LA POSTE DE PAU Mardi 1er février 2005 - N° 18 294
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PYRÉNÉES PRESSE
PAYS DE L’ADOUR
FERMETURES DE CLASSES Inquiétudes à Gelos, Oloron,
FOOT : DISTRICT VERSION LARQUÉ Le point sur la politique du
Issor et Verdets.
président élu il y a deux mois.
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La solidarité manque à l’appel... à la grève Page 10
CHP : le meurtrier présumé arrêté Arrêté samedi soir après avoir tiré sur des policiers
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Emotion dans le quartier du Hédas où il résidait Page 4
Le personnel du CHP soulagé Les réactions de Pau à Paris
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Photo Ascension TORRENT
Huit semaines d’enquête
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L’auteur présumé du double meurtre perpétré au centre hospitalier des Pyrénées à Pau, dans la nuit du 17 au 18 décembre, a été arrêté hier. Romain Dupuy, un Palois âgé de 21 ans, avait été interpellé samedi soir après avoir tiré des coups de feu contre trois policiers lors d’un banal contrôle de routine. Pages 2 à 7
VUES DU CIEL
Aujourd’hui Préchacq Navarrenx, Labatut-Figuières et Castillon-Lembeye Cahier central
A LIRE DANS JUSTICE
Coûteux comptes de J.-P. Destrade
ÉDITORIAL
La force de la démocratie Le résultat des élections législatives irakiennes est une grande victoire de la démocratie. C’est d’autant plus inattendu, et pour tout dire inespéré, que ce peuple n’avait pas été consulté depuis un demi-siècle. C’est d’autant plus remarquable qu’il fallait un singulier courage aux électeurs pour aller voter dimanche. Les premiers vainqueurs de cette consultation sont ainsi les Irakiens eux-mêmes. En bravant les brigades d’Al Qaida et leurs émules, ils ont prouvé que les menaces et la terreur sont impuissantes à entraver la marche d’un peuple vers la démocratie et la liberté. Ce scrutin n’est pourtant qu’une première étape. Il faudra demain mettre autour de la table et faire travailler ensemble les vainqueurs (les chiites et les Kurdes) et les sunnites qui ont, eux, boudé les urnes. La première tâche du futur gouvernement légitime de l’Irak nouveau sera de préserver l’unité du pays. Ce ne sera certainement pas une partie de plaisir. Georges W Bush est l’autre vainqueur de ce dimanche électoral. Son entêtement à faire voter les Irakiens malgré le désordre qui règne dans ce pays a été récompensé. Au demeurant, même le gouvernement français a été amené à saluer ce succès du président américain. Mais la Maison-Blanche n’est pas sortie d’affaires. L’occupation de l’Irak par les forces de la coalition coûte politiquement de plus en plus cher à Georges Bush. Chaque mort d’un boy du côté de Bagdad abîme l’image du président américain et de son administration. Les États-Unis savent depuis l’aventure vietnamienne que le plus difficile consiste à savoir se désengager à temps. Bush a aujourd’hui la possibilité de préparer un retrait dans l’ordre de ses soldats. S’il y parvient et s’il contribue à installer un pouvoir stable à Bagdad, le président américain obtiendra la reconnaissance internationale qui lui a fait défaut jusqu’ici. Le peuple irakien et l’administration viennent de remporter la première victoire contre ce que Georges Bush appelle « l’axe du mal ». Il faut désormais les aider à poursuivre dans cette voie. PHILIPPE REINHARD
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Mardi 1er février 2005
GELOS-OLORON
Classes menacées de fermeture
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PAU • L’ADN a parlé
CHP : le meurtrier Coup de théâtre hier après-midi. L’auteur présumé du double meurtre perpétré au centre
Q
uand ils ont interpellé, samedi soir vers 23 heures, un jeune homme de 21 ans, Romain Dupuy, qui venait de leur tirer dessus à trois reprises, les policiers de la brigade anticriminalité étaient loin de se douter qu’ils venaient de mettre la main sur le meurtrier présumé de l’infirmière et de l’aide soignante sauvagement assassinées à l’hôpital psychiatrique, le 18 décembre dernier. Samedi 22 h 40. Les trois fonctionnaires en patrouille repèrent un jeune homme, rue René Fournets. Il est assis sur un muret et fume paisiblement un joint. Il refuse de décliner son identité et de présenter ses papiers. Pour toute réponse, il dégaine un pistolet automatique qu’il porte à la ceinture. Il vise l’un des policiers qui se trouve à un mètre au niveau de la tête, appuie sur la détente mais la balle ne part pas. À leur tour, les trois hommes sortent leurs armes. Le tireur recule et se dissimule derrière une voiture. Il réarme et tire à nouveau. À deux reprises. Encore une fois la balle a fait long feu. Les fonctionnaires ne ripostent pas. Ils sont pourtant en état de légitime défense. Des piétons déambulent dans le quartier. Le risque de manquer leur cible et de blesser un noctambule justifie leur comportement. Ils parviennent à maîtriser le fumeur de shit alors qu’il est train de réarmer son pistolet automatique. Ils ont bénéficié d’une chance inouïe et ne doivent leur salut, du moins pour l’un, qu’au dysfonctionnement du 7,65 mm. Des armes saisies Romain Dupuy est placé en garde à vue. Lors de ses auditions, très calme, il reconnaît, sans aucune difficulté, tous les faits qui lui sont reprochés. Pour les policiers, il ne fait aucun doute que cet individu connaît parfaitement le maniement des armes. Il mentira cependant sur l’origine du pistolet automatique. Quelques jours auparavant, il avait fait l’objet d’une procédure pour avoir exercé des violences sur sa
