Pyrénées Eco « Attractivité du Béarn : l'atout sport »

Page 1

Pyrénées Eco

© JEAN-PHILIPPE GIONNET, MARC ZIRNHELD ET ASCENSION TORRENT

Supplément gratuit aux éditions du vendredi 29 mars 2019 - Ne peut être vendu séparément

Attractivité du Béarn :

L’ATOUT SPORT 8 PAGES SPÉCIALES


II

Les rencontres de l’attractivité EDITO

Attractivité, saison 2 Par le passé, on en a souvent vu de ces grandes messes où les décideurs phosphoraient collectivement sur le nécessaire, l’impératif, développement du territoire béarnais. Fréquemment répétées, elles n’ont, le plus souvent, guère été suivies d’effets, donné des résultats mesurables. Tout au plus auront-elles eu le mérite de soutenir le chiffre d’affaires de quelques traiteurs locaux. Avouons-le, ce n’est pas le chemin que semble prendre la démarche autour de l’attractivité engagée par la CCI PauBéarn. Après la grande réunion, organisée à l’hippodrome de Pau en novembre 2017, celle qui s’est déroulée ce jeudi, centrée elle sur le potentiel de la filière sportive, et qui a réussi à drainer 300 personnes, a montré que cette thématique du rayonnement du Béarn continue à intéresser pas mal de monde sous le beth ceu. Comme si à force d’entendre la phrase « vous avez tous les atouts ici mais personne ne le sait », tout le petit monde politique et économique avait fini par comprendre que ce sujet devait être abordé sérieusement et dans la durée. D’autant plus que la concurrence entre territoires pour attirer entreprises et talents est de plus en plus vive, souvent acharnée.

VENDREDI 29 MARS 2019

L’attractivité économique du Béarn

Soyons sport ! Trois cents personnes étaient réunies ce jeudi à l’hippodrome de Pau pour ces 2es Rencontres de l’attractivité organisées par la CCI Pau Béarn. © JEAN-PHILIPPE GIONNET

LE FAIT QUE LA CCI S’APPUIE SUR LES 8 EPCI DU BÉARN OFFRE DES FONDATIONS SOLIDES À CE CHANTIER. Le travail de la CCI Pau-Béarn, et son souhait d’établir un diagnostic précis des forces et faiblesses du territoire, stimule en tout cas les initiatives. Le fait que la chambre consulaire s’appuie sur les huit intercommunalités du Béarn pour mener à bien ce chantier offre en tout cas des fondations solides. Reste désormais à poursuivre les actions lancées (JOBBB, les ambassadeurs...), à en inventer de nouvelles. C’est le vœu de Didier Laporte qui a également annoncé une troisième édition de ces rencontres l’an prochain. Parions que d’ici là, de nouvelles graines auront été semées. ERIC NORMAND I

N EDITÉ PAR PYRÉNÉES PRESSE N DIRECTEUR DE LA PUBLICATION :

JEAN-PIERRE BARJOU.

N RÉDACTION : GÉRARD CAYRON,

PIERRE-OLIVIER JULIEN, ERIC NORMAND, VINCENT MARTINELLI, ANNE POUCHAN, NICOLAS REBIÈRE.

Dédiées au monde du sport, les Rencontres de l’attractivité ont réuni ce jeudi 300 personnes. L’occasion de vérifier que le Béarn a des atouts dans son jeu

Il en est persuadé : « Ici, en Béarn, on a tout ! » C’est François Bayrou qui le dit. La question n’est pas de savoir si le maire de Pau a tort, ou raison. Disons plutôt que son constat ne semble pas très éloigné de la réalité. Ce territoire est, effectivement, béni des dieux, et à plus d’un titre. Mais « il reste la question du rayonnement qui dépend de nous », complète, à juste titre, l’élu palois. Ça tombe bien ! Le rayonnement ? L’attractivité ? Parlons-en… Invité à ouvrir les travaux des Rencontres de l’attractivité économique, tenues ce jeudi à l’hippodrome devant environ 300 personnes, Paul Cueva-Gamard, directeur développement du cabinet de conseil en stratégie CEIS, n’a pour sa part aucun doute sur le sujet. « Le Béarn réunit toutes les conditions requises et a un fort potentiel pour développer une filière éco-

nomique autour du sport », a-t-il assuré lors de cet événement, dédié au monde du sport, et porté par la CCI Pau-Béarn (associée aux intercos béarnaises, 1). Le constat est donc fait : la base semble solide. Le Béarn a bel et bien des atouts dans son jeu. Maintenant, y a plus qu’à…

La guerre de l’image Or, la « mise en musique » de l’ensemble, la création de ce « cercle vertueux » appelé de ses vœux notamment par AndréPierre Bonamy (directeur du CNPC, école du groupe CCI), soulève d’emblée plusieurs questions. Dont une, essentielle : « Pour attirer des entreprises, créer de l’emploi, avoir une économie attractive aussi dans le domaine du sport, il faut d’abord gagner la bataille de l’image », at-on pu entendre ce jeudi. Exact. Cette « guerre des images », la nécessaire « scénarisation des

pratiques sportives », surtout dans ce secteur qui pèse lourd sur l’économie française - 39 milliards d’euros (« une hypothèse basse » selon Virgile Caillet, délégué de la 1re organisation professionnelle du secteur) – a nourri l’essentiel des propos de Didier Gadou. N’hésitant pas à s’aventurer sur un terrain pourtant glissant, le directeur de l’Elan béarnais a ainsi évoqué ces « modes de consommation du sport qui ont beaucoup changé ».

Supporters ou clients ? Quitte à en faire tiquer certains, il a également enfoncé une porte ouverte en rappelant qu’« aujourd’hui, on ne peut plus remplir un stade, un palais des sports, uniquement avec des supporters ». Le dirigeant du club de basket préfère donc parler « de relation clients ». Et ce au moins pour une (bonne) raison qui tombe sous le sens : « dans une maison, il faut de temps en temps penser à changer les tapisseries et la nappe. Sinon, on risque de se lasser ! » L’Elan a, dans un passé récent, un peu mesuré à ses dépens ce sentiment de lassitude. Voilà pourquoi – « et sans jamais oublier d’où on vient » précise

« TOUTES LES CONDITIONS REQUISES POUR DÉVELOPPER ICI UNE FILIÈRE ÉCONOMIQUE AUTOUR DU SPORT ». PAUL CUEVA-GAMARD, DIRECTEUR DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES POUR LE CABINET CEIS

