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À LA RENCONTRE DE RÉMI ET MARIE, GLOBE-TROTTERS SOLIDAIRES

Le choix d’une aventure humaine et fertile

“Des routes et nous”, c’est le nom que nous avons donné à notre aventure commencée en janvier 2022. Nous, c’est Rémi et Marie : un couple qui a décidé de tout quitter afin d’entreprendre un tour du continent Africain en véhicule aménagé. À l’heure où vous lisez ces quelques lignes, tout juste un an après notre départ de France, nous sommes en Afrique du Sud. Jusqu’ici, ce périple nous a permis d’explorer une quinzaine de pays entre les Afriques dites du nord, de l’ouest, centrale et aujourd’hui australe.

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C’est un voyage fascinant qui s’exprime en trois dimensions.

• La première, socioculturelle, nous pousse toujours plus loin dans l’apprentissage de l’autre, le partage et la déconstruction de certains préjugés.

• La seconde, plus personnelle, nous invite à l’introspection et à la découverte. Prendre le temps de nous reconnecter à l’essentiel et découvrir les joies de la contemplation lorsqu’un paysage réveille en nous des émotions.

• La troisième, quant à elle, est le fruit d’une passion, celle de la permaculture et de l’agroécologie.

Passion qui, de fil en aiguille, nous a amené à contacter le service Solidarité de Kokopelli afin de proposer notre aide à la campagne Semences Sans Frontières (SSF). L’idée était simple, nous partions pour un continent où les problématiques d’autonomie semencière et plus globalement de souveraineté alimentaire sont impactantes et nous avions de l’espace pour transporter des graines et du temps pour les distribuer. Nous avons donc quitté l’Europe avec plus de 2 500 sachets de semences de légumes, de fruits, de plantes médicinales et d’aromatiques, ainsi que la liste et le descriptif des projets soutenus par SSF dans les pays que nous traversions.

La « mission » que nous nous sommes fixée est plurielle :

• Rendre visite aux projets récemment admis et qui n’ont pas encore réceptionné les semences reproductibles et libres de droits.

• Visiter des projets ayant déjà bénéficié du programme afin de collecter, pour SSF, les précieux retours d’expériences. C’est aussi l’occasion de distribuer de nouvelles variétés.

• Identifier de nouveaux projets au travers de rencontres spontanées. Bénéficier du soutien de SSF nécessite d’avoir connaissance de cette belle initiative. Nous croisons régulièrement des interlocuteurs qui n’ont pas cette chance et qui, même s’ils l’avaient, n’ont pas toujours le relais nécessaire à l’acheminement des semences.

• Enfin, nous profitons également de toutes ces occasions pour remettre aux porteurs de projets des fiches techniques réalisées par Kokopelli sur l’agroécologie et la multiplication semencière. Ces fiches sont pour nous le support idéal afin de, lorsque cela est nécessaire, sensibiliser les acteurs rencontrés à l’importance de la reproduction des graines distribuées mais aussi au recours à des pratiques culturales vertueuses et respectueuses de leur environnement.

Vous l’aurez compris, la semence est devenue le fil conducteur de cette aventure. Elle est l’élément qui fédère les trois dimensions de ce voyage en touchant chacune de ses composantes, qu’elle soit sociale, culturelle ou bien paysagère.

« LE CLIMAT CHANGE »

Il n’est pas un seul pays où nous n’ayons entendu cette phrase.

Au Maroc , où le désert ne cesse de progresser, nous avons rencontré d’anciennes populations nomades qui, sédentarisées dans des oasis il y a quelques décennies, sont contraintes de se déplacer de nouveau. Le sable et le manque d’eau les chassant inexorablement vers le nord. En Afrique de l’ouest comme en Afrique centrale, le cycle de la saison des pluies et de la saison sèche est souvent bouleversé. Cette année encore la saison des pluies s’est brusquement interrompue quelques temps après avoir commencé. Les semis ont alors manqué d’eau engendrant d’irréversibles pertes. À l’inverse, certaines régions, comme au Nigeria, sont frappées par des inondations historiques menaçants de famine une grande partie de la population.

