80 ans d'Euralis

Page 1

INFOGRAPHIE

HISTOIRE

Des pionniers La galaxie du blé au maïs Euralis : les puis à l’essor chiffres clés

ENTRETIEN

RECHERCHE

Les nouveaux défis d’Euralis selon C. Pèes

L’innovation, clé de voûte de l’agriculture

PAGES VI

PAGES II-IV

PAGE VIII

PAGE VII

PYRENEES

EVENEMENT SUPPLÉMENT AU JOURNAL N° 21868 DE LA RÉPUBLIQUE DES PYRÉNÉES ET N° 21849 DE L’ÉCLAIR DU MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

© PHOTOS EURALIS, ARCHIVES JEAN-PHILIPPE GIONNET ET NICOLAS SABATHIER

Les

80

ans

d’

Du Béarn au monde


II | Les 80 ans d’Euralis

MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

1936

1949

Des agriculteurs de l’Adour se regroupent pour commercialiser leur blé. Le 19 octobre, c’est la naissance de la CBBA : Coopérative de blé du Bassin de l’Adour. Objectif : collecter le blé, le moudre et livrer la farine aux boulangers. Une première tentative de constitution de coopérative avait échoué une quinzaine d’années plus tôt en Béarn mais, cette fois-ci, c’est la bonne. La crise économique des années 30 est en effet plus propice aux regroupements. Les fondateurs-visionnaires sont des hommes déjà impliqués dans le syndicalisme agricole. En 1940, le premier silo à grains est installé au moulin de Bourdieu, à Jurançon.

En décembre, Pau accueille durant cinq jours le 2e congrès international du maïs à l’initiative de l’Association générale des producteurs de maïs que préside Louis Bidau. L’intérêt de cultiver du maïs hybride, produit depuis 25 ans aux Etats-Unis, plutôt que les variétés locales, est mis en évidence. Ce congrès, qui précédera une mission aux USA, s’avérera déterminant pour la diffusion du maïs dans le grand Sud-Ouest.

80 ANS D’HISTOIRE : les dates clés d’Euralis EDITO

Une saga béarnaise A 80 ans, on ressent sans doute le besoin de se retourner sur sa vie, de contempler l’œuvre accomplie. En choisissant de souffler ses 80 bougies sur tous ses sites et d’y associer l’ensemble de ses collaborateurs, la coopérative Euralis entend aussi - et même plutôt - regarder devant elle et rappeler que les valeurs de solidarité et d’entraide qui ont nourri sa longue histoire sont toujours d’actualité, comme l’indique d’ailleurs son président Christian Pèes (P Page VII). Un anniversaire que notre journal, dont l’ancrage local et la vocation d’animation du territoire ont finalement quelques similitudes avec la coop de Lescar, a choisi d’accompagner avec l’édition de ce supplément. Car Euralis, c’est aussi, c’est d’abord, le Béarn. Le groupe a beau être aujourd’hui mondial, intervenir dans 120 pays, fédérer autant d’agriculteurs que la commune de Billère compte d’habitants (12 000) et employer autant de salariés qu’il y a d’administrés à Salies-de-Béarn (5 000), ses grandes décisions sont encore prises dans un immeuble de Lescar et ses choix stratégiques ont modelé le paysage béarnais. Alors que de nombreuses coopératives sont tombées depuis au champ d’honneur de l’histoire agricole ou accepté d’être englouties pour ne pas sombrer, la Béarnaise a su innover, se diversifier, pour résister et grandir. « Ne jamais avoir peur » comme le confie Marc Martin (Page V) qui a passé près de 40 ans au sein du groupe. Et garder cette indépendance très béarnaise. C’est cette histoire que nous avons souhaité raconter dans ce supplément. Difficile en huit pages de condenser huit décennies, d’être absolument exhaustif. Certains y décèleront sans doute des oublis. Mais l’essentiel y est. Tout comme y affleure le sentiment que ces 80 années ne sont que les premières d’une histoire appelée à être encore longue. l ÉRIC NORMAND Supplément aux éditions datées du 19 octobre 2016 de : La République des Pyrénées et de l’Eclair. - Directeur de la publication : Christophe Galichon. - Chef de projet : Eric Normand - Edition : Olivier Bonetti. - Studio graphique de Pyrénées-Presse. - Imprimerie P.P.S.A., ZI Berlanne, 64160 Morlaàs.

Les pionniers, du blé au HISTOIRE Créée en 1936, la coopérative a su très tôt s’adapter aux impératifs économiques, passant du blé au

A

l’heure où Euralis souffle ses 80 bougies, il serait trop simple de croire que tout a débuté, comme par magie, en 1936. Le tournant coopératif, le regroupement des forces, est en germe depuis plusieurs années sur notre territoire. Très tôt ici, les producteurs locaux nouent des alliances et une première tentative de création d’une coopérative ne peut aboutir en 1920. Une société commerciale, la Maison du Paysan, voit quand même le jour. J

L’introduction du maïs hybride, venu des USA, au début des années 50, sera une révolution pour la CBBA. En février 1936 à Pau, on célèbre ainsi le cinquantième anniversaire du syndicat des agriculteurs des BassesPyrénées et on inaugure, autour d’une coupe de jurançon, la Maison du paysan, en présence du ministre de l’Agriculture, le nordiste Paul Thellier, qui sera fusillé par les Allemands en 1944. Le syndicat est présidé par le député Samuel de Lestapis. La Maison du paysan abrite une trentaine de syndicats. Les graines de la coopération en Béarn sont semées.

