Guide sur l’éducation en design graphique au Québec
Société des designers graphiques du Québec Président Pierre Léonard Rédaction Louis Lapointe Rock Anctil Alain Melançon MISE EN PAGES Marc Serre COPYRIGHT SDGQ TOUS DROITS RÉSERVÉS Ce document est réservé à l’usage exclusif des membres agréés de la Société des designers graphiques du Québec. 3e trimestre 2010
4316, boul. Saint-Laurent bureau 200 Montréal (Québec) H2W 1Z3
Devenir designer graphique Guide sur l’éducation en design graphique au Québec Société des designers graphiques du Québec
La copie complete de ce guide est disponible sur le site www.sdgq.ca
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Comme plusieurs, ma découverte du design graphique s’est faite à tâtons et sur le tard. Adolescent, je ne savais pas trop comment s’appelait ce métier de faiseur d’images, celles qui peuplaient ma vie quotidienne : les emballages de beurre d’arachide ou de céréales sur la table au petit-déjeuner, les enseignes dans la rue, le journal, les magazines de mode de mes sœurs, les logos de club de hockey, les affiches publicitaires... Je souhaitais ardemment faire ce métier, mais je ne savais pas trop par où commencer. Je ne voulais pas faire du « dessin commercial », comme on disait encore à l’époque, je ne voulais pas simplement exécuter. J’avais soif de créer et d’influencer le monde qui m’entoure, d’autant plus que mes ambitions d’artiste visuel n’étaient pas claires. C’est à travers des amis qui avaient déjà découvert le graphisme au cégep, quelques lectures sur de grands designers comme Paul Rand, Saul Bass ou Raymond Lowey, des magazines comme Communication Arts, Print et l’influence de mes premiers professeurs au collège et à l’université que j’ai vraiment compris que ce métier était fascinant et que j’y investirais les prochaines années de ma vie. Ce petit guide que vous tenez entre vos mains a pour objectif de vous aider dans ce cheminement qui mène à l’exercice de notre profession. Si vous avez cette petite flamme qui brûle quelque part en vous, prenez le temps de lire les pages qui suivent : elles vous permettront de mieux comprendre ce qu’est le métier de designer graphique et le chemin qu’il convient de prendre pour pouvoir l’exercer. Une de ces voies est certainement de joindre les rangs de la SDGQ, qui regroupe les professionnels et les aspirants qui ont la qualité à cœur et aiment passionnément le design graphique. Je tiens à remercier sincèrement les penseurs et les artisans de ce document : Rock Anctil, Louis Lapointe et Alain Melançon. Leur travail de recherche a été méticuleux et le résultat est fort utile. Je remercie tous les collaborateurs, ceux qui ont répondu à notre sondage et ceux qui témoignent en ces pages : sans eux, la production de cet ouvrage n’aurait pas été possible. Bonne lecture ! Pierre Léonard Président de 2000 à 2010 Société des designers graphiques du Québec
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Le projet d’un guide vise à établir une meilleure compréhension des formations offertes par les institutions d’enseignement, pour exercer divers aspects de la profession de designer graphique. Parce que les nouvelles technologies ont stimulé l’expansion des disciplines reliées au design graphique, l’enseignement s’est développé en diverses ramifications, en réponse à la pratique professionnelle. Malheureusement, trop de jeunes diplômés des programmes de design graphique sont mal préparés pour le marché du travail et se butent à un mur de désillusions face aux possibilités d’emplois dans le domaine.
« Trop de jeunes diplômés des programmes de design graphique sont mal préparés pour le marché du travail et se butent à un mur de désillusions. » La profession de designer graphique, encore aujourd’hui, est reconnue par un trop faible pourcentage de gens d’affaires qui respectent sa contribution essentielle à l’activité économique et à la vie sociale. Les nombreux mois d’efforts investis dans ce projet de guide produiront, je l’espère, un nouvel éclairage sur cette profession passionnante, sans cesse en évolution. Louis Lapointe Dg, Rgd
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À la lumière des résultats du sondage mené en 2008 et des commentaires des participants des institutions d’enseignement et des studios de création de partout à travers le Québec, la formation en design graphique est en mutation. Elle s’adapte aux changements technologiques et tente de combler les besoins de main-d’œuvre des entreprises. Et si on en faisait trop ?… Les résultats décrivent des caractéristiques relativement communes aux différentes catégories de programmes de formation. Qu’il s’agisse de formations professionnelles, collégiales ou universitaires, les finalités sont trop souvent similaires et manquent de profils respectifs. Dans quelle mesure les nombreuses formations ne créent-elles pas une saturation de nouveaux candidats et une dévalorisation de la profession ? Le design dans toutes ses déclinaisons connaît un essor sans précédent depuis 25 ans au Québec et la formation se métamorphose pour permettre d’appréhender un avenir brillant et innovateur. Aujourd’hui, les designers graphiques sont partout : ils perfectionnent les pages des magazines et des sites Web, ils contribuent à la mise en œuvre de jeux
« Dans quelle mesure les nombreuses formations ne créent-elles pas une saturation de nouveaux candidats et une dévalorisation de la profession ? » vidéo et d’effets visuels pour le cinéma et la télévision, ils participent à la conception de restos branchés et d’hôtels de luxe, bref, ils donnent une valeur ajoutée à notre environnement visuel. Ces créateurs de demain devront miser sur des créneaux inoccupés jusqu’ici : la gestion de l’information, les produits de niche, de petites séries, à haute valeur ajoutée, des collaborations internationales, les écoproduits, etc. Alain Mélançon Designer graphique M.A. en histoire du design
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Préface
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Définition du design graphique Vox Prof
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Sondages : la formation en design graphique au Québec Questions posées : aux institutions d’enseignement aux entreprises
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Dissertations Conclusion
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Programmes de formation en design graphique
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Références et bibliographie
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Définition Supposons que vous vouliez annoncer ou vendre quelque chose, amuser ou persuader quelqu’un, expliquer un système complexe et en démontrer le processus. En d’autres mots, vous voulez communiquer un message. Comment envoyez-vous ce message ? Exercice de définition du design graphique.
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Définitions tirées du dictionnaire Le Petit Robert
Design [dizajn, dezajn]. n. m. (v.1965•; Anglicisme. Esthétique* industrielle appliquée à la recherche de formes nouvelles et adaptées à leur fonction (pour les objets utilitaires, les meubles, l’habitat en général). V. Stylisme. « Le design […] doit être la conjonction d’une idée esthétique du créateur, d’une réalisation industrielle, d’un réseau de distribution et des goûts d’une clientèle. » (Le Monde, 12-6-1971). — Adj. Des meubles design. Graphique [gRafik]. Adj. et I. graphiques. Description, représentation graphique. Système graphique. V. Alphabet, écriture. Arts graphiques. V. Dessin, peinture. Par ext. Relatif aux procédés d’impression artistique. Construction graphique : représentation d’un corps par des coupes, plans, élévations. Méthodes, procédés graphiques : représentation graphique de relations abstraites. […] III.N. f. réalité quelconque à l’aide de dessins, d’images, ou de schémas.
