prend ses aises dans un espace habité par le designer Jean-Marie Massaud. Entièrement dédié au design du xxe siècle, ce lieu prend vie en faisant se côtoyer pièces en séries limitées, rééditions et originaux uniques d’époque, édités dans les années 50, 60, et 70. Au gré de sa flânerie, on croise alors par ici la table EM de Jean Prouvé, pendant que trône fièrement le fauteuil Ribbon de Pierre Paulin et qu’apparaît, en série très limitée, La Cactus Design By Paul Smith. Un shopping culturel où chaque pièce participe à faire vivre l’histoire du design français.
ego la revue 34
Dormir à l’hôtel Henri Après un tel périple, se ressourcer dans le haut lieu de l’hôtellerie vauclusien est presque immanquable. Du haut de ses 230 bougies, l’édifice à la française n’a rien perdu de sa superbe. Et si le Grand Hôtel Henri**** vient de bénéficier de travaux de rénovation, l’histoire authentique de l’endroit reste encore palpable, entre majestueux et raffinement. Les pièces d’antiquité disposées çà et là participent à l’esprit des lieux. Le voyage dans le temps ne s’arrête pas là. Le restaurant Le Petit Henri invite à poursuivre l’expérience à travers une gastronomie française concoctée par le chef Olivier Bouzon.
59
a FOIRES À LA BROCANTE www.foire-islesurlasorgue.com www.oti-delasorgue.fr RBC VINTAGE www.rbcmobilier.com GRAND HÔTEL HENRI www.grandhotelhenri.com
e
g egolarevue 34
o
un chef au piano 62 MARC VEYRAT, LA MONTAGNE DANS LE CŒUR
t l
à des chefs au piano 64 QUAND L’ART CULINAIRE DEVIENT HISTOIRE DE FAMILLE…
a
b
vins et mets 68 QUAND LE BEAUJOLAIS ANTICIPE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES…
e 61
un chef au piano
Marc
VEYRAT
—
La montagne dans le cœur AUTEUR CHARLOTTE AGIER PHOTO STEPHANE LAVOUE / PASCO
APRÈS L’INCENDIE QUI A DÉVASTÉ LA MAISON DES BOIS EN 2015, MARC VEYRAT A ROUVERT LES PORTES DE SON R ELAIS & CHÂTEAUX L’ÉTÉ DER NIER. UN CONCEPT ESTHÉTIQUE, UTOPISTE ET R ESPECTUEUX DE LA TERR E.
L
a MAISON DES BOIS Chemin Rural de Manigod au Col de la Croix Fry, 74230 Manigod www.marcveyrat.fr
ego la revue 34
a montagne fait partie de l’ADN de Marc Veyrat. Il est né en Savoie en 1950 et a grandi dans la ferme familiale en haut du col de la Croix Fry, près de Manigod. Ses parents tenaient une ferme d’hôtes pas si loin de la Maison des Bois d’aujourd’hui. C’est là qu’il a tout appris, c’est là qu’il est revenu en 2013. « J’ai vécu au milieu de l’alimentaire toute ma vie. Le seul apprentissage que j’ai eu, c’est la ferme. J’ai voulu refaire ce que mes parents faisaient », c’est-à-dire créer un établissement capable d’être autonome dans ses besoins. La vie en autarcie est un concept très cher au chef étoilé et doublement reconnu par une note parfaite dans le guide gastronomique Gault & Millau. À l’image de la ferme d’hôtes de ses parents, la Maison des Bois est presque indépendante : « On a du lait, des œufs, des légumes, des ruches. L’avenir, pour moi, c’est la nature dans l’assiette ». Car ce défenseur de
l’environnement attaché à la terre de ses ancêtres imagine la cuisine du futur à mille lieues de la sur-consommation d’aujourd’hui : « Le bon produit doit être mis sur un piédestal pour qu’il devienne populaire. J’en ai un peu marre des supermarchés ». Dans son établissement, la vie se vit au ralenti, pour déguster au mieux le menu du chef et prendre le temps de contempler la nature, les montagnes, le MontBlanc qui l’entourent. Un état d’esprit à l’opposé de la société dévoreuse de temps et de nourriture. Un message positif que Marc Veyrat souhaite faire passer à ses visiteurs et aux cuisiniers d’aujourd’hui et de demain : « Il faut aller vers les produits naturels et lutter contre la nourriture semi-industrielle ». On sent que ce sujet lui tient à cœur, dans sa voix et dans ses propos. Il avoue être persévérant, opiniâtre, avoir le goût du travail bien fait. Même si cela lui a parfois joué des tours, sa passion
62
pouvant passer pour un côté rebelle, pas forcément idéal pour changer les mentalités : « Le bon message, on l’amène avec sagesse. Je suis en train d’en acquérir avec l’âge. Je deviens un sage de la gastronomie et de l’alimentaire ». Dans l’assiette, Marc Veyrat exprime une créativité colorée, destinée à moderniser la cuisine traditionnelle savoyarde, celle de son enfance. Celle qui lui rappelle les moments de partage avec sa famille : « Ce qui sort de la terre monte vers le ciel et nous nourrit. C’est très spirituel ». En hiver, il aime cuisiner et déguster la tartiflette, qu’il élabore avec les ingrédients de la recette traditionnelle ; pour la forme, c’est autre chose : « Je fais une tartiflette virtuelle. Elle a le goût de reblochon, d’oignon, de vin blanc, mais en fait, elle se déguste avec une paille ». Comme il le dit si bien, « Pour que la tradition persiste, il faut l’amener dans le contemporain ».
© ANTOINE MAILLON
des chefs au piano
Frédéric Blanc a rejoint le restaurant de son père, Georges Blanc
Quand l’art culinaire devient histoire
de famille… AUTEUR LÉA BORIE
TRANSMETTR E LA CUISINE EN HÉRITAGE EST UN GESTE FORT. MAIS LES CHEFS JUNIORS, CEUX QU’ON APPELLE LA R ELÈVE, NE VIVENT PAS TOUS LA PERPÉTUATION D’UNE SAGA CULINAIR E DE LA MÊME FAÇON. PORTRAITS DE TOQUÉS R ÉGIONAUX, QUI ONT R EPRIS LE FLAMBEAU FAMILIAL… À LEURS PROPR ES SAUCES ! Pas facile de marcher dans les traces de ses parents. Surtout en matière de cuisine, avec la dureté du métier qu’on lui connait. Comment exister quand on est fils ou fille de chef étoilé, se faire un prénom, s’affirmer… sans perdre la superbe de ses pères, rester fidèle à la famille, porter la responsabilité d’une célèbre lignée et en être digne ? La barre est haute. Mais malgré les difficultés, les portes s’ouvrent, avec plus ou moins de reconnaissance, de lien avec ceux qui les ont mis sur la voie. Si certains descendants de chefs décident de faire de la cuisine en famille, d’autres rêvent de voler de leurs propres ailes. Tous forment la relève de belles sagas culinaires, décidés à écrire une nouvelle page de la cuisine française et régionale.