Gadou – l’outil a été revisité, avec des jeux de lumières, la digitalisation de l’arène, l’apport de services supplémentaires aux spectateurs, etc… Appelé à son tour à s’exprimer, Bernard Pontneau n’a, bien sûr, pu qu’acquiescer, le président de la Section vantant les mérites « d’un plus grand rayonnement » lié au nouveau stade mais aussi à la diffusion de matches à l’étranger ou encore « l’impact » associé à la notoriété des grands joueurs étrangers attirés sous le maillot vert et blanc. Soit autant de leviers, mis au service « d’une marque » (la Section, l’Elan et d’’autres…) donc, mais également d’un territoire. GÉRARD CAYRON Ig.cayron@pyrenees.com (1) Les intercos associées à la CCI sont : Pau Béarn Pyrénées, LacqOrthez, Nord-Est Béarn, Haut-Béarn, les Luys-en- Béarn, Béarn des Gaves, Vallée d’Ossau, Pays de Nay


Les rencontres de l’attractivité

VENDREDI 29 MARS 2019

ZOOM

Un cluster qui associe le sport-loisir Interrogé dans nos colonnes (voir l’édition de lundi 25 mars), le président de la CCI Pau-Béarn rappelait le poids essentiel que peut apporter l’activité sportive sur le terrain de l’attractivité pour le Béarn. « Nous avons la chance d’avoir ici des clubs de haut niveau (Section, Elan…) qui sont déjà des vecteurs d’image. « Mais il y a aussi le canoë-kayak, avec son stade d’eaux-vives, le Tour de France bien sûr, ou encore le concours complet 5 étoiles, le golf, etc… », énumérait Didier Laporte. Non sans oublier le « sport loisir », autre « facteur de développement touristique ». Et de rappeler que l’organisme consulaire a déjà créé, avec l’Agence départementale d’attractivité et de développement touristique (AaDT), un cluster tourisme au sein duquel est intégré le sport loisir, « autre pan de la qualité de vie sur notre territoire ».

III

Tony Estanguet : « Le sport offre un potentiel qui n’est pas optimisé » Créer une dynamique globale autour d’un événement sportif, c’est précisément la mission du Palois Tony Estanguet à la tête des JO de Paris. Entretien.

Y a-t-il encore une certaine pudeur ou de la réticence à faire du business avec le sport ? En sport ou ailleurs, on a un rapport à l’argent qui n’est jamais simple. Mais ce qui m’intéresse dans le secteur du sport, c’est qu’il y a un marché et une économie. Je pense aux grands événements et aux clubs pro, par exemple la Section et l’Élan sur Pau, qui drainent du monde et ont un vrai impact économique, un côté business qu’on assume qu’à moitié. Mais j’insiste aussi sur le volet sociétal. Moi j’ai grandi et je me suis construit dans un club. On ne peut pas dire qu’il y avait une économie forte autour du canoëkayak à Pau, mais si je suis aujourd’hui à la tête du Comité d’organisation des Jeux Olympiques 2024, c’est beaucoup parce que j’ai été façonné par un club amateur. Et ces clubs, ils existent parce que des territoires les accompagnent, ce qui est souvent sous-considéré.

Le président de la CCI Pau Béarn, Didier Laporte, a proposé de créer un grand événement de sport. ©JPG

« Un remue-méninges constructif pour pousser la marque Béarn » Heureux d’avoir assisté à un « remue-méninges constructif », Didier Laporte a rappelé que plusieurs sillons ont déjà été creusés depuis le premier diagnostic, posé il y a tout juste un an, lors de l’édition inaugurale des Rencontres de l’attractivité. Un diagnostic réalisé, rappelons-le, grâce à l’expertise de CEIS, un cabinet réputé en matière de conseil en stratégie et en accompagnement opérationnel (lire en page suivante).

aussi profité de la tribune pour effectuer un point d’étape sur l’existence de la plateforme JOBBB (pour Béarn, Bigorre, Pays basque). Dédiée à l’emploi des conjoints, et portée aujourd’hui par 150 entreprises, elle pourrait voir son périmètre évoluer. Mais, à ce jour, cela donne « près d’une centaine d’offres d’emplois visibles, 85 CV publiés et déjà une dizaine d’emplois trouvés ! » s’est félicité le patron de la chambre consulaire en évoquant « un taux d’employabilité qui atteint 50 % ».

Objectif 2 000 Son directeur, Paul CuevaGamard, présent ce jeudi à l’hippodrome, n’a donc pas été surpris d’apprendre que, au cours des 12 derniers mois, « 175 ambassadeurs du Béarn ont déjà été mobilisés », s’est félicité le président de la CCI Pau-Béarn. L’objectif affiché à terme est d’atteindre « les 2 000 ambassadeurs » Le président de la chambre a

Grand événement en gestation ? Il a également conclu ces Rencontres de l’attractivité, appelées à perdurer en 2020 sur « une thématique plus large », en formulant un vœu doublé d’un appel « à tous les acteurs du territoire. Didier Laporte se propose en effet de créer « un grand événement de sport » ! Affaire à suivre… G. C. I

Les territoires ont-ils vraiment pris la mesure du potentiel économique lié au sport ? J’ai l’impression qu’on pourrait faire mieux. Le sport offre un potentiel qui n’est pas optimisé. Un territoire qui investit dans le sport est responsable. C’est se préoccuper de la santé et du bien-être des Français, mais c’est aussi une question d’épanouissement et de lien social. On ne prend pas toujours la mesure du rôle sociétal du sport au quotidien. Je suis convaincu qu’il y a de la place pour miser davantage sur le sport et ses valeurs.

Y a-t-il d’autres choses à inventer entre le sport et le monde de l’entreprise ? Il y a des projets d’entreprise autour de la notoriété, et le sport a largement de quoi en offrir. Les Jeux de Paris, par exemple, seront regardés par quatre milliards de personnes, donc quand une marque s’associe, l’impact est important. D’autres entreprises s’intéressent vraiment aux enjeux de société, à des questions de santé, d’éducation... Certaines s’associent au plan d’héritage de Paris 2024, s’engagent sur le sport santé, le handi-

« LE SPORT PEUT OFFRIR UNE LARGE PALETTE DE RETOMBÉES, CERTAINES ÉVIDEMMENT TRÈS ÉCONOMIQUES. »

« Un territoire qui investit dans le sport est responsable », estime le triple champion olympique palois. © ARCHIVES MARC ZIRNHELD cap. Elles veulent investir pour que la société française soit plus inclusive. Ce n’est pas que de l’image et de l’exposition médiatique.

sport qui est encore sous-considéré. Or, on a besoin d’espaces d’échanges, où on mixe les populations. Le sport le permet.

