BÉARN-BIGORRE Portraits croisés - Une ambition pour demain
Mardi 1er juillet 2014
Supplément gratuit au n° 21 168 de la République des Pyrénées, au n° 21 149 de l’Eclair, au n° 3 970 de La Dépêche du Midi (édition des Hautes-Pyrénées), et au n° 21 194 de La Nouvelle République des Pyrénées.
DÉCRYPTAGE
Une enquête inédite Comment s’incarne en 2014 la proximité entre le Béarn et la Bigorre ? Quels sont les acteurs des deux territoires et comment « pratiquent-ils » au quotidien ce territoire bipolaire ? Quel avenir peuvent-ils construire ensemble ? Autant de questions qui méritaient une enquête inédite. A la veille du 2e Forum économique Béarn-Bigorre qui se tiendra à Pau, nos journaux La République des Pyrénées et L’Eclair, La Nouvelle République des Pyrénées et La Dépêche – se sont attelés à la tâche. Dans ce numéro spécial sont recensés et décryptés les principaux enjeux du développement de l’axe Béarn-Bigorre, lequel s’impose comme l’une des principales clés d’avenir pour le piémont ouest-pyrénéen. Mais également des témoignages et des entretiens exclusifs révélant les ambitions de demain. Un hors-série exceptionnel de 32 pages qui éclaire de nouveaux horizons territoriaux.
DANS CE NUMÉRO
DE STAMPA-BRUNET
« Béarn et Bigorre doivent appartenir à la même région » » PAGES 4 ET 5
LES 10 THÉMATIQUES
Un territoire à construire
Des convergences analysées secteur par secteur » PAGES 6 À 23
LE GRAND TÉMOIN
J.-P. Delevoye : «Le pays a besoin d’être rassuré » » PAGES 26-27
MARDI1ER1 JUILLET 2014 MARDI
2 | L’état des lieux EDITO
Territoire de vie
Béarn et Bigorre : les chiffres 9 142 km2 (65 habitants par km2) 593 967 habitants en 2010 (+77 000 par rapport à 1968) Les âges En % du total de la population (entre parenthèses : moyenne France)
0 à 29 ans
30 à 59 ans
60 ans et plus
32,5 (37)
40 (40)
27,5 (23)
Orthez A65
Salies-de-Béarn
Une augmentation venue d'ailleurs
A64 G d’O ave loro n
40 000 35 000
Navarrenx
Solde migratoire (différence entre ceux qui arrivent et ceux qui partent)
30 000 25 000
15 000 10 000
au eP
Solde naturel (différence entre ceux qui naissent et ceux qui meurent)
G d’O ave loro n
5 000
Lourdes
0 - 5 000 19681975
19751982
19821990
19901999
19992010
Laruns
Argelès-Gazost
Parc National des Pyrénées Occidentales
L’emploi par catégorie socio-professionnelle En % (personnes de 15 ans et plus) Agriculteurs exploitants
1,6 Artisans, commerçants et chefs d'entreprise
Autres personnes sans activité professionnelle
3,7 Cadres et professions intellectuelles supérieures
6,2
15,4
Professions intermédiaires
L’emploi par fonction Nombre d'emplois depuis 1982 35 000 30 000 25 000
Retraités
31
20 000
16,8
Employés
15 000 10 000
12,1
5 000
Ouvriers Sources : Insee, CCI Pau-Béarn, CCI Tarbes et Hautes-Pyrénées
Cauterets
Vignemale (3 298m)
13,2 Supplément aux éditions datées du 1er juillet 2014 de la République des Pyrénées et de L’Eclair. - Directeur de la publication : Christophe Galichon. - Rédacteur en chef : Jean Marziou. - Réalisé par PPSA. - Editing et secrétariat de rédaction : Olivier Bonetti. - Studio graphique de Pyrénées-Presse. - Imprimerie : PPSA, ZI Berlanne, 64160 Morlaàs.
OloronSainte-Marie
Pau d ve
20 000
Lescar
Ga
Adossés à la même barrière naturelle de la chaîne des Pyrénées, Béarn et Bigorre se sont longtemps tourné le dos, attirés chacun par leur capitale régionale aux antipodes l’une de l’autre, aux extrémités de notre grand Sud-Ouest auquel le législateur n’ose pas encore donner de corps véritable. Deux métropoles qui attirent comme des aimants le dynamisme économique et l’essor démographique autour d’elles et promettent ses lointains satellites à l’oubli de l’histoire en les tenant à l’écart de cette attractivité. Après de premières tentatives (les 3B englobant le Pays basque ; les pays de l’Adour ; le réseau de villes Pau-Tarbes-Lourdes) qui en étaient restées au stade des bonnes intentions et des vœux pieux parce que les esprits, comme les temps, n’étaient pas véritablement mûrs, la nécessité de se regrouper pour exister a précédé cette loi de réforme territoriale bâtie sur les cartes, et non sur les hommes et leurs projets, les seuls à même de définir un véritable territoire de vie. L’an dernier, les CCI de Béarn et de Bigorre ont repris l’initiative et lancé, à Tarbes, un premier forum économique pour transcender ces divisions administratives tellement artificielles. De nombreuses entreprises, dans de nombreux domaines d’activité, de services, de production, le vivent déjà au quotidien, depuis des années, voire des décennies. Avec un certain succès. Pour éclairer ces évolutions, les deux rédactions de La République des Pyrénées et de L’Eclair à Pau et de La Nouvelle République des Pyrénées et de La Dépêche à Tarbes, se sont associées et ont réalisé ce numéro exceptionnel qui témoigne de la réalité de ce nouveau territoire Béarn-Bigorre à travers ces portraits croisés dans les différents secteurs d’activités économiques où le fait Béarn-Bigorre est déjà une réalité vécue comme une normalité. Il se projette aussi vers un avenir qui ne pourra que donner raison, avec quelques siècles de retard, à Louis XIV, en levant cette barrière des Pyrénées pour associer l’Aragon à cette démarche. L’Aragon qui sera d’ailleurs l’invité d’honneur du 2e Forum économique Béarn-Bigorre, ce 3 juillet, à Pau. JEAN-LOUIS TOULOUZE ET JEAN MARZIOU
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
0 1982
MARDI1ER1 JUILLET MARDI JUILLET 2014 2014
L’état des lieux | 3
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
SOMMAIRE Pages
27 759 chômeurs (10,5 %)
4&5
239 604 emplois
265 561
6&7
dont 84,7 % de salariés
actifs en 2010 (71,2 % des personnes de 15 à 64 ans)
42,2 % des salariés sont
INTERVIEW CROISÉE « Une même région » « Béarn et Bigorre doivent appartenir à la même région » plaident les présidents des CCI de Pau et de Tarbes.
Patrick de Stampa (gauche) et François-Xavier Brunet.
10 THEMATIQUES 1- La population Nouveaux arrivés, population vieillissante, déficit de naissances : les nouveaux défis de la démographie.
des femmes
22,8 % des salariés sont
8&9
2- Les infrastructures Le rapprochement des deux aéroports est une nécessité. Côté routes et rail, des progrès pourraient être menés notamment vers le sud.
10 & 11
3- La santé La coopération médicale, pas encore entrée dans une phase active, est toutefois l’une des principales clés du développement de l’axe Béarn-Bigorre.
12 & 13
4- L’enseignement L’Université de Pau et des Pays de l’Adour rayonne déjà jusqu’en Bigorre, permettant d’imaginer une université des Pyrénées dans l’avenir.
14 & 15
5- Les industries Bigorre et Béarn partagent des activités communes à l’image de l’aéronautique, de la chimie ou de la mécanique, avec des collaborations multiples.
16 & 17
6- L’agroalimentaire Avec un terroir en commun, nos deux territoires sont faits pour vivre ensemble constate Christian Pées, le patron d’Euralis.
18
7- Nouvelles technologies Le développement du numérique s’accompagne d’initiatives originales et prometteuses, comme celle de la Mêlée Adour.
19
8- Des services sans frontières Le parc national des Pyrénées, le Crédit agricole ou ERDF parviennent à faire rayonner leurs services malgré les frontières administratives.
20 & 21
9- Le tourisme Avec des cultures et des atouts quasiidentiques, Béarn et Bigorre ont tout pourtravaillerensemble.Lourdespeut aussi être une porte d’entrée du 64.
22 & 23
10- La culture Le Béarn et la Bigorre proposent une offre culturelle à faire pâlir certaines grandes métropoles.
à temps partiel
74,4 % des emplois dans le tertiaire Adour
13,6 % dans l'industrie
7,8 %
Tarbes
dans la construction
4,2 %
Lannemezan
Bagnèresde-Bigorre
Neste
dans l'agriculture
A64 nne Garo
10 km Centre hospitalier Réseau autoroutier
Saint-Lary Soulan
Routes principales Réseau ferré Aéroport
24 & 25
PROMOTION L’intérêt du marketing territorial Chercheur à Sciences Po Aix, Joël Gayet estime que le marketing territorial, qui mobilise les forces vives d’un territoire, est aussi une réponse à la concurrence entre pays.
Fabrication Agriculture Gestion Bâtiment-travaux publics Distribution
26 & 27
LE GRAND TÉMOIN Jean-Paul Delevoye Président du Conseil économique, social et environnemental, ancien ministre.
Entretien-réparation Transports-logistique Administration publique Santé-action sociale 1990
1999
2010
Éducation-formation
28 à 30
RAPPROCHEMENT TERRITORIAL L’exemple de l’Eurométropole L’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai présente un premier bilan qui pourrait inspirer ici une coopération avec l’Aragon.
4|
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Interview croisée
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
ENTRETIEN Patrick de Stampa, président de la CCI Pau-Béarn, et François-Xavier Brunet, président de la CCI Tarbes-Hautes-Pyrénées,
«Le Béarn et la Bigorre doivent D
ans une interview croisée qu’ils nous ont accordée, Patrick de Stampa, le président de la Chambre de commerce et d’industrie Pau-Béarn et son homologue de Tarbes HautesPyrénées François-Xavier Brunet estiment que la séparation de Pau et de Tarbes est un non-sens qui ne doit pas perdurer. À quand remonte votre dernière rencontre et quel en était le motif ?
Patrick de Stampa. C’était il y a une quinzaine de jours pour travailler sur le recrutement de la collaboratrice ou du collaborateur qui sera chargé d’animer la CCI des Pyrénées.
II On se téléphone régulièrement. On avance. II
Patrick de Stampa
François-XavierBrunet. Il s’agit de l’association qui regroupe toutes les chambres de commerce le long de la chaîne des Pyrénées. Pau et Tarbes y jouent un rôle moteur. Avez-vous un calendrier formel de rencontres pour mettre en place cette association ?
P. de S. C’est un sujet sur lequel nous sommes très solidaires, et primordial pour nous. On se téléphone régulièrement. On avance. J’aimerais qu’une des premières manifestations soit une expression commune et publique sur le projet de régionalisation. Ce serait l’occasion pour les Pyrénées de s’afficher comme un véritable axe, alors que nous avons été découpés par les frontières administratives. F-X. B. Nous sommes pour l’instant forcément dans l’informel. Nous ne nous comportons pas en hommes politiques. Nos relations, ce sont deux chefs d’entreprise, impliqués dans le développement de leur région et qui s’appellent régulièrement. Nous sommes dans l’actif et le réactif. Les projets de réformes territoriales, tels qu’ils se dessinent vous conviennent-ils ?
F-X. B. Si nous n’obtenons pas que le Béarn et la Bigorre figurent dans une même région, qu’enfin les Pays de l’Adour soient reconnus, nous aurons du mal à concrétiser nos projets. Les pouvoirs publics veulent favoriser les métropoles. Il n’y aura donc pas une grande région qui recouvre toute la chaîne des Pyrénées, en raison des rivalités
entre Bordeaux, Toulouse et Montpellier. En revanche, nous allons engager une action très forte pour demander le rattachement de la Bigorre à l’Aquitaine. Entre Tarbes et Toulouse, c’est le désert. Entre nous et Pau, c’est un bassin de vie naturel, qui a même son prolongement dans le bassin de Lacq et jusqu’au Pays basque. Patrick de Stampa, êtes-vous favorable à cette initiative ?
P. de S. Bien sûr. Le non-sens que constitue la séparation de Pau et de Tarbes ne doit pas perdurer. Nous formons un pôle atypique, mais historique qui a été séparé artificiellement, d’un coup de crayon malheureux, par la réforme régionale de 1973. A cette époque, l’université, ElfAquitaine, des organismes de développement économique (Sebadour) travaillaient à l’échelle des Pays de l’Adour. Je demande qu’à l’occasion de la réforme régionale, notre bassin de vie retrouve sa cohérence. Le nombre de chambres de commerce en France devrait passer de 150 à 20. Dans notre région qui va disparaître ?
P.deS. Je ne crois pas à la disparition des CCI territoriales, car elles sont un lieu de rassemblement. Qui va assurer pour le développement économique, le dialogue avec les agglomérations, les communautés de communes élargies ? Les chambres de commerce et d’industrie peuvent être la porte d’entrée du développement économique. Depuis plusieurs mois, je demande aux responsables politiques qu’on travaille sur cette question.
II Je ne suis pas hostile au regroupement des CCI de Pau et de Tarbes. II
François-Xavier Brunet
F-X. B. En ce qui concerne la réforme, nous attendons la réponse d’Arnaud Montebourg, ministre de l’Economie et du Redressement productif. Le désaccord est tel, vous le savez, que toutes les CCI ont coupé les relations avec l’Etat. J’espère que le jeu va se calmer. Des CCI territoriales subsisteront. Et je ne suis pas hostile à un regroupement des CCI de Tarbes et de Pau. Mais pour moi, cela suppose au préalable d’appartenir à une même région. Votre projet de travailler ensemble vise -t-il à échapper au couperet de la réforme des CCI ?
F-X. B. Ce risque existe. Mais il y en a un tout aussi important.
C’est, quand vous êtes éloigné de plus de 100 km d’une métropole, le risque de marginalisation. C’est ce à quoi Tarbes est exposée par rapport à Toulouse et le risque pour Pau par rapport à Bordeaux. Au lieu d’être rejetés en périphérie des métropoles, chacun de notre côté, nous avons un espace commun. Il faut avoir la politique de notre géographie : un grand pôle d’équilibre TarbesPau-Orthez-Dax-Pays de l’Adour face à Bordeaux et Toulouse.
II Construire le pôle Béarn-Bigorre, c’est aujourd’hui un devoir historique. II
Patrick de Stampa
P. de S. J’ai souvent évoqué ce troisième pôle Béarn-Bigorre. C’est aujourd’hui un devoir historique de le construire. Des acteurs économiques majeurs ont joué la carte de ce territoire : Turbomeca avec sa nouvelle usine de Bordes, Safran et Lindt avec leurs investissements à Oloron ; GDFSuez et Torray dans le bassin de Lacq. Quant aux sous-traitants de l’aéronautique, ils travaillent aussi bien avec Turbomeca en Béarn qu’avec la Socata à Tarbes. Dans vos deux chambres de commerce, n’y a-t-il pas quelques cadavres dans les placards ? Sur les vols low-cost par exemple ?
P. de S. Les cadavres ne nous intéressent pas. Nous ne sommes pas des gens à aller regarder dans les placards ! Et s’il y a eu des erreurs dans le passé, et bien, tirons-en les leçons. F-X. B. : Des situations de concurrence, il y en a eu ; mais nous n’allons pas passer notre temps là-dessus. Ces choix remontent presque à un demisiècle ! Lacq avait besoin d’un aéroport, Lourdes aussi. Demain, va se poser la question cruciale de la gestion de ces aéroports. La réforme territoriale supprime la clause de compétence générale pour les collectivités. Cela veut dire que les syndicats mixtes où figurent les départements et les communautés de communes aux côtés de la Région ne pourront plus exister. Qui va remplacer le soutien financier de ces collectivités ? Les Régions ne pourront pas faire face seules. P. de S. Quand j’ai été élu pour la première fois président de la Chambre de commerce de Pau, je suis allé voir le maire de Tarbes et le prédécesseur de FrançoisXavier Brunet pour leur proposer d’envisager une gestion commune de nos aéroports. Ce sont les politiques qui nous en ont dissuadés. Par ailleurs, je ne
François-Xavier Brunet (à gauche), président de la CCI de Tarbes : « Je n’ai aucune réticence à envisager des synergies ».
Lors de l’interview par Hubert Bruyère, rédacteur en chef adjoint de l’Eclair et de la République des Pyrénées et Jean-Louis Toulouze, rédacteur en chef au groupe La Dépêche du Midi à Tarbes.
MARDI1ER1 JUILLET MARDI JUILLET 2014 2014
Interview croisée
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
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plaident pour un redécoupage des régions qui permettent au Béarn et à la Bigorre d’appartenir à la même collectivité.
appartenir à la même Région» crois pas à la gestion de ces plateformes par des grands groupes. La situation actuellement àTarbes me paraît être une anomalie. Je préfère une gestion proche du terrain. F-X. B. Arnaud Montebourg a explicitement cité la gestion des aéroports comme une des missions fondamentales des CCI. J’interpelle les politiques : comment allons-nous nous organiser après la disparition des syndicats mixtes dans leur configuration actuelle ?
II Nous avons la même approche du développement de ce territoire. II
François-Xavier Brunet
P. de S. Je crois à l’avenir de nos aéroports. Ils ont traversé la crise de 2008 et l’activité s’est redressée. Jouons groupé pour aller chercher de nouvelles lignes. Avez-vous envie de faire des choses ensemble dans d’autres domaines ?
Patrick de Stampa, président de la CCI Pau-Béarn : « Ce serait une erreur historique de ne pas reconnaître notre région ».
P. de S. Nous sommes au début de ce travail en commun. Le dossier de la formation est immense. Nous avons chacun nos écoles d’ingénieurs. Notre faiblesse, c’est de ne pas parler assez de ce territoire. Il faut aussi le désenclaver en terme d’image. F-X. B. Nous travaillons à un discours commun. Nous avons la même approche de la promotion de ce territoire. Nous sommes d’ores et déjà un territoire innovant et compétitif. Pourquoi ne pas le faire savoir ? L’esprit Adour prend corps. Pour ce qui est de l’appui aux entreprises, pourquoi ne pas mutualiser à terme certains moyens. Par exemple, quand nous lançons une consultation pour un marché, pourquoi ne pas le faire avec Pau avec qui nous avons davantage de liens qu’avec Toulouse ou Rodez. Une seule CCI est-ce possible ?
F-X. B. Sur le plateau de Ger (rire)... P. de S. On trouvera des solutions simples. F-X. B. Nous ne sommes pas hostiles à des mises en commun, voire à une fusion entre les CCI de Pau et de Tarbes. Quant au siège social, on n’en est pas encore là... Vous parlez beaucoup de l’image de ce territoire. Qu’envisagezvous pour sa promotion ?
« Nous ne sommes pas hostiles à des mises en commun, voire à une fusion entre les CCI de Pau et de Tarbes » explique François-Xavier Brunet, à la gauche de Patrick de Stampa. (Photos Marc Zirnheld)
F-X. B. L’association qui regroupe les CCI des Pyrénées travaille à la promotion d’une marque « Pyrénées ». Au sein
de cette marque, on peut faire valoir un sous-ensemble AdourPyrénées. Sentez-vous autour de vous des politiques intéressés par un renforcement des liens entre le Béarn et la Bigorre ?
P. de S. Lors du premier forum en juin dernier, les politiques béarnais ont été très sensibles à cette démarche. On ne peut pas ne pas en reparler. F-X.B. A ce forum, il y avait plus de Béarnais que de Bigourdans. C’est avec plaisir que j’ai ressenti cette attente du côté béarnais. Le maire de Tarbes, le président du conseil général des HautesPyrénées apportent un véritable soutien à notre démarche. De précédentes tentatives, comme le réseau de ville PauTarbes-Lourdes n’ont pas donné grand-chose. Comment expliquez-vous cet échec ?
F-X.B. Cette idée a été parachutée d’en haut. Elle venait de la Délégation générale à l’aménagement du territoire (Datar). Il vaut mieux construire à partir des attentes locales. C’est pour cela qu’il faut que nous appartenions à la même région. Sinon, nous n’aurons pas les moyens d’organiser notre développement. Et dans quelques années, on aura toujours Tarbes et Pau maintenues dans un relatif anonymat. Je soumettrai au vote des membres de la CCI de Tarbes (prévu le 25 juin), une motion préparée par la CCI de Bordeaux demandant la modification des frontières de l’Aquitaine. C’est le premier combat à mener.
II Ce serait un meurtre de ne pas permettre à cet ensemble d’exister . II
Patrick de Stampa
P. de S. Quand on voit les cartes qui se préparent pour les Régions, cela saute aux yeux que la seule solution, c’est d’unir Béarn et Bigorre. Ce serait un meurtre de ne pas permettre à cet ensemble d’exister. La demande de la Bigorre est, par exemple, essentielle pour le dossier de la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV). Prenons date pour une région pertinente. S’il fallait décerner un prix de l’initiative Béarn-Bigorre, qui en serait le lauréat ?
F-X. B. Et bien à nous (rires) P. de S. Il a raison. PROPOS RECUEILLIS PAR HUBERT BRUYÈRE ET JEAN-LOUIS TOULOUZE
MINI-PORTRAITS
Patrick de Stampa ou l’appétit de vivre A 68 ans, cet expertcomptable ferraille pour faire reconnaître la dimension économique des Pays de l’Adour. Adolescent, il est déjà engagé dans la vie associative. Sportif, il se distingue sur les courts de tennis. Côté carrière, il a vu alterner les succès dans les affaires et les engagements, sur la scène professionnelle, et dans la vie politique. Ne vous fiez pas à son air débonnaire : il sait ce qu’il veut. Patrick de Stampa a présidé pendant neuf ans le Medef de Béarn et Soule, puis pendant deux ans celui d’Aquitaine. Il a aussi goûté aux joutes politiques et siégé au conseil municipal de Pau dans l’opposition à André Labarrère. Et il a conduit la bataille pour la droite et le centre en 2001. Il préside depuis 2007 la CCI Pau-Béarn. Il est vice-président du conseil économique et social d’Aquitaine.
François-Xavier Brunet le fils spirituel « FXB », comme on l’appelle à Tarbes, marche naturellement dans les pas, non pas de son père, mais de son maire, Gérard Trémège. Il fut d’abord son attaché parlementaire quand, celui qui présida également les CCI de France, devint député. Puis, toujours au côté de Gérard Trémège, redevenu président de la CCI des Hautes-Pyrénées, il y fut son bras droit avant de devenir son premier adjoint quand son mentor accéda à la première magistrature de Tarbes, en 2001. « FXB » y fit montre d’un réel talent dans les domaines financier et de la gestion du personnel. Puis, alors que ce libéral pur jus n’avait jamais exercé dans le privé, il se retrouva propulsé à la tête de la CCI des HautesPyrénées. Il monta alors ses propres cabinets d’assurance, avant de retrouver sa place de 1er adjoint auprès de son ami et maire lors des dernières municipales. Spirituel, « FXB » l’est aussi dans la vie où il se pique d’un joli brin de plume, même si apprendre à piloter un avion, occupe tous ses (rares) loisirs.
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MARDI1ER1 JUILLET 2014 MARDI
La population
LES ENJEUX
Pôle métropolitain : un projet ambitieux Des élus se rencontrent déjà pour échanger sur leurs stratégies pour les schémas de cohérence territoriale.
O
n ne fait pas son document d’urbanisme dans son coin. Aujourd’hui, les responsables des différents schémas de cohérenceterritorial(SCOT)du64 et du 65 se rencontrent ponctuellement pour échanger. Que leurs documents soient en discussion
ou s’appliquent déjà. « Il y a des réunions inter-scots » confirme Jean-PierreMimiague.Faut-ilimaginerunjourqu’unmêmedocument puisse s’appliquer sur les territoiresbéarnaisetbigourdans?Etdonc organiserledéveloppementurbain surl’ensembledesdeuxterritoires? On n’en est pas encore là. « Il faut d’abordarriveràs’unircheznous»
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
tempère Jean-Pierre Mimiague. Bref,savoird’abordtravaillerensemble - ce que très peu de collectivitésontmontrécesdernièresannées enBéarn-avantdesongeràmettre quelques forces en commun avec le voisin. « C’est surtout nécessaire pour les fonctions métropolitaines ». Ces dernières, comme l’université,l’aéroportoulesgrands axes de communication, sont des élémentsd’attractivitéduterritoire. Et ont donc besoin d’être soutenues collectivement.
L’exemple mosellan Pour cela, arrivera-t-on un jour àunpôlemétropolitainentreBéarn et Bigorre ? Cet outil, né en 2010 avec la loi sur la réforme territoriale est en quelque sorte le pendantdes«pays»enmilieurural.
L’heure n’est plus à l’étalement urbain. Des réflexions sont menées un peu partout et notamment en Béarn pour densifier la population. Certains centres-bourgs, sont peu urbanisés. (Photo DR, archives PP)
EN BÉARN La population béarnaise augmente chaque année. Mais cette évolution, inégale selon les territoires, est plus due aux installationsdanslarégionqu’àlanatalité.Restequ’elleobligeaussiàaccueillirlesarrivants,toutenpréservantlecadredevie.Unvraidéfiàrelever.
Les nouveaux arrivés dopent la population
E
lle vieillit. Comme dans beaucoup de territoires, la population béarnaise prenddel’âge.Moinsqu’au Pays basque certes, mais suffisamment quand même pour qu’en 2030 la moyenne d’âge de ses habitants soit, selon les études de l’INSEE, à près de 46 ans, contre 42aujourd’hui.Eten2040,l’ensemble du département des PyrénéesAtlantiques,auseinduquelleBéarn pèse 60 %, pourrait compter près de 100 000 personnes de plus. Actuellement, selon les derniers chiffres de l’Insee, le Béarn peut revendiquerunpeuplusde380 000 habitants : 305 000 dans l’arrondissement de Pau et 75 000 dans celuid’Oloron(quicomprendaussi deux cantons basques).
