2008-2017
10 éditions à la Patinoire
émergences poétiques, politiques et engagées
Extension du domaine du Off à Avignon, l’expérience de spectateur se nourrit de souvenirs. à la Patinoire, ils sont pléthore. en y songeant, des images surgissent, de créations inouïes, de performances enthousiasmantes, de textes convaincants, d’un grand plateau si rare dans le Off, de trajets en navettes pour rejoindre ce lieu extra-muros, dans le quartier Saint-Chamand.
Photo couvertures. 1ère de couverture : Le Chagrin des ogres, Fabrice Murgia © Cici Olsson. 4ème de couverture : Alexandra de Laminne
Avec à sa tête des «icebreakers» de talent, la Patinoire est lieu unique dans le Off. inviter, inventer, fertiliser, rayonner… Cette salle de La Manufacture doit son incontestable succès à une certaine idée du théâtre d’aujourd’hui, sur lequel le projet a été développé depuis dix ans. Formidable foyer d’émergence, vivier créatif, elle croise les pratiques, elle défend des choix artistiques, politiques. C’est un état d’esprit. L’acte de programmation y est véritable, sincère et collectif. et surtout exigeant. L’enjeu est d’accueillir – dans de bonnes conditions – des artistes et compagnies au projet ambitieux, nourri par des écritures nouvelles, et en prise avec les questions qui nous entourent. C’est peu dire que son programme est attendu chaque année. Largement reconnue, la Patinoire a réussi à convaincre et à fidéliser les «3P» : public, profession, presse. Chacun s’y rend avec bonheur pour découvrir des artistes et des œuvres parmi les plus pointues du Off, autour des écritures contemporaines. La Scène consacre ce supplément à ce lieu emblématique, havre artistique dans le fourmillement vertigineux du Off, qui se veut résolument hors des sentiers battus. à ses initiateurs et ses artistes qui nourrissent le projet depuis dix ans. dix ans déjà. dix ans encore, c’est tout ce que nous pouvons souhaiter à l’équipe de La Manufacture. et même plus encore. Nicolas Marc, directeur de la publication
SuPPLéMent Au nuMérO 85 de LA SCène – Juin 2017 Coordination éditoriale : nicolas Marc. Ont participé à ce supplément : Caroline Chatelet, thomas Flagel, Jean-Pierre Han, nadja Pobel, Anne Quentin. Maquette et mise en page : éric deguin. La Scène – 11, rue des Olivettes – CS 41805 – 44018 nantes Cedex 1 tél. 02 40 20 60 20 – Fax 02 40 20 60 30 – www.lascene.com La Scène est éditée par M Médias. rCS nantes 404 398 067. numéro CPPAP : 0518K84080. iSSn 1252-9788. dépôt légal : juin 2017. imprimé en France. tous droits réservés.
Publié en partenariat avec l’association La Manufacture – Avignon. La Manufacture remercie Jean-Pierre Marchenay, propriétaire de la Patinoire, pour sa collaboration au projet.
L’ÉQUIPE DE LA MANUFACTURE. COMITÉ DIRECTEUR : Pascal Keiser, président / émilie Audren, production et exploitation / Pierre Holemans, relations extérieures / Mael Le Goff : gestion et développement. PRODUCTION : Coordination générale : Laetitia Lepetit / Sabine Châtel, administration. COMMUNICATION : Alexandra de Laminne, brochure/site internet/réseaux sociaux / Murielle richard, attachée de presse. TECHNIQUE : éric Blondeau, directeur technique et régie générale / thomas dubois et Wilfrid Vandersuyfs, régie. ACCUEIL DES PUBLICS : Katia Garans, responsable billetterie, Muriel Bordier, accueil professionnels. depuis 2014, le Centre de Production des Paroles Contemporaines (35) est associé à La Manufacture collectif contemporain (84) dans une démarche de mutualisation de moyens et de compétences afin de participer à l’émergence de la scène théâtrale contemporaine.
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dix ans xx déjà
La patinoire, lieu de vie, lieu de prise de risques
D. R.
Pascal Keiser, Maël Le Goff, émilie Audren et Pierre Holemans sont membres du comité de direction. éric Blondeau est directeur technique.
Une utopie extra-muros Pascal Keiser : «Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas des raisons économiques qui nous ont poussés à nous installer à la Patinoire mais la vision partagée par notre équipe de mettre les projets, les ambitions et les besoins des artistes au cœur du projet, dans un festival formaté comme le Off d’Avignon, à contre-sens donc. Le plateau de La Manufacture, intramuros, loin d’être petit [7,5 mètres sur 8, ndrL] ne répondait pas aux demandes de certaines compagnies que nous suivions. Le principal problème était la logistique de stockage des décors. Sans de vastes espaces de plain-pied, les compagnies doivent déplier et recomposer leur décor, ce qui est très compliqué et loin d’être satisfaisant car les contraintes du démontage limitent alors la dimension artistique des projets. La solution était d’aller extra-muros dans de grands bâtiments de type industriel, beaucoup moins chers et situés à une dizaine de minutes seulement du cœur du festival. Le 1er projet s’implantait au Centre d’aide par le travail (CAt) Cécilia 84. nous participions à la réinsertion par les métiers du théâtre de ces personnes en dérive psychologique. Mais l’activité
du CAt s’est arrêtée brutalement en 2008, nous obligeant à trouver dans l’urgence un autre lieu. à quelques centaines de mètres, se trouvait la Patinoire avec un espace défiant tous les cadres existants : un plateau de 20 m par 14, ainsi qu’un demi-terrain de hockey pour stocker les décors sur roulettes. un projet de rupture dans le Off, apte à jouer un rôle important dans la diffusion future des spectacles programmés. Ce qui fut également fondamental dès 2005 et le projet Cécilia 84 est la prise en charge des navettes bus par La Manufacture : au-delà de propositions artistiques novatrices, le fait de créer une respiration avant et après le spectacle a cassé la consommation, la succession frénétique des spectacles de l’intra-muros. nous avons eu l’audace d’imposer une autre temporalité, une autre préparation et une autre digestion des émotions du spectateur en opposition au festival indigeste, pressé du centre-ville. Ce point est un élément fondamental dans la réussite de certains chocs esthétiques et artistiques que nous avons réussis avec les artistes programmés. il fallait oser proposer au public de prendre le temps à Avignon, afin de permettre à certains nouveaux imaginaires contemporains, à certains artistes, d’émerger et de s’affirmer dans le Off. Je pense aussi qu’une partie du public du festival Off attendait un lieu comme La Manufacture et un projet comme la Patinoire. il y a une identification, une appropriation collectives très fortes, un lien intense, qui tient de l’affectif, du public, mais aussi des professionnels et de la presse pour La Manufacture. Ce lien affectif singulier ne pouvait exister qu’à Avignon.
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au révélateur du caT La Manufacture, n’en seraient pas là sans l’expérience du CAt. nous avons intégré son projet de réinsertion de personnes ayant des troubles psychologiques en leur proposant de les accompagner pour tenir tous les rôles nécessaires dans la vie d’un théâtre : accueil, technique… Cette expérience réussie et cette belle collaboration fructueuse ont servi de révélateur. un terreau nécessaire pour inventer des voies d’intégration et de prise en compte du public et des acteurs d’un lieu devenu un rendez-vous différent du Off, pour les artistes comme les patients, pour nous comme le public. Le CAt est l’endroit où les choses se sont éclairées. La Patinoire n’a été que la continuation de cette expérience. Chaque année depuis 17 ans, La Manufacture propose des choses hors cadre. Cécila 84 a été le socle de ces évolutions en enrichissant notre réflexion sur l’imagination et la réinvention d’un lieu différent, convivial, créatif, exigeant et en adéquation avec le milieu social où il s’inscrit : une zone où personne ne se rendait et où le public ne se sentait pas concerné par le Festival. La question qui nous anime depuis lors est de trouver les moyens de jeter des ponts vers eux pour ne pas être une presqu’île du festival, isolée de la réalité.»
Risque financier et enjeux techniques Pascal Keiser : «La prise de risques était énorme ! nous n’avons eu que quelques semaines à compter d’avril 2008 pour nous retourner après l’arrêt abrupt de l’activité du CAt. nous avions déjà des contrats avec des compagnies que nous n’envisagions pas de ne pas honorer. Sans cette urgence, nous ne l’aurions sûrement pas fait car les risques financiers étaient trop grands. La Patinoire est 3 à 4 fois plus vaste que le CAt. La seule mise en ordre de marche technique du théâtre dans la Patinoire sans aucun frais de personnel représentait plus de la moitié du budget total de l’ensemble de La Manufacture. une folie !»
Pascal Keiser
ALEXANDRA DE LAMINNE
Pierre Holemans : «La Patinoire, mais aussi
Outil indépendant pour le théâtre public Pascal Keiser : «une partie du succès des équipes révélées ici vient d’une ligne très ouverte. notre programmation est ancrée dans la modernité des écritures et des projets. elle accueille aussi bien de nouvelles écritures numériques, collectives (raoul collectif, Stereoptik...) que les écritures du réel, ces fictions à partir de faits documentaires qui ont marqué la dernière décennie. Parfois les trois à la fois dans un projet. Ce travail et ces choix artistiques engagés autour de la Patinoire ont créé une ligne artistique clairement identifiée et de référence, et un lieu prescripteur , «capteur de nouveautés» comme nous qualifie Jean-Michel ribes, qui a pris une place énorme dans le paysage national et international. travaillant à l’année dans des projets culturels importants - Capitale européenne de la culture, La French tech Culture ou à La Villette par exemple – je suis toujours surpris quand mes interlocuteurs me parlent spontanément de La Manufacture avec beaucoup de passion et d’estime. il y a une institutionnalisation de fait de La Manufacture que nous devons assumer mais nous devons aussi nous en libérer car le moteur du projet est son indépendance, sa légèreté et son orientation vers l’émergence. il est cependant ancré dans le théâtre public, la presque totalité des projets présentés en étant issus. il se positionne dans une démarche radicalement opposée à la verticalisation de la culture que plusieurs acteurs privés ont entrepris depuis quelques années.»