Que répondez-vous à ceux qui doutent Comment un territoire comme Pau encore de l’intérêt d’investir dans le peut-il profiter de l’effet Paris 2024 ? sport ? Le sport peut offrir une La finalité, ce n’est pas que l’évélarge palette de retombées, certaines évidemment très économiques. Les JO à Londres, c’était +8 % d’activité touristique sur les cinq années suivantes. Même à Pau, pour la Coupe du monde et les Championnats du monde de canoë-kayak, c’était environ 100 000 spectateurs et il y a eu plus d’1,3 million d’euros de retombées pour 10 % qui ont été investis par la collectivité. Par rapport aux Jeux, ce sont de petits montants, mais pour les territoires ce n’est pas rien !

nement. On veut entraîner tout un écosystème avec nous. L’événement est un prétexte pour développer la place du sport. Du coup, les collectivités et les associations peuvent se greffer à la dynamique avec le label « Terre des Jeux 2024 », qui reconnaîtra la valeur de leur investissement, et pas seulement financier.

Le vecteur n°1 pour l’attractivité, c’est l’événement ou le club ? C’est très

Je trouve intéressant ce concept qui dit qu’on sera plus efficace si on mutualise nos moyens, nous État, collectivités, entreprises, associations. Je suis un soutien de cette agence qui doit effectivement se décliner dans les territoires pour se rapprocher des Français. Après, je ne sais pas s’il manque un maillon. On a suffisamment de structures et différents niveaux de collectivités en place, donc pourquoi en rajouter ? Je suis pour optimiser l’existant avec plus d’échanges. PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT MARTINELLI Iv.martinelli@pyrenees.com

complémentaire. L’événement donne un coup de projecteur énorme, je me souviens que pour les Australiens, les JO de Sydney équivalaient à dix ans de campagne de promotion du pays ! Mais la réalité c’est aussi le quotidien, donc les clubs et les associations sportives. Je ne veux pas faire de politique, mais ce mouvement des gilets jaunes, c’est aussi des Français qui ont besoin de s’exprimer. Et souvent, ils se retrouvent le week-end sur les matches de leurs gamins. Et ça, c’est un rôle du

Une agence du sport a été créée à l’échelon national, faut-il aussi créer ou développer quelque chose au plan local pour booster la dynamique sportive, y compris économique ?

ZOOM

L’expérience des Mondiaux au stade d’eaux-vives Tony Estanguet le reconnaît. La présidence de l’organisation des Mondiaux de canoë-kayak à Pau lui a permis de mesurer tous les enjeux qui gravitent autour d’un événement sportif. « C’était la première fois qu’on me faisait confiance pour piloter un projet, mener une organisation, se souvientil. Ce qui était très formateur, c’était l’obligation de réussite et la nécessité d’être sur le terrain. On avait pu mettre en place un comité d’organisation ex-nihilo, repenser le modèle en créant le festival de l’eau vive pour ajouter une dimension culturelle et s’ouvrir à un public qui n’était pas connaisseur du canoë-kayak. C’est ce que j’essaie de faire aujourd’hui avec Paris 2024, pour préparer des Jeux ouverts. On veut vraiment qu’ils bénéficient au plus grand nombre. Toutes ces questions, je les ai d’abord expérimentées à Pau.


IV

Les rencontres de l’attractivité

En tête aussi sur les réseaux Clubs et sportifs du Béarn s’imposent également sur les terrains numériques : Instragram, Twitter et Facebook ont la cote. Les principaux clubs du Béarn sont actifs sur les réseaux sociaux. En tête sur tous les fronts (Facebook, Twitter et Instagram), la Section Paloise – qui a également développé une application mobile – est particulièrement efficace pour informer ses supporters, avec notamment des directs et des vidéos. Chaque jour, des posts viennent conforter les liens de la communauté des « vert et blanc ». Du côté des personnalités, Tony Estanguet, triple champion olympique désormais président du Comité d’organisation des

Jeux Olympiques de Paris 2024, affiche 139 000 followers sur Twitter : le drapeau béarnais brille grâce aux couleurs olympiques. Twitter est ainsi le réseau social principal pour la communication des « institutionnels », même si certains sportifs, à l’instar de Steffon Armitage, y restent actifs… et très suivis (46 700 followers). Mais c’est surtout sur Instagram, prisé par les plus jeunes, que le Béarn sportif explose – il suffit de constater le nombre d’abonnés d’Alexandra Lacrabère (23 300) ou de Jérémy Chardy (64 900). Les joueurs étrangers qui évoluent sous le beth ceü participent, eux aussi, de cette dynamique : avec plus de 75 000 abonnés, le NéoZélandais Colin Slade est ainsi un ambassadeur de choix.

VENDREDI 29 MARS 2019

Paul Cueva-Gamard : « Le s un levier de développemen Paul Cueva-Gamard a travaillé pour les acteurs locaux afin de définir une stratégie pour améliorer l’attractivité du territoire. Il relève que la filière sportive peut être un levier efficace pour mettre en lumière le Béarn.

trielles historiques du territoire car il y a une forte dépendance aux grands comptes qui n’ont pas forcément leur centre de décisions en Béarn ; et enfin diversifier le tissu économique pour favoriser l’émergence de nouveaux écosystèmes.

Après avoir défini ces quatre orientations, que va-t-il se passer ? Au sein Le cabinet CEIS (lire aussi le zoom) accompagne la CCI PauBéarn dans sa stratégie pour améliorer son attractivité. Responsable de l’activité développement des territoires au sein du cabinet, Paul Cueva-Gamard décrypte les implications de ces travaux.

En quoi a consisté votre travail pour la CCI Pau-Béarn ? La CCI et les collectivités du Béarn nous ont missionnés pour définir une stratégie de développement économique à l’échelle du Béarn. Il y a donc eu un travail en trois temps. D’abord le diagnostic, restitué lors des premières rencontres de l’attractivité le 23 novembre 2017. Nous avions constaté que le Béarn est un territoire béni des dieux qui montre toutefois des signes de fléchissement sur lesquels il faut travailler. Mais qui a également de vrais atouts. Ce diagnostic a été partagé avec les principales forces vives du territoire. Soit une trentaine d’acteurs, dont les différentes EPCI qui font partie du pôle métropolitain Pays de Béarn ainsi que le Pays de Nay.

Quelles ont été les étapes suivantes ? Nous sommes ensuite passés à une seconde phase qui a consisté à définir une stratégie coconstruite, avec la CCI en pilote et les 8 intercommunalités du Béarn. Nous avons défini quatre orientations stratégiques : renforcer l’attractivité du territoire et valoriser son image ; accueillir et accompagner les entreprises et talents du territoire ; conforter les filières indus-

de ces quatre orientations stratégiques, nous avons décliné 24 actions. Soit six actions par orientations. Nous sommes sur du court et moyen terme, soit un à 5 ans. C’est pour moi, la bonne échelle pour lancer des choses. Pour chacune de ces actions, nous avons travaillé avec les EPCI pour définir des objectifs réalistes, avec un pilote, des travaux à mener, des partenaires (publics comme privés) et des indicateurs. C’est un vrai plan d’action opérationnel.