ego la revue 34
64
des chefs au piano LA FAMILLE, TERREAU D’AVENIR Au départ, il y a la transmission familiale, naturelle pour ainsi dire. Tous sont tombés dans la marmite de la gastronomie dès leur plus tendre enfance. On dit que la cuisine se transmet par les gênes. Par le père, la mère, ou les deux, au fils, à la fille, à tous les enfants parfois ! Des histoires de famille bercées par la symphonie des casseroles planent autour des assiettes précieusement dressées dont on ne saurait se douter. Anne-Sophie Pic, JeanFrançois Têtedoie, César Troisgros, Frédéric Blanc… tous sont issus d’empires de la gastronomie et se passent la fourchette de génération en génération. Pour autant, reprendre le flambeau n’est pas une évidence. C’est souvent loin des cuisines que les désormais chefs commencent leur vie professionnelle. Jeune, Maxime Meilleur, se destinait à une carrière de biathlète. Quant à César Troisgros et Jean-François Têtedoie, ils se voyaient dans la musique. La fibre artistique gagnait aussi Anne-Sophie Pic, refusant de faire l’école hôtelière conseillée par son père pour travailler dans le luxe. Mais le destin, la passion ou l’amour parental, et peut-être inconsciemment l’obligation, les a finalement rattrapé. « En fait, la passion s’est communiquée naturellement, se souvient Jean-François Têtedoie. Quand tu es né dans une famille de restaurateurs, t’as le virus ! Gamin, je traînais toujours en cuisine. En regardant, on apprend déjà beaucoup, on a des automatismes. Ce qui m’a marqué, du haut de mes 8 ans, c’est quand mon père a passé son MOF, de voir l’engagement sans limite pour sa profession et le soutien indéfectible de ma mère. C’est là où j’ai compris que seul, on n’aboutit à rien ». La fratrie Blanc a également embrassé la même carrière que ses parents, mais Frédéric, lui, se souvient surtout de l’héritage délivré par sa grand-mère : « Mes parents étant très pris par leur métier, c’est ma grand-mère qui s’est occupée de moi. C’est elle la première qui m’a donné envie de faire de la cuisine. Et ensuite, mon père m’a montré l’exemple. Il m’a mis au même rang que les autres employés sans me faire de cadeau. Mon nom a été une porte d’entrée pour aller où je voulais, mais les clients savent que je ne suis pas ici par hasard. En apprentissage, on considérait que je devais être meilleur que les autres. Il y a plus d’inconvénients que d’avantages à hériter de ça mais je ne donnerai pas ma place pour autant ! Je suis fier d’être la 5e génération, et peut-être que mes enfants décideront de nous rejoindre dans l’aventure… »
EN CUISINE, EN FAMILLE Certains parviennent même à œuvrer ensemble. César Troisgros a rejoint son père Michel en cuisine où ils se complètent en créant les recettes conjointement. Le fils travaille à marquer sa place parmi les siens. D’autant plus depuis le projet de déménagement de la Maison roannaise à Ouches dans un domaine qui ouvre en mars prochain, et le dessein de reprendre le flambeau le jour venu. René et Maxime Meilleur, eux, écrivent l’histoire savoyarde de La Bouitte à quatre mains depuis 20 ans. La séquence pèrefils se répète chez les Marcon, partageant les mêmes valeurs jusqu’à leur passion des champignons, signature de la maison. Côté Blanc, si Alexandre a décidé de faire cavalier seul, Frédéric suit les traces de leur père Georges, entretenant l’héritage du restaurant de Vonnas : « Mon père est chef d’orchestre et je travaille en sous-main, dans l’ombre. Je reste en retrait pour ne pas lui voler la vedette, c’est lui le Grand chef. L’important, c’est que la maison perdure et que les gens soient heureux. Je ne suis pas là pour révolutionner notre cuisine, au contraire je me reconnais dans son identité, même si j’ai ma patte. Si mon père en est arrivé là, c’est qu’il a la clé de la réussite : je ne cherche pas à faire du copier-coller mais à m’en inspirer. J’ai toujours écouté ses conseils et ça a été payant. J’ai un immense respect pour lui et ce qu’il m’a inculqué. Je ne reproche pas son absence, il m’a donné la valeur du travail. J’ai compris qu’il en avait besoin et ne s’arrêterait jamais. Reprendre l’affaire un jour ? Je m’entraîne. »
ego la revue 34
a MAISON TROISGROS 1, place Jean Troisgros, Roanne 04 77 71 66 97 troisgros.com CAFÉ TERROIR 14, Rue Amboise, Lyon 2e 09 53 36 08 11 www.cafeterroir.fr ANDRÉ 285, avenue Victor-Hugo, Valence 04 75 44 15 32 www.anne-sophie-pic.com GEORGES BLANC Place du Marché, Vonnas 04 74 50 90 90 www.georgesblanc.com RÉGIS ET JACQUES MARCON 18, Larsiala, Saint-Bonnet-le-Froid 04 71 59 93 72 www.regismarcon.fr LA BOUITTE Hameau de St-Marcel 73440 St-Martin-de-Belleville 04 79 08 96 77
65
© DR
des chefs au piano
Jean-François Têtedoie, aux côtés de son père étoilé
CEUX QUI SE CREUSENT LEUR PROPRE SILLON Du côté des Têtedoie, si l’un des fils, Maxime, travaille avec sa mère au Café du Peintre, son frère Jean-François se réalise en ouvrant son Café Terroir avec son comparse de l’Institut Paul Bocuse, Lemmy Brou. Mais s’il a monté son affaire à part, il reconnaît que c’est par le soutien de ceux qu’il appelle ses « mentors » qu’il a pu y arriver : « Mon père me proposait l’Antiquaille, ma mère le Petit Café du Peintre. En vilain petit canard, j’ai monté mon restaurant. Ils ne l’ont pas mal pris ; ils désiraient me voir épanoui. Au lancement, ma mère ne ratait pas un jour pour nous aider en cuisine et c’est à mon père qu’on doit le saucisson pistaché rôti. Ceci étant, ils ont eu l’humilité d’écouter ce que la nouvelle génération pouvait apporter. Ils me demandent parfois mon avis et, avec mon expérience à Shanghai, je peux leur transmettre comment appréhender la clientèle chinoise. On échange pour se tirer vers le haut. Reprendre un jour L’Antiquaille ? Bien sûr que j’y pense. L’établissement me fait rêver. Pour moi, c’est le plus beau de Lyon ! » Quant à Anne-Sophie Pic, si elle avait l’intention de s’inspirer de la cuisine de son père, Jacques, elle n’en a pas eu le temps. Quelques mois à peine après être entrée en cuisine à ses côtés, il décède brutalement. Son frère Alain quittant le restaurant familial, c’est, seule, qu’elle doit retrouver ce qu’on lui a transmis enfant, et faire son propre chemin. Une route qu’elle trace avec l’ouverture de la Dame de Pic à Paris, sans renier son héritage gustatif, inaugurant en 2016 André, restaurant valencien en hommage à la dynastie familiale.