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dix ans déjà
Programmation collective piliers du projet de La Manufacture, lieu atypique et saugrenu rapidement devenu incontournable. L’arrivée de la Patinoire a donné une nouvelle dimension à l’ensemble, servant de levier pour le développement des compagnies comme de projet collectif et “désintéressé” pour ses instigateurs car nous avons tous une autre activité. L’envie de créer un Avignon différent nous a réunis, comme celle d’y associer des personnalités diverses. durant cinq ans, un collectif d’artistes, metteurs en scène et producteurs, échangeait sur la programmation de nos deux salles mais aussi hors les murs, avec l’ambition de construire un mode de sélection et d’accompagnement artistique attentif aux projets et aux besoins de chacun. Loin, très loin du formatage habituel d’Avignon où ce sont les compagnies qui s’adaptent aux lieux.»
émilie audren : «Le collectif de programmateurs associé à La Manufacture a une grande importance car il est le garant d’un esprit : une exigence forte, un engagement sans concession et une accessibilité totale pour différents publics. depuis deux ans, la dizaine d’artistes composant le collectif, coincés dans un rôle de juge et partie ou étant devenus des artistes reconnus moins disponibles, a été remplacée par un quatuor présidé par Pascal Keiser avec Maël le Goff, Pierre Holemans et moi-même, qui se complète d’un réseau de visionnement d’une dizaine de personnes complémentaires, membres de notre équipe ou extérieures.»L’augmentation des sollicitations des professionnels comme du public nécessitait une professionnalisation et une structuration du comité directeur. il faut bien comprendre que l’originalité du projet la Patinoire est surdimensionné pour le Off, immense pour des moyens finalement assez faibles. Pour mieux accompagner les projets défendus, il nous faut muscler la communication, la programmation et le développement tout en conservant l’esprit de “petite fabrique belge” des origines. Mais aussi s’adresser aux petites comme aux grosses structures en proposant des productions Le collectif de programmation de La Manufacture regroupa de 2009 à 2014, autour de Pascal Keiser et Pierre Holemans : Fabrice Murgia, Alexis Armengol, Matthieu Roy, Jean-Baptiste Pasquier, Jean-Michel Van den Eeyden, David Gauchard, Renaud Cojo, Maël Le Goff
Maël Le Goff
THOMAS CRABOT
Maël Le Goff : «La Patinoire est devenue un des
d’ampleur à des réseaux très divers. Le comité se réunit une fois par mois à Paris : nous voyons énormément de spectacles, toujours en vrai en ne ménageant pas notre travail de repérage pour renforcer la cohérence de notre sélection. La Patinoire est plus que jamais portée par cet esprit, une dimension politique et sociale affirmée pour entretenir un espace de curiosité fort.»
échos d’un projet hors norme Maël Le Goff : «notre programmation est vue à juste titre comme regroupant des spectacles dénonçant par le coup de gueule l’état du monde. Mais aussi beaucoup de liberté et d’innovation, des formes très contemporaines ou atypiques comme Circuit cette année, une pièce pour un spectateur signée david rolland ! Aujourd’hui des acteurs majeurs de la scène contemporaine francophone sont passés ici et nous jouissons de cette reconnaissance qui nous invite à aller encore plus loin.»
émilie audren : «nous sommes repérés comme un endroit de fracture et de prise de risques, entre audace de metteurs en scène et spectacles aboutis. Ce que nous programmons ne va pas forcément marcher derrière mais, parfois, un passage ici est déterminant à l’image de We Love Arabs que nous
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avions refusé la première année et programmé la suivante. il ne tournait pas du tout avant, mais depuis, c’est un carton. La reconnaissance du public et des professionnels de la presse comme des programmateurs reflète notre engagement et nos succès. Certaines compagnies ayant joué à la Patinoire ont ensuite basculé dans le in. Cela montre que cet outil permet de montrer des projets qui n’apparaissaient pas dans le Off il y a 10 ans. ici, tout est permis. d’ailleurs, nous avons senti l’évolution du rapport avec la presse. nous sommes véritablement devenus un lieu incontournable, repéré très vite par les pros. Pour le public, cela a pris un peu plus de temps. depuis deux ans, les gens y restent et viennent voir un maximum de choses alors qu’avant, les pros étaient extrêmement majoritaires.»
Réaliser l’impossible éric Blondeau : «La Patinoire a décollé en étant capable d’accueillir des spectacles comme ceux de Fabrice Murgia : Le Chagrin des Ogres et Life / Reset. des pièces coproduites par le tnB à Bruxelles, qui auraient eu leur place dans le in. deux décors imposants avec une finesse du travail de la lumière et de la vidéo que l’on montait en moins de dix minutes. Ce luxe de pouvoir travailler avec de grands décors, de grands murs de fond et des sols encombrants, le tout de plain-pied est sans équivalent.»
émilie Audren
D. R.
D. R.
Pierre Holemans
Une ligne artistique forte Pascal Keiser : «Les demandes de programmation de spectacles avec des scénographies imposantes et innovantes, notamment du côté des outils numériques de diffusion et d’interaction, affluaient. en 2008, daniel danis proposait pour Kiwi de plonger la scène et le public dans le noir total, filmant les comédiens avec des caméras infrarouges. une esthétique très poétique pour une pièce autour du nettoyage des bidon villes précédent des événements sportifs, comme pour les JO de Pékin ou le mondial brésilien. Le public ne distinguait que les images projetées, sans voir le ballet de cameramen et de régisseurs au plateau. Je pense aussi à Quand m’embrasseras-tu ? autour de Mahmoud darwich avec sa peinture en fond de scène et ses cinq musiciens en live. Les présenter dans le Off à la Patinoire a permis de faire relativiser les programmateurs quant à la difficulté à les faire tourner. inconsciemment, ils se disaient que c’était réalisable, puisqu’un lieu du Off y arrivait !»
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dix ans déjà
Les succès post-Patinoire vs Goya d’Arnaud troalic, le diptyque de Matthieu roy réunissant L’Amour conjugal d’après Moravia et Histoire d’amour de Lagarce, Le Chagrin des Ogres et Life / Reset de Fabrice Murgia ou encore Le Signal du promeneur de raoul Collectif et le très engagé Discours à la Nation de david Murgia. Plus récemment L’École des ventriloques d’Alejandro Jodorowsky qui connut un succès international incroyable ou encore We Love Arabs. La liste est longue… Ce qui est fort pour nous, c’est d’être déclencheurs de trajectoires.»
saint-chamand, un quartier difficile Pascal Keiser : «il était essentiel de ne pas faire de la Patinoire un camp retranché. nos actions envers les habitants de ce quartier enclavé entre voie de chemin de fer, route et centres commerciaux – dont le PiB par habitant est inférieur à celui des quartiers nord de Marseille – ont pris différentes formes. Au-delà de la volonté d’offrir un meilleur environnement aux artistes, nous avons voulu faire de La Patinoire un projet politique fort, poser la question de la réinvention nécessaire de notre modèle culturel dans une société en rupture d’intégration et le faire à Avignon qui est le point de visibilité maximum. Acter que, comme le dit Olivier Py, nous avons raté la décentralisation des trois kilomètres. Proposer des solutions qui ne sont pas seulement d’amener un public de périphérie dans des lieux institutionnels dans le centre-ville, mais créer des projets dans des lieux organiques liés à leur territoire, et croiser les publics en amenant le public du centre ville en périphérie. une web-tV entre 2008 et 2012 avec les jeunes du centre social La Fenêtre visait à développer leur esprit critique et leur faire découvrir le théâtre contemporain. des journalistes venaient les former à la réalisation de contenu. La fin d’une aide fléchée du conseil général en a sonné le glas mais nous avons initié des résidences d’artistes sur plusieurs mois, dont la Sud-Africaine Zanele Muholi qui a exposé en 2010 ses photos sur les jeunes du quartier et ses habitants dans des tirages grand format au pied des tours, créant une galerie à ciel ouvert entre la Patinoire et le centre social. nous avons aussi investi le château de Saint-Chamand et, au-delà des tours, le Min, sorte de marché de rungis local.
éric Blondeau
D. R.
Pierre Holemans : «ils sont nombreux. Borges
Cette année, deux spectacles ambitieux seront présentés au Château de Saint-Chamand avec la mairie annexe du quartier, Circuit, chorégraphie pour un spectateur de david rolland, et Sous le pont, spectacle écrit par un réfugié syrien Abdulrahman Khallouf et mis en scène par un Syrien Amre Sawah, avec des interactions avec les habitants.»