Les D Rives De La Semence Hybride F1 Et Du Cort Ge Phytosanitaire

Les semences hybrides et stériles ont envahi les champs et potagers d’Afrique. En inondant les marchés locaux elles ont rendu les agriculteurs captifs d’un système économique les poussant chaque année à acheter les graines qu’autrefois ils savaient reproduire. Nous faisons partout le constat, sur les marchés comme dans les échoppes spécialisées, de semences estampillées aux couleurs des grands groupes que nous connaissons trop bien. Avec elles sont venus les produits phytosanitaires « nécessaires » à la survie de ces aberrations agronomiques. Les pulvérisateurs tournent à plein régime, remplis de produits aux dosages souvent hasardeux. Nous avons fait le triste constat de notices non traduites ou exemptes de préconisations, menant à d’inévitables surdosages.

NPK (Azote, Phosphate et Potassium), sont les trois lettres qui complètent le cortège des intrants chimiques. Entre ruses commerciales des industriels et facilité d’utilisation pour les agriculteurs, le recours aux engrais de synthèse est devenu prépondérant. La majorité des acteurs rencontrée dans le cadre de la campagne SSF est sensible à cette problématique et a recours à des méthodes de fertilisation naturelle (fientes de poules, composte de matières végétales et de toilettes sèches, engrais verts, urine diluée, …). Lorsque cela n’est pas le cas, nous prenons le temps d’aborder avec ces personnes les alternatives « naturelles » possibles. En effet, les surfaces cultivées sont souvent raisonnables et permettent le recours à de telles pratiques.

De la semence à l’assiette, un pas vers la diversification alimentaire

Kokopelli nous a confié de nombreuses espèces et variétés potagères et médicinales. L’enjeu est double et vise à :

• Augmenter les chances de succès dans les cultures et multiplications face aux problématiques d’adaptation des semences aux climats tropicaux et arides.

• Apporter de nouvelles variétés potagères et médicinales en vue de diversifier l’alimentation et d’enrichir les pharmacopées.

Notre périple est ponctué de rencontres et d’échanges avec les locaux. Régulièrement invités, nous constatons que l’alimentation quotidienne est peu variée et principalement basée sur l’utilisation du manioc et de l’igname. Dans les milieux ruraux, cette base est souvent accompagnée d’une sauce à base de légumes feuilles comme l’amarante. Le tout étant agrémenté de tomates, d’oignon et de poisson lorsque le budget le permet. Les légumes que nous côtoyons sur nos étales

Le voyage en quelques chiffres

En 2022

• De la France à la Namibie, 18 pays visités (1)

• Plus de 35 000 km parcourus

• 38 projets visités

• 2040 sachets distribués, parmi 164 espèces et variétés potagères et médicinales

En 2023

• Un nouveau colis de semence qui nous attend d’ores et déjà en Afrique du Sud

• 12 pays à venir (2)

• Beaucoup de kilomètres et on l’espère, de nombreux projets.

(1) Espagne, Maroc, Mauritanie, Sénégal, Guinée Conakry, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin, Nigéria, Cameroun, Gabon, Congo, République Démocratique du Congo, Angola, Namibie et Afrique du Sud

(2) Lesotho, Botswana, Mozambique, Zimbabwe, Zambie, Malawi, Tanzanie, Kenya, Ouganda, Éthiopie, Soudan et Égypte européens sont rarement consommés alors qu’une grande partie d’entre eux poussent très bien sous les latitudes en question. Au-delà des limites financières et parfois techniques, la diversification alimentaire est aussi une question culturelle. Sans prétention aucune, nous espérons que les sachets distribués participeront à la diversification du contenu des assiettes. Graine après graine, varier l’alimentation est le gage d’une meilleure santé sur le plan physique comme sur le plan moral.

Des projets et des initiatives inspirantes

Sans que cela ne fasse ombrage aux autres projets visités et parce que tous vous les présenter serait trop long, nous avons sélectionné trois initiatives qui nous tiennent particulièrement à cœur et dont les acteurs se battent au quotidien pour les causes qu’embrassent Kokopelli et SSF.