Qu’est-ce que le design graphique ? Le design graphique est une discipline qui fusionne différentes techniques associées au dessin, à la photographie ou à l’imagerie numérique, pour informer, promouvoir ou communiquer des idées et des messages. Que ce soit par le biais d’une modeste pochette d’allumettes ou d’un immense panneau-réclame, il provoque, informe, stimule, persuade et contribue, par extension, à améliorer notre qualité de vie. Bref, grâce au design graphique, une image de marque se distingue, un voyageur s’oriente plus facilement et le mode d’emploi d’un nouveau produit devient plus compréhensible. Profession : designer graphique Le designer graphique développe des images afin de représenter les idées que ses clients veulent communiquer à leur public-cible. Ces images, souvent très puissantes, s’avèrent d’efficaces outils de communication. Non seulement elles informent mais elles font aussi naître des atmosphères, nous interpellent et suscitent des émotions. Le designer graphique travaille avec le client pour bien comprendre le contenu et l’objectif du message à véhiculer. Il collabore parfois avec des professionnels qui l’aident à mieux cerner le publiccible et s’entoure fréquement de rédacteurs et de traducteurs.
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Le designer graphique est aussi appelé à coordonner le travail d’illustrateurs, de photographes, d’infographistes ou d’imprimeurs. Les images et les caractères typographiques demeurent ses principaux outils de travail. Confronté à un texte, le designer graphique se demande de quelle façon il peut favoriser l’assimilation du contenu. Il accorde autant d’importance à l’apparence des mots qu’à leur signification. Il exploite les caractères typographiques pour leur impact visuel et leur esthétisme pour attirer l’attention sur une affiche, faciliter l’identification d’une marque ou améliorer la mise en pages d’un livre. Il détermine ainsi
Qui devient designer ? Comment savoir si le design graphique est une carrière pour vous ? Vous pouvez d’abord évaluer si les champs d’intérêts caractéristiques à la profession correspondent aux vôtres. De façon générale, les designers graphiques possèdent un intérêt marqué pour tout ce qui est visuel, une curiosité envers toute forme de communication et de la créativité à revendre. Ils sont de fins observateurs et aiment interpréter les choses sous un angle nouveau. Ils remarquent les couleurs, les formes et les textures qui les entourent et s’amusent à trouver des contrastes, des motifs et des rythmes. Pour un designer, le monde des objets et des idées
Le designer graphique accorde autant d’importance à l’apparence des mots qu’à leur signification. quelle police de caractères adopter, quelle taille de caractère est la plus appropriée, s’il est efficace de diviser le texte en colonnes et si une lettrine ou une indentation marque le début d’un paragraphe. Il peut aussi concevoir des polices de caractères utilisées, entre autres, en signalisation, dans les génériques de film ou dans les publicités imprimées ou électroniques.
est un immense terrain de jeu d’où émergent des images. Sa curiosité sans borne le pousse à poser des questions et il évite à tout prix les idées préconçues. Pour le bien de ses projets, le designer graphique n’hésite pas à risquer des approches qui vont audelà des exigences du client. Comme les sujets qu’il aborde sont illimités, il apprend à nourrir sa créativité par l’information qu’il recueille et par ses expériences personnelles.
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« […] le designer graphique regarde le monde qui l’entoure comme un immense problème à résoudre, un dessin, une typographie, une image à la fois. La vie est un long mandat qui doit constamment être analysé, clarifié, envisagé différemment et résolu adéquatement […] » —Traduction libre, extrait du roman The Learners de l’auteur et designer graphique Chip Kidd.
Il explore en créant et il enrichit sa culture en observant la création des autres, en suivant l’actualité culturelle ou tout simplement, en
de trois à six ans dans une école renommée, garantit un bon niveau de connaissances dans tous les domaines.
Un diplôme n’est pas nécessairement gage de talent mais constitue un excellent ajout au portfolio. contemplant le monde dans lequel il vit. N’appréciant pas la routine, il préfère commencer un projet qui pose de nouveaux défis, même si cela peut parfois être insécurisant. Il doit également faire preuve d’une grande capacité d’adaptation, particulièrement lorsqu’il mène plusieurs projets de front. Il n’existe pas de type idéal de designer. Toutefois, certaines qualités et caractéristiques demeurent communes aux professionnels du métier soit : • la créativité • la curiosité • une bonne culture générale et artistique • le sens des responsabilités • un esprit d’équipe • une capacité d’adaptation aux nouvelles idées • un esprit d’analyse et de synthèse Peut-on être autodidacte ? Un diplôme n’est pas nécessairement gage de talent mais constitue un excellent ajout au portfolio lorsqu’il est temps d’entrer sur le marché du travail. De plus, une formation d’une durée
Avec ou sans formation, le designer graphique consciencieux doit raffiner son approche du métier tout au long de ses années de pratique. L’évolution de la technologie lui impose un perfectionnement constant. La typographie, par exemple, est un domaine tellement vaste qu’il serait illusoire de prétendre en contrôler tous les aspects, même après une formation rigoureuse. Qu’est-ce qui différencie les programmes de design graphique ? Avant de vous inscrire, il est essentiel de bien vous informer sur les divers aspects de la profession, afin d’éviter toute confusion avec d’autres spécialités telles que : • l’infographie • le design industriel • le design de l’environnement • le design de l’aménagement intérieur • l’esthétique de présentation Seulement au Québec, il existe des dizaines de programmes reliés au design graphique. Par conséquent, le contenu et les
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orientations varient grandement d’un programme à l’autre. Comment s’y retrouver et identifier LE programme qui colle le mieux aux réalités de la profession ? Les informations qui suivent devraient vous aider à comprendre et à comparer les options qui vous conviennent le mieux, en tenant compte de vos objectifs à moyen et long termes. Comment choisir une école de design graphique ? Plusieurs écoles peuvent probablement combler vos attentes. Afin d’orienter votre choix, vous pouvez vous poser les questions suivantes : • Quels sont mes intérêts et mes connaissances dans ce domaine ? • Quelles sont mes aptitudes en création visuelle ? • Ai-je un plan de carrière ? • Suis-je éligible à des études supérieures ? • Pour combien de temps suis-je prêt(e) à m’engager dans mes études ? • Suis-je prêt(e) à étudier à temps plein ? • A quel endroit l’école est-elle située ? Vous trouverez dans le présent document, une liste d’institutions qui offrent des cours en design graphique. Visitez leur site Internet pour obtenir réponse à vos questions et d’autres informations pertinentes, telles que :
• le type de formation • les objectifs du programme • la structure du programme • les conditions d’admission • l’approche pédagogique • les ressources matérielles et la disponibilité de laboratoires dédiés • les frais matériels à la charge des étudiants* • les possibilités de stages • les perspectives d’emploi La formation en design graphique Avant d’exercer son métier, un designer graphique doit acquérir des connaissances théoriques et développer de nombreuses habiletés techniques. Voici un aperçu des sujets qui devraient idéalement faire partie d’un programme de formation en design graphique. Le temps alloué et l’importance accordée à chaque sujet peuvent varier selon le programme. Le designer au travail Le designer ne développe pas une expertise dans chaque domaine du design graphique. Les différentes façons de pratiquer le métier l’amènent à choisir un secteur d’intérêt particulier. Un individu peut préférer les médias imprimés, alors qu’un autre peut s’intéresser à la typographie ou aux médias interactifs. De façon générale, un bon programme sera construit de façon à ce que l’étudiant puisse
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*Note : L’achat d’un ordinateur constitue un atout considérable pour acquérir rapidement de l’expérience et de l’autonomie.
