2004 : deuxième sacre olympique pour Tony Estanguet

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La Section domine Toulouse: un succès qui vaut de l’or

Les Palois ne pouvaient pas mieux débuter le Top 16 hier soir: victoire sur l’ogre toulousain (28-16), avec trois essais à la clé, devant un public conquis. P.24 et 25

PYRÉNÉES PRESSE

Jeudi 19 août 2004

No 18 176 - 0,80 €

LE PALOIS ESTANGUET CONSERVE SON TITRE OLYMPIQUE

SERVICE PUBLIC

Assat défend sa Poste

Brigitte LASSALLE

TONY DANS L’HISTOIRE

Élus et usagers étaient mobilisés, hier, contre la réorganisation du bureau de poste d’Assat.

P.7

INTEMPÉRIES

AFP

Au moins neuf morts

Orages et mer forte ont fait au moins neuf morts et deux disparus à travers la France.

P.31 AFP

FRUITS ET LÉGUMES

La déconfiture Les producteurs ne parvenaient pas hier à obtenir des prix minima pourtant prônés par Sarkozy.

P.32

Au bout du suspense,Tony Estanguet est le septième Français de tous les temps à remporter un deuxième titre olympique consécutif. Aujourd’hui, c’est le Palois Fabien Lefèvre qui se lance dans les vagues d’Athènes. En équitation, un autre Béarnais est pour l’instant, dans l’argent. P.18 à 23

Nay célèbre 50 ans de fêtes

Dans notre cahier vacances, une randonnée au pic du Néouvielle, et le menu des fêtes du cinquantenaire à Nay qui débutent demain. Cahier central

*R1190804*


Aujourd’hui à la télévision AUTOMOBILE : Kentucky Indy 300 à 10 h 30 sur Moteurs. FOOTBALL : Ligue 2, Sedan - Guingamp, à 20 h sur Eurosport. JO : sur Canal + et France Televisions (voir programme en page 25) dont le canoë-kayak (slalom) de 10 h à 13 h, Grèce - France (handball masculin) à 15 h 30. SURF : Billabong Pro à Jeffrey’Bay à 14 h 30 et 19 h 30 sur Sport +.

JEUX OLYMPIQUES • Visite officielle de l’équipe nationale de canoë-kayak au club France à Athènes

Tony et Fabien pour le meilleur Hier au club France,Tony Estanguet et Fabien Lefèvre, chefs de file du canoë tricolore, ont effectué leur dernière sortie d’avant compétition. De notre envoyée spéciale Béatrice Pagnoux

T

Le chiffre 1 pourrait être celui de l’équipe de France de canoë et celui de Pau puisque Tony portera le dossard 1 et Fabien le 11, des numéros attribués en fonction des places acquises lors des manches de Coupe du monde. Entourés de leurs coéquipiers, de leurs entraîneurs, du staff technique dont le directeur de l’équipe de France, le Lonsois Christophe Prigent et de l’équipe médicale emmenée là encore par un Palois, l’ostéopathe Olivier Sourbès, les deux chefs de file du canoë-kayak français ont laissé une étonnante impression de décontraction. Loin des théâtres antiques majestueuse-

Béatrice PAGNOUX

ony Estanguet est arrivé le premier. Contrôle de sécurité passé, lunettes de soleil jaunes, polo marine estampillé France, short blanc, le champion olympique 2000 est apparu souriant et décontracté, très à l’aise dans ses tongs. Quelques minutes plus tard, c’est Fabien Lefèvre qui se signalait dès son entrée au club France, entre les somptueux yachts du port de plaisance du Pirée et les riches maisons bourgeoises du boulevard où l’équipe de France olympique a élu domicile. Le phénomène du kayak mondial, arborait son éternelle nonchalance et une joie évidente de se retrouver pour le meilleur en Grèce. Un slalom avant l'heure

Tony Estanguet (à gauche) et Fabien Lefèvre (à droite) sont apparus très décontractés hier au Club France. ment accrochés sur les collines athéniennes, mais entre l’ambassadeur de France, les anciens ministres socialistes Jack Lang et Edwige Avice, l’ancien président de l’assemblée nationale Philippe Se-

MON OLYMPE, PAR BÉATRICE PAGNOUX

Les Grecs l’ont fait

S

amedi soir, un peu plus de 21 heures, 31 degrés, aéroport d’Athènes. La chaleur lourde et étouffante prend à la gorge. Les interminables couloirs de ce nouvel édifice public sont propres, étonnement calmes. L’ordinaire corvée des accréditations pour la presse glisse comme une lettre à la poste. Le premier contact avec les jeunes volontaires est excellent. La Grèce soigne son image. Moins d’une minute pour valider le sésame, passeport des Jeux, moins de vingt minutes pour récupérer les bagages. Qui a dit que ce serait l’enfer à Athènes? Dehors, les Grecs proposent de rejoindre le centre-ville en limousine noire ou en taxi jaune. Là, pas de round d’observation. A l’intérieur, rien ne manque. De la moustache du chauffeur à sa chemise à carreaux en passant par la musique traditionnelle locale à fond, un brin d’odeur de transpiration en sus (la journée a été longue) et le tour est joué. Le taxi jaune fonce dans la nuit athénienne. Très peu de voitures sur l’autoroute, très peu de

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temps pour couvrir les 35 km qui mènent au centre-ville, les panneaux indicateurs sont écrits en grec et en anglais. En ville, si ce n’est pas le désert, ça y ressemble. Et pourtant, même planté au coin d’une rue le temps de consulter une carte, il y a toujours un Grec qui survient. Et ils aiment les Français, beaucoup ont appris notre langue. En deux temps, trois mouvements, avec le sourire et un sens de l’accueil très méditerranéen des plus chaleureux, tout invite à un brin de causette. Véxés, humiliés par le monde entier sur sa soi-disant incapacité à bâtir, à organiser, à travailler, le Grec se lâche, se fâche. Aussi célèbres que Pérec ou Douillet en France, voici les deux stars de l’athlétisme grec, Kenteris et Thanou, déchus. L’homme de la rue se déchaîne. Il applaudit des deux mains son comité national olympique. La Grèce a gagné en crédibilité aux yeux du monde entier mais elle a perdu deux médailles. Et oui! Les Grecs l’ont fait.

Lundi 16 août 2004

guin, l’équipe de France a slalomé avant l’heure. Les Tricolores ont pris leurs quartiers au milieu de ce grand club de vacances depuis jeudi. Les entraîneurs ont décidé de la répar-

tition des chambres par catégorie… sauf deux jours avant les courses. Le staff a en effet gardé sa botte secrète, insufflée par Tony Estanguet d’ailleurs, qui fait bénéficier le groupe de son expérience

à Sydney. « Depuis samedi soir, les trois athlètes (1) qui courent mardi et mercredi et l’équipe médicale sont dans un appartement à deux minutes du bassin. C’est important d’être à l’écart, au calme avant cette compétition. On retournera au village après » confie Tony discrètement. Au village des athlètes où la traditionnelle cohue règne, Fabien Lefèvre bénéficie d’une chambre individuelle, un privilège rare. « Je suis ravi d’être tout seul en chambre. C’est quand même plus agréable de se retrouver face à soi-même le soir après avoir eu l’esprit assez occupé toute la journée » raconte le double champion du monde qui n’a pas le temps de s’ennuyer. « Entre les déplacements, l’entraînement, la récupération, la pause repas, la vidéo et les soins, on a vite fait de flinguer huit heures » consent-il sans se plaindre, bien au contraire. « Je suis réellement entré dans les Jeux pour l’ouverture du village. La pression des Jeux s’est très atténuée grâce à ça. J’ai réussi à banaliser l’événement mentalement, je suis maintenant habitué au rythme de vie que nous avons ici. » Fabien ne peut pas s’empêcher de remettre un couplet sur la cantine du village. « C’est le top, y’a de tout à toute heure, du froid, du chaud, de l’asiatique, du rapide etc. Je me sens bien, tout en économisant mon énergie. » (1) La Bigourdane Peggy Dickens d’Argelès en kayak dame, Tony Estanguet et Nicolas Péchier en canoë monoplace.

Leur cérémonie d’ouverture

« C’est une autre planète »

Entre émotions et grosse fatigue, les deux Palois en ont encore plein les yeux De notre envoyée spéciale

P

as un ne se plaint mais ils portent encore les stigmates de cette soirée d’ouverture, vendredi soir à Athènes. « On est parti du village à 19 h 30 pour rentrer à 1 h 30. Ça fatigue beaucoup, j’ai eu mal aux jambes, au dos et un peu de mal à récupérer » témoignait Tony Estanguet hier. « Le problème n’est pas de rester debout, c’est la durée » souligne Fabien Lefèvre, également marqué. Ce seront les seuls griefs. Tout le reste, c’est du grand bonheur. « L’entrée sur le stade est toujours aussi impressionnante, elle lance vraiment les Jeux » déclare Tony, les flashs encore plein les yeux. « C’était encore mieux qu’à Sydney pour moi parce que je connaissais beaucoup d’autres athlètes français. On a pu partager ça tous ensemble, c’est encore plus fort. Moi qui n’aime pas trop marcher, j’aurai voulu que ce tour de piste ne s’arrête jamais, on a vraiment l’impression d’être sur une autre planète » avoue Tony qui a tremblé pour la seconde fois de la soirée : « Pour la flamme, ça, c’est quelque

La cérémonie d’ouverture a ému Fabien Lefèvre et Tony Estanguet. chose. » Pour Fabien, c’était une grande première. « On était tous parqués dans la salle qui accueille la gymnastique et quand on est entré, quel joyeux bordel, tout le monde courrait dans tous les sens, on cherchait les caméras pour faire les zouaves » s’amuse encore Fabien, tel un gosse qui a trouvé la combine pour figurer sur les photos. « Les autres flashent toute la soirée et après je récupère les photos » avoue le diablotin qui a apprécié « la proximité avec le public. Pendant le tour de piste, j’ai imaginé que c’était un stade d’eaux vives,

c’était vivant, vraiment génial. C’est très agréable de se sentir dans une ambiance saine, loin des mauvaises choses qui se passe dans le monde » disserte le jeune champion. Une belle surprise l’attendait pourtant, en marge de cette cérémonie planétaire. « J’ai retrouvé un copain de collège à Orléans, Pierre-Yves Beny. Il est gymnaste, spécialiste des anneaux. Ça faisait huit ans qu’on ne s’était pas vu. C’est super de se retrouver là non ? » en bafouille le petit prince du kayak, encore ému. B. P.