270 000 Ce pourrait être la
population du Grand Pau en 2030, contre 220 000 aujourd’hui. La population augmente actuellement de 0,8% par an. Une évolution qui ne doit pas grand-chose au solde naturel mais plutôt à l’arrivée de nouvelles populations. C’est surtout vrai dans l’arrondissement d’Oloron, où les naissancessontinférieuresauxdécès(elles sont par contre très légèrement supérieuresdansl’arrondissement de Pau). Bref, ce sont les migrations qui soutiennent l’augmentation de la population.
Des disparités territoriales Au Sud d’une région considérée commeséduisante,etmêmeprivée de littoral, le Béarn garde une certaine capacité d’attraction que ce soit chez les anciens qui souhaitent y passer leur retraite que chez les jeunes actifs qui ont pu trouver ici à s’insérer professionnellement, notamment au sein des industries
Le Grand Pau s’attend à accueillir 52 000 habitants de plus à l’horizon 2030. (Photo Jean-Philippe Gionnet)
PROSPECTIVE
Le vieillissement se fera à la maison CONSTRUIRA-T-ON UN JOUR de nouvelles maisons en de retraite en Béarn ? Rien n’est moins sûr, à l’exception de celles, existantes, qui seront déplacées ou fusionnées entre elles. Les montages financiers des Ehpad (établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes) imposent en effet la participation de l’Etat, pour le financement des personnels médicaux. Or, comme chacun sait, l’Etat n’a plus un centime à injecter dans de nouveaux projets. Notamment par le biais de l’agence régionale de santé (ARS) qui est compétente dans ce domaine. D’autant que les coûts liés au vieillissement explosent. le nombre de bénéficiaires de l’APA (allocation personnalisée autonomie) a quasiment quadruplé en dix ans. Ils seront bientôt 15 000 dans les Pyrénées-Atlantiques à en bénéficier. Et quand on sait qu’en France, le nombre de personnes recevant l’APA augmentera de 60 % à l’horizon 2040, on mesure ce qui attend le département. Autant s’adapter. Première conséquence, les projets béarnais de création de nouvelles maisons de retraite sont en sommeil, comme c’est le cas pour les établissements de Lembeye (Nord-Béarn) et Lagor (Bassin de Lacq). Mais c’est une trentaine de projets qui dorment toujours dans les cartons. Ce, alors qu’il manque, selon les services du conseil général, plus de 700 places dans les Ehpad et autres structures(Marpa,Foyerlogement,longséjour...)quienrevendiquentpourtant près de 9 000. Reste que les pouvoirs publics préfèrent aujourd’hui jouer la carte du maintien à domicile et travaillent désormais, via le schéma de l’autonomie, à mailler correctement le territoire de services de soins à domicile.
locales. Reste que les situations sont inégales selon les zones. En Béarn, ce sont les territoires de la deuxième couronne paloise qui gagnent le plus d’habitants, ceux de l’Est et du Nord-Béarn. Séduites par du foncier accessible, les familles n’hésitent plus à s’éloigner de plus de 20 km des bassins d’emplois pour se loger. L’A64, comme les principales routes départementales, ont ainsi un effet structurant en terme d’aménagement du territoire. Conséquence, riche actuellement de220000habitants,leGrandPau, quiréunit123communesets’étale des frontières des Landes (canton d’Arzacq et Garlin) à celles des Hautes-Pyrénées (cantons de Pontacq et Nay-Est) pourrait compter, selon les prévisions, plus de 270 000 habitants en 2030. Un projet calqué sur les chiffres de l’accroissement démographique entre 1998 et 2007. Pour autant, cette évolution à la hausse ne se retrouve pas partout en Béarn. Les zones du piémont, comme les vallées, souffrent un peu plus. Tout comme certains cantons de la vallée du Gave de Pau, mais aussi du centre-ville de Pau qui s’est dépeuplé ces dernières années. La ville a perdu 5 000 habitantsencinqans,passantsous le seuil des 80 000 habitants. Une dépression qui a même été un élément de campagne lors du dernier scrutin municipal. Autre conséquence, l’étalement urbain est à l’œuvre. Un problème dont les élus se saisissent. Dans les syndicats mixtes ou intercommunalités (Grand Pau, Pays de Nay, Piémontoloronais),aveclesoutien d’agences techniques comme l’Audap, on prépare des outils comme les SCOT. Ces documents d’urbanisme devraient réguler les installations avec un leitmotiv que l’on retrouve partout : densifier l’urbanisme existant. ERIC NORMAND
3 QUESTIONS À...
« Il faudra 1 600 logements de plus par an » JEAN-PIERRE MIMIAGUE, 1er vice-président du Grand Pau
S’iln’estplusprésidentduGrand Pau, le président de la communauté de communes des Luys-deBéarn conserve la responsabilité du Schéma de cohérence territoriale (Scot). Le territoire du Grand Pau doit accueillir 52 000 nouveaux habitants d’ici 2030...
Notre ambition est de construire ou remettre sur le marché 1 600 nouveaux logements par an, 40 % sera de la construction. Où seront ces logements ?
L’objectif est de diminuer la consommation foncière. Donc, on densifie. Sur ces 1 600 logements, nousespéronsque900serontdans lecœururbainduGrandPau,c’està-dire Pau, mais aussi Billère, Lons, Jurançon...Ladensifications’appliquera aussi dans les centres-villes pourluttercontrel’étalementurbain. Quand le Scot du Grand Pau entrera en vigueur ?
J’espère l’an prochain. Nous l’avons approuvé en comité syndical et il devrait y avoir enquête publique à l’automne. Ensuite, le préfet prendra un arrêté. Et dès 2015, les orientations du Scot devront être intégrées dans les plans locaux d’urbanisme ou les cartes communales.
MARDI1ER1 JUILLET MARDI JUILLET 2014 2014
La population | 7
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
La densité de la population en Béarn Bigorre
Béarn
Densité
Pau
Carte densite Bearn Bigorre - Infographie STUDIO GRAPHIQUE PP
Tarbes
Bigorre
0 à 15,80 (170) 16,00 à 24,50,(174) 24,60 à 41,30 (173) 41,50 à 78,00 (174) 78,40 à 2 868,90 (172)
Population 81 166 20 292
Source : INSSE. RP 2010
Il permet à des communautés de communesurbainesdes’unirpour travailler entre elles sur quelques dossiers. Certains pôles métropolitainsexistentdéjàsurlesolnational. Le premier, « le sillon mosellan » a été formé par les agglomérations de Metz, Nancy,Thionville et Epinal, en Lorraine. La précédente maire de Pau, MartineLignière-Cassouavaitbien proposé d’en bâtir un sur le piémontenagrégeantPau,Tarbes, mais aussi Bayonne et Mont-deMarsan. Aujourd’hui, à l’heure où avecl’acteIIIdeladécentralisation, les métropoles - bordelaises et toulousaines dans nos régions serontencorepluspuissantes,cette idée mériterait sans doute d’être réactivée. E.N.
ZOOM
610 000 C’EST, EN NOMBRE D’HABITANTS, la populationdel’ensembledesdeuxterritoires unis de Béarn et de Bigorre. Cequirestedonctrèsinférieur,auniveau population,auxagglomérationstoulousaines (850 000) ou bordelaises (800 000). Deschiffresquis’entendentau-delàdes seuleslimitesadministrativesdescommunautés urbaines et prennent aussi en compte l’aire urbaine. La hausse de la population est notamment très rapide dans la première. Sa ville centre devrait ainsi dépasser Lyon et devenir la troisième ville de France en 2020 où elle pourrait atteindre 520 000 habitants selon les prévisions de l’Insee.
EN BIGORRE Ledéficitdenaissancesparrapportauxdécèsestcompensépardenouveauxrésidents,surtoutdesretraités.Silevieillissement de la population peut être un handicap, il est aussi un moteur de l’économie du 65 qui vit plus du tourisme que de l’industrie.
La Bigorre vieillit mais reste attractive
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dustrialisation comme PierrefitteNestalas qui est passée de 2 700 à 1 500 habitants ces 50 dernières années, ou Lannemezan qui a perdu un tiers de population depuis 1968. Pour la région tarbaise, on observe que la ville centre a perdu 12 000 habitants depuis les années 60, comme beaucoup de villes en France, au profit de la banlieue ancienne (Aureilhan, Laloubère, Bordères...) et surtout de l’aire urbaine qui s’étend d’Ossun à Bernac-Debat et de Tournay à Vic-en-Bigorre.
epuis 1982, dans les Hautes-Pyrénées, la population plafonne à 230 000 habitants et la part des personnes de plus de 60 ans est passée de 20 % en 1973 à 30 % actuellement ». C’est le constat de Christian Crabot, spécialiste de la démographie. Heureusement, le déficit de naissances par rapport aux décès « depuis 2 ou 3 décennies, il y a 6 berceaux pour 7 cercueils par jour soit chaque année 500 décès de plus que de naissances » - est compensé par un nombre d’arrivants supérieur aux partants de 500 ou 600 personnes par an.
Expansion vers le sud
12 000 habitants perdus par Tarbes depuis les années 60
Qui sont-ils ? Essentiellement des personnes âgées, soit des Bigourdans expatriés qui reviennent au pays après une carrière ailleurs ou des retraités extérieurs. « Cela a pour effet un vieillissement de la population qui n’a pas que des aspects négatifs » fait remarquer Christian Crabot. « De par leurs besoins et leur niveau de revenu, ils engendrent une ‘silver économy’ et en particulier une économie résidentielle ».
Des vallées qui se dépeuplent « Le moteur résidentiel composé des retraités et des touristes représente 30 % des revenus, soit trois fois plus que la moyenne des départements alors que le moteur productif (industrie et agriculture) est inférieur de 8 points à cette même moyenne » précise le président du conseil général Michel Pélieu. Les vallées d’Aure et du Louron « connaissent une inver-
Tarbes - ici rue Maréchal-Foch -, perd de la population au profit de l’aire urbaine. (Photo archives Joël Boyé)
sion spectaculaire de la courbe de populationgrâceàl’attractiond’un tourisme des quatre saisons. Beaucoup d’anciens propriétaires de résidences secondaires issus de l’arc Atlantique, sont venus s’installer à la retraite ». Ce renouveau démographique n’existe pas en vallée de Campan et dans le
paysToy. Autre zone en expansion mais pour des raisons liées à la dynamiqueéconomiquedeszones d’activitéaéroportuaire,deBastillac ou du Méridien : celle entreTarbes et Lourdes sur les communes de Juillan, Louey et Ossun. Les zones en déclin concernent les communes qui ont souffert de la désin-
Tarbes représente à peine plus d’un tiers des 110 000 habitants de cette aire urbaine. « Cela s’explique en grande partie par le transfert des fonctions commerciales dans les communes de la banlieue etparledéveloppementdelacivilisation de l’automobile et de la maison individuelle ». L’expansion s’opère surtout en direction du sud dans les communes du triangle Tarbes-LourdesBagnères touchées par le phénomène d’attraction de la montagne. À titre d’exemple, Laloubère a quasiment doublé sa population en 20 ans. CYRILLE MARQUÉ
Zones rurales:la population va croître PROSPECTIVE. Quiddel’avenirdémogra-
phique des Hautes-Pyrénées ? Le spécialiste de la démographie Christian Crabot nous livre une prévision nuancée : « L’agglomération tarbaise estappeléeàstagnerautourde80 000 à 90 000 habitants. L’augmentation de la population va se poursuivre dans les zones rurales et notamment dans l’aire urbaine autour de Tarbes car la civilisation de l’automobile a encore de beaux jours devant elle » estime Christian Crabot. « Les coteaux du Nord-Est du département autour de Trie, de Castelnau-
Magnoac et de Galan, devraient stabiliser leur population grâce à l’installationdenouveauxretraitésetledéveloppement d’une nouvelle forme de tourisme vert » ajoute l’agrégé de géographie. De son côté, « la vallée de la Garonne autour de Saint-Laurent-de-Neste devrait continuer à attirer des retraités séduits par le climat du Midi. En revanche, je me demande si on va pouvoir longtemps compenser par l’attractivitémigratoiremodérée,l’excès de décès par rapport aux naissances quand on sait que l’espérance de vie
moyenne augmente chaque année et est passée entre 1982 et 2010 pour les hommes de 69 à 79 ans et pour les femmesde79à86ans».«Ledéséquilibre entre le nombre de naissances et le nombre de décès est susceptible de s’aggraver encore » prévoit-il. Dans le cadre du projet de territoire 2020-2030, le président du conseil général Michel Pélieu appelle de ses vœux « un pôle métropolitain de piémont Tarbes-Lourdes-Pau où les habitants peuvent combiner travail et loisirs pour une meilleure qualité de vie ».
3 QUESTIONS À...
« La coupure risque de s’accentuer » CHRISTIAN CRABOT, professeur agrégé de géographie, spécialiste de la démographie du 65
Les migrations entre Béarn et Bigorre sont-elles importantes ?
À l’exception des zones frontalières comme Ger ou Pontacq, la migration résidentielle est marginale, en revanche les flux professionnels sont très importants. Leur situation démographique est-elle comparable ?
Pas tout à fait. Pau est plus dynamique queTarbes et dispose de plus d’atouts pour grandir. L’avenir de Tarbes peut dépendre de la réforme des métropoles. Plusieurs milliers d’emplois sont liés à la préfecture et au conseil général. Le reste des territoires connaît une évolution à peu près similaire. La vallée d’Ossau est un peu comparable aux vallées d’Aure et du Louron avec le développement du tourisme. La vallée d’Aspe est touchée par le dépeuplement, un peu à l’image du pays Toy. Et la nouvelle réforme territoriale ?
Jusqu’à la régionalisation en 1983, il y avait un mouvement en Béarn et en Bigorre pour créer une sous-région des pays de l’Adour. Depuis les années 80, le mouvement s’est essoufflé. La réforme territoriale risque d’accentuer la coupure entre les deux territoires. PROPOS RECUEILLIS PAR C. M.
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MARDI1ER1 JUILLET 2014 MARDI
Les infrastructures
LES ENJEUX
Optimiser les réseaux entre Béarn et Bigorre Destravauxpourraientpermettrederapprocherlesdeux territoires. Que ce soit sur la route ou par le rail.
C
ertes aucune barrière ne sépare le Béarn de la Bigorre. Reste que dans une perspective de développement des coopérations, il apparaît encore possible de les rapprocher. Voire même nécessaire. Difficile en tout cas de faire l’économie d’un débat sur les
infrastructures de communication entre les deux voisins. Sachant que mieux vaudra faire preuve d’imagination. L’Etat, raide comme un piquet, ne semble pas prêt à investir beaucoup dans les infrastructures du piémont pyrénéen. Il l’a d’ailleurs montré ces dernières années, avec le gel du projet de nouvelle route entre
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
Pau et Oloron, ou le quasiabandon de la desserte LGV jusqu’à Pau et Tarbes. Côté aérien, le diagnostic est connu et est redit dans ces pages, que ce soit par le maire de Tarbes Gérard Trémège ou le chercheur palois Frédéric Tesson. Les deux plateformes ont intérêt à viser la complémentarité. Un travail qui a été amorcé puisque les deux conseils généraux, des HautesPyrénées comme des PyrénéesAtlantiques, ont mandaté un cabinet conseil afin de dégager des pistes de coopération. Mais c’est évidemment par les terres que l’on rapprochera physiquement Béarn et Bigorre. A ce titre, les pistes livrées par Frédéric Tesson sont intéressantes comme la gratuité sur l’A64. Pas
Les deux aéroports - ici celui de Pau - ont tout intérêt à viser la complémentarité. Justement, un cabinet conseil a été mandaté
EN BÉARN Sil’enclavementduBéarnaétéenpartiegommécesdernièresannées,lesliaisonsverslesudrestentpérilleuses,avecnotamment une RN 134 qui n’est pas au niveau. En revanche l’autoroute A65 a permis un gain de temps et une meilleure desserte vers le nord.
Au sud, il faudrait (enfin) du nouveau
E
que l’espéraient les dirigeants d’A’lienor. L’interdiction faite aux camions d’emprunter la nationale (RN 134) et la fin de la gratuité sur l’A63 dans sa partie landaise devraient permettre à l’A65 de capter des véhicules supplémentaires.
n 2014, il suffit parfois de quelques cailloux pour perturber une économie. Ceux qui sont tombés en valléed’Aspe,interdisantlepassage des camions par le Somport jusqu’au milieu de l’été à minima, illustrent la difficulté à construire des liaisons transpyrénéennes durables. Ironie du sort, au même momentlaliaisonferroviaireentre PauetOloronestelleaussisuspendue. Cette fois-ci, c’est un glissement de terrain qui en est responsable.
La RN 134 point noir routier
3 sections pour mener à bien le projet de la future Pau-Oloron.
Enfin, on n’ose plus parler de la remise en service de la voie ferrée entre Oloron et Canfranc tant ce dossier semble soumis à de multiples rebondissements. Bref, côté infrastructures vers le sud, ce pourraitêtremieux.EtlesPyrénées sont toujours une barrière. Pour
L’autoroute A 65, ouverte fin 2010, a permis d’offrir un second échangeur à l’agglomération paloise tout en facilitant les échanges vers le nord de la région.. (Photo archives Ascencion Torrent)
autant, le tableau mérite d’être nuancé. D’abord parce que l’autoroute A 65, ouverte fin 2010, a permis d’offrir un second échangeuràl’agglomérationpaloisetout
en facilitant les échanges vers le nord de la région. Problème : ses tarifsrestentunpeuonéreux.Reste que le trafic est en hausse régulière même si cela ne va pas aussi vite
Autre élément à prendre en compte. Le fait que la LGV, à Bordeaux en 2017 et Dax en 2027, permettra de réduire les temps detrajetsjusqu’àBordeauxetParis. «Aveclamiseenservicedesprojets de LGV Sud-Europe Atlantique Tours-Bordeaux (gain de 50 minutes) et de GPSO BordeauxDax(gainde20minutes),lesagglomérations de Pau etTarbes seront, via Dax et Orthez, respectivement à 3h52 et 4h34 de Paris et 1h42 et 2h24 de Bordeaux » explique-ton chez RFF. D’autant que si, suite aux conclusions de la commission Mobilité 21, il n’est plus question d’imaginer un nouveau barreau à grandevitessejusqu’àPauetTarbes, le relèvement de la vitesse de la section existante est technique-
« Pas particulièrement enclavé mais des fragilités » FRÉDÉRIC TESSON Chercheur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
Chercheur à l’UPPA, au laboratoire SET (société, environnement et territoire), Frédéric Tesson, spécialiste de l’aménagement du territoire, revient sur la problématique des infrastructures en Béarn. On entend souvent dire que le piémont pyrénéen serait enclavé...
De mon point de vue, le Béarn n’est pas particulièrement encla-
vé. Il y a désormais une autoroute vers Bordeaux même, si on le sait, elle est chère. Maintenant, il y a aussi des fragilités, notamment vers le sud. On le voit actuellement avec la liaison ferroviaire entre les villes d’Oloron et de Pau. Ceciétant,ilfautaussicomprendre le discours sur l’enclavement de la part des décideurs économiques. Il permet aussi de vendre le territoire. Pensez-vous que les deux aéroports doivent jouer la complémentarité plutôt que la concurrence ?
Très clairement. Même s’il n’est plus question de parler d’un nouvel aéroport sur le plateau de Ger, nos grands élus ont compris la nécessité de jouer les complémentarités. Je crois qu’il faudrait aussi y associer Biarritz. C’est sans doute une question de survie. L’autre urgence, puisque l’on parle de Béarn et Bigorre, serait d’améliorer les axes de communication entre les deux territoires : par exemple en essayant d’obtenir la gratuité sur l’A64, l’échangeur de Morlaàs, ou encore en demandant de meilleures relations ferroviaires.
Si les infrastructures étaient meilleures, ne risquerait-on pas de voir le tissu économique aspiré par Bordeaux et Toulouse ?
C’est toute la problématique des infrastructuresdetransport.Ilexiste encore un mythe irrigant des infrastructures, un mythe drainant. Mais pour garder ses richesses, la priorité est d’abord d’avoir de grosses mobilisations locales. Sinon les activités s’en vont et on se tourne alors vers une économie résidentielle, bâtie d’abord sur la présence de résidences secondaires. ERIC NORMAND
ment du possible. De quoi encore gagner quelques minutes. Côté départementales, le point noirroutierrestel’accèsversOloron. Riche de son tissu industriel (Messier,Lindt,PCC,Eauxd’Ogeu...), lasous-préfecturebéarnaisedéplore une desserte périlleuse. Quant à l’Espagne,onluitournecarrément ledos.Certes,ilyabieneuquelques aménagementssurlaRN134mais pasdequoisatisfaireceuxquin’ont de cesse de réclamer une nouvelle voieentrePauetOloron.Ledossier estancien,aétéplusieursfoisenterréetrelancé.L’anpassé,ilaunpeu bougé.Leconseilgénéralatronçonnéleprojetentroissections :réalisation de la rocade d’Oloron, aménagement de celle de Pau depuis l’échangeur de Lescar jusqu’aux limites de Tarsacq, puis construction de la nouvelle voie. La première étape a débuté, la seconde frémit (un comptage de véhicules a été réalisé) mais la troisième, plus sensible et contestée par les mouvements environnementaux, ne semble pas prête de voir le jour. ERIC NORMAND PROSPECTIVE
Une liaison ferroviaire Pau-Tarbes à améliorer Satanée voie ferrée. Entre Pau et Tarbes, elle a encore été interrompuedeuxmoisl’andernier.Problème, le fait que cette ligne soit partagée par deux régions (Aquitaine et MidiPyrénées) complique aussi bien la planification des travaux de rénovation que l’organisation des horaires. Le projet LGV Béarn-Bigorre prévoyait la construction d’un « shunt » (un barreau ferroviaire) entrelesdeuxpréfecturesmaiscette optionestcompromise.Lesdécideurs devront se pencher sur l’amélioration de la voie existante et la mise en place de cadencements.
MARDI1ER1 JUILLET MARDI JUILLET 2014 2014
Les infrastructures
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
pour dégager des pistes de coopération. (Photo archives Ascencion Torrent)
simple pourtant à négocier. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas militer pour une nouvelle voie routière ? Ou du moins une mise à 2x2 voies d’une route qui existe déjà, comme par exemple la départementale par Nay. De fait Tarbes et Lourdes étant désormais reliées par une 2x2 voies gratuite, il serait peut-être intéressant de travailler sur la section Pau-Lourdes, c’est-à-dire la D 937 dans sa portion béarnaise. Ce qui imposerait certes de réaliser quelques contournements mais offrirait aussi un axe performant, comparable à ceux que l’on trouve en Bretagne ou Vendée. De quoi également renforcer le triangle Pau-Tarbes-Lourdes et satisfaire des chefs d’entreprise qui n’attendent que cela.
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ZOOM
L’échangeur de Morlaàs-Berlanne va-t-il anticiper son acte de naissance prévu en 2032 ? UN DOSSIER QUI INTÉRESSE BÉARNAIS MAIS AUSSI BIGOURDANS, c’est celui de l’échangeurdeMorlaàs-Berlanne.Côtédesserteautoroutière,Tarbesalongtemps eu une longueur d’avance sur Pau : deux échangeurs d’un côté, un seul de l’autre. L’arrivée de l’A65, en 2010, a permis de gommer ce retard avec la construction d’un échangeur sur l’A64 à Lescar (Pau-Ouest). Mais des élus comme des responsables économiques demandent la relance du projet d’échangeur à Morlaàs, aux abords de la zone d’activité de Berlanne. Il est de toute façon prévu dans le contrat de concession. Cet équipement permettrait de desservir l’Est de Pau, et toute la zone para-pétrolière (Halliburton, Varel, TIGF) autour de Total. La communauté de communes du Pays de Morlaàs a d’ailleurs réalisé une étude d’opportunité pour insister sur sa pertinence. Le conseil général des Pyrénées-Atlantiques est lui aussi favorable à un nouvel échangeur mais préfère d’abord promouvoir, en coopération avec le conseil général des Landes, un semi-échangeur à Carresse-Cassaber, entre Peyrehorade et Salies. Pour l’instant donc, malgré quelques velléités, ledossiersemblefairedusurplaceetn’apparaîtpasprêtpouranticiperl’échéance de 2032. 18 ans à attendre donc.
EN BIGORRE L’autorouteversPauetToulouseetledéveloppementdeslignesaériennesontcontribuéaudésenclavementdelaBigorre. Le rapprochement des deux aéroports est une nécessité, dans un contexte de forte concurrence. Le rail, lui, est en retard de modernisation.
Un avenir qui se tourne vers Pau
D
epuis une vingtaine d’années, des efforts considérables ont été faits pour rapprocher Tarbes de Pau et désenclaver nos territoires ». Le maire de Tarbes GérardTrémègeestbienplacépour le savoir. « Quand j’avais des attachesprofessionnellesenBéarn, il fallait près d’une heure pour rejoindre Pau. Aujourd’hui, il faut 20minutes,commeentreToulouse et Montauban. Il n’y a pas de doute : comme Pau est loin de Bordeaux, nous sommes trop loin pour bénéficier de la dynamique toulousaine. Notre avenir est tourné vers Pau ».