ego la revue 34
66
des chefs au piano
Une recette pour Noël, par Jean-François et Christian Têtedoie Saucisson pistaché rôti INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES Le saucisson – 600 g de saucisson – 30 g de beurre La sauce – 3 L de vin rouge – 3 clous de girofle – 5 baies de genièvre – 10 baies rouges – 500 g de sucre – 40 g de beurre manié Préparation pour le saucisson – Préchauffez le four à 180° C. – Faites cuire le saucisson entier pendant 20 minutes à l’eau bouillante. – Retirez la peau du saucisson à chaud. – Rôtissez 25 minutes au four avec le beurre. – Retournez régulièrement le saucisson afin de le colorer entièrement. Préparation pour la sauce – Faites cuire le vin rouge avec les clous de girofle, les baies de genièvre, les baies rouges et le sucre. – Faites réduire le tout pendant 1 h 30. – Passez la sauce au chinois. – Liez la sauce au beurre manié.
© DR
Dressage – Coupez le saucisson en biseau. – Disposez les tranches de saucisson en enfilade les unes après les autres. – Versez la sauce dessus.
ego la revue 34
67
© DR
vins et mets
Quand le Beaujolais anticipe les changements
climatiques… AUTEUR NADINE FAGEOL
SOUTENU PAR QUELQUES AMIS, UN VIGNERON OSE, À BEAUJEU, TROQUER LE TRADITIONNEL GAMAY POUR DEUX CÉPAGES SUDISTES. EN RÉPONSE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE, L’ACCLIMATATION DE LA SYRAH ET DU VIOGNIER EN TERROIR NORDISTE A DÉMARRÉ. Le sud de l’Espagne en voie de désertification, le littoral français en partie inondé, la vallée du Rhône affectionnant les 40° en été… plusieurs ouvrages vulgarisent des études sur les profonds bouleversements à attendre du réchauffement climatique d’ici à 2050. L’agriculture est contrainte de s’adapter comme la viticulture ; les prédictions annoncent en effet une réduction de 39 à 68 % – et dans le pire scénario de 86 % – des surfaces viticoles européennes, générant une massive migration vers le nord de la culture des cépages natifs.
ego la revue 34
68
© DR
vins et mets
À la tête de la plus riche collection du monde, avec 2 500 cépages, l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) travaille à ces changements allant jusqu’à envisager l’emploi des eaux usées afin d’irriguer les territoires ultras exposés tout en étudiant le déplacement en altitude des plantations… En perspective dans la vallée du Rhône, moins de rouge, de rosé ou de blanc, mais une massive implantation du gris boulaouane marocain jusqu’en Bourgogne ! D’où l’intérêt de se pencher sur l’expérience de Jean-Marc Lafont qui, à Beaujeu, à la tête du domaine de Bel Air, commence par diminuer l’usage de produits agressifs pour adopter une culture raisonnée. Avant de se lancer dans la démarche initiatique de la « migration climatique des cépages » générée par l’inéluctable constat de vendanges avancées de quinze jours validant la théorie du professeur Hans Schultz, directeur de l'université de Geisenheim en Allemagne, sur une pragmatique remontée des cépages de 50 à 100 kilomètres plus au nord.
Bien loin de l’emprise à venir du boulaouane, JeanMarc Lafont a acheté avec quatre amis une parcelle de 1,4 hectare où il a implanté deux cépages sudistes, le rouge syrah et le blanc viognier. Premières vendanges en 2011 mises en bouteilles l’année suivante. Contre toute attente, nommées Serines (syrah) et Galopines (viognier), les cuvées confirment des cépages issus des Côtes-du-Rhône septentrionaux à même de s’adapter progressivement à la minéralité des sols granitiques de Beaujeu et qui, élevés en fûts de chêne, présentent des capacités de vins de garde ! Rendements maîtrisés à l’hectare, les deux cuvées tout au plus estimées à titre de curiosités à leur avènement imposent désormais une expression « d’avant garde » du terroir Beaujolais. Quand on sait qu’une vigne demande de 10 à 30 ans pour s’exprimer, l’audace de Lafont & co fait figure d’exception à suivre sur un territoire estampillé vin frais en régression.
a DOMAINE DE BEL AIR 69430 Lantignié www.dombelair.com
ego la revue 34
70
e d s l
g a u t e egolarevue 34
grand format 72 MVRDV, ARCHITECTURE IMPRESSIONNISTE
matière à réflexion 80 ET LA LUMIÈRE FUT…
l’objet du désir 84 LA BIBLIOTHÈQUE NUVOLA ROSSA
71
o y -
grand format
MVRDV
ARCHITECTURE IMPRESSIONNISTE
© ALLARD VAN DER HOEK
AUTEUR CHARLOTTE AGIER
FONDÉE PAR TROIS ARCHITECTES NÉERLANDAIS, L’AGENCE MVRDV SE DISTINGUE PAR L’OPTIMISME DE SES RÉALISATIONS, EMPREINTES DE COULEUR ET DE POÉSIE. DES PROJETS TOTALEMENT INTÉGRÉS À LEUR ENVIRONNEMENT, PENSÉS AVEC PRÉCISION ET CRÉÉS POUR DURER.
Quand on découvre le quartier général de l’agence MVRDV, à Rotterdam, on entre dans un univers épuré, industriel mais pas trop, ponctué d’espaces propices à l’échange et de pièces aux couleurs de l’arc-en-ciel. L’endroit idéal pour encourager le travail d’équipe, cher à ses trois fondateurs. Winy Maas, Jacob van Rijs et Nathalie de Vries, qui ont donné leurs initiales à leur entreprise, se sont associés pour la première fois en 1991 à l’occasion de leur projet Berlin Voids, lauréat de la biennale de jeunes architectes Europan. Naturellement, ils ont créé leur agence en 1993, apportant avec eux l’expérience acquise auprès de leurs professeurs de l’université de technologie néerlandaise de Delft. Héritiers de la tradition architecturale néerlandaise, pragmatique et impressionniste, les fondateurs de MVRDV aiment inclure dans leurs projets des formes inédites et des couleurs poétiques. Pour répondre aux problèmes d’urbanisme et d’architecture d’aujourd’hui d’une manière positive et artistique, tout en prenant en compte le contexte
ego la revue 34
social, économique et historique dans lequel un projet va s’inscrire, ces architectes privilégient la recherche. Comment un projet va-t-il influencer le paysage urbain, les espaces publics et la vie de tous les jours de ses utilisateurs ? Toutes les contraintes spatiales, sociales, économiques et environnementales sont décortiquées et testées pour apporter des solutions architecturales stables et durables dans le temps. Une recherche de pérennité que MVRDV cultive avec son laboratoire d’idées, The Why Factory, destiné à imaginer l’architecture de demain. Grâce à cette précision, à cette ténacité dans le souci du détail, MVRDV peut tout créer : des bâtiments de toutes tailles, toutes formes, des installations d’art contemporain, des expositions, mais aussi des visions à grande échelle pour des quartiers, des villes entières. MVRDV a d’ailleurs proposé des plans urbains pour Bordeaux, Caen et imagine le plan du futur Grand Paris de 2030. À Lyon, l’agence va redonner de l’éclat au centre commercial de la Part-Dieu !