Aujourd’hui à la télévision FOOTBALL: Ligue 2, Le Mans - Reims à 20h15 sur Eurosport. JO: sur Canal+ et France Télévisions (voir programme en page 20) dont qualifications Tony Estanguet à 9h40 et 11h40. Handball: France Espagne à 20h30. Natation: finale 200m libre dames à 18h41. Finale 200m papillon messieurs à 18h48. Finale 200 m 4 nages dames à 19h39 et finale 4x200m libre messieurs à 19h46.

JEUX OLYMPIQUES • Slalom : qualifications aujourd’hui en canoë monoplace et kayak dames

Estanguet : le 1 lui va si bien Tony Estanguet attaque aujourd’hui par deux manches de qualifications. Son entraîneur, Philippe Vuitton, présente les adversaires en lice. De notre envoyée spéciale Béatrice Pagnoux

traîné très fort. Il n’a pas eu de très bons résultats cette année mais je crois que ça fait partie de sa stratégie préparatoire. Il a fait moins de courses, il n’est classé qu’au 8e ou 10e rang mondial mais nous ne nous y fions pas. Il sera là. » L’Allemand et l’Australien en embuscade

Pour ça, il devra éliminer tous ses adversaires. Philippe Vuitton, son entraîneur, décortique les qualités et défauts de concurrents directs de Tony. Ancien kayakiste, il termine sa troisième olympiade, la

Ascencion TORRENT

I

ls seront seize ce matin à s’élancer sur le gigantesque bassin olympique d’Athènes. Tous auront le même rêve, la même ambition mais un seul y parviendra. Tony Estanguet endossera le dossard 1 alors que l’autre tricolore engagé, Nicolas Péchier portera le 9. Les deux Français disputeront deux manches de qualifications. Règlement olympique oblige, à l’issue de cette journée influente pour le reste de la compétition, quatre rentreront à la maison et douze se présenteront demain matin en demi-finale (10h). Il ne restera que huit concurrents pour la finale en début d’après-midi (13h). Le but du Palois Tony Estanguet est de conserver son titre. Double vainqueur de la Coupe du monde, il a réalisé une année 2003 encourageante après deux années postolympiques délicates mais correctes et une saison 2004 remarquable. Invaincu en Coupe du monde, statut qui lui vaut d’endosser le numéro 1 aujourd’hui et demain, Tony va essayer de réaliser une performance unique en France dans sa discipline. « Le nain au gros bras »

Sur ce superbe bassin grec à gros bouillon,Tony Estanguet va s’employer dès aujourd’hui à conserver son titre première au titre d’entraîneur na- à l’écoute de ses deux athlètes sétional de canoë monoplace. Il a lectionnés, Philippe Vuitton adhèsoufflé 37 bougies et posera sa pa- re au projet de Tony. « Il est prêt. Il gaie à la fin a confirmé de ces Jeux cette année « L’épouvantail après avoir en obtenant s’appelle Michal Martikan. donné 12 ans d’excellents à la formation Il a un palmarès époustouflant». résultats des athlètes malgré des de haut niveau, au pole espoir de scénarios de courses très Toulouse notamment. différents », rappelle l’entraîneur. Calme, posé, fin technicien, très L’épouvantail de la catégorie

MON OLYMPE, PAR BÉATRICE PAGNOUX

Ils sont où les Athéniens ?

Y

’a pas un chat. Sur les sites, en ville dans les magasins, les restos ou les bars, dans les transports en commun que ce soit les bus, les trois lignes pimpantes de métro ou le tramway, on est très loin de la cohue. Athènes compte 3,5 millions d’habitants environ et s’ajoutent 1,2 million de visiteurs en ce moment. Mais le constat est là : pas le moindre embouteillage en surface, les lignes de métro sont quasi désertes, les trains sont vides. Il n’y a guère que les 17 000 taxis jaunes que l’on remarque. Sur les sites, les places libres se ramassent à la pelle. L’Athénien fuit sa ville Où sont donc passés les Athéniens ? Ils sont rares mais on en trouve quand même. Notamment lors des longs trajets en métro et en bus, nécessaires pour se rendre d’un site à un autre. Nikos, pédiatre à Corinthe de passage à Athènes sa ville natale, a fait ses études dans l’Est de la France. Comme de nombreux Méditerranéens, il a le bavardage facile, accoste, disserte. Ses explications sont a priori

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cohérentes. Traditionnellement, l’Athénien fuit sa ville en août. Avec les Jeux, il aurait eu peur du monde, de la foule, des tracas qui en découlent. Il reste tous les bénévoles, jeunes, en nombre et extrêmement disponibles partout et pour tout. Y compris pour leurs compatriotes qui ne reconnaissent plus leur ville. Prix des places dissuasif Nikos assure que certains ont profité de la manne que pouvait représenter la location de leur maison, de leur appartement. Certains locataires auraient été contraints de déguerpir durant la quinzaine. Pourtant, si le football et le basket intéresse le Grec, le sport en général n’a pas les mêmes faveurs. A l’image du prix des places, dissuasif. Et puis l’Athénien n’est pas fan de l’uniforme. La présence des 70 000 policiers, c’est presque l’équivalent de la population de Pau, dérange, pourtant sans agresser. Mais il paraît que le soir, tard, les jeunes enfilent la tenue de lumière pour se retrouver entre eux, loin des Jeux et de0s regards du monde.

Mardi 17 août 2004

s’appelle depuis des années, Michal Martikan. Le Slovaque a tout gagné. Il présente un palmarès impressionnant. Celui que l’on surnomme gentiment « le nain au gros bras », est petit, possède un bras gauche presque difforme et veut sa revanche de Sydney. « Il est moins consistant que les saisons précédentes mais il reste un concurrent très sérieux. Il a un palmarès époustouflant et s’est en-

Le Slovaque serait donc cachottier. Mais qu’en est-il de l’Allemand Stephan Pfannmöller ? Là encore, Philippe Vuitton s’en méfie comme du lait sur le feu. « Il est en pleine progression. Il concrétise cette année et termine ses courses de façon consistante. » Le troisième larron qui pourrait empêcher Tony Estanguet de conserver son titre olympique est australien. Robin Bell gravite sur le circuit depuis quelques années et pointe toujours le bout de son nez quand il ne le faut pas. « C’est un excellent navigateur, il va vite. Il est capable de boucler une manche très rapide, mais il manque de régularité. » Philippe Vuitton est persuadé que le titre se jouera demain entre ces quatre garçons. La colonie béarnaise est en place. Elle a donné de la voix dès hier matin lors de la démonstration sur le parcours. Tony, très concentré, sait qu’il ne sera pas tout seul aujourd’hui et demain.

Qualifications en canoë slalom à 9h40 et à 11h40

En coulisse, on s’active pour valider les paramètres de la course

Quand le vent se lève

Hier matin, les athlètes ont repéré le tracé alors qu’un fort vent soufflait sur Athènes. De notre envoyée spéciale

L

e vent est le pire ennemi des céistes et des kayakistes quand une rafale pousse ou ramène vers vous l’une des deux fiches d’une porte. A Athènes, elles ont été lestées mais le règlement ne change pas. La toucher, c’est deux secondes de pénalité et un titre qui s’envole. « Le vent n’a jamais autant soufflé depuis que nous venons nous préparer ici », lâchait Sylvain Curinier, entraîneur de Fabien Lefèvre. Hier, il avait délaissé son protégé, resté au lit, pour offrir à Tony Estanguet une seconde lecture du parcours. Duel entre droitier et gaucher

Un tracé proposé par un comité restreint de trois personnes, dont le Bigourdan Wilfrid Forgues est le meneur. Le premier champion olympique français de canoë biplace à Atlanta, associé à son copain Franck Adisson qui commentera l’épreuve sur France Télévisions, était assez satisfait hier matin à l’heure de valider son parcours devant les officiels de la Fé-

dération internationale. Le droitier Tony Estanguet posait un joker: le traceur a l’obligation de proposer un parcours parfaitement symétrique pour que droitiers et gauchers soient placés sur un plan d’égalité. Le bassin grec tourne naturellement à gauche. « A l’arrivée, je dois

donner dix coups de pagaie à gauche », ruminait le Palois, sûrement en songeant au gaucher Martikan. Beau joueur sur ce bassin qu’il aime pour sa glisse et ses sensations de vitesse, il espérait « que le haut du tracé soit favorable aux droitiers. » B. P.

Télévision: en direct du Black Bear

P

atrice Estanguet, en retraite internationale depuis la Coupe de France à Pau en mai dernier, associé à un petit groupe de copains, souhaiterait qu’un maximum de Béarnais se retrouvent à l’heure des retransmissions, « mais pas seulement pour le canoë ou le kayak. On aimerait que tout le monde se retrouve sur les grandes épreuves des JO » précise le frère de Tony. « On voulait un lieu grand public, suffisamment vaste pour que personne ne se sente exclu », commente Patrice Estanguet. Durant cette quinzaine, cette semaine en particulier, aux heu-

res de retransmission du canoëkayak et tous les soirs vers 19 heures, tout le monde est invité au Black Bear, boulevard des Pyrénées à Pau. Pour l’occasion, Tony Estanguet a laissé une jolie dot. « Il a mis à disposition le bateau vainqueur à Sydney, son gilet, des pagaies. On pourra trouver le kit des supporters proposé par la fédération, une opération nommée La Tribu avec tee-shirt, tatouage, autocollants etc. » souligne Patrice. Les 250 membres du comité de soutien à Tony Estanguet seront notamment de la partie. B. P.