expérimenter toutes les matières de base avant de s’orienter dans un type de pratique spécifique. Le design de base : perception, organisation visuelle et esthétique Tout comme le musicien qui étudie les gammes et le solfège, le designer graphique doit apprendre à réfléchir à la façon dont les formes interagissent entre elles pour livrer adéquatement une idée ou un message. Cette matière peut se diviser en six catégories : les formes et les structures, les
Matériaux, outils et technologie La technologie a toujours eu un rôle important dans le processus de création et dans les modes de communication. Le designer représente ses idées en deux ou trois dimensions, en utilisant une variété de matériaux (papier, matières plastiques, acier) et de techniques (imagerie numérique, photographie, sérigraphie, collage). Pour livrer un contenu, le designer graphique choisira des méhodes et des outils qui auront une influence sur l’impact du message.
Pourquoi, d’une culture à l’autre, une couleur suggère-t-elle la pureté ou symbolise-t-elle la mort ? systèmes et les structures, les phénomènes de perception visuelle, l’abstraction visuelle, la dynamique et l’unité des formes et, finalement, la composition et le cadrage. Méthodes de visualisation Le designer doit être familier avec les outils de base, les techniques et les procédés nécessaires à la création d’esquisses, de prototypes et de produits finis. Afin de pouvoir exprimer des idées et des concepts, les étudiants seront initiés aux techniques faisant partie de leur profession dont la photographie, le dessin et l’exploration tridimensionnelle. Cette dernière technique permet de concevoir des prototypes d’emballage ou de bien gérer l’espace d’une exposition.
Fusion de l’idée et des méthodes de production La résolution de problème fait partie du travail d’un designer. Il doit, non seulement trouver des solutions mais aussi, savoir les justifier verbalement ou par écrit, en s’appuyant sur des prototypes et des épreuves. Il doit transmettre clairement ses idées et ses instructions tout en étant réceptif aux évaluations et aux commentaires. En connaissant bien les objectifs, il pourra rédiger ou résumer des rapports et, le moment venu, donner des instructions techniques. Dans presque tous les cours, les étudiants en design graphique doivent présenter et expliquer leurs
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idées. Afin d’apprendre à livrer adéquatement leur message, les étudiants en design graphique aborderont les sujets suivants :
critiques en groupe sont de bons moyens d’exercer notre objectivité et de comprendre le sens du mot humilité.
La sémantique : permet d’identifier la signification d’une image.
Histoire et critique Le design graphique fait partie de la culture visuelle, au même titre que les arts plastiques et l’architecture. En connaître l’histoire est, non seulement intéressant, mais très important. Les designers étudient le passé pour comprendre les grands courants sociaux et les développements technologiques. En retraçant l’origine de certaines idées, il est possible de réaliser leur influence sur certains designers. Quant à l’esprit critique, il devrait être cultivé et aiguisé, afin de pouvoir évaluer la pertinence des créations en rapport avec leur esthétisme.
La métaphore visuelle : propose l’image symbolique comme langage visuel. Un flambeau peut, par exemple, symboliser le progrès, la victoire ou la liberté, selon différents contextes. Les méthodes de planification et de gestion : traite des étapes d’un projet qui s’étendent du premier contact avec le client jusqu’à la livraison du produit fini, sans oublier la facturation. La méthodologie du design : analyse les diverses options offertes dans la recherche de solutions alors qu’il peut y avoir plusieurs réponses à un problème de design. Le test et l’évaluation du design : permettent de juger de la qualité d’un design. Il faut toujours faire preuve d’autocritique ou demander l’opinion de collègues qui ont un regard neuf sur le travail. Dans certains cas, il est souhaitable de faire appel à un public-cible, par exemple, observer les réactions des enfants devant un livre s’adressant à leur groupe d’âge. En classe, les
Théorie du design Pourquoi, d’une culture à l’autre, une couleur suggère-t-elle la pureté ou symbolise-t-elle la mort ? De quelle façon la culture peut-elle influencer le designer ? À son tour, comment le designer peut-il influencer le public ? La théorie du design explore le comment et le pourquoi de la communication visuelle. Elle aide à comprendre les mécanismes de l’intuition et de la raison. Elle explore les mécanismes de perception visuelle qui sont utilisés pour orienter le lecteur dans une
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page ou encore pour surprendre ou déstabiliser le public. À ce contenu s’ajoute l’étude de l’éthique et des droits d’auteur, essentielle à un cours de théorie du design et de la communication. Sujets d’étude, d’exploration et d’application en design graphique Finalement, les sujets suivants sont aussi abordés lors de la formation en design graphique. • L’étude de la lettre et de la typographie • La typographie en relation avec l’image • Les symboles et les programmes d’identité • Les diagrammes, les graphiques et les plans directeurs • Les publications imprimées ou en ligne • Le design d’information • Le design de livre • Le design d’affiche • Le design animé ou motion graphics • Le traitement d’image et l’infographie • Le design d’emballage • Le graphisme environnemental et la signalisation • Le design d’exposition • Le design publicitaire
À quoi ressemble un cours au sein d’une école de design ? Les cours en design se donnent généralement sous forme d’ateliers dans des locaux aménagés comme des studios. Les locaux réservés aux finissants ressemblent à des lieux de travail professionnels : ils comprennent généralement un espace pour les réunions, du matériel pour le travail manuel et de l’équipement informatique spécialisé. L’apprentissage se fait à travers l’analyse de problèmes et le développement de solutions, en utilisant le dessin, le collage, la typographie, la photographie, l’illustration et parfois le son et les images animées. À la différence de l’enseignement traditionnel, les cours de design graphique sont basés sur des projets qui deviennent de plus en plus complexes, tout au long de la formation. Les professeurs inventent des projets qui deviennent des prétextes pour révéler certains phénomènes visuels ou principes de communication. Généralement, l’apprentissage de techniques spécifiques fait partie de ces projets.