400 000 passagers par an
fréquentent l’aéroport de Tarbes Lourdes Pyrénées (TLP) L’A64 vers Pau etToulouse, puis l’A65 vers Bordeaux, ont permis unemeilleureaccessibilitéroutière. Et la liaison aérienne avec Paris a mis la Bigorre à une 1h30 de la capitale. L’ancien député Pierre Forgues, président du syndicat Pyrénia, gestionnaire de l’aéroport et aménageur de la zone aéroportuaire, en est persuadé : « Chacun des deux aéroports doit avoir une liaison vers Paris, mais de manière coordonnée et intelligente, c’està-dire pas sur le même créneau horaire. La liaisonTarbes-Paris est absolument nécessaire pour l’attractivité de notre territoire ». Encore faut-il que les deux aéroports jouent la carte de la complémentarité. Le scénario « le plus poussé » du projet de territoire 2020-2030 du conseil général propose « une autorité organisa-
3 QUESTIONS À...
« Pour un rapprochement des aéroports » BERTRAND BILGER, directeur et YOUSSEF SABEH, président Europe de SNCLavalin (*)
tricecommunepourgérerlesdeux aéroports ». Une coopération nécessaire quand on sait que le trafic charters de TLP a perdu 150 000 passagers depuis 7 ans et laisse la place aux liaisons low-cost qui correspondent davantage aux besoins de la clientèle individuelle notamment pour rejoindre les stations de ski. Tarbes-LourdesPyrénées et ses 400 000 passagers, comme Pau-Pyrénées, sont appelés à desservir d’autres capitales européennes « pour attirer des touristesinternationauxdansnotre département»etaussidespèlerins de Lourdes.
Comment voyez-vous la coopération entre Tarbes et Pau ?
« Un problème ferroviaire » Pourlerail,lasituationestencore plus délicate. « Nous avons incontestablement un problème ferroviaire»regrettelesénateurFrançois Fortassin. À titre d’exemple, « le service rendu à Lourdes par les trains de pèlerinage est scandaleux» déplore GérardTrémège. Les efforts d’investissements de la RégionsurlaligneTarbes-Toulouse nesetraduirontpasparuneréduction du temps de trajet. « Il y a quelques années, j’avais demandé à la Région d’installer des trains pendulairesquiauraientmisTarbes à 40 ou 45 minutes deToulouse au lieu d’1 h 30 aujourd’hui dans le meilleur des cas. En vain » souligne Gérard Trémège. Bien que le Béarn et la Bigorre aient poussé ensemble en faveur d’un barreau Mont-de-Marsan-Pau-Tarbespour le projet de liaison grande vitesse (LGV) Bordeaux-Hendaye, celuici semble enterré. « A défaut de LGV, il est indispensable que Tarbes-Lourdes-Pau soient reliés àToulouseleplusfacilementpossible » préconise le président du conseil général Michel Pélieu. CYRILLE MARQUÉ
La gare SNCF de Tarbes est mal desservie. (Photo Joël Boyé)
Gare multimodale : le projet peut ressurgir PROSPECTIVE. Dans le cadre du projet de territoire 2020-2030, le président du conseil général Michel Pélieu préconise un développement des aires de covoiturage et une carte de mobilité transport Tarbes-Lourdes-Pau. Le projet de gare multimodale routerail-air pourrait ressurgir un jour, notamment dans la perspective d’un rapprochement entre le Béarn et la Bigorre. Àl’aéroport,uneréservefoncièreattend depuis longtemps pour accueillir un éventuel projet. « Il y a une cinquantaine d’années, nos prédécesseurs ont commis l’erreur de ne pas construire un aéroport commun Tarbes-Pau, ne manquons pas cette chance au niveau ferroviaire » souligne le sénateur François Fortassin. En 2007, alors qu’il était président du
conseil général, François Fortassin avait lancé l’idée d’une gare ferroviaire voire multimodale sur le plateau de Ger « notamment pour obtenir plus facilement l’adhésion des Béarnais ». Aujourd’hui, il ne désespère pas de voir aboutir son projet qui pourrait faire partie, selon lui, des investissements nécessaires pour relancer la croissance en temps de crise. « Se situant en dehors d’une zone urbanisée, elle aurait le triple avantage de disposer d’un grand parking, de permettre aux TGV d’arriver à pleine vitesse et de raccourcir la distance avec l’Aquitaine, donc in fine de réduire considérablement le temps de trajet. Si les élus des deux régions se fédéraient tous autour de ce projet, cela aurait peut-être un effet déclencheur ».
Il y a lieu de faire une coopérationbeaucoupplusaccentuéeavec des projets interdépartementaux et interrégionaux, et par un développement harmonieux et complémentaire des réseaux. Par exemple, les lignes Pau-Paris et Tarbes-Paris doivent être maintenues mais sur des créneaux horaires différents. Il faut que les deux aéroports soient au service de leur territoire pour offrir un plus grand choix de destinations à leurs usagers et faciliter les échanges entre Béarnais et Bigourdans, par exemple en mettant en place un système de navette bus. La volontépolitiqueestréelle.Denotrecôté, nous sommes demandeurs. Allez-vous candidater à la gestion de l’aéroport de Pau ?
S’il y a un dossier où nous pouvons exercer notre métier et contribuer positivement, on ira. Maisilnousarrivedenepasrépondre à des appels d’offres qui ne correspondent pas à nos attentes. Un délégataire commun peut-il aider au rapprochement ?
Pas forcément. La volonté de coopérer entre les deux aéroports peut se traduire par un délégataire unique ou par deux gestionnaires du moment qu’il existe une stratégie commune. Cette dernière ne peut venir que de la volonté politique des collectivités. (*) SNC-Lavalin est gestionnaire, de l’aéroport Tarbes-Lourdes-Pyrénées.
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MARDI1ER1 JUILLET 2014 MARDI
La santé
LES ENJEUX
Pas d’ordonnance commune aujourd’hui La coopération médicale entre le Béarn et la Bigorre n’est pas encore entrée dans une phase active.
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fficiellement le sujet n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Il n’empêche : tout le monde y pense et certainsavancentmêmedespistes. La fameuse coopération médicale entre le Béarn et la Bigorre dépassera-t-elle un jour le stade des bonnes intentions et des engage-
ments de principe ? Sans doute, car la santé figure parmi les principaux enjeux du développement de l’axe BéarnBigorre. L’organisation médicale dans les deux territoires constitue l’une des principales clés d’avenir pour le piémont ouest-pyrénéen. « Le fait qu’il y ait des frontières administratives ne doit pas nous
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
empêcher de bâtir des partenariats quand ceux-ci sont utiles, nécessairesetpartagésparlesdeux parties », observe Christophe Gauthier, le directeur général du centre hospitalier de Pau. Et d’évoquer l’installation à Pau, à partir de 2015, d’un PET scanner, destiné à détecter les cancers précoces. Cet équipement a été obtenu avec la Bigorre dans le cadre d’un projet interrégional Aquitaine Midi-Pyrénées. « Il permettraderépondreauxbesoins des deux populations. », ajoutet-il.
Tarbes est tournée vers Toulouse Si l’analyse est globalement partagéeenBigorre,laréalitélocale n’autorise pas certaines audaces.
Sur notre photo, le scanner de la clinique d’Aressy. L’installation à Pau, à partir de 2015, d’un PET scanner, destiné à détecter
EN BÉARN Bien dotés en équipements et en spécialités, le Béarn et la Soule bénéficient d’une situation privilégiée, avec du matériel de haute technologie et des praticiens de qualité. Les liens avec la Bigorre ne sont pas négligés pour autant.
« Des disciplines de grande qualité »
L
’éloignement présente parfois quelques avantages. Le Béarn et la Soule vivent à une distance respectable de leur centre hospitalier universitaire de référence. « Cela les a placés dans une situation régionale particulière. Car leurs acteurs de santé ont été amenés à se doter de disciplines de grande qualité » explique Christophe Gautier, le directeur du centre hospitalier de Pau. Cet établissement accueille par exemple un grand nombre de disciplines de niveau 3 que l’on ne trouve habituellement que dans les pôles universitaires. C’est le cas de la cardiologie interventionnelle et de l’unité de prise en charge neuro-vasculaire. De même, l’Institut de formation aux carrières de santé, qui forme les cadres hospitaliers, ne se rencontre que dans les CHU.
II Sans faire injure à nos collègues bigourdans, il y a aussi des flux naturels de patients vers le Béarn II
Christophe Gautier, directeur du centre hospitalier François-Mitterrand à Pau
Autre spécificité : le centre hospitalier de Pau est le seul établissement non universitaire à recevoir de l’Etat une aide financière (MERRI) consacrant les efforts qu’il déploie en matière de recherche.
L’intérêt de rassembler À l’exception de certaines activités, comme la greffe des grands brûlés, le Béarn et la Soule sont en fait plutôt bien dotés, et les « fuites » de patients vers l’extérieur du territoire restent très faibles. Le lourd plateau technique dont cette partie du département dispose, ainsi que les partenariats qui y ont été développés
lisée dans la neurochirurgie, en fait partie.
Béarn-Bigorre : déjà des liens
Certaines spécialités exercées à l’hôpital de Pau sont dignes d’un CHU. (Photo archives Nicolas Sabathier)
ne font que renforcer cette situation. Les établissements publics ont en effet donné ici naissance à l’une des premières communautés hospitalières territoriales créées en France. Ce qui leur permet d’assurer « une qualité des soins, un maillage important, ainsi qu’un
adressage des patients vers l’hôpital de recours qu’est le CH de Pau ». Quant au pôle de santé public-privé palois, il voit quatre établissements privés entretenir des relations étroites autour de l’hôpital François-Mitterrand, dont ils sont les proches voisins. La polyclinique de Navarre, spécia-
Un rapprochement avec la Bigorre est-il dès lors intéressant ? En Béarn, la réponse est positive. « Les liens noués entre les professionnels des deux régions existent depuis longtemps » rappelle Bernard Casassus, installé à la Maison médicale Marzet et membre d’un groupement de cardiologues libéraux palois. Souvent formés ensemble à Toulouse, les intéressés organisent aujourd’hui des sessions communes de formation. « L’attractivité toulousaine est très forte sur la Bigorre. Mais, sans faire injure à nos collègues bigourdans, il y a aussi des flux naturels de patients vers le Béarn » note pour sa part Christophe Gautier. Avant d’évoquer l’installation à Pau, à partir de 2015, d’un PET scanner, destiné à détecter les cancers précoces. Cet équipement a été obtenu avec la Bigorre dans le cadre d’un projet interrégional Aquitaine Midi-Pyrénées. « Il permettra de répondre aux besoins des deux populations. » JEAN SMAGGE
Médecins généralistes : le défi de demain PROSPECTIVE. Le système de santé, tel
qu’il est organisé en Béarn et en Soule, a de beaux jours devant lui. « Il a pris quatre bons virages » estime ChristopheGautier,directeurdel’hôpital de Pau, qui est aussi l’établissement siège de la Communauté hospitalière de territoire. Cette dernière organisation constitue en effet le deuxième pôle de santé publique en Aquitaine, derrière le CHU de Bordeaux. Difficile également de ne pas évoquer le bénéfice retiré par la complémentarité public-privé « menée en bonne
intelligence » par le biais du pôle de santé palois. « Un très bon virage a par ailleurs été négocié avec notre insertion dans le système de santé régional. Et nous disposons d’un atout : l’attractivité de notre territoire, nous permet d’être bien positionnés dans les filières de recrutement des personnels médicaux. » « La vraie question d’avenir est par contre notre capacité à fixer des médecins généralistes dans les secteurs ruraux. Trouver un praticien dans un
délai convenable : voilà le vrai défi qui nous attend ! Dans ce domaine, tout reste à bâtir. » constate Christophe Gautier. « Cette question sera très dépendante de la stratégie nationale de santé mise en place par les pouvoirs publics. Pour ce qui nous concerne, nous participons déjà à l’expérience menée avec la communauté de communes de Nay. Pour apporter un soutien à la formation de secrétaires médicales, aider à établir des liens avec des médecins de premier recours… »
3 QUESTIONS À...
« Le Piémont pyrénéen existe de facto » CHRISTOPHE GAUTIER, directeur du centre hospitalier de Pau
Le découpage administratif entre l’Aquitaine et le Midi-Pyrénées estil un handicap ?
Il ne le sera pas. Le Piémont pyrénéen existe de facto. Le fait qu’il y ait des frontières administrativesnedoitpasnousempêcher de bâtir des partenariats quand ceux-ci sont utiles, nécessaires et partagés par les deux parties. L’obtention du PET scan hébergé à Pau en partenariat avec l’hôpital deTarbes et un groupement privés de radiophysiciens toulousains a-t-elle été aisée ?
Obtenir ce type d’autorisation n’est pas toujours évident. Mais on a réussi à convaincre l’Etat de l’intérêt de ce montage. Avec les Bigourdans, nous pouvons nous enrichir mutuellement. Le PET scanenfournituntrèsbelexemple. Le Béarn est bien équipé.Les liens avec Bordeaux sont-ils distendus pour autant ?
Il y aura toujours des disciplines de recours au CHU de Bordeaux, qui se positionne sur le plan national, voire mondial, dans certains domaines. C’est le cas de la cardiologie. Nous avons aussi une liaison de qualité avec Bordeaux pour le recrutement de praticiens. Cela nous aide à fixer en Béarn des professionnels de haut niveau.
MARDI1ER1 JUILLET MARDI JUILLET 2014 2014
La santé
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
Aujourd’hui, le groupe hospitalier de Tarbes et de Lourdes s’inscrit surtout dans l’organisation régionale de la santé tournée vers Toulouse, même s’il existe des coopérations, trop rares, entre le Béarn et la Bigorre. « Avec Pau, nous avons des relations de travail qui peuvent d’ailleurs s’amplifier » ajoute Miguel Bréhier, le directeur du groupe hospitalier TarbesLourdes. « Nous avons tout intérêt à trouver des partenariats innovants pour faire bénéficier à la population du Béarn et de la Bigorre d’équipements performants » confie-t-il.
Des praticiens favorables à des coopérations les cancers précoces, a été obtenue avec l’aide de la Bigorre. (Photo archives Ascencion Torrent)
Sur le terrain, les praticiens béarnais se disent plutôt favora-
ble à des coopérations. « Les liens noués entre les professionnels des deux régions existent depuis longtemps» rappelle le Dr Bernard Casassus, membre d’un groupement de cardiologues libéraux palois. Souvent formés ensemble à Toulouse, les intéressés organisent aujourd’hui des sessions communes de formation. Pour le Dr Jean-Claude Netter, président de la commission médicale du centre hospitalier de Tarbes, la priorité du moment est à la réorganisation en HautesPyrénées. « Il y a une vingtaine d’années, nous avons raté l’opportunité de réaliser un hôpital commun entreTarbes, Lourdes et Pau qui aurait pu avoir la dimension d’un CHU ». Ce n’est plus d’actualité aujourd’hui. «La priori-
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té c’est d’aller vers un hôpital unique entreTarbes, Lourdes voire Bagnères, avant d’envisager un partenariat public/privé ou un rapprochement entre Tarbes et Pau ».
Fixer ici des médecins généralistes Mais un autre défi est à relever par le corps médical béarnobigourdan : « La vraie question d’avenir est notre capacité à fixer des médecins généralistes dans les secteurs ruraux. Trouver un praticien dans un délai convenable : voilà le vrai défi qui nous attend ! Dans ce domaine, tout reste à bâtir » constate Christophe Gautier.Voilaaumoinsundiagnostic qui fait l’unanimité aussi bien en Béarn qu’en Bigorre.
ENBIGORRE LegroupehospitalierdeTarbesetdeLourdess’inscritsurtoutdansl’organisationrégionaledelasantétournéeversToulouse même s’il existe des coopérations, trop rares, entre le Béarn et la Bigorre, et des transferts de patients pour des nécessités médicales.
Une barrière sépare Béarn et Bigorre
E
n matière de santé, un strict découpage administratif semble couper la Bigorre du Béarn, même si 40 km seulement séparent l’hôpital de Pau de ceux deTarbes et de Lourdes. Miguel Bréhier, le directeur du groupe hospitalierTarbes-Lourdes est catégorique : « Le territoire de santé du groupe hospitalierTarbes Lourdes correspond au département des Hautes-Pyrénées. L’organisation administrative et sanitaire nous pousse à nous tourner vers le CHU de Toulouse pour sa vocation régionale de recherche, de formation des praticiens, d’appel et de recours pour les patients qui ne peuvent être traités dans nos établissements. Les partenariats avec le centre hospitalier de Pau sont moins nombreux, même si la distance est moindre » constate Miguel Bréhier.
35 km C’est la distance
qui sépare l’hôpital de Lourdes de celui de Pau Et le directeur du groupe hospitalierTarbes-Lourdes de poursuivre : « Les barrières régionales et départementales restent présentes. Toutefois, les transferts de patients peuvent se pratiquer dans un sens ou dans un autre en fonction des pathologies, de la nécessité d’un avis expert d’un praticien ou de lits disponibles dans l’un ou l’autre des établissements. »
« Pas de réelle coopération institutionnelle » « Avec Pau, nous avons des relations de travail qui peuvent d’ailleurs s’amplifier » ajoute
Les hôpitaux de Tarbes et de Lourdes veulent accélérer leur regroupement sans envisager de rapprochement avec Pau. (Photo archives Joël Boyé)
PROSPECTIVE
Priorité à la réorganisation en Hautes-Pyrénées PROSPECTIVE. Dans un contexte de difficulté budgétaire, le centre hospitalier de Tarbes doit-il envisager un rapprochement avec Pau s’il veut assurer sa pérennité ? Cela n’est pas à l’ordre du jour. « J’avais commencé des collaborations entre nos deux hôpitaux avec l’ancien maire de Pau André Labarrère, mais elles n’ont pu se poursuivre. Aujourd’hui, le centre hospitalier de Pau qui s’est développé, n’a plus besoin de nous » constate le maire de Tarbes Gérard Trémège. Le directoire commun de Tarbes et de Lourdes s’est prononcé sur la construction d’un hôpital unique dans les Hautes-Pyrénées. Il supprimerait les activités doublon (chirurgie, médecine, urgence, bloc opératoire, obstétrique) entre Tarbes et Lourdes. Pour Jean-Claude Netter, « la priorité c’est d’aller vers un hôpital unique entre Tarbes, Lourdes voire Bagnères, avant d’envisager un partenariat public/privé ou un rapprochement entre Tarbes et Pau. Il y a une vingtaine d’années, nous avons raté l’opportunité de réaliser un hôpital commun entre Tarbes, Lourdes et Pau qui aurait pu avoir la dimension d’un CHU. On ne peut maintenir les activités en doublon sur un trop petit territoire. Nous avons perdu six ans depuis l’échec du projet d’hôpital public sur le plateau de Lanne (entre Lourdes et Tarbes). Plus nous attendons, plus notre situation financière (17 millions d’euros de déficit cumulé) se dégrade, plus nous nous éloignons de la possibilité de candidater à un hôpital unique ». LapositiondeladéputéeJeanineDubiéestunpeudifférente :«Danslamesure où nous n’avons pas de lisibilité sur la construction d’un hôpital unique entre Tarbes et Lourdes, je pense que le maintien des deux hôpitaux est absolument nécessaire ».
Miguel Bréhier. « Nous avons tout intérêt à trouver des partenariats innovants pour faire bénéficier à la population du Béarn et de la Bigorre d’équipements performants » confie-t-il. Comme le souligne Jean-Claude Netter, le président de la commission médicale du centre hospitalier deTarbes, qui de par ses attributions, est le n° 2 de l’établissement derrière le directeur : « Nous collaborons bien avec certains services du centre hospitalier de Pau (neurochirurgie, cardiologie, traumatologie, pédiatrie). Nous avons un partenariat interrégional sur le TEP-Scan, un appareil d’imagerie pour la cancérologie et les maladies infectieuses, pour lequel les praticiens publics et privés de Tarbes disposent d’une vacation et de plages attribuées. Mais nos relations ne vont pas plus loin. Il n’y a pas de réelle coopération institutionnelle ».
Une exception : la neurochirurgie urgente De son côté, la députée Jeanine Dubié « pense qu’il faut développer des coopérations entreTarbes et Pau en fonction des spécialités et de la demande des patients, mais tout ce qui ne nécessite pas une approche très spécialisée peut se traiter au niveau des HautesPyrénées ». Etant distant de 35 km, le centre hospitalier de Lourdes est-il davantage tourné vers Pau ? « Nous avons la même direction que l’hôpital deTarbes », répond le président de la commission médicale d’établissement Didier Garnier. « Les patients de notre bassin de population vont surtout dans les cliniques toulousaines pour des problèmes d’orthopédie. Mais nos relations avec Pau sont très limitées, à l’exception de la neurochirurgie urgente avec la polyclinique de Navarre ». CYRILLE MARQUÉ
3 QUESTIONS À...
« Un hôpital Tarbes-Pau est prématuré » ROBERT GAUTÉ, représentant des usagers pour UFC-Que Choisir au centre hospitalier de Tarbes.
Les usagers veulent-ils un rapprochement avec Pau ?
Sur le plan géographique, il est plus évident de parler de TarbesPau que de Tarbes-Toulouse. Par le passé, l’hôpital deTarbes a noué despartenariatsavecPau(scanners, IRM). Mais il n’y a jamais eu de collaboration institutionnelle. Mêmesilespatientsveulentchoisir ce qui est le mieux, ils doivent passer par des circuits organisés plutôt orientés vers Toulouse. Un rapprochement Tarbes - Pau me paraît prématuré. Réglons d’abord le problème haut-pyrénéen. Quel est-il ?
Il faut régler la pérennité de l’organisation et la complémentarité entre les hôpitaux publics des Hautes-Pyrénées. SiTarbes prend leleadership,commentfaireaccepterqueLourdessoitunsimplerelais desanté ?Lasanténepeutpasfaire l’économie d’une mutation mais les usagers et le personnel ne doivent pas être pénalisés. Et le rapprochement avec le privé ?
J’y suis opposé. Il ne faudrait pas qu’un projet d’hôpital unique se transforme en volonté de réduire les deux hôpitaux et de favoriser le rapprochement public - privé. Ce serait déshabiller Pierre pour habiller Paul.
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12 | L’enseignement supérieur LES ENJEUX
Vers une université du piémont pyrénéen OnpeutimagineràtermeuneuniversitédesPyrénées, passerelle avec ses voisines basques et aragonaises.
U
neuniversitédesPaysde l’Adour, appendice de celles des métropoles rivales bordelaise et toulousaine, ou université du piémontouvertesurlesudavecdes fortes spécialités, traitant d’égale à égale avec ses voisins du grand Sud-Ouest. L’avenir reste à écrire.
En rassemblant les étudiants de l’Université Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) et ceux du pôle de Tarbes, le campus des Pays de l’Adourcomptedéjàprèsde17000 étudiants(cotépublic).Enyajoutant les écoles privées et en imaginant denouvellesformationsdécentralisées de Bordeaux et de Toulouse commelamédecineoulapsycho-
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
logie, on peut dessiner un pôle universitaire du piémont des Pyrénées solide et autonome, fort deplusde20 000étudiants.Mieux, enélargissantlanotiond’Eurocampus,lespaysdel’Adourpourraient devenir la colonne vertébrale d’un vaste réseau d’échanges universitaires allant de Toulouse à Vitoria et de Saragosse à Bordeaux.
L’intérêt du transfrontalier En développant le trilinguisme, l’UPPA a bien saisi l’intérêt du transfrontalier. Les jeunes n’ont d’ailleurspasattendulesdécideurs pour jouer les « sautes frontières » et partir peaufiner leurs connaissanceslinguistiquesetsefrotteraux cultures ibériques à Saragosse, Bilbao,SanSebastianparfoismême jusqu’àSalamanque,Barceloneou
Des étudiants en cours sur le campus palois. En développant le trilinguisme, l’UPPA a bien saisi l’intérêt du transfrontalier.
ENBÉARN Avecuntotalde11581étudiantscetteannée,l’UniversitédePauetdesPaysdeL’Adoura,commesonnoml’indique,vocation à rayonner également en Bigorre, à Tarbes, mais aussi à Bayonne, même si Pau accueille le plus gros des effectifs, avec 7 615 étudiants.
L’UPPA forte déjà de quatre campus
L
physique tournée vers l’astrophysique en lien avec l’observatoire du pic du Midi de Bigorre. L’université de Pau collabore pour cette formation avec l’université de Toulouse 3 qui en est le maître d’œuvre. Le Laboratoire Transferts énergétiques et procédés (LATEP), associé à cette licence est, lui, estampillé 100 % UPPA avec quatre enseignantschercheurs.
’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) compte 716 étudiants à Tarbes, soit 6 % de son effectif total (11 581 étudiants). 25 enseignants et 9 personnels administratifs et techniques (Biatss) travaillent sur le campus bigourdan. Un bon millier d’étudiants, soit 9 % de l’effectif total des différents sites de l’UPPA, sont, par ailleurs, originaires de Bigorre, département de MidiPyrénées rattaché aux universités toulousaines. Ces chiffres illustrent la présence de l’UPPA en Bigorre et la réalité de la vocation de l’université paloise qui, comme son nom l’indique, a vocation à rayonner sur l’ensemble des pays de l’Adour. Rappelons que si le site de Pau
565 enseignants
dispensent des cours sur le campus palois qui rassemble 7 615 étudiants. est le plus important (7 615 étudiants, 565 enseignants et 436 personnes), l’UPPA dispose aussi de campus à Anglet/Bayonne (2 879 étudiants et 243 personnels) et Mont-de-Marsan (371 étudiants, 47 personnels).