JEUX OLYMPIQUES JEUX OLYMPIQUES • Demi-finale et finale du canoë monoplace aujourd’hui

Pour Tony, c’est le grand jour

Impressionnant en première manche hier, plus fébrile en seconde,Tony Estanguet retrouve ce matin Michal Martikan pour la bagarre annoncée. Le paramètre le plus important sera le nouveau tracé. Composé comme hier de vingt portes dont six (les rouges) à prendre en remontant le courant, il proposera six changements. « Les quatre grosses difficultés sont accentuées : deux seront décalées à droite et une à gauche », complète Tony le droitier. Les enchaînements 5-6-7 et 11-12-13 lui seront favorables, la modification à la porte 18 avantagera le gaucher Martikan. Le reste se jouera sur la prise de risques. « Je vais être obligé d’en prendre sinon ça ne suffira pas » annonce Tony. « Je ne pense pas qu’il se mette en danger », anticipe son frère Patrice, depuis Pau. « C’est une bonne chose que Martikan ait montré son jeu, les gens n’auraient pas compris pourquoi Tony s’en méfie autant. Mon frère tient son rang même si je l’ai trouvé hésitant et très bas sur les portes en deuxième manche », analyse le jeune retraité qui a une idée sur le petit plus qui pourrait pencher en faveur de Tony aujourd’hui. « Le style de Martikan est plus coulé mais quand il essaye d’attaquer, le physique ne tient pas. » A vérifier tout à l’heure.

De notre envoyée spéciale Béatrice Pagnoux

U

n bassin en pleine ébullition, un public chaleureux et enthousiaste, des gros bras qui boivent le bouillon, des bateaux qui se mettent sur le toit, qui coincent entre deux rouleaux, des sorties de route, des gifles de vagues monumentales et au bout du compte, la deuxième place de Tony Estanguet à 9 centièmes de son rival slovaque Michal Martikan : il n’en fallait pas plus pour lancer réellement la compétition hier matin, sous le très chaud soleil grec. Une technique remarquable

Remarquable hier en première manche,Tony Estanguet a marqué les esprits de ses principaux adversaires. suis relâché deux fois 5 secondes Le résultat, ce sera après la ligne pour reprendre un peu d’air et j’ai d’arrivée. Je constate que Martikan terminé tranquillement. Mais j’a- n’a pas trop géré. Les compteurs vais pris de gros sont remis à risques dans le haut. «Je vais être obligé zéro ». Sur ce bassin, on est Ce matin, en sur le fil sans arrêt ». de prendre des risques, demi-finale, Tony Le Palois est prêt, sinon ça ne suffira pas.» s’élancera à concentré, rigoureux 9 h 25, soit quant à la façon de mener son ca- 2mn30 avant son plus sérieux noë pour coiffer une couronne de concurrent. Une superbe manche branches d’oliviers. « Je ne pense de Tony pourrait peser sur le mopas au titre mais à ma navigation. ral de Martikan mais il est peu pro-

MON OLYMPE, PAR BEATRICE PAGNOUX

Le pin’s pour faire brancher

O

n pensait le pin’s démodé, il n’en est rien. En Grèce, la pin’s mania frappe fort et d’entrée. A commencer par les bénévoles, très nombreux, souvent jeunes mais pas forcément. Hier, au détour d’une grande artère, une jeune demoiselle était coiffée d’un bob entièrement recouvert de ces petites bêtes métalliques. Cette vraie chasseuse a plus d’un tour dans son bob : elle aborde le concurrent potentiel, pour papoter d’abord, regarder ensuite, voire, acte suprême, échanger. Les étrangers se retrouvent un peu désemparé devant cette sollicitation que l’on croyait aux oubliettes. Heureusement, le club France a bien fait les choses. Il milite activement pour obtenir les Jeux en 2012 à Paris. Par hasard ou grâce à des fonctionnaires zélés qui avaient anticipé le coup, le pin’s Paris 2012 s’arrache. La rareté fait la valeur de l’objet puisqu’il faut absolument

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se rendre au très select club France pour se procurer cette monnaie d’échange. Certains collectionneurs ont compris la manœuvre. Ils se postent devant la porte d’entrée, soigneusement gardée par quatre policiers, et accostent tout être entrant ou sortant. Du moins huppé au plus célèbre, le petit Grec s’en moque. Il ne connaît pas nos hommes politiques et autres dirigeants endimanchés, il veut son pin’s « Paris 2012 ». Acheter un journal où se procurer la énième bouteille d’eau fraîche de la journée, revient à s’exposer à ce sympathique troc. On a vite fait de se retrouver dépouillé de son trésor et flanqué d’un immonde nageur sponsorisé par un fast food américain ou d’un pauvre type qui se lave les dents avec le dentifrice qui va bien. Entrer dans ce petit jeu signifie se faire plein de nouveaux copains. Alors pourquoi se gêner.

Mercredi 18 août 2004

bable que le Slovaque se soucie de la prestation du Palois, sauf si elle est catastrophique, voire éliminatoire. Obligé de prendre des risques En revanche, le classement de cette demi-finale, qui éliminera quatre nouveaux concurrents (ils étaient 16 hier, ils seront 12 ce matin puis 8 en finale), déterminera l’ordre de passage en finale. Le mieux classé ouvrira les hostilités.

LES RESULTATS Qualifications en canoë monoplace

1. Martikan (SVK) 201.44 (103.51 + 97.93, 2+0); 2. Estanguet (FRA) 201.53 (99.23+102.3, 0+2); 3. Wieczoreck (POL) 2O1.80 (103.14+98.66, 0+0); 4. Indruch (CZE) 202.68 (99.81+102.87, 0+4); 5. McIntosh (GBR) 202.74 (99.87+102.87, 0+0); 6. Herceg (CRO) 204.17 (103.84+100.33, 2+0); 7. Pfanmöller (GER) 205.88 (104.34+101.54, 4+4); 8. Duerrenmatt (SUI) 206.46 (103.91+102.55, 4+2); 9. Hocevar (SLO) 209.35 (104.17+105.18, 0+0); 10. Cartwright (CAN) 210.96 (105.79+105.17, 0+2); 11. Sangra (ESP) 212.54 (108.48+104.06, 4+0); 12. Bell (AUS) 212.68 (100.11+112.57, 0+4). Eliminé: 14. Pechier (FRA)221.36 (108.74+112.62, 0+2). Le Français a déçu hier. En première manche, il a franchi les deux dernières portes en marche arrière, à la limite de la rupture et du 50 éliminatoire sur les portes 17 et 20. Sa seconde manche s’est soldée par de grosses carences.

Le Bigourdan Wilfried Forgues crée les tracés des courses

«Je me vois sur le bateau »

Le médaillé d’or à Atlanta a conçu le difficile parcours de la finale. De notre envoyée spéciale

I

l n’a pas changé, le Bigourdan. Il a la pèche et transmet son énergie dans la pointe de son stylo pour pondre très régulièrement les tracés des grandes courses mondiales. Contraint de respecter un temps minimum, de positionner entre18 et 25 portes dont 6 voire 7 à contre-courant de façon symétrique, Wilfried Forgues place la barre haut. D’une imagination débordante, il est le chouchou des spectateurs, qui en prennent plein les yeux et le cauchemar des athlètes. Hier, à l’heure de vider le bassin, le Bigourdan reconnaissait avoir poussé l’écume un peu loin. « Le parcours des qualifications avantageait les gauchers. Malgré ça, Tony Estanguet a très bien navigué. Pour la demi et la finale, ce sera plus équitable. On va vraiment voir la différence technique chez les meilleurs. » Le champion olympique d’Atlanta, associé à son camarade

Béatrice PAGNOUX

« C’était important d’évacuer le stress. Je ne voulais pas me cacher, j’étais bien dedans, saignant dans la première manche. Dans la seconde, j’ai touché à la porte 2, commis une erreur en bas. Je me

AUJOURD’HUI Demi-finale à partir de 9h. Tony Estanguet partira à 9h25. Finale à partir de 10h50.

AFP

Dans la cuvette sans vent que forme le superbe site d’Hellinikos, le Palois pourrait offrir aujourd’hui, une belle rasade d’ouzo à la France à l’heure de l’apéro. Sur un tracé agencé pour les costauds et dans des vagues énormes, Tony a réalisé une excellente première manche, la plus rapide et sans faute. En tête à tous les temps intermédiaires, il a magnifiquement déjoué tous les pièges du parcours grâce à une technique remarquable et une préparation physique qui s’avère de plus en plus adaptée à ce bassin très remuant. Tony termine 5e de sa seconde manche, débité de deux points de pénalité pour une touche. Le Slovaque Martikan, le Polonais Wieczorek, le Croate Herceg et l’Allemand Pfannmöller ont tous réalisé des temps plus rapides que celui de Tony en première manche. « Après la ligne »

Instant de concentration extrême à quelques minutes du départ : Tony observe une dernière fois le difficile parcours tracé par Wilfried Forgues. Franck Adisson, s’enflamme parfois. Ses tracés initiaux ne sont pas toujours validés mais il persévère

pour le bien de la discipline. « Je commence par tracer la finale et je modifie en éloignant les portes de façon à le rendre plus facile pour les qualifications », jubile le jovial champion. « Je navigue sur le bassin pour m’imprégner des mouvements d’eau. Je trace et quand les portes sont installées, j’aime faire le parcours sans eau. Ça n’apporte rien de plus à la faisabilité du tracé mais je me vois sur le bateau, j’imagine les vagues et le jour de la course, je constate parfois le décalage qui existe entre ma conception et ce que les athlètes en font », renchérit Wilfried, satisfait d’avoir proposé hier un parcours très rythmé qui met en valeur les qualités des filles et des garçons sur un même tracé. Les esquimautages (bateaux renversés) d’hier, rares à ce niveau, il les explique « par l’eau de mer molle, chargée d’air. Le bateau ne fond pas comme un savon, les rouleaux sont puissants, et si on part avec le frein à main, on prend une grosse claque. » B. P.


La Section domine Toulouse: un succès qui vaut de l’or

Les Palois ne pouvaient pas mieux débuter le Top 16 hier soir: victoire sur l’ogre toulousain (28-16), avec trois essais à la clé, devant un public conquis. P.24 et 25

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Élus et usagers étaient mobilisés, hier, contre la réorganisation du bureau de poste d’Assat.

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INTEMPÉRIES

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Au moins neuf morts

Orages et mer forte ont fait au moins neuf morts et deux disparus à travers la France.

P.31 AFP

FRUITS ET LÉGUMES

La déconfiture Les producteurs ne parvenaient pas hier à obtenir des prix minima pourtant prônés par Sarkozy.