Les cours en design se donnent généralement sous forme d’ateliers dans des locaux aménagés comme des studios.
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Au sein d’une école de design, le professeur est souvent appelé à jouer différents rôles. Il agit comme un client qui place une commande ou alors, il devient directeur artistique pour établir les critères de base et stimuler la créativité. Il est aussi le conseiller technique
à imposer le respect que tout spécialiste est en droit d’obtenir. Les critiques en groupe sont des activités importantes en design. Elles peuvent être faites à diverses étapes d’un projet et deviennent une bonne occasion
Les projets deviennent de plus en plus complexes, tout au long de la formation. de ses équipes ou devient le modérateur lors des séances de critique. Son expérience lui permet d’évaluer les travaux en fonction des critères établis. Contrairement aux mathématiques, un problème donné peut comporter plusieurs solutions. Le professeur a la responsabilité de bien définir les projets, tout en laissant suffisamment de liberté à ses étudiants. Un projet dont les paramètres sont trop détaillés, risque d’intimider et d’étouffer la créativité. Bien souvent, les plus beaux exemples d’innovations sont le fruit d’accidents, où l’intuition et l’expérience se manifestent spontanément. Ainsi, ce qui n’est pas défini avec des mots, a beaucoup de chances d’émerger par l’image. Cette méthode est un bon moyen de simuler la réalité, alors que certains clients n’arrivent pas à bien définir ce qu’ils veulent. Même avec un minimum d’information, l’étudiant s’exerce
d’ajuster le tir ou de remettre les choses en perspective. Les échanges permettent de clarifier les intentions et les critiques en groupe stimulent la réflexion et l’autocritique. L’emploi de termes précis est de première importance lorsqu’il s’agit d’expliquer ou de défendre un projet devant un comité. Une bonne critique doit aller au-delà de l’appréciation esthétique personnelle. Le processus de sélection L’inscription au programme de design graphique dans certaines institutions est suivie de tests et d’entrevues. Vous serez fort probablement jugé sur vos travaux personnels. Par conséquent, vous serez invité à rédiger une lettre de motivation et vous devrez présenter un dossier (book ou portfolio) de vos réalisations (dessins, photos, collages, éditions, peintures, documents vidéo et audio).
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Afin de bien vous préparer à une entrevue, vous pouvez : • lire des revues et des livres spécialisés • consulter les sites Internet des écoles • visiter les écoles lors des journées portes ouvertes • rencontrer les étudiants sur place ou vous informer auprès de nouveaux diplômés • voir des productions en cours de réalisation et non seulement les projets de finissants • vous présenter comme étudiant d’un jour • faire des démarches pour rencontrer des professionnels du métier • demander à visiter au moins deux ou trois bureaux de design graphique établis • assister à des conférences • visiter des expositions • visiter des sites Internet et des blogs spécialisés • consulter les statistiques et les perspectives d’emplois • ne pas vous limiter aux informations données par les conseillers en orientation de votre école
Discutez de votre intérêt avec les gens de votre entourage. Vous pourriez découvrir un designer graphique près de vous ! Plus vous serez informé, plus vous serez confiant lors des tests et des entrevues de sélection. Soyez honnête avec vous-même. Évaluez vos intérêts et vos aptitudes d’un oeil réaliste. Tenez compte de vos impressions subjectives et identifiez quelles sont vos motivations. Rappelez-vous que vous évaluez les écoles avant qu’elles ne vous évaluent. Il y a plusieurs types d’écoles et de programmes alors, il y en a certainement un qui vous convient. La SDGQ et la formation en design graphique La SDGQ ne classe pas encore les programmes et les écoles de design graphique. Par contre, elle développe actuellement un système de reconnaissance du titre de designer graphique agréé pour les professionnels du métier. Cette démarche procurera à l’association l’autorité morale de reconnaître la formation qui rencontre les critères nécessaires à la pratique de la profession au Québec.
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Vox Prof Les réponses de trois candidats à trois questions fondamentales sur la formation en design graphique au Québec.
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Quelles sont les priorités pour faire reconnaître pleinement le rôle du designer graphique dans l’industrie québécoise ?
Chantal Audet Enseignante Collège Dawson L’industrie québécoise de la communication visuelle doit réaliser qu’il s’agit d’une profession importante : elle a une responsabilité envers la société, et les designers graphiques doivent être formés adéquatement pour faire face à ce défi. Le design graphique met en relief un trio d’intervenants indissociables : le client, le designer graphique et la clientèle cible. Mais ce noyau n’est rien s’il ne prend pas en considération un certain nombre d’autres critères contextuels, d’intervenants ou de retombées telles que les réalités économique et écologique actuelles. Afin de donner une orientation plus saine à nos valeurs et à notre société, chacun doit assumer pleinement sa part de responsabilité. Il faut prendre connaissance de la teneur et des objectifs d’un message, accepter ou non un mandat selon ses principes et ses valeurs, savoir différencier son interprétation personnelle des décodeurs réels, suivre un projet jusqu’à sa réalisation et finalement, anticiper les différents modes de diffusion et leurs retombées.
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Albane Français Dir. marketing et communications Centre NAD
Alain Rochon Dir. École des arts visuels Université Laval
Le rôle du designer graphique à l’ère des médias électroniques est grandissant. Il est donc primordial de faire reconnaître l’importance de la formation en design graphique au Québec et surtout de s’assurer qu’elle répond aux besoins des employeurs. Par exemple, les notions de communication graphique doivent être au cœur de nos préoccupations pour assurer l’efficacité du futur designer au sein d’une équipe souvent multidisciplinaire. Vu la complexité accrue de la profession, les employeurs recherchent de plus en plus de candidats qualifiés, dotés d’une bonne capacité d’adaptation et possédant une bonne culture générale et des compétences à la fois techniques et créatives.
Bien que peu de membres de notre communauté osent l’avouer, les gens de l’industrie québécoise perçoivent encore le designer graphique comme un exécutant de belles images. Trop souvent, les commandes sont passées sans qu’on ait cru bon d’inclure le designer en amont du processus décisionnel. Il ne lui reste qu’à trouver une solution visuelle créative à un problème qui n’a pas toujours bien été identifié au départ. Ce qui nous amène à nous poser la question suivante : quels sont les rôles du designer graphique ? À mon avis, il devrait agir comme un vrai consultant et intervenir sur toute la chaîne décisionnelle.