La révolution du maïs est en marche La création par le Front Populaire de l’Office du blé accélère les événements. Sous l’impulsion du syndicat, Le 19 octobre 1936, la coopérative du blé du bassin de l’Adour (CBBA) voit le jour. A Jurançon, en 1940, le moulin de Bourdieu accueille le premier silo de la coopérative. M. Lafuste, agriculteur à Gan, en sera le premier président. La Seconde Guerre mondiale interrompt toutefois l’envol de la jeune CBBA. Après le conflit, la coopérative doit se relancer. MM. Poublan, de Limendous

puis Loustau, de MazèresLezons, se succèdent à la présidence de la structure. Mais c’est dans les champs que la révolution s’opère sous l’impulsion de l’Association générale des producteurs de maïs. A la suite du congrès du maïs en 1949 et de la « mission maïs » organisée aux USA en 1951, les premiers maïs hybrides sont introduits en France. Le maïs, avec ses variétés locales, était certes déjà très répandu dans le Sud-Ouest -Samuel de Lestapis avait pris sa défense à l’Assemblée nationale dès 1936mais il s’agit là d’un saut technologique, un grand bon en avant. Les agriculteurs béarnais saisissent vite que c’est une véritable révolution qui s’annonce, permettant d’offrir des rendements incomparables à ceux qui se lancent dans la maïsiculture. Peu à peu, en quelques années, l’hybride se substitue au maïs local.

Pionnier en Europe La coopérative, devenue la CACBA (Coopérative agricole céréalière du bassin de l’Adour) en 1952, se spécialise donc dans la collecte de maïs et inaugure en 1954, en présence du président du Conseil, Pierre MendèsFrance, sa première usine française de traitement de semences à Billère (lire cicontre). Six ans plus tard, un centre de recherche est installé à Lescar. Puis c’est le silo portuaire de Bayonne qui voit le jour. Au cœur des Trente glorieuses, Louis Bidau gagne le surnom de « père du maïs ». Avec son directeur, l’ingénieur diplômé de Purpan Xavier Bonnemaison, qui intègre la CACBA en 1958 avant d’en prendre la direction en 1967, la coopérative s’impose comme la référence européenne du maïs. l

L’inauguration de la station de séchage et de stockage de Billère dont la « IVe » rend compte en images. © ARCHIVES P.P

L’introduction du maïs hybride bouleversera l’activité d’une coopérative à l’origine l’écriteau du Moulin de Bourdieu à Jurançon. © DR ET ARCHIVES P.P.

Billère 1954: inauguration SOUVENIR Le président du Conseil, Pierre Mendès-France en Béarn pour l’inauguration des installations de Billère. C’est un événement pour le Béarn. Le 12 décembre 1954, la CACBA inaugure ses installations de Billère en recevant le président du Conseil et chef du gouvernement, Pierre MendèsFrance. Equipement unique en France, la station de séchage, de conditionnement et de stockage de maïs, posée près de la voie ferrée, domine la plaine de Billère


MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

Les 80 ans d’Euralis | III

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

1951

1971

C’est l’avènement de Louis Bidau. En 1951, le Gantois prend la présidence de la coopérative. Cofondateur en Béarn de la Jeunesse agricole chrétienne (JAC), président de la chambre d’agriculture, maire de Gan (1947-1977) où il installe la cave viticole qui devait aller à Monein, Louis Bidau (19041984) aura révolutionné l’agriculture en Béarn. C’est sous son impulsion que la coop négocie le virage du maïs hybride. Conséquence, la coop change de nom et devient donc la CACBA (Coopérative agricole de céréales du bassin de l’Adour).

Le Palois Hubert Buchou, 46 ans, succède à Louis Bidau à la présidence de la CACBA. Il y restera jusqu’en 1989. Hubert Buchou (1925-2015) est issu du syndicalisme agricole et a été président du Centre national des Jeunes agriculteurs (CNJA). Il s’est ensuite engagé avec la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) dont il sera vice-président de 1965 à 1973. C’est sous sa présidence que la CACBA se diversifie et investit de nouveaux secteurs. Hubert Buchou s’engagera aussi en politique, siégeant au parlement européen de 1979 à 1989.

maïs

Les recettes des coopératives

maïs dès la fin des années 40. ENTRETIEN Universitaire spécialiste des mouvements coopératifs, enseignante à Bordeaux Sciences Agro, Maryline Filippi décrypte l’évolution d’Euralis et sa capacité à résister et à se diversifier. Maryline Filippi, universitaire INTERVIEW

tournée vers le blé comme en témoigne

présidentielle avec ses silos et sa tour d’une vingtaine de mètres. La cérémonie est grandiose. La « IVe République », ancêtre de « la République des Pyrénées », rend compte de cette visite présidentielle et de cette inauguration en images. Et ouvre aussi, au lendemain de la cérémonie, ses colonnes à Louis Bidau qui préside alors la coopérative depuis trois ans. Dans un long texte, ce dernier salue cette visite gouvernementale, demande et relève que cette réalisation est aussi « l’exemple de ce que peuvent des hommes unis dans une profession. » l