Les projets hors les murs Pierre Holemans : «ils sont venus de la nécessité de s’offrir cette liberté de sortir des salles pour rendre possible des propositions artistiques nécessitant un autre rapport à l’espace et au public. Jouer une pièce pour un spectateur au château de Saint-Chamand ou mettre 12 voitures sur scène dans l’immense marché d’intérêt national ! investir des espaces différents comme ceux-là bouscule les enjeux artistiques purs. nous y exprimons nos envies de lien, de pas vers l’autre, y conviant les festivaliers comme les professionnels.»
devenir un lieu de vie Maël Le Goff : «notre ambition pour ces dix ans est de faire de la Patinoire un lieu de vie, rejoignant les qualités d’accueil de La Manufacture. L’augmentation de la fréquentation fait que de nombreux spectateurs enchaînent plusieurs spectacles sans faire l’aller-retour en bus immédiatement. d’où l’idée de proposer un lieu de convivialité. L’approche esthétique et culturelle doit s’accompagner d’un espace de rencontre et d’échange, de pause partagée permettant de rencontrer les artistes. il est temps de mener ce chantier et d’impliquer le quartier : les mamans de Saint-Chamand s’occuperont de l’espace restauration et bar de la Patinoire.» PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS FLAgEL
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D. R.
PaROLEs d’aRTisTEs
Metteur en scène et directeur artistique de la Compagnie du Veilleur
D. R.
Matthieu Roy Quel a été pour vous l’élément déclencheur pour solliciter une programmation à La Patinoire ? La ligne artistique développée par La Manufacture, découverte en 2008 alors que je participais au Festival d’Avignon en tant qu’assistant à la mise en scène de Joël Pommerat. J’avais trouvé l’espace de la Patinoire très intéressant. un lieu sans pareille pour le Off, capable d’accueillir des scénographies innovantes qui ne rentrent pas dans la plupart des autres espaces. Je réfléchissais alors à un diptyque réunissant Histoire d’amour et L’Amour conjugal. Pour ce dernier, le public était en bifrontal avec des casques audio, ce qui était absolument indémontable en vingt minutes comme c’est la norme dans le Off. invité à voir notre travail, Pascal Keiser s’est tout de suite intéressé à nos enjeux artistiques. Loin d’être un simple programmateur, il essayait de trouver avec nous les moyens de réaliser ce diptyque, presque dans un rôle de co-constructeur. une démarche rare.
nous avons été reconnus et L’Amour conjugal a tourné pendant trois saisons. une chose est sûre, sans la Patinoire, l’histoire de ma compagnie ne serait pas la même !
Quels sont les avantages que vous avez trouvés après cette série de trois semaines de représentations ?
Avez-vous pu participer à des projets autour de la Web-TV du centre social La Fenêtre avec les jeunes du quartier ?
il a été déclencheur de notre trajectoire car leur endroit d’exigence est le même que celui d’un Cdn. La grande différence et la force de la Patinoire est que les artistes s’y produisant n’ont pas besoin de rogner leur projet, de revoir les lumières et la scénographie. nous avions réussi, par exemple, à reconstruire une boîte noire où laisser nos gradins et matériel audio. Cette prise de risque était folle et géniale à la fois. Ce lieu tenu par des boîtes de production belges a été notre premier espace de création européen. Grâce à son exposition,
nous avions fait des interviews avec eux et ils étaient venus voir les pièces. Je me souviens d’un véritable travail d’éducation artistique, aussi exigeant et bien mené que dans des scènes instituées. Là encore, c’est tout à fait unique dans le Off. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS FLAgEL
Vous rappelez-vous d’un moment marquant de votre passage là-bas ? en 2009, Wilfrid, le régisseur général, hurlait «Arrivée du bus» à l’approche de la navette menant le public de La Manufacture à la Patinoire ! C’était à la fois drôle et stressant car nous appréhendions de savoir combien de personnes étaient venues. il était 14h, la climatisation allait être coupée et la chaleur allait se répandre, d’autant plus que nous jouions deux spectacles de suite avec vingt minutes de pause. Combien de personnes allaient rester ? Venir pour le second ? Avignon, ce sont des montagnes russes : du stress et du plaisir !
L’Amour conjugal et Histoire d’amour, mis en scène par Matthieu Roy, ont été programmés en 2009.
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PaROLEs d’aRTisTEs
arnaud Troalic
Metteur en scène de Borges vs Goya, co-fondateur du collectif de comédiens la compagnie Akté
Borges vs Goya était ma première mise en scène. Je ne montrais rien du travail en cours car j’étais totalement flippé. une semaine avant la première j’ai invité quelques programmateurs qui ont été impressionnés par la forme du spectacle. ensuite, nous avons eu la chance d’être programmés au théâtre des Bains-douches, au Havre. tout a été très vite et on nous a poussés à faire Avignon. Mais nous avions un gros décor avec 90 m2 de gazon synthétique, une voiture sur scène et besoin, au minimum, d’une salle de 10 mètres d’ouverture sur 7 ! L’Office national de diffusion artistique (OndA) a alors contacté Pascal Keiser qui a accroché avec mon travail. et nous avons découvert cette incroyable patinoire avec huit fois la taille du plateau derrière la scène. nous avons donc fixé le décor sur des échafaudages roulants, amarré nos vidéoprojecteurs sur des structures de garage électrique. Le décor se bougeait quasiment sans effort et très rapidement. Je me souviens d’avoir eu l’impression d’être comme des rois du pétrole à Avignon !
Quels sont les avantages que vous avez trouvés après cette série de trois semaines de représentations ? une visibilité incroyable ! il y avait plus de pros que de “vrai” public aux représentations. Cette série nous a permis d’accéder à un réseau national et nous a même ouvert à l’international puisque nous avons failli jouer à São Paulo et Santiago du Chili. Mais ces opportunités ne collaient pas avec nos dates de tournée. nous avons quand même joué en roumanie et en Belgique. étant à la fois comédien et metteur en scène du spectacle, ces trois semaines m’ont personnellement permis de me roder et de progresser en ayant le temps de travailler pour me mettre au niveau de Julien Flament avec lequel je jouais.
D. R.
Quel a été pour vous l’élément déclencheur pour solliciter une programmation à La Patinoire ?
Un moment marquant de votre passage là-bas ? nous avions acheté une voiture de secours au cas où celle que nous maltraitions sur scène, lui faisant faire des tonneaux en sautant dessus comme des fous, nous avait lâchés. Finalement, nous logions extra-muros et venions juste pour le spectacle qui jouait à 15h15. nous nous échauffions pendant la fin du précédent sans vivre la fournaise du centre d’Avignon. Cet horaire était parfait. Après nous prenions la voiture de secours pour aller faire la fête en ville. Sans besoin de tracter, le spectacle était plein. Le rêve de toute compagnie ! Plus sérieusement, je me souviens qu’avant de commencer nous avions peur d’être programmés en dehors du centre-ville, que personne ne prenne le bus, alors qu’en fait c’était tout l’inverse, ce lieu était parfait. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS FLAgEL
Borges vs Goya, mis en scène par Arnaud Troalic, a été programmé en 2008. 10 I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I
OLIVIER ROCHE
MARC LIMOUSIN
GRÉGORY DARGENT
PaROLEs d’aRTisTEs
claude Brozzoni
Metteur en scène et directeur de la compagnie éponyme
abdelwaheb sefsaf Comédien, musicien et chanteur, directeur artistique de la compagnie Nomade in France Pourquoi aviez-vous sollicité une programmation à la Patinoire ? Claude Brozzoni : nous avions créé Quand m’embrasseras-tu ? en novembre 2010 et nous voulions jouer à Avignon, convaincus de la puissance de ce spectacle. La programmation de la Patinoire était malheureusement bouclée. Mais suite à un désistement, ils nous ont proposé la place. à l’époque, c’était pour nous un de ces petits miracles de la vie, un croisement fortuit sur un chemin, menant vers un endroit inattendu. Le succès qui en a résulté a été incroyable. nous avions bien essayé d’autres lieux mais notre décor n’y rentrait pas : un mur de huit mètres par quatre qui nécessitait deux heures de préparation tous les jours pour le repeindre et y inscrire ce poème de Mahmoud darwich que découvraient les spectateurs en arrivant. Abdelwaheb Sefsaf : Ce lieu était aussi reconnu par les professionnels pour son accueil de spectacles qualitatifs et artistiquement exigeants. un endroit d’une grande humanité avec beaucoup de simplicité.
Quels avantages avez-vous trouvés après une série de trois semaines de représentations à la Patinoire ? Abdelwaheb Sefsaf : Cela peut paraître banal mais la Patinoire offrait des conditions rares
de confort autant pour travailler que pour apprécier les spectacles. notre chargée de diffusion pouvait aussi mobiliser les professionnels dans le bus lors du trajet retour, ce qui n’était pas négligeable ! Le spectacle a ensuite énormément tourné : près de 160 dates sur trois ans.
Un moment marquant de votre passage à la Patinoire ? Abdelwaheb Sefsaf : Quand m’embrasseras-tu ? déclenchait des émotions incroyables et il m’est arrivé de nombreuses fois que des spectateurs me tombent dans les bras en pleurant après les représentations. J’avais l’impression qu’ils tombaient dans ceux de darwich et qu’il était de mon devoir de les réconforter. Certains revenaient même plusieurs fois voir la pièce, ce qui est plutôt rare dans le Off. Claude Brozzoni : Je me souviens encore de ces moments pleins de solennité lorsque nous préparions notre artisanat au milieu des décors des autres dans ce lieu permettant à l’art de se poser et de s’étendre dans toute son intégrité. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS FLAgEL
Quand m'embrasseras-tu, mis en scène par Claude Bozzoni, a été programmé en 2011.
