La face cachée du clown

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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Rivard, Émilie, 1982

La face cachée du clown

(Collection Zèbre) Pour les jeunes de 10 à 14 ans.

ISBN 978-2-89579-551-3

I. Titre. II. Collection: Collection Zèbre.

PS8635.I83F32 2013 PS9635.I83F32 2013

jC843'.6

C2013-940864-9

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2013 Bibliothèque et Archives Canada, 2013 Direction de collection : Carole Tremblay Révision : Sophie Sainte-Marie Conception graphique, couverture et pages intérieures : Kuizin Studio (kuizin.com) Photographies et illustrations : Marc Serre (p.9, p.11, p.16-17, p.23-24, p.29, p.31, p.34, p.38-41, p.44, p.49-50, p.52, p.54, p.57, p.63-69, p.72, p.77, p.80, p.82, p.85-86, p.100-102, p.104, p.111, p.114, p.120, p.126, p.131) thenounproject.com collection : « Toys » par Louie McPherson (p.16), « Shopping Cart » par John Caserta (p.23, p.24), « Guitar » par Christopher Terrill (p.9, p.23-24), « Guitar » par Larissa Mancia (p.23-24), « Smartphone » par Nathan Grealish (p.17), « Storm Cloud » par Scott Lewis (p.25), « ATM » par Luca Trinchero (p.34), « ATM » par Andy Santos-Johnson (p.34), « Bank » par Antonis Makriyannis (p.34), « Police » par Luis Prado (p.34), « Bomb » par Jesse Laney (p.44), « Gun » par Simon Child (p.65), « Scissors » par Dmitry Baranovskiy (p.67) © Bayard Canada Livres inc. 2013

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour des activités de développement de notre entreprise.

Bayard Canada Livres inc. remercie le Conseil des Arts du Canada du soutien accordé à son programme d’édition dans le cadre du Programme des subventions globales aux éditeurs. Cet ouvrage a été publié avec le soutien de la SODEC. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC. Bayard Canada Livres 4475, rue Frontenac, Montréal (Québec) H2H 2S2 Téléphone : 514 844-2111 ou 1 866 844-2111 edition@bayardcanada.com bayardlivres.ca Imprimé au Canada

978-2-89579-912-2





Chapitre

J’ai longtemps cru que la popularité, c’était comme les cheveux blonds ou un grain de beauté sur une fesse, qu’on naissait avec, ou presque. Finalement, je me trompais. Maintenant, Jimbo, je sais qu’on peut naître pas grand-chose et devenir… eh bien… quelque chose. Ça ne te dérange pas trop que je t’appelle Jimbo ? Ce n’est rien de méchant, je t’assure. Oui, bon, c’est aussi ce que disaient ceux qui me surnommaient Hu-gai. J’ai hérité de ce « brillant » surnom au tout premier jour du secondaire. Déjà, d’Hugo Duguay à Hu-gai, il n’y a qu’un pas. Mais il y a pire : en plein cours de français, Pénélope Galipeau m’a reconnu.

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— Hé ! tu étais dans mon cours de ballet en troisième année, toi ! — Non, non… Tu te trompes de gars, là… Tu n’as jamais vu quelqu’un patiner comme moi à ce moment-là. Mais trop peu, trop tard. — Je suis sûre que c’est toi ! Hugo Duguay, je m’en souviens, tu étais le seul gars ! Oui, j’étais le seul gars. Et ce n’est pas pour me vanter, mais j’ai quand même joué Clara dans Casse-Noisette ! J’ai trouvé le jeu de mots franchement stupide. Primo, parce qu’il était injustifié (si j’en crois l’effet que Léa, Jasmine et Stéphanie ont sur moi…) ; secundo, parce que je ne comprends pas trop ce qu’il y a de si drôle à rire des homosexuels, des Noirs ou des roux… Le problème, c’est que personne n’avait envie d’être ami avec un Hu-gai. Seuls Gabriel-le-bourdon et Sarahqui-sent-la-soupe-aux-choux me souriaient en me croisant dans les corridors de l’école. Je les saluais,