compagne qui venait de le quitter. Au point de vue judiciaire, ne lui était seulement reproché jusque-là qu’un délit de fuite dans le cadre d’un accident de la circulation. Aujourd’hui, il est sans emploi. Mais auparavant il a multiplié les petits boulots comme celui de cuisinier ou de manutentionnaire. Une perquisition a été effectuée dans son domicile rue René Fournets. Les enquêteurs ont saisi notamment des armes blanches. Irresponsabilité pénale Compte tenu de sa réaction d’une violence incroyable, lors de ce banal contrôle d’identité dans la soirée, et de sa farouche détermi-
nation à tirer sur les fonctionnaires de police, un examen psychiatrique a été effectué : « Une première expertise effectuée en garde à vue avait conclu à son irresponsabilité pénale », a précisé hier soir le procureur de la République Eric Maurel. Les experts ont estimé alors que son discernement était aboli au moment des faits et que son état mental nécessitait une hospitalisation d’office en établissement psychiatrique. Selon certaines sources, Romain Dupuy souffrirait de schizophrénie. Parallèlement, un prélèvement ADN a été réalisé. Celui-ci a été examiné en urgence, hier par le laboratoire de police scientifique
Eric Maurel, procureur de la République de Pau
« Pour l’instant, cela relève de la stricte supputation » I
l est 20 h 45 quand Éric Maurel, procureur de la République, quitte le Palais de justice de Pau. Au sujet de Romain Dupuy, il dit : « La personne a été interrogée pour tentative de meurtres sur des fonctionnaires de police et placée sous mandat de dépôt ». À la question : « Est-il pénalement responsable ? », il répond « qu’il appartiendra au magistrat instructeur de le dire, après une expertise. Pour l’heure, trois analy-
ses médicales ont été faites, qui présentent des nuances sur son état mental. Je vous répète que je ne suis saisi que pour l’affaire des policiers ». Pressé par les journalistes sur le possible lien entre cet homme et l’agression de l’hôpital par le biais d’analyses génétiques, le procureur avance très prudemment : « Si on avait des éléments précis et avérés, scientifiquement et juridiquement, je serai en mesure d’en faire état. L’impliquer, en l’état ac-
tuel des investigations, relève de la stricte supputation pour l’instant. Nous allons procéder à des vérifications sur son implication ou pas dans cette affaire de l’hôpital, dans les 48 heures ».
Le procureur Éric Maurel, hier soir à la sortie du Palais de justice de Pau. (Photo Marc Zirnheld)
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OLORON
«Papyboom» à la cyberbase
Appartement en feu en plein centre ville
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présumé arrêté samedi à Pau hospitalier des Pyrénées dans la nuit du 17 au 18 décembre est l’auteur des coups de feu tirés samedi soir sur les policiers dans le quartier du Hédas.
Coup de théâtre en début de soirée lorsque la nouvelle a été connue : le tireur du Hédas, ici à son arrivée au Palais de justice encadré par des policiers, est aussi le meurtrier présumé du centre hospitalier des Pyrénées. (Photo Ascencion Torrent). de Toulouse. Les résultats ont été connus en fin d’après-midi. Coup de théâtre. Cette analyse a révélé qu’il s’agissait de la réplique de la carte génétique établie dans le cadre de l’enquête du double meurtre du centre hospitalier des Pyrénées. L’arrêté préfectoral qui aurait dû entériner le placement d’office n’a pas encore été signé. Le CHP, le jeune homme le connaît bien pour y avoir fait plusieurs séjours. Le dernier en date remonte à la fin de l’année 2003 et au début de l’année 2004. Il figurait d’ailleurs sur les listings des personnes ayant séjourné au CHP et qui devaient être soumis au prélèvement ADN. La
police judiciaire avait prévu de l’entendre la semaine prochaine Après avoir fait l’objet d’une prolongation de garde à vue, il a été déféré hier en fin d’après-midi au parquet de Pau. Le procureur Eric Maurel a toutefois refusé de confirmer l’implication de Romain Dupuy dans le double meurtre du CHP « en l’état actuel des investigations ». Tentative de meurtres Sur le plan procédural, il n’est en effet pas exclu que le test ADN pratiqué sur le jeune homme puisse être considéré comme nul, ayant été réalisé sans l’aval du juge d’instruction Thierry Rolland, en