Pouvez-vous citer quelques exemples d’actions qui seront conduites ? J’en citerai deux. La première, c’est la démarche « grands comptes », autour de l’ancrage des grandes entreprises du territoire. II faut être aujourd’hui encore plus à l’écoute de ces grands comptes, répondre rapidement aux besoins de ces entreprises sur des sujets comme les réseaux, la fibre, les compétences, le foncier, l’immobilier... L’entreprise qui reste à vie sur un territoire, c’est terminé. Pour cela, la collectivité a un vrai rôle à jouer, pour mieux connaître, détecter les opportunités, renforcer l’ancrage local, mettre en relation avec l’écosystème des PME et les pôles de formations… Second exemple, il y a tous les ingrédients pour s’appuyer sur le sport, en faire une forte identité et un levier de développement. Le Béarn est un territoire « sport friendly. » Rien qu’à Pau, vous avez 20 000 licenciés sur la ville, c’est l’un des taux les plus importants au niveau national. Il y a d’autres exemples de ce

ZOOM

Aider à définir la stratégie des territoires Le cabinet CEIS (pour Compagnie européenne d’intelligence stratégique) est un cabinet français créé en 1997, basé à Paris mais qui travaille sur tout le territoire français en étant présent dans 11 régions sur 13. Il est spécialisé dans le conseil en stratégie et en accompagnement opérationnel pour deux types de clients : les entreprises et les collectivités (ou autre structures publiques comme les chambres consulaires par exemple). CEIS les accompagne de la définition de la stratégie jusqu’à la mise en œuvre. L’objectif est de travailler à l’attractivité afin d’attirer de nouvelles entreprises, maintenir celles qui sont là, séduire des talents, des profils qualifiés, des étudiants, des cadres sur des postes spécifiques, d’ingénieurs, dans le numérique. «La concurrence n’a jamais été aussi forte entre les territoires pour accueillir des talents ou des entreprises» pointe Paul Cueva-Gamard.

Paul Cueva-Gamard est intervenu ce jeudi à l’hippodrom

EN CHIFFRES

410 000C’EST LE NOMBRE D’EMPLOIS EN FRANCE LIÉS À LA PRATIQUE DU SPORT, SOIT 2% DU PIB DU PAYS.

dynamisme en Béarn : Oloron a un label sport pour tous, Pau a été ville européenne du sport en 2018. À côté de cela, les équipements sportifs sont nombreux et de qualité (stade du hameau, hippodrome, domaine de Sers, stade d’eaux-vives, palais des sports…) avec des clubs qui contribuent au rayonnement du Béarn. De plus, on accueille ici de grands événements sportifs nationaux et internationaux : Tour de France, CCI 4*, cluster So Horse Alliances, Grand Prix de Pau, championnats de canoëkayak. À cela s’ajoute, un pôle de formation unique en son genre avec le CNPC pour les métiers du sport dans la distribution (Lire ce sujet en P. VIII). Pour terminer, vous avez des sportifs locaux qui contribuent au rayonnement du territoire, comme Tony Estanguet, président du COJO 2024 (Comité d’organisation des Jeux Olympiques 2024).

Ce constat effectué, que faire ? Créer une dynamique collective pour mettre en place une filière économique. Le sport et l’économie, il y a encore quelques années, n’allaient pas de pair.


Les rencontres de l’attractivité

VENDREDI 29 MARS 2019

sport peut être nt pour le Béarn»

V

Les pratiques sportives dans le 64 X 184 500 licenciés

Le département des PyrénéesAtlantiques dénombre près de 185 000 licenciés (données Injep de 2017). Des jeunes en grande partie (50 à 60 %). Des femmes (ou filles) pour un tiers d’entre eux. Concernant ces pratiques fédérales, une tendance se dessine dans les Pyrénées-Atlantiques : - En Béarn et en Soule, le sport collectif est roi. 162 communes de notre « pays » comptent plus de licenciés en rugby que dans d’autres sports. Dans 142 autres communes, c’est le football qui l’emporte. - Au Pays basque, le sport individuel est sport n°1 dans de nom-

breuses communes, qu’il s’agisse des licenciés de pelote basque ou des pratiquants de golf. Cela dit, une fois les chiffres agglomérés à l’échelle de l’intercommunalité, le rugby et le foot s’avèrent les plus gourmands en licenciés aussi au Pays basque.

X La pratique libre

Le baromètre des pratiques sportives 2018, commandé par le ministère des sports et publié en ce début 2019, révèle que le nombre de sportifs hors fédération est très grandement majoritaire chez les plus de 15 ans. Au niveau national, un quart seulement des « grandes per-

sonnes » qui pratiquent un sport sont titulaires d’une licence. Au premier rang de ces activités en autonomie, la course et la marche (40 %). La gymnastique et les pratiques de la forme (salles de sport) emboîtent le pas, suivies de près par la natation et autres sports aquatiques. Autant de tendances qui se vérifient au niveau de notre département. Les Pyrénées-Atlantiques comptent ainsi pas moins de 150 courses à pied, sur route ou en pleine nature, rien qu’en cette année 2019... Il faut dire que le cadre des Pyrénées et de nos coteaux se prête particulièrement à ce type d’exercice. A.P.

me pour mettre en lumière les atouts de la filière sportive pour le territoire béarnais © JEAN-PHILIPPE GIONNET Aujourd’hui, cela change. En France, la filière sport représente 2 % du PIB, c’est 410 000 emplois. Nous avons un contexte très favorable pour faire émerger une filière, avec des enjeux sociétaux, de santé, économiques… Enfin, dans la filière des grands événements sportifs, si la France a une spécialité, le Béarn également. Et donc une carte à jouer.

Comment faire travailler tout le monde ensemble ? L’enjeu, c’est déjà de bien cartographier le savoir-faire local. Et ensuite voir où on peut être différenciant pour trouver un positionnement. D’autres territoires ont déjà plusieurs longueurs d’avance avec des thèmes comme sport & nature ou sport & innovation. Il faut donc savoir sur quoi on peut aller dans la thématique du sport. Par exemple, en Belgique dans les Flandres, un cluster a été créé autour du cyclisme.

Quels créneaux prendre en Béarn? Ces rencontres sont une première étape pour définir ce positionnement. Mais je crois à la notion de territoire d’expérimentation. Pour cela, il faut trouver une convergence d’intérêts entre industriels, gestionnaires d’équi-

«DANS LE SPORT, IL Y A DES OPPORTUNITÉS FORTES A SAISIR POUR DÉVELOPPER L’ATTRACTIVITÉ DU BÉARN» PAUL CUEVA GAMARD, CABINET CEIS

pements, institutionnels… Cela permettra de réfléchir à la thématique, le positionnement.