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Au bout du suspense,Tony Estanguet est le septième Français de tous les temps à remporter un deuxième titre olympique consécutif. Aujourd’hui, c’est le Palois Fabien Lefèvre qui se lance dans les vagues d’Athènes. En équitation, un autre Béarnais est pour l’instant, dans l’argent. P.18 à 23

Nay célèbre 50 ans de fêtes

Dans notre cahier vacances, une randonnée au pic du Néouvielle, et le menu des fêtes du cinquantenaire à Nay qui débutent demain. Cahier central

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Béatrice PAGNOUX

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JEUX OLYMPIQUES • Finale du slalom canoë monoplace

Tony au panthéon olym

Tony Estanguet est entré dans l’histoire hier en conservant son titre olympique. Ce garçon ramasse l’or à la pelle et a de nouveau dédié cette médaille à son frère P De notre envoyée spéciale Béatrice Pagnoux

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Aux anges, la bouille illuminée, l’œil à peine mouillé, il se frotte activement le visage comme pour se réveiller d’un vilain rêve. Le geste de dépit montré à l’arrivée signifiait bien que le double vainqueur de la Coupe du monde n’en voulait pas de cette médaille d’argent. L’histoire de ce très court feuilleton hallucinant est simple. Le juge de la porte 7 a enregistré manuellement la faute de Martikan mais celle-ci n’a pas été transmise par l’informatique. Lors de la vérification d’après course, procédure normale qui consiste à comparer l’enregistrement de chaque pénalité, le jury a constaté que la touche du Slovaque n’avait pas été validée. Et là, ce n’est plus pareil. L’argent, et sans coup de baguette magique, se transforme en or. Tony passe alors du « je n’ai rien à regretter, j’accepte de perdre puisque je suis tombé sur plus fort que moi aujourd’hui. Rester sur un podium olympique sur un bassin où on est sans arrêt sur le fil du rasoir, est déjà énorme » au simple et spontané « c’est génial, je garde mon titre, c’est fabuleux. » « Une médaille de frangins » Après avoir disserté pendant dix minutes sur cette seconde place, Tony n’a pas changé de discours quant au véritable combat qu’il a mené contre Michal Martikan (lire ci-contre). Tout d’un coup, il s’est réellement aperçu qu’il venait de changer de métal, que l’argent ne faisait pas son bonheur. Heureux, il avoue quand même : « j’ai eu les pétoches avant la finale, je ne me suis pas libéré une seconde. A tout moment, je pouvais me faire sortir sur ce bassin. J’avais un peu les boules avec cette médaille d’argent. Avec l’or, je suis le premier dans ma discipline à doubler. Ce n’est pas très important mais c’était le petit défi que je m’étais lancé. » Tony Estanguet, jupette scellée au corps, casque sur la tête, pagaie

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AFP

n long cri rauque de bonheur a déchiré la chape de plomb de cette fin de matinée athénienne. Sous le pont de la ligne de départ, dans le prolongement de la ligne d’arrivée et derrière une cahute réservée aux officiels, Tony s’est retiré deux secondes, hélé par un officiel. Tel un diablotin, il réapparaît en suivant. Pas besoin de détails. Son visage illuminé suffit à comprendre le dénouement. Il conserve son titre olympique, moins de dix minutes après la finale, après avoir été classé second à 1’’88 de son rival slovaque, le magicien Michal Martikan. Le chercheur d’or a encore frappé

à la main, a très vite dédié cette seconde médaille d’or, comme la première, à son frère Patrice. « Je lui dois tout, il m’a poussé. Il aurait pu être là, c’est vraiment une médaille de frangins. Encore une fois, c’est lui qui m’a le plus apporté dans nos confrontations. » La voix du cadet de la fratrie ne tremble pas. « C’est pas facile pour lui. Il y a encore deux mois, on se tirait la bourre sur ce bassin. Aujourd’hui, il pouvait être champion olympique. » Gai comme un pinson, Tony a ensuite filé par le passage souterrain qui mène au centre du bassin pour recevoir sa médaille, la plus belle. Tout de blanc vêtu, il a savouré ces instants magiques. « Je suis fasciné par les Jeux et ses champions depuis que je petit. Se sélectionner, essayer de gagner et

Jeudi 19 août 2004

gagner c’est un rêve, un mythe. » A l’heure de monter sur le podium, il a laissé exploser sa joie. La couronne d’olivier sur la tête, il a savouré sa deuxième marseillaise en appréciant la joyeuse cacophonie bien française venue des tribunes. Le bouquet à Laetitia Son tour d’honneur protocolaire a laissé place à une débauche franco-béarnaise. Le temps d’embrasser Laetitia, sa compagne, et il s’est rapidement et gentiment fait rappeler à l’ordre par ses supporters, oubliant de lui offrir son beau bouquet. Le champion habite sur une autre planète depuis hier midi. Mais rien ne semble le perturber. « Ma première médaille m’a permis, financièrement, de me préparer pour Athènes dans de bonnes

conditions. Je pense que celle-ci ne va pas changer grand chose, je suis assez épanoui dans ma vie. Pour moi ce qui compte, c’est de m’amuser sur l’eau, de me réaliser. » Après le contrôle antidopage, la farandole des télés, françaises et internationales, a commencé. Le périple du double champion olympique ne fait que commencer.

Les classements Finale du canoë monoplace 1. Estanguet (FRA) 189.16 (93.37+95.79, 0+0) 2. Martikan (SVK) 189.28 (93.25+96.03, 0+2) 3. Pfannmoëller (GER) 191.56 (96.99+94.57, 0+0) 4. Bell (AUS) 192.83 (97.48+95.35, 2+0) 5. Indruch (CZE) 195.28 (98.22+97.06, 2+0) 6. Hocevar (SLO) 199.78 (100.24+99.54, 2+0) 7. Sangra (ESP) 200.41 (99.84+100.57, 2+0) 8. McIntosh (GBR) 211.19 (100.08+111.11, 2+2).

Tony Estanguet déterminé d l’or es

« J’AI TOUT DONNÉ »

Tony Estanguet et Michal Martikan se sont retrouvés h plein à ras bord pour un duel attendu. Trois secondes e les autres la veille, ces deux-là avaient des choses à se une excellente demi-finale avec un léger passage à vide et 18. Sans faute, il termine à 12 centièmes du Slovaque cours. La finale a généré stress et suspens. Pas dans les meille la ligne de départ, celui qui allait devenir double champio hésitant. Le passage de la porte 12 lui a coûté du temp n’a pas perdu trop de temps. « Je me suis concentré sur disant, fais attention. Une passée, je fixais la suivante temps de la finale (les temps de la demi et de la finale s a montré tout son talent à ce moment de la course en p fallait. Pendant ce temps-là, l’extra-terrestre Martikan a é On connaît la suite. Dépité après son déclassement à la double champion du monde et champion olympique « voir la vidéo. J’accepte la décision des juges arbitres. est belle, mais je voulais l’or. »


Béatrice PAGNOUX

Les médaillés du Béarn

olympique

dédié cette médaille à son frère Patrice.

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Deuxième médaille d’or en quatre ans pour Tony Estanguet : le Palois entre dans le clan fermé des sept athlètes français ayant réussi pareille perfomance.

Laetitia, une supportrice très particulière

«J’ai juste envoyé un texto» De notre envoyée spéciale

d’or à la maison. « Tony a failli perdre la première » s’amuse l’institutrice originaire d’un village proche de Navarrenx qui avoue quand même : « En fait, je l’ai cachée dans un tiroir et quand il la cherche, je suis assez contente de la trouver tout de suite, de le taquiner en lui faisant remarquer qu’il pourrait la perdre. » La demoiselle est joueuse mais hier, elle n’en menait pas large. « J’ai compressé le biceps d’Eric Deguil (Palois membre de l’équipe de France de C1) qui était à côté de moi, j’avais un nœud à l’estomac. Mon sentiment était mitigé avec la médaille d’argent. L’or, c’est une consécration importante pour Tony. » Arrivée en Grèce en campingcar via l’Italie, avec ses cinq copines rencontrées en fac de sport à Toulouse et réunies pour la belle occasion, Laetitia n’a pas beaucoup vu son Apollon depuis

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unettes bleues, ongles bleus, tee-shirt bleu frappé du mot France, drapeau tricolore à la main, Laetitia, la compagne de Tony, n’est pas la dernière pour donner de la voix dans le superbe amphithéâtre athénien. Hier, pour la finale, elle s’est déchaînée pour encourager son dieu grec à elle, dans sa quête du Graal. « Je n’ai plus de voix » signale la pétillante Laetitia qui, comme tous les spectateurs présents, a reçu plus d’une demi-heure plus tard la confirmation de la médaille d’or de Tony. « L’épouse d’un kiné a été avertie qu’il pourrait gagner. Les copains m’ont propulsée en l’air. J’ai pleuré un peu, tout le monde s’est enflammé mais j’ai préféré qu’on attende la confirmation avant de me lâcher » confie-t-elle, radieuse d’accueillir cette nouvelle médaille

« J’AI TOUT DONNÉ »

anguet et Michal Martikan se sont retrouvés hier devant un stade s bord pour un duel attendu. Trois secondes et demi plus vite que la veille, ces deux-là avaient des choses à se dire. Tony a réalisé lente demi-finale avec un léger passage à vide entre les portes 11 ns faute, il termine à 12 centièmes du Slovaque, impérial sur le par-

a généré stress et suspens. Pas dans les meilleures dispositions sur e départ, celui qui allait devenir double champion olympique a paru Le passage de la porte 12 lui a coûté du temps et malgré ça, Tony erdu trop de temps. « Je me suis concentré sur chaque fiche en me s attention. Une passée, je fixais la suivante » analyse Tony. 3e la finale (les temps de la demi et de la finale sont cumulées), Tony tout son talent à ce moment de la course en perdant juste ce qu’il ndant ce temps-là, l’extra-terrestre Martikan a éclaboussé la finale. ît la suite. Dépité après son déclassement à la deuxième place, le hampion du monde et champion olympique d’Atlanta souhaitait idéo. J’accepte la décision des juges arbitres. La médaille d’argent mais je voulais l’or. »

B.P.

B.P.

Tony encadré par ses dauphins : Martikan et Pfannmoëller.