charge de l’information sur le double crime, selon une source proche de l’enquête. Présenté devant le juge d’instruction Jean Luc Puyo, le tireur a été mis en examen pour tentative de meurtre sur fonctionnaires de police dans l’exercice de leurs fonctions. À l’issue de son audition devant le juge des libertés et de la détention qui lui a signifié son mandat de dépôt, Romain Dupuy s’est engouffré dans le fourgon de police à 20 h 35, le visage dissimulé sous une couverture. Le véhicule a pris la direction du centre hospitalier spécialisé de Cadillac ou il a été admis sous le régime carcéral. EVELYNE LAHANA
LE MEURTRIER PRÉSUMÉ A ÉTÉ PLACÉ À CADILLAC Romain Dupuy avait été déclaré pénalement irresponsable dimanche à la suite d’une première expertise psychiatrique réalisée dans le cadre de sa mise en garde à vue. Le spécialiste qui l’a examiné a estimé que son discernement était aboli au moment des faits et que son état mental nécessitait une hospitalisation d’office dans un établissement psychiatrique. Le thérapeute en a informé le substitut de permanence. Suivant la procédure, ce dernier a dès lors pris contact avec la préfecture à qui il appartient, au vu d’un certificat médical circonstancié, de prononcer un arrêté d’hospitalisation d’office des individus dont les troubles mentaux nécessitent des soins et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public. Le certificat médical ne peut émaner d’un psychiatre exerçant dans l’établissement accueillant le malade. Hier après-midi, l’autorité préfectorale n’avait pas encore signé ce document d’internement lorsque les résultats de l’ADN de Romain Dupuy ont été révélés. En début de soirée, l’auteur présumé du double meurtre a été conduit à Cadillac en Gironde où est implantée une unité pour malades psychiatriques dangereux.
E.L.
Ces policiers là ne savent jamais « sur qui ils vont tomber ». (Photo archives N.S.)
PAU • Les policiers de la brigade anticriminalité.
Ni super flics, ni cow-boys Les policiers de la brigade anti criminalité sont avant tout « des chasseurs ».
L
es trois policiers de la brigade anti-criminalité qui, samedi soir, ont essuyé trois coups de feu lors d’un banal contrôle d’identité dans le quartier du Hédas, ont fait preuve d’un incroyable sang froid. En état de légitime défense, ils auraient pu riposter. Ils n’en ont rien fait, bien que le tir eût été justifié, tout simplement pour ne pas mettre en péril la sécurité des piétons qui se trouvaient à proximité. Ils ont essuyé trois coups de feu. Le dysfonctionnement du 7,65 mm utilisé par le tireur leur a valu de se sortir de ce guêpier sans la moindre égratignure. Leur courage et leur maîtrise leur valent l’admiration de leurs collègues et de leur hiérarchie : « Ce sont des pros, tout simplement », résume l’un d’eux. A Pau, les 17 hommes de cette unité dont la mission consiste à rechercher des flagrants délits, sont répartis en équipes de jour et de nuit. Ce sont avant tout « des chasseurs ». Leur tâche ne consiste pas à faire de la prévention. Ni super flic, ni cow-boy, les policiers de la Bac sont tous des volontaires. À l’instar de leurs homologues du RAID ou du GIGN, ils sont recrutés selon des critères très stricts et notamment en fonction de leurs qualités psychologiques. Ils reçoivent une formation spécifique notamment en matière du maniement des armes et sont soumis à des tests précis. Le mental prime sur les gros bras. La sélection effectuée par un jury de professionnels est rude. En choisissant d’appartenir à une équipe de la BAC, le candidat n’ignore pas qu’il choisit un des secteurs les plus périlleux de la police, celui de la voie publique où il sera confronté au quotidien à toutes sortes de situa-
tions. Les policiers de la BAC travaillent en civil mais doivent décliner leur identité, en présentant leur plaque professionnelle, aux personnes qu’ils interpellent. Ils ne portent pas de tenue mais sont toujours identifiables soit par leur brassard soit par le mot police inscrit sur leur blouson ou leur gilet. Le droit leur accorde la possibilité d’effectuer des palpations de sécurité pour s’assurer qu’un individu n’est pas en possession d’une arme. Un simple contrôle comme celui de samedi soir, un différend familial, peuvent tourner au drame. Ils ne savent jamais « sur qui ils vont tomber ». Un engin de mort Les trois policiers chevronnés ont su samedi soir évaluer la situation et ont réagi en quelques secondes. « C’est çà le sang froid », dit un de leurs collègues. Ils ont appliqué à la lettre ce qu’ils ont appris lors de leur entraînement : « Avant de tirer, on réfléchit. Ce n’est pas un acte simple. C’est un engin de mort que l’on a entre les mains. Il ne faut pas en abuser », explique un policier. Leur comportement exemplaire n’exclut pas la peur qu’ils ont dû sans nul doute éprouver mais qui n’a pas pris le dessus sur la réflexion. Ce sentiment est d’ailleurs un réflexe sain : « Celui qui n’a pas peur est dangereux pour lui et pour les autres », assure l’un d’eux. Cette frayeur rétrospective, ils l’exprimeront probablement lors d’un débriefing qui aura lieu prochainement. Samedi soir, très choqué le fonctionnaire braqué au niveau de la tête, a quitté son service et regagné son domicile. EVELYNE LAHANA.
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