KONFINI Nº 03 • ERRANCES EN MONDE INTÉRIEUR
I FEEL FLOU
SOMMAIRE 2
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W.C.ON FIN E M EN T
Chimpanzé du 3ème millénaire, Denis Targowla
KO N F I N I m agaz i n e@ ko n f i n i .co m a n i m at e ur ph i l b e pub l i cat i o n l i b r e ko n f i n i er r a n ce s e n m o n d e i n t é r i e ur N um ér o 3 Pub l i cat i o n d u 5 av r i l 2 0 2 0
e n l i bre ac c è s s u r w w w. i s s u u.c o m/ KO N F I N I
4. L e gr a n d d é tou rne me nt
6.
TIENS BON, THIERRY !
Ma rc e l "L i b e rté " He rms
10. C a mpagne
12. Pa s qu e Ros s o, tou te s le s c ou le u r s
16. W.C.onf i ne me nt
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Voici déjà le troisième opus. Le temps s'installe et s’immisce. Nous avons voulu ce numéro riche en couleurs. Merci aux artistes. Que cet enfermement ne soit que physique et pas mental. Partageons. Soyons la petite lumière pour chacun.e Bon week-end et bonne semaine !
Escape
28. F e nê tr e s
30. L e s c h r oni qu e s d e qu a r a n ta i ne
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le grand détournement Oeuvre algorithmique PAR Philbe
De la contrainte naît la créativité et parfois la solidarité. Ces couvertures plastiques qu'on glisse sans y penser dans la photocopieuse deviennent masque de protection. Ces lignes de production qui délivrent habituellement les meilleurs parfums produisent maintenant dans l'urgence les tant recherchés gels hydro-alcoliques. Une façon de replacer le luxe où il doit réellement être. Sans oublier cette planche à pain dans laquelle nous n'avions jamais vu une raquette de ping-pong pour tournoi indoor. Détourner, reconsidérer, est l'opportunité qui nous est offerte bien malgré nous. C'est le défi qui vit désormais avec nous. En êtres libres nous aurons plein de choix à faire, individuels et collectifs. Travaillons au choix de la lumière et de la fraternité. J'ai donc regardé différemment mon logiciel utilisé pour mes simulations urbaines. Et cherché à produire une sculpture virtuelle à présenter dans le magazine. Il est le résultat de l'algorithme ci-dessus. Un jeux de liens, de stimulus, de partage d'informations et d'appropriations.
Bubbles, PhilBe
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Comme l'art en général, cette sculpture peut dire des choses. Tout est question de l'âme qu'on y met pour la créer et l'observer. Les données d'entrée sont des relevés de population et de densité de population pour les îlots INSEE de la communauté d'agglomération de Paris-Saclay. Plus la sphère résultante est importante plus la population est élevée. Plus la couleur tire vers le rouge, plus le territoire est densément peuplé. On peut y voir une allégorie du confinement : » La difficulté d'organiser l'ensemble de manière cohérente. » L'inégalité des situations face à la maladie et aux moyens d'y faire face. » La distanciation sociale ; ce raté sémantique qui aurait dû dire la distanciation physique et le renforcement social. » Le monde qu'on a connu qui s'évapore en bulles, qu'on espère légères et festives. » ...
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par PHILBE
Marcel "Liberté" HERMS Foisonnement Mettez un bon morceau de rock. Dansez. Ça y
L’artiste prolifique est de tous les combats,
est, vous êtes au cœur de l’œuvre de Marcel Herms.
constituant son œuvre unique et cohérente au gré
En saccades, des personnages tournoient autour de vous, disparaissent pour être aussitôt remplacés. Vous entendez le rythme des couleurs, le battement des coups de brosse, le cri rageur du
des formats, de cartons, toiles et papiers… Artiste de groupe et multi-instrumentiste, il participe à de nombreuses collaborations pour des livres, des magazines, et autres éditions. De quoi joindre des paroles à ses musiques…
crayon, la mélodie subtile d’un collage. Plongez sans hésiter : www.marcelherms.nl
I am the king (Of nothing at all) ; Free Range (it pays to talk to no one) ; Devils in disguise, Marcel Herms KONFINI
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la campagne urbain tu penses avoir oublié le contact tu es régénéré il faut écouter le silence voir le noir et là la magie opère le temps se dilate s’étire prend la pause c’est une expérience quantique tu ressens par PhilBe
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par PhilBe
Pas que Rosso, toutes les couleurs on amorce ce voyage à New-York qu’on s’est promis de faire depuis si longtemps
Ces jours-ci, New-York est à nouveau sous le feu des projecteurs. L’espace se vide dans les lieux mythiques, connus de tous, que l’on soit allé sur place ou pas. Et ce, pour déployer une armada hospitalière et faire face à la propagation. Laurent Rosso est très attaché à la cité des gratteciels, au point de l’intégrer dans sa série intitulée « impressions urbaines ».
