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ARRIÈRE-PLAN Rokia Bamba

Arrière-plan

# DJ # radio

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Rokia Bamba, faire du bruit à tout prix

Entre radio, DJing, exploration sonore pour des lieux culturels, l’artiste de 48 ans multiplie ses activités. Avec toujours pour objectif de servir de porte-voix pour celles et ceux que l’on entend moins.

TEXTE: LOUISE HERMANT

Son truc à elle après l’école, ce n’est pas le dessin ni le sport, mais la radio. À 14 ans, la jeune Rokia se découvre une passion pour le son. Sur Radio Campus, la station de l’Université Libre de Bruxelles, elle présente Sous l’arbre à palabres, un programme destiné à la diaspora et aux expatrié·es d’Afrique et des Caraïbes. Quelques années plus tard, elle soumet l’idée d’un rendez-vous dédié au hip-hop. Son projet se voit refuser à plusieurs reprises. «On était deux filles qui proposaient ce type d’émission, c’était assez rare. Ce genre faisait peur à l’époque. Laculture hip-hop et rapétaitassociée à la destruction de matériel. On ne nous pensait pas non plus capables de gérer des mecs en studio»,se souvient Rokia Bamba, âgée de 18 ans à l’époque.

Pas question pour autant de baisser les bras. L’adolescente retente sa chance en mettant plutôt en avant la soul, le R&B ou le funk pour que l’émission soit acceptée. RokiaBambaseretrouve àgérerla programmation musicale et à mener des interviews. Saïan Supa Crew, NTM, IAM, Booba ou encore Starflam passent derrière son micro. Cette expérience la confronte à sa condition de femme noire, qui doit davantage se battre pour se faire entendre. Après un court passage en école de journalisme, la Bruxelloise se retrouve aux manettes de Zinneke Radio, avant de devenir professeure de français langue étrangère à la mission locale de Molenbeek. Un poste qu’elle vient tout juste de quitter pour se concentrer sur son activité de productrice radio chez Bruzz et de podcast (Sororités), mais aussi de DJ.

Il y a huit ans, à 40 ans, Rokia Bamba découvre le DJing et se met à mixer pour différentes fêtes. «Çam’est tombé dessus!», assure-t-elle. Elle travaille exclusivement avec un circuit militant. Festival des Libertés, Afropunk, Festival Massimadi, Les Volumineuses… Les événements doivent être socialement engagés. «Il est nécessaire de prendre position. On a ce privilège-là en tant qu’artiste: de pouvoir dire des choses et être entendue. On ne doit absolument pas fermer sa gueule»,revendique-t-elle. Sa sélection alterne entre hip-hop, rythmes africains, house et techno. Sont proscrits de ses mixes: les artistes homophobes, racistes ou misogynes. «Toute chanson est politique, ça en dit long sur ce que tu es. Il faut être attentif à ça.»

En parallèle, l’artiste de 48 ans développe de plus en plus de collaborations avec des musées ou des théâtres pour créer des ambiances sonores. Après avoir participé à la Biennale de Dakar, elle envisage une association avec celle de Venise et celle de Lubumbashi. En janvier, elle présente une carte blanche au Théâtre 140. Et entre tout ça, elle compte bien se donner du temps pour produire son premier EP. «Je crois c’est une suite logique de ce que je suis en train de faire.»

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