Une volonté d’aménager le territoire Celui de Tarbes accueille pour l’essentiel la formation universitaire « Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS). Cette dernière a migré en Bigorre en 1996. « Elle s’est installée à Tarbes pour répondre à une volonté politique d’aménagement du territoire », indique Mohamed Amara, président de l’UPPA. Des installations sporti-
3 QUESTIONS À...
« Un pôle fort entre Bordeaux et Toulouse » ODILE BIEC, directrice du site palois de l’ESA Pyrénées
Proximité des entreprises
Le site palois de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour. (Photo archives M. Zirnheld)
ves de qualité et des disponibilités foncières ont également plaidé pour ce transfert. Un peu moins de 700 étudiants se répartissent entre ces cinq années de formation (3 années de licence et 2 années de master) auxquels sont intégrées la préparation aux CAPES (concours d’enseignement
d’Education physique et sportive) et des doctorats. L’unité Staps recrute essentiellement des étudiants des quatre départements de l’Adour (64, 65, 40, 32), lesquels sont prioritaires en admission post-bac. Une vingtaine d’étudiants de l’UPPA suivent aussi à Tarbes une licence de
Le tissu économique bigourdan intéresse aussi l’université de Pau. Alstom et Socata, par exemple, travaillent avec l’Institut pluridisciplinaire de recherche sur l’environnement et les matériaux (IPREM) de Pau.Véolia s’intéresse à un diplôme international sur la gestion des déchets. Reste que la proximité géographique ne fait pas tout. « Cette réalité n’a pas de traduction administrative. Nous restons deux départements et deux régions », remarque le président Amara. Ce dernier regrette l’absence d’une instance chargée entre les deux entités de coordonner les projets d’enseignement supérieur et de recherche. JEAN-MARC FAURE
L’atout du transfrontalier PROSPECTIVE. Siautrefois,lesPyrénées formaient une barrière, demain les montagnes joueront le rôle de tremplin, notamment grâce à ses voisins du sud du massif. Des projets immédiats le préfigurent. Dès la rentrée prochaine, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) compte par exemple ouvriruneformation(diplômed’université) sur la gestion des déchets avec l’université mexicaine de Cuernavaca. Le syndicat mixte de traitement des déchets et le groupe Veolia (qui a implanté son campus du Sud-Ouest à Tarbes) sont les partenaires de cette
formation à distance et en espagnol à destination exclusive des étudiants mexicains. Sur cette même formation, desaccordssontenvisagésavecl’université de Saragosse pour prospecter ensemble sur l’Amérique latine. Des projets avec l’Argentine sont encore imaginés avec l’université du Pays basque (Bilbao, San Sébastian, Vittoria) et le conseil général des PyrénéesAtlantiques. De même l’Euro-campus prévu à l’horizon 2020 prévoit une coopération renforcée entre les universités d’AquitaineetduPaysbasque.Ilpourrait
être élargi dans le futur aux universitésdeNavarre(Pampelune)etd’Aragon (Saragosse). L’UPPA ne néglige pas pour autant ses coopérations avec la Bigorre en s’appuyant sur l’économie locale. A la rentrée prochaine, elle doit ouvrir une nouvelle licence professionnelle pilotée par l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Pau. Cette formation en alternance aux métiers de la comptabilité et gestion des entités agricoles est ouverte en priorité au lycée Marie-Curie de Tarbes. Si l’effectif le permet, une autre promotion prendra place à l’IUT de Bayonne.
Qu’est ce que l’école supérieure d’art des Pyrénées Pau-Tarbes ?
C’est un établissement public de coopération culturelle, né en 2010 de la fusion des deux écoles d’arts de Pau et de Tarbes : l’école supérieure d’arts et de communication de Pau et de l’école supérieure d’art et de céramique de Tarbes. Comment est-elle née ?
Elle est née de la volonté du ministèredelaCulturedes’adapter aux critères européens sur la réorganisation des études supérieures(licence,masterdoctorat...). Il fallait pouvoir devenir autonome, donc avoir une taille critique pour assumer des fonctions de recherche et de travail à l’international par exemple. C’était territorialement cohérent. Aujourd’hui sur deux sites nous avons un pôle important entre Bordeaux et Toulouse. Qu’a apporté cette fusion ?
Elle a tiré les écoles vers le haut avec des exigences accrues. La nécessité de faire évaluer la formation tous les deux ans nous pousse à l’excellence. Depuis la fusion, les effectifs ont largement augmenté(294étudiantsaujourd’hui)grâce à la plus grande notoriété du nouvel établissement.
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L’enseignement supérieur | 13
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
C’est aussi une université qui possède un fort atout : ses liens avec l’industrie. (Photo Jean-Philippe Gionnet)
Valence, quand ce n’est pas pour changer de continent. L’UPPA qui commence à jeter des ponts vers l’Amérique latine, l’a bien perçu. Acôté de ce caractère transfrontalier, le campus de ce piémont pyrénéen possède un fort atout : sesliensavecl’industrie.L’aéronautique, l’astrophysique, la mécanique, l’énergétique, les nouveaux matériauxetl’environnementsont autantdespécialitéstraitéesparles écoles d’ingénieurs et l’université avec des supports industriels bien ancrés sur le territoire. Cette universtédesPyrénéespossèdedéjà quelquespépitescommel’Institut pluridisciplinaire de recherche sur l’environnement et les matériaux (Iprem) de Pau ou le Laboratoire souterrain de Canfranc (LSC). J-M.F.
ZOOM
Un Labo de physique dans le tunnel du Somport L’UN DES TROIS LABORATOIRES européens de physique fondamentale se cache dansletunnelduSomport.Crééen1985parl’universitédeSaragosse,leLaboratoire souterrain de Canfranc (LSC), est niché entre les tunnels routier et ferroviaire.Ilestaujourd’huispécialisédanslarecherchesurla«matièrenoire»,cette inconnue qui composerait 90 % de l’Univers. Même si les domaines de recherches apparaissent différents, on peut tout de même établir un cousinage avec l’observatoire du Pic du Midi de Bigorre et le domaine de l’astrophysique. Intégréàunréseaude214chercheursde15pays,leLSCabriteuneéquipescientifique et administrative permanente d’une dizaine de personnes, renforcée par les chercheurs de l’université de Saragosse. Agrandi en 2003, il comprend des galeries immaculées, blindées de cuivre où l’air est renouvelé toutes les heures. Il est équipé d’un matériel de très haute technologie. Les recherches fondamentales qui y sont développées sont utiles pour la médecine (radiographie, tomographie), pour les énergies renouvelables (panneaux solaires), en électronique (nouveaux matériaux pour processeurs), en communication (internet, technologies GPS) mais aussi pour la datation radioactive à des fins policières etmêmeœnologiques.Làencore,onpeutimaginerdesrésonancessurnosterritoires du Béarn et de la Bigorre.
EN BIGORRE Le pôle universitaire tarbais s’est développé grâce à une double dynamique régionale. À côté de ses établissements autonomes, il a bénéficié de l’implantation de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et de l’Université Paul-Sabatier de Toulouse.
Un pôle universitaire à double identité
D
universitaire Tarbes Pyrénées (CUTP), une instance de concertation et de coordination, est probablement unique en France car il regroupe exclusivement les divers acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche du pôle universitaire tarbais.
epuis sa création, le pôle universitaire tarbais et ses 5 600 étudiants portent dans ses gênes une double identité régionale. L’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) a décidé d’y installeren1996uneantennedesafilière Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) qui forme un peu moins de 700 étudiants aux métiers du sport, parallèlement à l’Université PaulSabatier deToulouse qui a implanté cinq départements d’IUT.
« Eviter des doublons inutiles »
5 600 étudiants sur le
pôle universitaire tarbais. L’UPPA a notamment installé une filière Staps à Tarbes. L’interconnexion entre l’UPPA et l’Université Paul-Sabatier s’exprime au travers de la licence
le pôle universitaire tarbais s’est construit sur une double dynamique territoriale. (Photo archives Joël Boyé)
professionnelle d’astrophysique. Elle est le fruit d’une collaboration entre l’observatoire MidiPyrénées de l’Université PaulSabatier et l’UPPA. Le pôle univer-
sitaire tarbais accueille aussi le Laboratoire transferts énergétiques et procédés (Latep) rattaché à l’UPPA, qui travaille sur la dépollution de l’air. La création du centre
« Bigorre et Béarn se complètent » TALAL MASRI, directeur de l’école nationale d’ingénieurs de Tarbes (Enit).
Quelle est la proportion d’étudiants des deux territoires dans votre effectif ?
L’Enit deTarbes est sur un territoire qui couvre les pays du Béarn et de l’Adour. Depuis sa création en 1963, elle attire 25 à 30 % d’étudiants issus de son environnement direct, c’est-à-dire des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées.
Quels sont les échanges avec le Béarn ?
Nousavonsdespartenariatsavec des entreprises du Béarn comme Turbomeca, l’un des partenaires historiques, Exameca, MAP et beaucoup d’autres. La Bigorre et le Béarn se complètent en matière de formation et de recherche technologiques.Nousavonsbesoin l’un de l’autre. C’est le cas sur le plan de l’enseignement. Il n’est pas rare que je sollicite un professeur de l’UPPA et des établissements du 64 pour enseigner à l’Enit. Moimême je suis intervenu à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour.
Et la recherche-développement ?
Il y a des échanges au niveau de la recherche. Le Laboratoire Génie de Production (LGP) participe à des multiples projets de recherche appliquée en collaboration avec l’UPPA et avec l’Estia de Bidart. Tout récemment, plusieurs industriels (Daher-Socata, Turbomeca, Messier) ont fait appel à lui pour participeraudéveloppementd’une plate-formetechnologiquemutualisée sur le site de Bordes dans le domaine de transformation des métaux qui s’inscrit dans le cadre duplanrégionaldel’Usinedufutur. PROPOS RECUEUILLIS PAR C. M.
Il est l’émanation de cette bipolarité territoriale qui s’est construite depuis 35 ans. « Il permet une optimisation territoriale des ressources, de mettre en place des projets qui autrement ne se feraient pas et évite les concurrencesetlesdoublonsinutiles » souligne son directeur Gilles Craspay. Ce tissu universitaire riche et varié est complété par des établissements de plein exercice comme l’Ecole nationale d’ingénieurs ou les formations post-bac des lycées qui ont un bassin de recrutement dépassant les Hautes-Pyrénées. C’est le cas notamment de l’Ecole supérieure d’art des Pyrénées qui regroupe depuis 2010 les écoles
deTarbes et de Pau. « Cette fusion a généré une logique d’établissement plus forte avec des spécificités, donc des complémentarités, sur chaque site : l’art céramique àTarbes, le design graphique et le multimédia à Pau », explique la directrice générale Martine Moureu. « Notre réputation nationale et internationale en a été accrue puisque nous avons des étudiants issus de quatorze pays européens, et cela nous a permis de développer notre maillage régional avec notamment la multiplication des accès aux centres d’art ». Une offre du secteur privé concernant les deux territoires est également présente sur le parc d’activités des Pyrénées à Ibos. L’entrepriseVéolia environnement yaimplantésoncampusduGrand Sud-Ouest pour la formation aux métiers des services à l’environnement. Il concerne les apprentis jusqu’à la licence professionnelle et les salariés issus des régions Midi-Pyrénées, Aquitaine et Limousin. CYRILLE MARQUÉ
PROSPECTIVE
Les défis de la nouvelle organisation territoriale LA NOUVELLE ORGANISATION TERRITORIALE del’enseignementsupérieurpourrait changer la donne. Le projet de création d’une communauté d’universités et d’établissements(Comue)quiépouselesfrontièresadministrativesdelarégion Midi-Pyrénéesfaitquedemainlepôleuniversitairetarbaisseradavantagetourné versl’agglomérationtoulousaineetaurasansdouteplusdedifficultésàmaintenirsonlienprivilégiéavecl’UPPA.Danscecontexte,ledirecteurducentreuniversitaire de Tarbes, Gilles Craspay doit encore faire preuve de davantage de diplomatie et exprime surtout une certaine inquiétude. « Soit nous faisons le choix de l’université de Toulouse ou de l’UPPA et nous nous affaiblissons, soit nous continuons à faire progresser de concert nos alliances paloises et toulousaines pour avoir une chance de se développer » souligne-t-il. « Avec cette réforme, le ministèreveutfairedeséconomiesd’échelle.Maisàquelprix ?Lebénéficepour les étudiants et les familles reste à démontrer. Quant au développement territorial,ilyaunrisquededésertificationetd’aspirationdelamétropolerégionale.Ilestindispensabledeprévoirdesmodesd’organisationlocauxdemanière à ce que des pôles universitaires de villes moyennes comme Tarbes puissent continuer à faire vivre leur tissu d’enseignement supérieur et de formation. »
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14 | Les industries LES ENJEUX
Coopérer mais aussi gagner en visibilité Le caractère industriel et les atouts du territoire mériteraient une audience plus importante.
D
es grands donneurs d’ordres que ce soit dans lesindustriesoulesservices, un réseau de PME (petites et moyennes entreprises) et d’ETI (entreprises de taille intermédiaire) plutôt dense, des soustraitants reconnus, des salariés bien formés… A priori, Béarn et
Bigorre poursuivent une tradition industrielle bien affirmée. Avec des liens qui se renforcent via des instances représentatives (syndicats d’employeurs, instances consulaires) de plus en plus avides de coopérations. Reste toutefois à résoudre un problème de taille : qui le sait en dehors des décideurs locaux ? Qui connaît cette singu-
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
laritéindustrielle,ceterreaupropice à l’innovation et l’entrepreneuriat, une fois passée l’Adour ? Quand on évoque le Béarn, comme le pointait récemment encore un sondage, on pense à la sauce (qui a été conçue à Paris), aux Pyrénées et surtout à Henri IV. Ce n’est pas négligeable pour le tourisme mais cela prouve aussi que la marge de progression reste importante.
Doper la communication Pour le Bordelais de la rue, le Béarn reste une sympathique campagne à dimension montagnarde, cousine du Gers et des Landes, qu’il traverse l’hiver pour rejoindre les stations de ski. Et c’est sans doute pareil pour le lien entre Toulouse et la Bigorre. Alors que lesterritoiresserontdeplusenplus
Malgré une tradition industrielle bien affirmée (ici le projet LCC 30 à Lacq), Béarn et Bigorre peinent encore à le faire savoir à
EN BÉARN Le principal atout du Béarn reste son maillage industriel qui s’appuie sur quatre grandes filières : l’agroalimentaire, la chimie, les géosciences et l’aéronautique. De quoi résister un peu mieux à la crise et revendiquer le taux de chômage le plus bas d’Aquitaine.
Ce moteur productif qui tire le Béarn
I
Pyrénées, enrichie par l’arrivée de l’hydroélectricité dans le piémont et accélérée par la découverte du gisement gazier de Lacq dans les années 50. Et qui n’est pas sans rappeler ceux de son cousin bigourdan. Un héritage que le Béarn a su faire fructifier, aidé (eh oui) par son éloignement relatif des métropoles (Toulouse et Bordeaux sont à 200 kilomètres), en faisant notamment éclore des établissements de formation de hautniveau sur son sol. Une forme de pragmatisme. « Mais aussi grâce à la culture de la négociation et de l’anticipationpropreauxBéarnais» analyse l’historien de l’industrie Christophe Bouneau.
l y a deux ans, l’universitaire Pierre Delfaud, fin connaisseur du territoire aquitain, qualifiait le Béarn de « territoireàl’allemande»Référencebien sûr à son dense tissu productif, tiré par quatre grandes filières (aéronautique, chimie, géosciences et agroalimentaire). Une particularité qui permet au territoire d’afficher aujourd’hui le taux de chômageleplusfaibled’Aquitaine : 8 % seulement quand le Pays basque, que certains imaginent à tort pourtant plus dynamique que son voisin du 64, est à 9 %. Les autres départements de la région tournent autour de 10 %.
1 emploi industriel induit trois autres postes de travail, dans la logistique, le gardiennage, la maintenance...
Rappelons en effet qu’un emploi industriel induit trois autres postes detravail(logistique,maintenance, gardiennage...) dans des PME partenaires. Symbole appréciable, et même si l’on reste loin des niveaux d’emplois d’Airbus à Toulouse, les deux sites privés les plus importants d’Aquitaine par leurs effectifs sont ici :Total à Pau (2 900 personnes) et Turbomeca à Bordes (2 500 personnes).
Le boum d’une industrie liée au gaz de Lacq Territoire à l’allemande donc avec ses grands donneurs d’ordres (Total, Euralis, Safran, Arkema, Lindt) ou bien… à la MidiPyrénéenne ? De fait, cette présence n’est que lacontinuitéd’unetraditionindustrielle née avec les mines de fer des
L’industrie fait travailler des milliers de Béarnais Turbomeca, leader mondial de la production de turbines pour hélicoptères, est le second site privé le plus important d’Aquitaine après Total : tous deux sont en Béarn. (Photo archives Nicolas Sabathier)
PROSPECTIVE
Lacq s’intéresse aussi à la Bigorre QUAND ON PARLE COOPÉRATION INDUSTRIELLE, bien évidemment, on ne pense pas spontanément à la chimie et au bassin de Lacq, avec son ancrage très localisé. Plutôt à l’aéronautique. Et pourtant, dans ce secteur aussi des points de convergence existent entre les deux territoires. D’abord, tous deux possèdent un pôle de chimie. Le pendant de Lacq, c’est Lannemezan, et sa vocation chimique affirmée. Des entreprises comme Arkema ou Knauff sont présentes sur lesdeuxsites.Lesdeuxplateformesmisentsurlachimievertepourleurdéveloppement. Et pour l’anecdote, le directeur adjoint d’Arkema à Lacq vient de prendre la direction de l’usine de Lannemezan. Autre élément, la volonté des responsables du bassin de Lacq, réunis au sein du GIP Chemparc, de mailler tout un territoire qui s’étirerait du port de Bayonne jusqu’au plateau de Lannemezan. Pierre Nerguararian, l’ancien patron de Total à Lacq, a plusieurs fois dit cette ambition. Un premier indice de ces échanges a été donné lors de l’assemblée de Chemparc où l’on a appris qu’un projet de stockage d’énergie était porté par des investisseurs… tarbais. Certes, on n’en est qu’à la phase de négociation, mais le directeur de Chemparc Patrice Bernos a assuré que ce projet revêtait un potentiel important en matière de création d’emplois. Autre investisseur commun, Géopétrol, qui après avoir repris le champ pétrolifère de Lagrave dans le 65, va récupérer les derniers titres miniers de Lacq (gaz et pétrole). Enfin, la création l’an prochain, par le port de Bayonne, d’un opérateur ferroviaire de proximité (OFP), alternative à la SNCF et dédié au fret de marchandises, participe de cette ambition structurante. « Nous irons du port jusqu’à larampedeCapvern»expliquaitrécemmentGeorgesStrullu,delaCCIBayonne.
Conséquence, aujourd’hui, l’industrie ferait travailler plusieurs dizaines de milliers de personnes en Béarn et il n’est pas rare que certains responsables de filières s’alarment de la difficulté à trouver de la main-d’œuvre. Ces dernières années, c’est ainsi souvent le cas de la métallurgie, tirée par le secteur aéronautique et qui via sa représentation de l’UIMM (Union des industries métallurgiques et minières) multiplient les initiatives pour séduire les candidats. De fait, les chiffres récents montrent que la filière géosciences concernerait 25 000 personnes en Béarn (directs et indirects inclus), la chimie 8 000 et l’aéronautique 15 000. Notons qu’additionner ses chiffres reste hasardeux, des entreprises soustraitantes, notamment dans la métallurgie, pouvant intervenir aussi bien pour un secteur que pour l’autre. Il n’en demeure pas moins que les faits sont là : l’industrie, sous ses différences facettes, reste le principal argument économique du Béarn. ERIC NORMAND
3 QUESTIONS À...
« On peut faire un avion en longeant l’A64 » PHILIPPE JEAN-BAPTISTE, est à la tête de la MAP à SerresCastet, mais aussi du Pau Wright club
L’aéronautique est-il un bon exemple des coopérations ?
Oui, car nos métiers, nos entreprises n’ont pas de barrières administratives. Nous-même (la MAPestunsous-traitantderang 1) faisons travailler des sous-traitants des Hautes-Pyrénées. Il y a là-bas une culture industrielle, avec des groupes comme Daher. Ce n’est pas un hasard si l’on dit parfois que, de Bayonne à Toulouse, on peut faire un avion le long de l’A64. Ces liens peuvent-ils encore être renforcés ?
Pourquoi pas. Mais on travaille déjà ensemble au sein de nos UIMM (Union des industries métallurgiques et minières). Nous avons l’UIMM des 3 B (Béarn, Bigorre et Pays basque) qui nous permet de nous retrouver et visiter les installations d’entreprises. Le salon Aéroadour, (19 au 21 septembre 2014), est-il un autre exemple de ces coopérations ?
Oui. D’autant que c’est quelque chose qui prend bien avec des entreprises venant aussi bien du BéarnquedeBigorre.Noussouhaitons y montrer que cette région à une vraie tradition en matière aéronautique. Il y a un tissu qui existe depuis plus de 100 ans avec le1er voldesfrèresWrightenFrance.
MARDI1ER1 JUILLET MARDI JUILLET 2014 2014
Les industries | 15
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
l’extérieur de leurs territoires respectifs. Peut-être faudrait-il alors imaginer une marque commune. (Photo DR)
en concurrence, l’un des défis des décideurs locaux sera sans doute demieuxvendrecetterégion.C’est d’autant plus nécessaire qu’avec la réforme territoriale, la métropole toulousaine va regarder vers Montpellier alors que sa rivale bordelaise rêve d’accueillir les Charentes. Autant dire que les capitales régionales ne mettront pas les zones de piémont en tête de leurs priorités. D’où la nécessité de travailler encore plus la publicité, améliorer la communication extérieure, booster le marketing territorial. Et pourquoi pas, créer une marque type « Invest in Pyrénées », extension du « Invest in Pau-Pyrénées » et concurrent du « Invest in Toulouse » ou du « Invest in Aquitaine. » E. N.
ZOOM
Le Bureau de développement économique (BDE), un outil à valoriser LA PROPOSITION DU MAIRE DE TARBES, Gérard Trémège, de créer une agence dedéveloppementéconomique,mérited’êtreétudiée.LeBDEAdour,ouBureau de développement économique, peut-il, en gagnant quelques compétences, être le support de cette ambition ? Pour l’instant, la structure, au sein de laquelle siègent trois chambres de commerce et de l’industrie (Pau, Tarbes, Bayonne), quatre intercommunalités (Bayonne, Pau, Tarbes et Lacq) et deux départements (64 et 65) est seulement dédiée à l’accompagnement des entreprises, via notamment des prêts. Mais elle se développe petit à petit. Longtemps méconnu du grand public, ce Bureau de développement économique, jadis financé par Elf-Aquitaine, participedésormais àdes opérations importantes. Ilaélargisonassiseenaccueillant les communautés de communes de Lacq et Bayonne ces dernières années. Traduction de cette nouvelle ambition, il a ainsi participé au tour de table du projet LCC 30 à Lacq (traitement du gaz résiduel au bénéfice des seuls industriels).LesdirigeantsduBDE,GérardTrémègehier,GeorgesLabazéeaujourd’hui, entendent poursuivre dans cette voie, comme l’a d’ailleurs montré courant juin, la manifestation organisée à Mourenx avec des chefs d’entreprise.
EN BIGORRE La Bigorre partage avec le Béarn des activités aussi diverses que le ferroviaire, la mécanique et bien sûr la filière aéronautique. Les entreprises de Bigorre collaborent avec celles du Béarn sur des projets de recherche-développement.
« Une même communauté économique »
C
e n’est parce que nous sommes différents que nous ne pouvons pas travailler ensemble. Une même communauté économique et l’entité Pays de l’Adour nous réunissent ». C’est en ces termes que le maire de Tarbes Gérard Trémège, longtemps président de la Chambre de commerce et d’industrie des Hautes-Pyrénées, résume les liens économiques qui unissent Béarn et Bigorre. « Nous avons des activités aussi diverses que le ferroviaire, la mécanique ou l’aéronautique, qui sont à cheval sur nos deux territoires », explique Marc Mesplarau, président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) Adour Pyrénées qui collaboreavecsavoisined’AdourAtlantiqueauservicedudéveloppement industriel.
15 milliards de fonds gérés par le bureau de développement économique sur le Béarn et la Bigorre
« Elles sont représentées par des grandes entreprises comme Dassault, Turbomeca en Béarn, Alstom, le pôle céramique et la Socata pour la Bigorre. L’aéronautique reste tout de même le gros moteur industriel du bassin de l’Adour ». Dans la filière aéronautique,lacoopérationBéarn-Bigorre s’exerce surtout au niveau de la formation pour satisfaire aux besoins de recrutement (voir interview ci-contre) et en amont du process industriel. La création de Composite Adour par trois entreprises dont Dassault et Daher Socata, a permis des avancées spectaculaires sur la conception des machines à placement de fibres qui ont abouti à la
Ce projet est le fruit d’un financement croisé entre l’Europe, la région Aquitaine, le conseil général des Pyrénées-Atlantiques, la ville de Pau et les industriels.
Un soutien financier aux entreprises
La Socata est l’une des entreprises aéronautiques de pointe en Bigorre. (Photo archives Laurent Dard)
production des trappes d’atterrissage de l’A 350. Le projet « Métallic’Adour » réunit aussi Daher Socata et les entreprises des Pyrénées-AtlantiquesTurbomeca etMessieraveclelaboratoireGénie
de Production (LGP) de l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tarbes autour du développement d’une plate-forme technologique sur le site de Bordes dans le domaine de la transformation des métaux.
Mais le bassin de l’Adour sait aussi être solidaire pour les aides auxentreprisesnotammentindustrielles par le biais du Bureau de développement économique des pays de l’Adour qui gère un fonds de 15 milliards d’euros. Le maire de Tarbes Gérard Trémège qui l’a présidé de 2010 à 2014, peut en attester : « Bien que ce ne soit pas les élus qui créent les entreprises mais seulement les conditions favorables à leur installation, nous avons soutenu des entreprises comme Segneré, Safial ou Lafourcade, et en Béarn nous avons accompagné la reconversion du site de Lacq. Au lieu de voir nos territoires se faire concurrence, il faut essayer de mettre en évidence les spécificités et les complémentarités de certaines entreprises et lesaccompagnerfinancièrement ». CYRILLE MARQUÉ
3 QUESTIONS À...
« Nous avons un bassin d’emploi commun » MARC MESPLARAU, président de l’UIMM Adour Pyrénées (*).