Ancêtre d’Euralis, la CBBA nait en 1936. Le climat des années 30 est-il propice à la naissance de ce type de groupement ? Les crises ont toujours été un terreau favorable pour créer les coopératives. A l’instar de la Société des Equitables Pionniers de Rochedale, établie en 1844 par 28 tisserands dans la région de Manchester, modèle considéré comme fondateur du système coopératif, ou les premières coopératives viticoles et céréalières françaises du début du début du XXe siècle, les coopératives se créent pour répondre aux besoins de leurs membres. Ces structures sont constituées pour offrir des moyens de production, assurer des services à la personne ou améliorer les conditions de vie. Dans le domaine agricole, elles ont cherché à favoriser l’accès au marché en concentrant l’offre tout en réduisant les coûts de production. Durant ces périodes de crises, le regroupement des hommes s’est révélé efficace pour structurer des outils industriels performants et de mise en marché permettant une amélioration des conditions de production et de vente. L’essor du mouvement coopératif dans le monde démontre la résilience, ainsi que la pertinence de ce modèle économique et solidaire. L’évolution d’Euralis est-elle comparable à celle d’autres coopératives agricoles ? Ce mouvement d’évolution est lié à la survie en économie concurrentielle. C’est le cas pour Euralis qui a su s’adapter aux mutations des marchés et règlementations. En tant que coopérative, elle a valorisé les productions des adhérents, ce qui a nécessité la mise en œuvre de processus de qualité et d’innovations, le développement de marques associant des investissements conséquents. Ces

« Les coopératives ne sont pas délocalisables. » © ARCHIVES NICOLAS SABATHIER stratégies se sont accompagnées de changements organisationnels, d’une coopérative à un groupe coopératif, menant des alliances stratégiques avec d’autres entreprises. La transformation est considérable : comparées aux coopératives agricoles de l’Europe du Nord, les coopératives françaises sont plus polyvalentes, à l’image des productions de leurs adhérents et moins internationalisées. Cette polyvalence est un atout car les rentabilités des activités peuvent s’équilibrer en cas de crise. Mais elle peut également être un handicap avec la dispersion des investissements ou l’hétérogénéité des adhérents. La difficulté réside dans la conduite de plusieurs activités tout en anticipant un positionnement marché pertinent pour chaque production. Des coopératives ont disparu, d’autres absorbées. Quelles sont les recettes de celles qui durent ? Celles qui perdurent ont su s’adapter aux contraintes des marchés en terme de compétitivité. Mais cela signifie de réussir tout en ayant une gouvernance capable de concilier les contraintes compétitives et l’engagement des associés. Concernant les instances dirigeantes, le constat réalisé dans le monde coopératif est que le mandat électif du président est long comparé à celui des présidents des groupes cotés. C’est

la validation de leur représentativité par les associés qui votent une fois par an le renouvellement du mandat de leur président. Ce constat s’applique aux directeurs dont le profil a évolué au fil de ces 30 dernières années : de manageurs « maison », au manageur « coopératif » issu d’autres coopératives, au manageur « extérieur » formé aux pratiques managériales des entreprises cotées. Ces derniers choisissent ces entreprises coopératives qu’ils considèrent performantes et dotées d’une dimension humaine plus affirmée que les entreprises soumises aux impératifs de la rémunération des actionnaires. Le tandem président – directeur est un élément clé dans la gouvernance coopérative. Pourtant, cela ne signifie pas l’absence de tensions entre les associés, mais révèle l’obtention d’un certain consensus collectif. Les plus importantes coopératives évoluent sur le marché mondial. Comment ne pas se couper de ses racines ? C’est un enjeu essentiel pour les coopératives comme Euralis que de croître sans perdre leur spécificité coopérative. Il serait vain de chercher une recette miracle mais, au cœur de cette conciliation, le service à rendre à l’adhérent, en terme de revenu et de perspective de développement durable,

est lui décisif. Dans le cas d’Euralis, la crise de la filière foie gras, illustre le soutien aux producteurs qui s’inscrit dans la particularité qu’ont les coopératives d’être propriétés de leurs associés et soutien de leur activité. Aujourd’hui, il s’agit d’apporter un conseil technique, agronomique, stratégique spécifique et plus individualisé pour répondre aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Les coopératives ne sont pas délocalisables. Créer de la valeur et la partager révèlent la capacité des associés à trouver des solutions locales en portant un projet ambitieux sur les marchés y compris à l’international. La formation et l’information des membres comme des salariés est une clé importante dans l’animation de la coopérative. Dans un contexte de crise, le système coopératif misera-t-il de plus en plus sur l’innovation ? L’innovation, la créativité et la recherche-développement restent des facteurs essentiels pour les stratégies des entreprises. Poursuivre ces investissements alors que la crise réduit les revenus des producteurs, comme ceux de la coopérative dans un contexte de concurrence exacerbée et de dérégulation des marchés est un vrai défi. Etre rentable est une condition sine qua non pour résister aux crises et continuer à innover, s’adapter pour collectivement être plus forts. Relever les enjeux du numérique, des biotechnologies,… exige de poursuivre les investissements financiers, de renouveler les compétences des salariés et d’adapter celles des producteurs y compris en impulsant de nouvelles formes d’organisation. L’investissement récent dans la création d’une filière soja en est une illustration. Les coopératives se doivent d’offrir des formes de soutien adaptées aux besoins des producteurs (assurantiels par exemple). Elles sont des médiateurs essentiels dans les filières agroalimentaires pour créer du lien et de la confiance auprès des consommateurs. l


MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

IV | Les 80 ans d’Euralis

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

1975

1989

Construction de l’usine de Labatut, dans les Landes, dédiée au maïs doux. La Seretram (pour Société d’étude, de réalisation, d’exploitation et de traitement) sera inaugurée en septembre 1977. Cette usine est la première unité de conserverie de maïs doux en Europe. Elle est issue d’un partenariat 50/50 avec le géant américain « Green Giant » (Géant vert) qui changera d’actionnaire par la suite. 30 emplois sont créés dans un premier temps. La consommation de maïs doux est à l’époque encore modeste sur le continent et 80 % de la production doit être exportée vers la Grande-Bretagne. Aujourd’hui, la Seretram emploie près de 180 personnes et recrute 500 saisonniers chaque été.

Marcel Cazalé succède à Hubert Buchou à la présidence de la coopérative. L’année précédente, un nouveau directeur général, Michel Depierre, a été recruté pour succéder à Xavier Bonnemaison. Marcel Cazalé est producteur à Hagetaubin et est déjà à la tête de l’Association générale des producteurs du maïs (AGPM) où il a pris la suite de Louis Bidau en 1973. Il présidera aussi la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques ainsi que le conseil économique et social d’Aquitaine.

80 ANS D’HISTOIRE : les dates clés d’Euralis

Le temps de l’expansion HISTOIRE A partir des années 70, la CACBA entame une phase soutenue d’expansion. Géographique mais aussi économique. 3

1

L

e « père du maïs » transmet le flambeau. Nous sommes en 1971 et Louis Bidau transmet la présidence de la CACBA, qui réunit alors 8 000 agriculteurs. Sous le « règne » du maire de Gan, la coopérative s’est considérablement structurée durant 20 ans. Les bâtiments -silos, laboratoires, centre de recherche- se sont multipliés sur le site de Lescar, en complément de ceux de Billère, où est toujours regroupée l’équipe de direction. La production de maïs s’étale sur 4 000 hectares. J

Après avoir consolidé ses bases dans le maïs, la CACBA se diversifie vers la distribution et d’autres productions. Si Louis Bidau a été le président qui a installé le maïs dans la CACBA, son successeur Hubert Buchou, autre visionnaire, sera celui du décollage et à l’origine d’une phase d’expansion intense. Formant un attelage très complémentaire à la tête de l’entreprise avec son directeur Xavier Bonnemaison, il place la coopérative sur la voie de la diversification et de l’expansion. Objectif, offrir de nouveaux débouchés à des adhérents qui sont de plus en plus nombreux.

A l’assaut des Landes Une évolution qui s’appuiera sur deux leviers, la croissance externe avec des acquisitions mais aussi les alliances, les « joints », qui permettent d’investir de nouveaux secteurs. Dès le début des années 70, la reprise

du négociant landais Tachon lui permet de récupérer des installations à Hagetmau et Solferino. Le fichier des adhérents s’étoffe. La CACBA qui raisonne au niveau de l’Adour, continue à pousser ses pions dans les Landes. C’est ainsi qu’en 1975, l’américain Géant Vert qui cherche à s’implanter en France pour diffuser son maïs doux s’entend avec les dirigeants de la CACBA. L’entreprise Seretram voit le jour dans le cadre d’un partenariat 50/50 entre l’Américain et le Béarnais. Et deux ans plus tard, la première usine d’Europe est inaugurée à Labatut, dans les Landes. Elle est aujourd’hui l’un des principaux employeurs du Sud des Landes. Incontournable dans le maïs, la coopérative peut alors investir d’autres filières. Le sauvetage de la Maison du paysan, qui fournit la plupart de ses adhérents lui permet d’intégrer une activité de distribution. C’est la naissance du réseau Point Vert.

4

2

Dès les années 70, la coopérative, qui s’est installée dans de nouveaux locaux à Lescar (1) entame sa phase de diversification qui lui permet de constituer un réseau de distribution, elle entame la constitution d’un pôle alimentaire avec le foie gras (4) p

Après le maïs, une autre révolution : le foi

Au milieu des années 90, le groupe décide de tenter De la CACBA à la Coop l’aventure du foie gras. Reste que cette croissance oblige aussi à simplifier l’organi- Un défi qu’il saura brillamment sation. Tachon, la CACBA et la relever. Maison du Paysan sont regroupés dans une même entité. Une étape nécessaire mais qui ne se fait pas sans mal puisqu’elle oblige à supprimer des emplois. Quoi qu’il en soit, la CACBA est désormais solide sur ses fondations. Et continue ses alliances désormais hors de la seule sphère maïsicole. L’investissement dans la filière porcine chez Récapet annonce le futur pôle alimentaire. La CACBA n’est plus seulement céréalière. Très logiquement en 1986, elle devient la Coop de Pau. l

C’est sans doute, après l’adoption du maïs hybride fin des années 40/début des années 50, l’autre révolution de la coopérative béarnaise. Une décision stratégique prise au début des années 90 qui contribuera à changer le périmètre : l’investissement dans le foie gras.