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PaROLEs d’aRTisTEs
sébastien Barrier Comédien et auteur
Après, l’espace se prêtait typiquement à notre spectacle, avec un rapport scène-salle idéal. et puis il y a la force du collectif de La Manufacture, le fait que l’équipe technique connaisse bien les lieux : tout cela facilite l’accueil. et en termes d’avantages retirés, la Patinoire et La Manufacture ayant un projet bien identifié, nous avons bénéficié de beaucoup de dates de tournées derrière…
ISA JAKOBS
Un élément marquant de votre passage à la Patinoire ?
Quel a été pour vous l’élément déclencheur pour solliciter une programmation à la Patinoire ? Je n’ai pas sollicité de programmation. il se trouve que Chunky Charcoal est porté en production par le Centre de production des paroles contemporaines. Le CPPC, outre le fait d’accompagner des spectacles, d’organiser le festival des arts de la parole Mythos, et d’animer la saison du théâtre de L’Aire Libre, à Saint-Jacques-de-la-Lande, fait partie par l’entremise de Maël Le Goff et émilie Audren du collectif de La Manufacture depuis quelques années maintenant. C’est donc un peu naturellement qu’il nous a été proposé de venir présenter Chunky Charcoal.
Autour de la patinoire, il y avait un parking, un no man’s land dans lequel vivaient une dizaine de chats, livrés à eux-mêmes. Je vis moi-même avec un chat qui, faisant partie de ma vie, par rebond fait partie du spectacle. J’adorais arriver tous les jours au milieu de tous ces chats abandonnés avec le mien, qui est un chat pomponné. La Patinoire ayant la particularité d’offrir un énorme dégagement derrière la cage de scène, j’adorais également entrer par la porte du fond et écouter la compagnie d’avant finir son spectacle. Puis il y avait leur valse à eux : le démontage du plateau, le ramassage des petits cœurs en paillettes balancés à la fin de leur pièce, nos échanges de regards. PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE CHATELET
Chunky Charcoal, de Sébastien Barrier, a été programmé en 2015.
il y a eu plusieurs zones de bénéfice. Je ne vais pas souvent à Avignon, ne connais pas bien le festival et y jouer un mois me paraît au-dessus de mes forces. Avoir un temps de monstration assez réduit, condensé au moment où beaucoup de professionnels sont présents m’allait assez bien. Cette possible fraîcheur que le nom de Patinoire convoque m’amusait, d’autant que nous étions éloignés du chaudron d’Avignon. dans ce coin relativement calme par rapport à la frénésie qui s’empare de la ville intra-muros, nous étions préservés. La Patinoire est un lieu propice au recueillement, et le spectacle parle un peu de ça.
I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I 13
NICOLAS JOUBARD
Quels sont les avantages que vous avez retirés de vos cinq représentations à la Patinoire ?
Life : Reset/Chronique d'une ville épuisée
CICI OLSSON CICI OLSSON
Le Chagrin des Ogres
PaROLEs d’aRTisTEs
Fabrice Murgia Auteur et metteur en scène, directeur du Théâtre National - Bruxelles
JÉRÔME VAN BELLE
d’appartement entier pour Life / Reset, avec un voile et de la projection vidéo sur l’ensemble. Cette édition du Off nous a permis de faire par la suite une centaine de dates avec cette pièce qui était trop lourde pour cela. Je dois même avouer qu’à l’époque nous n’étions pas prêts pour ça en fait !
Quel a été pour vous l’élément déclencheur pour solliciter une programmation à la Patinoire ? tous les plateaux du centre d’Avignon étaient bien trop petits pour Le Chagrin des Ogres et Life / Reset, l’année suivante. C’étaient les premiers spectacles de ma compagnie Artara, mais déjà, nous souhaitions sortir de la mécanique habituelle du Off consistant à louer des salles exiguës. de plus, La Manufacture a une véritable programmation et dispose avec la Patinoire, fonctionnant comme enceinte sportive le reste de l’année, d’un espace avec d’immenses dégagements. C’est ce qu’il nous fallait.
Quels sont les avantages que vous avez trouvés après cette série de trois semaines de représentations ? à cette époque, nous n’étions pas du tout connus en dehors de Belgique. Le Chagrin des Ogres avait tourné dans quelques festivals comme Premières, à Strasbourg, mais nous souhaitions le montrer au plus grand nombre de programmateurs possibles. et il n’y a rien de mieux qu’Avignon pour cela. d’autant que les formes de ces spectacles étaient compliquées avec, notamment, un intérieur
Un moment marquant de votre passage dans le lieu ? Oui, définitivement les régisseurs qui “rushaient” comme des fous pour changer de décors en quinze minutes entre les spectacles. C’était fort ! nous jouions toujours le matin et j’étais ravi, une fois la pièce finie, de prendre la navette retournant à Avignon au milieu des spectateurs qui débriefaient devant nous et livraient leurs impressions, sans forcément savoir qui nous étions. Ce sont des moments rares. il est aussi émouvant de retrouver les techniciens du lieu d’année en année. L’un d’eux m’avait offert un palet de hockey sur glace qui trône toujours sur mon bureau au théâtre national, en face de moi.
Aviez-vous pu participer à des projets autour de la Web-TV du centre social La Fenêtre, avec les jeunes du quartier ? Oui, la web-tV s’est lancée lors de mon second passage à la Patinoire. il est primordial de ne pas négliger le territoire et ses habitants le temps d’un festival qui, trop souvent, balaie tout sur son passage pendant trois semaines. d’autres s’inscrivent aujourd’hui dans cette même voie comme La FabricA et c’est absolument nécessaire. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS FLAgEL
Fabrice Murgia a mis en scène et présenté en 2005 une performance inédite au CAT Cécilia 84, avec Vincent Hennebicq et Jeanne Dandoy : Je ne veux plus manger. Le Chagrin des ogres a été programmé en 2010 et Life : Reset/Chronique d'une ville épuisée en 2011
I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I 15
PaROLEs d’aRTisTEs
éric da silva Comédien
Quels sont les avantages que vous avez trouvés après une série de trois semaines de représentation et de jeu à la Patinoire ? Jouer trois semaines est exceptionnel. La visibilité du spectacle est particulière. La Patinoire est un espace très dynamique dans lequel le rapport au public est toujours direct avec des salles qui varient d’un soir à l’autre de manière très contrastée. On y fait constamment des expériences fortes et différentes les unes des autres. Je mets l’exemple de la Patinoire volontiers au-dessus de ceux que j’ai pu avoir après. Si je pouvais y aller tous les ans, j’irais sans aucun problème ! à la Patinoire à peu près tout le monde, presse et professionnels, est venu. Cela faisait bien longtemps que je n’avais connu cela. il faut, pour une compagnie, être en capacité de bien gérer les choses pendant ce long laps de temps ; il y a toute une logistique à assumer et une nécessité de concentration à avoir. L’espace très vaste du lieu oblige l’équipe à avoir une organisation, une précision, une participation de tous pour pouvoir fonctionner.
Un moment marquant ou un élément marquant de votre passage à la Patinoire ? J’ai du mal à vraiment me rendre compte, mais ce qui m’a marqué c’est que, comme pour tous mes spectacles, il y a eu une adhésion très forte d’un côté et un rejet tout aussi fort de l’autre. nous avons ainsi eu des moments difficiles avec des publics très éloignés les uns des autres, toujours très changeants d’un soir à l’autre, le tout dans une jauge assez importante de 250 places. il y donc eu un grand brassage de publics, et qu’il y a eu beaucoup de retombées pour nous.
Avez-vous pu participer à des projets autour de la web-TV du centre social La Fenêtre avec les jeunes du quartiers ? Oui, nous l’avons fait. C’est le genre d’expérience qui est toujours positif. Avec des questions qui sont éloignées d’un rapport direct avec le spectacle, avec le théâtre même. J’ai un excellent souvenir de tout cela, et veux saluer tout particulièrement l’équipe technique qui accomplit un travail remarquable… PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PIERRE HAN
Esse que quelqu’un sait où on peut baiser ce soir ? J’ai répondu au bois, mise en scène d’Eric Da Silva, a été programmé en 2010.
16 I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I
PRUNETTE ET ANDERSON DA
Je voulais absolument jouer à Avignon. Quand on m’a parlé de la Patinoire, cela m’a tout de suite intéressé. Le lieu m’intriguait et nous sommes, mon équipe et moi, descendus voir l’endroit qui n’était pas aménagé. nous avons été conquis. nous étions une dizaine sur le plateau et avions besoin d’un espace scénique assez vaste. Je connaissais La Manufacture de nom et de réputation. Je connaissais aussi sa programmation. Solliciter ce lieu m’a paru évident. La Patinoire en étant hors les murs me paraissait intéressant dans la mesure où tout ce qui concerne l’accompagnement des spectateurs ne me semble pas un inconvénient, mais un avantage s’il est bien géré, ce qui est le cas ici. J’ai des souvenirs de spectateur à Avignon qui aimait bien prendre des navettes ! On débarque dans un endroit atypique, avec à l’entrée des photos de matches de hockey… J’aime bien ce contraste avec le théâtre. L’espace de la Patinoire est un espace difficile, c’est comme un espace à conquérir. J’aime ces lieux polyvalents qui ne sont pas uniquement dédiés au théâtre.
D. R.
Quel a été pour vous l’élément déclencheur pour solliciter une programmation à la Patinoire ?