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Comment la formation d’un designer graphique peut-elle contribuer à bonifier la reconnaissance de sa profession ?
Chantal Audet Enseignante Collège Dawson Toute école qui se respecte ne peut approcher en quelques mois seulement l’aspect éthique et psychologique des apprentissages, le processus créatif méthodologique ainsi que l’acquisition des connaissances nécessaires pour relever adéquatement les défis. Un bon programme permettra aux étudiants de s’épanouir et d’acquérir de la maturité pendant leurs années d’apprentissage. En plus d’apprendre les bases du métier, l’étudiant doit développer sa capacité à absorber l’information et à raisonner afin de faire preuve d’un jugement critique éclairé. Il devra aussi apprendre à s’exprimer correctement et à s’organiser afin de gérer adéquatement un projet. L’apprenti designer graphique devra développer une capacité d’analyse et faire preuve d’ingéniosité tout en étant créatif !
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Albane Français Dir. marketing et communications Centre NAD
Alain Rochon Dir. École des arts visuels Université Laval
Une formation en design graphique doit être en lien avec les besoins du marché, être soutenue par les professionnels de l’industrie et demeurer innovatrice. Elle doit développer le potentiel créatif des artistes, favoriser l’utilisation des technologies les plus récentes et faire comprendre aux étudiants les réalités de l’industrie. Enseigner à un futur graphiste comment bien communiquer ses idées, comment expliquer son processus de création, comment faire une critique constructive et comment l’accepter, par exemple, contribuera à valoriser sa profession. Au Centre NAD, nos programmes visent à développer la maîtrise du langage de la création 3D autant que les méthodes de travail adaptées aux contraintes de l’industrie. Ils encouragent l’esprit d’initiative pour résoudre des problèmes spécifiques et la découverte des technologies afin d’améliorer la créativité et la productivité.
Afin que l’étudiant puisse agir comme consultant professionnel, il faut non seulement développer son talent créatif mais aussi : sa capacité à analyser les problèmes de communication complexes, ses aptitudes à enquêter sur le terrain et à effectuer des tests auprès de groupes cibles et finalement, son habileté à rédiger des rapports d’analyse avec recommandations. De plus, il faut l’encourager à créer des solutions visuelles innovantes qui exploitent les possibilités qu’offrent les médias imprimés et électroniques. Ceci, en tenant compte des nombreuses contraintes inhérentes à ces modes de diffusion. Cela suppose un changement de paradigme dans la façon d’aborder l’enseignement du design graphique dans nos institutions, particulièrement à l’université.
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Quel sont les rôles et responsabilités des enseignants en design graphique ?
Chantal Audet Enseignante Collège Dawson Les gens qui se retrouvent devant une classe doivent servir de modèles. Ils doivent être passionnés, peut-être même un peu excessifs, mais certainement assoiffés de connaissances et fermement engagés à entraîner les étudiants dans leur sillon. Les enseignants en design graphique sont idéalement ouverts d’esprit. Ils savent écouter pour mieux orienter leur enseignement. Leur approche pédagogique doit être stimulante et doit proposer des défis contemporains qui dessinent les tendances de demain. Leur personnalité inspirante sait captiver l’auditoire et mobiliser les énergies au point de donner l’impression d’être en mesure de changer le monde. Ce sont des gens qui savent remettre en question ce qui peut apparaître comme une évidence à d’autres. Leur revient aussi la responsabilité de reconnaître les étudiants qui ne semblent pas avoir les qualités requises pour pratiquer cette profession... et de leur dire. Il doivent aussi identifier ceux qui ont le potentiel de s’épanouir au fil des ans malgré l’ampleur de la tâche. Il faut savoir faire la différence entre ténacité et entêtement. L’enseignant doit obtenir la confiance de ses étudiants. Son rôle est de stimuler leur curiosité pour les sortir de leur zone de confort et leur permettre de se surpasser !
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Albane Français Dir. marketing et communications Centre NAD
Alain Rochon Dir. École des arts visuels Université Laval
Les enseignants en design graphique ont la responsabilité d’être mieux au fait de l’évolution de la discipline tant sur le plan de la pratique que de l’enseignement. Le paradigme maître/élève, issu de l’École des beaux-arts, ne peut plus à lui seul suffire à bien former nos étudiants. Il y a tout un lot de notions théoriques issues des domaines tels que la psychologie cognitive, la sociologie, la communication et le marketing qui doivent être au programme d’études de nos futurs designers. Ces notions, abordées depuis de L’enseignant doit communiquer nombreuses années en design aux étudiants, sa passion pour la création. Il doit aussi leur permettre industriel, n’ont été que très peu de développer leur œil critique ainsi considérées en design graphique que leur sens de l’observation et de jusqu’à maintenant. Les enseignants ont donc le devoir de former des l’analyse. designers plus complets. Le rôle de l’enseignant en design graphique est d’insuffler à l’étudiant de bonnes méthodes de travail et de l’aider à exploiter tout le potentiel des dernières technologies utiles en création. Tout en approfondissant la créativité personnelle de l’étudiant, il doit le confronter aux grands enjeux de l’industrie et lui faire vivre, à travers des projets d’équipe et des travaux individuels, des situations de création et de production stimulantes, proches de celles rencontrées en milieu de travail.
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P84 Dissertations
Disser tations Comment la formation d’un designer graphique peut-elle contribuer à bonifier la reconnaissance de sa profession ? Quelles sont les priorités ? Comment forme-t-on de bons designers ? Trois acteurs du milieu du design graphique québecois nous présentent leur réflexions.
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Noémie Darveau Designer graphique et directrice artistique
L
e titre relié à la formation en design graphique ne contribue pas directement à augmenter sa reconnaissance au sein du milieu professionnel. La profession est souvent mésestimée par le marché du travail, bien que reconnue par les pairs.
Les designers graphiques n’ayant pas d’association professionnelle exclusive, leur haut statut conféré par leur titre puise essentiellement sa reconnaissance de par sa réputation au sein du milieu de la création graphique plutôt que sur l’étendue du marché du travail.
Les formations offertes en relation avec la conception graphique sont vastes : infographe au niveau professionnel, graphiste au niveau collégial ou designer graphique au niveau universitaire. Elles couvrent en proportion variable les compétences qui y sont rattachées, pour accomplir un projet de l’idée à la production. Les formations les plus polyvalentes ont le potentiel de mener à une meilleure reconnaissance professionnelle.