Repères

UN CERCLE FERMÉ

TONY ESTANGUET

Tony Estanguet est devenu hier le septième athlète français à conserver son titre olympique. Le Palois entre dans un cercle aussi fermé que prestigieux, composé de : Christian d'Oriola (escrime, fleuret individuel) : JO d'Helsinki en 1952 et JO de Melbourne en 1956. Daniel Morelon (cyclisme, vitesse) : JO de Mexico en 1968 et JO de Munich en 1972. Jean-François Lamour (escrime, sabre individuel) : JO de Los Angeles en 1984 et JO de Séoul en 1988. Marie-José Pérec (athlétisme, 400 m) : JO de Barcelone en 1992 et JO d'Atlanta en 1996. Félicia Ballanger (cyclisme, vitesse) : JO d'Atlanta en 1996 et JO de Sydney en 2000. David Douillet (judo, lourds) : JO d'Atlanta en 1996 et JO de Sydney en 2000. Tony Estanguet (canoë monoplace, slalom) : JO de Sydney en 2000 et JO d'Athènes en 2004.

Né le 6 mai 1978 à Pau. 1,84 m, 75 kg. Profession : Professeur de sport. Palmarès : Jeux olympiques : champion à Athènes en 2004, à Sydney en 2000. Championnat du Monde : indidivuel : 2e en 2003. Par équipe : 2e en 2003, 3e en 1999, 2e en 1997. Coupe du Monde : 1er en 2004, 1er en 2003. Championnat d’Europe : individuel : 1er en 2000. 2e en 2002. Par équipe : 4e en 2002. Championnat de France : titres en 2003, 2002, 2001, 2000, 1999, 1997. Entraîneur : Philippe Vuitton.

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Tony Estanguet déterminé dans les vagues athéniennes : l’or est encore au bout de l’exploit.

quelques jours. Entre les qualifications et hier, elle s’est faite discrète, comme toujours. « Je n’ai pas téléphoné. J’ai juste envoyé un texto pour lui dire de rester concentré et qu’il continue comme ça. » Quand il était sur le podium, là encore, des copains l’ont hissée sur leurs épaules pour qu’elle se retrouve à la hauteur de la performance de son champion. Le tour d’honneur protocolaire lui a permis de recevoir un gros bisou de son compagnon et, en deux temps, le bouquet du champion olympique. Hier soir, Laetitia devait retrouver Tony assez tard, notamment sur la marina toute proche du site où « la Tribu », club de supporters initié par la fédération, a posé son campement. Rafales d’ouzo ou champagne : la soirée promettait d’être belle et généreuse.

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Une importante délégation béarnaise a annexé la tribune, dont la compagne de Tony.

Avant le 2e titre olympique de Tony Estanguet et la médaille du cavalier Didier Courrèges au Concours complet par équipes (voir en page 22), le Béarn comptait jusqu’ici quatre médaillés d’or : deux en individuel et deux par équipe. Tony Estanguet, canoë monoplace en 2000 à Sydney, Bernard Beaudéan, en descente aux JO handisport d’Innsbruck en 1988 (2e en slalom), puis double médaillé d’or en descente et en géant, (deuxième en super-G) aux JO de Lillehammer en 1994, Michel Bensoussan, gardien de but de l’équipe de France de football olympique à Los Angeles en 1984, et Arnaud Geyre, cyclisme sur route par équipe en 1956 à Melbourne. Geyre avait remporté la médaille d’argent sur route en individuel. Aux Jeux d’hiver, en 1968 à Grenoble, Annie Famose remporte trois médailles : l’argent en géant et le bronze au slalom et au combiné. Aux Jeux d’été, Patrice Estanguet a glané une médaille de bronze en canoë mono-place à Atlanta en 1996. D’autres Béarnais se sont illustrés : en athlétisme, l’Oloronaise Cathy Capdevielle a participé à la demi-finale du 100m à Melbourne avant de se classer 5e en finale sur cette même distance à Rome en 1960. Charles Lagarde s’est distingué au lancer du poids et du disque à l’occasion des Jeux de 1908 à Londres et de 1912 à Stockolm. Pierre Lacaze 8e du saut en hauteur en 1946 à Londres. Plus récemment, Philippe Paviot était membre de l’équi-pe de France de bobsleigh à Salt lake City en 2002.

Laetitia est tout sourire :Tony vient de lui offrir son bouquet gagnant.

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JEUX OLYMPIQUES RÉACTIONS ANDRÉ LABARRÈRE

«Une immense émotion»

Pour le sénateur maire de Pau, cette victoire est aussi un atout pour la future base d’eaux vives, dont les travaux vont débuter l’an prochain.

« Je suis rentré de Latché, où je dînais mardi soir avec Danièle Mitterrand, et, ce mercredi, j’ai suivi devant ma télé la merveilleuse performance de Tony Estanguet, avec une immense émotion. Mon cœur et mon esprit sont emplis de joie profonde. Cette nouvelle médaille olympique de Tony fait honneur à notre ville et à la France. Merci et bravo Tony. Je lui ai envoyé un télégramme. J’ai aussi téléphoné à Patrice. » Cela aura-t-il une influence sur le projet « Porte de Gaves » ? « Bien sûr : c’est un nouvel atout (et de taille !) pour ce projet qui va voir le jour derrière la gare, sur Pau, Bizanos, Gelos et Mazères. C’est une priorité de la communauté d’agglomération Pau-Pyrénées que je préside. Pau restera ainsi la ville reine des sports d’eaux vives. Elle aura toujours des champions pour la représenter au plus haut niveau. Une base d’eaux vives sera réalisée avec la création d’un parcours de slalom de canoëkayak et de gradins, la construction d’un club-house, et l’édification d’un pôle Elite France pour la spécialité slalom. Pour l’aménagement du lac de loisirs, nous verrons dans un second temps. »

Gérard LÉVÊQUE

Comment avez-vous vécu cette finale ?

Patrice Estanguet au milieu des supporters, hier matin. Émotion contagieuse au pied de l’écran géant.

VU DE PAU • Les supporters de Tony Estanguet s’étaient donné rendez-vous au Black Bear hier

Tout le zinc voulait l’or L

Quand les travaux vontils commencer ?

Le quartier général des supporters des champions palois a vécu en direct le dénouement extraordinaire de la finale. e Black Bear a ces jours-ci la forme olympique. Ce mercredi, l’ours de la place Aragon s’est mis à l’eau : le café est le quartier général des supporters de Tony Estanguet. Devant le zinc se trône le canoë qui a permis au cadet du Béarn de décrocher l’or à Sydney, en 2000. Bien calé sur galets, à la bonne porte. Vers 9 heures, les chaises se garnissent au pied de l’écran géant. Des slalomeurs du club palois, surtout. Didier Baylacq est venu avec sa bande. D’autres sont à Athènes, comme la mère de Tony. Patrice Estanguet est resté à Pau. Il carbure au café, les yeux sur la première manche. À 9 h 25, chacun retient son

« L’appel d’offres est fait : le chantier sera réalisé par un groupement mené par Castells. Les négociations des droits d’eau avec Heid sont en cours de règlement. Les travaux vont débuter le 1er mars 2005. Il nous faut respecter une procédure de droit compliquée. Le chantier durera une quinzaine de mois, pour que tout soit opérationnel d’ici avrilmai 2006. Parallèlement, nous nous battons aussi pour décrocher des fonds européens (FEDER), qui sont en chute libre pour tout le monde. »

« Et j’espère bien qu’il décrochera lui aussi une médaille ! J’ai eu Fabien mardi au téléphone. Il était confiant, en pleine forme. Je vais suivre ses performances avec le même enthousiasme. Et nous organiserons une réception quand nos champions seront de retour d’Athènes. Mais pas question que j’embarque dans un canoë ou un kayak ! » B.R.

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Le bar se remplit pendant les descentes féminines. Peggy et Tony, Dickens et Estanguet, même combat, même si l’issue sera différente. L’heure passe, un œil distrait

sur la télé (aviron, natation…), du houblon et de l’anis dans l’eau salée d’Athènes. Vers onze heures, le zinc veut très fort l’or pour Tony. Certes, il n’y a pas la grande foule (une cinquantaine de personnes), mais une vraie ferveur, dès le départ. De la voix pour pousser la pagaie. L’ambiance monte. Le temps de Tony est olympique. Reste Martikan. Le Slovaque affiche un meilleur temps dès le second point intermédiaire. Le cœur se serre. Alors le silence est d’or, car Tony est en argent. Sentiments mêlés, entre la satisfaction d’une belle course, et une pointe de déception. L’espoir renaît un quart d’heure plus tard, d’une annonce à la télé : « Martikan aurait touché

une porte. » On patiente en encourageant Peggy Dickens. Il faudra un quart d’heure pour transformer le conditionnel en certitude. Et l’argent en or. Les téléphones portables frétillent. À 11 h 42, c’est officiel : Tony Estanguet est champion olympique. C’est l’ovation, le grand frisson, la flamme olympique. Deux fois plus de bonheur pour un exploit unique dans les annales du canoë-kayak. Le pionnier Jacky Labat offre une tournée générale. On se prépare à la fête. Et on se donne rendez-vous pour ce jeudi et ce vendredi. Tous derrière Fabien Lefèvre, un autre chercheur d’or en eaux vives. BRUNO ROBALY

RÉACTIONS • Chacun a vécu différemment la victoire de Tony Estanguet

«Nous y avons toujours cru» Présents de bout en bout pour soutenir « leur » Tony, partenaires, amis ou serveuses, tous ont donné de la voix.