PaROLEs d’aRTisTEs
Romain Bermond
Quel a été pour vous l’élément déclencheur pour solliciter une programmation à la Patinoire ? Comme de nombreuses compagnies, nous avions envie de participer au festival d’Avignon. Jean-Baptiste avait joué dans les nightshots de La Manufacture et aimé l’ambiance et le sérieux de la programmation du lieu. nous avons invité Pierre Holemans à voir notre travail sur Stereoptik et il a accroché, nous proposant d’intégrer la programmation de la Manufacture. Sa proposition de nous mettre à la Patinoire a été le meilleur choix car il y a beaucoup de public et de grands dégagements en arrière scène qui peuvent être quasiment instantanés. un endroit idéal car nos spectacles sont tout public et sans texte, avec des caméras calées de manière très précises dans un décor au millimètre, ce qui était un challenge pour tout le monde. Honnêtement, nos contraintes auraient été rédhibitoires ailleurs.
Quels sont les avantages que vous avez trouvés après cette série de trois semaines de représentations ? énormément de public et de professionnels y viennent. La proportion de programmateurs était folle,
ce qui est formidable vu ce qu’une compagnie prend comme risques financiers pour participer au Off du Festival. de mémoire, les membres de 120 structures ont assisté au spectacle, mais aussi de nombreuses familles, ce qui nous importait car nous voulions toucher un public le plus large possible, sans distinction d’âge ou d’origine. Au final, nous avons eu plus de propositions de dates que nous ne pouvions en satisfaire. Cela nous a permis de faire fructifier ces retombées et de nous faire connaître. d’ailleurs c’est dans les dégagements en arrière-scène que nous avons rencontré Olivier Py qui jouait Miss Knife. deux ans plus tard, il nous programmait dans le in avec Dark Circus. Que demander de plus ?
Un moment marquant de votre passage là-bas ? il y fait frais, ce qui est bien [rire] ! L’équipe fait preuve de beaucoup de bienveillance. Même les techniciens, pour lesquels il est compliqué d’enchaîner les spectacles à ce rythme hyper soutenu, gardent le sourire et la bonne humeur. nous y avons fait de belles rencontres et noué des liens. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS FLAgEL
JEAN-MARC BESENVAL
CLAIRE CURT
Plasticien et musicien, co-fondateur avec Jean-Baptiste Maillet de la compagnie Stereoptik
Stereoptik, de Jean-Baptiste Maillet et Romain Germond, a été programmé en juillet 2013.
I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I 17
PaROLEs d’aRTisTEs
arnaud anckaert D. R.
Metteur en scène
Quel a été pour vous l’élément déclencheur pour solliciter une programmation à la Patinoire ?
Pourriez-vous citer un moment marquant ou un élément marquant de votre passage à la Patinoire ?
il y a eu deux facteurs : la Patinoire est un lieu identifié pour les auteurs contemporains et les écritures contemporaines, ce qui correspond à mon travail. On me désigne souvent, de par mes projets, comme un «découvreur» : je fais passer des écritures, commande des traductions, crée des pièces pour la première fois en France – cela a d’ailleurs été le cas de Constellations, de nick Payne et de Revolt. She said. Revolt again, d’Alice Birch, tous deux joués à la Patinoire. et puis la salle de la Patinoire a l’avantage d’avoir de l’espace, elle offre du dégagement. Pour moi qui aime concevoir des spectacles avec des décors, c’était le lieu idéal.
L’élément qui me revient est la générale de Revolt. She said. Revolt again. nous l’avons ouverte à une journaliste, qui ne pouvait venir assister au spectacle et elle s’est retrouvée toute seule dans la salle. une générale est toujours un moment précieux, c’est un temps de fragilité, marquant, et l’atmosphère était alors particulière.
Quels sont les avantages que vous avez trouvés après une série de trois semaines de représentation et de jeu à la Patinoire ? Artistiquement, jouer un spectacle durant trois semaines dans les conditions qui sont celles du Off d’Avignon, soit avec un montage et un démontage pour chaque représentation, ancre le spectacle. Cela le fait grandir et permet aux comédiens de s’en saisir. et qu’il s’agisse de Constellations ou de Revolt. She said. Revolt again, nous avons pu faire connaître notre travail, et obtenir par la suite des dates de tournées. tous nos spectacles ont une durée de vie de trois, quatre ans et La Manufacture a participé de cette dynamique.
Vous avez, donc, joué deux spectacles à la Patinoire. Le lieu a-t-il résonné différemment ? Connaissant les équipes technique et administrative du théâtre, le fonctionnement de La Manufacture, il y a une forme de familiarité qui est plaisante, et qui facilite le travail. Après, Revolt. She said. Revolt again étant une proposition un peu «destroy», nous ne venions pas pour vendre le spectacle, mais pour montrer un projet. il y a des spectacles faciles à vendre, et d’autres impossibles à vendre. la Patinoire étant bien identifié, c’est un lieu où nous pouvions présenter une création plus risquée. nous y avons pris un risque artistique et les gens nous ont suivis. PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE CHATELET
Mis en scène par Arnaud Anckaert, Constellations a été programmé en 2014 et Revolt. She Said. Revolt Again en 2016.
18 I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I
D. R.
Constellations
MARIA GRAZIA LENZINI
PaROLEs d’aRTisTEs
Hillel Kogan Chorégraphe, danseur
Comment avez-vous découvert la Patinoire ? Je ne connaissais pas du tout le milieu artistique français, ce sont mes agents, drôles de dames, qui m'en ont parlé. On en a discuté et j'ai été convaincu qu'il fallait que j'y joue pour deux raisons, la bonne programmation de La Manufacture et la taille du plateau.
J'y ai été très bien accueilli. dès le troisième jour, la salle était pleine. Comme la Patinoire est hors des remparts, j'avais l'impression d'être à la fois dans et hors du festival. Je pense que cela a participé du succès de ma pièce. Avignon intra-muros est très fatigant pour les spectateurs qui courent beaucoup. Aller à la Patinoire, c'est comme être sur une île, on y va en navette, on prend le temps, la salle est grande. et puis on jouait le matin, c’était rafraichissant…
We Love Arabs tourne dans le monde entier. Comment la pièce est-elle accueillie ? elle a été très bien accueillie en israël, j'y suis même subventionné par l'état qui y trouve sans doute là l'occasion de blanchir quelques atrocités… Je n'avais jamais joué en France et je n'avais que quelques rudiments de français lorsque je suis venu en Avignon. J'ai donc appris le texte par cœur et il a fallu que j'adapte mon propos. un exemple : au moment où je dessine un croissant sur le front d'Adi Boutrous et qu'il me demande ce que j'ai dessiné, j'hésite puis je dis «le croissant de la Mosquée». en israël, quand je réponds cela, les gens rient beaucoup, parce que le croissant, c'est pour eux la pâtisserie française. en France personne ne riait, parce que le croissant est tout de suite identifié à celui qui orne les mosquées.. Alors à la sixième représentation, quand j'ai compris le problème, j'ai décidé de remplacer le croissant par une banane, ça allait beaucoup mieux !
Quelles sont les particularités du public français ? il est très ouvert et a été très touché et parfois à des endroits que je n'attendais pas. La dernière
D. R.
Quel souvenir en gardez-vous ?
danse amoureuse de la pièce est parodique, mais certains l'ont pris comme un vrai acte de réconciliation. et puis je suis frappé par un réel sens autocritique des Français. Quand les gens rient de moi, de mon racisme, ils comprennent que c'est eux aussi les racistes. un peu comme les israéliens. Ce n'est pas le cas en Allemagne ou aux uSA. Les Français n'ont pas peur de regarder à deux niveaux : vivre une expérience artistique divertissante et faire jouer leur sens critique. ils ont aussi un grand souci des traditions ou le respect des conventions de chaque genre. On m'a beaucoup demandé, puisque je parle en dansant, mais c'est du théâtre ou de la danse ? Heureusement, comme la pièce est drôle, j'ai l'impression qu'on me pardonne le mélange…
Que retenez-vous de votre passage ? L'envie de revenir même comme spectateur. Je suis touché que des gens passent leurs vacances à venir voir de l'art, du théâtre. et puis, mon passage à La Manufacture m'a donné du prestige, l'écho a été formidable, les professionnels se sont manifesté très vite, j'ai eu beaucoup de demandes et de contrats. C'est Avignon qui m'a fait connaître. Je dois à la Patinoire ma renommée. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE QUENTIN
We Love Arabs, de Hillel Kogan, a été programmé en 2016.
I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I 21
PaROLEs d’aRTisTEs
david Murgia RUDY LAMBORAY
Comédien, metteur en scène
Vous souvenez-vous pourquoi vous avez sollicité la première fois une programmation à la Patinoire, pour Le Signal du promeneur, en 2012 ? Le tout premier spectacle que je suis venu jouer à la patinoire était Le Chagrin des ogres, de mon frère Fabrice Murgia, emmené à La Manufacture par le théâtre national à Bruxelles. deux années plus tard, nous débarquions avec Le Signal du promeneur du raoul collectif. Ces deux expériences étaient si concluantes que par la suite j’ai toujours songé à faire une halte estivale à la Patinoire. Que ce soit avec Discours à la nation, Liebman renégat ou cet été avec Laïka, tout fraîchement créé à Liège en janvier dernier.*
m’accompagnait sur Discours à la nation) et moi étions déjà en costume. Sur un coup de tête, on a chargé la guitare, l’ampli et un morceau de décors dans le coffre de notre petite voiture de location et nous sommes allés nous installer dans la petite cour de La Manufacture, rue des écoles, pour jouer devant les spectateurs qui étaient restés. Par la suite, on a reçu des propositions pour jouer le spectacle en plein air.