Pourquoi les UIMM du 64 et du 65 collaborent-elles si étroitement ?
Nous sommes partis du constat que les grandes entreprises du 64 et du 65 avaient besoin de certains services pour se développer, en particulier la formation en apprentissage et la formation continue. Tout en conservant leur indépendance, les deux UIMM (200 entreprises et 20 000 salariés dont 5 000 dansle65)sesontstructuréespour y répondre et créer de l’emploi. Cela nous a permis de surmonter les difficultés sur le recrutement et la reconversion industrielle. Par exemple ?
Pour une agence commune de développement économique PROSPECTIVE . Président du Grand Tarbes de 2008 à 2014, Gérard Trémège avait lancé en 2013 l’idée d’une agence de développement économique commune qui regrouperait les deux conseils généraux, les deux chambres de commerce et d’industrie et les communautés d’agglomération, « pour vendre notre territoire en commun et mettre en œuvre une véritable politique de marketing territorial ». « Elle serait chargée de porter nos territoires respectifs et d’assurer un développement économique harmo-
GÉRARD TRÉMÈGE, maire de Tarbes.
nieux de notre région. Les Béarnais et les Bigourdans ont une exigence impérative à travailler ensemble, sous peine de déclin, pris en tenaille, comme nous le sommes, entre l’attractivité de la métropole toulousaine, l’attractivité de la métropole bordelaise et l’attractivité du Pays Basque. Au milieu, dans ce triangle, si nous ne faisons
rien, cela va devenir un désert » analyse le maire de Tarbes. « Malheureusement, pour l’instant, mon idée est restée lettre morte, pour des raisons politiciennes » regrette-t-il. « Si demain la communauté d’agglomération de Pau et celle du Grand Tarbes, avec les chambres consulaires, avec l’accord des comités de développement économique des deux départements, décidaient de créer, sur le territoire Béarn-Bigorre, une telle structure, ce serait alors un pas énorme ».
C. M.
Nous avons créé un pôle formationdesindustriestechnologiques, une structure quasi unique en France,àchevalsurlesdeuxdépartements. Le centre de formation del’apprentissageindustriel(CFAI) de l’Adour forme 600 jeunes par an, 400 sur le site de Bordes et 200 sur celui de l’Arsenal. D’autres collaborations ?
Le regroupement entre les deux chambres syndicales s’exerce aussi sur la formation continue par le biais de l’AFPI Adour, et de la collecte des fonds mutualisés des entreprises pour la formation jusqu’à l’an dernier. PROPOS RECUEILLIS PAR C. M.
16 | L’agroalimentaire LES ENJEUX
« Et demain ? Osons aller plus loin ! » Lesatoutsnemanquentpasavecunpourcentaged’actifs agricoles deux fois supérieur à la moyenne nationale.
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e
et 8e régions, en volumes de richesses produites, Aquitaine et Midi-Pyrénées ont tous les atouts en mains pour ne pas rater les prochains virages.«Demain ?Osonsallerplus loin ! ». Cette invitation vient d’être lancée par Alain Chatillon, président de « Agri Sud-Ouest Innova-
tion»,seulpôleagricoledecompétitivitélabellisé.Lesvoiesdusuccès sont identifiées : « Valoriser l’emploi, l’innovation, viser l’excellence ». Le dernier « contrat de performance » validé par l’Etat et nos collectivités, et qui portera jusqu’en2018,seproposedesoutenir les filières d’excellence. Notre
MARDI MARDI1ER1 JUILLET 2014
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
région en compte 8. Pas moins ! Demain, le Béarn et la Bigorre devront jouer sur deux tableaux.
Valoriser le terroir D’un côté, dans un contexte d’explosion de la population à l’échelle de la planète, les filières agroalimentaires (lait, céréales, viandes et en particulier activités liéesaucanard)devrontêtreencore plus organisées pour contribuer à répondre à la demande alimentaire mondiale. D’un autre côté, comme le souligne le président de la Chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées Jean-Louis Cazaubon, il faudra mettre en avant les produits du terroir et les signes de qualité pour se démarquer des autres territoires et affirmer son identité régionale. Ces
Béarn et Hautes-Pyrénées ont la chance de pouvoir s’appuyer sur des produits de haute qualité et un terroir bien identifié. Un atout q
EN BÉARN Pour le PDG d’Euralis, Christian Pées, Béarn et Bigorre ne peuvent que travailler de concert dans le domaine de l’agroalimentaire. D’ailleurs, les exemples de passerelles jetées entre ces « deux territoires très interpénétrés » ne manquent pas.
Deux territoires faits pour vivre ensemble
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légumes, par exemple, font partie des filières bien identifiées. Sans oublier les filières viandes et plus particulièrement les activités liées au canard. La coopérative béarnaise possède, sous l’appelation Montfort, « un de (ses) plus gros sites industriels à Maubourguet (65) » où se trouvent des ateliers d’abattage et de découpe. Cinq cents salariés, et jusqu’à mille personnes chaque fin d’année, y travaillent. Seul regret pour Christian Pées : le fait qu’une tentative de regroupement régional de producteurs de bovins n’ait pas abouti, il y a 10 ans. « Mais, via la Celpa, nous sommes en train de revenir dans ce dossier ».
u’il s’agisse de polyculture ou d’élevage, nos exploitations se ressemblent. On a affaire là à deux territoires en cohésion, faits pour vivre ensemble ». Pour Christian Pées, il n’y a même pas débat : l’entité BéarnBigorre relève d’une évidence dans le secteur de l’agroalimentaire.
12 000 C’est le nombre
de coopérateurs agriculteurs d’Euralis dans le Sud-Ouest Et le patron d’Euralis de rappeler le rapprochement opéré, dès le début des années 1990, avec la Coopérative des Hautes-Pyrénées pleinement intégrée depuis 3 ans. Les exemples de passerelles jetées entre ces « deux territoires très interpénétrés » ne manquent pas. Illustrations. Côté bigourdan, comme en Béarn, maïs doux et
Une même politique pour la gestion de l’eau
L’entité Béarn-Bigorre relève d’une évidence dans le secteur de l’agroalimentaire. (Photo Euralis, DR, archives PP)
Autre exemple de collaboration réussie : la filiale commune créée par Euralis, Sanders et Fipso afin de nourrir les élevages du SudOuest. Ce partenariat s’est appuyé sur une fusion de moyens industriels, logistiques et commerciaux
« Nous avons des intérêts communs » HENRI BIES-PÉRÉ, président de la fédération des syndicats d’exploitants
C’estunBéarnais,HenriBies-Péré, qui est à la tête de cette fédération supra-régionale couvrant les treize départementsd’AquitaineetdeMidi Pyrénées. Pour lui, la « régionalisation est en marche » et les intérêts communssurdenombreuxdossiers entreBéarnetBigorre,d’autantplus «évidents».Pourlui,ilfaudraitavoir « la même réflexion pour pratiquement toutes les productions si on veut être représentatifs ».
Pourquoi avoir créé cette fédération que vous présidez depuis 3 ans ?
Parceque,danslesdeuxrégions, nous avons des intérêts communs sur de nombreux dossiers. L’élément déclencheur a été la question des zones vulnérables avec une agence, Adour-Garonne, qui est présente sur les deux
II Nous sommes les champions français en matière d’installations II
Henri Bies-Péré
versants. Mais je pourrai parler aussi de la « bannière Sud-Ouest », démarcheimpulséeparlesconseils régionaux,oudeproductionstelles que le foie gras et le jambon de Bayonne qui sont à dimension inter-régionales. Y a-t-il d’autres exemples ?
Oui, bien sûr... Je pourrai par exemple parler de la filière lait, ou encore des bovins viande... En fait, on doit avoir la même réflexionpourpratiquementtoutes les productions si on veut être représentatifs et structurer des outils.
Mais chacun y trouvera-t-il son compte ?
Ilfautd’abordnepasoublierque leterroirignoreleslimitesadministratives. Ensuite, il s’agit d’être plus forts parrapportàl’Europealorsqueles budgets ont tendance à diminuer. Et puis, le vrai défi de demain si on veut garder nos productions, c’est de continuer à accompagner les jeunes, à optimiser les outils. Or, ici, en Béarn comme en Bigorre, nous sommes les champions français en matière d’installations. G. C.
dans les deux départements au bénéfice d’usines situées àVic-enBigorre et à Lons. Voisins immédiats, mais situés dans deux régions administrativement distinctes, les acteurs du Béarn et de la Bigorre « ont besoin depolitiquesclaires»,plaideChristian Pées, « car si les talents et le potentiel sont là, il n’en va pas encore de même pour le schéma territorial ». Pour « décomplexifier les relations»,ilfautdonc«dessignaux forts », en matière de « politique de l’eau par exemple ». Créée il y abientôt50ansafindeluttercontre la pollution et de protéger les milieux aquatiques, l’agence Adour-Garonne, est un établissement public né à la faveur de la loi sur l’eau, et qui « maille déjà ce territoire », rappelle-t-il. Euralis apporte là aussi sa pierre « en s’impliquant pour mieux accompagner les agriculteurs des deux départements ». Ce soutien prend notamment la forme d’accords techniques sur les zones de captage. GÉRARD CAYRON ZOOM
Le Sud-Ouest « mène » 28 à 20 EN AQUITAINE ET MIDI-PYRÉNÉES, les entreprises agricoles dégagent une réelle valeur ajoutée. En moyenne, celle-ci est même de 8 % supérieure à la valeur ajoutée moyenne de l’ensemble des acteurs du monde agricole français. En clair, le Sud-Ouest « mène » 28 % à 20 face au reste du pays. Pour autant, cette marge reste encore insuffisante afin d’investir et conquérir de nouveauxmarchés.Legranddéfide demain consiste donc à organiser des mesures d’accompagnements, notamment dans les filières dites d’excellence (foie gras, maïs...).
L’agroalimentaire | 17
MARDI JUILLET 2014 2014 MARDI1ER1 JUILLET
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
deux axes peuvent d’ailleurs se rejoindre sur certains produits comme le foie gras pour lequel Euralis a implanté une usine de transformation en Chine afin de s’ouvrir l’énorme marché asiatique. Mais c’est aussi vrai sur les fromages, la filière du jambon de Bayonnequis’exportedéjàenAsie, sans doute trop discrètement, et les vins qui doivent dépasser les organisationsadministrativespour s’inscrire davantage dans une logique de commercialisation liée au Sud-Ouest. Les filières agroalimentaires du Béarn et de la Bigorre ont un bel avenir devant elles à condition qu’elles sachent s’adapter au marché et valoriser leur terroir. Un challenge à leur mesure ! C. M. ET G. C.
qui doit encore être valorisé. (Photo archives
ZOOM
Le terroir, une valeur qui fait vendre EURALIS, MAÏSADOUR, VIVADOUR... tous les groupes coopératifs qui irriguent le Sud-Ouest et notamment le Béarn et la Bigorre, se sont lancés dans les produits du terroir. L’ensemble de la production de palmipèdes à foie gras du groupe Delpeyrat qui associe Maïsadour et Vivadour, est certifié « Identification Géographique Protégée Sud-Ouest ». Avec ses marques Montfort et Rougié, Euralis s’est fait un nom dans le foie gras « Made In Sud-Ouest » aussi bien auprès des particuliers que des professionnels des métiers de bouche. Associées à Terrena, Vivadour et les coopératives régionales ont créé les Fermiers du Sud Ouest (FSO) qui produisent 17 millions de volailles label dans le Gers et les Landes. Dans la production bovine, le groupe coopératif cherche également à répondre à la volonté des éleveurs de valoriser les animaux dans des circuits de qualité, en particulier sous la marque « Le Bœuf Blond d’Aquitaine ». Plus que jamais, le terroir fait vendre... et aiguise l’appétit des principaux acteurs de l’agroalimentaire du Béarn et de la Bigorre comme des PME plus modestes.
ENBIGORRE Lesecteuragroalimentaires’appuienotammentsurlesfilièrescéréales,laitetviandeetdegrandescoopérativesquiembrassentlesdeuxterritoires.Lesproduitsàforteidentitérégionale-commelefoiegrasoulejambondeBayonne-ytiennentaussiunebonneplace.
« Notre terroir est commun »
L
es filières agroalimentaires se sont organisées d’ellesmêmes. Elles dépassent les frontières politiques et administratives pour se développer sur le Gers, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques»,expliquele présidentdelaChambred’agriculture de Midi-Pyrénées Jean-Louis Cazaubon. « Entre le Béarn et la Bigorre, il y a une complémentarité en termes de bassins de vie etdeproduction».Lestroisgrandes
75 % de la filière jambon sont contrôlés par le groupe Maïsadour
coopératives Euralis -implantée à Maubourguet avec son usine de foie gras Montfort- Maïsadour ou Vivadour, se sont associées pour créerunefilièrelégumesindustriels sur l’ensemble du Sud-Ouest avec Bonduel. « Ce sont les cultures céréalières et notamment du maïs qui rapprochent nos trois territoires, le Gers, le Béarn et la Bigorre », explique le président de Vivadour Christophe Terrain. « Nous avons unterroircommun,unclimat,des situations de vallées et une approche agronomique identiques ».
120 000 tonnes de maïs collectées Le groupe coopératif collecte 120 000tonnesdemaïssurleBéarn et la Bigorre, pour l’alimentation du bétail et la filière foie gras dans laquelle il est associé à Maïsadour souslamarqueDelpeyrat.10à20% dumaïscollectéenBéarnetBigorre sont transformés en éthanol à l’usine Abengoa de Lacq. La continuiténaturelledubassindel’Adour s’exprimeaussiautraversdelafilière
laitière. La collecte des producteurs haut-pyrénéens est acheminée en particulier en Béarn, à l’usine Candia du groupe Sodiaal à Lons et à la fromagerie des Chaumes du groupe Soparind Bongrain à Jurançon. Autre exemple dans les produits labellisés : la filière du jambon de Bayonne présente sur l’ensemble du Sud-Ouest qui se concentre surtout sur le bassin de l’Adour pour les salaisonniers. Au travers de sa filiale Delpeyrat, le groupe Maïsadour contrôle à 75% la filière du jambon qui, au sein d’un consortium, regroupe de nombreux éleveurs et salaisonniers d’Aquitaine et de MidiPyrénées.ÀLouey,laPMEfamiliale Salaisons de l’Adour en est une parfaite illustration. Elle est soutenue par la région Midi-Pyrénées quand elle investit dans l’agrandissement et l’amélioration de ses locaux, et bénéficie des aides attribuées par la région Aquitaine au consortium du jambon de Bayonne pour les actions de communication et de marketing. « Cela nous permet à la fois d’obtenir les agréments et de vendreleproduitàl’export,notamment sur le marché asiatique » se félicite le responsable à l’export Jean-Ronan Phalip. Citons aussi la filière viandes où les acteurs sont beaucoup plus éclatés : l’entreprise Arcadie SudOuest s’est vu déléguée la gestion de l’abattoir de Tarbes par la ville. Propriété à 43 % de la coopérative basque Lur Berri, le groupe possède des sites dans le 64. De taille plus modeste, la SICA pyrénéenne transforme le bétail de producteurs locaux et le vend dans ses boucheries de Tarbes, Lourdes, Lannemezan et Lons. CYRILLE MARQUÉ
3 QUESTIONS À...
« Le problème du mille-feuille administratif » PAUL DABADIE ET LAURENT OUSTRY, président et directeur de la filière du Madiran
LevignobleduMadiranest-ilseulement en Bigorre ?
Pas du tout. Plus de 44 % de la surfaceappellationd’origineprotégée (AOP) est en Béarn, 44 % dans leGers,15%seulementenBigorre. En quoi ces limites vous posentelles un problème ?
A cheval sur le Béarn et la Bigorre, la filière du jambon de Bayonne est représentée notamment par les Salaisons de l’Adour à Louey. (Photo Rachel Barranco)
L’avenir passe par les signes de qualité PROSPECTIVE. Pour Jean-Louis Cazau-
bon, « l’avenir passe par la valorisation des filières agricoles et agroalimentaires au travers des signes de qualité. Il y a une carte à jouer sur la relocalisationdel’alimentation,laproximité et la régionalisation ». Le jambon et le porc Noir de Bigorre sont au cœur de cette stratégie de relocalisation. Les deux produits ont demandé et attendent la reconnaissance Appellation d’origine contrôlée (AOC). Depuis la nuit des temps, les vignerons de Madiran, qu’ils soient du Béarn, du GersoudesHautes-Pyrénées,travaillent naturellement ensemble. On pourrait imaginer cette coopération sur d’autres produits comme la poule AstaracBigorre qui pourrait se baptiser aussi poule Henri IV. Ou sur la filière des circuits courts. Pourquoi demain la plateforme créée par les producteurs
des Hautes-Pyrénées pour approvisionner la restauration collective n’associerait-elle pas leurs collègues du Béarn ? Jean-Louis Cazaubon souhaiterait que les Hautes-Pyrénées « sortent d’une logique de production de minerais » qui font que les outils de transformation à forte valeur ajoutée de ses ressources et les centres de décision sont situés en dehors du département. C’est le cas notamment des filières lait, céréales et viande. Selon Jean-Louis Cazaubon,legroupeArcadieSud-Ouest « tend à spécialiser en porc l’abattoir de Tarbes ». Or, « cela ne correspond pasàlademandedeséleveursdebovins et de porc noir de Bigorre qui ont besoin d’un outil capable de traiter 7 000 tonnes », l’abattoir de Viella près de Luz ayant été détruit par les inondations.
Cemille-feuilleadministratifnous pose un double problème. La section interprofessionnelle des appellationsétantrattachéeàl’Institut des vins du Sud-Ouest (IVSO) baséàToulouse,lesaidesfinancières à la promotion proviennent exclusivement de la Région MidiPyrénées. Ensuite, sur un plan sanitaire, concernant par exemple laluttecontrelamaladiedelaflavescence dorée, l’administration déconcentrée de l’État n’applique pas la directive du ministère de la même manière, selon qu’elle soit enAquitaineouenMidi-Pyrénées. Parexemple,lesdatesdetraitement obligatoire varient d’une région à l’autre. Concernant la lutte conte la grêle, il n’y a pas non plus d’harmonisation entre le Gers, les Pyrénées-AtlantiquesetlesHautesPyrénées,cequipeutentraînerune vulnérabilitédesvignesauxintempéries. Malgré ces obstacles, faites-vous une différence ?
Pas du tout. Nous supportons laséparationentrelesrégionsetles départements et nous avons une gestioncommunedesappellations, quelevigneronsoitenBéarnouen Bigorre ou sur les deux territoires.
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MARDI1ER1 JUILLET 2014 MARDI
Les nouvelles technologies
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
BÉARN ET BIGORRE Le développement du numérique s’accompagne d’initiatives originales et prometteuses, comme celle de la Mêlée Adour.
Numérique : la Mêlée Adour fédère les acteurs du 64 et du 65
L
e projet de territoire 20202030 du conseil général des Hautes-Pyrénées avance « un espace de métropolisation Tarbes-Lourdes-Pau capable de proposer des services comparables à certaines métropoles ». La Mêlée Adour basée à Tarbes a devancé l’appel de l’assemblée départementale.
La Mêlée Adour veut fédérer les initiatives dans le domaine du numérique L’association qui a été créée le 18 avril 2014 a la volonté de fédérer les acteurs de l’économie numérique. « Cela fait dix ans que je vis sur le Béarn et j’ai toujours l’impression qu’il y a une logique
économique sur le bassin de l’Adour », souligne l’un des cofondateurs Christophe Blazquez, luimême formateur consultant dans le marketing web et la communication internet.
Contribuer à l’essor du numérique Les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées représentent 600 entreprises et 1 000 entités travaillant dans le numérique. Mais il n’existait pas de structure, ni de cluster regroupant les acteurs du numérique sur le bassin de l’Adour. Je me suis aperçu qu’ils avaient besoin de faire du réseau et aussi de quitter le monde virtuel pour se rencontrer physiquement. Jusqu’ici, nous étions obligés d’aller jusqu’àToulouse où il existe déjà une association La Mêlée ».
C’est ainsi que l’association a noué un partenariat avec la pépinière et couveuse d’entreprises Crescendo qui met à disposition ses locaux sur le site de l’Arsenal à Tarbes. « Nous nous adressons aux entreprises mais aussi à toutes les personnes intéressées aux nouvelles technologies de la communication et de l’information (NTIC). Nous visons à rassembler l’écosystème du territoire, y compris les étudiants nombreux àTarbes comme à Pau et les « fablab », les laboratoires de fabrication ». Ateliers thématiques, barcamps, conférences, visites d’entreprises... : les projets de La Mêlée Adour ne manquent pas pour « contribuer au développement du secteur numérique ». CYRILLE MARQUÉ
Les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées représentent 600 entreprises et 1 000 entités travaillant dans le numérique. (Photo Jupiter images)
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Les services privés et publics | 19
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
BÉARN-BIGORRE Des acteurs du tourisme, de la banque ou des services travaillent quotidiennement sur les deux territoires.
Entre « continuité » et « unité de destin »
L
es mots diffèrent, d’un acteur à l’autre, mais tous vont dans le même sens, reflétant une approche globale des réalités en Béarn et Bigorre.Làoùcertainsparlentd’un « patrimoine commun » en montrant le parc national des Pyrénées - véritable trait d’union depuis 1967 - d’autres évoquent « une continuité naturelle entre les deux territoire ». Les techniciens de ERDF (*), par exemple, vérifient quotidiennement cet état de fait. Tout comme les salariés de la caisse régionale du Crédit Agricole disséminés sur plusieurs sites historiques, entre TarbesetSerres-Castet,enbanlieue paloise. « Il y a ici des projets communs, une forme d’unité de destin », aime à rappeler Jean Philippe, directeur de l’organisme bancaire.
Même la justice La remarque vaut tout autant pour nombre de personnels de l’enseignement supérieur. Etablissement de territoire, l’Université de Pau et des pays de l’Adour (UPPA) se déploie sur plusieurs campus, 6 % de ses effectifs
étudiants se trouvant à Tarbes. Les exemples ne manquent pas. On peut notamment citer l’ASFo (Béarn, Soule et Bigorre) - un organismeprofessionneldeformation et de conseil à destination des adultes - ou encore le bien nommé PACTBéarn-Bigorre,enchargedes questions liées à l’habitat. La justice semble elle aussi, sous certainsaspects,ignorerlesfrontières administratives. Il en va ainsi pour le tribunal administratif ou encore le ressort (la « zone de couverture ») de la Cour d’appel du tribunal de Pau appelée à s’emparer de dossiers bigourdans. On le sait moins, mais nos armées ont également une organisationquidéfielesbarrièresdépartementales et régionales. Il s’agit des bases de défense, celle de PauBayonne-Tarbes en l’occurrence, dont la mission est de proposer un soutien mutualisé aux régiments stationnés dans ce triangle. Enfin, au rayon loisirs, le réseau N’Py englobe en son sein tout autant Gourette et la Pierre Saint-Martin que la plupart des stations bigourdanes. G. C. (*) Réseau de transport d’électricité d’EDF.
Le parc national des Pyrénées, un véritable trait d’union depuis 1967 entre les deux territoires. (Photo archives Marc Zirnheld)
A gauche, ERDF Béarn et Bigorre existe depuis 30 ans (Photo Ascencion Torrent). A droite, le tribunal de Pau dont la cour d’appel gère aussi les dossiers bigourdans.
CE QU’ILS EN PENSENT...
« De forts échanges « Un patrimoine avec le Béarn » commun » Pourquoi ERDF a toujours été présente sur le Béarn et la Bigorre ?
EDF et GDF Béarn et Bigorre existent depuis 30 ans. Nos territoires ont une continuiténaturelle.Depuis quelques années ERDF, devenue filiale d’EDF, s’occupe exclusivement des réseaux qui acheminent l’électricité. Nous avons toujours de forts échanges Jean-François Maubourguet, avec le Béarn. responsable d’ERDF (Électricité réseau distribution de France)
Quels sont-ils ?
Nous gardons des structurescommunes.Quandun particulier du Béarn ou de la Bigorre souhaite un branchement, il contacte la plateforme d’accueil à Tarbes,inversementpourles professionnels et les lotisseurs. Nous avons un plan stratégique qui regroupe les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées et les Landes autour de plusieurs axesdedéveloppement.Par exemple, nous collaborons surlamiseenplacedelafibre optique. Nous partageons lesexpériencesetlesbonnes idées de chacun sur beaucoup de sujets. Enfin,
en cas de crise, nous faisons appel aux entités voisines. C’estcequiestarrivélorsdes inondationsdejuin2013où les Béarnais sont venus à notre secours. Quelle est votre vision de l’avenir ?
L’avenir c’est d’afficher notreancrageterritorialtout engardantlesbonscôtésde notre collaboration. Nous avons besoin que nos responsablessoientprésents sur chaque département pourquelesparticuliersnous identifient encore mieux et pournégocieràl’aveniravec les collectivités et les élus.
Lors de sa création en 1967, comment le parc national des Pyrénées a-t-il surmonté les rivalités entre Béarn et Bigorre ?
Il n’y a pas eu de difficulté particulière. Il n’est pas basé sur des territoires administratifs mais sur la valeur d’un patrimoine commun. Compte tenu de la prédominance du territoire des HautesPyrénées, il a été décidé d’installer le siège àTarbes et par souci d’équilibre de créer une antenne à Oloron. Quelle gouvernance avez-vous mise en place pour tenir compte de cet équilibre ?
Ilya13élusdesHautesPyrénées et 9 des Pyrénées-Atlantiques. Selon un accord tacite, nous avons instauré aussi une présidence tournante entre les deux départements,etlesreprésentants de la chasse et de la pêche sontissusalternativement de chaque territoire.