Gérard LÉVÊQUE

Aujourd’hui, c’est au tour de Fabien Lefèvre…

souffle. Tony, dossard n° 1, s’élance. Il va bien, très bien même. Porte 17 fusent les premiers applaudissements. Belle descente. Vient le tour de Martikan. Autre style, autre ambiance. Douze centièmes de moins à l’arrivée, comme un nuage au ciel athénien. Ici, personne n’en prend ombrage. La confiance est là. Patrice Estanguet la partage avec Henri Lambert, l’adjoint aux sports. L’ambiance monte, les cœurs se serrent

Francis Cohort, secrétaire du CUPPEV : « J’étais là hier pour les qualifications. Ce mercredi j’ai suivi la première manche à la maison, et je suis venu avec mes amis au Black Bear pour la finale. Nous y avons toujours cru. Tony et Martikan sont tous les deux très bons. Je suis heureux pour Tony. Je reviendrai au Black Bear pour soutenir Fabien. »

Olivier Brugerie, responsable communication Lyonnaise des Eaux : « Nous sommes partenaires de Tony depuis deux ans. En juin, nous avons créé un comité de soutien local, qui compte déjà 300 membres. Nous avons ouvert un livre d’or. Tony a fait une saison de coupe du monde parfaite. Et ce mercredi, nous avons vécu un dénouement incroyable ! »

Florence Baylacq, ancienne kayakiste : « J’y ai cru jusqu’au bout. Je suis trop contente ! On va faire une grande fête. C’est le Tony qu’on connaît : un Tony en or. Je suis venue l’encourager avec ma fille, Leïa, qui a cinq mois. Sans doute la plus jeune supportrice… Elle prendra sûrement la pagaie. Comme Tony, et comme son papa, Didier. »

Élodie Aranzadi, serveuse au Black Bear : « J’ai regardé la descente de Tony Estanguet. Pour les autres, je n’avais pas le temps : j’ai été étonnée du nombre de supporters. Grâce à Tony, je m’intéresse à ce sport. C’est un peu comme avec la victoire des Bleus en foot… Je n’ai jamais rencontré Tony : j’espère qu’il viendra au Black Bear pour le voir en vrai. »

Christelle Larsen, une amie de Tony : « C’est une grosse surprise. On nous dit d’abord qu’il est en argent et après on nous annonce l’or. C’est la consécration du canoë français. La joie est immense, mais ce n’est pas super pour les nerfs. On va lui préparer une belle fête. Mais si c’est génial pour Tony, je pense que ça doit être difficile pour Martikan ».


JEUX OLYMPIQUES

J.-J. LASSERRE « Une performance exceptionnelle »

Jean-Jacques Lasserre, président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, a salué la « performance exceptionnelle » de Tony Estanguet, auquel il a adressé le message suivant : « C’est avec une immense joie et une grande fierté que nous avons suivi les différentes épreuves et votre exceptionnel parcours vous permettant d’obtenir votre deuxième titre olympique. Cette brillante victoire fait de vous l’un des sportifs français les plus titrés, et le seul double médaillé olympique de la discipline. Au nom de tous les élus du conseil général des Pyrénées-Atlantiques, et en mon nom personnel, je tiens à vous adresser mes plus chaleureuses et sincères félicitations. Ce titre olympique illustre magnifiquement votre rôle d’ambassadeur du département des Pyrénées-Atlantiques. Un grand merci et bravo ! »

HENRI LAMBERT : « Plus qu’heureux » Henri Lambert, adjoint au maire chargé et président de l’office municipal des sports, était parmi les supporters au Black Bear : « J’ai quitté les lieux après la finale : Tony avait alors une médaille d’argent. Une belle performance. J’ai dit à Patrice de le féliciter. C’est en arrivant en mairie que j’ai appris que Tony était en or. Ma joie n’avait alors plus rien à voir avec la précédente : j’étais plus qu’heureux ! Ce qu’il a réalisé est exceptionnel, et c’est un exemple pour tous. Nous attendons beaucoup, aussi, de Fabien Lefèvre. Nous espérons une autre médaille. Nous verrons les disponibilités de nos deux champions pour fixer la date de la réception qui sera organisée en leur honneur à la mairie. « Ce sera une grande fête. Nous parlerons aussi, à cette occasion, du chantier du futur stade d’eaux vives qui va bientôt s’ouvrir derrière la gare. »

Patrice, comme s’il y était

Confiant, tendu et au final heureux pour son petit frère, Patrice a vécu seconde après seconde le nouveau sacre de Tony.

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atrice Estanguet est passé par toutes les couleurs hier matin. Posté au milieu des autres membres de la Tribu, au Black Bear, le frère de Tony a vécu non sans émotion le second titre olympique de son petit frère. Vêtu de la tenue complète de supporter des céistes français, le médaillé de bronze aux JO d’Atlanta bout intérieurement depuis 9 heures. La tête et le cœur pleins d’espoir pour le dernier de la fratrie Estanguet. Une demi-heure plus tard, fini de discuter, vient le tour de Tony. Les objectifs se braquent sur le cadet. A Pau, le visage crispé de Patrice se relâche un centième de seconde pour un sourire qui en dit long. Un geste à droite, un autre à gauche

Tout n’est pourtant pas parfait sur le bassin d’Athènes : « Notamment, les premières portes où Tony n’a pas exploité toutes ses qualités physiques ». D’autant que ce bougre de Martikan dans un style opposé « a parfaitement glissé ». Le Slovaque est premier avant la finale : « Il a sacrément bien caché son jeu tout au long de l’année. C’est un homme des grands rendezvous ». Rien n’est perdu, il reste une manche. « Le physique de Tony peut faire la différence sur la fin de parcours ». Il veut y croire. Reste plus qu’à patienter plus d’une heure. Plus évident à dire qu’à faire. Une dizaine de coups de fils de passés et voilà que l’instant T approche. Patrice attend maintenant que son frérot « se lâche ».

des. Dans un coin du bar palois transformé en temple Estanguet, Patrice est sous le choc. Il joue la sagesse : « Il faut attendre encore vingt minutes la décision des juges ». Le rêve renaît sous ce rayon de soleil venu tout droit d’Hellinikos. Les yeux rougis, Patrice se met à réaliser : « Ça serait fou quand même. C’est vrai que ce scénario on n’aime pas trop habituellement ». Mais aujourd’hui, personne ne fera la fine bouche, personne. « Il est tout simplement énorme » Patrice et Tony Estanguet. Le premier a suivi les exploits de son cadet à Athènes. Un moment d’intense émotion. Petits drapeaux tricolores peints sur les pommettes, c’est comme s’il y était. Un geste à droite, un autre à gauche, Patrice se démène à distance dans les remous grecs. « Allez, Allez », les gestes sont refaits simultanément. 60 secondes plus tard, Tony est en bas. Marti-

kan le rejoint et le détrône. L’argent ce n’est pas mal. « Tony, nous a fait vibrer, mais je pense qu’il sera un peu déçu… », confie son aîné juste avant que l’invraisemblable n’intervienne. 11 h 26, la télé annonce : Martikan serait pénalisé de deux secon-

LE BASSIN D’EAUX VIVES D’ACTUALITÉ La seconde médaille olympique de Tony Estanguet a placé hier le futur bassin d’eaux vives de Pau sous les feux de l’actualité. Interrogé sur le sujet au moment de la finale de son frère, Patrice Estanguet a laissé sous-entendre « que le bassin de Pau aurait les mêmes débits et dénivelés que celui d’Athènes ». Un paradis pour tous les amateurs de sports d’eaux vives, donc. Dans l’après-midi, Tony Estanguet, invité de Gérard Holtz sur France 2, a lui aussi, défendu le projet palois, qui est resté plusieurs minutes au cœur des discussions télévisées. Et l’avis du champion olympique a acquis, hier, une force supplémentaire. Au même moment, André Labarrère nous précisait la date du début des travaux de la première phase de l’aménagement de la Porte des Gaves, qui accueillera le Pôle Elite France pour le slalom (voir page ci-contre). Avant même le premier coup de pelle, le futur site palois a déjà, grâce à la télévision, une envergure nationale. Puisse cette opportune publicité attirer les bonnes grâces des financeurs…

Surtout pas Patrice. L’homme est généreux, ça tout le monde le sait. Il n’est pas non plus du genre à exposer au public, dans de tels moments, ses maux d’une non sélection à Athènes. Même si le résultat de l’autre français Nicolas Peschier, éliminé avant hier, peut lui laisser des regrets. « Il a déçu. Une 14e place aux JO équivaut à une 40e en coupe du monde. C’est dommage qu’il n’ait pas su répondre présent », analyse-il un poil amer. 11 h 42 : son amertume est tout d’un coup balayée d’un coup de pagaie dorée. La confirmation vient de tomber. Patrice peut se lâcher, Tony s’est fait une place dans le panthéon du sport français. À l’heure de décrire ce fabuleux exploit, le respect pour son petit frère est tout aussi immense : « Encore une razzia. Il marque l’histoire du canoë. Il est tout simplement énorme ». Sortis de la bouche de Patrice Estanguet, de tels mots ont toujours une valeur sacrée. ANDRÉ LAXALT

KAYAK • Qualifications en kayak homme aujourd’hui

Fabien Lefèvre entre en scène Il piaffe d’impatience et dès ce matin, il entend poser quelques jalons pour dompter la rivière De notre envoyée spéciale Béatrice Pagnoux

C

’est l’heure pour Fabien Lefèvre d’entrer dans cette compétition olympique. Caché depuis 24 heures, le double champion du monde de kayak part favori pour le titre. Son entraîneur, Sylvain Curinier, médaillé d’argent à Barcelone l’encadre sans le couver. Il se régale avec son athlète qui lui ressemble dans son approche de la compétition. Hier, le coach de l’équipe de France de kayak, a livré les grandes lignes de son plan de bataille mis en place pour atteindre l’objectif du Palois. Les deux accrocs de la saison à Seo et Bourg ont-ils entamé le moral de Fabien ? On s’en est servi pour mettre l’accent sur la technique et aller plus loin. A Seo, c’était plus un problème technique, à Bourg, c’était plus émotionnel puisqu’il retrouvait le bassin de son premier titre mondial. Au contraire, je crois que ça l’a boosté. Il veut prouver et se prouver. On sait qu’il aime jouer avec ses adversaires. Quelle sera la stratégie de ces deux jours ?

On a choisi de ne pas prendre les qualifications à la légère. Fabien va naviguer au plus juste, il a prévu de relâcher en fin de première manche. Dans la seconde, grâce à son expérience, il envisage de s’approprier le tracé en étant vite sur le parcours. Après on verra ensemble mais avec lui, il n’est pas utile de trop programmer les choses. Qu’est ce que vous redoutez le plus ? La densité de la concurrence. Il y a un seuil technique et physique pour tous à ce niveau. La différence ne se fera pas là. Je pense à la façon d’appréhender l’événement, la gestion entre deux manches et le climat émotionnel dans cette enceinte. Aujourd’hui (hier), il a choisi de rester tranquille, il suit les épreuves à la télé. Venir au stade le fatigue physiquement. Il est impatient. Faut-il le freiner souvent ? J’apporte ma pondération, mon recul, je le recadre. C’est vrai qu’il est prêt et il ne vient pas de passer des jours agréables. Il y a de sérieux clients dans l’épreuve reine de ce sport. Qui peut-être son briseur de rêve ?