En entreprise, la reconnaissance du titre de designer graphique se reflète davantage par les tâches créatives accomplies. La sélection d’un candidat se base d’abord sur sa capacité à répondre aux besoins de communication d’un client. Ainsi, la communication graphique prime sur l’esthétisme et la fonctionnalité du design. De plus, le designer doit s’adapter à son employeur et être prêt à occuper une multitude de postes, tels que graphiste, infographiste, créatif, concepteur publicitaire, directeur artistique, mais rarement celui de designer graphique ! La mission de l’entreprise étant de faire du profit et de promouvoir leur marque distinctive par le portfolio, le crédit sur chaque projet réalisé en entreprise peut être une façon d’obtenir une meilleure reconnaissance de son titre de designer graphique.
Étant diplômée d’un collège en graphisme et d’une université en design graphique, je possède un large éventail de compétences. Je peux témoigner de la qualité équivalente des formations reçues au sein des deux institutions, bien que le niveau universitaire, plus sélectif, soit perçu supérieur et prestigieux en raison du titre de designer graphique qu’il octroie. Toutefois, selon moi, seule son ouverture culturelle au design le distingue du niveau collégial. Un diplômé peut bonifier sa formation par sa propre initiative, avec sa curiosité personnelle et sa passion envers le métier.
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Il en tient au candidat de défendre sa valeur salariale lorsqu’il est embauché, en faisant reconnaître ses qualifications spécifiques, ses compétences personnelles, son talent et son expérience. Le marché du travail ne bonifie pas automatiquement la reconnaissance d’une formation en design graphique par une échelle salariale associée au titre, même si ce dernier permet d’accéder à certaines tâches à forte tendance créative.
Une réelle bonification de la formation de designer graphique doit passer par la reconnaissance du titre sous une association professionnelle exclusive affiliée aux associations nationales et internationales existantes. Ainsi, le respect sur le marché du travail pourra être mieux défendu. Le cas échéant, le travail indépendant m’apparaît comme le meilleur moyen de bonifier ma reconnaissance professionnelle sur le plan social et économique.
J’ai fait le choix de travailler de façon autonome, acceptant en contrepartie la précarité d’emploi reliée au statut. Je sélectionne des projets à forte teneur en design et les signe en mon nom avec mon titre de
« Le designer doit être prêt à occuper une multitude de postes, tels que graphiste, infographiste, créatif, concepteur publicitaire, directeur artistique, mais rarement celui de designer graphique ! » designer graphique. La bonification de ma reconnaissance professionnelle au sein du milieu s’entretient par mon parcours distinctif : mon autopromotion, mon portfolio et ma direction artistique.
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Normand Pilotte Conseiller, image de marque Hydro-Québec
A
vant même d’identifier des priorités nous permettant d’être reconnus dans « l’industrie québécoise », il faut d’abord comprendre l’importance de notre rôle dans la réalisation d’un outil de communication, qu’il soit imprimé ou électronique. Notre travail a un impact direct sur la plupart des médiums utilisés tous les jours pour informer, promouvoir ou vendre. Autre évidence : le marché du travail, c’est le milieu des affaires. Et, en tant qu’experts de l’image, nous participons indéniablement à l’activité économique et sociale en faisant de la communication visuelle une courroie de transmission efficace entre l’émetteur (celui qui veut communiquer) et le récepteur (celui à qui est dédié le message).
Indubitablement, c’est le designer graphique qui donne la forme et le look au produit. Il imagine, façonne, module, harmonise et organise les composantes visuelles, incluant celles du message écrit pour que l’impact soit optimal. Puisqu’il contribue largement à l’efficacité du message, le designer graphique occupe donc un rôle de premier plan. La technologie et le design graphique Notre engouement pour la technologie, aussi formidable soitelle, ne doit pas nuire à la qualité du design. Et surtout, attention aux solutions toutes faites ! Car les prodigieux Mac et les logiciels ultraperformants ne sont que des outils. Certes, ils nous permettent de concrétiser nos idées et parfois même d’aller plus loin dans notre
« Surprendre, repousser les limites et dépasser les attentes du client, n’est-ce pas ce qu’on attend de nous ? » Un milieu de spécialistes Qu’ils soient client, partenaire ou stratège, une kyrielle de spécialistes évoluent autour de nous dans la réalisation d’un mandat. Chacun apporte sa contribution et joue un rôle important dans la chaîne de production. Mais celui du designer graphique l’est d’autant plus qu’il doit chorégraphier, orchestrer, moduler l’ensemble de l’information pour faire émerger un produit de qualité.
démarche créative, mais la réflexion et l’analyse qui précèdent le processus de création relèvent de l’individu et de son talent. Toutefois, lorsqu’elle est bien maîtrisée, la technologie offre un monde de possibilités qui peut contribuer à l’élaboration de concepts nouveaux et de rendus uniques. En conjuguant son penchant naturel pour le design, la typographie, l’art et la nature et ses connaissances en informatique, le designer graphique
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curieux aboutira à des solutions plus inspirées qui laisseront transparaître son désir de communiquer avec distinction. Surprendre, repousser les limites et dépasser les attentes du client, n’est-ce pas ce qu’on attend de nous ? Le message écrit C’est en amont de notre travail que des spécialistes de la communication définissent les orientations du message et de son contenu écrit. À l’aide du briefing, le designer graphique peut identifier les enjeux de la communication et les objectifs visés.
de première ligne dans le milieu de la communication et le marché du travail. L’écoute et la capacité d’échanger doivent faire partie de nos meilleurs atouts. Pour traduire les mots en images et bien argumenter notre démarche de création, il faut savoir décoder le message caché et saisir les non-dits. Mais il ne faut surtout pas négliger le volet technique de notre travail. Une fine connaissance de la chaîne graphique et un suivi rigoureux de toutes les étapes de production sont la meilleure assurance pour réaliser un document de qualité. Pourquoi, au moment de produire la pièce, mettre de côté les exigences que vous vous êtes imposées lors de sa création ?