« Une unité de destin » Avec votre siège à Tarbes et l’administration à SerresCastet, n’êtes-vous pas un bon exemple de ces liens entre Béarn et Bigorre ?
Gilles Perron, directeur du parc national des Pyrénées (PNP).
Des différences tout de même ?
Oui, l’adhésion à la charte du Parc a été beaucoup plus forte côté Bigourdan avec 93 % des communes que côté Béarnais avec une proportion de 40 %. Avec 73 %, nous nous situons cependant dans la moyenne nationale des parcs nationaux. Certaines communes craignent d’avoir des contraintes supplémentaires. À nous de montrer qu’il y a surtout des avantages.
Certainement. Car il y a ici une forme d’unité de destins, de projets entre les deux territoires. Tout cela va bien au-delà des frontières administratives. On le voit sur l’industrie avec la sous-traitance aéronautique, dans l’agroalimentaire avec les produits du terroir... Les gens se connaissent, se rencontrent. Il y a vraiment des choses à faire.
Jean Philippe, directeur général du Crédit Agricole Pyrénées-Gascogne.
veillant à un équilibre dans l’aménagement territorial.
Cela veut dire que ses liens doivent être renforcés ?
Selon vous, qu’est-ce qui manque en Béarn ou Bigorre ?
Béarn et Bigorre ont une caractéristique, c’est l’éloignement des capitales régionales. Or, si l’on inclut les agglomérations de Pau, deTarbes avec Oloron et Lourdes, on arrive à plus de 400 000 habitants avec des habitudes de consommation, de déplacements. Et on peut encore développer l’attractivité, en
Je pense qu’il faut déjà utiliser correctement ce que nous avons. Travailler les complémentarités. Je redis, l’important, c’est l’attractivité. Que des gens aient envie de s’installer chez nous. Plus généralement, c’est une démarche ambitieuse qui est de construire, qui rencontrera peut-être des obstacles, mais il faut tenir.
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Les massifs pyrénéens et le tourisme
LES ENJEUX
Deux identités avec les Pyrénées en partage Avec des cultures et des atouts quasi-identiques, Béarn et Bigorre ont tout pour travailler ensemble.
P
ourquiignoretoutdespays pyrénéens, la différence entre Bigourdans et Béarnais ne sera pas évidente tant les deux cultures se ressemblent. Toutes deux sont marquées d’abord et avant tout par leur appartenance à la chaîne pyrénéenne, à ses traditions et à
ses cultures. Si la Bigorre profite des plus hauts sommets et du plus grand espace skiable, elle a également en Lourdes une formidable locomotive touristique.
Des projets à développer de concerts Le Béarn de son côté, peine à se faire une place entre Lourdes et la
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Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
Côte basque, mais défend une image nature et art de (bien) vivre. À travers les activités nature et sportives, la gastronomie, les produits du terroir et la culture pastorale, les deux pays peuvent coopérer sur bien des points et attirer aussi bien des touristes lointains que le public des grandes métropolesdeproximité(Bordeaux etToulouse). Les gestionnaires du ski (N’Py, Altiservice), les organisateurs de voyages (la Balaguère) n’ont pas attendu pour mettre en avant la « marque » Pyrénées pour êtreplusvisiblesdansl’offreplétho-
Lourdes peut être une porte d’entrée pour découvrir d’autres richesses de Béarn et Bigorre.
Les Pyrénées et ses lacs de montagne sont un patrimoine commun aux deux territoires. Ici le Pic du Midi pris en photo depuis
EN BÉARN Le Comité départemental de tourisme des Pyrénées-Atlantiques vend deux logiques de destinations différentes : le Pays Basque et le Béarn. L’un est connu de tous, l’autre a une image à se créer.
Le Béarn veut trouver sa place
E
ntre une côte basque et une ville mariale, le Béarn peine à se faire connaître. Dans une enquête récente auprès de Parisiens, Lyonnais ou Nantais, le Pays Basque arrive en 6e position et les Pyrénées en 8e quand on leur demande de citer des destinations de vacances. Le Béarn, lui, est inexistant. « Le Béarn est connu pour Pau et son château, Henri IV et Bayrou, la sauce béarnaise » énumère Frédérique Martin, au comité départemental du tourisme (CDT64). « L’Ossau arrive loin derrière et les Pyrénées ne sont pas associées au Béarn » poursuit-elle.
II Quand on sera solide sur nos deux territoires, on pourra travailler sur nos convergences. II
Jean Otazu, directeur du CDT 64
D’où la campagne lancée fin mai sous l’étiquette BéarnPyrénées. « On a une image du Béarn à construire en s’adossant sur les Pyrénées » explique Jean Otazu, directeur du CDT. « Pour gagner en notoriété, nous avons travaillé avec tous les professionnels pour définir un plan de communication. Celui-ci évoque les valeurs d’hédonisme, de bien vivre et bien manger, mais aussi le côté actif avec les sports de nature. Le Béarn est un extraordinaire terrain de jeu » poursuit Jean Otazu. En mettant l’humain au centre de sa campagne, le CDT veut faire dire au pratiquant du tourisme en Béarn : « Comment je profite d’un pays extraordinaire de manière simple ». Face à un voisin bigourdan qui a Lourdes comme
locomotive et le plus grand espace skiable des Pyrénées avec les plus hauts sommets, le Béarn vend une montagne habitée et modelée par l’homme pastoral, accessible, variée et riche en émotions par ses activités proposées. Le travail du CDT s’attache donc à vendre les activités natures (pêche, sports en eaux vives, ski, vélo, sports nordiques...), les filièresdubienêtre(thalasso,thermes), la gastronomie et les produits du terroir avec ses filières courtes. « En Bigorre, il y a une telle offre de ski que les stations sont plus connues. Mais il y a la même difficulté à faire venir les touristes l’été car la montagne apparaît comme plus difficile à vivre avec moins de services ou de loisirs qu’à la plage. Il y a des leviers à actionner vers la rando, le sport et on peut faire un travail de restauration de l’image montagne tout au long de la chaîne » envisage Jean Otazu.
« Asseoir notre image » « On doit travailler avec nos voisins, mais nous devons déjà asseoir notre image BéarnPyrénées avant d’aller plus loin. Quand on sera solide sur nos fondamentaux on pourra travailler sur les convergences entre les deux territoires, sous la bannière commune des Pyrénées, et sur les thèmes du sport, de la randonnée, du thermalisme ou du ski mais aussi sur la gastronomie et l’art de vivre, pour conquérir des publics plus lointains, ajoute Jean Otazu. « Béarn et Bigorre sont des terres de caractère. On peut additionner nos différences pour attirer aussi les habitants des grandes métropoles, Bordeaux et Toulouse, et nosrésidentseux-mêmes»conclut le directeur du CDT 64. LAURENT VISSUZAINE
3 QUESTIONS À...
« On a tout à gagner avec un aéroport Pau-Tarbes » ANDRÉ BERDOU, président du Comité départemental du tourisme 64
Quelle est la place du Béarn dans le tourisme pyrénéen ?
Elle est moins importante que chez nos voisins des HautesPyrénées. Chez nous, tout est à construire mais on a des sites majeurs comme l’Aubisque, l’Ossau ou Lescun. Pour nos deux régions, le parc national est une porte d’entrée connue et attirante. Sinon, quand on dit Pyrénées, on pense plus à la région MidiPyrénées qu’à la nôtre. Le Béarn est un formidable terrain de jeux, avec des sports nature à son actif, comme le rafting. (Photo archives Marc Zirnheld)
Les passerelles existent entre Béarn et Bigorre PROSPECTIVE. Le travail entre Bigour-
dans et Béarnais existe déjà. C’est tout d’abord le parc national des Pyrénées, l’un des atouts les plus visibles pour les touristes qui viennent chez nous. Depuis1967,leParcestlaported’entrée des Pyrénées pour une majorité de vacanciers convertis à la montagne. Mais c’est aussi la collaboration entre stations de ski. Ainsi les stations béarnaises de Gourette et La Pierre sont associées à celles de Bigorre (Tourmalet, Luz, Tourmalet, Piau) à travers la structure N’Py. De même Altiservice est présent à Artouste comme à Saint-Lary. Plus ponctuellement des opérations ont été menées conjointement par les deux comités départementaux du tourisme (CDT) lors de l’inauguration de l’A65 ou lors de l’étape Mondo-
Y a-t-il un complexe du Béarn vis-à-vis de la Bigorre ?
S’il devait y avoir un complexe ceseraitplutôtparrapportàlacôte etauxplages.L’identitépyrénéenne et le pyrénéisme sont partagés tout au long de la chaîne. On peut avoir un ressenti différent selon que l’on est en Val d’Azun, aux Encantats ou en Ossau. Ce n’est pas de la concurrence mais un partage de bien-être et d’émerveillement. Faut-il et comment développer la collaboration avec la Bigorre ?
L’étape Mondovélo : une opération conjointe des deux comités de tourisme. (Photo archives MZ)
vélo de Pau au Tourmalet à l’occasion du Tour de France. D’autres pistes de travail commun existent comme la collaboration avec l’Aragon qui concerne les deux départements, ou le travail fait par l’office de tourismedeNayavecsesvoisinsbigourdans de l’Ouzoum.
On a tout à gagner avec un aéroport commun Pau-Tarbes pour le développement futur. Il y a quelque chose à faire sur la promotion de la destination Pyrénées comme cette ancienne campagne « La montagne ça vous gagne ». Je suis convaincu depuis longtemps qu’il faut collaborer avec la Bigorre. Le parc national (dont André Berdou est président N.D.L.R.) en est un exemple. Et le Parc est un phare qui attire ! » PROPOS RECUEILLIS PAR L.V.
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Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
rique de destinations et d’activités touristiques. Que la Bigorre et le Béarn aient tout intérêt à développer des projets de concert semble une évidence pour tous les acteurs. Mais les freins existent. Il y a les frontières administratives (deux départements, deux régions) qui ne facilitent pas les échanges. Il y a aussi, côté béarnais, la nécessité d’être plus lisible, « d’asseoir les fondamentaux » comme dit le directeur du Comité départemental du tourisme (CDT 64), Jean Otazu, avant de développer de nouvelles synergies.
Béarn et Bigorre ont les mêmes atouts le Béarn, avec les pics bigourdans au fond. (Photo archives Philippe Aillery)
Maislesatoutssontlà.AvecN’Py qui mutualise les moyens des
stations de ski des deux départements, on a un exemple à suivre de collaboration bien comprise aux résultats concluants (23 % du chiffre d’affaires des remontées mécaniques). Lourdespeutégalementêtreune formidable porte d’entrée pour découvrir les autres richesses de Béarn et Bigorre. Riches des mêmes atouts, connaissant peu ou prou les mêmesdifficultés,BéarnetBigorre ont tout intérêt à resserrer leur collaboration en matière touristique comme dans bien d’autres secteurs. Les passerelles existent déjà,lavolontéaussi.Resteàmettre tout ça en œuvre avec une détermination qui jusqu’à présent n’est apparue que trop ponctuellement. L. V.
EN CHIFFRES
1 milliard C’EST EN EUROS, le poids que pèse le tourisme chaque année aussi bien dans les Pyrénées-Atlantiques que dans les Hautes-Pyrénées. 30 % de ce milliard sont dépensés dans le 64 en Béarn quand la côte basque concentre l’essentiel du chiffre d’affaires. Dans les Hautes-Pyrénées, Lourdes raflelaquasimoitiéduchiffred’affaires et les stations de ski plus du tiers.
1 500 C’ EST ENVIRON LE NOMBRE D’EMPLOIS saisonniersgénérésl’hiver par les stations de ski en Béarn.
EN BIGORRE Montagnes, activités nature, thermoludisme : les Hautes-Pyrénées ont les mêmes atouts que le Béarn. Les stations de ski regroupées au sein de N’Py et le vélo ont montré la voie. Lourdes et ses millions de pèlerins peuvent être aussi un point de convergence.
Des atouts communs entre les deux pays
N
nes qui porteront un maillot aux couleurs des deux territoires. Plusieurs actions de communication communes ont été mises en place sur le thème du vélo autour de l’aménagement de circuits par une signalétique commune, d’un label vélo commun, etc.
ew Zen Land », « Beau comme un confit de canard » ou « Break en eau pure » : les slogans décalés qui vantent la destination Hautes-Pyrénées expriment l’idée d’unterritoirepréservépropiceaux activités nature (rafting, randonnée,skiouencorelevélo),aubienêtre(thermoludismeoufarniente), et gourmand avec ses nombreux produits du terroir.
Un poids économique énorme
II Si nous ne travaillons pas ensemble, nous serons en concurrence frontale. II Isabelle Pélieu directrice de HautesPyrénées Tourisme Environnement
« Avec le Béarn, nous avons des atouts communs liés à la nature, àlaqualitédespaysagesetàl’identité culturelle qui nous poussent à coopérer, explique Isabelle Pélieu directrice de Hautes-Pyrénées Tourisme Environnement, l’organisme de promotion touristique du conseil général 65. Dans unsecteurhyperconcurrentiel,nous avonsintérêtànousregrouperpour
La randonnée au cœur des montagnes constitue l’un des points forts du tourisme en Hautes-Pyrénées. (Photo Laurent Dard)
proposer une offre commune. Si nous ne travaillons pas ensemble, nous serons en concurrence frontale».Unexemple :àl’occasion de l’étape du Tour cyclosportive
Pau-Hautacam le 20 juillet prochain,pourladeuxièmeannée consécutive, le conseil général des Hautes-Pyrénées a créé un team Pyrénées composé de dix person-
« N’Py n’existe nulle part ailleurs » CHRISTINE MASSOURE, directrice de N’Py.
clients ont répondu immédiatement. Nous avons aujourd’hui 90 000abonnés.N’Pyestuneinitiative originale qui n’existe nulle part ailleurs. Nous sommes admirés partout, sauf peut-être chez nous.
Comment est né N’Py ? Comment fonctionne N’Py ?
Notre structure qui regroupe huit stations de ski en Béarn et Bigorre, s’appuie sur une logique de marché. Les skieurs ignorent les frontières administratives et politiques. Partant du principe que l’union fait la force, nous voulions être présents sur l’ouest de la chaîne qui correspond à une zone de chalandise homogène. Les
C’est une société d’économie mixte composée des collectivités supports ou propriétaires des domaines skiables et d’entreprises. Mais c’est avant tout une aventure humaine qui crée des synergies entre les acteurs du territoire. Aujourd’hui, personne ne penserait revenir en arrière.
Quels sont les atouts pour les stations ?
Avant tout, mutualiser les moyens. Nous avons consolidé les aspects formation, ressources humaines et groupement d’achat pour négocier aux meilleures conditions.Etnousavonsdéveloppé la partie commerciale : le systèmed’abonnements,lesventes par internet. Ainsi, les stations font des économies directes et restent à la pointe des technologies. Cette concentration des moyens sur un territoire homogène nous permet d’aller chercher la clientèle dans tout l’Ouest de la France.
La solidarité de la chaîne a toujoursétéplusfortequelesrésistances culturelles. « Les Pyrénées ont toujours été organisées » soutient Christine Massoure directrice de N’Py qui regroupe 8 stations de ski des deux départements. C’est un Haut-Pyrénéen Jean-Henri Mir, maire de SaintLary, qui préside la confédération pyrénéenne du tourisme laquelle fédère les principaux partenaires de l’économie touristique pour faire la promotion du massif. Pour les Hautes-Pyrénées, l’enjeu est énorme : le poids économique du tourisme est de 1 milliard d’euros. Vincent Fonvieille directeur du voyagiste La Balaguère, spécialiste de la randonnée et du trekking
implanté à Arrens-Marsous, a compris depuis 1984 que le développement touristique embrassait la chaîne d’Ouest en Est. « Le randonneur et l’organisateur de voyages se jouent des frontières.Maisc’estenamontque nous rencontrons le plus de difficultésdanslapromotionetlepartenariataveclesinstitutions.Comme notre siège social est dans les Hautes-Pyrénées, nos partenaires sont essentiellement les collectivités des Hautes-Pyrénées et de Midi-Pyrénées. Les relations avec les Pyrénées-Atlantiques sont plus rares. Pourtant, culturellement, nous avons des relations privilégiéesavecleBéarn.C’estdommage qu’il y ait cette frontière administrative mais cela n’empêchera pas la poursuite des relations et des projetsavecleBéarn».Pharetouristique du département, la cité mariale essaie aussi de jeter des ponts avec ses voisins. L’office de tourisme qui vend, sur son site, la destination Pau « a travaillé sur le marché indien avec l’office de tourisme et la CCI de Pau ». CYRILLE MARQUÉ
PROSPECTIVE
Communiquer sur un territoire plus large « À L’AVENIR, nous avons tout intérêt à nous rapprocher du Béarn comme de Toulouse,desgrandssitesMidi-Pyrénées,deBordeaux,BiarritzvoiredeCarcassonne mais pour des raisons différentes », souligne la directrice de Hautes Pyrénées Tourisme Environnement Isabelle Pélieu. «Avec le Béarn, nous avons les mêmes clientèles, les mêmes ambitions et les mêmes difficultés. Si nous voulons toucher la clientèle étrangère, la communication sur les autres pôles d’attraction touristique est nécessaire (Pays Basque et Méditerranée). Plus on vise loin, plus on est obligé de communiquer sur un territoire large ». Lourdes et ses millions de pèlerins, sont peut-être l’une des clés de ce développement. Adjoint au maire de Lourdes en charge du tourisme et hôtelier, Bruno Vinualès envisage « des packages avec les Pyrénées-Atlantiques comme la visite de Lourdes et des vignobles du Jurançon ou des circuits visites de châteaux avec ceux de Pau et de la cité mariale.» Ainsi, Lourdes compte-t-elle mettre en place une campagne de communication pour montrer qu’elle et ses environs peuvent offrir. Mais l’avenir de la promotion touristique passe aussi par les outils du web. N’Py va lancer un outil « qui permettra de trouver en un seul site toutes les prestations liées à l’économie du ski et de mailler le territoire ».
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La culture
LES ENJEUX
Mutualiser une offre foisonnante Le Béarn et la Bigorre proposent une offre culturelle à faire pâlir certaines grandes métropoles.
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ntre les spectacles de grande qualité de la scène nationale du Parvis d’Ibos et la multiplicité des scènes et des acteurs culturels en Béarn, ou les festivals d’été, l’ensemble territorial jouit d’une offre culturelle variée et de haute tenue. Plusieurs fois par semaine, un
spectateur du Béarn ou de la Bigorre a la chance de pouvoir assister à un événement culturel de grande qualité. Le Bigourdan mélomane est attiré par les concerts de l’Orchestre de Pau Pays de Béarn tout comme les Béarnais vont au Parvis pour bénéficier de la programmation de la scène nationale. Mais
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
pour maintenir voire améliorer ces propositions culturelles foisonnantes, il sera sans doute nécessaire à l’avenir de mutualiser les structures et les moyens.
« La logique plaide pour la convergence » « On voit que tout y tend en ces périodes d’argent rare et déjà, l’ÉcoledesArts,demainlesConservatoires sont pris dans une logique de rapprochement voire de mutualisation de leurs moyens » estime Marc Bélit fondateur du Parvis et ancien directeur de la scène nationale d’Ibos. « Est-ce que cela peut se produirepourlascènenationale ?» s’interroge-t-il. La réponse n’est pas tranchée : « Rien n’est en théorie impossible, il faut simple-
Le festival de Gavarnie, qui attire des milliers de spectateurs chaque année, constitue l’un des sommets de la saison culturelle
EN BÉARN Multiplicité de propositions et de lieux, qualité des programmations et usage du partenariat sont les caractéristiques de l’offreculturelledontl’OrchestredePauPaysdeBéarn(OPPB)estunpilier.MaisilfautcompteraussiavecOloronetOrthezetleursfestivals.
Une offre variée et de haute tenue
E
n Béarn, le spectateur a l’embarras du choix. Une myriade de structures proposent des rendezvous culturels qui, s’ils ne peuvent rivaliser avec les ambitieux programme et budget du Parvis, n’ont pas à rougir côté qualité. Et il n’est pas rare de voir en Béarn des artistes déjà programmés à Tarbes, ou qui le seront plus tard : le cirque Aïtal à l’Espace Jeliote à Oloron qui invite cette année comme le Parvis !- Phia Ménard, Avishaï Cohen au festival de jazz d’Oloron,AlexandreTharaudinvité de l’Orchestre de Pau Pays de Béarn… Ce qui caractérise le Béarn, c’est la multiplicité de ses scènes et le goût sûr de ses programmateurs : Espaces Pluriels, scène conventionnée théâtre et danse à Pau, l’Agora à Billère orienté vers le jeune spectateur, Oloron dans le piémont pyrénéen, son service spectacle vivant à la programmation foisonnante et son festival de jazz qui a accueilli plusieurs fois Roberto Fonseca et où se produiront cet été Paolo Fresu et Omar Sosa…
Autour de Pau, une constellation de communes apportent leur écot à la culture : Serres-Castet, Lons, Bizanos… Orthez n’est pas en reste avec sa solide saison culturelle, un festival de jazz où est passé Ibrahim Maalouf, et son centre d’art Image/Imatge dédié à l’image contemporaine, comme le Bel Ordinaire à Pau l’est à l’art contemporain. Jusqu’au village de Lacommande à une vingtaine de kilomètres de Pau, qui rythme l’été de ses concerts et l’année de ses expositions, ou encore Mourenx dans le bassin de Lacq et son festival de théâtre qui a accueilli cette année
la marionnettiste Ilka Schönbein, plébiscitée par le public de la Centrifugeuse (service culturel de la fac) il y a trois ans. On peut même pousser jusqu’à Mauléon, où le spectacle vivant rayonne dans la Soule.
Sortir des sentiers battus
Ibrahim Maalouf, musicien, compositeur, mais surtout trompettiste surdoué, a été la révélation des dernières Victoires de la musique. Il a aussi été à l’affiche du festival de jazz d’Orthez. (Photo DR)
PROSPECTIVE
L’auditorium dans toutes les têtes « COMPLÉMENTARITÉ EST LE MOT-CLEF ! ». C’est celui qui définit le mieux les relations entre Espaces Pluriels, la scène conventionnée danse-théâtre de Pau et le Parvis de Tarbes. Les projets entre les deux structures sont différents. Ils dépendent à Pau de la dimension modeste du théâtre Saragosse où Espaces Pluriels programme la majorité de sa saison -ce qui permet une plus grande proximité avec le public- et par le cap fixé par Carole Rambaud, sa directrice : « Faire découvrir au public une génération d’artistes qui renouvellent les langages et essaient d’en trouver d’autres qui soient innovants ». Ce qui n’empêche pas Espaces Pluriels et le Parvis de se retrouver régulièrement en partenariat sur certains spectacles, comme Christophe Marthaler pour la prochaine saison. « Complémentarité et partenariat » devraient encore guider dans l’avenir les relations entre les deux structures, même si Espaces Pluriels, comme d’autres acteurs culturels de Pau imaginent un « espace intermédiaire » qui pourrait leur permettre de proposer des programmes plus ambitieux. L’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB) rêve aussi de ce « bel auditorium » qui permettrait d’accueillir un public plus nombreux… et pourquoi pas des Tarbais, habitués du Parvis ? Par manque de place, l’OPPB ne cherche pour l’instant pas à les convaincre de venir l’écouter à Pau. Mais si l’orchestre pouvait de nouveau jouer au Parvis, puis les accueillir dans l’auditorium, cela permettrait de concrétiser des relations de complémentarité entre l’outil de diffusion présent à Tarbes (le Parvis) et l’OPPB, qui peut être lieu de production artistique. Complémentarité, le mot-clef...
Autour de Pau, une constellation de communes apportent leur écot à la culture : Serres-Castet, Lons, Bizanos… A Pau, il faut citer le Show Case qui programme théâtre, humour, et un éventail de styles musicaux. Le passionné de musique peut aussi butiner aux ACP, dans les musiques actuelles à Ampli à Billère, sortir des sentiers battus à la Centrifugeuse, le service culturel de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour… Le cinéma n’est pas en reste : le Méliès, cinéma Art et Essai du centre-ville palois, affiche de bons chiffres de fréquentation, avec en décembre, un festival du film visionnaire. La dernière édition avait sélectionné des œuvres qui ont ensuite connu un joli succès public : « The Lunch Box », « Suzanne », « La cour de Babel»… Et le Zénith ? Inauguré en 1992, c’est le seul équipement de cette taille en Aquitaine : jusqu’à 7 500 places, et une configuration modulable qui permet d’accueillir des spectacles de danse, théâtre, concerts… Une salle fréquentée par des spectateurs tarbais, utilisée par Espaces Pluriels et par le poids lourd culturel du Béarn : l’Orchestre de Pau Pays de Béarn, à la fois programmateur et créateur, qui fait parfois alliance avec d’autres structures comme Espaces Pluriels pour le ballet Magifique deThierry Malandain. L’union fait la force en Béarn : ACP et Show Case, Agora et Centrifugeuse, Orthez et Oloron, Méliès et Ampli, ACP… Le public a l’embarras du choix. KARINE ROBY
3 QUESTIONS À...
« Cette situation n’a aucun sens ! » FAYÇAL KAROUI, directeur musical de l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB)
L’OPPB joue-t-il à Tarbes ?
Nous l’avons fait ! Dès mon arrivée à Pau, j’ai voulu tisser des liens avec le Parvis. Nous avons donné des concerts jusqu’en 2012. Le Parvis a investi pour nous, mais le politique n’a pas pris la suite. L’Orchestre du Capitole est missionné par la région MidiPyrénées pour jouer là-bas : leur concert revient de 8 à 9 000 €, le nôtre 23 000 € ! Je souhaiterais parvenir à un même accord sur ce point avec la région Aquitaine. C’est donc aux politiques d’agir ?