A chaque touche sur la toile, il livre sa vision. Les buildings sont des volumes révélés par des contrastes chromatiques. Quittant la réalité mono-teintée, il réussit à intégrer par la couleur, toutes les couleurs, le temps dans son œuvre. Toutes les saisons, toutes les heures, toutes les météos, sont là, par mille reflets, sous nos yeux, sous nos sens.
Colors on the city ; Coucher de soleil sur l’American Copper Building, Laurent Rosso KONFINI
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Les clés de la résilience s’y cherchent. Dans un monde tel qu’on veut le voir, le sentir et le vivre, plutôt que dans l’exactitude de ce qu’il est aujourd’hui, de ses formes et détails architecturaux. Profiter de la suspension du temps pour certains, alors que d’autres se débattent avec l’urgence, pour se forger de nouveaux imaginaires, et être prêts. Prêts pour le jour J, celui où il faudra, vigoureusement, repasser à l’action. A approfondir : » www : lrosso.net » insta : lrosso.paintings
Light and darkness ; Sunset on the city, Laurent Rosso
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W.C.ONFINEMENT carnet de voyage 1,20 x 0,75 par DENIS TARGOWLA
Mon bon Philippe ça fait du bien de savoir que je ne suis pas tout seul dans ce monde de brutes, je dessine super confiné dans mes petits chiottes soyons précis 1m20x75, ah j'oubliais tu les as pratiqués, putain qu'on y est bien seul, avec des relents « Les poètes de 7 ans » Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe, Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été Surtout, vaincu, stupide, il était entêté A se renfermer dans la fraîcheur des latrines : Il pensait là, tranquille et livrant ses narines. A chaque phrase piochée dans le monde des phrases, je dessine avec, chacune de mes journées de Con in fine Comme si j avais besoin de te donner la preuve de mes évasions sans laisser passer dans la steppe, l'histoire et Afrique, je m'endors fatigué à minuit sur un cheval où dans les yeux bleus lagon d'un souvenir et j'ai hâte de devenir demain.
Carnet, Denis Targowla
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POUR E N FINIR AV E J USTE AVA NT D E D
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Carnet, Denis Targowla
EC UN R ÊVE OR M I R
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ESCAPE Non disegno sempre, ma disegno da sempre par PhilBe Ariadna Novicov est une artiste d’origine roumaine travaillant à Turin. Le dessin est ancré en elle, car si elle ne dessine pas toujours, elle le fait depuis toujours. Le geste est puisé dans un monde intérieur, nourri à la source des souvenirs et des rêves. De là s’assemblent les formes et les couleurs. Mais c’est aussi une arme pour vivre les réalités du monde, en être libre : Libre de s'exprimer et de créer. Libre de la peur d'être jugée. Libre de faire des erreurs. Libre de voler comme une artiste. Libre de recréer.
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Cette liberté est aujourd’hui généreusement partagée par Dana. Elle s’ouvre au monde avec de premières expositions correspondant à un geste plus maîtrisé. Les quelques illustrations qui accompagnent ce texte permettent de voyager avec elle, de faire connaissance avec ses mille visages, de suivre un moment la ligne de crête entre le soleil et la lune. Pour en voir plus : www.ariadnanovicov.wordpress.com
Windows ; Via Roma 24 ; Via Roma, Ariadna Novicov
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Castelli di sabbia, Ariadna Novicov 26
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Fenêtres FINESTRE Elles deviennent vitales par Federica Candido Les fenêtres deviennent vitales, ce dont nous avons besoin, maintenant que ce qui se passe semble autant douloureux qu’incompréhensible.
