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Edouard Van Praet–Laryssa Kim
from LARSEN°51
# EP # psyché
©HAOLIN HUANG
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Edouard Van Praet
TEXTE: DIDIER STIERS Pour le Bruxellois d’origine canadienne, 2021 aura été l’année d’un premier EP, Doors, et 2022, celle de Cycles, son second. L’artiste explore les genres. Mieux: il les habite.
«J’ai toujours vécu en Belgique mais du côté de mon papa, on a toujours parlé anglais, raconte Edouard Van Praet. Enfant, je baignais plutôt dans une culture relativement anglo-saxonne, et la musique, cela vient plus du côté de ma maman, qui écoutait surtout du classique, Nirvana, la musique des années 90…» À six ans, il découvre le rap, puis passe au metal et à d’autres genres. «Mais le rock classique, disons anglais, je suis vraiment tombé dedans vers 15, 16 ans.»Avant d’être marqué aussi bien artistiquement qu’humainement par Leonard Cohen, qui sera même le sujet de son mémoire à l’université: «Il reste un exemple en matière d’écriture et de conception de musique. Peut-être que cela peut s’entendre dans quelques-unes de mes chansons. Après, j’essaie d’aller dans le plus de directions possibles et imaginables».
Et de fait, sa palette s’est considérablement élargie sur Cycles, qui convainc même avec un premier texte en français. «C’était compliqué, admet-il à propos de l’allumé Ivresse de minuit. Mais si je choisis une langue, c’est que ça doit avoir un sens.» Exit la folk de l’EP précédent? «Il y avait déjà des éléments psyché dedans, je pense à Tab 12 ou à l’univers des textes. Après, Cycles est naturellement un peu plus abrasif, un peu plus agressif par moments, mais aussi plus doux, ce qui est dû en grande partie au fait que, cette fois, je ne suis plus seul. J’avais un batteur et de vraies batteries, pas de boîtes à rythmes. Quand on est dans le rock, ça ajoute de la dynamique.» Quant à la variété des styles: «C’est un peu perpétuel pour moi, ça. Si je sens qu’une chanson que je commence va aller dans une direction, une atmosphère ou un lieu que j’ai déjà exploré, la plupart du temps, je m’arrête. Quand j’écris, j’essaie de trouver une ambiance, un lieu, une émotion, quelque chose qui me permet une mélodie habitable. Quand ça arrive, le texte s’écrit le plus souvent de manière assez improvisée. C’est presque de l’écriture automatique. Et puis je retravaille un peu le texte et l’arrangement pour arriver à quelque chose de présentable.»
©PAULINE COLLEU
# EP # électro
Laryssa Kim
TEXTE: DIDIER ZACHARIE La chanteuse et compositrice italo- congolaise sort Submarine Thoughts, plongée sous-marine dans le monde onirique de l’inconscient.
C’est d’abord par sa voix qu’on a décou vert Laryssa Kim. En 2019, cette Romaine qui vit à Bruxelles et a étudié la musique électroacoustique au Conservatoire royal de Mons sort Love’Em All, un EP porté par des boucles électroniques et une voix pleine de “soul”. Si elle nous invitait alors à déployer nos ailes, son nouveau projet, Submarine Thoughts, une pièce instrumentale de vingt minutes, nous pousse à plonger dans les profondeurs aquatiques «À l’origine, il y a un court morceau né d’une improvisation avec une petite kalimba, des effets et des boucles», nous dit-elle. Le titre devient le thème d’une pièce de théâtre (The One et demie Man Show de Mohamed Salim Haouach). Plus tard, en retravaillant la musique, Laryssa Kim se rend compte de l’effet qu’elle a sur elle: «Je tombais toujours dans cette phase entre l’éveil et le rêve après une dizaine de minutes. La répétitivité hypnotique, l’élément sombre et aquatique me séduisait beaucoup, vu que l’imaginaire du subconscient, les rêves lucides et le surréalisme ont toujours été sources d’inspiration». Dans son livre sur la musique ambient (Ocean of Sound), le journaliste et musicien anglais David Toop définit cette dernière comme une «musique liquide», «la voix de l’éther»: «Oui, ça me parle, dit Laryssa Kim. C’est comme si la musique ne nous appartenait pas. On est porté dans un flux calme et répétitif. Il y a des caractéristiques de la musique ambient dans ce morceau, par rapport au fait qu’il veut créer un état d’esprit, un certain effet physique et émotionnel… Du moins si je me donne le temps de l’écouter sans interruption». Car contrairement à l’idée reçue, la musique ambient s’écoute avec attention: «Une chose fondamentale que mes études m’ont donnée, c’est une manière d’écouter la musique–une sacralité et une profondeur d’écoute presque méditative. C’est une chose à laquelle on n’est pas habitué dans le milieu de la musique “normale”. La pauvre est souvent le paysage sonore d’autre chose, un personnage qui n’est jamais le protagoniste».