Avez-vous pensé immédiatement après Le Signal à revenir en 2013 pour Discours à la nation ?
Quel a été votre accueil ? Avez-vous un souvenir particulier lié à cette salle ? excellent, à chaque fois, notamment dans notre collaboration avec Wilfrid Vanderstuyfs qui fait un travail incroyable pour faire fonctionner ce lieu. La Patinoire est devenu un rendez-vous tout particulier pour moi, je me suis familiarisé avec la boîte noire et avec la cadence des représentations. Mon meilleur souvenir reste ce fameux matin où les spectateurs ne sont jamais arrivés au spectacle – à cause d’une panne de navette – et où nous sommes allés jusqu’à eux. Julien (le guitariste qui
naturellement. tous nos passages par La Manufacture ont permis à nos spectacles de s’envoler pour des centaines de représentations à la rencontre de milliers de spectateurs.
HÉLÈNE LEGRAND
Vous revenez cet été avec Laïka. Avez-vous l’impression d’avoir désormais un public fidèle à la Patinoire qui vous attend ? Que vous dit ce public à la sortie de vos spectacles ? Mon impression est que le public se fidélise tant à la démarche des artistes qu’au lieu dans lequel ils déploient leur création. La Patinoire, La Manufacture, pour moi, c’est comme un rendez-vous. La saison a été longue et je n’ai pas le courage de rester tout le mois dans le tumulte d’Avignon mais il était important pour moi que Laïka y passe ne serait-ce que quelques jours. entre ma collaboration avec Ascanio Celestini (théâtre récit) et les projets du raoul (création collective), je suis passé à la Manufacture via des gestes, cela est vrai, assez différents mais selon moi très cohérents. Je pense que cette cohérence peut s’observer et se suivre. Malheureusement, je n’ai pas toujours l’occasion de rencontrer pleinement le public à l’issue du spectacle (c’est le seul hic de La Patinoire) car la navette disperse la foule au sortir de la représentation. Mais on croise des regards, au bar, dans la rue. et cela suffit parfois amplement. PROPOS RECUEILLIS PAR NADJA POBEL
Discours à la nation, d'Ascanio Celestini et David Murgia, a été programmé en 2013. 22 I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I
D. R.
REGaRds dE PROs
Farid Bentaïeb
Directeur du Trident, scène nationale de Cherbourg-en-Corentin
«son grand plateau lui permet de proposer des formes uniques dans le Off» Comment avez-vous découvert La Manufacture ? Je crois que j’y suis toujours allé depuis 2001, quand Pascal Keiser en a pris la direction. Le fait que Murielle richard en soit l’attachée de presse, tout comme du théâtre Jean-Arp à Clamart que je dirigeais à l’époque, fait que j’étais par ailleurs très tôt alerté dans l’année, des propositions qui y étaient programmées. C’est un lieu incontournable, un peu comme le fut Le Colibiri, que dirigeait Anne de Amézaga. On sait qu’on y trouvera toujours des spectacles pertinents. Or si je viens à La Manufacture, c’est évidemment d’abord pour sa programmation. J’apprécie beaucoup le grand plateau de la Patinoire qui lui permet de proposer des formes qu’aucun autre lieu du Off sur-saturé ne pourrait accueillir.
Quels sont les projets qui vous ont marqué à la Patinoire ? Beaucoup de spectacles m’ont enthousiasmé, la programmation est résolument tournée vers les auteurs vivants et les écritures contemporaines engages. Je m’y retrouve plutôt bien, même si je n’aime pas tout. Je me souviens notamment du sublime Dicours à La nation, d’Ascanio Celestini,
monté par david Murgia, très ancré dans le réel de ce que nous vivons. Le Chagrin des Ogres, de Fabrice Murgia, a aussi pour moi été important, sur le fond comme sur la forme. Je pourrais aussi citer Looking for Alceste, de nicolas Bonneau, dont j’aime toujours l’univers ou bien We Love Arabs, surlequel je suis un peu partagé, mais qui reste pour moi un très beau projet que je pourrais programmer.
Lesquels avez-vous programmé ? J’ai accueilli Stereoptik de la compagnie du même nom, programmé en 2013 à la Patinoire. J’aime leurs histoires simples, souvent du quotidien, profondément humaines qui se fabriquent en direct au sens propre, dans une sorte d’artisanat faussement à l’arrache, mais terriblement méticuleux, longtemps préparé, très sophistiqué. Cet art de la bidouille me touche beaucoup. J’aurais pu accueillir beaucoup d’autres spectacles, tous de niveau national, je n’ai jamais vu de spectacle médiocre là-bas. Mais il se trouve que les hasards de calendriers des tournées, ne m’ont pas encore permis de le faire. Mais cela ne tient qu’à cela. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE QUENTIN
I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I 23
D. R.
REGaRds dE PROs
Thierry arnal Ex-directeur du Théâtre de la mauvaise tête de Marvejols
«chaque spectacle, interpelle, déplace» Que représente La Manufacture pour vous ?
Qu’y avez-vous d’intéressant ?
un lieu devenu emblématique en quelques années seulement pour peu qu’on ait de l’appétence contemporaine. Chaque spectacle, qu’on l’apprécie ou non, interpelle, déplace.
Je me souviens de La Fête, de Spiro Scimone, du collectif de Quark, une vraie révélation. Je l’ai programmé ensuite. J’ai vu Kok Batay aussi, du conteur réunionnais Sergio Grondin, un vrai coup de cœur. J’ai découvert la scène belge aussi à la Patinoire, avec, par exemple, la création de Fabrice Murgia. et aussi Borges vs Goya, de rodrigo García. et si je n’ai pas programmé certains spectacles, c’était faute de place ou de moyens. Mais j’en ai accueilli beaucoup d’autres.
Comment l’avez-vous découvert ? J’ai connu Pascal Keiser avant qu’il prenne La Manufacture. il avait produit un pianiste américain, Joël Foster, qu’il produisait chez lui à Avignon. J’étais curieux, le pianiste était un élève de thelonius Monk, mon idole et il improvisait sur des vieux films muets. Je suis allé voir. Quelques temps plus tard, Pascal Keiser m’a rappelé. il voulait monter un lieu, La Manufacture et visiter avec nous ce qui n’était qu’une grange remplie d’un fatras hétéroclite. il voyait déjà ce que ce pourrait être, moi beaucoup moins… il m’a proposé de réaliser le projet avec lui mais j’étais déjà très occupé, j’ai décliné. Lui a fait le projet. On se le rappelle souvent.
À quoi attribuez-vous son succès ? à la programmation, incontestablement. J’ai très rarement été déçu de ce que je voyais là-bas, que ce soit intramuros ou à la Patinoire. On sait qu’il y a toujours une compagnie à découvrir, un spectacle à voir. Pascal a su s’attirer des gens intéressants, son collectif de programmation est à la hauteur. C’est un des rares lieux sûrs du festival.
Pourquoi les programmiez-vous ? Je suis très sensible au rapport entre l’écriture et le plateau. des textes forts, un certain degré d’énergie dans la parole de plateau, la manière dont le public est requis. J’aime les propositions percutantes, exigeantes, en relation avec la société dans laquelle on vit. C’est ce que j’avais envie de proposer aux spectateurs du territoire. des textes comme Risk, sur l’adolescence qu’eva Vallejo a monté à la Patinoire ou Sortie d’usine, de nicolas Bonneau sur le monde ouvrier sont des œuvres contemporaines, engagées. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE QUENTIN
24 I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I
JULIEN PEBREL
REGaRds dE PROs
Fabien jannelle
Ancien directeur de l’Office national de diffusion artistique
«Un vrai travail de programmation» La Manufacture a inventé un mode de sélection des spectacles unique et pertinent… C’est parce que La Manufacture a mis en place un véritable comité de sélection que la programmation est suivie avec intérêt par les professionnels avec les effets induits sur la diffusion. Le passage à La Manufacture procède de la même démarche que l’invitation d’un spectacle dans un théâtre dans le cadre d’une tournée. un comité composé de professionnels et d’artistes se réunit pour examiner et sélectionner des projets d’accueil de spectacles déjà réalisés. un(e) directeur (trice) voit des spectacles (à La Manufacture et ailleurs) pour se faire une idée de l’offre de spectacles et il (elle) en choisit quelques-uns.
Quelles sont, selon vous, les clés de son succès ? Le modèle de La Manufacture repose principalement sur trois piliers : la sélection réalisée par ce comité qui se réunit régulièrement, la règle de ne présenter que des spectacles déjà montés – ce qui n’est pas seulement une mesure de prudence, mais est aussi une décision vertueuse – et le temps la longévité, soit 15 ans de travail, de convictions pour établir un rapport de confiance avec les artistes et les programmateurs. Pascal Keiser a su se positionner comme un vrai programmateur dans le Off en proposant une programma-
tion exigeante et des conditions de passage correctes pour les artistes. il a eu l’intelligence par la suite de s’associer à des artistes et des programmateurs, ce qui a amplifié cette exigence en garantissant la pluralité des propositions qui sont jouées. La compétence de l’équipe et la convivialité du lieu contribuent au succès.