72
ROT TERDAM
© OSSIP VAN DUIVENBODE
grand format
Avec le Market Hall, MVRDV s’est lancé le défi de combiner restaurants, loisirs, commerces et résidences dans une construction lumineuse, appelant à l’échange. Le pari est réussi avec ce bâtiment de 120 mètres de long et 40 mètres de hauteur, tout en rondeur et transparence, aménagé pour accueillir les commerces au rez-de-chaussée et des appartements privés sur l’arche. Les habitants profitent d’une vue unique sur la ville, mais aussi d’un panorama sur le marché, grâce à des baies vitrées donnant sur le sol. En bas, on ne peut s’empêcher de lever la tête pour découvrir les fresques vibrantes représentant animaux, végétaux ou fleurs mises en valeur par la lumière du jour. La nuit, Market Hall s’allume et éclaire la ville, les motifs géants invitant les passants à entrer.
MARKET HALL
ego la revue 34
73
ROSKILDE
grand format
RAGNAROCK
© OSSIP VAN DUIVENBODE
Véritable incarnation architecturale du rock, le Ragnarock s’impose dans un quartier industriel de Roskilde, au Danemark. La façade dorée, faite d’aluminium adonisé, est aussi cloutée qu’une ceinture de rockeur. L’entrée est aussi rouge que l’intérieur en velours d’un étui de guitare. Dans ce quartier toujours fréquenté par des skateurs et des artistes, les 3 100 m2 du musée de la musique pop, du rock et de la youth culture invitent à vivre la vie d’une star du rock : du tapis rouge de l’entrée à l’inévitable passage au bar du musée, en passant par la gloire sur scène. « Ragnarock est le rock transformé en architecture : l’énergie, le défi et l’audace », explique Jacob van Rijs.
ego la revue 34
74
AMSTERDAM CRYSTAL HOUSES
Cet immeuble situé sur la PC Hooftstraat, rue regroupant les enseignes de luxe à Amsterdam, accueille une boutique de la maison Chanel. Pour ne pas dénaturer l’identité architecturale traditionnelle néerlandaise tout en laissant au magasin une vitrine pour exposer ses produits, MVRDV a imaginé une façade dégradée sur la hauteur ; elle démarre en briques de verre fabriquées et moulées individuellement près de Venise, assemblées à l’image des devantures voisines. Elle évolue ensuite en briques classiques au coloris terracotta lorsqu’elle atteint le dernier étage, destiné à un usage résidentiel. Le résultat est poétique, légèrement onirique ; le bâtiment respecte l’environnement dans lequel il s’inscrit, sans dévisager le quartier.
ego la revue 34
76
© DARIA SCAGLIOLA & STIJN BRAKKEE
grand format
LYON
grand format
© L'AUTRE IMAGE
LA PART-DIEU
La Part-Dieu entame son lifting intégral avec MVRDV. Le bâtiment, considéré comme un bloc par Winy Maas, avait besoin de s’ouvrir vers l’extérieur. Des escaliers monumentaux permettront aux visiteurs d’accéder au nouveau toit, qui accueillera terrasses et espaces verts, ainsi que le cinéma existant, agrandi. Cet espace offrira de nouvelles perspectives sur la ville, notamment la colline de Fourvière. Des passages piétons seront créés, à la fois pour relier la gare au centre-ville et le centre commercial à la bibliothèque. La façade du centre commercial sera ponctuée de transparence et deviendra presque irréelle grâce au motif de rectangles entrelacés qui s’évaporeront en douceur. Le visiteur aura l’impression d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur.
ego la revue 34
78
matière à réflexion
ET LA LUMIÈRE FUT… AUTEUR CLAIRE DE PROCÉ-BLANCHARD
"LES ÉLÉMENTS ARCHITECTURAUX SONT LA LUMIÈRE ET L'OMBRE, LE MUR ET L'ESPACE", AINSI LE CORBUSIER DÉFINISSAIT-IL DANS SON OUVRAGE "VERS UNE ARCHITECTURE", CE CONCEPT DE LUMIÈRE COMME MATIÈRE. CAR AU MÊME TITRE QUE LE BÉTON, LE MÉTAL OU ENCORE LA PIERRE, LA LUMIÈRE CONSTITUE UN MATÉRIAU À PART ENTIÈRE. SI LES DESIGNERS ET ARCHITECTES LA CONÇOIVENT COMME TEL, C’EST QUE LEURS ŒUVRES TENDENT À FAIRE ÉCLATER LES LIMITES POTENTIELLES DE L’OBJET QUI LA DIFFUSE. AU POINT PARFOIS D’EN OUBLIER LA LAMPE À POSER, LA SUSPENSION OU L’APPLIQUE POUR MIEUX EN RETENIR LES OMBRES, LES MOUVEMENTS, LES HALOS QUI SE REFLÈTENT SUR LES MURS ET PLAFONDS ET QUI SYMBOLISENT UN ÉLÉMENT, UNE FORME, UNE DYNAMIQUE, UNE TEMPÉRATURE… SI POUR MARSHALL MCLUHAN, INTELLECTUEL CANADIEN, LA LUMIÈRE ARTIFICIELLE EST UN MÉDIUM QUI NE DIT RIEN MAIS QUI EST « CAPABLE DE CRÉER UN ENVIRONNEMENT PAR SA SEULE PRÉSENCE », LA LUMIÈRE A TOUJOURS ÉTÉ EMPREINTE D’UN POUVOIR DE RÉVÉLATION. DÉMONSTRATIONS LUMINEUSES…
HENRI BERSZTYN © DR
Passionné de nouvelles technologies, Henri Bersztyn, architecte de formation consacre son travail, depuis plusieurs années, à la conception de luminaires et systèmes d’éclairage Led innovants. « Je dessine la lumière avant la lampe, dit-il. Car je considère la lumière comme une matière à part entière. Je la sculpte, la dessine, lui crée des zones d’ombres très contrastées. C’est en travaillant l’usage et l’objectif que découle la forme de l’objet. Dans la _O, j’efface l’objet pour créer des auréoles de lune. Les panneaux en chêne massif de la DECCG sont rotatifs tout le long de l’axe. Ainsi, je peux choisir d’incliner un panneau vers le haut, ou d’orienter la lumière vers le bas comme un usage de lampe de chevet. Cette applique met en valeur les murs sans lesquels elle ne pourrait vivre ». _O intègre des leds dans un anneau de quelques millimètres – De 230 à 1 290 € en fonction du diamètre _WARP 2, suspension en forme de vagues – 1 920 €
ego la revue 34
© DR
© DR
© DR
_DECCG, version bois ou métal – À partir de 249 €
80
matière à réflexion
TOM DIXON
© DR
Des effets de lumière légèrement hallucinogènes, révélés par le matériau, comme l’emploi de l’étain dans l’une de ses dernières lignes de luminaires et petits objets OIL. Ou encore des suspensions aux formes sculpturales géométriques et dont la réflectivité du sol au plafond prime autant que l’objet… Tom Dixon s’amuse à dessiner l’espace, à créer une impression de flottement comme de mouvement, à faire converger la lumière vers un cercle lumineux agissant comme un ultime projecteur surdimensionné (ligne Fade) ou à mêler les faisceaux chauds et doux de ses luminaires en cuivre, aux rayons plus vifs que ceux des lampes en acier. Un véritable talent pour des mises en valeur lumineuses dans des intérieurs où discrétion et sobriété priment !