Lorsdelasignaturedelaconvention de l’Ecole d’Arts, le maire de Tarbes avait dit : « La prochaine réflexion à mener concernera l’Orchestre de Pau »… Nous avons la particularité d’être à la frontière de régions, avec Tarbes à côté : beaucoup d’abonnés de l’orchestre vont au Parvis pour le théâtre, la danse… Nous avons aussi des relations avec Lourdes, qu’il faut associeràlaréflexion.Lesmécènes nous le disent : cette situation n’a aucun sens ! L’OPPBpourrait-ilchangerdenom?
Evidemment ! Je n’ai rien contre lefaitqu’ils’appelleunjourOrchestredePauPaysdeBéarnAquitaine, ou Pyrénées plutôt : c’est ce qui nous réunit !
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La culture
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
ment noter que dans ce genre de choses, il faut que toutes les parties y trouvent leur intérêt. La logique plaide pour une telle convergence, mais ce n’est pas si simple. Voyez les deux aéroports : la logique aurait plaidé pour qu’il n’y en ait qu’un et cependant… Il faut du temps aux choses pour se rationaliser et se réaliser. En fait, pour la culture, il convient de mener une réflexion plus large et qui déborde le simple cas du Parvis. Il estévidentqu’aujourd’hui,lesvilles ne peuvent plus multiplier les équipements ni les budgets nécessaires pour les faire fonctionner, que la mutualisation intelligente est devenue une nécessité. À partir de là, il faut examiner les choses intelligemment ». C. M.
en Bigorre. (DR/Photo archives PP)
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EN CHIFFRES
1,2 million C’EST LE NOMBRE D’ENTRÉES CUMULÉES, enregistrées par les deux CGR de Tarbes et de Pau. « C’est 40 % d’entrées de plus que le cinéma de Blagnac » souligne le directeur du CGR de Tarbes Olivier Ture. Mais si les deux cinémas savent se regrouper et mettre en avant leur proximité, question spectateurs, ils ont aussi l’intelligence de jouer la carte de la différence : « Le public palois est moins timide, plus avenant et cultivé que le public tarbais » explique Olivier Ture que son collègue palois Mehdi Ouala n’hésite pas à qualifier de « magicien » pour son art de recevoir et de mettre en scène les avantpremières.
71 C’EST LE NOMBRE DE REPRÉSENTATIONS de l’OPPB au cours de la saison 2013 / 2014 (60 à Pau et 11 à l’extérieur), pour un total de 37 098 spectateurs accueillis à Pau et 7 203 spectateurs à l’extérieur lors des tournées. Du côté des écoles et de la sensibilisation du public, l’OPPB a organisé 14 concerts jeune public, deux concerts étudiants, accueilli 9 059 scolaires. Enfin, 200 bénévoles se sont mobilisés autour de l’événement « l’Orchestre prend ses quartiers ».
EN BIGORRE La scène nationale du Parvis est étroitement liée aux centres Leclerc et notamment au Méridien à Ibos. Son fondateur et directeur historique Marc Bélit nous raconte cette incroyable aventure qui irradie jusqu’aux réseaux culturels du Béarn.
Le Parvis d’Ibos rayonne jusqu’en Béarn
L
de danse, il collabore avec le théâtre Saragosse « dont l’équipement exigu rend parfois les choses difficiles ».
es échanges culturels entre la Bigorre et le Béarn s’exercent surtout au travers du Parvis. Plus de 25 % des spectateurs du Béarn fréquentent la scène nationale d’Ibos. « Cela est simplement dû à la qualité de l’offre qui n’a pas d’équivalent dans la région pour la saison de spectacles d’octobre à juin, surtout en matière de théâtre et de concerts en général », explique son créateur et son ancien directeur Marc Bélit.
Une antenne du Parvis à Pau
II Il y a aujourd’hui une convergence de zone qui fait que Palois et Tarbais se déplacent facilement d’une ville à l’autre II
Marc Bélit, fondateur du Parvis à Tarbes
« Cela s’est accentué à partir du moment où le Parvis est devenu une scène nationale dès les années 90. On a connu alors une hausse significative des moyens, de l’offre, et le résultat a été l’attractivité plus grande du Parvis dont la zone d’influence va de SaintGaudens à Orthez, et couvre une population potentielle de plus de 300 000 habitants selon nos estimations » explique Marc Bélit. « Il y a aujourd’hui une incontestable convergence de zone qui fait que Palois etTarbais se déplacent facilement d’une ville à l’autre pour des spectacles culturels ou sportifs » observe-t-il.
Pau a préféré avoir son Zénith Pourquoi ce lieu culturel majeur étroitement lié au développement des centres Leclerc a-t-il ouvert en 1974 àTarbes plutôt qu’à Pau ? « Parce qu’une démarche culturelle ne relève pas d’une étude de marché, mais d’un pari audacieux. À l’époque, ce pari reposait sur une idée, toujours d’actualité, de mettre la culture sur le trajet des pratiques populaires » comme
Le Parvis de Tarbes. La zone d’influence de cette scène nationale va de Saint-Gaudens à Orthez, soit une population potentielle de plus de 300 000 habitants. (Photo DR)
celles de la grande distribution. Du reste, en ces années-là, le Parvis s’est trouvé sinon en rivalité, du moins confronté à une offre culturelle associative de même type, issue du milieu associatif à Pau mais qui n’a cependant pas abouti à la création d’une institution pérenne comme à Tarbes. André Labarrère, le maire de Pau nous
avait expliqué que ses choix culturels étaient d’une nature différente. En un mot, le choix du Zénith pour offrir à la jeunesse universitaire et autre un outil conforme à ses attentes, et un Palais des sports car il voulait une grande équipe de basket, ce qu’il obtint ». Mais pour autant le Parvis a noué des liens avec Pau. Pour les spectacles
Près de 20 ans après et toujours sur le même modèle, une antenne de Parvis fut créée au centre Leclerc de Pau dont la librairie prit d’ailleurs le nom de Parvis 3. « Cela permit de débloquer une aide spécifique pour des activités qui n’étaient pas développées àTarbes mais dont nous pensions que la proximité de l’université les rendait plus aisées à Pau ». Il s’agit des rencontres littéraires et de l’animation autour du livre et des expositions d’arts plastiques. « Du reste, aujourd’hui où les deux écoles d’art de Tarbes et Pau ont fusionné, les deux espaces d’exposition du Centre d’art du Parvis collaborent régulièrement avec elles ». Pour Marc Bélit, « ce développement est dans la logique d’une collaboration entre les deux villes et correspond alors aux échanges que nous avons avec les professionnels des deux régions. Nous suivons là nos publics davantage que nous ne nous soucions de convergence institutionnelle ». CYRILLE MARQUÉ
Il manque un projet d’envergure nationale PROSPECTIVE.
Comment envisager demain la coopération culturelle entre nos deux territoires ? « Peut-être eston aujourd’hui à un tournant et faut-il se tourner vers les coopérations interculturelles entre les villes et agglomérations»suggèreMarcBélit.«Jepense que, dès lors qu’on n’est plus qu’à 30 minutes de chaque ville par l’autoroute, moins si on parle du Parvis, on est de factodanslamêmezone.Ainsi,leZénith de Pau, le futur auditorium de Pau, les équipementsculturelscommeleParvis,
les théâtres, peuvent avoir une offre commune et dans certains cas une administrationcommune.Toutlemonde aurait intérêt à une offre globale qui permette des économies d’échelle pour offrir une accessibilité accrue. Cela est dans la logique des choses, mais il faut laisser les élus et l’État en décider ». Par ailleurs, Marc Bélit croit que « sur le plan culturel, il faudrait un grand projet fédérateur, de dimension nationale ou internationale qui serve de fer de lance à une dynamique culturelle
interrégionale. Je pense à ce qui s’est réalisé à Lens avec le déplacement du Louvre, à Metz avec le Centre Pompidou, à Bilbao avec le Guggenheim comme aussi à Rodez avec l’ouverture du Musée Soulages. Certes, ces outils sont le plus souvent liés à des musées d’art, mais peuvent aussi concerner d’autres secteurs, comme ce fut le cas à Poitiers avec le Futuroscope. Bref, il faut penser à un outil de développement de norme interrégionale voire nationale ».
3 QUESTIONS À...
« Une coopération unique » OLIVIER TURE, directeur du CGR de Tarbes.
Comment est née la coopération entre les CGR de Pau et deTarbes ?
Il s’agit d’une relation amicale, unecoopérationuniqueentredeux directeurs. Elle s’est accélérée en 2010 lorsque le CGR de Tarbes a déménagé vers l’Arsenal et que Medhi Ouada est arrivé à la direction de Pau. Concurrence il y a, mais saine et intelligente. Des exemples concrets ?
Nousavonsfaitvenirdeséquipes de film lors d’avant-premières. Sanscela,JeanRéno,GérardLanvin, Mickaël Youn, José Garcia... ne seraient sans doute jamais venus. LeregroupementdenosdeuxCGR, permet de peser face aux distributeurs qui préfèrent mobiliser une équipe pour deux cinémas plutôt qu’un. La couverture médiatique et le nombre d’entrées sont doublés, parfois nous avons le meilleur score du réseau national sur certaines avant-premières. Des difficultés ?
Quand nous avons reconstitué une étape deTour de France entre Pau etTarbes avec Clovis Cornillac pour l’avant-première du film « La Grande Boucle ». Cela nous a demandés deux mois de préparation. Mais nous avons triomphé des frontières administratives. RECUEILLI PAR C. M.
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Promotion du territoire
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
ENTRETIEN Chercheur associé à Sciences Po Aix et directeur de la chaire « Attractivité et nouveau marketing territorial », Joël Gayet estime
Le marketing territorial:une dynamique
L
’attractivité d’un territoire, c’est sa capacité à promouvoir son offre et à attirer sur place, d’une manière ponctuelle ou permanente, de nouveaux habitants, des entreprises, des capitaux, des touristes, des congressistes, des étudiants… Autrement dit c’est le rayonnement du territoire au-delà de ses frontières. Pour Joël Gayet, fondateur d’un cabinet conseil et directeur de la la chaire « Marketing territorial » à Sciences-Po Aix-enProvence, l’attractivité n’est donc pas une simple image du territoire mais aussi la manière dont il organise son offre, se mobilise et se met en scène. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Joël Gayet décrypte les ressorts du marketing territorial et ses résultats. Un territoire n’est pas une entreprise ou un « produit » comme les autres. Le marketing convient-il à sa spécificité ?
Le marketing territorial, c’est l’ensemble des techniques qui permettent de construire et de développer l’attractivité d’un territoire, c’est-à-dire sa capacité à rayonner, à promouvoir son offre etàattirersurplace,d’unemanière ponctuelle ou permanente, des personnes (entrepreneurs, touristes, étudiants, chercheurs, cadres, médecins, retraités...) et des capitaux(entreprises,investisseurs, aménageurs…). Partant des attentes des « clientèles » des territoires, il n’y a aucune raison qu’il ne soit pas adapté à un territoire.
II Le marketing territorial est aussi l’art de créer une dynamique et de mobiliser les acteurs d’un territoire. II Mais un territoire n’est effectivement pas un « produit » comme les autres : construire un marketing territorial est beaucoup plus complexe que pour un marketing privé. La démarche s’inscrit autant dans un marketing de l’offre que de la demande et l’animation, et lafédérationdesacteursestcapital. De plus les institutions ne contrôlent pas directement la qualité, ce qui pose aujourd’hui un problème de fond car, dans le cadre d’un marché devenu très concurrentiel, on ne peut pas réussir son marketing si on ne maîtrise pas la qualité. Enfin le nom d’un territoire est souvent porté et utilisé par des milliers d’entreprises. En fait, le marketing territorial n’est pas un marketing de grande consommation, c’est un marketing que l’on pourrait qualifier de « corporate » et « sociétal ».
Pourquoi l’attractivité territoriale est-elle devenue aujourd’hui un sujet majeur pour l’avenir des collectivités locales ?
L’intérêt récent des collectivités pour le marketing territorial n’est pas le fait d’une mode, mais il constitue pour elles une réponse efficace à l’élévation du niveau de concurrence des territoires et aux nombreuses difficultés économiques, environnementales, sociales, technologiques et financières auxquelles elles sont confrontées.
II Le marketing territorial stimule les initiatives et les dynamiques internes car il est source de fierté d’appartenance. II L’enjeu de l’attractivité est en effet considérable pour un territoire ; cela concerne le social avec la création d’emplois et la limitation du départ des jeunes, l’économique et le financier avec les dépenses d’investissement et de consommation des différentes clientèles, la qualité de vie et des services à la population (à travers l’arrivée de talents, la création de nouvelles offres de loisirs, l’aménagement des sites ou le meilleur entretiendupatrimoine),le«culturel » (avec le partage de cultures et une plus grande ouverture sur le monde et sur les autres), le développement de nouveaux savoir-faire et la stimulation de pôles ou filières d’excellence. Le développement du marketing tient aussi pour les territoires à la nécessité aujourd’hui d’optimiser les moyens affectés au développement et à la promotion des territoires ; elles doivent être plus efficaces dans leurs stratégies d’attractivité et aider davantage les entreprises à mieux promouvoir leur offre dans un contexte difficile. Elles doivent faire de l’appartenance à un territoire une véritable source de création de
Joël Gayet est chercheur associé à Sciences Po Aix et directeur de la chaire « Attractivité et Nouveau Marketing Territorial ». Cet expert est aussi précurseur en Europe dans la conception
valeur, ce qui est rarement le cas aujourd’hui. Enfin c’est une vraie opportunité pour les collectivités territorialesd’animeretdedynamiser leur territoire, car le marketing territorial est aussi l’art de créer une dynamique et de mobiliser les acteurs d’un territoire. Le marketing territorial stimule les initiatives et les dynamiques internes car il est source de fierté d’appartenance. Que répondez-vous aux nombreux élus et décideurs locaux qui s’interrogent sur l’attractivité de leur territoire ?
Je leur réponds que c’est un enjeu majeur d’un territoire pour les raisons évoquées précédemment. L’attractivité est à la fois une source de création de valeur pour les territoires et donc pour les citoyens, mais aussi pour les entreprises et donc pour les salariés.
Je leur explique ensuite que tous les territoires doivent se préoccuper de ce sujet quels que soient leurs types (urbain, rural ou montagne) ou leurs tailles, mais que tous les territoires ne sont pas pertinents pour mener seuls ce type de démarche. Je leur explique que le marketing est une science et que la réussite passe par l’application de méthodes et de règles précises.
II Le marketing territorial est avant tout une réponse à la concurrence entre les territoires. II Enfin je leur conseille de s’inspirerdecequefontlesmeilleursdans le monde. Nous avons créé une chaire à sciences Po Aix avec des collectivités territoriales pour cela.
Les collectivités territoriales françaises sont-elles vraiment en retard dans ce domaine ?
La réponse à cette question doit être nuancée d’une part parce qu’il existe des différences considérables d’une collectivité à l’autre, et d’autre part parce que cela dépend de quoi on parle. Par exemple, avec Lyon, la Bretagne, l’Alsace ou l’Auvergne, la France est plutôt en avance sur les problématiques de marque dite «partagée », c’est-à-dire portée par les acteurs institutionnels et privés d’un territoire (même s’il y a beaucoup à dire sur le sujet). A l’inverse, la France est très en retard en matière de gouvernance. Le danger pour la France vient du fait qu’elle décroche dans les baromètres internationaux et qu’elle peine à mettre en œuvre les nouvelles pratiques du marketing territorial utilisées par les territoires les plus performants dans le monde. Le nouveau marketing territorial ne risque-t-il pas d’exacerber l’hyper-concurrence entre les territoires et finalement de fragiliser les plus faibles ?
Logo, positionnement, identité... les termes du marketing intéressent désormais les territoires, qui comme les marques, sont en concurrence. (Image DR)
II Les évolutions récentes du marketing territorial accentuent la dimension économique et opérationnelle de son action, tant dans la mobilisation des citoyens que dans celle des entreprises. II
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BĂŠarn - Bigorre regards croisĂŠs pour demain
que le marketing territorial est une rĂŠponse Ă la concurrence entre pays, stimule les initiatives tout en participant Ă la mobilisation des forces vives.
pour les acteurs d’un territoire La concurrence existe et ce n’est pas le marketing qui l’a crÊÊ mais notamment l’explosion de l’offre dans le monde, le ralentissement de la croissance et de la demande dans les pays dÊveloppÊs, et l’ouverture des frontières et la libÊralisation des marchÊs. Le marketing territorial est avant tout une rÊponse à la concurrence. Le marketing territorial ne remplace-t-il pas les anciens organismes d’amÊnagement du territoire comme la Datar, sans apporter de la cohÊrence entre les territoires ?
de nouvelles approches et outils de marketing territorial. (Photo DR)
Nous ne sommes pas sur le même plan. La DÊlÊgation interministÊrielle à l’amÊnagement du territoire et à l’attractivitÊ rÊgionale (Datar) est une administration française chargÊe de prÊparer les orientations (nous sommes dans la prospective) et de mettre en œuvre la politique nationale d’amÊnagement et de dÊveloppement du territoire. Le marketing auniveaunationalestassurÊessentiellement par Atout France pour
aeropor
le tourisme et l’AFII/Ubifrance pour l’attractivitÊ dite  Êconomique . Mais beaucoup d’autres organismes agissent en parallèle. Dans les territoires, le marketing territorial s’exprime à travers les agences de dÊveloppement territorial, Êconomique, touristique (comitÊs rÊgionaux ou dÊpartementaux ou office de tourisme) ou culturel qui sont orientÊes vers l’opÊrationnel en liaison avec les entreprises et les acteurs locaux. De plus les Êvolutions rÊcentes du marketing territorial accentuent la dimension Êconomique et opÊrationnelle de son action, tant dans la mobilisation des citoyens que dans celle des entreprises. PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN MARZIOU
À NOTER JoÍl Gayet interviendra à l’occasion du 2 e Forum Êconomique BÊarnBigorre qui se tiendra l’Hippodrome de Pau le jeudi 3 juillet à 16h30.
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JoÍl Gayet, un expert du marketing au service des collectivitÊs territoriales EXPERT DU MARKETING TERRITORIAL et des nouvelles stratÊgies d’attractivitÊ et de marque de territoire, JoÍl Gayet est chercheur associÊ à Sciences Po Aix, oÚ il dirige la chaire  AttractivitÊ et Nouveau Marketing Territorial  fondÊe par des collectivitÊs territoriales. Il poursuit une veille permanente sur les tendances et nouvelles pratiques du marketing territorial dans le monde, et travaille à la mise au point de nouveaux modèles et outils opÊrationnels au service de l’attractivitÊ des territoires. Après avoir assumÊ diffÊrents postes dans la communication (Publicis Paris, Culture Marque) et le marketing (Pradel/Groupe Cordier, High Co), il a ÊtÊ le fondateur et dirigeant du groupe France Conseil et du cabinet CoManaging. A ce titre, il a accompagnÊ pendant 25 ans de nombreuses collectivitÊs territoriales françaises et europÊennes dans leurs stratÊgies d’attractivitÊ et de marque. JoÍl Gayet a ÊtÊ prÊcurseur en Europe dans la conception de nouvelles approches et outils de marketing territorial comme les stratÊgies de marketing intÊgrÊ, les Portraits identitaires de territoire, les stratÊgies de marque partagÊe,lesportesd’entrÊenumÊriquesdesterritoiresetlacrÊationdeBenchmark sur le marketing territorial. Il anime de nombreux sÊminaires pour des Êlus et des professionnels et intervient ou est intervenu, en France et en Europe, dans de nombreux colloquesetÊcolesdemanagement(SciencesPoAix,HEC,EcoledesPonts,CERAM Sophia Antipolis, ESC Toulouse, EM Strasbourg...) sur les nouvelles approches de marketing territorial et/ou de stratÊgies de marque. Il est l’auteur de  La Totale Communication  (Top Êditions/1998), Place Marketing Trend (Corps et Ame/2014) et a Êcrit de très nombreux articles sur les problÊmatiques de dÊveloppement, de marketing et de communication.
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Le grand témoin
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
INTERVIEW Ex-ministredugouvernementRaffarin,etancienparlementaire,ilestdepuis4ansleprésidentnationalduConseiléconomique,
Jean-Paul Delevoye: «Les citoyens veulent a longueur de sa carrière, au plus haut niveau, et la diversitédesmandats exercésfontde Jean-Paul Delevoye un observateur de tout premier plan. L’ancien ministreetmédiateurdelaRépublique, aux commandes depuis quatre ans du Conseiléconomique,socialetenvironnemental, porte un regard aiguisé sur la réforme territoriale, la vie dans nos territoires, et éclaire ici le débat sur la construction de notre pays. Jean-Paul Delevoye le dit sans concession : « On fait une réforme territoriale sous la contrainte budgétaire, et c’est la même chose au niveau de l’Etat (...). Une des questions fondamentales est : vat-on vers un fédéralisme régional, ou une décentralisation régionalisée ? » . « En fonction de ce choix, on obtient des réponses très différentes et c’est toute la problématique. Quand on pose la question sur la réforme du territoire, le fond du sujet est en fait la réorganisation de l’Etat, et l’acceptation par les citoyens », expose-t-il d’emblée.
L
compenser la faiblesse des Etats. Tout ce qui fragilise cela est contraire à l’intérêt de l’Etat. Il faudraitdoncpouvoirfaireémerger cesbassinsde vie, et voir comment les intégrer. Dans un monde de mobilité, l’importance des infrastructures de transports est un élément déterminant pour la construction de territoires modernes. Or, il me semble que, aujourd’hui, au nom de l’urgence, on détruit la vision à moyen terme. Mais il ne faudrait pas s’interdire pour autant d’agir dans l’urgence. Il nous faut de la stabilité et le pays a besoin d’être rassuré. Or les discours, notamment sur la réforme, sont anxiogènes. On le voit avec le calendrier de constructiondecetteloi,leshistoiresd’alternances, de cohabitation annoncée du Sénat... Que voulez-vous dire par là ?
Il aurait plutôt fallu mettre en place des chantiers républicains associant l’opposition et la majorité pour déterminer ce que devrait être la répartition des pouvoirs entre l’Etat et les Régions. Quelles sont les Régions nouvelles à mettre enavant?Alorsquelemondenous regarde, le reproche qui est fait à la France c’est l’instabilité des décisions politiques. Pourquoi, sur une réforme aussi capitale, ne pas essayer d’avoir des méthodes d’appropriation nouvelles pour des réformes stables dans la durée ? Cette réforme n’aurait-elle pas justement mérité d’être plus longuement préparée,avec davantage de concertation ?
II En fait, le fond du sujet, c’est la réforme de l’Etat. II Des territoires de vie et d’activités comme les nôtres sont-ils bien pris en compte dans la réforme territoriale ?
Les vraies questions sont : pourquoi interdire à un département de quitter une région ? Les territoires régionaux sont-ils, aujourd’hui, pertinents ? A priori, la réponse est « non » puisqu’on demande à les modifier - et je suis favorable à cela. Mais, en fait, la question concerne surtout les région « interstitielles ». (Centre, Picardie...). Elles ont des centres d’activités multipolaires avec des populations qui ont l’habitude de travailler, d’étudier, de faire leur commerce ailleurs. Pourquoi ne pas les renforcer ? Il s’agirait en fait de renforcer les bassins de vie ?
C’est exactement cela. Aujourd’hui, c’est la fertilité, l’innovationdesterritoiresquivont
C’est un défaut culturel. Nous ne sommes plus dans un régime où le pouvoir central décide. Au contraire, n ous sommes dans une sociétéhorizontaleoùilfautparvenir à un partenariat entre le niveau central et le niveau local. Je suis frappé de voir les tensions institutionnelles qui se créent : elles sont préoccupantes pour la décision politique. On a un gouvernement dont la majorité est instable, nous avons une opposition qui éclate, des citoyens déboussolés... Il faut retrouver une vision, une stabilité et, encore une fois, éviter les discours anxiogènes. Il faut retrouver l’enthousiasme de la réforme, ne pas vouloir mettre en place des freins. Aujourd’hui, c’est la disparition des frontières et on est en train de créer l’illusion de la réapparition de ces frontières dans une économie de flux, de capitaux, d’idées...
II Il faut de la stabilité. Notre pays a besoin d’être rassuré (...) Or, le discours est anxiogène II
Tout cela ne manque-t-il pas un peu d’audace ?
Il y a eu un manque d’audace, de vision et de participation, alors que beaucoup de choses étaient en train de se mettre en place. Les départements réfléchissaient à la mutualisation de leurs moyens de vie. Il faut une remise à plat rapide desrelationsfinancièresentrel’Etat et les collectivités locales. Lancer un chantier sur la fiscalité entre la majorité et l’opposition. Il faut une révision car l’Etat est en train de s’asphyxier avec les dotations des collectivités locales, et celles-çi s’asphyxient à cause de la baisse des dotations. On s’étonne que les dépensesdefonctionnementaient augmenté, mais c’est la conséquence des décisions prises à une époque où on a offert plus de dotations à ceux qui se mettaient en intercommunalité.C’était la prime à l’argent, pas aux projets! On en paie les conséquences. Les échéances politiques se raccourcissent alors que les réformes nécessitent du temps si on veut qu’elles soient solides. Les contestationsvontapparaîtrelégitimes, avec des tensions fortes et des blocages qui feront que la réforme ne se fera pas, aura du mal à se faire ou sera très contestée. Ce n’est pas sain. Vous tenez des propos sévères,sans concession ?
