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Trio Spilliaert

Adrien Lambinet qui a une approche assez singulière de l’instrument. Mais il n’a pas pu continuer le projet. Et plutôt que de chercher un autre tromboniste, j’ai pensé à un autre instrumentiste: Sylvain Debaisieux. Adrien m’avait également proposé cette solution et cela m’a conforté dans mon choix. On a alors fait une résidence d’une semaine à Marseille (au Pic - Télémaque) et on a enregistré le premier album dans la foulée, en 2019.

Et l’aventure Fur, comment est-elle née?

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Synestet était invité au tremplin Avenir de l’association Jazz à Porquerolles. Mais ni Sylvain ni Fil n’étaient libres. Nous y sommes allés à trois en adaptant le set et en ajoutant quelques impros. On a bien fait de ne pas annuler, nous sommes repartis avec le premier prix! On a continué le trio en l’appelant Fur, comme dans “fur et à mesure”, on a enregistré à Zinnema à

Anderlecht et on va bientôt sortir un nouvel album.

Hélène Duret «Le côté traditionnel est très important bien entendu mais, dans ma conception musicale, cela me parle un peu moins.»

D’où tirez-vous votre inspiration?

La peinture m’influence très fortement. J’aime les expos et je reviens toujours avec beaucoup d’idées sonores. Les “couches”, en peinture, me donnent des sensations assez fortes. Des idées.

Cela agit comme les couches en musique, cela donne du relief et de la profondeur sans marquer l’évidence.

Synestet est sorti chez Igloo, les critiques, hors de Belgique aussi, ont été très bonnes. Avez-vous été surprise de cet accueil?

Oui, assez. Nous faisons quand même une “musique de niche”.

Mais Igloo est un label assez visible et sa force de frappe est très utile. J’ai été soutenue et conseillée du début à la fin et j’avais une liberté totale. Un climat de confiance s’est installé, avec Pierre Villeret entre autres, qui m’a poussée quand j’avais des doutes.

Vous travaillez également sur d’autres projets?

Il y a Suzanne, un trio guitare, alto et clarinette, influencé par la folksong américaine. Puis je joue avec Ellipse de Barbara

Wiernik et, prochainement, avec le saxophoniste allemand

Daniel Erdmann, Théo Ceccaldi, Vincent Courtois et une section rythmique.

Des concerts prévus avec Synestet en Belgique?

On tourne en novembre en France. La Belgique, ce sera pour janvier à l’An Vert et à la Jazz Station… pour commencer, on croise les doigts.

Synestet Rôles

Igloo Records

# jacqueline·fontyn # intégrale

©ALEXANDRE MHIRI

Trio Spilliaert

TEXTE: STÉPHANE RENARD Du dodécaphonisme de ses débuts à une musique tout en pureté et en poésie, le style de la compositrice Jacqueline Fontyn n’a cessé d’évoluer. En témoigne cette intégrale de ses trios pour piano, aussi passionnants qu’inclassables.

Après un remarquable disque consacré à la redécouverte de Désiré Pâque, le Trio Spilliaert poursuit sa célébration du répertoire belge avec des œuvres de Jacqueline Fontyn. Une première ici aussi, qui met à l’honneur cette compositrice âgée aujourd’hui de 91 ans, qui fut professeure de composition au Conservatoire de Bruxelles et lauréate de nombreux prix internationaux. Cette intégrale de ses trios pour piano, composés entre 1956 et 2014, rassemble trois opus de forme traditionnelle –piano, violon et violoncelle–, mais aussi trois trios inhabituels: l’un pour violon, guitare et piano, un autre pour alto, flûte et piano, un dernier pour flûte, violoncelle et piano. Lesquels ont d’ailleurs requis de nouveaux complices.

Pour Gauvain de Morant (piano), «ce disque traverse les grandes périodes de composition que Jacqueline a connues tout au long de sa vie. Il est clair qu’à ses débuts, elle a été fort influencée par la figure de Schoenberg. Dans le premier trio, le 3e mouvement est une fugue sérielle à l’état pur.» Ce premier trio lui valut d’ailleurs une médaille d’argent au Concours de Moscou et une rencontre avec Shostakovich qui siégeait dans le jury!

On se gardera cependant d’enfermer la compositrice dans son dodécaphonisme originel. «Au fil de ses recherches, souligne Jean-Samuel Bez (violon), elle s’est ouverte à d’autres univers, toujours en quête de sonorités nouvelles. En tant qu’interprète, je perçois ce cheminement comme celui d’un peintre dont la palette évolue avec le temps. Ses premières œuvres connaissaient beaucoup de développements, de textures. À partir des années 2000, son style va vraiment se faire de plus en plus pur, s’orientant vers un certain minimalisme.»

Un parcours éclectique qui fait toute sa richesse. «Dans ce disque, il y a des sons qui viennent d’ailleurs, sourit Gauvain de Morant. Je joue avec des balles de golf. On tape des pieds. Et on entend même Jacqueline chanter!» Car la compositrice nonagénaire a bien sûr assisté à l’enregistrement. «C’était inouï de pouvoir travailler avec elle, poursuit Guillaume Lagravière (violoncelle). Tant qu’un compositeur est en vie, une œuvre ne sera jamais figée. Ce disque est un aboutissement. Il traduit vraiment l’évolution de son langage, qui s’exprime toujours avec beaucoup de finesse. Sans parler de moments de contemplation, avec un très beau travail sur le silence…» À découvrir.

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