Évidemment, le contenu impose des orientations dont l’impact sur la création peut être majeur. C’est normal, puisque le texte est porteur d’idées et de messages. Mais en bout de ligne, c’est le design graphi- En conclusion, n’hésitez pas à vous engager dans vos projets. Soyez que qui sert de levier pour mettre attentifs et assumez votre rôle de en valeur les composantes écrites. « communicateur visuel », car notre La typographie demeure un élément profession a plus que jamais sa place dans le milieu des affaires. fondamental du design graphique Malheureusement, nous sommes et revêt une importance capitale submergés d’outils de communicacomme véhicule de la communication écrite. Elle doit être gérée avec tion médiocres. Le défi réside davantage dans une approche où l’esrigueur et respect, mais aussi avec thétisme et l’intelligence se côtoient. audace et originalité. Vous êtes les designers graphiques de demain et il vous appartient de Les priorités pour faire créer de façon originale, certes, reconnaître notre rôle mais aussi de façon stratégique. Développer notre aptitude à communiquer, rallier les principaux intervenants autour d’un objectif commun, voilà deux éléments essentiels à la reconnaissance du designer graphique comme acteur
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Charles Brisebois Étudiant diplômé en communication graphique
L’
ère numérique a permis au designer graphique d’entreprendre ce que certains appelleraient une démocratisation. Elle donne à l’individu, qui a en sa possession les logiciels adéquats, l’occasion de se prétendre designer graphique. Par conséquent, cela contribue, encore trop souvent, à promouvoir l’idée que le rôle du designer graphique est surtout d’embellir. Les questions qui se posent demeurent celles-ci : comment solidifier la valeur du design graphique dans une démocratie de communication ? Comment l’enseignement du design peut-il aider à atteindre cet objectif ? On doit d’abord examiner l’apprentissage d’un designer graphique. Rares sont les professionnels qui disent avoir acquis la majorité de leurs compétences sans avoir eu à surmonter de nombreux obstacles. Puisque le design graphique est, dans sa forme élémentaire, un processus créatif axé sur la résolution de problèmes, une partie importante du développement d’un professionnel s’effectue sur le marché du travail. C’est avec l’expérience acquise qu‘il apprend à faire valoir la qualité de son produit, ainsi que ses aptitudes en communication visuelle. L’ampleur de sa renommée dépend surtout des qualités qui font de lui un bon designer.
L’école, cependant, aura été déterminante pour lui en lui permettant de développer et d’explorer sa créativité ainsi que ses habiletés en analyse et en résolution de problèmes, des outils qui lui seront indispensables au cours de sa carrière. Les solutions trouvées pour résoudre un problème ne sont jamais identiques. Selon ce raisonnement, il n’y a pas de recette permettant de former de bons designers graphiques, puisque tous les étudiants apprennent différemment. Chacun possède en lui, les qualités et les motivations qui l’aident à se propulser, à apprendre et à s’améliorer, telles que la facilité à assimiler et à organiser l’information, l’autonomie, le désir d’apprendre ainsi qu’une insatiable curiosité. En tenant compte de ces qualités, la formation en design sert à outiller l’étudiant avec des connaissances techniques et lui donner un environnement dans lequel il peut pratiquer, explorer et expérimenter de façon objective et formatrice, avec une bonne ouverture d’esprit. L’étudiant doit avant tout apprendre à reconnaître et à gérer les limites de sa créativité pour pouvoir travailler de façon efficace et calculée.
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Au cours de sa formation, l’étudiant doit également être exposé aux valeurs qui lui permettront de bâtir sa propre définition du design ainsi que de déterminer le rôle que doit jouer le designer graphique sur le marché du travail et dans la société.
« Il n’y a pas de recette permettant de former de bons designers graphiques. » La formation sert donc à promouvoir la reconnaissance de la profession, en favorisant le meilleur environnement possible dans lequel chaque étudiant peut apprendre à travailler de façon à rencontrer les standards recherchés par ses employeurs et ses clients. Chaque designer graphique est ambassadeur de la profession : par conséquent, en obtenant la reconnaissance des gens avec qui il travaille, il contribue ultimement à la reconnaissance du designer graphique.
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Conc lusio
ous sommes, encore aujourd’hui, à nous demander si les formations en design graphique offertes actuellement au Québec préparent adéquatement nos futurs designers aux réalités de la profession.
Penser la formation et réfléchir à l’avenir du design graphique au Québec. Depuis de nombreuses années, il apparaît que les studios de design et les entreprises en général soient à la recherche d’un nouveau profil de designer : un professionnel qui possède à la fois des habiletés créatives et techniques, mais aussi une approche plus large de résolution de problèmes et de gestion de projet.
Dans un rapport publié en 2001, l’Observatoire de la culture et des communications du Québec dénombrait plus de 10 000 concepteurs graphistes et artistes illustrateurs et près de 4 000 techniciens en graphisme. Ces statistiques témoignent d’une situation préoccupante pour la profession de designer et soulèvent de sérieuses questions à propos de la formation.
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Aujourd’hui, le designer doit affronter un monde à la fois plein de promesses, mais aussi de responsabilités. Demandons-nous si la profession est prête à faire face à ces responsabilités et si, dans la formation en design, on tient compte suffisamment des futures exigences de l’industrie et de la société. [...] Les travaux fièrement exhibés par quantité d’écoles d’art et de design prouvent que l’on s’intéresse à former davantage des virtuoses dans certaines disciplines que des individus préparés à résoudre des problèmes grâce à un esprit créateur et logique. Herbert Spencer, éditeur, graphiste et professeur à la conférence Vision ‘65 : New Challenges for Human Communications, 23 octobre 1965.
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Source : Statistique Canada, Recensement de 2001.
Effectif des professions du design, Québec, 1991-2001
Compilation : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec.
2001
3 235
2 665
Architectes
Designers d’intérieur + 56,3 %
+ 2,4 %
2000
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1999
1999
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Architectes
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1995
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3 160
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Architectes
Designers d’intérieur
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+ 206,8
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Designers in
8 005
1991 Concepteurs graphistes et a
Architectes Technologues et techniciens en architecture Architectes paysagistes Designers d’intérieur Designers industriels Concepteurs graphistes et artistes illustrateurs Techniciens en graphisme Urbanistes et planificateurs de l’utilisation des sols Ensembliers de théâtre, modélistes de vêtements, concepteurs d’expositions et autres concepteurs artistiques Tous
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20
ndustriels
8%
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Concepteurs graphistes et artistes illustrateurs
Techniciens en graphisme
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artistes illustrateurs
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1991
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Variation en % 1991 - 2001
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1 630
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1 875
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1 190
675
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− 50,4 %
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2 155
2 665
56,3 %
1 180
1 115
3 620
206,8 %
8 005
8 495
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32,4 %
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2 350
3 940
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1 235
1 205
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− 9,3 %
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3 725
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8,8 %
22 515
24 035
31 555
40,2 %
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Parce qu’il n’y a pas d’accréditation ni d’ordre professionnel (comme les architectes), n’importe quel étudiant peut obtenir son diplôme et n’importe qui peut s’arroger le titre de designer. Ce manque de sélection discrédite la profession et, de plus, les programmes de formation se multiplient dans tous les ordres d’enseignement sans pour autant qu’il y ait concertation pour définir les finalités et les possibilités de carrière. La promesse est que tous les finissants pourront devenir des designers, des virtuoses au portfolio flamboyant, peu importe le cursus.