Maroc

Nous avons passé deux jours au Centre Fiers et Fort. On parle de centre, mais c’est avant tout une grande famille. La structure est là pour venir en aide aux enfants défavorisés de la région de Marrakech. « Madou », à l’origine de cette belle initiative, a voulu offrir un foyer et une éducation à ces enfants que la vie n’a pas épargnés. Aujourd’hui, c’est sa fille Dorine et une équipe merveilleuse qui prend soin d’une quarantaine de bambins. Ils sont devenus une famille qui partage, apprend et grandit ensemble. Le centre abrite un magnifique potager pédagogique et nourricier qui donne une certaine autonomie alimentaire aux Fiers et Forts. Les jardiniers et les enfants le cultivent en

S N Gal

Le projet Growing Life Farm est pluriel. Il vise à diversifier l’offre en légumes et plantes médicinales sur le marché local, tout en proposant une composante sociale de maintien des filles à l'école à travers l'agriculture biologique. Se perdre dans les allées du jardin, c’est s’assurer une expérience visuelle, sensorielle et gustative. Ici tout pousse à merveille et on ne compte plus les espèces de légumes et de fruits. Nous étions supposés n’y passer qu’une journée pour déposer des semences… C’était sans compter l’effet vortex des lieux et le cœur immense de cette famille. Happés par la joie de vivre et le grain de folie de Thérèse et Abdoulaye, nous sommes restés dix jours en leur compagnie. Dix jours durant lesquels nous leur avons donné un petit coup de pouce afin d’arroser le potager et faire quelques semis. En effet, les employés étaient en congés pour la fête de la Tabaski et la saison des pluies se faisait désirer. Un séjour mémorable et une rencontre qui va au-delà d’une simple amitié, puisqu’aujourd’hui nous avons une famille de cœur quelque part au sud de Dakar.

Guin E Conakry

Dans un pays où l’instabilité politique règne, l’état semble avoir oublié ses populations rurales. Ici, au cœur du massif du Fouta Djallon, la famille Bah s’est diversifiée dans l'apiculture, l'élevage et la culture. Autant d’initiatives qui lui permet d’améliorer son quotidien, mais aussi celui de sa communauté. Pas à pas, Abdoulaye, qui est aussi imam de son canton, construit une nouvelle école coranique sur ses propres deniers. Bien plus qu’un enseignement religieux, ce sera également une école de la vie. Une école pour apprendre à la nouvelle génération qu’avec volonté et persévérance, ici aussi tout est possible.

En Guinée Conakry le marché de la semence est inondé par des variétés hybrides majoritairement importées de Chine. Bien que l’agriculture locale soit principalement vivrière, les semences ancestrales semblent avoir presque toutes disparue. Alors lorsque nous avons appris à Abdoulaye que les graines que nous avions n’allaient pas se « fatiguer », comme on le dit ici, et qu’il allait pouvoir chaque année les récolter pour les semer l’année suivante, nous avons fait un heureux.

Durant les huit jours passés avec cette famille, nous avons longuement échangé sur les problématiques qui gravitent autour de la semence. Très rapidement, Abdoulaye a esquissé les grandes lignes du projet qu’il pouvait mener avec les graines que nous avons apportées. Son statut d’imam lui permet d’avoir une voix qui porte et de toucher une grande partie de la population. Il prévoit donc de sensibiliser les locaux (majoritairement cultivateurs) sur le sujet. Il souhaite également que les premières récoltes soient dédiées à la multiplication afin d’en distribuer le plus possible à sa communauté. Une initiative qui fait chaud au cœur !

>> Suivez l'aventure de Marie et Rémi sur Instagram et Facebook : @desroutesetnous

Offrons à tous l’opportunité de retrouver l’autonomie semencière, alimentaire et médicinale !

Pour bénéficier de notre campagne de solidarité, nous soutenir ou vous impliquer activement, rendez-vous sur le blog, rubrique Semences Sans Frontières : BLOG.KOKOPELLI-SEMENCES.FR

MELLIFÈRES ET ENGRAIS VERTS : LES NOUVEAUTÉS DU PARRAINAGE

Une vague d’autonomie impulsée depuis son jardin en France… jusqu’aux potagers vivriers des populations à travers le monde !

Afin de répondre encore mieux aux besoins des paysans que nous soutenons avec notre campagne Semences Sans Frontières, nous proposons au Parrainage, depuis le printemps 2022, une nouvelle catégorie de plante : les mellifères et engrais verts.

L’année dernière, des graines de plusieurs variétés de tagète, de zinnia, de tournesol à fleurs et à graines, de phacélie et de luzerne ont été confiées à des Parrains et Marraines un peu partout en France. Ainsi, Paul R. aux côtés de 25 autres jardiniers a multiplié des graines de Tournesol "Engrais Verts" dans son jardin à Sayat. En partant d’une souche de 20 grammes, il nous a retourné pas moins de 9,5 kilos de semences à offrir aux paysans que nous soutenons dans leurs projets d’agriculture vivrière à l’étranger.