Ressentez-vous ici l’envie d’avancer autour de cette thématique du sport ? Tout le monde a une envie de travailler à l’identité du Béarn, à son rayonnement. On peut donc trouver cette convergence d’intérêts entre acteurs. Et il y a des opportunités fortes à saisir, notamment avec les grands événements. Par exemple, Tony Estanguet a lancé avec les JO, une initiative « terres de jeu » pour permettre à des collectivités d’accueillir le camp de base de certaines délégations. Le Béarn a de vrais atouts à faire valoir pour accueillir des délégations, que ce soit dans le rugby avec la Coupe du monde 2023 ou dans des sports liés au JO.

Avez-vous des exemples en France de territoire qui ont tiré leur épingle du jeu grâce au sport ? Je pense au pays Voironnais, dans le Nord de l’Isère. Pour garder le siège de Rossignol, le fabricant de skis, cette petite communauté d’agglo a mis en place une filière liée au sport et à la santé et a notamment racheté un site de Creps. De quoi créer un campus, réhabiliter le site puis organiser l’accueil d’événements sportifs. Il y a eu là-bas une convergence d’intérêts pour capter des projets et attirer de nouvelles entreprises. Le sport concerne alors tout le territoire. RECUEILLI PAR ÉRIC NORMAND I e.normand@pyrenees.com.

LES ACTIONS CONCRÈTES

X

ATTRACTIVITÉ Déjà170 ambassadeurs Le concept d’ambassadeur du Béarn a germé lors des premières Rencontres de l’attractivité, lancées par la CCI Pau-Béarn et les collectivités locales en 2017. Pourquoi ne pas profiter de la «diaspora» béarnaise disséminée à travers le monde pour vanter les mérites d’un territoire qui mérite le détour? La démarche a été lancée sous la houlette de Pierre Nerguararian, viceprésident de la CCI. Depuis, l’Agence d’Attractivité et de Développement Touristique du Département (AADT) s’est agrégée à l’initiative afin de mutualiser les forces. Un site internet en quatre langues (espagnol, portugais, anglais, français), www.ambassadeursdubearn.com a été lancé, et des séminaires de travail avec les ambassadeurs bénévoles ont été organisés. Aujourd’hui, plus de 170 amoureux du Béarn « enthousias-

tes et positifs » se sont déjà portés volontaires pour vanter les mérites du territoire

CONJOINTS La plateforme JOBBB prend de l’ampleur Autre réalisation concrète née après les premières rencontres de l’attractivité, la plateforme JOBBB (pour Béarn, Bigorre et Pays basque). Elle est apparue à partir du constat de certaines entreprises qui avaient du mal à attirer des cadres, faute de pouvoir pourvoir au métier de leurs conjoints. Dès lors, la plateforme JOBBB notamment pilotée par Hervé Turpin de la CCI, a depuis pris de l’ampleur : 150 entreprises du territoire y adhèrent. JOBBB permet de mettre en contact des conjoints nouvellement arrivés avec le monde économique du territoire, et faciliter ainsi leur intégration. En un peu plus d’un an, 8 conjoints ont ainsi

pu trouver un emploi grâce à l’initiative.

PROSPECTION Invest In Pau a fait gagner des emplois C’est la tête chercheuse des nouvelles implantations d’entreprises de la CCI Pau Béarn. La marque Invest In Pau facilite l’installation d’activités à travers un dispositif de facilitation. Réseau d’agences immobilières, analyse des besoins, recrutement de talents, la marque «Invest In Pau» vient en aide aux porteurs de projets. L’an passé, elle a pu recevoir 72 nouveaux prospects. Le bilan est éloquent : la plateforme qui dispose d’un site web dédié a permis 20 nouvelles implantations réalisées depuis 2017. Depuis 2016 en Béarn cela représente un total de 237 nouveaux emplois. 60% de ces sociétés sont françaises et 40% sont étrangères.


VI

VENDREDI 29 MARS 2019

Les rencontres de l’attractivité

Ces entreprises du sport qui font la LUYS-EN-BEARN : Kiwami, la passion LACQ-ORTHEZ : le groupe Arkema accompagne l’évolution des équipements du triathlon cultivée à Montardon Rien d’évident, à première vue. Pourtant, le groupe industriel Arkema, principal employeur du bassin de Lacq, où il exploite quatre sites, est lui aussi acteur du monde sportif. Il contribue à l’amélioration de la conception des équipements sportifs grâce à des solutions techniques efficaces. Cela vaut particulièrement pour les semelles de chaussures, produit Pebax présenté comme « l’élastomère (un matériau connu pour son élasticité) le plus performant du marché ». De grands équipementiers mondiaux l’ont retenu pour leurs chaussures de rugby, tennis, course à pied ou football. Lors du dernier Mon-

Le Mini 6.50, un prototype construit en résine thermoplastique Elium® issu des laboratoires du Groupement de recherche de Lacq (GRL) Arkema CDR

dial en Russie, 70 % des équipes étaient d’ailleurs dotées de chaussures contenant cet élastomère. On le retrouve également dans la coque des chaussures de ski haut de gamme « où ses qualités sont d’autant plus recherchées qu’elles restent constantes à basse température », indique Arkema. Le groupe industriel, qui associe par ailleurs son image à la prochaine Coupe du monde de football féminin (en France, à partir du 7 juin), décline aussi sa gamme de produits en version textile pour des vêtements dédiés aux sportifs. Mais ce n’est pas tout... La présence du savoir-faire de l’industriel apparaît dans la formulation des revêtements des skis, des kayaks, des selles ou des cadres de vélos,... Plus visible, en revanche, est la présence d’Arkema dans le milieu de la voile et du nautisme. Depuis 2013, ce groupe accompagne l’écurie du skipper médocain Lalou Roucayrol. Les équipes d’Arkema et de ‘Lalou Multi » ont réalisé en 2016 un prototype de classe Mini 6.50, intégralement en composite recyclable, à base de résine thermoplastique Elium®. Laboratoire d’innovations, ce prototype unique au monde est arrivé en 6e position de Mini-Transat « La Boulangère » G.C. Ig.cayron@pyrenees.com

toujours très concurrentiel » rappelle Hélène, mais le succès n’en est pas moins au rendez-vous. Doté de son propre atelier de recherches et de fabrication, Kiwami, dont les produits sont essentiellement vendus sur internet et via des réseaux spécialisés, exporte en effet un peu partout. « Allemagne, Autriche, Suisse, Belgique et plus récemment Israël, mais aussi le Canada et les Etats-Unis », développent les Watson qui explorent également le marché des tenues cyclistes et des maillots de bain.