ego la revue 34
81
Suspension Etch – 1 560 € Suspension Curve en métal – 480 €
© DR
matière à réflexion
CATELLANI & SMITH Designer, Enzo Catellani puise son inspiration dans différentes expressions de la nature, notamment dans la symbolique et la luminosité de la lune ou du soleil. L’applique PK LED donne à ses murs cette dimension de planète en mouvement. La coque en fibre de verre, plaquée à la feuille d’or dotée d’éclairages Led dans l’abat-jour, vient éclabousser le mur au point qu’on pense qu’il est peint, procurant une atmosphère incroyable par ses effets d’ombrages dynamiques. L'applique PK LED est issue de la collection Eco-Logic Light, de Catellani & Smith, qui unit l'exigence actuelle d'écocompatibilité et l'économie d'énergie, avec des ampoules qui émettent cinq fois moins de CO2 qu'une ampoule standard. Existe en différents matériaux, couleurs et diamètres. A pplique PK LED dans sa déclinaison or – 690 €
ego la revue 34
82
l'objet du désir
Nuvola Rossa LA BIBLIOTHÈQUE
© CA SS IN
A
AUTEUR CHARLOTTE AGIER
19 77 La simplicité du naturel Le modèle original de Vico Magistretti se décline depuis 1977 en 4 coloris : trois en hêtre, soit naturel, soit laqué en blanc ou en noir, et un en noyer américain. Cette étagère est devenue iconique grâce à ses lignes caractéristiques. Elle s’adapte à toutes les décorations, tel un caméléon. Sa forme épurée et géométrique, chère au designer, se déploie à l’image d’un papillon ou d’un arbre sans feuilles. Pour son créateur, disparu il y a 10 ans, cette structure en diagonale rappelle les tipis des Indiens d’Amérique, les romans d’Emilio Salgari et les films de John Wayne. Fabriquée à Meda, région du nord de l’Italie, la Nuvola Rossa est un pur produit de l’atelier de charpenterie de Cassina, qui garantit la qualité incontournable de la marque. Pliable, simplissime, ce rangement est né de la réinterprétation des formes de la bibliothèque classique : ce sont les diagonales qui portent l’étagère, éliminant la nécessité de bordures sur les côtés.
ego la revue 34
84
© CA SS IN
A
l'objet du désir
2 016 Rouge de plaisir pour son anniversaire En 1977, l’année de la création de la Nuvola Rossa, Vico Magistretti disait : « Le monde aura toujours besoin de plus d’authenticité poétique : avant, on pensait que ce qui était utile était beau ; aujourd’hui, on sait que ce qui est beau est utile ». Quarante ans plus tard, la Nuvola Rossa fête son anniversaire en même temps que les 90 ans de Cassina. L’occasion rêvée pour la marque de rééditer ce modèle star et multifonction en lui donnant une couleur enfin adaptée à son nom, Nuage Rouge (Nuvola Rossa). Et quelle couleur ! Ce coloris enflammé, symbole d’amour et de passion, sera la star des vitrines de Cassina du monde entier pour les fêtes de fin d’année. Les connaisseurs ajouteront cette nouveauté à leur collection ; les novices découvriront la qualité de l’artisanat italien. Cet objet aussi pratique qu’esthétique apportera une touche d’élégance moderne et chaleureuse à un intérieur froid et classique !
a RBC DESIGN STORE 42, quai Ranbaud, Lyon 2e 04 72 04 25 25
ego la revue 34
85
– 120 projets de bureaux de 300 m2 à 14 000 m 2 – Plus de 10 000 images en 3D photoréalistes – Exp er t de l’ar t de vivre p erformant depuis 10 ans
Le challenge posé aux entreprises est de combiner la rationalisation des espaces avec la prise en compte effective du bien-être et de l’efficacité de leurs collaborateurs. Dans ce contexte, un projet d’aménagement devient à la fois un outil de marketing externe, un outil de rationalisation des coûts mais surtout un outil de management voire de transformation interne. L’immobilier qui était une contrainte devient une valeur fondamentale au service de l’entreprise et de sa stratégie. Les facteurs opérationnels étant historiquement maîtrisés, la réussite de la conception du projet et son adéquation aux attentes de la direction de l’entreprise et de ses collaborateurs devient la clé de sa réussite, permettant également de mieux appréhender le risque social lié au changement. L’avant-gardisme des outils et des solutions proposées par l’agence SINCE permettent de répondre pleinement au challenge de la mise en œuvre des nouveaux espaces de travail. Since travaille à relever ces challenges créatifs innovants au quotidien depuis 10 ans.
e l v
g s c t e egolarevue 34
artiste dans le ton 88 PATRICE SANDEAU, LE RIRE MUST GO ON !
au fil de l’art 90 RENDEZ-VOUS D'HIVER
mur du son 94 LA DISPARI-SON
l'Esprit Livre m'a dit 96 VOYAGES EN LECTURE
87
o e u i -
artiste dans le ton
Patrice Sandeau, le rire must go on ! PROPOS RECUEILLIS PAR LÉA BORIE PHOTO SABINE SERRAD
ego la revue 34
88
artiste dans le ton
COMÉDIEN ET AUTEUR DE PIÈCES DE THÉÂTRE, PATRICE SANDEAU EST ARRIVÉ À LA COMÉDIE UN PEU PAR HASARD, MAIS PAS SANS PASSION. UN ATOUT QU’IL PUISE SUR SCÈNE, AUX CÔTÉS DE SES DEUX FRÈRES, DANS UNE COMPLÉMENTARITÉ ET UNE BELLE ENTENTE FRATERNELLE. SA PIÈCE, CHASSEZ LE NATURISTE, IL REVIENT AU BUNGALOW, FAIT LES BEAUX JOURS DE LA MAISON DE GUIGNOL.
Comment a commencé votre carrière et quel a été votre parcours ?
peu traité, donc forcément surprenant. La salle ne désemplit pas !