Béatrice PAGNOUX

Jacques Chirac a salué le «superbe exploit» de Tony Estanguet. «Cette médaille d'or confirme votre appartenance à l'élite mondiale du canoë-kayak et la France est très fière de vous», écrit le chef de l'Etat, dans ce message rendu public par l'Elysée. «Quatre ans après Sydney, vous venez de relever un formidable défi en remportant une nouvelle fois le titre olympique à Athènes dans l'épreuve du slalom», ajoute Jacques Chirac. «Je sais que vous partagerez comme il se doit ce moment de bonheur intense avec vos proches, votre entraîneur et l'équipe». A la main, le président de la République a ajouté quelques mots: «Quel superbe exploit et quelle classe ! Bravo et bien amicalement». De son côté, Jean-Pierre raffarin a tenu à adresser ses « plus chaleureuses félicitations pour ce second titre olympique que vous apportez à l'équipe de France et que vous ajoutez à votre palmarès».

VU DE PAU • Dans les yeux de Patrice Estanguet, médaillé de bronze en 1996 à Atlanta

Archives P.P.

RÉACTIONS JACQUES CHIRAC « La France est fière de vous »

Flanqué du dossard 11, Fabien Lefèvre, ici à l’entraînement sur le bassin grec, semble serein pour son entrée dans la compétition.

Thomas Schmitt, Welsh Campbell, Oblinger, David Ford et l’autre Français bien sûr, Benoît Péchier. Vous avez beaucoup anticipé mais vous n’avez pas voulu, volontairement, tenter de tout maîtriser. Fabien a une énorme capacité d’adaptation, il est optimiste et doit garder son enthousiaste pour avancer. Sa force, c’est sa flamme, celle qui lui permet de rester dans son truc pour obtenir son résultat. On a même envisagé l’échec, aspect de la compétition qu’il accepte maintenant. On a navigué sur d’innombrables bassins et ter-

rains. Le vent, l’orage, des fiches qui tombent…, il sait gérer ça. Comment pourriez - vous caractériser Fabien ? C’est un garçon authentique, très habile même si il a commis quelques bourdes sur le plan relationnel. Il a soif de victoires et une capacité innovante, une vision sur l’avance technique de la discipline remarquable. Aujourd’hui, première manche entre 9h40 et 10h40, seconde manche entre 11h40 et 12h40. Les canoës biplaces s’élanceront à 9h et 11h.

Jeudi 19 août 2004

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Aujourd’hui à la télévision BEACH-VOLLEY : championnat de France à Gruissan, à 11 h et 16 h sur sport+. CYCLISME : Tour du Limousin à 10 h 15 sur Sport+. FOOTBALL : Ligue 2, Nancy-Montpellier à 19 h 30 sur Europsort. JO: sur France Télévisions et Canal+ (voir programme en page 20) avec du kayak et Fabien Lefèvre à partir de 9 h 35 pour la demi-finale à partir de 11 h 10 pour la finale.

CANOE-KAYAK • Rencontre avec le double champion olympique palois, entré dans l’histoire mercredi

«Pékin 2008 ? Je fonce»

Tony Estanguet est un immense champion et un jeune homme très attachant, plein de richesses et de sensibilité. Découverte. De notre envoyée spéciale Béatrice Pagnoux

qu’Aldric prenne ombrage du fait que je dédicace de nouveau cette deuxième médaille à Patrice. Je préfère dire la vérité: c’est Patrice qui m’a permis d’être là où je suis. Aldric est le garde-fou. Quand il allait faire une séance d’entraînement avec Patrice, il faisait la suivante avec moi. Il ne s’est pas sacrifié mais presque, pour que quand ça n’allait pas très fort entre nous, ça aille quand même.

V

ingt-quatre heures après sa phénoménale performance et son entrée dans le grand livre de l’histoire du sport français, Tony Estanguet est apparu moins fatigué mais toujours aussi heureux que la veille. Sa médaille d’or soigneusement rangée dans une poche de son petit sac à dos, il a suivi les courses de qualifications de kayak presque comme Monsieur tout le monde. Relax, souriant, charmant et toujours aussi disponible: c’était l’occasion de s’entretenir avec lui, à l’ombre et au calme, sur trois thèmes qui ont ponctué la journée du détenteur du dossard 1 mercredi.

L’an dernier, après votre médaille d’argent à Augsbourg, vous évoquiez à demi-mot une retraite possible cette année. Depuis hier, vous parlez d’être présent aux JO de Pékin. Est-ce dans l’euphorie de la victoire?

- Je fais ma course. Je ne regrette rien, je déclare que je suis battu par meilleur. Un juge dit qu’il touche, je me retrouve premier, lui deuxième et ça ne change rien sur le fond. Je le félicite ce qui démontre un sens de l’ouverture chez moi. C’est vrai que j’ai une profonde admiration envers les autres. J’aime me planquer, je n’aime pas me mettre en avant. C’est ma personnalité, mon éducation. Je suis assez humble, modeste, introverti mais sans plus, il faut pas exagérer non plus (rires). Mais je suis aussi capable d’aller vers les autres. J’ai de très bons copains dans ce milieu et j’ai été très marqué à l’arrivée. Des concurrents, Stephan Pfannmöller (l’Allemand médaille de bronze) et Robin Bell l’Australien (4e), m’ont dit, après être arrivé alors que Martikan n’avait pas pris le départ: il faut que tu gagnes Tony, il va toucher, l’or est pour toi. Ces gars sont des potes et on est en train de s’organiser pour aller fêter ça ensemble.

AFP

Battu dans un premier temps, votre réflexe a été de féliciter Michal Martikan, avec le sourire. Vous n’avez pas d’atomes crochus avec lui et pourtant ce geste fair-play était sincère. Pourquoi?

« J'ai besoin du bateau pour m'accomplir, pour vivre », souligne Tony Estanguet. Martikan, je ne le connais pas. PerAprès celle de Sydney, votsonne ne le connaît. Quand je me re frère Patrice a reçu une suis approché de lui, je l’ai félicité, nouvelle fois cette médaille il n’a pas répondu. Je lui ai serré la en cadeau. Comment se main, elle était toute molle. Je lui traduit votre complicité donné une petite tape amicale sur évidente? l’épaule, il ne s’est pas retourné. Il devait être sur une autre planète Elle est surprenante. Depuis tou(dubitatif). Je n’ai jamais pu lui of- jours, elle est cachée. (Là, un voile frir un verre inonde les yeux depuis le «Je suis fier de mes deux frères de Tony, ému, temps qu’on gêné). On n’est se connaît. (...). Patrice m’a permis d’être pas capable de la là où je suis. Malgré tout, montrer, de nous c’est un très la montrer. Il y a Aldric est le garde-fou» grand de la distance, de champion la pudeur, du avec un palmarès énorme dont je respect pour l’autre. On a peur de me rapproche. Grâce à lui, j’ai pris le déranger puisque chacun soumon pied (sourire). haite le meilleur à l’autre. On n’o-

se pas. Il y a peu d’échanges. En tout cas, ils ne sont pas dans le domaine du verbal mais plutôt dans les regards, par une attitude. On ne se parle pas beaucoup. C’est la même chose avec Aldric (le frère aîné). Je pense que ça vient de notre milieu sportif, des athlètes de haut niveau (1). Aldric et Patrice étaient très proches, ils ont un an d’écart. Moi, j’en ai cinq avec Patrice, six avec Aldric. Je n’ai jamais beaucoup joué avec eux, j’avais des copains de mon âge, ils avaient les leurs. J’ai bien dû les faire ch... parce que j’étais le petit dernier mais je n’ai pas le souvenir de bagarres ou de choses comme ça. Et je suis fier de mes deux frères. Je suis vigilant pour ne pas

- Il y a deux ans, je réfléchissais à l’après 2004 parce que le haut niveau, c’est dur, ça demande beaucoup de sacrifices. Et puis je me disais qu’il y a autre chose dans la vie que le canoë. En 2003, et plus exactement depuis ma victoire à Bratislava (2), j’ai vécu une année fabuleuse, sans blessure, sans pépin. J’ai 26 ans et pourquoi je me priverai de tout ça? Je voulais arrêter sur une grande victoire. Je ne l’ai jamais raconté à personne mais au fond de moi, je me suis dit que si je gagnais à Athènes, j’arrêterai. Je m’aperçois que c’est le regard des autres qui me pesait. J’ai besoin du bateau pour m’accomplir, pour vivre. Je n’ai plus rien à prouver. J’ai toujours autant de plaisir sur l’eau, je fais du canoë pour moi, je peux encore progresser. Pékin en 2008? Allons-y, je fonce. Et si j’y vais et que je prends une grosse tole, et bien ce n’est pas grave. (1) La situation est identique dans la famille Péchier où les deux frères sont aux Jeux. Nicolas, en canoë monoplace, est parti par la petite porte en qualifications et Benoît participe ce matin à la demi-finale en kayak. Eux aussi ont un père qui a pratiqué la discipline au niveau international. (2) Tony a remporté, dans la foulée des Mondiaux d’Augsbourg en 2003, les courses de Bratislava qui lui ont permis de remporter sa première Coupe du monde. Depuis cette date, il est invaincu sur le plan international.