Hélène et Craig Watson, un couple de sportifs de haut niveau, à la tête de Kiwami depuis 16 ans. © N.S. Pour comprendre l’histoire des Watson, impossible de ne pas utiliser le mot-clé « Triathlon ». Anciens sportifs de haut niveau, la Béarnaise Hélène, multi-championne de France, et son mari néo-zélandais Craig, vu notamment aux J.O. de Sydney, continuent à cultiver depuis plus de 15 ans leur passion commune. Voilà comment est né Kiwami, florissante PME (11 salariés) de Montardon, spécialisée dans la fabrication de tenues de triathlon haute performance. Il s’agit certes d’une activité de niche, « dans un milieu

« Il y avait mieux à faire » Grâce à la qualité de leur expertise, qui repose sur du vécu, le cœur de cible de l’entreprise montardonnaise reste bien sûr le triathlon. « Quand nous étions coureurs, avec Craig, on s’était rendu compte que le textile des vêtements portés n’était pas optimal, qu’il y avait donc mieux à faire », se souvient Hélène Watson. Bien vu. Leur société connaît, ces dernières années, un développement régulier, récompensé encore l’an dernier par une aide de la Région, mais aussi l’obtention (en 2017) d’un ISPO Award. On parle là d’un salon qui est à l’industrie du sport ce que les Oscars sont au cinéma ! G.C.

VALLÉE D’OSSAU : le « terrain de jeux » PAU : Avec ST37, l’intelligence artificielle entre sur les terrains de sport d’Aventure Chlorophylle Solidement ancré à Louvie-Juzon, Aventure Chlorophylle est d’abord le reflet d’une belle aventure collective. Dirigée par Nicolas Terrier, cette structure, qui fonctionne un peu comme un syndicat professionnel, regroupe une grosse vingtaine de moniteurs diplômés d’Etat dans le domaine des sports d’eaux-vives et de la montagne. Chaque année, ces professionnels, pour lesquels la vallée d’Ossau est « un véritable terrain de jeux » disent-ils, voient passer en moyenne, « toutes activités confondues, quelque 5 000 pratiquants en demi-journée ou journée complète », se félicite Nicolas Terrier qui n’oublie pas les difficultés rencontrées courant 2018 en raison « d’évènements climatiques » répétés. Ce bureau permet notamment aux moniteurs, retenus par leurs activités à l’extérieur, « de prendre les réservations, de mutualiser la communication, un peu à l’image de ce qui se fait par exemple pour les moniteurs de ski ». La formule fonctionne sur ce territoire où Aventure Chlorophylle est un acteur reconnu, au même titre que le bureau d’accompagnement pour les randonnées en montagne. La large palette d’activités proposées (1), sur environ une trentaine

de sites différents, est un autre facteur du succès. D’autant que, en matière de canyoning surtout, « la vallée d’Ossau reste, dans tout le grand sud-ouest, « un spot très prisé d’avril à septembre », rappelle le professionnel. Les résultats, attendus, du diagnostic qui a été réalisé sur les sports de nature devraient, en outre, permettre d’enclencher « des opérations de valorisation sur nos sites de canyoning ». En Ossau, on en compte pas moins d’une trentaine. G.C. N (1)- Rafting, canyoning, hydrospeed, spéléologie, via Ferrata, escalade, alpinisme, VTT)....

Aventure Chlorophylle propose, depuis 2001, de multiples activités d’eaux-vives en Ossau. © DR

Start-up originale, Sportech37, désormais installée sur la technopole Hélioparc (voir notre édition du 16 octobre 2018), est spécialisée dans les solutions de vidéo-arbitrage apportées par l’intelligence artificielle (IA). En clair, Carolina Riquelme et son coassocié Carlos Pineda, ancien champion vénézuélien d’escrime, s’appuient sur la robotique et l’IA afin de proposer des solutions innovantes permettant de fournir des aides à la décision en un temps record. Même si leur partenaire technique (ST 37 Sport and Technology Limited) se trouve à Dublin, le duo a choisi Pau pour « la qualité de son écosystème sportif local ». C’est donc à partir d’ici, en Béarn, que ST37 - qui veut travailler pour toutes les familles de sports olympiques d’ici les JO 2024, à Paris - entend devenir « un partenaire de référence en matière de vidéo-arbitrage en se positionnant avantageusement par rapport au système VAR (assistance vidéo à l’arbitrage) ». Les premières approches sont plus que prometteuses puisque la start-up paloise va s’engager avec la Fédération française d’escrime (pour les compétitions réservées aux valides, mais aussi handisport). Par ailleurs, ST 37 réalise actuellement des tests pour le compte de plusieurs disciplines

Carlos Pineda et Carolina Riquelme sont, pour la France, les co-associés représentant Sportech 37. © JP GIONNET (équitation, tennis, divers sports d’été...). «La robotisation et l’utilisation de l’intelligence artificielle nous permettent d’avoir, en quelque sorte, des yeux partout pour fournir une aide plus rapide. Et, grâce à des algorythmes, nous pouvons traiter les images en temps réel », expliquent les promoteurs. A leurs yeux, le système VAR, utilisé sur les stades de foot, « est déjà une technique ancienne. La structure est lourde, le système coûteux et son utilisation prend du temps », estiment-ils... tout en lorgnant sur des marchés potentiels aux proportions vertigineuses. G.C.


VENDREDI 29 MARS 2019

Les rencontres de l’attractivité

VII

fierté des territoires béarnais NORD-EST BEARN : Sport’R, rayonnement BEARN DES GAVES : avec Rafting 64, grand sud-ouest depuis la région paloise l’expérience Béarn à vivre depuis Montfort L’histoire s’est ébauchée il y a déjà une décennie, mais la montée en puissance se poursuit avec l’ambition affirmée « de rayonner sur tout le grand sud-ouest ». C’est d’ailleurs pour cela que Sport’R, nom derrière lequel on trouve Cyril Ribaut et son frère, Fabrice, s’est installé en région paloise, sur la zone de Berlanne (Morlaàs). Forts de leurs expertises dans le milieu de l’équipement sportif et le monde de la grande distribution, ils ont d’abord ouvert en Béarn le premier « Macron Store » -

C’est sur la zone de Berlanne, à Morlaàs, que Sport’R a ouvert, en 2010, le premier « Macron Store » de France. © DR

marque pour laquelle ils jouissent du statut de distributeurs exclusifs - de France. Depuis 2010, les lancements de sites se succèdent, à Albi, dans le Tarn-etGaronne, les Landes, en Haute-Vienne et Corrèze, bientôt à Perpignan, puis « peutêtre » Bordeaux « sous 2 ans ». L’ensemble du réseau, qui génère un chiffre d’affaires annuel d’environ 2 M€ est porté « par une croissance de l’ordre de 10 % ». De quoi donc continuer à nourrir des projets tels que l’arrivée d’autres « Macron Store » ou de showrooms (déjà plus de 700 m2 à Berlanne). En fait, Sport’R, qui détient un portefeuille clients enviable (APR, Olano, groupe Nestlé.., plus de nombreuses PME), fait valoir un catalogue riche « de plus de 500 articles » et développe « 80 % de l’activité dans le milieu du sport ». Equipementier visible, via notamment les maillots de la Section ou du Biarritz Olympique, il est par exemple auprès de quelque 400 clubs et associations dans les seules Pyrénées-Atlantiques. Mais le Lot-et-Garonnais d’origine qu’est Cyril Ribaut n’ignore pas où se trouvent ses « autres leviers de croissance ». A savoir « le produit textile pour les entreprises » ou encore « les objets publicitaires ». G.C.