Non. Mais je suis attaché à cette réforme du pays qui est nécessaire .Nous avons besoin de maires qui mutualisent les moyens, d’intercommunalités qui transfèrent les pouvoirs avec des règles justement posées. Nous avons besoin de partenariats gagnant-gagnant et non plus d’une société faite de rapports dominant-dominé, avec un Etat central qui stérilise les innovations locales alors que c’est justement sur la force des territoires, sur l’énergie citoyenne qu’on va retrouver le souffle dont ce pays a besoin. Nous sommes en train de payer ces oppositions stériles où quand M. Sarkozy arrive au pouvoir, il fait l’inversedecequefaisaitM. Chirac. Et quand M. Hollande arrive, il fait l’inversedeSarkozy!Maisenregardant les deux programmes, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas si éloignés.
Les forces économiques et sociales que vous représentez sont-elles suffisamment consultées et écoutées lorsque sont engagées les grandes réformes françaises ?
Une étude a montré que un tiers de nos propositions se retrouvent dansunprojetdeloi,desquestions écrites. Nous avons de plus en plus de relations avec les parlementaires et des membres du gouvernement. Un exemple : la commission du développement durable nous reçoit de façon quasi-systématique. Ségolène Royal est venue nous présenter la loi sur la transition énergétique. Un certain nombre de nos propositions sont écoutées. Nous n’avons qu’un avis consultatif, mais vous verrez que le déclenchement de cette réforme va créer des forums citoyens, des débats voulus ou pas par les élus. Les citoyens veulent, aujourd’hui, être des coproducteurs du futur. C’est une donnée nouvelle. Le politique ne peut plus décider de sonfauteuilélectoral. Ildoitafficher une vision et permettre un débat que les citoyens vont se ré-approprier.Sinousn’yprenonspasgarde, les Etats verront disparaître leurs pouvoirs et le monde sera dirigé par des entreprises et les marchés. Ce sera le chaos! N’êtes-vous pas en train d’esquisser là les contours d’une VIe République ?
Le président du Conseil économique, social et environnemental
Absolument. Je pense que nous rentrons dans une société nouvelle, en métamorphose. Il faut avoir des réponses politiques adaptées par rapport à ce monde de demain. Il est effrayant de voir que nos concitoyens, beaucoup de décideurs, cherchent à préserver leurs structures. On a toujours peur du changement. Si nous ne faisons pas attention, notre société va devenir de plus en plus clivante, violente, un peu comme aux Etats-Unis. Les politiques doivent avoir un regard plus responsable. Il y a des chantiers, de nouvelles pratiques à mettre en place. La méthode qui consiste à imposer d’en haut une carte pas du tout appropriée par le territoire crééra de formidables résistances. Encouragez-vous des territoires tels que le nôtre à être précurseurs, à bousculer un peu les discours et la réalité ambiante ?
II Derrière cette réforme, il y a un projet de société. Y a-t-il une place pour tous ? II
ZOOM
Une « question de constitutionnalité », liée à « l’égalité des territoires » interpelle aussi Jean-Paul Delevoye: « Est-ce qu’on n’aurait pas pu démarrer dans les territoires d’Outre-mer, ou en Corse, une fusion rapide entre la région et les départements » ? Un autre point mérite aussi, à ses yeux, d’être soulevé : « Il ne faut pas oublier que la réforme territoriale est aussi un mariage de l’histoire et la géographie. Dans une France clivée, on peut avoir une réforme extrêmement identitaire. Or, on ne mélange pas des peuples et je pense que ce type de réforme ne peut pas se faire contre les peuples. Nous le voyons d’ailleurs à l’échelle du monde ».
Je crois qu’il y a la réalité d’une dynamique économique qui l’emportera. Elle ne se laissera jamais enfermer dans des frontières administratives. Derrière cette réforme du territoire, il y a un projet de société : quelle est la place du travail ? Y a-t-il une place pour tous ? Il y a un nouveau contrat social à rebâtir. Sinon nous risquons d’avoir des conflits générationnels et territoriaux. PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRARD CAYRON ET JEAN MARZIOU
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Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
Le grand témoin | 27
social et environnemental. Jean-Paul Delevoye porte un regard aigu sur la réforme territoriale et la vie dans notre territoire.
être des co-producteurs du futur » ZOOM
Une vie publique dense
Jean-Paul Delevoye, évoque les défis de la réforme territoriale en cours, avec pour objectif de faire « émerger des bassins de vie » , « des territoires modernes ». (Photo Constant Form du CESE)
Agé de 67 ans, Jean-Paul Delevoye, ancienparlementaireduPas-de-Calais, et actuellement en congés de l’UMP, a eu une vie publique particulièrement riche. Il a notamment occupé le portefeuille ministériel dédié à la fonction publique, l’aménagement du territoire et la réforme de l’Etat au sein du gouvernement Raffarin. Un temps médiateur de la République, celui qui préside une Communauté decommunesduSud-Artoisaégalement tenu pendant une décennie, de 1992à2002,lesrênesdelapuissante association des maires de France (AMF). Maire, conseiller régional, Jean-Paul Delevoye, qui a sur le plan professionnel dirigé des sociétés agroalimentaires, a exercé à peu près touslestypesdemandats.Sonexpertisel’aaussiamenéàconduirelarédaction de différents rapports, notamment sur la problématique des territoires,àdestinationduCommissariat au Plan. Il est depuis maintenant quatre ansàlatêteduConseiléconomique, social et environnemental.
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Rapprochement territorial
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
UN EXEMPLE RÉUSSI Six ans après sa création, l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai dresse un rapport d’étapes encourageant,
L’ Eurométropole : un sentiment d’ Pas facile de trouver un exemple dans l’Hexagone de rapprochements et de convergences entre deux territoires que séparent les limites et réalités administratives. Totalement à l’opposé du Béarn et de la Bigorre, l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai est un groupement européen de coopération territoriale. Créé en 2008 pour favoriser la coopération transfrontalière entre la France et la Belgique, il présente un premier bilan et préfigure aussi ce que pourrait être à terme une structure de coopération territoriale avec l’Aragon. Nous reproduisons ici un article publié dans le dernier numéro de « Maires de France ».
Conférence des maires et bourgmestres de l’Eurometropole Lille- Kortrijk-Tournai à Courtrai, en juillet 2013 (Photo Vincent Lecigne LMCU)
Un territoire attractif
La communauté de communes de Lacq-Orthez accompagne le développement des entreprises existantes et anticipe les besoins des porteurs de projets. Elle acquiert, viabilise et aménage des zones d’activités. Elle propose une aide à l’ingénierie et apporte un soutien financier aux projets économiques.
22 donneurs d’ordre Toray, Arkema, Yara, Air Liquide, Abengoa, Sanofi, Novasep, Chimex, Finorga...
300 entreprises
8 000 emplois industriels
Près de
Prestataires à l’industrie
250 chercheurs & ingénieurs
en lien avec les laboratoires Universitaires
4 pôles chimiques
8 centres
59371260-ext-PG
d’affaires
7 pôles
6 Bâtiments
économiques
relais
15 zones
5 pépinières
d’activités
Conception et réalisation : cc-lacqorthez.fr - Crédits photos : CCLO et SOBEGI : Etienne Follet.
d’entreprises
www.cc-lacqorthez.fr
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même si de nombreux chantiers restent à concrétiser pour favoriser les échanges transfrontaliers.
appartenance à un même territoire
J
’ai fait un rêve merveilleux, la constitution d’une grande métropole bilingue et triculturelle, et cette nouvelle entité est aujourd’hui une réalité ! » C’estainsiquePierreMauroyintronisa, le 28 janvier 2008, le premier Groupement Européen de Coopération Territoriale (Gect) : l’Eurométropole Lille-KortrijkTournai. Aujourd’hui encore, les élus rendent hommage à l’ancien maire de Lille, décédé le 7 juin 2013, dont la vision et l’engagement ont dynamisé les échanges transfrontaliers. Six ans et demi après la création de l’Eurométropole, un premier bilan permet de mesurer dans quels domaines ces relations se sont le plus développées et ceux qui restent à promouvoir.
De nombreux freins levés Malgré de réels freins linguistiques, les échanges au sein de ce territoire sont légitimes car ancrés dans une histoire commune, comme le prouvent les nombreux témoins encore visibles dans
l’architecture, les musées et les pratiques socioculturelles. «Jeanne de Constantinople est aussi importante dans l’histoire de Lille que dans celle de Courtrai ou de Tournai », aime à rappeler Stefaan De Clerck, ancien bourgmestre de Courtrai et président de l’Eurométropole à deux reprises. « Malgré tout, il est indispensable de favoriser ces relations dans le quotidien de l’Eurométropole, dont 160 000 habitants franchissent la frontière tous les jours. Le principal obstacle ne concerne pas tant les infrastructures que les mentalités. La force du Gect est d’avoir mis en place un espace démocratique de rencontres destiné aux élus, dont les actions doivent d’abord chercher à faciliter la vie de leurs administrés », poursuit-il. Le Gect n’est donc pas une institution supplémentaire, mais une
structure légère à l’initiative principale des maires, un outil fonctionnel de travail et de dialogue dans des domaines aussi variés que l’économie, la fiscalité, le tourisme, les transports, la culture ou encore l’enseignement. Avant sa création, la chambre parlementaire franco-belge avait identifié 239 obstacles à la coopération transfrontalière, dont une partie importante sur des questions de fiscalité pour les entreprises et les salariés transfrontaliers. « Aujourd’hui, on a trouvé dessolutionspourlamoitiéd’entre eux, le Gect ayant permis de solliciter plus facilement les Etats et l’Europe, seuls compétents dans le domaine fiscal par exemple », prolonge Stefaan De Clerck.
160 000
Un secteur où le dynamisme du Gect s’est particulièrement illustré concerne l’emploi avec la création, dès 2007, du Forum de l’emploi de l’Eurométropole. Ce rendez-vous annuel, qui se tient alternativement à Lille,Tournai et
habitants
franchissent la frontière tous les jours.
Emploi et partenariats économiques
Courtrai, rassemble les acteurs concernés des trois bassins, les entreprises publiques et privées qui recrutent, et les demandeurs d’emploi. « En sept éditions, plus de 36 000 visiteurs et 700 entreprises y ont participé et plus de 4 000 postes ont été pourvus. Il faut continuer car les potentialités d’embauchesexistent,notamment en Flandre où le taux de chômage n’est que de 5 % », assureVincent Van Quickenborne, nouveau bourgmestre de Courtrai et actuel président du Gect. Dans le domaine économique, il faut reconnaître que les partenariatsrestentlimitéspourl’instant malgré un réel potentiel de complémentarités sectorielles. « Il y a encore des barrières à lever, au niveau juridique notamment, ainsi qu’un manque de concertation. Il est ainsi regrettable que la création, à Tourcoing, du Centre européen des textiles innovants, se soit concrétisée sans solliciter la branche textile belge qui est pourtant très dynamique », remarque Stefaan De Clerck. suite page suivante
Commissaire aux comptes : une obligation qui rapporte À l’échelle de l’économie nationale comme à celle de votre activité, le commissaire aux comptes est de votre activité, le commissaire aux comptes est un partenaire indispensable. Apprenez à en tirer un bénéfice! Au service de l’intérêt général, il garantit la qualité de l’information financière que vous rendez publique. Il participe au bon fonctionnement d’une économie mieux régulée, sécurisée et sans surprise. À votre échelle, il vous offre les moyens de sécuriser le développement de votre activité dans les meilleurs environnements internes et externes. Ses travaux et ses avis vous mènent à des pistes d’amélioration sur les plans de l’organisation, des processus de flux d’information, ou encore de la performance et du contrôle de votre structure. En valorisant la transparence au sein de votre organisation, vos partenaires vous accordent leur confiance pour vos projets de demain.
Pour mieux connaître votre structure, ne vous privez pas d’un regard indépendant sur votre organisation! Analyse de l’environnement, confrontation extérieure,lecture des performances… pour constituer un cadre de référence dans lequel il planifie son audit, le commissaire aux comptes acquiert une fine connaissance de votre organisation et de son environnement. Saisissez cette occasion de passer votre activité au peigne fin! Vous pourrez ainsi échanger sur vos performances et dégager vous-même des pistes de performances, de réflexion et d’amélioration pertinentes. 360° Sur le milieu externe… Concernant l’environnement externe de votre structure, le commissaire aux comptes a unevision « grand angle ». Il étudie votre secteur d’activité, sa réglementation, notamment le référentiel comptable applicable, et votre positionnement face à la concurrence. Il procède enfin à une analyse générale du secteur économique concerné pour une plus grande pertinence de son audit. … et focus sur l’interne… et focus sur l’interne Il prend ensuite connaissance des objectifs de la direction et des stratégies mises en oeuvre pour les atteindre. Pour cela, il se procure, par exemple, un descriptif détaillé de vos processus et contrôles internes pour effectuer un examen critique à haute valeur ajoutée de votre structure.
Il porte également un regard attentif sur les objectifs opérationnels de l’organisation. Il prend connaissance de la mesure et de l’analyse financières, du fonctionnement de la communication interne…
Nouveau point de vue sur vos horizons professionnels Le commissaire aux comptes s’entretient avecvous pour comprendre vos orientations stratégiques. Est-ce-que votre structure atteint un cap ? Quelles sont vos perspectives d’avenir, quelles sont les prévisions d’évolution de l’activité ? Cet entretien est pour vous un premier éclairage.Le commissaire aux comptes engage le dialogue pour vous mener à des pistes de réflexion. Vous retenez les prises de conscience nécessaires, les conclusions adéquates à l’amélioration à la pérennisation de votre activité. Lumières… action ! À vous de jouer pour en tirer les meilleures conclusions et mettre en place de nouvelles actions…
Qui mieux que le commissaire aux comptes vous donne une appréciation du contrôle interne de votre structure ? Diagnostiquer & consolider votre contrôle interne. Améliorer votre organisation ? Tester denouvelles procédures de contrôle ? C’est toujours vous qui voyez… C’est par une revue et par le dialogue que le commissaire aux comptes conduit les dirigeants aux prises de conscience nécessaires et aux pistes d’amélioration possibles.
(Re)prenez le contrôle ! Le contrôle interne désigne les procédures de fonctionnement d’une organisation et la capacité de celle-ci à contrôler son activité, même siles usages ne sont pas formellement définis. Points forts et points faibles du contrôle interne sont identifiés par le commissaire aux comptes, et les risques potentiels sont mis en avant auprès du dirigeant. En cas de faiblesse… Votre contrôle interne est-il capable de prévenir, de détecter ou corriger des anomalies dans comptes? Les faiblesses de contrôle interne identifiées vous sont communiquées. Des recommandations pour les réduire sont également formulées, et la mise en oeuvre de ces recommandations par la direction est suivie par le commissaire aux comptes. Utilisez les conclusions des travaux du commissaire aux comptes comme outil de pilotage pour: - Améliorer les procédures de contrôle interne del’entreprise au travers des points faibles identifiés, - Apprécier régulièrement l’efficacité de ces procédures, - Mieux impliquer les services internes dans votreorganisation et améliorer les performances, - Mettre en place des outils de pilotage adaptés à la prévention des risques. Le contrôle interne: accélérateur de progrès Les systèmes d’information et de gestion sont au cœur du fonctionnement et du développement des organisations. Ils constituent un facteur clé de leur performance !
Qui mieux que le commissaire aux comptes garantit l’avenir de votre structure auprès de tous vos collaborateurs et vos partenaires? Transparence & protection sous haute garantie Pensez à vos collaborateurs, à vos partenaires et associés ! Des comptes transparents et certifiés fournissent des données financières fiables et protectrices sur lesquelles ils fonderont leurs décisions… à prendre en votre faveur ! La transparence de tous, pour tous Le commissaire aux comptes vous accompagne et vous explique point par point les modalités d’intervention et l’étendue de sa mission. Sa mission d’audit est rigoureusement réglementée. Vous pouvez consulter à tout moment le code déontologique ou les normes régissant le cadre législatif des commissaires aux comptes (NEP). La transparence se partage ! Et lorsque vos comptes annuels sont certifiés, c’est la garantie que les informations financières c’est la garantie que les informations financières diffusées sont fiables et génèrent la confiance.
économique et favorise ainsi la croissance. La transparence, partenaire de la croissance C’est logique! Grâce à la certification des comptes,les acteurs du marché économique collaborent en toute confiance et sur le long terme. Investisseurs, fournisseurs, clients, banques, administrations, salariés, donateurs… tous sont tous sont plus à même de s’engager à vos côtés au regardde la qualité et de la fiabilité de vos informationsfinancières.
Le commissaire aux comptes, somme toute, une obligation qui rapporte. La certification des comptes annuels et consolidés est une obligation dont la finalité est de rendre service à l’économie et à votre environnement, mais aussi directement à votre organisation. Comment tirer profit de cette obligation ? Pour qui et pourquoi ? Apprenez à déceler tous les avantages de la future mission de votre commissaire aux comptes…
Pour la Compagnie régionale des Commissaires aux Comptes de Pau Sophie Louveau, Présidente
Garantie et protection des tiers Cette valeur fondamentale conduit globalement à la transparence de l’information financière et du système économique en général. En certifiant la régularité, la sincérité et l’image fidèle des comptes des organisations, le commissaire aux comptes contribue à entretenir la confiance dans le système
59394340-ed
Qui mieux que le commissaire aux comptes vous ouvre une fenêtre pertinente pour examiner votre activité?
Rapprochement territorial
Des relations sont en revanche bien engagées autour d’Euratechnologies,pôled’activitélilloisdédié aux technologies de l’information.
L’Eurométropole
L’enjeu du Canal Seine Nord La qualité des échanges s’illustre bien évidemment aussi dans le domaine des transports. Des négociations entre la SNCF et la SNCB ont permis, d’une part, de développer la fréquence et la ponctualité des liaisons ferroviaires entre les trois villes principales et, d’autre part, de mettre en place une tarification réduite et simplifiée (8€ l’aller-retour entre les villes). Entre 2010 et 2011, l’augmentation du trafic passager a été de 15 % entre Lille et Courtrai et de 30 % entre Lille et Tournai. Mais il reste des marges de progression importantes, notamment auprès des étudiants, dans la mesure où le trafic ferroviaire ne représentepourl’instantque3,6% desdéplacementsjournaliers.Dans ce domaine, la communication doits’intensifierpourleverlesfreins psychologiques et valoriser l’existence de ces liaisons. Le Gect a également permis d’accélérer le développement du réseau cyclable, notamment avec le déploiement de 1 600 km de nouvelles pistes en Wallonie Picarde. De même, le réseau des voies fluviales a bénéficié de la réhabilitation de la liaison Deûle-
EN BÉARN
Béarn - Bigorre regards croisés pour demain
Limite d’Eurométropole Flandre Wallonie Lille métropole Communauté urbaine
Gand Tielt
Ieper
Roulers Courtrai
BELGIQUE Bruxelles
Mouscron
FRANCE
Lille
Eurometropole - Infographie Pyrénées-Presse
30 |
MARDI1ER1 JUILLET 2014 MARDI
Ath Tournai Mons
10 km
Carte de L’Eurométropole Lille-Courtrai- Tournai. (Photo Gect Eurométropole Lille-Courtai-Tournai)
Escautdanslecadreduprogramme BlueLinks(Interreg).Maisledossier prioritaire demeure le canal SeineNord, dont le financement et le tracé restent en suspens côté EN CHIFFRES • 147 communes dont 85 en France •Population :2,1millionsd’habitants dont 52 % en France • Superficie : 3 550 km2 • 2 langues : français et néerlandais •Budgetannueldefonctionnement : 1,597milliond’eurosfinancésàparité. • Assemblée de 84 membres (50% françaiset50%belgesàparitéentre wallons et flamands).
français. « Pourtant plus de 500 millionsd’eurosontdéjàétéinvestis par la région Flamande pour élargir la Lys, et la régionWallonne engage 60 millions de travaux sur l’Escaut d’ici à 2017. Le Gect va continuer à se mobiliser auprès de l’Etat français en sachant que l’Europe vient de confirmer son financement à hauteur de 40 % », plaideVincentVan Quickenborne.
Le tourisme, un secteur porteur Le tourisme est un secteur porteur pour ce territoire avec 500 millions d’euros de retombées économiques par an. Outre
l’édition d’une carte et la création d’un site internet trilingue valorisant ses richesses, le Gect a soutenu l’édition, en juin 2013, d’un guide Lonely Planet consacré à l’Eurométropole (plus de 6 000 exemplaires vendus). La culture a également prouvé qu’elle est un terreau favorable. A l’instar du festival de spectacles vivants Next qui associe, depuis 2008, cinq structures françaises et belges de l’Eurométropole dans une programmation de plus en plus suivie par le public (13 000 spectateurs en 2013 en progression de 53 % par rapport à 2010). « Pour marquer l’appartenance à
VOLKSWAGEN SAVAL
Contact : Dominique DUCHADEAU 05 59 77 71 97 / 06 89 05 23 96 2, rue B. Franklin - LESCAR
ce territoire nous organiserons en 2015 un grand festival de musiqueactuellequisetiendrasur lelieusymboliquedel’ancienposte frontière de Rekkem », poursuit le président du Gect. Enfin, le Gect a réussi à concrétiserlacréation,enseptembre2011, à Tournai, de l’Eurometropolitan E-Campus, une formation supérieure (Executive Master) qui compteaujourd’hui300étudiants. « Une innovation portée par Rudy Demotte, président du Gect entre 2011 et 2012, qui a permis à la Wallonie Picarde de se doter de sa première université en partenariat avec tous les établissements d’enseignement supérieur de la Fédération Wallonie Bruxelles, et qui a noué depuis des relations avecEuratechnologiesetStanford», se réjouit son président, Philippe Luyten. Dans le domaine de l’enseignement, l’un des enjeux reste de favoriser les échanges entre les établissementssecondaires,notamment pour développer les pratiqueslinguistiquesdèsleplusjeune âge. Un enjeu d’importance pour renforcer le sentiment d’appartenance à un même territoire. François Lecocq SOURCES Cet article que nous reproduisons avec l’aimable autorisation du magazine de l’Association des maires de France a déjà été publié dans le n° 314 de « Maires de France » daté de juin 2014.
EN BIGORRE
Contact : Dominique DERLON 05 62 53 33 10 / 06 08 67 66 45 22.24 Av. du 8 mai 1945 - TARBES
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MARDI 1ER JUILLET 2014
31
une initiativ initiativee
Patrick Patrick de Stampa, Stampa, P Président résident de la Chambre Chambre de Commerce Commerce et d’Industrie P Pau au Béar Béarn n
&
F François-Xavier rançois-Xavier Brunet Brunet,, Président Président de la Chambre Chambre de Commerce Commerce et d’Industrie Tarbes Tarbes a et Hautes-Pyrénées Hautes-Pyrénées
vous convient au :
2e FO FORUM RUM ÉCONOMIQUE ÉCONOMIQUE BÉAR BÉARN N-B BIGORRE IGORRE 3 JU JUILLET ILLET 2014 Invité d’honneur : L LA AP PROVINCE ROVINCE D’ D’ARAGON ARAGON
PROGRAMME Accueil ccueil il et ouverture ure d du forum par : 16 16H30 H30 A Frrançoiis--X Xavier BRUNET & Pa atrick de ST TAM A PA
Portrait it socio socio-économique io-économ mique du terr territoire rrito Béarn-Bigorre réalisé en collaboration collabor oration avec l’Assemblée l’Assem mblée Pyrénéenne d’Économie d d’Économ Montagnarde (APEM)
Présentation tation de d l’observatoire e socio-économique soc SIG Béarn-Bigorre
Les dynamiques ynamiques miques économiques écon n nomiques du territoire Béarn-Bigorre par Marc TRINQUÉ, Directeur projets proje e de territoires à l’Agence d’Urbanisme Atlantique et Pyrénées (AUDAP) ets
Présentation tation des résultats de l’étude l’é menée selon la méthode développée par Laurent Davezies
Le territoire ritoire e Béarn-Big Béarn-Bigorre gorre rre face fac ce ea aux ux nouvelles n straté stratégies ég égies d’attractivité activité té et de ma marketing mark ark ke eting g ter territorial errit rrito rito orial par Joël GAYET, Cherc Cher ercheur rcheur associé à ll’Institut Institut d d’É É Étude Polit Pol olitiq litiqu que ue e (I (IEP (IEP) IEP) d’Aix d Aix-en-Provence en Provence et Directeur teur de la Chaire e « Attractivité Attractiv vité et nouveau u marketing g territorial tte erri rrito itorial »
Table-ronde T able-r a onde 1
Un espace p ce transfro ttransfrontalier ontalier ier à co construire c construir ave avec ec l’ l’Aragon ’Arago gon
Manuel TE ERUEL IZQUIERDO, Président sidentt du Conseil Con nseil n seil aragonais ara des Chambres de Commerce Com ommer et Président de la Chambre de Commerce erce de Saragosse gosse Fernando ernand e RIQUELME LIDÓN, Consul sul d’Espagne ne à Pau Luisa Fe ernanda RUDI ÚBEDA, Présidente du gouvernement d’Aragon Alberto BELLOCH JULBE, Maire de Saragosse Ana ALÓS LÓPEZ, Maire de Huesca
Table-ronde T able-r a onde 2
Les élus Bé Béarn-Bigorre éarn-Bigorre g
59340150-NP
Alain ROUSSET, Président du Conseil Cons régional d’Aquitaine Martin MALVY Y, Président du Conse Conseil régional Midi-Pyrénées Georges LABAZÉE, Président du Conseil général des Pyrénées-Atlantiques s-A Atlantiques Michel PÉLIEU, Président du Conseil général des Hautes-Pyrénées nées né François r BAYR ROU, Maire de Pau Gérard TRÉM R ÈGE, Maire de Tarbes a
Inscription en ligne GRA ATU T ITE jusqu’au 2 juillet sur http://www.pau.cci.fr/home/agenda/lire/forum-bearn-bigorre-108.html
Hippodrome de P Pau au - 462 boulevard du Cami Salié - 64000 P Pau au Mardi juillet2014 2014 Mardi11erjuillet
MARDI 1ER JUILLET 2014
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