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En tête-à-tête

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Jeu

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Mon face-àface avec le cancer

Atteint d’une leucémie en 2012, l’humoriste suisse Thomas Leuenberger, plus connu sous le nom de Baldrian, n’aurait jamais imaginé qu’il intégrerait son cancer dans son travail d’artiste.

Propos recueillis par Joëlle Beeler

1Il y a huit ans, alors que j’étais en tournée avec le cirque Ron calli à Cologne, je suis allé faire un tour à vélo entre deux représen tations. Le vent soufflait de face et j’ai dû descendre de mon engin car j’avais les jambes en coton. Je me sentais tellement faible.

2Le diagnostic – une leucémie myéloïde aiguë – a été un choc pour moi. Ma mère est décédée d’un cancer et ma première pensée a été «C’est mon tour à présent».

3La Rega m’a transporté de Cologne à l’Hôpital de l’Île, où la chimiothérapie a aus sitôt commencé. Par la fenêtre de ma chambre en isolement, j’aperce vais un autre patient qui jouait de la guitare. Dans les moments difficiles, il est important d’exploiter ses ressources personnelles. J’avais la chance d’être bien entouré et de pouvoir m’appuyer sur l’humour. Cela m’a redonné une certaine légèreté.

Thomas Leuenberger, alias Baldrian, 61 ans, parle de son cancer en public. Il a reçu le Prix de reconnaissance de la Ligue suisse contre le cancer en 2016.

4En tant que patient, on ne doit pas dire oui à tout; il faut culti ver le dialogue avec les médecins et le personnel soignant. J’ai pu en partie décorer la chambre où j’étais en isolement avec des pho tos et des objets personnels. J’ai par exemple accroché plusieurs images de cirque en me disant: « Je retour nerai là-bas. »

5Le cancer a eu des répercussions sur mon travail d’artiste. Quand ma leucémie a été connue, j’ai reçu moins de deman des pendant quelque temps.

6En 2014, j’ai donné une conférence intitulée « L’humour malgré le cancer» dans le cadre d’une action caritative orga nisée avec la Ligue contre le cancer. Depuis, des institutions de la santé et des professionnels de la méde cine m’invitent régulièrement à venir parler de mon expérience. 7 Après mon spectacle « Au ralenti », « L’humour malgré le cancer» est entré dans mon répertoire. Il y est question d’une meilleure qualité de vie, de moins de stress et de l’activation des forces d’autoguérison. Je suis très reconnaissant de pouvoir à nouveau monter sur scène.

8L’humour et la sérénité sont aussi une bonne recette contre le coronavirus. Ils renforcent le système immunitaire, font du bien et redonnent espoir lorsque les gros titres suscitent angoisse et insécurité.

9La crise du coronavirus me touche aussi dans mon travail d’artiste. Un grand nombre de spectacles ont été annulés et des entreprises n’ont pas pu m’engager pour leurs manifestations. Je mets ce temps à profit pour travailler de nouveaux numéros.

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