Recommandations quant à l’enseignement du design et la formation continue Existe-t-il une formation en design graphique adaptée aux besoins sociaux et économiques de notre société ? Quels critères permettraient d’influencer la pratique dans le plus grand intérêt de la profession, mais aussi dans celui de leur clientèle et du public en général ? Afin d’améliorer l’enseignement du design, voici les objectifs proposés par Façonner le Canada de demain grâce au design (1997), une étude sectorielle sur le design parrainée par Développement des ressources humaines Canada : • Sensibiliser la nouvelle génération au design en intégrant l’initiation au design aux programmes de l’école publique, de la même manière que les élèves sont sensibilisés aux arts plastiques. • Mettre en place des bases solides de l’enseignement du design en raffinant et en diffusant à plus grande échelle les objectifs normalisés de l’enseignement du design. • Forger les liens qui faciliteront le renouveau de l’enseignement en consolidant les rapports entre les écoles et les entreprises.
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• Rehausser les compétences de gestion des designers en intégrant les principes de gestion aux programmes des écoles de design et aux cours de perfectionnement professionnel. • Favoriser la pluridisciplinarité dans le processus de conception et de mise au point, en augmentant la part des études pluridisciplinaires et en accordant une plus grande part à l’enrichissement de la culture générale dans l’enseignement du design. • Faciliter la transition des étudiants en design vers le marché du travail en élaborant et en renforçant les programmes de stages pour les nouveaux diplômés. • Encourager la formation continue et la recherche en améliorant l’accès et l’offre de perfectionnement professionnel et le développement de programmes universitaires de 2e et 3e cycles favorisant une plus grande réflexion sur le design québécois. • Améliorer la connaissance du design chez les décideurs du monde des affaires en intégrant la gestion de la fonction du design aux programmes des écoles d’administration et à la formation des cadres.
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Considérant ces propositions, les générations futures de designers graphiques seront des spécialistes de l’intégration et de la coopération, à l’œuvre dans un environnement où la concurrence est vive et les progrès rapides. Ces designers seront capables d’évoluer hors des limites de leur discipline pour comprendre et synthétiser une quantité toujours croissante d’informations visuelles, mais aussi textuelles. Si ces défis étaient d’actualité il y a 40 ans, ils le seront d’autant plus à l’avenir : les designers d’aujourd’hui et de demain devront être aptes à produire des concepts novateurs et à exercer un esprit critique par rapport à leurs créations et à leur rôle dans la société.
Alain Mélançon Designer graphique M.A. en histoire du design
P98 Programmes de formation en design graphique
Devenir Designer Les programmes de formation en design graphique (conception) accrédités par le Ministère de l’éducation du Québec (2008)
P99 Programmes de formation en design graphique
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Notes RĂŠfĂŠrences et notes bibliographiques
P111
Références et bibliographie
Livres • PORTER Norman | What is a designer : things, places, messages | Fourth edition | Hyphen Press | London | 2002 | 181 p. | ISBN 0-907259-16-2 • LUPTON Ellen and COLE PHILLIPS | Graphic design the new basic | Prince¬ton Architectural Press | New York | 2008 | 247 p. | ISBN 978-1-56898-702-6 • LUPTON Ellen | Thinking with type a critical guide | Princeton Architectu¬ral Press | New York | 2004 | 176 p. | ISBN 1-56898-448-0 • SHAUGHNESSY Adrian | How to be a graphic designer without losing your soul | Princeton Architectural Press | New York | 2005 | 160 p. | ISBN 1-5689-559-2 • HELLER Steven | The education of a graphic designer | Allworth Press | New York | 2003 | 290 p. | ISBN 1-880559-99-4
• HELLER Steven et Marshal Arisman | The education of an illustrator | Allworth Press | New York | 2000 | 265 p. | ISBN 1-58115-075-4 • HELLER Steven | The education of a typographer | Allworth Press | New York | 2004 | 261 p. | ISBN 1-58115-3481-1 • RAND Paul | A Designer’s Art | Yale University Press | New Haven and London | 1985 | 239 p. | ISBN 0-300-03483-0 • CROW David | Visible signs an introduction to semiotics | AVA Publishing SA | 2003 | 191 p. | ISBN 2-88479-035-7 • HALL Sean | This means this, this means that : A user’s guide to semiotics | Laurence King Publishing Ltd | London | 2007 | 176 p. | ISBN : 13 : 978 1 85669 521 3 | ISBN : 10 : 1 85669 521 2
• HELLER Steven | Teaching graphic design | Allworth Press | New York | 2003 | 290 p. | ISBN 1-58115-305 • HELLER Steven et Véronique Viennne | Citizen designer | Allworth Press | New York | 2003 | 259 p. | ISBN 1-58115-265-5
P112 Références et bibliographie
Revues spécialisées • Grafika | Montréal • Étapes | graphisme, design, image, création | Paris • Applied Arts | Toronto • Coupe | Toronto • CMYK | USA • Communications Arts | USA • Print | USA • How | USA • Step inside design | USA • Baseline | Londres • Eye | Londres • Creative Review | Londre • Archive | Ads, TV, and Posters worldwide | Autriche • I.D. International Design | USA • IdN | Hong Kong • Varoom the journal of illustration and made images | Londre • Juxtapoz Art & Culture Magazine | USA • Critique | USA | (N’est [malheureusement] plus publiée) • Graphis | Suisse / USA | (N’est plus publiée)
Sites Internet • www.sdgq.ca | Société des designers graphiques du Québec • www.aiga.org | American Institute of Graphic Arts • http ://nasad.arts-accredit. org | National Association of Schools of Art and Design | • http ://www23.hrdc-drhc. gc.ca/2001/f/groups/5241. shtml | Classification nationale des professions | Ressources humaines et Dévelopement des compétences Canada
P113 Références et bibliographie
1re édition
Pour quiconque veut se diriger en design, il est essentiel de bien connaître les grandes orientations qui se présentent tant du côté de l’enseignement que de la pratique du métier. Grâce à « Devenir designer graphique », il sera plus facile de trouver des pistes utiles qui sont révélées dans le traitement des deux sondages. Ce guide n’impose pas de conclusion, il revient donc au lecteur de faire la synthèse entre la raison et la passion. Côté pratico-pratique, nous avons inclus un bottin des institutions susceptibles d’offrir des formations associées de près ou de loin au design graphique. Les entreprises de design graphique professionnelles ne sont pas laissées pour compte. Ce guide, espérons-le, permettra de concilier les deux mondes; la pédagogie, avec ses idéaux, et la pratique, bien ancrée dans le concret. L’avancement du design graphique passe par toutes sortes de trajectoires. Voici quelques pistes dignes d’intérêt.