Comment percevez-vous l’expérience de La Manufacture et de la Patinoire dans le paysage national de la diffusion ? La Manufacture est un théâtre, pas un “garage”. Les régions qui s’entêtent à louer des lieux pour y présenter leurs compagnies sous une bannière régionale auraient tout intérêt à changer de stratégie. il en va de même pour celles qui dispensent des aides déconnectées des conditions de présentation. Je leur conseillerai de venir en soutien direct (lieux ou compagnies) pour des diffusions dans des lieux préalablement expertisés. et il n’y a pas que La Manufacture dans le Off d’Avignon qui mérite l’estime et le soutien. Le coût relativement élevé de ces opérations «promotionnelles» serait alors mieux utilisé du point de vue de la dépense publique et beaucoup plus utile à ces compagnies en contribuant à créer de meilleures conditions de «visibilité» pour une diffusion ultérieure dans un contexte ultra-concurrentiel. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE QUENTIN
I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I 25
REGaRds dE PROs
Paul Rondin
Directeur délégué du Festival d’Avignon
«Un fructueux dialogue» Quelle est la relation du Festival d’Avignon «In», avec des lieux du Off ?
JULIEN PEBREL
Avec Olivier Py, nous ne disons plus «le» Off mais «les» Off. C’est très clairement un pluriel, car on y trouve de tout : des one-man show, des amateurs et des équipes professionnelles, en émergence ou non. il y a aussi des spectacles de création venant de Cdn. Pour le Festival d’Avignon, je suis comme Vincent Baudriller dont je me moquais un peu au début lorsqu’il disait ne pas vouloir utiliser le terme de «in» : il avait raison ! il y a donc le Festival d’Avignon et les Off, ce qui ne déprécie personne. nous avons toujours considéré que dans les Off il y avait forcément des partenaires du Festival d’Avignon faisant œuvre de découverte, d’accompagnement des équipes de théâtre public ; nous devons donc rester en dialogue avec eux.
Comment cela s’est-il traduit concrètement ? La première chose que nous avons faite a été de mettre dans les pages du programme du Festival une sélection de spectacles des off. C’est une sélection que nous assumons afin d’attirer l’attention sur un certain nombre de maisons qui proposent des projets intéressants. des artistes qui ont été programmés chez nous sont passés là ou y passeront. C’est évidemment le cas de La Manufacture, et ce, depuis très longtemps. Professionnels du spectacle, journalistes, nous sommes tous allés à La Manufacture pour y découvrir des choses que l’on sait de qualité. C’est un théâtre qui est plein tout le temps, et qui est parfaitement repéré. entre La Manufacture et nous existe un vrai dialogue même si nous ne travaillons pas ensemble artistiquement.
Pouvez-vous préciser cette question de dialogue ? Juste avant de prendre la direction du Festival Olivier Py a eu envie de jouer Miss Knife à Avignon. il l’a fait pour quelques séances à La Manufacture. C’était là un clin d’œil qui racontait quelque chose, car, nous aussi, nous venons de certains Off, ou comme producteur ou comme artiste. nous étions heureux d’aller à la Patinoire pour marquer notre engagement. C’est à la Patinoire qu’Olivier Py a découvert Stereoptik [en 2013, ndLr] qui jouait juste avant lui ! il y a eu là un vrai rapport entre équipes artistiques. Pour Olivier, il était évident
qu’ils viennent jouer un jour au Festival. Ce qui a donc été fait et leur a permis de devenir une équipe aux carnets de commande et de diffusion pléthoriques !
Comment «travaillez-vous» avec la direction de La Manufacture ? nous avons de constants allers et retours avec La Manufacture et Pascal Keiser qui vit à Avignon. nous avons, par exemple, un projet commun qui se détache un peu de La Manufacture, mais qui montre bien ce qui est de l’ordre d’une possible entente : c’est avec Pascal Keiser que nous avons monté la French Tech Culture à Avignon.
Quel regard portez-vous sur la Patinoire ? La Patinoire est un endroit intéressant parce qu’elle offre un plateau assez rare et inouï parmi les multiples lieux du off. Le plateau de La Manufacture est plutôt petit et contraignant. La Patinoire, elle, peut accueillir des projets qui ont une autre dimension. elle a sa propre personnalité. Certes, elle est un peu loin des remparts, mais cela permet ainsi de travailler avec d’autres populations des quartiers avoisinants. C’est une manière de faire en sorte que le Festival s’installe hors des remparts pour toucher les populations locales. PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PIERRE HAN
26 I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I
D. R.
REGaRds dE PROs
Pierre-Yves Lenoir Administrateur de l’Odéon-Théâtre de l'Europe
«Un impact national incontestable» Quelle est votre relation à La Manufacture ? elle constitue l’un des rares lieux du Off avec une vraie ligne éditoriale qui donne la tendance de l’année dans le spectacle vivant, conjuguée à une politique engagée résolument vers la création contemporaine. C’est la raison pour laquelle on peut aller y voir de très nombreuses propositions les yeux fermés. On sait tous qu’il faut y aller en priorité. Cela tient bien sûr à Pascal Keiser, au collectif de programmation qui fait de vrais choix. La Manufacture est la preuve qu’on peut fonctionner dans le Off autrement qu’avec des logiques pures de marché. Bien sûr, les compagnies louent ici comme ailleurs mais avec une garantie d’être vues et dans une programmation exigeante, ce qui change tout.
Quels projets marquants avez-vous vus à la Patinoire ? J’ai été frappé par Le Discours à la nation, de Murgia, un projet belge, mais aussi par We Love Arabs, de l’israélien Hillel Kogan. un autre spectacle belge m’a beaucoup touché, Le Signal du promeneur,
en 2013, par raoul Collectif. il se trouve que nous l’avions présenté en amont au théâtre de l’Odéon, aux ateliers Berthier, dans le cadre du festival impatience. Cela demeure incontestablement un des plus beaux spectacles de la Patinoire.
Quel est pour vous l’apport de ce projet dans le paysage théâtral national et international ? La Manufacture a un impact national incontestable. depuis longtemps, on y voit aussi des propositions francophones qui débordent nos frontières et maintenant internationales, et c’est très bien. Si Mohammed el Khatib et Hillel Kogan ont les tournées qu’ils ont, elles ont été indéniablement “boostées” par leur passage à La Manufacture. Avignon est une telle caisse de résonnance du public d’abord qui s’y presse, tout comme des professionnels qui s’y bousculent que l’apport de La Manufacture ne se discute pas. PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE QUENTIN
I SUPPLÉMENT La scènE ÉTÉ 2017 I 27
CHRISTOPHE ABRAMOWITZ
REGaRds dE PROs
charlotte Lipinska Journaliste culture (Canal Plus, France Inter…)
«Une exigence artistique très marquée» Pourquoi, comme journaliste, êtes-vous si fidèle à la Patinoire depuis son ouverture ? dans les salles intra-muros du festival, ne serait-ce que par l’espace du plateau, on sait qu’on voit une petite production. ici, j’ai toujours été surprise de voir des choses très spectaculaires et aussi très intimes sur un grand plateau. Par exemple, l’an dernier, We Love Arabs a été une immense découverte. Ces deux hommes sur une scène nue n’avaient besoin de rien, ils auraient pu aller dans un plus petit espace mais cela perdait de son sens
Quels sont les projets qui vont ont le plus marqué lors de ces dix ans ? il y a le travail de Fabrice Murgia qui avait fait Le Chagrin des ogres en 2010 puis l’année suivante Life/Reset. C’était une naissance, en tout cas pour moi Française, car il tournait déjà en Belgique, d’un grand. et la même année, j’avais eu un coup de cœur pour un spectacle très pluridisciplinaire, très adapté au lieu, des poèmes de Mahmoud darwich, Quand m’embrasseras-tu ?, mélange de poèmes, de musique et de peintures un peu performatives. J’ai un souvenir très fort car les comédiens avaient créé une intimité intense avec le public alors qu’ils avaient dégagé l’espace scénique au maximum et qu’il y avait une grande profondeur de plateau. Pour autant, j’avais l’impression d’être sur scène avec eux à chanter en arabe alors que je n’en parle pas un mot ! il y a
eu aussi le raoul Collectif avec Le Signal du promeneur, programmé en matinée. Puis, il y a eu un sillon vers la Belgique longtemps “trustée” par le théâtre des doms.
Quelles spécificités attribuez-vous à ce théâtre ? il y a toujours eu une ouverture à l’international (je me souviens de Dakh Daughters, concert complètement fou des ukrainiennes en 2015), sans que je sente qu’à la Patinoire ce soit une ligne directrice en général. Clairement, il y a toujours des mises en scène assez radicales, voire expérimentales (Stereoptyk, en 2013, avec de l’artisanat de la vidéo, du dessin, de la musique) Pour moi, aller à la Patinoire, c’est voir des formes très pluridisciplinaires de recherches par des compagnies jeunes et extrêmement talentueuses. il y a une exigence artistique très marquée et, même si des spectacles m’ont moins plu, ces “ratages” valaient le coup d’être essayés. Aujourd’hui, ce lieu a une reconnaissance artistique très claire et c’est tout l’intérêt que d’aller là-bas pour y découvrir des artistes dont pour certains on se dit qu’ils seront dans le in quelques années plus tard. Par ailleurs, ce temps de navette pour sortir du centre de la ville où l’on cavale tout le temps est important. C’est un temps calme où l’on redescend un peu sur terre. PROPOS RECUEILLIS PAR NADJA POBEL
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REGaRds dE PROs
2008-2012 : histoire d’une web-TV à saint-chamand amélie Kestermans, formatrice Elisabeth Bouetard, chargée de projet je suis allée faire un reportage sur La Manufacture où j’ai mis en avant la Patinoire qui ouvrait. et ensuite, en 2009, Pascal Keiser a eu l’idée de travailler avec Saint-Chamand. Elisabeth Bouetard : tout est arrivé de manière un peu informelle. L’idée de Pascal était qu’en s’implantant dans un quartier il était dommage de ne pas parler à ses habitants qui ne seraient pas venus d’eux-mêmes à la Patinoire. Comme Amélie avait déjà l’expérience de cela en Belgique, on a transposé le projet ici. A.K. : des gens qui habitent à Avignon, juste à côté de ce très grand festival de théâtre, n’y accèdent pas. du coup, la première année, nous avons fait venir dans le quartier des metteurs en scène, comédiens, programmateurs pour des plateaux-télé et des débats en multi-caméras. C’était assez lourd. Peu à peu, nous nous sommes orientés vers des reportages sur les lieux des spectacles.