Montfort puis Rougié Nous sommes en 1995. Après une première reprise dans le poulet l’année précédente, Marcel Cazalé et ses administrateurs décident de prendre 50 %

Dans le grand Sud-Ouest, 700 agriculteurs fournissent 4 millions de canards pour pr du foie gras IGP Sud-Ouest. © EURALIS du producteur de foie gras Grimaud-Montfort, dont l’usine

est à Maubourguet. De gros investissements - plus de 60


MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

1989

1994

La Coop de Pau se rapproche de la coopérative girondine Coopasso. En avril, les deux entités créent une filiale commune pour intervenir sur le Nord des Landes et la Gironde. Un rapprochement qui donne naissance à l’activité vigne du groupe. Deux ans plus tard, en 1991, le groupe s’allie également avec une autre voisine, la coopérative de Tarbes, la CAD. L’accueil de ses deux entités, permet à la coopérative de se muscler sur ses flancs du Nord et de l’Est et de prendre une nouvelle dimension.

Le nom Euralis fait son apparition en janvier quand le groupe annonce qu’au 1er juillet, il abandonnera le patronyme Coop de Pau, qui avait déjà succédé à la CACBA, pour celui de Pau-Euralis. Le nom Euralis est en fait la contraction d’Europe-Alliance-Maïs. La nouvelle dénomination est aussi choisie pour fédérer la trentaine de sociétés qui composent alors le groupe. De plus, sur des marchés qui s’ouvrent de plus en plus à l’international, le terme « coop » ne signifie plus grand-chose.

« Une des clés de la réussite a été de ne jamais avoir eu peur » TÉMOIGNAGE Marc Martin a passé 38 ans au sein de la coopérative quittée il y a quelques jours alors qu’il était directeur général adjoint. Il a vu la coopérative changer, grandir et se diversifier.

E

n quittant il y a quelques jours la coopérative Euralis, Marc Martin a tiré le rideau sur 38 années de vie professionnelle au sein d’une structure qu’il a rejoint en 1978. Et dont il a gravi les échelons jusqu’à devenir directeur général adjoint. « J’avais auparavant travaillé trois ans chez EDF mais ne souhaitais pas y rester. » En 1978, le natif des Alpes et son épouse ariégeoise, en quête d’un emploi pas loin des montagnes, arrivent à Pau. L’ingénieur frappe à la porte de la coopérative. Le directeur Xavier Bonnemaison l’embauche « comme technico-commercial. »

de diversification. Nous avons ici des gens qui ont envie de faire des deals, de construire l’avenir mais toujours pour le développement de l’avenir local. »

L’internationalisation des années 2000 Une période de diversification qui précède une autre étape, l’internationalisation des années 2000. C’est l’époque de la Bulgarie, de l’Ukraine, puis de la Chine. L’investissement aussi dans les biocarburants avec l’usine Abengoa de Lacq ou encore le rachat du breton Stalaven. « Il y a aussi la spécialisation dans le foie gras. Nous allons de plus en plus loin dans l’aval car la question que se pose le groupe aujourd’hui, c’est comment toucher le consommateur. »

J

n. Après la reprise de la Maison du Paysan (2), puis les plats cuisinés (3). © EURALIS

ie gras

roduire

Les 80 ans d’Euralis | V

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

millions de francs sur trois exercices - sont engagés dans la foulée pour moderniser l’unité bigourdane qui emploie près de 300 personnes. Objectif, traiter deux millions de canards. Autre rachat, celui de Rougié-Bizac, en Dordorgne en 2000. Le pôle alimentaire prend forme sous l’ombrelle Euralis Gastronomie Avec ses deux marques Montfort, pour le grand public, et Rougié, pour les professionnels de la restauration, Euralis conquiert de nombreux marchés en France et à l’étranger. Des investissements en Bulgarie puis en Chine complètent ce dispositif. Vingt ans après son arrivée sur ce créneau, le Béarnais en est devenu l’un des leaders mondiaux. l

En près de quatre décennies, Marc Martin n’aura connu que trois présidents et trois directeurs : « Des hommes qui étaient tous visionnaires. » Premier poste à Ramous, dans la région d’Orthez puis Barcelonne-du-Gers où des silos sont construits. « Cela a fait un pataquès car on disait que les Béarnais avaient envahi le Gers. Mais dans les statuts de la Coop de Pau, il était écrit que l’on intervenait en Pyrénées-Atlantiques et dans les départements voisins. Les autres coopératives, c’était seulement les cantons voisins. Ce qui montre que nos dirigeants ont été très tôt visionnaires en raisonnant à l’échelle du bassin de l’Adour. »

L’essor des années 70-80 En 1978, la coop sort de sa période uniquement céréalière. Elle a repris les silos du négociant Tachon à Hagetmau et Solferino dans les Landes, l’usine Sérétram se construit à Labatut. « L’activité appro entre au sein de la coopérative et nous sommes dans

