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Blu Samu–Boa Joo

# EP # portugais

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©YAQINE HAMZAOUI

Blu Samu

TEXTE: NICOLAS CAPART La chanteuse d’origine portugaise nous revenait cet été les bras chargés d’un, déjà, quatrième EP.

Il est des retours qui ravissent plus que d’autres. Et le plaisir de ces retrouvailles-là est non feint. Depuis la sortie du titre Fautil et la publication du EP ctrl-alt-delete (2019), le grain de voix écorché et les yeux rieurs de Blu Samu nous avaient manqués. Salomé Dos Santos (de son vrai nom) est une petite tempête au nom ensoleillé. Des rayons de l’astre portugais – où elle grandit les premières années – aux pavés bruxellois en passant par le bitume des ruelles anversoises, celle-ci a affûté son rap, apprivoisé son chant et multiplié les rencontres qui comptent. Les gars du 77 bien sûr, Zwangere Guy aussi, ou plus récemment le producteur français Sam Tiba, qui lui a concocté ce quatrième EP.

À 27 ans, elle y apparaît plus sereine que jamais, comme apaisée. Son feu brûle toujours mais il semble aujourd’hui maîtrisé. «Disons que le rêve est devenu plus humble. J’ai réalisé que devenir quelqu’un, être reconnu pour la musique que je fais, n’allait pas forcément régler les soucis ou effacer les douleurs et peurs du passé. Le rêve, je suis déjà en train de le vivre, il n’y a pas de destination. Si ce n’est être la plus vraie possible, m’accepter telle que je suis et rester fidèle à moi-même.

Au détour de 7, Blu Samu rappe toujours en anglais, rime encore en français mais déterre aussi ses racines pour la première fois en chantant le portugais. «J’y pensais depuis longtemps sans m’en sentir capable. Ayant quitté le Portugal pour la Belgique enfant, je craignais de ne pas être légitime, je voulais être acceptée par ma communauté, je me mettais la pression. Sur ce projet, je m’en suis totalement libérée et ça a été une grande victoire. Apparemment, j’ai même l’accent de mon village (rires). J’arrive à exprimer des choses inédites en portugais. Maintenant que c’est débloqué, il y en aura d’autres.»

Des sept pistes de ce nouvel EP, c’est d’ailleurs le morceau Elastico qui fait la course en tête côté streams, chargé de parfums méditerranéens. Preuve que du côté du public existait déjà l’envie. Sorte d’OVNI, le titre Amor interpelle et séduit lui aussi, mais éloigne l’auditeur des sentiers urbains foulés d’ordinaire par Blu Samu. Une nouvelle porte ouverte grâce au concours du producteur de 7. «Pour certains ma voix cassée est mon charme, pour moi elle reste une difficulté… Sam m’a donné la confiance, m’a poussé à oser, à sortir de ma zone de confort et à chanter ou rapper selon mon ressenti. Pour ça je lui dis merci.»

# EP # révélation

©ADÈLE BOTERF

Boa Joo

TEXTE: NICOLAS CAPART Dans la foulée d’un EP publié au printemps, Boa Joo s’offrait sa 1ère tournée de festivals cet été.

C’est un visage et une voix que l’on entend et aperçoit tant et plus ces derniers mois. Une nouvelle tête et non des moindres pour défendre les couleurs d’un rap au féminin trop peu représenté en France et quasi désertique sous nos latitudes – n’en déplaise à la reine Shay, bien seule sur son trône. Forte d’une première sortie plutôt réussie, Boa Joo prenait la route et multipliait les dates estivales, sa Sérénade sous le bras. Un rêve de longue date, pour autant différé très longtemps, dont elle savoure aujourd’hui chaque instant. «Cette scène d’Esperanzah!, je ne l’oublierai jamais! Devenir musicienne, c’était un rêve de gamine, même si je me suis lancée tard. J’ai interrompu mes études il y a 3 ans pour entamer un parcours différent.»

Auteure-compositrice et interprète d’origine belgorwandaise, Boa Joo s’est inspirée pour son nom d’un personnage issu du manga One Piece, “Boa Hancock”. Une impératrice amazone charismatique, à la tête d’une île uniquement peuplée de femmes dont les hommes sont exclus. Toute ressemblance avec les textes de l’artiste bruxelloise n’est absolument pas fortuite. «J’adore l’univers des mangas, et j’ai choisi Boa Hancock car je la trouvais inspirante. Elle me représentait bien à l’époque… Une femme, qui a pas mal de choses à reprocher aux hommes. Mais, comme c’est le cas dans One Piece, les choses sont souvent plus nuancées qu’il n’y paraît et les raisons derrière la colère, plus subtiles.»

Si elle aborde également au fil du EP Sérénade les thèmes de l’émancipation de la femme, les questions de genre ou encore ses relations avec sa mère, Boa Joo harangue en effet à l’envi ces messieurs. «On peut dire beaucoup de choses sur des sons drill ou de la trap, les deux ne sont pas incompatibles. On y décrit une réalité, un quotidien, la misère, la violence… Il demeure une revendication en filigrane. J’ai baigné dans l’univers des rappeurs, c’est une musique qui m’influence énormément sans pour autant que je m’affilie à un courant. M’exprimer, c’est ce qui importe le plus.»

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