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IL EST BLEU AVEC DES FLEURS JE L’AIME DE TOUT MON CŒUR CE N’EST PAS QU’LES MARGUERITES SOIENT VRAIMENT MES FAVORITES MAIS UN RIDEAU, C’EST PRATIQUE SANS LUI, CE S’RAIT LA PANIQUE POUR S’CACHER L’COSTUME D’ADAM QUAND ENTRE SANS FRAPPER MAMAN MON RIDEAU DE DOUCHE FAVORI C’EST MON MEILLEUR AMI CHAQUE JOUR, IL SAUVE MON HONNEUR EN ME CACHANT LE POSTÉRIEUR LE P’TIT CHAT D’CÉRAMIQUE TRISTE PRÈS DE LA PÂTE DENTIFRICE ME REGARDE D’UN AIR LOUCHE AVANT QUE J’ENTRE DANS LA DOUCHE TRAITEZ-MOI DE PARANO JE JURE QU’LE FÉLIN BIBELOT ME FIXE LE BAS DU DOS AVANT QUE JE PLONGE SOUS L’EAU

REFRAIN

OO O O O AAA A

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REFRAIN

EN PLUS, AVANTAGE DÉCO IL S’AGENCE PERFECTO AVEC LE TAPIS À POIS GRAND MERCI À IKEA PAS QU’JE SOIS UN AMATEUR DE DÉCO INTÉRIEURE MAIS UNE BELLE VUE, C’EST CHOUETTE QUAND ON TRÔNE SUR LES TOILETTES


OU OUU OUU OU OU

SOLO SOLODEDEGUITARE GUITARE 11


Chapitre

Je joue avec le feu, Jimbo. Jasmine, la deuxième reine de l’équipe de cheerleading, m’a demandé : — Hé ! Hugo ! Pour le travail d’équipe en histoire, est-ce qu’on peut aller chez vous après l’école ? Mes parents rénovent la maison au complet et c’est le bordel ! J’ai répondu tout bonnement : — Pas de problème, Jas ! Me permettre le surnom, c’est plutôt cool, mais inviter Jasmine chez moi, où mes parents connaissent ma double vie, où mon costume est accroché sans discrétion dans ma garde-robe, où mon nez traîne

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Il m’invite, moi ? Est-ce que je lui dis la vĂŠritÊ ? ÂŤÂ DĂŠsolĂŠ, J.-F. Samedi, je vais faire le clown Ă l’anniversaire de six ans de Maximilien.  Il rirait probablement assez longtemps pour oublier de respirer et pour mourir, lĂ , devant moi. J’aurais tuĂŠ une future lĂŠgende de la musique. Nan‌ Personne ne doit savoir. C’est ma double vie. Tiens, dit comme ça, c’est pas mal plus passionnant et intrigant ! My name is Loune. Bal Loune‌

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d’expliquer à un agent de sécurité ce que tu fous avec une jupe magenta asymétrique dans ton sac à dos ? — Ah ! j’ai dû me tromper de sac à dos en sortant du vestiaire après le cours d’éducation physique. Euh… oui, je m’étais aussi trompé de vestiaire. — Quoi ? Mais qu’est-ce que ça fait là ? Ça doit encore être un mauvais coup de mon ami Billy. Billy, c’est toi ? Quoi, monsieur l’agent ? Vous ne le voyez pas ? Il est juste à côté de vous, pourtant ! — Quoi ? Mais qu’est-ce que ça fait là ? Il n’y a qu’une explication possible : les extraterrestres ! — Mais non ! Ce n’est pas une jupe volée, c’est un abat-jour fabriqué par ma tante. Son nom ? Un abat-jour, ça n’a pas de nom, monsieur l’agent. Ah ! le nom de ma tante ! C’est ma tante Hugue-Berthe. Comment ça, c’est un nom qui n’existe pas ? Ma mère s’est inspirée de son nom pour me baptiser ! Non. Je dois trouver une autre solution.