L’amour du maillot Marc Martin, directeur général adjoint d’Euralis, aura vu changer et grandir la coopérative qui l’a employé durant 38 ans. © DR-EURALIS. l’élargissement territorial. Nous entrons de plain-pied dans les Landes. » Devenu chef de région, Marc Martin connaît la forte période de croissance des années 70-80. « Les rachats de négoces permettent de densifier le réseau et d’amener des services de proximité à nos agriculteurs. Les technologies se développent. A l’époque, il y a un soutien de l’Europe qui veut devenir indépendante sur le plan agricole. Les marchés sont régulés et les agriculteurs ont une visibilité qu’ils n’ont plu aujourd’hui. » Marc Martin et ses équipes sont tous les jours sur le terrain. « A l’époque, nous n’avions pas de portable. Nous prenions les rendez-vous à condition que les agriculteurs aient le téléphone et ils ne l’avaient pas tous. Il fallait appeler au bon moment. Les contacts se faisaient aussi sur les marchés. » Des techniques plus rudimentaires qui n’empêchent

pas la conquête de nouveaux marchés. Les effectifs s’étoffent.

Le grand bond en avant des années 90 Les années 90 sont celles du grand bond en avant pour la coopérative. « En 1994, nous avons la première réforme de la PAC. Sous l’impulsion du président Marcel Cazalé, les agriculteurs se disent, qu’il faut que nous allions vers le développement agricole. Nous avons démarré avec des alliances...» Reprise d’un groupement de poulets, accords avec la FIPSO (porc), la CELPA (bovins), rachat de Montfort... permettent aux Béarnais de signer une entrée remarquée dans cette filière. « Parallèlement, on se rapproche d’autres coopératives, à Tarbes, à Bordeaux...» Les défis sont nombreux comme le symbolise à la même époque l’évolution du nom. « Euralis pour Europe Alliance maïs. C’est une période

En près de quatre décennies de présence, Marc Martin n’aura connu que trois présidents (Hubert Buchou, Marcel Cazalé et Christian Pèes) et trois directeurs (Xavier Bonnemaison, Michel Depierre et Pierre Couderc). Une stabilité qui explique peut-être l’essor d’un groupe qu’il a connu à ses débuts avec 10 fois moins de salariés. « Des hommes qui tous étaient visionnaires. Une des clés de la réussite d’Euralis a été de ne jamais avoir eu peur. » Autant dire qu’à l’heure de partir, celui qui reste président de l’APESA et exerce comme juge au tribunal de commerce de Pau, voit l’avenir de la coop avec optimisme. « Tous les ingrédients sont là : le savoir-faire, la légitimité territoriale. Bien sûr, il y aura sans doute des choses à inventer, des choix à faire. Les pratiques évolueront car on ne peut plus produire comme dans les années 80, être innovant tout en respectant nos racines. Mais je ne suis pas inquiet, car Euralis, c’est comme un organisme vivant. Quand on porte ce maillot, on se sublime. » l


MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

VI | Les 80 ans d’Euralis

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

1995

2000

Le rachat de l’entreprise de foie gras Grimaud Montfort accentue le virage vers la gastronomie alors que le groupe a repris l’année précédente un producteur de poulets. La diversification et la construction du pôle alimentaire sont en marche. En 2000, Euralis reprend ainsi un autre producteur, Rougié Bizac. Avec ses deux marques, Euralis Gastronomie peut être constitué. En quelques années, le groupe béarnais devient leader de ce produit phare de gastronomie. Le rachat du traiteur breton Stalaven, débuté en 2006, permet de doter le pôle d’une marque supplémentaire.

Christian Pèes succède à Marcel Cazalé, 67 ans, à la tête du groupe coopératif. Né en janvier 1967, âgé de 43 ans, le nouveau président est agriculteur à Athos-Aspis, près de Sauveterre-de-Béarn. Administrateur depuis neuf ans et demi, Christian Pèes est entré en 1998 au bureau de la Coop de Pau où il exerçait les fonctions de secrétaire général. Avec Michel Depierre jusqu’en 2009, puis Pierre Couderc comme directeur, il opte pour une organisation en trois pôles : gastronomie, semences, agricole.

80 ANS D’HISTOIRE : les dates clés d’Euralis


MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

Les 80 ans d’Euralis | VII

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

2006

2007

La première pierre de l’usine de production de bioéthanol Abengoa bioenergy France est posée (ABF) au printemps. L’usine sera mise en service deux ans plus tard. Euralis est impliqué au sein de l’usine à travers le groupement Oceol, qui réunit les principaux collecteurs de maïs du Sud-Ouest et possède un peu plus d’un tiers du capital de l’entreprise. L’usine s’approvisionne au cours du marché et consomme 500 000 tonnes de maïs par an. Elle a été sauvée cet hiver après que le groupe espagnol a connu de grosses difficultés cet été.

La fin des années 2000 est celui des investissements à l’étranger. Une internationalisation qui consolide Euralis. Dès 2005, le groupe s’implante en Bulgarie puis au Canada. Deux ans plus tard, Euralis construit un site de production de foie gras au nord de Pékin avant d’investir 15 millions d’euros dans une ferme d’engraissage de canards inauguré en 2011. Objectif, produire un million de canards en 2020. Enfin, toujours en 2007, c’est en Ukraine que la coopérative pose le pied en rachetant une usine de semences.

