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Under The Reefs Orchestra
from LARSEN°49
©SARAH BASTIN
# album # instrumental
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TEXTE: DIDIER STIERS C’est ce 23 septembre que sort, chez les Bruxellois de Capitane Records, le nouvel et deuxième album du trio constitué par Clément Nourry, Marti Melia et Jakob Warmenbol. Formation atypique pour musique aux confins, en huit instrumentaux: explications.
Under The Reefs Orchestra Sakurajima
Capitane Records Avec cette deuxième galette, intitulée Sakurajima, Under The Reefs Orchestra n’est plus réellement une “découverte”. Le projet a pris un peu de bouteille, il vit. «Ce disque est dans la lignée du premier malgré tout, commente Clément Nourry, et en même temps, il est d’une certaine manière un peu plus rock, dense, un peu plus “colérique”. Peut-être moins contemplatif en tout cas. Et oui, nous avons envie que ça se poursuive, que ça se transforme, que ça mute…» Parmi les mutations déjà survenues, on notera un changement de batteur: si Louis Evrard (Jawhar, Yôkaï) officiait aux fûts sur le premier album, il a été remplacé par Jakob Warmenbol (World Squad, Don Kapot): «Jakob nous a rejoints en cours de route. Ça change le groupe, ça change l’énergie globale. C’est un batteur de feu, ça met donc du feu dans la soupe!».
Pour l’heure, la “soupe” fait souvent référence à la nature. Avec sur ce disque des titres comme Ants, Galapagos, Heliodromde, Soleil trompeur… Clément Nourry, qui se dit quelque peu hanté par l’idée de l’apocalypse tout en précisant que chez lui, le sens ne précède pas forcément le geste artistique, le reconnaît évidemment: «C’est l’idée de la puissance de la nature, mais pas d’une revanche qu’elle prendrait. Il y a là-dedans ce truc de collapsologie, d’effondrement, de monde qui part complètement en sucette. La nature peut être à la fois effrayante et rassurante. C’est quelque chose d’énorme, qui t’englobe, qui peut t’avaler et te broyer totalement. Mais à côté d’un ouragan, d’un volcan ou d’une croûte terrestre qui se déchire, il y a une île dans le Pacifique… Les Galapagos, c’est un petit paradis sur terre, foisonnant, plein d’espèces incroyables. Ces deux aspects sont dans la musique.»
Clément Nourry – guitare «Ce disque est d’une certaine manière un peu plus rock, dense, un peu plus “colérique” que le premier album.»
Un Moog et Lynch C’est il y a un peu plus de deux ans et demi qu’Under The Reefs Orchestra est apparu sur nos écrans radar. À la manœuvre pour «l’approche générale», comme il le dit lui-même, Clément Nourry, qui n’en n’est plus là à ses premiers pas. Reste qu’ici, la “formule” est pour le moins inédite: une batterie, un saxophone basse (propriété de Marti Melia) et une guitare électrique, pour une poignée de titres instrumentaux. «C’est un peu un truc d’instinct, raconte Clément. J’avais envie d’une basse qui ait du souffle, quelque chose d’organique. Dont le son est nourri non pas par un système électrique mais par une colonne d’air, en gros.» Avec le trio, le son vit d’une autre manière sur la longueur… «À la base, j’avais des sons de Moog en tête. Mais je savais que Marti, avec qui j’avais joué longtemps en fanfare, possédait un saxophone basse, et je me suis dit “pourquoi pas”? Je savais aussi qu’il avait envie de l’électrifier, qu’il essayait des choses. Et parmi ses qualités, il y a un timing de feu, ce qui est rare chez un saxophoniste. Je pensais qu’il pourrait tout jouer, le saxophone, la basse, les percussions, mais ce saxophone basse est tellement énorme qu’il ne fait que ça!» Effectivement: le groupe était début août au Micro Festival, et sur scène, ça en jette aussi côté visuel. «C’est presque médiéval», s’amuse le guitariste!
La musique d’Under The Reefs Orchestra,quelque part entre post-rock et jazz, pour faire simple, a aussi d’indéniables qualités filmiques. «Je n’imagine pas spécialement des images quand je travaille, raconte Clément, mais mon adolescence, c’est David Lynch, Lost Highway, Jarmusch, Dead Man. Ce sont vraiment les années 90 et ces films où la musique est hyper importante, où elle soutient le récit. David Lynch défonce complètement sa dramaturgie visuelle et la reconstruit dans un langage qui n’est pas rationnel. C’est assez inspirant!»