école de théâtre et a commencé sa carrière dans le one-man-show, mais mon autre frère Frédéric et moi n’avons pas pris de cours. Nous n’étions pas prédestinés à faire ce métier, personne de la famille n’était dans la partie. Je faisais de l’animation en centre de vacances. Puis, j’ai accompagné l’un de mes frangins à un casting. J’ai été pris et tout a commencé comme ça. J’ai survendu mes compétences, ça a été la plus grande peur de ma vie mais je ne me suis pas démonté !
Avez-vous de création ?
PATRICE SANDEAU Mon frère Yves a fait une
Comment vous est venue l’idée de jouer en famille ?
PS Naturellement ! On a commencé à écrire des chansons avec Frédéric pour un public d’ados. On les a jouées à Saint-Étienne, où nos paroles mielleuses, en décalage avec l’image que nous renvoyons, ont fait un tabac. Puis on a fait de la télé tous les deux, et au bout de quelques années, on s’est mis à écrire des comédies. Depuis cinq ans, les trois frères sont réunis. Séverine Warneys, qui joue avec nous dans les dernières pièces, est devenue ma belle-sœur !
C om me nt votre travail ?
dé f i n i s s e z -v ou s
PS Je me qualifie comme quelqu’un qui rentre dans un personnage, avec une dominante : m’amuser et amuser les autres. Je fais ce métier pour entendre les rires. J’aime étonner, surprendre, comme avec la pièce Chassez le naturiste, il revient au bungalow, que nous interprétons en ce moment avec mes deux frères. Il s’agit d’un sujet assez
ego la revue 34
d ’autres
projets
PS Nous avons lancé une autre pièce à l’automne, Famille en trans(e). Sa maturité est encore insuffisante. Une pièce ne tient pas debout en 15 jours ; il faut le temps qu’elle se mette en place, que chacun prenne son rôle, d’évaluer ce qui marche ou pas et de conserver les initiatives d’improvisation pour arriver à quelque chose de top. Ça fait cinq ans qu’on joue dans le même théâtre, la Maison de Guignol à Lyon, ce qui nous laisse le temps de nous roder. C’est un peu la famille là-bas. À côté, je travaille avec un théâtre d’entreprise pour former des employés, les aider à soulever des défis, à animer des débats… Et je joue ponctuellement dans des films, avec des rôles où je ne suis pas là pour faire rire en général.
Pensez-vous former une équipe harmonieuse ?
PS En famille, vous pouvez dire plus facilement les choses, vous engueuler – sur scène parfois – et vous reparler juste après. Mais à la base, il faut qu’il y ait une entente. Ce qui nous rassemble, c’est cette simplicité, ce désintérêt du relationnel à tout prix. Jouer en famille peut aussi donner lieu à une sorte de train-train, de flemmardise inconsciente collective, parce qu’on se connaît trop, qu’il y a moins d’urgence, mais on se challenge malgré tout. Pour amener une harmonie, il faut être soi-même en harmonie. Et l’on se connaît tellement bien, que le public se sent à l’aise, lui aussi.
89
a CHASSEZ LE NATURISTE, IL REVIENT AU BUNGALOW De Patrice Sandeau, avec Frédéric Sandeau, Yves Sandeau, Patrice Sandeau et Séverine Warneys Jusqu’au 27 mai 2017 THÉÂTRE LA MAISON DE GUIGNOL 2, montée du Gourguillon, Lyon 5e 04 72 40 26 61 www.lamaisondeguignol.fr
au fil de l’art UNE EXPOSITION / JUSQU’AU 30.04 Hommage aux potières d’Afrique
© JEAN-NICOLAS GÉRARD ET DAPHNÉ CORRÉGAN
Entre voyage initiatique et carnet de route, l’exposition Potières d’Afrique embarque ses visiteurs dans le quotidien des potières d’Afrique de l’Ouest. De 1991 à 1995, onze céramistes sont partis vivre cette expédition tant humaine que dépaysante. On découvre le processus de fabrication des ouvrages, de la collecte de terre à la vente au marché, en passant par leur cuisson spectaculaire dans des fours éphémères. Après avoir admiré les portraits de ces femmes qui transmettent leur savoir de génération en génération, vous pourrez naviguer autour des récipients ramenés en France, grands ou petits, bruts ou décorés. Ne manquez pas les extraits des films diffusés au gré de l’exposition, qui témoignent du travail minutieux et physique que demande la poterie CA MUSÉE DES CONFLUENCES 86, quai Perrache, Lyon 2e 04 28 38 12 12 www.museedesconfluences.fr
UN OPÉRA EN LIVE / LE 21.01 Roméo et Juliette à New York
Les amants maudits de Shakespeare se mettent – xxie siècle oblige – à la technologie ! Lors d’une représentation retransmise en direct du Metropolitan Opera de New York dans les cinémas Pathé de France, Roméo et Juliette clameront en français et en musique leur amour et leur désespoir. Malgré la tension qui règne entre leurs deux familles, ils s’uniront, pour le meilleur et pour le pire. Le spectateur appréciera l’interprétation poétique et passionnée menée par les chanteurs Diana Damrau et Vittorio Grigolo, le tout confortablement installé dans un fauteuil de cinéma. Un opéra comme si vous y étiez, et en haute définition, s’il vous plaît ! CA
© DR
PATHÉ VAISE 43, rue des Docks, Lyon 9e www.pathelive.com/romeo-et-juliette
UN CABARET MYTHIQUE / DU 12.01 AU 24.01 Déshabillage à Lyon !
Arrêtez tout : le Crazy Horse s’arrête à Lyon du 12 au 24 janvier prochains. Dans le cadre de sa tournée Forever Crazy, le cabaret de l’avenue George V reprendra le répertoire de ses tableaux les plus iconiques, dont l’incontournable et délicieusement burlesque God Save Our Bareskin. Ce numéro, chorégraphié par un lieutenant de l’armée britannique, ouvre les spectacles du Crazy Horse depuis 1989. De quoi découvrir (ou redécouvrir) la sensualité et le charme des chorégraphies sexy du Crazy Horse le temps d’une soirée, dans un univers feutré créé pour l’occasion au Palais des Sports… CA © Antoine Poupel
PALAIS DES SPORTS 350, avenue Jean Jaurès, Lyon 7e www.lecrazyhorseparis.com
ego la revue 34
90
au fil de l’art
UN ARTISTE / JUSQU’AU 29.01 La dernière décennie de Kandinsky © CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, DIST. RMN- GRAND PALAIS / JACQUELINE HYDE
Avec Kandinsky, les années parisiennes (1933-1944), le musée de Grenoble revient sur les dernières années de l’artiste, maître du genre abstrait. Composée principalement d’un prêt du Centre Pompidou, cette exposition dévoile des œuvres réalisées en France, inspirées par des lectures scientifiques et influencées dans leur géométrie par l’école du Bauhaus dans laquelle Kandinsky enseignait avant de fuir les nazis en 1933. Chaque année de cette décennie passée à Paris sera illustrée par des œuvres majeures du peintre et des repères biographiques. Colorées et énigmatiques, les œuvres de Kandinsky interrogent le visiteur ; Biomorphes et symboliques, elles illustrent la réflexion intellectuelle de l’artiste CA MUSÉE DE GRENOBLE 5, place de Lavalette, Grenoble 04 76 63 44 44 www.museedegrenoble.fr
UN FESTIVAL / DU 17 AU 22.01 Le président préféré des Français !