« A 80 ans, nous sentons bien que nous sommes à un virage » ENTRETIEN A la tête de la coopérative depuis 2001, Christian Pèes estime qu’Euralis est aujourd’hui à un virage. Le métier d’agriculteur évolue avec l’irruption du numérique, une nouvelle place prise par le consommateur et des produits qui devront s’y adapter.

A

la tête de la coopérative depuis désormais 15 ans, Christian Pees trace la feuille de route pour les prochaines années. Pourquoi avoir choisi de marquer le coup pour les 80 ans de la coopérative ? « Parce que cela commence à être un âge vénérable. De temps en temps, il faut regarder derrière soi pour se projeter vers l’avenir. Et puis nos métiers, dans la production agricole, l’agroalimentaire, sont à un tournant.

«

La coopération, c’est dire que nous sommes meilleurs ensemble mais aussi meilleurs sur un territoire, notre territoire. Ces valeurs, nous y croyons. » C’est intéressant de voir comment dans les derniers 80 ans nous avons su relever des défis en osant beaucoup de choses. Et puis aussi parce que nous sentons bien que nous sommes à un virage. » Comment se traduit ce virage ? « De plusieurs façons. D’abord parce que le métier d’agriculteur évolue. L’agriculture n’échappe pas par exemple à l’irruption du numérique dans certains métiers. Les paysans de ma génération savaient regarder le ciel, le sol et en tirer un certain nombre de conclusions. Aujourd’hui, les outils numériques prennent le pas. Ce qui veut dire que les services que va offrir la coopérative à ses agriculteurs seront bouleversés. Autre élément, nous sommes passés d’une économie poussée à une économie de flux tirée par le consommateur. Le rapport offre-demande a évolué. Les évolutions technologiques nous

«

ont donné le potentiel pour largement produire ce dont l’humanité a besoin. Au passage, je n’ai aucune inquiétude sur la capacité de la planète à nourrir les 11 milliards d’habitants en 2050. »

Je crois que nous nous dirigeons vers une recherche et un développement de proximité que nous devrons animer et coproduire avec les agriculteurs. »

Dans ce contexte, comment Euralis s’adapte-t-elle ? « Nous devons inventer une autre agriculture. En répondant au consommateur qui s’exprime par son acte d’achat mais aussi au concitoyen qui lui s’exprime à travers la réglementation que proposent les élus. Et il faut que cette réponse soit raisonnable. Nous sommes attendus sur ces chantiers mais aussi sur la gestion de l’eau, le bien-être animal... Cela fait aussi parti des défis que la coopérative aura à relever. Nous avons su le faire par le passé, avec de l’innovation. Nous devons relever ces défis tout en mettant en avant nos valeurs qui sont, elles, intangibles. » Justement comment rester fidèle à l’esprit des origines ? « La coopération, c’est finalement assez simple. C’est simplement se rendre compte que nous sommes plus efficaces ensembles que seuls. Certes l’être humain peut avoir envie de se singulariser, cela veut aussi dire que si l’on peut aller plus vite tout seul, on va plus loin à plusieurs. La coopération, c’est dire que nous sommes meilleurs ensemble mais aussi meilleurs sur un territoire, notre territoire. Ces valeurs, nous y croyons. » La coopérative de demain devrat-elle être plus souple, plus réactive ? « Oui. Parce que la coopérative à l’origne, c’était quoi ? Des agriculteurs qui se mettent ensemble pour optimiser leurs achats. Aujourd’hui, ce que savent faire les agriculteurs n’est pas toujours ce que veulent les consommateurs. Notre job, c’est d’inter-

devrons animer et coproduire avec les agriculteurs. Nous devrons inventer, tester, concevoir, construire de nouveaux itinéraires pour que les cultures restent rentables pour les agriculteurs. L’agriculture est beaucoup plus complexe aujourd’hui. Dans 10 ans, nous raisonnerons peut-être sur 2-3 campagnes et non sur une seule. »

Christian Pèes devant le siège d’Euralis à Lescar. © ARCHIVES ASCENCION TORRENT

«

Notre job, c’est aussi d’interpréter les consommateurs, les marchés, de remonter cela à la ferme et de faire qu’elle produise ce qu’attend ce marché. » préter ces consommateurs, les marchés, de remonter cela à la ferme et de faire qu’elle produise ce qu’attend le marché. » La transformation numérique est-elle l’évolution à ne pas manquer pour Euralis ? « C’est en effet un enjeu de taille. Mais plus généralement, nous insistions beaucoup sur la recherche et développement. Nous

avons une équipe dédiée à la veille et, au sein des administrateurs, nous avons créé un comité veille et stratégie. Cela permet de repérer certains signaux qui, même faibles, peuvent à terme transformer nos métiers. Exemple, quand on voit que la charcuterie pourrait être un jour d’origine végétale. » Ce qui veut dire que la culture de l’innovation aura une place de plus en plus grande dans votre fonctionnement ? « C’est la mère de toutes les batailles. Nous avons vécu 30 ou 40 ans avec une recherche et développement axé sur les semences. Ce furent les recherches sur la maximisation de la production, sur les produits phytosanitaires... C’est une R et D qui venait d’en haut. Je crois que nous nous dirigeons vers un R et D de proximité que nous

