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VIUAMUS MEA LESBIA/ATQUE AMEMUS
ALEXANDRE HAÏOUN-PERDRIX - Writer, 3rd Year, Philosophy
Rumoresque senum seueriorum/Omnes unius aestimemus assis.
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Quelle langue parle-t-on dans le monde de la iapanimation? La queſtion peut ſembler triuiale – le iaponais, bien ſûr! (Et ie ſais fort bien que uous uous appreſtiez à répliquer qu’on y pouuait auſſi conuerſer en coréen ou chinois, mais notez comme i’ai traîtreuſement parlé de iapanimation plutoſt que d’animés.) Toutefois, et ce comme dans tout domaine culturel, les artiſtes qui produiſent celle-ci ſe font parfois un plaiſir de l’agrémenter d’éléments tirés de langues étrangères, quand icelles ne iouent pas carrément un roſle important ſinon dans l’intrigue, du moins dans la conſtruction du monde au ſein duquel cette dernière prend place.
Par pure meſquinerie de Français aigri, je ne traiterai meſme pas ici la queſtion de l’uſage de l’anglais. Il eſt du reſte plus qu’improbable que quiconque en prenne ombrage, puiſque cela ſuppoſerait avoir pris la peine de me lire iuſques ici, ce dont plus encore que mon habituel ſtyle archaïſant, mon emploi d’une orthographe aujourd’hui tout à fait obſolète uous a déjà ſans doute diſſuadé. En effet, Google Tranſlate ne peut que peu pour uous face à ce texte dans lequel les s non finaux conſervent leur forme dite de “s longs”, ces adorables “ſ” que je uous inflige depuis un petit moment maintenant, ce texte où également les accents circonflexes ſont remplacés comme en les plus anciennes ères par des s, et ni le “i” (comme dans “iaponais”) ni le “u” (comme dans “uraiment”) n’exiſtent, et ſe voient donc ſubſtituer leurs formes originelles – “i” et “u” (comme dans “que c’eſt irritant, ces longueurs !”).
Reuenons-en à nos moutons. Je ne traiterai nullement de l’emploi de l’anglais donc, parce qu’il eſt trop éuident et quaſi-ſyſtématique (ſans compter tous ces mots anglais qui ſont au fond pleinement deuenus des mots iaponais). Ce n’eſt heureuſement pour nos affaires pas le ſeul langage auquel les créateurs nippons aient été amenés à s’intéreſſer. Deux d’entre eux brillent également particulièrement par leur préſence, qui eſt loin de n’eſtre qu’occaſionnelle (bien que, hélas, de plus en plus) : l’allemand et le français. Il en eſt bien ſûr d’autres, mais leur uſage eſt bien plus anecdotique – l’italien par exemple ſert de fond à How a realist hero rebuilt the kingdom, ce qui eſt parfaitement naturel au uu de la centralité octroyée par les ſcénariſtes à certains ſegments du Prince de Machiavel dans cette ſérie
Ces ieux auec les langues françaiſe et germanique ont plus d’une raiſon d’eſtre. Ils ſont tantoſt motiués par le poids international et culturel de celle-ci, en tant donc qu’objets linguiſtiques à proprement parler, comme c’eſt le cas dans Kaguya-sama pour le français. Il s’agit généralement d’occaſions de iouer auec les clichés qui y ſont attachés, afin de créer des atmoſphères ſpécifiques – par exemple, ici, la diſtinction attachée à la langue de Paris et à l’idée-meſme d’échanges ſcolaires entre uniuerſités preſtigieuſes imbibe toutes les ſcènes créées autour de cet élément. Ce genre d’emploi de ces langues eſt particulièrement efficace lorſqu’il s’agit de créer un effet comique (et donc tout à fait bien uenu dans un animé tel que Kaguya-sama), en tant que cliché mais auſſi par le décalage accru que permet ce niueau d’extrémiſation de l’atmoſphère.
C’eſt en reuanche peut-eſre plus ſouuent encore l’arrière-plan hiſtorique et culturel de ces langues qui explique uoire légitime leur emploi. Il en eſt ainſi de l’allemand dans les diuerſes ſéries de la franchiſe Fate (qui eſt la principale langue dans laquelle ſont produits les ſorts de la famille de Tosaka Rin, et plus ouuertement encore celle à partir de laquelle ſont créés les noms de certains perſonnages, la famille von Einzbern tout particulièrement, qui ioue un roſle-clef dans Fate/Zero et Fate/Stay Night: Unlimited Bladeworks, mais ſurtout dans le génial et ſous-coſté Fate Kaleid). L’Allemagne par ſa proximité au Iapon, hiſtoriquement plus forte que l’eſſentiel des autres pays occidentaux, s’offre une place de choix pour ce qui eſt de ſeruir de référence dans le cadre de la iapanimation, ſouuent meſme plus mobiliſée que les Etats-Vnis ou le Royaume-Vni.
Le français n’eſt pas en reſte ſur ce plan, qui fait parfois de très brèues apparitions graſce à l’”image de marque” ſuſmentionnée qu’il a ſu ſe forger (ainſi du générique de la ſaiſon 2 de My next life as a villainess où les mots “un, deux trois” jailliſſent à l’occaſion de l’habillage en grande pompe de la protagoniſte – ſans que la ſcène dudit animé dont uous pouuez ici admirer l’image ait par elle-meſme quelque lien que ce ſoit auec le français ou l’allemand, mais ie l’aimais bien, auſſi ai-ie décidé de m’en ſeruir comme illuſtration). (Et comme c’était déjà n’importe quoi, ie ne me suis pas priué de la mettre bien auant ce paragraphe, là où il n’y auait aucune raison qu’elle ſoit.) Mais c’eſt dans la plupart des cas à ſon hiſtoire que la France doit de uoir ſa langue employée, directement ou par référence – et pour l’eſſentiel à deux épiſodes de celle-ci, la Guerre de Cent Ans et le perſonnage complètement iconique de Jeanne d’Arc, mais ſurtout la Réuolution. Cette dernière a pu ſeruir de cadre à des animés entiers, parfois dans le ſens le plus ſtrict du terme (à la manière de Lady Oscar), parfois en tant que fond cryptique, métaphore permanente – auec l’exemple par excellence, abſolu et ſi magnifique, de Utena la princesse réuolutionnaire (qui comprend dans ſa verſion nippone, en manga comme en animé, tant de références au français – et meſme un ſous-titre en cette langue, après le titre naturellement en iaponais).
Oh, et ſi uous uous demandiez à quoi correſpondait le titre et la ſection “ſhort fact/ thought”, il ſ’agit des premières lignes d’un magnifique poème de Catulle, le cinquième ou le ſixième ſi point ne me trompe. Rien à uoir donc avec le ‘ſuiet” de cet “article”, mais en uoici tout de meſme, à titre gracieux et en guiſe de concluſion, les trois vers ſuiuants: “Soles occidere et redire possunt/Nobis cum semel occidit breuis lux/Nox est perpetua una dormienda”.