Qui de mieux pour présider le jury de la vingtième édition du Festival du Film de Comédie que l’acteur incontournable d’Intouchables ? Pour fêter son anniversaire, le Festival de l’Alpe d’Huez accueille Omar Sy, personnalité préférée des Français. L’acteur à la renommée nationale et internationale sera accompagné des actrices Isabelle Nanty (vue récemment dans Les Tuche 2) et Audrey Lamy, ainsi que des humoristes Patrick Timsit et Franck Gastambide. Au programme de cet événement (encore et toujours gratuit et accessible à tous), une sélection de courts-métrages et la projection des comédies qui nous feront rire en 2017 ! CA
© DR
www.festival-alpedhuez.com
UN CONCERT / LE 08.06 Le Grand Stade pour Coldplay
La bande à Chris Martin amène sa musique solaire et ses paroles aériennes à Lyon ! Et pas n’importe où, puisque c’est dans l’arène flambant neuve du Parc OL que Coldpay s’arrête le 8 juin prochain pour son A Head Full Of Dreams Tour. Après l’Amérique Latine et les Etats-Unis, c’est à l’Europe de réécouter les tubes enivrants du quatuor britannique. De The Scientist à Adventure of a Lifetime, en passant par Viva la Vida, pas de doute : vous assisterez à un spectacle positif et coloré ! Petit détail : il faudra vous armer de patience pour vous dégoter une place. A l’heure qu’il est, le marché noir bat déjà son plein… CA
© LIVE NATION
PARC OLYMPIQUE LYONNAIS 10, avenue Simone Veil, Décines-Charpieu
ego la revue 34
92
mur du son
La disparison AUTEUR HASSEN DJOUAD
DÉCEMBRE 2016, VOILÀ PLUSIEURS DÉCENNIES QUE LE NUMÉRIQUE EST PARTOUT ET QU’IL A CHANGÉ NOTRE FAÇON DE SE VOIR, DE SE PARLER, ET SURTOUT D’ÉCOUTER DE LA MUSIQUE. POUR LES PLUS JEUNES D’ENTRE NOUS, LE CD N’EST PLUS QU’UN ERSATZ D’ÉPOUVANTAIL QUI REFLÈTE LES RAYONS DU SOLEIL POUR ÉLOIGNER LES CORBEAUX. APRÈS AVOIR REMPLACÉ LE VINYLE, EN FAISANT LE BONHEUR DES MAJORS DE L’INDUSTRIE, LE CD SE PRÉPARE DÉSORMAIS À DISPARAÎTRE TOTALEMENT POUR LAISSER LA PLACE À QUOI ? À RIEN. RETOUR SUR CE TOUR DE MAGIE QUE L’INDUSTRIE DU DISQUE N’A PAS VU VENIR ET QUI A DIVISÉ SES PROFITS PAR DEUX EN MOINS DE DEUX DÉCENNIES.
En juin 1999, une rumeur née sur le campus Northeastern de Boston va bientôt se propager tel un tsunami. Les étudiants Shawn Fanning et Sean Parker créent Napster, un logiciel qui permet de télécharger la musique présente sur le disque dur des internautes. En six mois, le nombre d’utilisateurs passe de 30 000 à 20 millions. L’ombre de la gratuité plane désormais sur l’industrie musicale. La guerre des étoiles est déclarée. Dans le rôle du Darth Vador, les 5 majors du disque collent un procès en forme de sabre laser aux deux ex-étudiants. Droits d’auteurs obligent, l’application est mise en sommeil fin 1999. Pourtant, Sean et Shawn n’ont jamais eu l’intention de débrancher la grosse platine des dinosaures de la distribution. Ils voulaient juste changer de disque. Leur but était de développer un support neuf en phase avec le nouveau monde pour pouvoir le revendre plus tard aux maisons de disques qui en auraient fait leur nouvel outil de diffusion. Mais les décideurs du vieux monde aux oreilles pourtant taillées pour dénicher les futurs hits sont restés sourds aux avertissements des deux étudiants qui les avaient pourtant prévenus. En fermant Napster, ils allaient rediriger les internautes drogués à la gratuité vers de nouvelles plateformes incontrôlables. Et c’est ce qui s’est produit : les années 2000 voient apparaître Kazaa, Limewire, Morpheus, Grokster et autres robinets à fichiers musicaux et vidéo. La bataille est perdue, autant vouloir limiter la consommation d’alcool dans une soirée open bar. Sonnées par ce coup de boutoir, les majors vont tenter chacune de leur côté de monter des plateformes de téléchargement légales. Mais faute d’accord entre elles, aucune ne parvient à imposer son modèle. Le mp3 est alors devenu un support d’avenir, et c’est ce qu’a compris un certain Steve Jobs. Il présente son nouveau projet à Warner, Emi, Sony, Universal et Bmg qui vont toutes être séduites lorsque le boss de la pomme leur explique que ceci est une révolution. L’Itunes Music Store ouvre en avril 2003. Les 200 millions d’Ipods qui seront vendus à prix d’or par Apple serviront à écouter de la musique téléchargée légalement… ou pas. La pente est moins raide mais la chute continue. Au final, pourquoi stocker et conserver la musique quand on peut en disposer tout le temps et à tout moment. C’est ce que proposent alors les plateformes de streaming. Le tempo a été donné dès 2006 et 2008 par Deezer et Spotify. Au départ l’inscription est gratuite et / ou sur invitation, mais le modèle économique étant précaire, il a rapidement fallu proposer des formules payantes qui vous évitent notamment d’écouter de la pub entre les morceaux. C’est openbar, mais il faut écouter les blagues du serveur entre chaque verre. Playlists, coup de cœur, tout est possible sur ces plateformes qui semblent être devenues le moyen le plus simple de faire vibrer les nouvelles enceintes Bluetooth en forme de crâne, de chien et autres fantaisies décoratives. Aujourd’hui délivrée de tout support physique, la Musique semble avoir disparu. Soumise aux diktats du « tout et tout de suite », elle s’est démonétisée, mais reste heureusement alimentée par les infinies possibilités de la créativité. Sa diffusion est définitivement continue et perpétuelle, reléguant ainsi le silence au rang d’antiquité.
ego la revue 34
94
DMKF
DIDIER MICHALET / KAREN FIRDMANN
WWW. DIDIER- MICHALET. COM
l’Esprit Livre m’a dit
Voyages en lecture LIRE ET VOYAGER… TROIS ROMANS, NON DÉNUÉS D’HUMOUR ET TRÈS HUMAINS, VOUS INVITENT AU VOYAGE. C’EST LE CAS ÉGALEMENT DE LA SOMPTUEUSE BD ÉDITÉE PAR UN AMOUREUX DE LA BELLE ILLUSTRATION ET DU MAGNIFIQUE OUVRAGE SUR LA MONTAGNE, QUI RENOUVELLE LE GENRE. CADEAUX !