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Chapitre

J’ai réfléchi sous la douche. C’est là que j’y arrive le mieux. Je ne sais pas trop si c’est l’eau, ou le savon, ou les petits coquillages au bord du bain, ou peut-être la céramique laide fleurie rose, ou, bien entendu, le célèbre rideau… Bref, j’ai réfléchi sous la douche.

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pLaN b :

fAbRiqUeR uNe juPE

pOuR cE BriCoLagE, VouS AurEz beSoiN :

dE TisSU

(vIeuX DraPs, ChaNdAilS Usés, PanTaLonS TroUés)

D’uN mArTeaU Et De clOuS dE ColLE dE CisEauX

ÉtApe 1 RécUpérEr LeS mOrCeaUx

ÉtApe 2

cLoUer eT cOlLer lE tOut AléaToiReMenT De Façon à ObtEnIr UnE fOrMe De juPe.

pAs TrOp PiRes dEs ViEux dRapS Et VêtEmeNTs.

ÉtApe 3 pReNdrE Les cOmmAnDes dE tOuTes lEs FiLleS de l’écoLe.

ÉtApe 4

eNtEndRe toUte l’écOle vOus aPpeLeR dE NouVeAu

« hU-Gai » !

ÉtApe 5

RéaLisEr leS FaiLlEs dE cE PlaN.


— Combien de strophes ça prenait, déjà ? Jasmine relit les consignes. — Au moins quatre. Blablabla… avec des rimes croisées… Nombre de pieds libre… Voyons, je n’en reviens pas, tu es trop fort, on a déjà FINI ! Trop fort ? Moi ? Ah bon. Hum… eh bien… d’accord ! Elle range les assiettes dans le lave-vaisselle et me dit : — On se rejoint directement chez Steph tantôt ? — OK !

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Chapitre

Je dois ĂŞtre un peu naĂŻf, je pensais qu’on partirait en mĂŞme temps. J’avais mĂŞme apportĂŠ ma guitare. Mais non. Elle va se refaire une beautĂŠ, se changer cinq cents fois, se maquiller, se dĂŠmaquiller, se remaquiller, se coiffer et faire je ne sais quoi d’autre que les filles font avant un party. Pendant ce temps, je me promène dans les rues comme un con pour passer le temps et me geler les pieds. Et le rĂŠsultat sera‌ En rĂŠalitĂŠ, quand je rejoins Jasmine chez Steph une heure plus tard, je ne vois pas la diffĂŠrence. J’essaie fort, je te jure, je joue au jeu des sept erreurs, mais je n’en trouve aucune. Qu’est-ce que tu veux, elle ĂŠtait dĂŠjà ‌ parfaite. Oui, je l’ai dit‌

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Ce vendredi soir On était chez Steph On a sorti ma guitare Pis le tam-tam de J.-F. Les filles ont dansé Les gars ont suivi Moi, j’ai préféré jouer Parce que je danse comme un zombie Plusieurs rires m’encouragent. Je crée alors un refrain.

On a joué, on a joué Tous nos meilleurs refrains On a joué, on a joué… Et on était bien Y avait bien sûr Steph Et son p’tit frère Ian Évidemment J.-F. Pis la jolie Ariane

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Y avait Léa la queen Sans sa jupe magique Et aussi Jasmine Avec son regard électrique Oui, je viens vraiment de rire ouvertement de Léa et de lancer un énorme message pas du tout subtil à Jasmine. Le punch a beau ne pas être fort en alcool, après autant de verres, il finit par faire son effet. Je plonge dans un petit solo instrumental le temps de digérer tout ça. Une autre fois, le refrain ? Go ! Surtout que, cette fois-ci, tout le monde chante en chœur avec moi !

On a joué, on a joué Tous nos meilleurs refrains On a joué, on a joué… Et on était bien

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