De nombreuses activités à découvrir, dont le rafting, à partir de la nouvelle base installée à Montfort. © DR

C’est désormais dans le village de Montfort que Rafting 64, société d’activités de loisirs dirigée par Nicolas Chapart, a recentré l’ensemble de ses activités (rafting bien sûr, mais aussi accrobranche, paintball, canyoning, golf,...). Ce déménagement depuis Navarrenx est la conséquence des inondations, importantes - 40 000€ de matériel perdu - subies en 2018. « Mais cela va nous permettre aussi de mieux développer notre offre afin de fonctionner toute l’année », explique le

responsable qui, essentiellement grâce à l’activité de rafting, voit passer « 6 000 à 7000 personnes par an ». En saison d’été, une dizaine de salariés sont mobilisés par Rafting 64 qui peut également proposer des prestations à domicile (chasse au trésor...), voire des séjours sur mesure. Par ailleurs, un nouveau concept, reposant sur l’idée d’une « expérience en Béarn », est désormais vendu sur internet. N On peut se renseigner à l’adresse www.experiencebearn.com, ou par téléphone (05 59 06 04 05).

HAUT-BEARN : Phœnix Innoplast, quand PAYS DE NAY : Centaure, le producteur plasturgie et équitation font bon ménage d’un (gros) évènement équestre C’est sur la zone de Lanneretonne, à Oloron, que Phœnix Innoplast, spécialiste reconnu dans le domaine de la plasturgie, s’est taillé une place enviable depuis le rachat de la société Sklop, en 2006. Cette PME (5 salariés ; 2,4 M€ de chiffre d’affaires), dirigée par Manfred Hödl, citoyen autrichien installé en France depuis un quart de siècle, déploie ses productions de solutions plastiques dans plusieurs secteurs : la construction, surtout, mais également la mode, le paramédical, et donc le sport et les loisirs. « Pour nous, il s’agit d’un axe important de développement même si la clientèle est, parfois, un peu volatile », explique Manfred Hödl. Il travaille pour une cinquantaine de magasins spécialisés, essentiellement français.

merce Pau-Béarn, s’appuie sur sa propre marque, Hexa Equitation, présente depuis plusieurs années. C’est sous ce nom qu’elle propose différents types de produits, « guêtres, protections pour les chevaux, outils de dressage,...». D’autres acteurs enrichissent le fichier clients de la PME oloronaise, tels que « Vert Voltige » (site d’accrobranche) à Bosdarros ou encore Flex’On, le spécialiste des étriers, basé à Morlaàs. G.C.

Une marque propre Mais, si le marché hexagonal représente « 80 % de l’activité », Phœnix Innoplast exporte également un peu, à destination « de l’Allemagne, du Japon, mais aussi l’Afrique du sud, l’Australie, la Corée...» Pour cela, l’entreprise haut-béarnaise, membre du Cluster équin So Horse Alliances porté par la chambre de com-

Manfred Hödl dirige Phœnix Innoplast, à Oloron. © DR

C’est à partir de Nay, depuis les locaux entièrement restaurés d’une ancienne scierie, qu’est produit l’un des plus gros évènements équestres de la planète. En l’occurrence le fameux « 4 Etoiles de Pau » (1), dédié au concours complet chaque mois d’octobre, sur le domaine de Sers. « Et oui, c’est ici que tout se passe ! » se plaît à rappeler Pascal Sayous, fondateur depuis 1991 et président de Centaure Productions, un homme qui a « fait le choix de vivre à la campagne et ne changerait pour rien au monde... même si ce n’est pas toujours simple ! ». Son activité ? « M’occuper de tout ! » s’amuse l’intéressé. C’est-à-dire, sur la base d’un budget d’environ 1,4 M€, « monter l’évènement de A à Z », tant sur le plan financier que sportif, en matière de logistique aussi, sans oublier les droits télé. La préparation de l’évènement d’octobre lui prend « la quasi-totalité » de son temps. Mais, le moment venu, Pascal Sayous, épaulé toute l’année par un autre permanent et plusieurs stagiaires, s’adjoint toutefois les services « d’une cinquantaine de personnes embauchées pour l’occasion ». Sans oublier « les quelque 300 bénévoles amenés par l’association

Pascal Sayous, le fondateur de Centaure Productions ©A.T. Pau Events ». Pour mémoire, rappelons qu’il s’agit là de la seule manche du circuit mondial (qui compte 6 épreuves) disputée en France. Et, chaque année, notamment grâce à la spectaculaire épreuve de cross, « 28 000 à 40 000 personnes assistent au concours. Ce n’est quand même pas neutre par rapport au rayonnement du territoire », souligne Pascal Sayous. N (1) La fédération internationale apporte des changements à ses principaux évènements. Dès 2019, pour la 28e édition (24 au 27 octobre), on parlera donc d’un concours « 5 Etoiles ».


VIII

Les rencontres de l’attractivité

VENDREDI 29 MARS 2019

Le CNPC Sport, une école encore unique en Europe Créée en 1981 à Lescar, l’école supérieure dédiée au commerce du sport est devenue indispensable pour les marques et enseignes. 23 stagiaires à la création de l’école à Lescar, 100 fois plus aujourd’hui sur les 8 sites du groupe en France. Et une renommée hexagonale, voire européenne, qui ne se dément pas. Le CNPC Sport, l’école supérieure 100 % dédiée au commerce du sport, est devenu au fil des ans un fleuron de la formation. Et un rouage essentiel pour bon nombre d’enseignes et de marques en mal de salariés qualifiés et immédiatement opérationnels. Grâce au groupe né en Béarn sous l’impulsion de la CCI de Pau, elles n’ont plus ce souci. Technicien spécialisé cycles, ski, running, sports de raquette, responsables de rayons, commerciaux ou encore marketing manager, tous ces métiers et bien d’autres sont préparés au CNPC Sport. « Et on ne cesse de développer nos formations, du certificat de qualification professionnelle à désormais bac +5 depuis la

EN CHIFFRES █

2lesdifférents 300sitesétudiants sur en France, dont 650 à Lescar.