C’est-à-dire que ceux qui vous rejoindront seront de mieux en mieux formés ? « De mieux en mieux formés et avec des profils différents. Ce qui est sûr, c’est que c’est toute la transmission qui va évoluer. Le développement qui nous a précédés, c’était une recherche centralisée qu’ensuite on divulguait. Le progrès se faisait comme cela, par contagion. Aujourd’hui, avec des itinéraires plus complexes, les choses ne pourront pas se mesurer comme cela. C’est pour cela que je dis qu’il y aura besoin de plus de proximité. » Comment voyez-vous la coopérative dans 10 ans ? « Je vais plutôt vous dire comment j’aimerai qu’elle soit. J’espère que nous aurons réussi à garder sa productivité tout relevant le défi de l’environnement. Peut-être fabriquerons-nous aussi de l’énergie. Nous verrons. mais il s’agira d’abord de proposer des produits différents, nouveaux et que le consommateur appréciera. » l


MERCREDI 19 OCTOBRE 2016

VIII | Les 80 ans d’Euralis

PYRÉNÉES ÉVÉNEMENT

2013

2016

En décembre, Euralis prend possession de son siège social de Lescar rénové. La restructuration du siège, construit en 1975 et dessiné par l’architecte palois Gresy, s’est étalée durant 18 mois. Le temps du chantier, les 350 salariés des deux tours ont été logés dans des préfabriqués. Baptisé Tellus, du nom de la déesse romaine de la terre, mais qui peut aussi s’entendre comme l’anglais « tell us » (racontez-nous), le nouveau siège permet de réduire les coûts de fonctionnement et la consommation d’énergie.

Début mai, Euralis inaugure sa nouvelle unité de production de charcuterie Jean Stalaven à Yffiniac (Côtes d’Armor). Après un investissement de 7,5 millions d’euros, cette unité compte 80 salariés, sur 800 en tout pour le site d’Yffiniac, pour une capacité de production annuelle de 6 500 tonnes. Plus d’une centaine de références sont produites au sein de l’unité de charcuterie : des jambons cuits supérieurs, de la charcuterie fine, des pâtés de campagne et des rôtis cuits à destination des bouchers-charcutiers-traiteurs, de la restauration et de la grande distribution.

80 ANS D’HISTOIRE : les dates clés d’Euralis

Des satellites au service des agriculteurs. Pionnier dans ce domaine, Euralis a mis en place pour ses adhérents l’offre Farmstar, qui permet d’analyser les besoins des cultures grâce aux images satellites. Ce qui permet de piloter au plus juste les besoins des cultures en engrais. De quoi améliorer les productions et les revenus tout en répondant aux exigences environnementales © EURALIS

Innover pour durer et se développer AVENIR C’est en gardant, à chaque époque, un credo dans le progrès que la coop s’est développée. Une foi en l’innovation qu’elle entretient toujours.

P

our durer 80 ans, il faut certes des hommes visionnaires, capables de prendre des décisions et négocier des virages stratégiques, mais aussi une forte culture de l’innovation. Très tôt, les ancêtres d’Euralis, au sein de la CBBA puis la CACBA, ont en effet compris que c’est en innovant, en mettant au point des semences, en testant de nouveaux processus, mais aussi en s’inspirant de bonnes pratiques vues ailleurs que le modèle béarnais pourrait s’inscrire dans la durée. Dès les années 50, l’aventure du maïs hybride incarne cet état d’esprit. Dans les années 70, les laboratoires se multiplient à Lescar. Le centre de recherche Hybritech voit le jour. Plus tard, dans les années 90, Euralis s’est impliqué dans le domaine des biotechnologies. Cette culture de l’innovation ne se concentre plus sur les seules semences mais s’est diffusée dans tous les étages de la coopérative et a connu une forte expansion depuis deux décennies. Le budget consacré à la Recherche et développement (R et D) est en augmentation régulière. « La mère

de toutes les batailles » nous dit Christian Pèes qui mise sur une R et D moins verticale, plus décentralisée. En attendant, les innovations, facilitant le quotidien des agriculteurs se multiplient. Cette stratégie a d’ailleurs été mise au cœur du projet Euralis 2020. Ces dernières années, ce sont les nouvelles technologies, le numérique mais pas seulement, qui ont chamboulé les pratiques des agriculteurs. Suivi des parcelles par satellites avec usage d’un smartphone ou encore, semis par hélicoptères… À cela s’ajoute l’ambition de réduire les consommations d’eau ou encore de modérer l’usage des phytosanitaires. C’est d’ailleurs en ce sens que le groupe travaille en interne sur ce qu’il a baptisé « La ferme du futur ». l 1- La recherche et développement prend une place de plus en plus grande. © EURALIS 2- Pour accompagner les producteurs de maïs, Euralis propose depuis deux ans un service de semis des couvertures hivernales par hélicoptère. © ARCHIVES JEAN-PHILIPPE GIONNET

1 2


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.