Engrais Verts

Plantes ou mélange de plantes, destinés à être enfouis dans le sol pour le fertiliser, cultivés entre deux cultures principales ou en jachère.

Semés avant, après ou pendant la croissance de la culture principale, ils emmagasinent les éléments nutritifs dans ses tissus et les remettent en circulation dans la terre. Ce mécanisme autorise de minimiser l’application d’engrais azotés de synthèse et permet également de maintenir un couvert végétal, lequel apporte de la matière organique au sol, réduit son érosion et limite les déperditions d’éléments nutritifs ou de fertilisants dans les cours d’eau.

[1] Début juin : Après éclaircissage, il reste environ 120 plants espacés de 40 cm – [2] Début juillet : Les fleurs arrivent – [3] Mi-juillet : La pollinisation bat son plein – [4] Fin juillet : Les oiseaux, friands des graines, viennent piller les semences bien avant le jardinier ! – [5] Les capitules sont donc ensachés dans des voiles de protection afin que les graines puissent mûrir paisiblement – [6] Fin septembre : Les graines sont bien formées, les capitules sont donc récoltés et finissent de sécher dans la serre – [7] Début octobre : Lorsqu’ils sont totalement secs, les capitules sont frottés à la main pour détacher les semences – [8] Les graines sont tamisées pour enlever les impuretés – [9] Les graines sont mises dans un contenant non hermétique pour l’envoi à la maison Kokopelli au Mas d’Azil

Le Chemin des semences de Paul au sein du Service Solidarité

[10] Mi-octobre : À son arrivée, la récolte de Paul est pesée et mise en lot avant de partir au congélateur pendant 3 semaines pour éviter toute éclosion potentielle d’insectes – [11] Décembre : Un test de germination est effectué afin de garantir la faculté germinative du lot – [12] Février 2023 : Les semences sont ensachées et sont prêtes à prendre leur envol dans les colis Semences Sans Frontières pour être disséminées et multipliées aux quatre coins du monde

Témoignage de Paul sur son aventure du Parrainage

Cette expérience de multiplication de semences m’a plu car c’était nouveau pour moi et j’avais à cœur de réussir. J’ai rencontré une difficulté au moment où j’ai compris que les oiseaux allaient tout dévorer. Avec ma compagne, nous sommes allés ensacher les capitules jusqu’à tard le soir quasiment à la frontale. Nous avons bien rigolé et passé un bon moment en pensant à la tête des oiseaux le lendemain matin. Ils avaient surement rêvé d’un grand festin…

Comme mon jardin est au bord de la route, de nombreuses personnes du village étaient intriguées par cette plantation de tournesols ensachés et beaucoup nous ont posé des questions. Nous leur avons donc parlé de la super initiative du Parrainage de Kokopelli. Donner des graines à des gens qui n’ont pas les moyens de les acheter est très valorisant pour celui qui les donne. J’imagine la joie de ceux qui les reçoivent et ça me réjouit. Par rapport à l’argent dont on ne connait pas l’utilisation finale, dans le cas des graines, la finalité est évidente !

Où sont parties les semences

de Tournesol "Engrais Vert" multipliées par Paul ?

Six porteurs de projets œuvrant pour une agriculture vivrière, ont déjà bénéficié des graines de tournesol de Paul. Grâce à elles, Ils pourront ainsi aménager des prairies mellifères, fertiliser leur terre et gagner en autonomie semencière.

"La maison du Loup" à Ichamraren au Maroc, "Le Potager Solidaire" à Dakar au Sénégal, "Horta Harmonia" à Ovar au Portugal, les jardins pédagogiques des écoles de Cahguitillo, Jinotega, San Juan Del Sur, et San José au Nicaragua, et l’association La Maison du bon Samaritain à Kpalmé au Togo. En juin 2023, l’association Freesalsa distribuera ces semences dans 7 villages au Sénégal : Gawde Boffe, Alana, Mafre, Biddi, Diundu, Belel Kele, Winde Boki, Hiwirgo et Lévé Pobi.

Le Parrainage consiste à reproduire bénévolement, à partir de graines fournies par Kokopelli, une variété ou une espèce et à envoyer une partie des semences récoltées à l'association afin d’en faire bénéficier des communautés rurales du monde entier dans le cadre de la campagne Semences Sans Frontières !

Retrouvez toutes les informations sur le blog, rubrique Semences Sans Frontières/Comment participer ? :

WWW.BLOG.KOKOPELLI-SEMENCES.FR

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