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Charles
from LARSEN°49
©STEPHANIE GOOSSE
# album # 312
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TEXTE: NICOLAS ALSTEEN Nouvelle star de la pop “made in Belgium”, Charles met sa passion du rock au cœur d’un premier album conçu tel un journal intime. Puissant, souvent bouleversant, Until We Meet Again surmonte les épreuves de l’existence pour se hisser au sommet de grandes chansons. Quelque part entre Billie Eilish et Muse, l’écosystème imaginé par la Brainoise a déjà convaincu Hooverphonic et illuminé les écrans géants de Times Square. Des Forges de Clabecq à New York, Larsen retrace les étapes de cette fulgurante ascension.
Charles Until We Meet Again
Universal Music Belgium L’été dernier, à l’heure des premières vagues de chaleur, Charles déballait ses nouvelles chansons sur la plaine de Rock Werchter. «À l’origine, je n’étais pas prévue au programme, retrace-t-elle. Mais comme Sam Fender est tombé malade, on m’a proposé de le remplacer au pied levé.» Plus de 15.000 personnes assistent à sa performance. «À mes débuts dans la musique, jouer à Rock Werchter était un objectif ultime. Le concrétiser aussi rapidement, c’est assez déconcertant…» D’autant que le concert en question réalise une gageure fort prisée au pays du surréalisme: combler un public venu du nord et du sud de la Belgique. Au-delà des frontières linguistiques, Charles rassemble donc les gens sous un même drapeau.
Née en janvier 2001, Charlotte Foret – de son vrai nom – a grandi du côté de Braine-le-Château. Danseuse en herbe, elle se passionne bientôt pour les stars américaines. «J’étais fascinée par des personnalités comme Britney Spears ou Lady Gaga.» Quelques années plus tard, elle cède à l’appel des guitares. «Une copine, dont le grand frère était fan de rock, m’a dit d’écouter Nirvana. Ça m’a coupé le souffle. D’abord parce que je pensais que Nirvana était le nom d’une chanteuse…» Passé l’effet de surprise, Charlotte Foret découvre le visage de Kurt Cobain, l’art du pogo et le goût de la disto. «Partant de là, je suis devenue fan de groupes comme Arctic Monkeys, Nothing But Thieves, System of a Down ou Muse.» C’est d’ailleurs avec une reprise d’un titre de Muse qu’elle s’impose en finale de l’émission The Voice au printemps 2019. Une victoire qui, au passage, lui offre un contrat chez Universal. «Avant d’enregistrer, je devais d’abord comprendre le métier, m’inventer un répertoire et trouver un nom de scène.» Elle opte pour Charles en hommage à son grand-père, décédé quelques mois plus tôt. Puis, pendant un an, elle affine son style. Aux confins d’une esthétique gravée dans le rock et de mélodies ultra pop, sa musique affirme son identité, ses singularités.
Sorti juste avant l’été, l’album Until We Meet Again décline la thématique du changement en onze morceaux. Charles y aborde des périodes de transition parsemées de doutes, de ruptures sentimentales et d’autres moments éprouvants comme la perte d’êtres chers. «Cela peut sembler un peu déprimant, note-t-elle. Pourtant, au quotidien, je suis une personne ultra positive. À 90% du temps, je suis heureuse et optimiste. Mais pour écrire des chansons, je puise toujours mon inspiration dans les 10% restants.» Dans ce registre “chiffres et statistiques”, difficile de ne pas évoquer le numéro 312 tatoué sous la gorge de la chanteuse. «C’est le nombre porte-bonheur de mon père! À l’âge de 15 ans, il a commencé à travailler aux Forges de Clabecq. Où son casier portait le numéro 312. Depuis, il a fait du chemin. Mais ces trois chiffres l’ont toujours accompagné. Comme j’ai beaucoup d’admiration pour son parcours et que ce numéro lui porte chance, j’ai décidé de l’emporter partout avec moi.» Et jusqu’ici, le gri-gri fonctionne parfaitement. Entre un début de carrière lancé en août 2020 sur la mélodie de Wasted Time et une collaboration avec Hooverphonic sur l’écriture du morceau The Wrong Place, porte-drapeau de la Belgique lors de l’Eurovision 2021, Charles a vu son visage projeté sur les gratte-ciels new-yorkais de Times Square dans le cadre d’une campagne menée par Spotify pour affirmer la place des femmes dans l’industrie musicale. Les deux pieds sur terre, Charles se concentre à présent sur une série de dates à l’étranger. «Cet été, j’ai eu l’occasion de jouer en Allemagne. Je me suis également produite aux Francos de La Rochelle et à Paris. Fin septembre, je m’envole pour La Réunion. L’année prochaine, je rêve d’aller encore plus loin pour défendre mon album sur d’autres territoires.» Avec le numéro 312 à portée de main, Charles a, probablement, toutes les chances de parvenir à ses fins.