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Roscoe

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EN VRAC

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©GILLES DEWALQUE

# album # come·back

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TEXTE: DIDIER STIERS C’est le 4 décembre prochain que le groupe de la Cité Ardente donnera une suite à Mont Royal, le deuxième album sorti en 2015. Le fruit, comme toujours, de l’approche collaborative pratiquée par les 5 garçons. Résultat: Folds. Selon eux, et à l’unanimité, leur plus abouti.

Il y a quelques semaines, quand So Far So Long, premier extrait de ce nouvel album, est arrivé, nous avions écrit que le groupe émergeait de la grisaille liégeoise sur un mode un peu inattendu. PierreDumoulin (chant, guitare) comprend la petite surprise, bien sûr, créée par ce steel drum, ce beat plus syncopé qu’auparavant, proche du hip-hop. «C’est un peu différent de ce qu’on aurait fait d’habitude, un peu “estival”, je dirais, alors que nous faisons plutôt de la musique d’hiver. Beaucoup nous disent que ça apporte une nouvelle couleur à la musique mais qu’on ressent quand même toujours bien cette espèce de mélancolie.»

C’est au bout de douze ans de parcours et avec deux autres albums à son actif qu’on peut envisager plus facilement d’essayer ce genre de chose, de sortir un peu de sa zone de confort?

Clairement, dans notre cas. Il est certain que nous n’avons plus aucune pression quant à un succès potentiel du groupe. Nous sommes déjà super heureux de ce que nous avons fait jusque-là. Nous avons fait le deuil des radios depuis le deuxième album: vu le paysage radiophonique actuel, je pense que nous ne trouverons pas notre place sur les ondes. Alors, sur cet album-ci, il y a des morceaux plus accessibles ou plus “commercialement efficaces” parce que j’ai tendance à écrire des morceaux plus pop que les quatre autres musiciens, mais ça reste quand même de l’indé, quoi…

Pierre Dumoulin «C’est un peu différent de ce qu’on aurait fait d’habitude, un peu “estival”, je dirais, alors que nous faisons plutôt de la musique d’hiver.»

Peut-être un mot sur le titre lui-même? “Folds” comme “les plis”?

En gros, cet album raconte deux années dans ma tête. J’ai vécu énormément de choses, en bien comme en mal et, en gros, ce sont plutôt des textes très introspectifs. C’est un des albums sur lesquels je me livre le plus de manière personnelle. L’illustration, c’est un visage formé à partir des cinq nôtres et de reliefs montagneux. “Folds”, c’est aussi un terme de géologie qui évoque les plis dans la roche, dans un paysage. Je trouvais que tout ça collait bien: le visage qui est l’endroit par lequel passent toutes tes expériences de vie et toutes tes émotions, ce visage “érodé” par les épreuves, par des choses positives comme négatives… Nous nous sommes assez vite dit que ce visage était en gros le résultat de deux ans de vie, qui a creusé des sillons un peu partout. Nous avons cherché un terme qui pouvait se rapprocher de “plis” et nous sommes tombés sur

“folds”. Et pour la petite histoire, notre batteur est chercheur en sciences de la terre et son métier est justement –je ne comprends pas tout– de créer des systèmes informatiques qui permettent de simuler l’érosion d’un paysage…

Les uns et les autres, vous avez aussi mené des projets hors de Roscoe… Vous, outre l’Eurovision pour Blanche et Eliot, c’était en solo?

Oui: The Blond Kid. C’était vraiment mon projet de confinement, comme beaucoup en ont mené un.

J’étais chez moi, j’avais envie de sortir un morceau.

J’avais perdu ma maman quelques mois avant que le confinement ne commence. Je n’en parlais pas beaucoup et j’avais au fond de moi un truc que j’avais envie d’exprimer. Comme on était en plein confinement, je me suis dit que j’allais le produire, le mixer et le masteriser moi-même. C’était la première fois que je faisais ça, c’était aussi par curiosité.

J’ai donc fait tout ça dans mon petit studio chez moi, de manière très artisanale. Quand le morceau a été terminé, je me suis dit autant le sortir. Et donc j’ai trouvé un nom… J’ai été agréablement surpris des retours positifs. Il est même passé en radio sur La

Première, alors que ce n’était pas du tout l’objectif.

Voilà, je me suis bien amusé avec ça, je réitérerai l’expérience un jour, mais je ne sais pas encore quand: The Blond Kid n’est pas un projet solo pour lequel j’ai une ligne du temps toute tracée.

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