Le finestre diventano vitali, è ciò di cui abbiamo bisogno, adesso che ciò che succede ci sembra tanto doloroso quanto incomprensibile.
« Des fenêtres, voilà ce dont nous avons besoin, me dit une fois un vieux sage d’un pays lointain, la vastitude du réel est incompréhensible ; pour la comprendre il faut l’enfermer dans un rectangle, la géométrie s’oppose au chaos. C’est pour cela que les hommes ont inventé les fenêtres qui sont géométriques, et chaque géométrie présuppose des angles droits ». (Antonio Tabucchi, il se fait tard, de plus en plus tard).
« Finestre : ciò di cui abbiamo bisogno, mi disse una volta un vecchio saggio in un paese lontano, la vastità del reale è incomprensibile, per capirlo bisogna rinchiuderlo in un rettangolo, la geometria si oppone al caos, per questo gli uomini hanno inventato le finestre che sono geometriche, e ogni geometria presuppone gli angoli retti ». (Antonio Tabucchi, si sta facendo sempre più tardi).
Les fenêtres, maintenant nous confortent, sont les yeux des bâtiments proches et lointains, sont des nouvelles émotions. La fenêtre d’en face, la fenêtre sur cour…Là on prend une bouffée d’air, on chante une chanson et puis un applaudissement, une ovation. Tout le monde à la fenêtre. Les regards sont à la fois complices, ironiques, ou émus, mais les visages sont toujours marqués par la même anxiété. Ces fenêtres se font remarquer, même si on dirait que rien ne se passe, que tout est normal et quotidien. J’ai besoin d’une fenêtre pour circonscrire une portion de cet immense chaos, mais j’ai l’impression de me réfléchir dans un miroir.
Le finestre sono diventate il nostro conforto, sono gli occhi dei palazzi vicini, sono le nostre nuove emozioni. La finestra di fronte, la finestra sul cortile … Là prendiamo una boccata d’aria, cantiamo una canzone… e poi un applauso, un’ovazione. Tutti quanti alla finestra. Gli sguardi qualche volta sono complici, ironici oppure commossi, ma i visi sono sempre marcati dalla stessa ansia. Queste finestre si fanno notare, anche se sembra che non succeda niente, che tutto sia normale e quotidiano. Ho bisogno di una finestra per circoscrivere una porzione di questo immenso caos, ma ho l’impressione di riflettermi in uno specchio.
Fenêtres, Federica Candido
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les chroniques de quarantaine par Marion Lanceau
Histoire de rester solidaires, ensemble, proches, Marion propose de partager, chacun au gré de ses envies, des instants de nos jours de quarantaine. Nos joies, nos peurs, nos ennuis, nos rires, nos pleurs, nos envies, nos rêves, nos pensées... qu’on soit ensemble par la pensée ! Une image, une phrase, un instant....
« Trouver le bonheur dans un grain de riz » disait le Sage Confinus, émérite intellectuel connu en l’an 20 du Règne de l’Empereur Chinois Chia-pitalos. Voilà, mes semis commencent à pousser, le règne végétal suit son cours, à l’inverse de 5% de mes élèves, indifférent à la panique humaine. Dans la serre chauffée de soleil, la douceur de l’air donne envie de devenir plante à mon tour... Je serai une jolie Hellébore, gracile et rare ou bien une Clématite aussi exigeante que ravissante, ou un vénérable Tilleul, j’embaumerai l’atmosphère à l’Automne et je pilonnerai l’esprit voitures de petites graines sucrées et collantes. Un Tilleul oui j’aimerais bien je crois.... Il y aurait une chouette en mon creux et des nids de mésanges et de chardonnerets dans les hauteurs, peut-être une petite sittelle viendrait parfois me piqueter l’écorce... et les abeilles joueraient leur ballet dans un doux froufrou... Rêverie... Et vous ? Vous seriez quelle plante les amis ?
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PROCHAIN NUMÉRO TOUS ENSEMBLE ! OUAIS, OUAIS ! VOS CONTRIBUTIONS : MAGAZINE@KONFINI.COM
You're on my mind, PhilBe Et oui, Je pense à toi Je pense à toi Je pense à toi 32
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