La grande soirée du titre de Tony Estanguet entre télés, radios, photos et hommages du ministre

«La médaille, tout le monde veut la toucher» De notre envoyée spéciale

S

on emploi du temps est plus chargé que celui d’un ministre depuis mercredi et cette deuxième médaille d’or. Tony n’a pas chômé depuis qu’il est descendu du podium, sa couronne d’olivier sur la tête, sa médaille en poche. Elle est superbe, elle est lourde, «et contrairement aux autres olympiades, celle-ci contient vraiment de l’or. C’est l’exacte réplique de celles de 1896. C’est pour ça que tout est

écrit en grec et que les symboles sont d’époque.» Tony Estanguet la montre sans rechignier. Il sait qu’elle symbolise le rêve, celui qui a obsédé ses nuits de petit garçon. «J’ai quitté le site à 15h30 et je me suis mis au lit, crevé, à 2 heures du mat» raconte Tony. «Ma première escale a été pour les supporters français de La Tribu installés à la marina toute proche. Il y avait plus de 150 personnes. Je sentais que tous avaient vibré, pleuré pour moi. C’est touchant de sentir qu’on génère autant d’émotions. Tout le monde

voulait toucher ma médaille, me féliciter. C’était vraiment très cool» souligne le champion. «J’ai retrouvé Laetitia et ma maman. Elle était très émue, pas à cause de mon résultat. Je crois qu’elle était contente que ce soit fini. Elle a eu très peur pour moi, tout simplement.» Plus de cent textos Ensuite direction l’IBC, le centre international de presse audio-visuelle où il a enchaîné toutes les télés. «La délégation française a mis voiture et chauffeur à ma disposition pour ce marathon. C’est

drôle et j’en profite. Là, j’ai fait toutes les télés françaises, en direct. J’ai été accueilli très chaleureusement partout. On m’a félicité sans arrêt», apprécie Tony. Vers 21h30, direction le club France. «Henri Serandour, président du comité olympique et JeanFrançois Lamour étaient là. Le ministre m’avait longuement félicité au bord du bassin, il pleurait. Là, il m’a souhaité la bienvenue dans le club des 7 et a prononcé un super discours. Vers 23h, une table de 12 personnes m’était réservée. J’y ai retrouvé Laetitia, ma mère, la famille. Je n’ai pas été très présent

pendant le repas mais il m’a permis de souffler» évoque Tony qui n’avait quasiment rien avalé depuis son réveil le matin, à 7h. «Ensuite, je me suis excusé. J’ai filé, je n’en pouvais plus. Je suis rentré tout seul, avec mon chauffeur quand même, au village. J’ai très bien dormi jusqu’à 8 heures». Depuis, le marathon média a repris, celui du téléphone aussi. Mercredi, Tony a reçu plus de cent textos, sa boîte les distille par paquet de 20. Sa messagerie explose. Il est heureux.

Vendredi 20 août 2004

B. P.

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Mise en liberté dans le dossier Ronsard En l’absence de charges à son encontre, la chambre d’instruction a décidé hier la remise en liberté de Mohamed Adnani détenu depuis le 14 janvier dans le dossier de l’incendie du poste de police Ronsard. P. 4

Espoirs chez Sanortho

Le grand jour de la rentrée

Le Comité d’entreprise donnera aujourd’hui son avis sur les deux offres de reprise de Sanortho à Orthez. L’une d’elle prévoit la reprise de la totalité des salariés. P. 17

Jour de rentrée dans le primaire. Ewa Latuszynska accueillera ce matin ses vingt premiers élèves à Marie-Curie à Pau, tandis qu’à Aubertin, Isabelle et Annie se partagent la classe. P. 3 et 48

PYRÉNÉES PRESSE

Mercredi 1er septembre 2004

No 18 187 - 0,80 €

LES DEUX MÉDAILLÉS FÊTÉS A PAU

HIER SOIR A BUROS

Incendie à l’école

LA RUÉE VERS L’OR

La salle de repos de l’école de Buros a été ravagée hier soir par un incendie. Un coup dur à la veille de la rentrée qui reste maintenue. P. 20

RALLYE AUTOMOBILE

Jean-Philippe GIONNET

La Soule dévoile ses Cimes

Le 48e Rallye des Cimes part vendredi de Lescar pour rejoindre la Soule. Présentation.

P. 5

OTAGES EN IRAK

AFP

Nouvelles heures d’angoisse

À l’heure où l’ultimatum expirait hier soir, on restait sans nouvelle des deux journalistes français.

P. 42

Ascencion TORRENT

Les supporters se sont pressés hier au Palais Beaumont pour toucher les médailles olympiques des deux champions palois de retour d’Athènes. Une fête paloise savourée jusqu’au bout de la nuit par Tony Estanguet et Fabien Lefèvre. P.7

Cueillir la truite au Bersau

LES BONNES AFFAIRES €40 8 8€95 EMMENTAL DE SAVOIE

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Jusqu’au samedi 4 septembre

A quelque 2 100 mètres d’altitude, quatre copains pêcheurs se retrouvent le week-end au lac du Bersau en Ossau, pour taquiner la truite fario. Cahier central

*R1010904*


PAU & GRAND PAU CLIN D’ŒIL

Ralentissement Les travaux de la Cyberbase, un des hauts lieux de Pau Broadband Country qui doit ouvrir dans quelques semaines, se poursuivent. En attendant l’arrivée du très haut débit pour surfer sur Internet, les automobilistes découvrent le bas débit pour rouler rue Despourrins. En effet, la circulation est toujours réduite sur une voie. Hier, des tranchées ont été creusées dans la chaussée. Mais ce désagrément n’est que provisoire.

❍ EN VILLE Eaux vives « Avoir des champions tels que Tony et Fabien est un atout extraordinaire pour notre projet de futur stade d’eaux vives, dont les travaux vont débuter au printemps prochain », a rappelé, hier soir, André Labarrère (voir notre édition du 23 août). « Ça booste le projet », a ajouté Patrice Estanguet. « Le canoëkayak et l’eau vive, c’est à Pau. Notre bassin sera semblable à celui d’Athènes : même débit, même dénivelé… seule l’eau sera douce au lieu d’être salée ». Pour le directeur technique national, le futur Pôle Elite France de Pau sera « un outil exceptionnel. »

Images L’arrivée des champions palois a été filmée hier, notamment la réception au palais Beaumont, avec plateau sur l’eau du bassin et écran géant. Eric Dournès, qui animait la soirée, avait rêvé d’une telle configuration pour l’inauguration du palais… mais il avait dû y renoncer : il n’y avait pas encore d’eau dans le bassin. Hier soir, la scénographie était l’œuvre de Georges Escoffre, du service des manifestations publiques de la ville. Et le service communication a bien fait les choses : les meilleurs moments de la soirée seront visibles très rapidement sur www.pau.fr et sur le câble.

Les deux champions ont été accueillis, hier soir, sur une scène dressée au milieu du bassin du Palais Beaumont, devant des centaines de supporters.

CHAMPIONS ! • Tony Estanguet et Fabien Lefèvre accueillis par des centaines de supporters, hier

Une cote d’amour olympique Les Palois médaillés d’Athènes ont été ovationnés à leur arrivée à l’aéroport, puis devant le palais Beaumont.

L

a grande famille du canoëkayak est à la fête. Il est 18 h 30, hier, elle attend ses héros à l’aéroport. La « Tribu » hisse les couleurs et monte le son. Les autres supporters sont dans le ton. Un camion-benne est décoré : à ce drôle de navire, le club palois accroche, comme des trophées, les bateaux des précédentes conquêtes olympiques des frères Estanguet. André Labarrère, le sénateur maire de Pau, et JeanJacques Lasserre, le président du conseil général, accordent leur enthousiasme, sincères. Avec quelques minutes de retard, le vol Air France 7456 venu d’Orly débarque Tony Estanguet et

Fabien Lefèvre, l’or et le bronze, accompagnés par Antoine Goetschy, directeur technique national, et Christophe Prigent, directeur des équipes de France de slalom. Les deux champions, mêmes costumes et cravates, médailles en poche, arrivent sous l’ovation dans le hall de l’aérogare. Lous Cailhabaris enquillent « La Marseillaise » à pleins poumons. La famille et les amis d’abord. Premier bain de fans, photos et autographes. « Que du bonheur : enfin rentrer à la maison, et partager cette médaille. La vraie fête peut commencer… », souffle Tony. Sous bonne escorte, c’est un drôle de cortège qui file ensuite

vers le centre ville. Fabien Lefèvre en cabriolet, suivi des frères Estanguet en Jeep avec André Labarrère. Et une kyrielle de pagaies, canoës et kayaks. Le défilé est coloré, gentiment bruyant, mais il n’y a pas foule dans les rues. Dommage. L’heureuse surprise est au palais Beaumont où Pau leur a préparé une belle fête. Plus d’un millier de personnes sont là. Des jeunes kayakistes naviguent sur le bassin, autour de la scène qui accueille les héros. Bientôt défilent sur écran géant les images d’Athènes, commentées par les champions euxmêmes. « Le plus important, c’est d’avoir

fait vibrer tout le monde : je vais essayer de vous faire encore rêver, et d’assurer le spectacle », lance Fabien Lefèvre. Tony Estanguet touche au cœur : « Mon titre olympique, c’est une médaille de frangins ». À ses côtés, son frère Patrice ne peut cacher son émotion. Et tout le monde est à l’unisson. Surtout quand Tony ajoute, un peu plus tard : « D’abord, merci aux Palois ! », André Labarrère aime les défis : « En 2008, je veux deux médailles d’or ». La nuit est tombée et la fête glisse enfin vers le Gave, au pont d’Espagne. Comme un retour à la source. BRUNO ROBALY

Le bassin du Palais Beaumont était transformé en stade d’eaux-vives. Les jeunes kayakistes ont apprécié... Même en bronze à Athènes, Fabien Lefèvre vaut de l’or pour les autographes.

Ousse-des-Bois Hier matin, comme prévu, une réunion en mairie a rassemblé tous les acteurs et les institutions intervenant sur le Hameau avec les élus pour faire le point de l’été, et envisager l’avenir. Un rendez-vous important pour définir le futur projet de maison des associations, qui prendra la place de la MJC d’Ousse-des-Bois, désormais fermée (liquidation judiciaire). Le projet mûrit.

Reportage photo: Ascencion TORRENT

Hommage Hier soir, André Labarrère et Josy Poueyto ont rendu hommage à Victor Boyer, dont ils venaient d’apprendre le décès. Victor Boyer a été un chef d’entreprise apprécié, et une figure de la Section paloise et du golf de Billère.

André Labarrère porté par les héros d’Athènes.

Dès l’aérogare, se fut la ruée vers l’or.

Mercredi 1er septembre 2004

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