Comment avez-vous recruté ces jeunes et comment avez-vous travaillé avec eux ? E.B. : Le recrutement se faisait en amont du festival en partenariat avec le centre social qui connaissait les jeunes du quartier et avait fait un travail de médiation auprès des familles pour expliquer ce projet, grâce notamment à l’animateur Lucien. On avait eu autant de filles que de garçons, d’environ 14-17 ans. A.K. : Certains revenaient d’année en année et cela a créé des vocations car deux ou trois d’entre eux travaillent maintenant dans la vidéo. L’intérêt de ce projet est qu’il s’inscrivait dans la durée – deux semaines – et qu’il se faisait avec des jeunes qui n’avaient jamais touché à la prise de son, la vidéo. Je leur apprenais tout cela et aussi à maîtriser les bases d’un banc de montage,
D. R.
Comment est né le projet de web-TV avec le centre social de Saint-Chamand ? Amélie Kestermans : il a émergé en 2008 quand
à dérusher... Puis on partait sur le terrain. La journée type consistait à définir l’agenda (qui fait quoi ?), choisir des spectacles... Puis on dispatchait les équipes pour partir en tournage partout dans le festival pendant que d’autres restaient en montage à Saint-Chamand. Les participants avaient accès à tous les spectacles de La Manufacture et de la Patinoire pour pouvoir poser des questions ensuite aux artistes. E.B. : Ça a vraiment été une grosse porte ouverte pour les jeunes sur le festival. ils ont rencontré des personnes comme Fabrice Murgia, par exemple. et ils ne se laissaient pas impressionner mais étaient contents d’être plongés dans cette ambiance car sinon, pour eux, le festival c’est la rue de la république, les spectacles à l’extérieur, tout sauf ce qui se passe dans les salles de théâtre. et même s’ils n’aimaient pas forcément tous les spectacles qu’ils voyaient, ils ont découvert un univers professionnel. PROPOS RECUEILLIS PAR NADJA POBEL
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LEs PROGRaMMaTiOns
• Fermez vos yeux, monsieur pastor, Gilles Pastor. Compagnie Kastor Agile
–2008
• kiWi de et mise en scène de daniel danis Compagnie daniel danis (Québec)
• esse que quelqu’un sait où on peut baiser ce soir ?... eric da Silva théâtre / emballage théâtre
• beyrouth adrénaline de Hala Ghosn et Jalie Barcilon / Mise en scène de Hala Ghosn Compagnie La Poursuite
–2011
• borGes vs Goya de rodrigo Garcia/ Mise en scène de Arnaud troalic Compagnie Akté • la mort du roi tsonGor de Laurent Gaudé / Mise en scène de Olivier Letellier et Guillaume Servely Compagnie théâtre du Phare • pourquoi, J’ai tué serGe G… de et mise en scène de Jean de Pange - Compagnie Astrov • cannibale de didier daeninckx, adaptation et mise en scène de Sylvie Malissard Compagnie le Porte Plume
–2009
• liFe-reset/chronique d’une ville épuisée de Fabrice Murgia, Mise en scène de Fabrice Murgia - Compagnie Artara • les rêves de ivan Viripaev, Mise en scène de François Bergoin - théâtre Alibi • quand m’embrasseras-tu ? de Mahmoud darwich. Mise en scène de Claude Brozzoni Compagnie Brozzoni • alaska Forever Création collective. Mise en scène de Philippe Boronad - Compagnie Artefact • chambres d’hôtels de timothée de Fombelle. Conception et chorégraphie de Valérie rivière, Compagnie Paul les oiseaux • Future/no Future de Gilles Martin. Mise en scène de Gilles Martin - Compagnie Point de rupture
• une chenille dans le cœur de Stéphane Jauberti, mise en scène de Bruno Lajara • diptyque «au temps de l’amour», mise en scène de Matthieu roy - histoire d’amour (derniers chapitres) de Jean-Luc Lagarce - l’amour conJuGal adaptation du roman de Alberto Moravia. La Compagnie du Veilleur • occident de rémi de Vos, mise en scène de François Bergoin. théâtre Alibi • dernier rappel de et avec Pepito Matéo – ici même • cahier impossible retour de et mise en scène de Valérie Goma - théâtre de la ruche (Cayenne, Guyane)
–2010
• apprivoiser la panthère de Hala Ghosn et Jalie Barcilon. Compagnie La poursuite/ Makisart • le chaGrin des oGres, Fabrice Murgia cie Artara - théâtre national - Bruxelles • mémoire de papillon, Mohamed Guellati et Kader Attou. La grave & burlesque équipée du cycliste
–2012
• le siGnal du promeneur - Le raoul Collectif • et puis J’ai demandé À christian de Jouer l’intro de ziGGy stardust, en alternance avec plus tard, J’ai Frémi au léGer eFFet de reverbe sur i Feel like a Group oF one (suite empire) de renaud Cojo - Compagnie Ouvre le Chien • voyaGe éGaré de aurélie namur, Conception, Mise en scène de Félicie Artaud Compagnie Les nuits Claires • voyaGes de eve Bonfanti et Yves Hunstad. conception, mise en scène de eve Bonfanti et Yves Hunstad - Compagnie La Fabrique imaginaire • le Gardien des Âmes de olivier chapelet - Adaptation du roman éponyme de Pierre Kretz. Mise en scène de Olivier Chapelet - Compagnie OC&CO • baal d’après Bertholt Brecht, Conception, mise en scène : raven ruell et Jos Verbist - theater Antigone
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–2013
• discours a la nation, Ascanio Celestini et david Murgia - Mise en scène de Ascanio Celestini avec david Murgia - théâtre national – Bruxelles/ Festival de Liège • bien lotis de Philippe Malone - Mise en scène Laurent Vacher - Compagnie du Bredin • risk de John retallack - Mise en scène eva Vallejo - L’interlude t/O • hold on, écriture collective : Anne Astolfe, Julie deliquet, Pascale Fournier et Gaëtan Gauvain - Cie Le LAABO • stéréoptik de Jean-Baptiste Maillet & romain Bermond - Compagnie Stéréoptik • la putain de l’ohio de Hanokh Levin Mise en scène de Laurent Gutmann - Compagnie La dissipation des Brumes matinales • miss kniFe chante olivier py de Olivier Py - Les Visiteurs du Soir
–2014
• À l’approche du point b de et mise en scène de Marie Clavaguera-Prat Compagnie Lanterne • cinq visaGes pour camille brunelle de Guillaume Corbeil, mise en scène de Claude Poissant - théâtre PAP - Montréal • mirror teeth de nick Gill, Mise en scène : Guillaume doucet - Groupe Vertigo • constellations de nick Payne, Mise en scène de Arnaud Anckaert - théâtre du Prisme • money! de et mise en scène de Françoise Bloch - Zoo théâtre - Liège • l’école des ventriloques de Jodorowsky, mise en scène de Jean-Michel d’Hoop Compagnie Point Zéro - Bruxelles
–2015
• et après de Lucie Gougat & Jean-Louis Baille, Mise en scène Lucie Gougat - Compagnie des indiscrets • braises de Catherine Verlaguet, mise en scène de Philippe Boronad - Compagnie Artéfact • paGe en construction de Fabrice Melquiot, Mise en scène de Kheireddine Lardjam - Compagnie el Ajouad • love and money de dennis Kelly, mise en scène de illia delaigle - Compagnie Kalisto • dakh dauGhters band - Création Collective du dakh theatre (Kiev, ukraine) • chunky charcoal de Sébastien Barrier, CPPC
–2016
• We love arabs de Hillel Kogan (tel Aviv ‐ israël), drôles de dames • lookinG For alceste de nicolas Bonneau, Collaboration à l’écriture : Cécile Arthus, Camille Behr et Fanny Chériaux - Compagnie La Volige • FiGht niGht de Alexander devriendt, Angelo tijssens, Aurélie Lannoy, Charlotte de Bruyne, Grégory Carnoli, Hervé Guerrisi, Jonas Vermeulen, Conception et mise en scène : Alexander devriendt - Ontroerend Goed (Gand, Belgique) • liebman reneGat de riton Liebman - Mise en scène de david Murgia - L'Ancre - (Charleroi, Belgique) • visaGe de Feu de Marius Von Mayenburg Mise en scène de Pierre Foviau - Compagnie Les Voyageurs • coÛte que coÛte de elisabeth Gonçalves Montlló-Seth, Mise en scène et chorégraphie : roser Montlló Guberna et Brigitte Seth - Compagnie toujours après minuit • histoire intime d'elephant man écriture, conception de Fantazio théâtre L’Aire Libre – Festival Mythos / CPPC – La triperie • revolt. she said. revolt aGain de Alice Birch. Mise en scène de Arnaud Anckaer – théâtre du Prisme
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