4Grenoble, campus, à Lescar, Paris, Miramas (depuis 2018). Quatre autres antennes (pour des formations courtes) existent à Mulhouse, Orléans, StPierre-de-la Réunion et Quimper.

7,5 millions d’euros, le budget annuel du CNPC Sport.

ZOOM

Une success-story

Le CNPC Sport propose des cours théoriques mais aussi pratiques à travers divers ateliers.© NICOLAS SABATHIER rentrée dernière » souligne le directeur du groupe André-Pierre Bonamy. Une volonté de « monter en compétence » qui va de paire avec le besoin constant « de s’adapter aux nouvelles pratiques, aux nouveaux sports ». L’école planche par exemple sur de nouvelles formations courtes, outdoor, watersport et nouvelles glisses urbaines, « en magasin, nos jeunes doivent savoir de quoi ils parlent devant les clients, avoir cette expertise qui répond aux besoins du marché ». Pour l’acquérir, deux voies s’ouvrent au CNPC, fort de 250 intervenants et professeurs : la formation continue, avec des cours théoriques et pratiques de septembre à mars suivis de stages (2 mois en 1re année, 5 mois en 2e année, 6 mois en 3e année) ; ou la formation en alternance (qui concerne aujourd’hui 70 % des étudiants). L’école dispose d’ailleurs d’un réseau de 1 200 entreprises partenaires. « On recrute aussi pour les enseignes, avec cinq commerciaux en France, qui vont sonder leurs besoins ». Ainsi, le CNPC Sport formait sur une année 180 étu-

André-Pierre Bonamy, le directeur du groupe CNPC Sport depuis juin 2017. © NICOLAS SABATHIER diants pour Intersport, 65 pour Décathlon, 41 pour Boardriders (Quicksilver) pour les plus importants. Certaines marques mettant même parfois du matériel à disposition de l’école pour les cours.

Insertion dans les 6 mois à 90 % Une vraie relation symbiotique en somme. Et qui fonctionne. Pour preuves, le taux de réussite aux examens (85 %) et celui d’insertion professionnelle dans les 6 mois (90 %). Notons que l’école est ouverte à tous les niveaux, à tous les profils, jeunes

en études comme en recherche d’un métier, salariés, créateurs d’entreprise, demandeurs d’emploi ou sportifs en reconversion. Le CNPC a aussi des liens avec les missions locales et Pôle Emploi. Et sur la page internet de l’école consulaire, on trouve également « le plus grand site d’offres d’emploi du marché du sport, avec 1 700 annonces » relève André-Pierre Bonamy.Voilà qui boucle parfaitement l’accompagnement, de A à Z, des étudiants dans leur projet professionnel. PIERRE-OLIVIER JULIEN Ipo.julien@pyrenees.com

1981. Ils sont 23 stagiaires, dont d‘anciens moniteurs de ski, des arbitres et des dériveurs. Ce sont alors les premiers « élèves » à intégrer le tout nouveau centre national professionnel des commerces « sports et loisirs ». La marraine de la première promotion est Isabelle Mir, une championne de ski. Quand on replonge dans nos archives, on peut constater que le CNPC est né, et bien né, à la suite d’un appel d’offres de la Fédération nationale des commerces d’articles de sport. À la fin des années 70, le marché du sport commence en effet à s’éveiller. Fabricants ou distributeurs ont à cette époque beaucoup de mal pour recruter des techniciens et des commerciaux. Ensemble, ils sollicitent donc le ministère du commerce d’alors pour voir la création d’une école capable de former des professionnels du sport comme on forme des coiffeurs, bouchers, maçons... La CCI de Pau répond à l’appel et remporte la mise. Le CNPC Sport s’installe à Lescar, dans des bâtiments récemment créés pour l’IPC, l’Institut de promotion commerciale de Pau. Il ne suffira que de quelques années pour voir les activités se développer largement, notamment sous la direction de Gérard Pouet, qui restera à la tête du groupe durant plus de 30 ans. L’école est très vite reconnue par la profession. Il est, et reste encore, le premier et le plus important centre de ce type en Europe. Au début de l’aventure, les formations concernent les métiers de vendeurs, techniciens, chefs de rayon, chefs de magasin. En 1985, la formation continue est instaurée. En 1992, le CNPC ouvre une seconde école à Grenoble et développe l’alternance et l’apprentissage. Plusieurs autres antennes ont ouvert depuis. Quant aux disciplines enseignées, il y en a désormais des dizaines, tout comme le nombre de métiers auxquels elles sont destinées.

La rentrée dans le nouveau bâtiment à Bizanos se fera le 6 janvier 2020 C’est une page qui va se tourner en cette fin d’année. Le siège du groupe CNPC, basé depuis sa création à Lescar, déménagera mi-décembre dans de nouveaux locaux, avenue Léon-Heid à Bizanos, dans le quartier Rives du Gave à proximité du stade d’eaux-vives. Le campus local rejoint ainsi « un écosystème » sportif au bénéfice des étudiants. Non loin d’une future auberge de jeunesse (qui pourra accueillir des stagiaires), des installations sportives ou encore d’une pépinière d’entreprises qui pourrait servir de tremplin à des jeunes diplômés du CNPC. Surtout, c’est un manque de place dans les vieux bâtiments lescariens, peu adaptés, qui pousse à ce transfert. Les nouveaux locaux, dessinés par le cabinet palois Camborde, et

Le nouveau bâtiment du CNPC Sport, au premier plan à gauche. © DR

La pose symbolique de la première pierre a eu lieu ce jeudi 28 mars. © NICOLAS SABATHIER

dont le coût sera d’environ 3,4 millions d’euros, se développeront sur trois niveaux de 700 m2 chacun, avec au rez-de-chaussée les ateliers et un espace étudiants, au 1er des salles de cours, un open space de formations et une bibliothèque, et au 2nd d’autres salles de cours et des

aussi des partenaires tout trouvés. Menés par la SEM Pau-Pyrénées, les travaux ont débuté en octobre dernier, alors qu’une première pierre symbolique était posée ce jeudi 28 mars. « C’est un pari sur l’avenir » a indiqué le président de la CCI Didier Laporte. « Un événe-

bureaux. « On va doubler le volume de salle de travail » explique AndréPierre Bonamy. L’idée étant de pouvoir y développer de nouvelles formations. Et de gagner des apprenants, en passant de 650 à un millier. Juste à côté, la société SPS et l’UPPA avec son master de tourisme, seront

ment important pour le quartier » a salué le président de l’agglo de Pau François Bayrou. La livraison est prévue en novembre. Suivront 15 jours de déménagement en décembre. La rentrée avec les étudiants se fera le 6 janvier 2020, à 8h30. P.-O. J. I


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.