PROPOS RECUEILLIS PAR FRANÇOISE MALBOSC
Sur cette terre comme au ciel Davide Enia
Watership Down Richard Adams
Le dernier quartier de lune Chi Zijian
Iroquois Patrick Prugne
Monsieur Toussaint Louverture
Picquier
Daniel Maghen
Imaginez un peuple vivant depuis des années sur le même territoire géré par un pouvoir politique vieillissant. Un être plus sensible aux signes que les autres prédit un grand malheur et annonce l’urgence du déménagement. Seul un petit groupe d’intrépides partira à la recherche d’une nouvelle terre promise… Un roman plein de mystères et de rebondissements, dans lequel le lecteur découvrira également l’histoire et les croyances d’un peuple en errance. Petite précision : ce beau voyage se fera à quatre pattes et avec les oreilles dressées puisque les personnages principaux sont bien… des lapins. L’auteur emprunte à tous les mythes fondateurs et nous entraîne avec bonheur dans une odyssée lapino-centrée, considérée depuis sa parution en 1972 comme un classique de la littérature anglaise.
Aux confins de la Chine du nord et de la Russie, une vieille chamane fait entrer le peuple des Evenk dans la légende. Dernière représentante de ceux qui furent surnommés « les errants », celle qui n’a pas de nom mais une langue bien pendue raconte avec verve et humour les péripéties de son peuple. Dans ce récit mythique qui a valu à son auteur d’obtenir le prix Mao Dun, la plus prestigieuse des récompenses littéraires chinoises, on croise des ours revanchards, des rennes gloutons, des slaves aux yeux bleus et de fiers mandarins. On referme les dernières pages de cet ouvrage avec certes l’impression d’avoir assisté à la fin d’un peuple mais en étant convaincu d’en être désormais l’un des gardiens. Décidément, les nomades laissent des traces !
Dans la veine de ses précédents ouvrages chez Daniel Maghen, Patrick Prugne revient sur un épisode marquant de la présence française dans le Nouveau Monde. Nous sommes en 1609 et, sous la conduite de Champlain, le géographe royal, une troupe hétéroclite composée de soldats français et de contrebandiers basques remonte l’un des nombreux affluents du Saint-Laurent. L’objectif est clair : porter la guerre aux Iroquois, une nation indienne qui met à mal le commerce florissant des peaux. Accompagnée de guerriers Hurons et Algonquins, la colonne s’enfonce en territoire hostile traçant difficilement sa route entre rapides infranchissables et forêts impénétrables. Le récit, haletant, est sublimé par les magnifiques aquarelles de Prugne qui donnent corps à tous les protagonistes de cette expédition qui apparaît comme un prélude indispensable à la grande histoire américaine.
Albin Michel
Dans la famille du petit Davidù, voilà une certitude transmise de génération en génération : la vie c’est savoir encaisser les coups. Pour l’oncle Umbertino, une force de la nature à l’humour aussi ravageur que les poings, la boxe est la meilleure école possible, le ring une parfaite métaphore de l’existence. Pour la grand-mère, ancienne institutrice à la langue bien pendue, l’éducation est la clé, il faut comprendre le langage de la violence pour parler le langage du cœur. Comme son père avant lui, Davidù semble bien plus à l’aise avec la première solution… Une histoire de transmission, mais aussi une sublime histoire d’amour à travers les âges dans les rues d’un Palerme baigné de lumière. Un premier roman étourdissant de maîtrise formelle et d’émotions qui consacre Davide Enia comme la sensation sicilienne du moment !
PRIX : 22 €
Prix : 21,90 €
PRIX : 22 €
PRIX : 19,50 € SÉLECTION DE L’ESPRIT LIVRE POUR EGOLAREVUE 76, rue du Dauphiné, Lyon 3e – Tél. 04 72 91 69 50 – www.lesprit-livre.fr Du mardi au vendredi de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 h à 19 h. Le samedi de 9 h 30 à 19 h. ego la revue 34
96
Montagne – La 4e dimension Dech, Messner & Sparwasser Glénat
Pics, arêtes et autres sommets forment des sujets propices à la réalisation de superbes photographies et les beaux livres sur ce thème sont nombreux. Cependant, dans cet ouvrage exceptionnel édité par Glénat, le grand Reinhold Meissner nous invite à redécouvrir treize sommets mythiques sous un angle jamais observé ni observable. À partir d’images satellitaires reconstituées en trois dimensions, les amoureux des grands reliefs ont désormais la possibilité d’accéder au moindre détail de ces sommets qui restent encore inaccessibles pour le commun des mortels. Pour rendre ces images encore plus vivantes, chacune d’entre elles est accompagnée d’un témoignage d’un alpiniste d’hier ou d’aujourd’hui qui raconte les aventures incroyables qu’il y a vécues. Voici un ouvrage hors norme qui rend hommage à la majesté des montagnes ! PRIX : 49 €
ego & co
34
NUMÉRO
ours
egolarevue 37, cours d’Herbouville – 69004 Lyon www.egolarevue.com Directrice de la publication
Éloïse Girault, eg@ego-larevue.com Tél. 06 77 12 11 11
HIVER 2016
Rédactrice en chef
Nancy Furer (NF2), nancy@nf2.fr Tél. 04 72 98 07 90 Rédaction
egolarevue est une revue trimestrielle éditée par les Éditions Rosely Capital de 10 000 € RCS Lyon 500 646 039 ISSN 1964-8871
Charlotte Agier, Léa Borie, Hassen Djouad, Nadine Fageol, Vincent Feuillet, Nancy Furer, Claire de Procé-Blanchard, Françoise Malbosc, Célia Tual Production photos
Didier Michalet & Karen Firdmann DMKF, Sabine Serrad
Numéro 34 hiver 2016 Dépôt légal 2016
Direction artistique & réalisation
Kojak – bureau de création 11, place Carnot, 69002 Lyon Tél. 07 87 26 39 83 www.kojak-design.com
PHOTOGRAPHIE DE COUVERTURE Didier Michalet & Karen Firdmann, DMKF REMERCIEMENT Philippe Camoisson
Publicité
Éloïse Girault, tél. 06 77 12 11 11 eg@ego-larevue.com Impression
Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-la-Pendue egolarevue est imprimée sur un papier issu de forêts gérées durablement. Le papier a obtenu l’Ecolabel européen et est certifié FSC.
La reproduction même partielle des articles et illustrations publiés dans egolarevue est interdite.
ego et vous
RETROUVEZ-NOUS SUR
www.egolarevue.com Des infos inédites, les making-of des “prod’ mode”, toutes nos interviews, découvertes, rencontres et envies de voyages… La liste des points de diffusion “ego” sur www.egolarevue.com
Réagissez à nos post quasi permanents et parfois compulsifs sur
/egolarevue.com
ego la revue 34
98